La Couronne de Cuivre

" Je ne suis pas toujours certain que cela lui rend service ! dit le fermier en riant. Enfin, comme tu le dis, pourquoi nous plaindre ? Nous mangerons bien et mieux encore. Je me demande où il les trouve, cela dit, ses recettes. Il n'y a que deux ou trois bouquins du genre dans la maison... Je sais, tu vas dire qu'il les invente... C'est bizarre, d'être un sujet d'expérience, comme ça."
Ils étaient presque arrivés à Pré-aux-Sources et la circulation sur leur route de campagne se faisait plus dense. Un troupeau d'oies bavardes les précédait, sur les talons d'un cavalier qui paraissait presque effrayé par leurs becs oranges et revendicateurs. Plus bas, le bourg s'étendait en toits disparates au confluent de plusieurs petites rivières. En réalité, elles y prenaient toutes leur source, comme l'indiquait le nom du patelin.

Pour qui avait beaucoup voyagé, Pré-aux-Sources était un petit village charmant... mais un petit village tout de même, comme on en voyait beaucoup d'autres de par le monde. Cependant, et même s'il était un voyageur depuis son enfance, Taliesin l'aimait bien et il s'en satisfaisait largement. Pour l'heure, en tout cas, il n'était pas particulièrement tenté par les splendeurs et les immensités luméniennes : non, l'animation et le caractère champêtre de la bourgade convenait mieux à son état d'esprit...

Il était plus facile de se déplacer à pied qu'en charrette dans les rues du village, aussi Guillhem alla-t-il directement à la tannerie pour qu'ils puissent livrer les peaux de Galathée. Le tanneur, un petit homme sec comme une brindille, les accueillit avec son habituelle mine renfrognée et le fermier conseilla à Taliesin de commencer leurs emplettes sans l'attendre, peut-être par l'herboristerie, où il trouverait déjà tout ce qui était produit localement. Le barde connaissait un peu les artisans et les commerçants locaux et put donc sans difficulté tracer sa route jusqu'aux Bouquets Garnis, l'échoppe de Dame Framboise, une vieille femme au visage rubicond et au sourire facile, qui avait été replette dans sa jeunesse mais tendait à se déplumer avec les ans, à son grand désespoir. Elle accueillit Taliesin à grands renforts d'exclamations joyeuses. Et pour cause : la ferme Desmoulins devait être son meilleur client.

Taliesin la salua amicalement et ne se priva pas, tout en faisant ses courses, de bavarder avec elle. Indéniablement, depuis que les drames étaient derrière lui, il s'ouvrait davantage sur l'extérieur. D'autant que revenir dans les mêmes boutiques et, plus généralement, avoir des voisins était une nouveauté pour lui qui, depuis presque toujours, avait mené une vie itinérante, sans attache autre que le maître avec qui il voyageait. La sédentarité était donc une découverte et... cela lui plaisait. Cela faisait du bien d'avoir des habitudes, d'évoluer dans des lieux familiers; Beaucoup de bien, même.

L'herboriste prit des nouvelles de leur nombreuse marmaille, mélangeant allègrement les prénoms de toute la bande et leurs liens avec les différents adultes de la maisonnée. Le seul qu'elle identifiait parfaitement était bien sûr son client favori, le petit cuisinier, mais elle l’appelait Bastien avec aplomb, en dépit des tentatives du barde de la corriger. Elle put lui fournir les grains qu'il cherchait, notamment du sarrasin et de l'épeautre, la plupart des herbes et une livre de graines de tournesol. Elle lui offrit une livre d'un fruit étrange qu'on venait de lui livrer et qui s'appelait la pistache. Elle était curieuse de voir ce que Bastien en tirerait. Pour le reste, elle lui apprit qu'il y avait de beaux champignons chez les Melotte et que Gaston avait ramené une cargaison de poissons de mer un peu avant l'aube. Il la vendait dans la cave sous l'auberge des Six Saules. Bref... Il n'en avait pas fini avec ses emplettes...

