La Couronne de Cuivre

-Là encore, je ne suis pas d'accord.
Sans doute inconsciemment, le barde s'était redressé et une lueur couvait dans ses beaux yeux noisettes.
-L'objectif de la Communauté était, et demeure, de bâtir une société nouvelle... dans cette ville. Cette ville que nous avons atteinte, cette ville où nous nous sommes installés, cette ville que nous avons commencé à explorer, dont nous avons commencé à redécouvrir les merveilles. Cette ville que nous avons choisie comme foyer, qui l'est devenue et dont nous ne laisserons personne nous chasser. Nous sommes chez nous et, par conséquent, ce que nous allons récupérer, ce sont nos vieux livres, nos armures classiques. Que nous partagerons avec le reste d'Helonna quand le moment sera venu. Mais que, dans l'immédiat, nous ne laisserons pas tomber entre les mains de ces gens malintentionneux qui, eux, ne comptent les utiliser qu'à leur seul profit et, je n'en doute pas, au détriment de tous les autres.

Hubert eut l'impression qu'Albérich allait intervenir, mais le Luménien se ravisa et demeura silencieux. Le paladin devinait que c'était exactement le discours plein de grands absolus qu'il avait anticipé et dans lequel il ne se reconnaissait pas. Mais il paraissait plus apaisé. Peut-être même détaché. Rendre la communauté à ceux qui la composent, il en avait parlé la veille, c'était son intention. Peut-être se retirerait-il avec le retour de Marthe. Hubert n'en aurait pas été surpris.
" Bon. Dans ce cas, il faudra que je me renseigne sur les personnes qui savent ouvrir les coffres. Je suppose qu'avec le sac sans fond et le plan des souterrains, nous devrions être relativement efficaces."

-Juste une dernière chose...
Giovanni prit une profonde inspiration.
-On est bien d'accord que je ne voulais pas donner mon avis, que vous m'y avez forcé, que j'ai précisé qu'il ne valait pas grand chose et que vous n'êtes pas censés en tenir compte ? Non, parce que dans le cas contraire, si quelque chose devait mal tourner... Oh, on ne vous en voudrait évidemment pas à vous. Mais moi, on me lapiderait. Sans compter que j'aurais mauvaise conscience. Et je déteste avoir mauvaise conscience : ça me coupe l'appétit et ça m'empêche de dormir.

Albérich eut un léger sourire mais demeura silencieux. Hubert faillit dire au barde qu'il fallait, dans la vie, apprendre à assumer. Que seuls les enfants s'y refusaient. Que lui aussi aurait mauvaise conscience et que cela l'empêcherait de dormir. Pourquoi certains devraient-ils se farcir le poids des décisions, tandis que les autres donnaient de bons conseils et puis s'en tiraient l'âme claire ?
Mais il n'en fit rien. Quoi qu'il advienne, Giovanni saurait, en lui-même, quelle était sa part de responsabilité. Et il devrait assumer.
" Bien sûr." dit-il simplement, sans regarder vers le clerc.

-Mouais, fit le barde, manifestement peu convaincu.
Il soupira.
-Ah, j'aurais dû fuir tant qu'il était encore temps. Enfin, ce qui est fait est fait. A présent, je vous souhaite la bonne nuit.
Il les salua et s'en fut.

Albérich en profita pour se lever.
" Je vais aux thermes, à présent, dit-il. Puis voir Thibault. Passe une bonne fin de soirée."
Le paladin acquiesça.
" Tu es fâché ?"
Le clerc secoua la tête.
" Non. Pas du tout. Je suis content, même, que tu puisses... prendre ça en main. Et que tu en aies l'aplomb.
— Nous contacterons Antelucas.
— Je sais."
Il sourit à son ami puis quitta la pièce et repartit vers les bains. Il avait envie d'eau chaude et de silence. Il se sentait étrangement léger, d'avoir passé le relais. Hubert gérerait jusqu'au retour de Marthe, sans difficultés, il avait suffisamment de choses à faire, et lui pouvait retourner à ce qui était son registre : la vie quotidienne d'un groupe d'êtres humains.

