[Lieu] Une route oubliée

[Hubert de Maleval]

" Retirez d'abord vos manteaux, vous allez attraper la soufflante." se permit Albérich, manifestement inquiet.
Lui même avait retiré son manteau et retroussé les manches de sa tunique. Il paraissait plus mal à l'aise que jamais, mais Hubert n'en était que plus décidé à le secouer. Il s'était relâché pendant une veille, il était temps de relancer la machine. Le paladin espérait qu'il n'avait pas trop régressé. Avec des allergiques dans son genre, c'était parfaitement possible.
Hubert laissa les enfants se préparer et ajusta son bouclier sur son avant-bras, avant de dégainer son épée. Il avait conservé l'ancienne pour ce genre d'usage : il craignait trop les effets de celle qu'il avait dégotée dans le trésor.
" Tu as pris quelque chose dans le trésor ?
— Pas encore.
— Alors nous irons après les thermes. Tous les quatre. Les enfants doivent se décider, eux aussi.
— Je n'ai pas vraiment...
— Si tu ne te bouges pas, je choisirai pour toi.
— Je peux déjà deviner ce que tu vas prendre...
— Ah oui ?
— Tu es prévisible, petit paladin."
Evidemment, il se contenta d'un sourire narquois, et Hubert ne put le presser de questions, car les enfants revenaient, bien décidés à en découdre.

[Taliesin]

Ils n'en avaient pas que l'air. Tout mouillés et transis qu'ils fussent, ils ne tardèrent pas à se démener. Alban frappa aussi fort que la veille et Ruth plus encore - sans doute à cause de l'école. Néanmoins, Hubert ne les avait jamais vus aussi appliqués : ils exécutaient les mouvements qu'il leur avait appris avec application, respectait scrupuleusement ses consignes, adoptaient aussitôt ses conseils. Ils avaient manifestement pris ses mots au pied de la lettre et, le moins que l'on puisse dire, c'est qu'ils lui firent honneur. Mieux, Hubert nota que, lorsqu'il lui fit affronter Albérich, le petit garçon le titilla régulièrement sur son flanc droit... Soit il avait l’œil, soit Robert lui avait parlé de ce défaut dans la défense de l'ancien clerc.

[Hubert de Maleval]

Malgré les prouesses des enfants, Hubert n'était pas complètement certain d'avoir été bien inspiré. Albérich était trop peu expérimenté pour parvenir à s'adapter à ses adversaires, qu'il avait manifestement peur de blesser. Ils étaient petits, vifs, et le Luménien était avant tout un combattant brutal. Il était déstabilisé et demeurait bloqué en défense, sans porter aucun coup. Mais il parvenait globalement à protéger son flanc droit, bien qu'Alban, retors et observateur, aille le chercher continuellement sur son point faible. Il finit par pairer Ruth et Alban et garda Albérich au repos pendant qu'il observait les gosses. Ils étaient doués, c'était indéniable, et il les laissa épuiser leurs dernières gouttes d'énergie avant de les interrompre.
" C'était une belle séance. Nous la décortiquerons tout à l'heure. Maintenant, vous pouvez laisser vos armes ici et aller vous tremper. Profitez bien. On se retrouve dans la salle d'état major, quand vous êtes réchauffés, propres et reposés. Manger un petit morceau pourrait être indiqué."

[Taliesin]

-On peut ramener l'équipement et votre écu, m'sire. Il faut de toute façon qu'on aille chercher nos habits propres.
-Puis-je vous emprunter votre veste, messire ? Je compte prêter ma tenue de rechange à Ruth... Tout les soldats partagent leurs affaires, je ne peux pas ne pas le faire.
-Il a insisté, pas moyen de le faire changer d'idée, fit la gamine avec une grimace.

[Hubert de Maleval]

" Je garde mon écu, je vais encore m'entraîner un peu avec Albérich, mais tu peux prendre ma veste, oui."
Il la désigna à l'écuyer, à l'endroit où il avait laissé ses affaires.
" Rappelle-moi de te donner une de mes tuniques, Ruth. Tu l'apporteras à ta mère en lui demandant de t'en faire une tenue supplémentaire. De la sorte, vous serez équipés tous les deux."
Il ignora superbement la grimace du Luménien qui avait sans doute espéré être congédié en même temps que les enfants.