Non, et il valait mieux qu'il ne tarde pas trop, s'il voulait pouvoir les mener à bien. Aussi finit-il par prendre congé de Dame Framboise, non sans l'avoir chaleureusement remercie pour sa conversation, pour les pistaches et pour les renseignements. Il se rendit ensuite chez les Melotte afin de s'y ravitailler en champignons. Il gardait l'auberge pour la fin : non seulement c'était son lieu de rendez-vous avec Guilhem mais, de surcroit, s'ils étaient tous deux en avance, ils pourraient se permettre d'y boire un verre...

En sortant de chez les Melotte avec ses champignons, Taliesin remarqua qu'on le suivait. Son pisteur n'était pas très doué : c'était un jeune homme encore imberbe, vêtu d'une livrée bleu soutenu, qui paraissait davantage hésiter à l'aborder que vraiment vouloir le traquer à son insu. Il l'avait déjà croisé dans la rue plus tôt, semé en entrant chez les ramasseurs de champignons, et le gamin avait décollé les fesses d'un mur pour le prendre en chasse aussitôt qu'il était sorti.
Le barde avait plusieurs possibilités : l'apostropher, l'ignorer ou peut-être tenter de le perdre... Il n'avait en tout cas pas le moins du monde l'air menaçant.

Entre les amplettes qu'il fallait terminer et sa curiosité - le fait que le jeune homme soit vêtu d'une livrée avait de quoi la piquer -, Taliesin décida de ne pas y aller par quatre chemins et de l'aborder directement.
-Si vous souhaitez me parler, vous ne devriez pas tant hésiter : je ne mords pas, lui lança-t-il, amical. Et si je me suis mépris quant à vos intentions, et bien... Je vous prie de bien vouloir m'en excuser.
Au moins, le mystère serait sous peu éclairci.

Le jeune homme pila dans ses bottes et devint absolument rubicond, ce qui contrastait étrangement avec la couleur de son costume. Taliesin remarqua qu'il avait le dessin d'un oiseau brodé sur le pectoral droit de son pourpoint. Si la livrée était manifestement neuve, elle était coupée relativement simplement, sans les fioritures que l'on eut pu attendre chez un noble.
" Oh, je... heu... Hum. Pardon. Ah."
Il s'éclaircit la gorge et se redressa.
" Je suis Frobert. Ah... C'est pas important. Ce qui est important, c'est... que... Je suis... employé du courrier à cheval. Je suis nouveau, je... me... demandais... si ce n'était pas vous, messire Taliesin ? On m'a dit... hum... c'est pour une lettre, vous voyez ? J'allais la porter jusqu'à la ferme... C'est mon travail, bien sûr, je ne cherche pas à resquiller mais... Heu... Si c'était vous, je me dis... Autant vous donner la lettre tout de suite, non ? Parce que c'est un recommandé, vous voyez ? Il faut signer... Mais je veux être sûr que c'est vous. En même temps, vous avez l'air... de connaître le coin... et il n'y a pas d'autres... comme vous... par ici. Hum. Sans vouloir vous offenser. Je ne vous ai pas offensé ?"
Il avait l'air sérieusement inquiet.

Un lettre ? Recommandée, qui plus est ? De qui pouvait-elle bien émaner ?
Un instant, il sentit l'inquiétude poindre, craignit les nuages sombres.
Mais il se ressaisit en un éclair : les ennuis étaient derrière lui. Définitivement. De surcroit, s'il y avait eu un problème avec la justice ou les autorités luméniennes, il en aurait été préalablement informé par d'autres biais.
Bref, il saurait sous peu de quoi il retournait. Pour l'heure, il importait de rassurer le jeune homme.
-Pas le moins du monde, l'assura-t-il, toujours affable. Je suis bien Taliesin et puisque nous nous sommes croisés, il serait dommage que vous deviez pousser jusqu'à la ferme.
Il réfléchit.
-Je n'ai pas sur moi de document prouvant mon identité. Mais je peux vous donner mon adresse ou vous conduire auprès de personnes qui vous confirmeront que vous avez trouvé votre destinataire. Si ce sont là des précautions stipulées par votre règlement, je m'y plierai bien volontiers, alors n'hésitez surtout pas à me le dire.