Les thermes étaient déserts, quoiqu'on y eut laissé quelques torches à destination de ceux qui, comme lui, aspiraient à se baigner en toute quiétude, hors des heures d'affluence.
L'endroit était magnifique, même s'il ne pouvait l'admirer dans son entièreté, compte tenu de l'obscurité presque omniprésente.
Et si l'eau était chaude à ravir, l'air, en comparaison, paraissait glacé : peut-être y avait-il un panneau de contrôle mais... on ne l'avait pas encore découvert.

Le Luménien profita un moment du silence et de la chaleur agréable sur son corps fatigué. Mine de rien, ces nuits à la dure lui usaient le dos et il était tendu, ce qui n'arrangeait rien. Il demeura longtemps dans la pénombre. Contrairement à un bain ordinaire, l'eau ne refroidissait pas, et il n'avait aucun incitant particulier à sortir. Finalement, il remarqua que ses doigts et ses paumes s'étaient flétris et c'est ce qui l'amena à entamer sa lessive. Une fois qu'il en eut terminé, il remonta sur le bord du bassin, ses vêtements trempés sous le bras et incanta.

Albérich -> Mur de vent

La journée avait été tranquille, vide de fracas, et il lui restait la plupart de son arsenal magique. Une fois la zone de vent matérialisée, il s'y plongea, y secouant ses vêtements. C'était au moins aussi exotique que les élémentaires de Giovanni, mais un rien moins efficace. Quand la brise se tut, il se rhabilla. Tout était encore un peu humide, mais l'âtre de la cuisine terminerait de le sécher, et c'est cette direction qu'il emprunta.

Chemin faisant, il passa devant la salle où était réunie la Communauté, constatant que beaucoup de ses membres s'étaient étendus pour dormir, que quelques-uns continuaient à murmurer entre eux. Il se faisait tard.
La cuisine, d'ailleurs, était déserte. Mais il y vit des signes indiquant qu'on avait procédé à une distribution d'infusion. Quant à savoir qui s'en était chargé, mystère. Peut-être Thibault. Peut-être Anselme.

Il se chauffa un moment devant le feu, terminant de sécher ses effets et ses cheveux, puis se mit en quête du Sunite. Thibault était un couche-tard, sans doute pourrait-il encore le trouver debout, mais comme tout un chacun, son ami devait commencer à souffrir de ces mauvaises nuits. A moins qu'il n'ait recours à un petit sortilège. Albérich se fit une note mentale de le mémoriser pour le lendemain. Sa nuit blanche lui pesait sur les épaules comme un mauvais pressentiment qui lui sapait énergie et courage. Il ne fallait pas que la chose se reproduise cette nuit-ci. L'aura d'Hubert plus l'infusion feraient sans doute l'affaire. Mais dans le doute, il ne pouvait pas se permettre d'être épuisé.

Il trouva le Sunite dans la salle où se trouvaient les livres ramenés de la bibliothèque. A la lueur d'une torche magique, il était penché sur un vieux volume, sourcils froncés et front plissés sous l'effort de concentration, tournant les antiques pages avec d'infinies précautions.
L'entendant venir, il leva les yeux et sourit.
-Oh, tu es déjà beaucoup, beaucou plus présentable. Même s'il te reste encore à passer par la case repassage.

" N'es-tu pas l'inventeur d'un sort formidable dont c'est justement l'objectif ?" demanda le Luménien en se coulant dans un siège.
Il sourit.
" Tu devrais me l'apprendre... Mais en fait, tu n'es pas Thibault. Thibault n'est pas du genre à passer ses soirées à lire des vieux tomes poussiéreux dans la pénombre. Tu ne peux donc qu'être... un doppelganger !"

Il eut un sourire un peu triste.
-Pour être franc, je me pose souvent la question. Je ne me reconnais plus vraiment, depuis quelques temps. Je songe à celui que j'étais, à celui que je suis à présent. Il y a des similitudes, bien sûr, mais les différences sont... flagrantes. Et je ne suis pas certain de regretter ce changement, même si la vie est bien moins simple depuis qu'il est intervenu.
Son regard se fit lointain, une seconde. Mais déjà, il reprenait pied dans la réalité.
-Mais donc... Cette cérémonie éventuellement œcuménique...