[Taliesin]

-C'était chouette de s'entraîner avec vous, m'sire Albérich, dit Ruth.
-Oui, très chouette, renchérit Alban. Mais vous devriez voir comment Ed entraîne les autres enfants : ça vous rassurerait et vous n'hésiteriez plus à nous attaquer !
Ils les saluèrent puis s'en furent, emportant veste et matériel, laissant les deux amis en tête à tête.

[Hubert de Maleval]

" Tu aurais pu taper dessus, tu sais.
— Je suis trop maladroit. Je sais qu'ils sont doués, mais il suffit d'un accident... Cette masse..."
Il la souleva et la regarda un moment, dégoûté.
" Tu imagines son effet sur le crâne d'un gosse ? Je veux dire... Nous nous battons sans protection."
Il frissonna.
" Je veux bien m'échauffer et leur servir de cible... Mais je n'oserais jamais... Tu sais comme je suis. Un bouv... Un boeuf.
— Un boeuf ?! Misère, tu es dur avec toi-même.
— Tu vois ce que je veux dire. Tu contrôles précisément chacun de tes mouvements. Moi... Je n'ai pas cette maîtrise. Je ne sais jamais où va terminer ma masse. Je ne sais même pas exactement quelle est son allonge. En plus, vous vous battez tous à l'épée, et je suis là avec mon espèce de marteau ridicule. Meurtrier, mais ridicule."
Il secoua la tête.
" J'ai eu l'air d'un pleutre.
— Peut-être un peu. Et tu vas donc me prouver que ce n'est pas le cas."
Albérich se garda presque par réflexe.
" Je devrais peut-être passer à l'épée. La masse, c'était l'arme des clercs de Lathandre. Comme je ne le suis plus, ça n'a pas beaucoup de sens.
— Tu n'es pas taillé pour l'épée, Albérich. En plus, la masse, c'est une arme que tu manies bien. Tu n'y crois pas, mais tu as arpenté la Vallée du Nirvana quand tu étais jeune. Et tu t'en es servi sur autre chose que des troncs d'arbre.
— Qui t'a raconté ça ?
— Le vent ?
— Pernille ! Cette maudite t'a raconté toute ma vie !?
— Une partie intéressante, en tout cas."
Le paladin sourit de la contrariété qui se dessinait à présent sur les traits du Luménien. Il était dans l’état d’esprit parfait pour passer aux choses sérieuses.

Ils terminèrent moins d'un quart d'heure plus tard et gagnèrent les Thermes. Hubert se déshabilla rapidement et gagna l’eau le premier, trouvant un coin où mitonner à son aise. Albérich le suivit peu après, et ils demeurèrent silencieux, exactement comme à Solarcis, après leurs entraînements. Bien sûr, ils étaient loin d’être seuls, mais le paladin comptait sur une répétition exacte de leurs habitudes révolues. Il ne fut pas déçu : le Luménien s’agita le premier et quitta l’eau pour aller se sécher. Hubert le suivit du regard, en proie à un émoi qui lui avait manqué autant qu’il le torturait à présent. Albérich revint peu après, changé. Il avait apparemment anticipé l’ardeur du combat.
« Je te retrouve plus tard.
— C’est ça. N’oublie pas le trésor ! »
Albérich sourit, leva les yeux au ciel, et s’esquiva. Hubert poussa un léger soupir, mais il était bien conscient de ne plus pouvoir trop s’attarder. D’autres sentinelles terminaient de se réchauffer, on discutait autour du feu, et il ferma les yeux un instant pour convoquer des images de froid et de marécage. C’était peu efficace, mais les cannibales leur succédèrent et il finit par récupérer le contrôle sur lui-même. Il sortit alors de l’eau, se sécha rapidement, se rhabilla — tant pis pour les odeurs — et gagna les hauteurs. Ruth et Alban devaient l’attendre dans la salle d’état-major.