Le jeune homme parut à la fois soulagé et perdu.
" Je... Ah oui. C'est mieux. C'est sûr que si après, on me dit que vous l'avez pas eue... Enfin le vrai vous, pas vous, si c'est pas vous. J'aurai l'air stupide. Et des ennuis. Je voudrais pas avoir d'ennuis, c'est mon premier vrai travail, si je le perds, j'aurai encore plus d'ennuis. Heu. Vous voulez bien m'accompagner... chez quelqu'un qui vous connait ? Dame Framboise, peut-être ? Ou alors... Vous êtes venu seul jusqu'ici ?"

-Non, je euis venu avec Guilhem Merlu, que vous connaissez peut-être.
Retourner chez Dame Framboise serait peut-être le plus simple mais... cela risquait de donner lieu à une nouvelle conversation et donc de le faire rejoindre le fermier plus tard que prévu.
-Je dois le retrouver à l'auberge, reprit-il. Seriez-vous d'accord pour m'y accompagner ? Le patron me connaît également...

" A l'auberge... Heu, oui. Je crois que oui. Après tout, ça va me faire économiser le trajet jusque chez vous, alors... C'est toujours ça de gagné, non ?"
Le jeune homme rougissant le précéda autant qu'il le suivit jusqu'aux Six Saules, semblant ne pas savoir ce qui était le plus convenable. Il triturait le bord en cuir de sa besace pesante, nerveux, jetant des coups d'oeil vers Taliesin.
Ils pénétrèrent ainsi dans l'établissement, la plus modeste des deux hostelleries de Pré-aux-Sources. A cette heure encore matinale, il y avait peu de gens, mais une odeur délicieuse s'échappait déjà des cuisines. Guillhem était installé à une table près d'une fenêtre ouverte sur un jardin fleuri et il héla le barde en le voyant entrer. Le tenancier de l'auberge, un petit homme menu aux énormes oreilles, adressa également un signe du menton à ses nouveaux visiteurs.

Signe auquel le barde répondit, avant d'encourager son nouvel acolyte à le suivre en direction du fermier.
[color=#FFFF666]-Guilhem, je te présente Frobert, employé du courrier à cheval. Il doit me remettre une lettre recommandée mais, pour ce faire, il a besoin de s'assurer que je suis bel et bien son destinataire. Pourrais-tu lui confirmer mon identité ?[/color]
Au moins, les choses seraient faites dans les règles et il espérait que le jeune homme ne garderait pas un trop mauvais souvenir de cette expérience.

Guillhem parut interdit.
" C'est une blague ?" demanda-t-il, en dévisageant les deux nouveaux venus.
Il grimaça.
" Ce n'est pas une blague. Et bien... Tu es Taliesin. C'est le seul nom que je te connaisse."
Le visage de Frobert s'éclaira.
" C'est parfait !"
Il s'emberlificota dans les lanières de sa besace, puis en extirpa un document qui stipulait que le dénommé Taliesin avait bien reçu un courrier, remis en mains propres par le fonctionnaire du Courrier à Cheval de Pré-aux-Sources. L'enveloppe en question, en beau papier crème, reposait encore entre les mains du coursier. Il la lui tendit cependant avant de déboucher un encrier et de lui tendre une plume. C'était peut-être contraire au protocole, mais il n'y faisait plus guère attention, tout entier concentré sur la précieuse signature dont le gratifia l'elfe. Ensuite il remercia, salua, fit une courbette, salua et remercia encore, puis détala vers la sortie.
" Il est nouveau, lui." remarqua Guillhem.

-Oui. Et j'espère que cette mission réussie l'aidera à gagner un peu d'assurance. Sinon, il n'est pas sorti de l'auberge...
Il baissa les yeux sur la lettre, les releva sur Guilhm.
-Sinon, j'ai tout ce que voulait Baptiste, hormis le poisson. Mais Gaston en vend ici, dans la cave... Ceci dit, avant d'y aller, j'aimerais bien lire ce courrier : ma curiosité est piquée, il me faut l'admettre !