Effectivement, Thibault avait radicalement changé, ce qu'il venait de dire, sa réaction à une touche d'humour, n'en étaient que des preuves supplémentaires, et pendant une seconde, un vent de nostalgie souffla sur Albérich. Mais il ne dit rien. Même si la métamorphose de Thibault s'était amorcée avant les derniers événements, quand ils étaient encore à Eredhun, il se savait partiellement responsable du résultat. Sans doute devraient-ils se séparer dès que les circonstances leur en donneraient la possibilité. Il le regretterait, mais il était obligé de penser d'abord au Sunite.
" Je ne sais pas... intégrer nos deux cultes dès le premier jour est sans doute illusoire. Je peux célébrer l'aube, puis te laisser la parole pour la seconde partie, quelque chose comme ça ?"

Il fit la moue.
-Me laisser toute la deuxième partie me paraîtrait un peu... disproportionné, vu la faible représentation de mon culte parmi les membres de la Communauté. D'un autre côté, si je me contente de glisser un mot à la toute fin, pour peu que j'en trouve un à dire, je doute que ma déesse soit ravie...
Il sourit.
-Pourquoi ne pas imaginer une cérémonie lathandrite classique, sauf qu'elle aurait lieu aux thermes, avec tous les participants dans le plus simple appareil ?

" J'ai besoin du soleil. Les thermes sont ravissants mais... trop sombres. En plus, l'eau est bonne, mais l'air est frais."
Il sourit.
" Ça me fait penser que j'étais censé me trouver une salle pour ma cérémonie au premier étage... et ça m'est complètement sorti de la tête. Je n'ai plus l'habitude d'être un prêtre officiant... Il va falloir que j'aille me balader dans le noir."

-Tu te rends pour la première fois aux thermes en pleine nuit et tu en déduis qu'ils sont trop sombres ?
Le Sunite rit.
-Détrompe-toi : ils ont de magnifiques vitraux par lesquels le soleil entre à plein, en journée. Et certains donnent à l'est. Quant à la température de l'air, je suis sûr qu'une certaine écuyère pourrait, en deux coups de cuiller à pot, trouver le moyen d'y remédier.

Albérich sourit.
" Mais il n'y a pas moyen de s'y tenir en grand groupe debout... sauf si on est dans l'eau... et une cérémonie lathandrite dans l'eau... C'est un peu... trop, non ? Même les célébrations sunites pour les laïcs n'ont pas lieu dans l'eau. C'est seulement lors de vos prières personnelles que vous vous baignez."
Il grimaça.
" Je ne veux pas rejeter ton idée, non, mais... est-ce que ce n'est pas un peu... extravagant ? Les gens ne sont pas vraiment d'humeur facétieuse."

-Pourtant, la facétie, de même que l'humour et la légèreté, sont d'un secours précieux pour epousser l'ombre, pour combattre le désespoir. Et je crois que conserver notre entrain est aussi une manière de résister aux Ithiliens.
Il soupira.
-Mais allez, oublions. Pour être franc, je n'avais pas imaginé que tu me répondrais sérieusement : je t'avais plutôt vu me tancer sévèrement pour mon manque de sérieux.

Dans son souci de ne pas brusquer le Sunite, il lui faisait trop d'ouvertures... mais ce n'était pas très grave.
" Je ne suis pas un expert en cérémonies sunites, se défendit-il. Et je veux que le cadre te permette de dire ce que tu souhaites. Dans notre situation, l'amour et la beauté sont très certainement des concepts auxquels les gens peuvent aspirer... Mais je ne veux pas non plus que tu te sentes contraint..."

-Oh, mais j'ai envie de faire quelque chose. Le souci, c'est que je ne sais pas quoi faire.
Nouveau soupir.
-Rien de ce que j'ai déjà pu organiser n'est applicable, ici. Les grands banquets, les grandes soirées festives qui ont lieu dans nos tembles... Elles seraient indécentes eut égard à la souffrance qu'éprouvent nombre de nos compagnons. Or, c'est là le principal moyen par lequel nous nous adressons... aux personnes autres que nos fervants croyants.