[Taliesin]

Ils l'attendaient bien, Ruth portant la tenue d'Alban, ce dernier revêtu de la veste de son maître. S'ils s'étaient permis d'allumer une bougie, ils n'avaient pas osé s'assoir à la table autour de laquelle, régulièrement, prenaient place tous les officiers. Ils se tenaient donc debouts, grignotant des biscuits récupérés en cuisine.
-Alors, m'sire, c'est quoi les missions ? s'enquit Ruth, toujours aussi enthousiaste.

[Hubert de Maleval]

Misère, songea le paladin, les missions.
Dans la routine qui les menaçait, elles seraient de moins en moins nombreuses, malheureusement.
" Nous avons eu plusieurs départs, ces derniers jours, et les listes de la garde sont probablement bouleversées. Je voudrais que vous alliez les chercher chez Albérich — il doit se trouver dans le chariot où travaillait Marthe — et que vous identifiiez les gens qui sont partis. Puis que vous trouviez des volontaires pour les remplacer. Il est probable qu'il y ait déjà une liste de suppléants, mais il faut les prévenir de leur nouvelle situation. A mon avis, Albérich a complètement perdu ça de vue."
De son côté, il devait amender les listes de Gabriel pour tenir compte du départ de Roxane et du jeune clerc.

[Taliesin]

Ruth fit la grimace en comprenant qu'il faudrait consulter des listes, mais elle se garda bien de protester.
-Très bien, messire. Nous nous en occupons tout de suite, dit Alban.
-On revient dès qu'on a terminé ! fit la gamine.
Et ils s'en furent au pas de course, laissant Hubert à sa tâche. Laquelle fut rondement menée. S'il voulait demeurer dans la salle d'état-major tout en s'occupant, ne lui restaient que les livres sur les sièges pour toute occupation...

[Hubert de Maleval]

Il s'y remit sans grand enthousiasme. Signe qu'il avait du mal à s'intéresser à la chose, il n'était plus trop certain de ce qu'il avait déjà lu. Il prit un gros volume à couverture rouge, d'aspect sérieux, et s'abîma un moment dans la table des matières, rédigée dans un style vieillot relativement hermétique. Il ne se priva pas de soupirer, puis de jurer à mi-voix, plusieurs fois, pour relâcher un peu de son ennui.
Dès que les enfants reparaîtraient, ils retourneraient débaucher Albérich et iraient se servir dans le trésor. Sauf si c'était l'heure de manger, auquel cas ils iraient juste après. C'était une perspective autrement plus agréable que de décrypter les "Principes de Destruction des Remparts" d'un auteur dont il n'était pas certain de pouvoir prononcer le nom.

[Taliesin]

Le duo de gamins finit par le libérer de sa déprimante occupation en débouchant à toute allure dans la salle d'état-major. A voir leur teint rubicond et à entendre leur souffle court, il était probable qu'ils aient cavalé par tout le fort depuis un bon moment.
-Mission accomplie, messire.
-Quand je vous disais qu'Alban était votre écuyer-émissaire : il parle bien et personne peut rien lui refuser. Du coup, j'ai même pas pu mettre ma stratégie en place...
-Hum, je sais pas si menacer les réfractaires de les assommer s'ils ne participent pas au guet aurait fonctionné...
-Tu veux dire que je suis pas assez menaçante pour que ça marche ?
-Non non non, c'est pas ça. Je voulais juste dire que... la diplomatie, c'est souvent plus efficace.
-Ouais, mais c'est plus long.

[Hubert de Maleval]

Hubert sourit. Ruth était décidément irrécupérable.
" Mais vous avez mené votre mission à bien, je vous en félicite. Nous allons pouvoir descendre au chariot du trésor pour que vous y choisissiez votre objet. Mais, puisqu'Alban est un diplomate hors pair, c'est ton tour, Ruth, de montrer ce que tu vaux. Va donc nous chercher Albérich. Tu as ma permission d'user de tous les moyens de persuasion que tu connais. Et ne te laisse pas impressionner. On se retrouve là-bas."

[Taliesin]

La fillette acquiesça, tourna les talons et détala comme un lièvre...
...pour, deux minutes plus tard, bonrid en trombe dans le chariot où Albérich s'était remis au travail depuis le départ des écuyers.
-Je vous demande pardon de vous redéranger, m'sire... commença-t-elle, concentrée, comme si elle récitait un texte appris par cœur. Mais m'sire Hubert nous a parlé de l'entraînement et comme il est pas très content de la manière dont ça s'est passé, il veut qu'on recommence maintenant, tous les quatre, et que cette fois, vous nous tapiez dessus. Il dit que la seule et unique autre possibilité, c'est qu'on aille prendre des objets dans le trésor. Tous les quatre aussi.

[Galathée]

Albérich leva les yeux de ses documents et dévisagea la gamine. Comment le paladin osait-il l'envoyer faire son sale boulot ? Il sourit, apaisant.
" Tu peux dire à Hubert qu'il ne m'aura pas par la menace. Je ne suis ni son soldat, ni son écuyer, et s'il veut me convaincre de recommencer l'entraînement, il va falloir utiliser une manière plus douce. D'autant que je suis propre et frais et que je n'ai aucune envie d'à nouveau sentir la transpiration. Même si elle est saine. Quant au trésor, de toute façon, il va choisir à ma place, alors... Pourquoi me déplacerais-je ?"

[Taliesin]

Ruth fit les yeux ronds puis grimaça.
-Alban a raison, la menace, ça marche pas toujours si bien que ça.
Soupir.
-En fait, j'ai menti. M'sire Hubert vous menace de rien du tout, et l'entraînement, c'était une invention de moi. Mais voilà, il m'a demandé de vous convaincre de venir choisir un objet dans le trésor avec nous, et... en utilisant tous les moyens pour vous persuader. Parce qu'Alban, lui, il a persuadé plein de gens de remplacer les sentinelles absentes et donc il voulait voir comment je m'en sortais moi... Je pense qu'il serait très déçu s'il voyait le résultat.
Sourire embarrassé.
-Vous êtes sûr que vous voulez pas venir quand même avec nous ?

[Galathée]

Albérich sourit.
" Je ne voudrais pas que tu retournes bredouille auprès de ton maître." dit-il en se levant.
Il rangea précautionneusement ses affaires. Il n'était pas certain de pouvoir revenir avant le lendemain et il prit rapidement note des deux trois choses qu'il avait en tête pour ne pas perdre le fil de son travail.
" Bon. Et tu as déjà repéré quelque chose, dans ce fatras ?"

[Taliesin]

-On a regardé les listes, hier, et il y a plein de chouettes trucs. Moi, j'aime bien le ceinturon de force de géant : avec ça, les cannibales n'auraient qu'à bien se tenir. Mais je suis pas sûr que m'sire Hubert soit très chaud.... Sinon, il y a un couvre-chef de déguisement : ça pourrait être bien rigolo, je crois...
Elle le précédait désormais dans la cour, où la neige, qui continuait à tomber, commençait à s'amonceler.

[Galathée]

" C'est vrai que vu la situation, c'est tentant de penser à court terme. Mais moi, si j'étais toi, je réfléchirais à mes points faibles, et je choisirais un objet qui y pallie. Je pense que si un cannibale te met la main dessus, il sera déjà surpris par ta force et ta vigueur. Et au fil des années, tu pourras encore la développer... Mais il y a peut-être des choses qui te sont moins faciles... Je ne sais pas. Ce n'est pas évident, effectivement. Je n'ai pas encore choisi moi non plus."
Ils arrivèrent près du chariot du trésor.
" Cela dit, si le ceinturon te fait envie, c'est peut-être que c'est ce qu'il te faut. Hubert ne fait que suggérer..."
Il souleva le pan de toile et laissa la gamine passer devant.

[Taliesin]

-Il y a bien un médaillon de sagesse... souffla-t-elle, à peine audible. Et la sagesse, j'en ai besoin. Mais vous imaginez si je devenais aussi sérieuse qu'Alban ? M'sire Hubert il s'ennuierait à mourir... Sinon, je prends le médaillon et faut convaincre Alban de choisir un objet qui le fera un peu plus faire le zouave.
Elle sourit et monta dans le chariot, où les attendaient déja l'écuyer et son maître, muni des clefs et des listes remises par Ignace.