" Je comprends, dit le Luménien. Nous ne communiquons vraiment pas de la même manière avec notre dieu ou nos fidèles..."
Il demeura songeur.
" Veux-tu... que je mentionne Sunie dans mon prêche et tu verras si, plus tard, cela se met mieux ? Je veux dire... Il n'y a vraiment que toi qui puisses guider cet aspect des choses... Mais il faut que cela ait un sens pour toi et pour ta déesse."

-Mais ça a un sens, Albérich. Beaucoup de sens, même.
Il chercha ses mots.
-Les Ithiliens nous ont mis au pied du mur et nous sommes désormais... à la croisée des chemins. Nous pouvons suivre la voie qui est la plus simple, spontanément : celle de la haine, de la vengeance envers ceux à qui nous devons nos malheurs. Mais si nous faisons cela, la Communauté perdra tout ce qui faisait sa beauté, son unicité. Si nous faisons cela, ils auront gagné. Non, ce qui doit guider nos pas, c'est bien l'amour. L'amour pour ceux qui sont prisonniers. L'amour pour ceux qui, après nous, hériteront de ce que nous aurons bâti...

Albérich pinça les lèvres.
" Nous n'avons pas encore bâti grand chose, dit-il finalement. Dans nos têtes, peut-être... mais au delà de ça... C'est encore un rêve. Un beau rêve, bien sûr..."
Il secoua la tête.
" Mais tu as raison."

-Un rêve, Albérich ?
Le Sunite le fixa.
-Beaucoup de gens ont pris la Communauté pour une bande de doux rêveurs. Traverser les Landes ? Trouver une cité dont l'existence n'était pas certaine ? S'y établir ? De belles lubies irréalistes, disaient-ils. Et pourtant... La Communauté à traversé les Landes, triomphant pour ce faire d'une armée mort-vivante et d'une horde de cannibales. Elle a trouvé cette cité prétendument inexistante, la découverte aussi merveilleuse que le disait la légende et s'y est établie. Elle y est toujours téablie, d'ailleurs, malgré l'infamie dont elle a été victime.
Il sourit.
-Non, Albérich, nous ne sommes pas dans le rêve mais bien dans le concret. Quoi que nous réserve le futur, ce que nous allons décider fera partie de l'héritage qui sera laissé aux descendants des membres de la Communauté. Voilà pourquoi le choix devant lequel nous sommes est si crucial. Que leur laisserons-nous ? Une histoire marquée par la haine ou... par l'amour ? Par le découragement ou... par l'espoir ?

Le Luménien secoua la tête.
" Tu es comme les autres. Dans des absolus, des grands discours... Nous n'avons rien établi du tout, pour l'instant. Nous n'avons pas planté une graine, pas extrait une roche, pas élevé un poulet, pas rénové un mur. Nous vivons sur nos réserves, comme n'importe quel groupe d'explorateurs en expédition. Nous pourrions repartir demain et c'est à peine si les suivants réaliseraient que nous avons été là."
Il soupira.
" Mais tu as raison, c'est sans doute la bonne attitude. La moins douloureuse, en tout cas. Mais personnellement, la génération future, la postérité, quand nous n'avons même pas de couvertures pour les gens d'aujourd'hui... Je m'en fiche un peu. Evidemment, tu me diras que les gens ne peuvent pas vivre de nourriture, d'air et d'un toit. Qu'ils ont besoin d'absolus pour vivre ! Je ne suis pas sûr. Se fixer des objectifs raisonnables, réalisables, se sentir réellement progresser, réussir... C'est ça qui forge l'espoir. Viser le ciel et chuter, c'est le meilleur moyen de sombrer."