[Galathée]

" Je pense qu'Alban peut te servir de médaillon de sagesse, Ruth, dit Albérich en saluant d'un geste les deux premiers arrivés. Ces bijoux qui altèrent la personnalité... Ce n'est jamais une bonne chose, à mon sens. L'adaptation n'est pas toujours aisée, et si tu venais à le perdre, tu seras démunie. C'est comme un bon déguisement, ça reste un leurre."
Hubert sourit largement.
" Tu as réussi, Ruth ! s'exclama le paladin.
— Elle avait des arguments imparables, pourquoi aurais-je refusé ?"
Il s'assit sur un coffre.
" Alors, quelle armure impénétrable m'as-tu choisie ? Ou bien alors tu as trouvé une masse qui combat toute seule ?
— Je n'y avais même pas pensé !"

[Taliesin]

Ruth s'était empourprée en entendant les compliments, et elle dédia à la petite assemblée un sourire radieux qu'Alban ne manque pas de lui rendre.
-J'ai repéré des choses qui pourraient convenir à m'sire Albérich, fit-elle joyeusement. Une épée de berserk, avec laquelle il arrêterait pas de nous attaquer pendant les entraînements, et un anneau de faiblesse, qui ferait qu'il pourrait nous frapper sans crainte, vu que ses coups feraient pas de mal à une mouche... Bon, c'est sur la liste des objets maudits, mais c'est pas grave, si ?

[Galathée]

" Je n'ai droit qu'à un seul objet, dit Albérich en levant le doigt. Comme l'épée de berserk serait trop dangereuse, je serais contraint de prendre l'anneau de faiblesse... Or, je ne sais pas ce qui se passe quand on est déjà pas bien costaud.
— Pas bien costaud, écoutez-moi ça, fit le paladin. Mais c'est vrai que je vais te dénicher quelque chose de protecteur. Les diplomates en ont embarqué une partie, mais il doit rester des choses intéressantes..."
Il se pencha sur les listes.
" Et toi Alban, tu as pris une décision ?"

[Taliesin]

-J'hésite encore, messire, fit le gosse, embarrassé. J'ai repéré le Pendentif de la licorne, et je me dis que pouvoir aider les clercs à soigner les blessures, ça pourrait être utile. Sinon, il y a le Passepierre... Avec lui, si je suis à nouveau fait prisonnier, je pourrai m'évader par mes propres moyens sans que tout le monde doive se mettre en danger pour moi...
-Fais pas ton timide et prends le sceptre merveilleux !
-Ce ne serait pas raisonnable.
Ruth leva les yeux au ciel.
-M'sire Hubert ? Est-ce que vous pourriez regarder sur les listes s'il y a pas un anneau de cancre farceur ou une amulette de garnement turbulent ? Je crois que ça ferait du bien à Alban.

[Galathée]

Hubert se frotta le menton, songeur.
" Qu'est-ce que ça fait, un sceptre merveilleux ?
— Des merveilles.
— Merci de cette contribution hors du commun, Albérich.
— Je ne suis pas certain de savoir... C'est une sorte d'artefact entropique, je pense. Qui fait des choses positives... et parfois moins.
— Ça me semble incroyablement incertain. Tu ne peux pas compter dessus, en somme.
— Disons qu'un Tymoran trouverait ça formidable. Moi je pense que ce serait une bonne idée, pour Alban.
— Hum. Nous serions dans une campagne riante, je ne dis pas... Mais ici... Est-ce qu'on peut se permettre une chose pareille ?"
Albérich haussa les épaules.
" Disons que c'est vrai que c'est un peu un objet de la dernière chance.
— Le pendentif de la Licorne me parait plus opportun.
— C'est un bon choix aussi.
— Ou ce truc de pierre. Au moins, on sait ce qui va se passer."

[Taliesin]

-Alors ce sera le Passepierre, s'empressa d'intervenir Alban, sans qu'on puisse dire si l'objet le tentait vraiment ou s'il souhait avant tout satisfaire son maître. Au moins, avec ça, vous n'aurez pas à vous inquiéter même si je suis capturé, messire.
-Et si tes ravisseurs te le prennent ?
-Peut-être que ça a l'air d'un truc sans importance qu'ils ne penseront pas à m'enlever même s'ils me fouillent ?
-Mouais. Mais c'est bête, tu vas pas pouvoir t'amuser avec s'il t'arrive rien. Enfin... Peut-être que si. J'ai déjà des idées.
Elle sourit puis demeura pensive.
-Bon, mais du coup, faut que je sois raisonnable moi aussi, sinon ça ira pas... Donc adieu, ceinturon de force de géant ! Reste le couvre-chef de déguisement ou le sac à malice. J'ai réussi à voir Giovanni, il m'a dit que celui-là, c'était un sacré sac, qui faisait apparaître de grosses bestioles. Alors comme j'ai tendance à me mettre dans le pétrin, avoir toujours sous la main un animal pour m'aider...

[Galathée]

Albérich regarda Hubert en coin. Le paladin lui retourna une grimace.
" Alban, prends donc ce sceptre, s'il te fait envie. Je suis certain qu'il en sortira de bonnes choses. D'ailleurs, si tu ne le prends pas, c'est moi qui le prendrai, et puis je te l'offrirai.
— Quoi ?
— D'ailleurs, ça vaut pour tout le monde. Je n'ai pas tellement envie d'un objet magique, moi. Alors je suis prêt à céder le mien à qui ne sait pas choisir.
— Albérich, ça ne peut pas marcher comme ça...
— Pourquoi pas ? Dis-moi, quelque chose te faisait envie ?
— Bon écoutez, Alban n'a qu'à prendre le sceptre et Ruth le ceinturon, ce sera très bien comme ça. De toute façon, ce n'est pas comme si le reste du trésor allait subitement disparaître ! Si nous avons besoin de certaines choses, nous viendrons les chercher au moment opportun."
Albérich croisa les bras.
" Moi je crois que je vais prendre un bateau pliant.
— Un quoi ?
— Un bateau pliant. Pour naviguer sur les thermes. Il y a peut-être une version traineau."

[Taliesin]

Les deux écuyers semblaient très gênés. Alban, surtout.
-Messire Albérich, avec tout le respect que je vous dois... Le Passepierre est sans doute plus raisonnable. Et... L'objet magique, c'est... Un cadeau de la Communauté... Offrir un cadeau qu'on a reçu...
-Moi, je reste sur le sac à malices. La force, à part à faire l'idiote et à provoquer des catastrophes, ça me servirait à rien. Alors qu'un gros animal... Il pourrait me tirer de la panade où je me serais moi-même mise. Ou alors être utile pendant un combat, comme les ours qui ont aidé pendant la charge.

[Galathée]

" Je pense qu'en deux phrases, tu viens de justifier la nécessité de prendre le sceptre. Hubert. Dis quelque chose."
Le paladin leva les yeux au ciel.
" Le sceptre peut être utile dans de nombreuses situations. Le passepierre, dans une seule. De surcroît, il ne peut pas être utilisé très souvent... et il ne te servira qu'à toi. Albérich a peut-être raison.
— Ruth, les animaux sentent mauvais.
— Je n'ose pas imaginer la conjonction des effets aléatoires de ces deux objets en même temps." murmura Hubert.

[Taliesin]

Alban lorgnait le bout de ses bottes, plus gêné que jamais. Ruth, elle, jubilait littéralement.
-On a qu'à tester ! proposa-t-elle. Sur les remparts, bien sûr ! Je jette ce qu'il y a dans le sac en bas, Alban utilise son sceptre dessus, et on voit ce qui se produit ! Imaginez si... je sais pas, moi... Un ours volant attaquait tout à coup le camp des cannibales ! Ce serait la panique ! Ensuite, il suffirait de les charger et hop ! Plus de siège, plus d'ennemis !