-Mais personne n'a visé le ciel, Albérich. Aussi irréaliste ce projet pouvait-il paraître d'emblée, il ne l'était pas. Preuve en est, il a réussi. Les Landes ? Traversées. La cité ? Retrouvée. L'établissement d'une base ? Effectué. L''exploration ? Débutée. Même les rapports avec les "voisins" étaient en train de s'établir, qu'il s'agisse des Paludiers ou de Grand-Estuaire. Bref : les risques avaient été globalement bien évalués, ce qui a permis de surmonter les difficultés, même imprévues, et de parvenir à nos fins. Du moins, jusqu'à ce que l'imprévisible se produise.
Thibault le fixa, à nouveau.
-Je vais te demander d'essayer d'être objectif, un instant. Dis-moi... Qui aurait pu prévoir que les Ithiliens allaient agir de la sorte, par la violence, envers un groupe soutenu par la plus puissante banque d'Helonna et les autorités d'Antelucas, comptant dans ses rangs d'éminents citoyens de cette cité ? Sans parler de l'ancien Aubemestre et ancien conseiller de Luménis... Qui aurait pu prévoir ça, sachant par ailleurs qu'aussi fou qu'il soit, le prince d'Ithilion est d'ordiniare... intelligent dans ses manœuvres ? La réponse objective à cette question est... personne. car son acte est tout sauf intelligent. Non, il est stupide. Car en agissant ainsi, c'est tout le continent qu'il va se mettre à dos. En un mot comme en cent : il a potentiellement signé son arrêt de mort.

" De ça, je ne peux pas juger, Thibault. Je ne sais pas s'il a signé quoi que ce soit. Les autres cités ont leurs propres problèmes et c'est la guerre en Dorrandin. Il n'y a pas tant d'éminents Hélonniens dans ce groupe. Je ne sais pas si Eredhun va envoyer des troupes pour te venir en aide, mais Solarcis n'en enverra certainement pas pour les beaux yeux d'Hubert et je doute que Luménis s'intéresse beaucoup à nous. Mais soit, ce n'est pas la question."
Il soupira. Faillit lui dire qu'il savait, lui, que les Ithiliens ne laisseraient pas cette communauté s'établir, qu'il avait même supposé qu'il y avait des espions de plusieurs grandes cités parmi eux, mais se ravisa. A quoi cela aurait-il servi ?
" En imaginant que la Communauté ait survécu parce qu'elle était bien préparée et non pas... par une suite de hasards... Comment imagines-tu demain ? Dis-moi, honnêtement. Imaginons que nous chassions les Ithiliens. Que va-t-il se passer ensuite ? Comment allons-nous trier les nouveaux venus ? Que ferons-nous de ceux qui ne sont pas d'accord avec nous, avec notre charte ? Comment empêcherons-nous les Ithiliens de revenir, d'autres traîtres de se retourner contre nous ? Ce genre de choses... Que ferons-nous quand Luménis exigera que nous lui remettions la technologie découverte ici, aussi ? Raconte-moi."

-Je vais te raconter. Mais avant, j'ai quelques questions à te poser.
Le Sunite prit une profonde inspiration.
-Qui sers-tu, Albérich Megrall ? Le dieu de la grisaille, du pessimisme, du découragement et du froid pragmatisme ou... Le dieu de l'aube, de l'espoir et des nouveaux départs ? Qu'es-tu censé suivre ? Les préceptes de ton Église ou ta propre nature, marquée par les épreuves de la vie ? Quel est ton rôle, en tant que clerc ? Décourager les autres, briser leur élan ou... les soutenir et les aider à aller de l'avant ?
Il secoua la tête.
-Est-ce pour cela que Lathandre t'a rendu tes pouvoirs, Albérich ? Pour que tu tues l'espoir dans l’œuf et enfonce ceux qui n'en ont pas besoin ? Pour ton information, j'ai perdu deux amis dans l'assaut de la forteresse et pourtant, j'essaie d'aller de l'avant. Toi, qui n'a aboslument rien perdu, tu arrives et toute la grisaille qui émane de ta personne et de tes propos a suffit à briser le peu d'allant que j'avais. Continue comme ça, continue à parler ainsi, et tu vas sous peu pousser tout le omnde au suicide. Ah non. Parce que avant qu'on en arrive là, Lathandre viendra te botter les fesses, ce dont tu as manifestement grand besoin.

Albérich soupira.
" Désolé. Je devrais me souvenir que même avec toi, je dois garder ma belle façade de joyeux clerc lathandrite qui ne regarde que le bon côté des choses. Maintenant que tu me l'as rappelé, cependant, et que tu m'as fait la morale, peux-tu me dire ce qui m'intéresse ? Comment tu imagines la suite ?"

La Couronne de Cuivre

[Lieu] Une cité perdue