" Je vais aller chercher le poisson, comme ça, tu es tranquille pour lire ton message." dit Guillhem en se levant.
L'enveloppe était d'excellente qualité et une patte élégante y avait simplement écrit les mots suivants : Taliesin le Barde, Fermes Desmoulins, Pré-aux-Sources.
Elle contenait une feuille de vélin et les mots suivants, de la même main raffinée :

Très cher Taliesin,

La guerre est finie et les jardins ont rouvert.
La lumière traque les ténèbres, inlassablement.
L’intermède ensoleillé nous aura fait à tous le plus grand bien. Te revoir, ainsi que ta magnifique famille, m’a empli le cœur de musique, et c’est ce qui prime, pour un Milite, la musique !
Chacun d’entre nous aspire, dans la vie, à rencontrer un jour un barde exceptionnel, quelqu’un dont l’essence vibre de la possibilité de merveilles, quelqu’un dont la mélodie, même ténue, même assourdie un moment, a la puissance des plus grandes symphonies. Je crois que j’ai rencontré mon barde et de ce fait, mon devoir de clerc est d’accompagner chaque mesure du morceau qu’il compose, simplement, en respirant.
Bref. J’ai un service à te demander.
Quand nous étions encore à Luménis, dans l’incertitude de nos destinées, j’ai essayé de reprendre mon travail, comme si j’étais appelé à rester longtemps sous l’aile de l’aube. Mais voilà, la voile sera bientôt levée et quand tu recevras ces mots, je serai peut-être déjà à l’ombre d’un mensonge nécessaire. Je répugne à abandonner mes travaux en l’état, peut-être pour dix ou vingt ans. Je pourrais les confier à un de mes collègues, mais nous sommes des êtres égocentriques, chacun tourné vers ses papiers, ses délires, ses passions enfiévrées.
Il y une petite ruine, en bordure de la Lorien, en territoire humain. L’homme qui l’a découverte s’appelle Yann. C’est un jeune gars du village voisin, porcher je crois. L’affaire de quelques jours à dos de cheval. Les enfants aimeront : c’est vert et joyeux, il y aura peut-être des licornes !
Je m’égare.
Je ne sais pas ce que valent ces trois morceaux de caillou et leur lierre obligatoire, mais j’ai de grands espoirs pour eux, à travers toi, et je voudrais te demander, donc, de te rendre là-bas pour les explorer à ta guise. Si découverte merveilleuse tu y fais, elle te reviendra, bien sûr, ceci n’est pas un contrat ordinaire… Mais tiens-moi au courant, simplement.
Ah, c’est le passage où je dois te convaincre. Judi me dit que je suis un enquiquineur qui ne sait pas laisser les gens profiter de leur convalescence tranquilles. Mais tu n’es pas malade, si ?
Alors vas-y !
Si tu acceptes, envoie un courrier au Temple de Milil à Eredhun, ils te feront suivre mes notes directement sur place. Le village s’appelle Vauxgrisants. Je pense que le mieux est de l’atteindre par Togoria, mais tu auras peut-être envie de passer par Bortheias pour profiter un rien des montagnes. Bah, tu sais lire une carte !
Tu peux loger chez la veuve Pomone. On l’appelle Mona. Elle a une superbe plume mais je ne sais pas si elle est jolie. C’est la mère de ce Yann, ce qui arrange bien nos affaires.
Prends soin des vieilles pierres pour moi,
Amitiés et Chansons à toi et ceux que tu aimes,

Astralement,

Timothée d’Eredhun

Et bien... il ne s'était pas attendu à ça !
En réalité, il ne s'était attendu à rien, n'ayant pas la moindre idée ni de l'auteur, ni du contenu de la lettre. Tout juste, en observant la qualité du papier de l'enveloppe et l'élégance avec laquelle l'adresse était rédigée, avait-il vaguement songé que, peut-être, quelqu'un recherchait ses services de barde.
Mais ça...
Il sourit.
Dans l'absolu, l'excursion lui aurait bien plu. Et peut-être la ferait-il, un jour. Dans l'immédiat, cependant, cela lui semblait impossible : la Lorien était à l'autre bout d'Helonna et il lui faudrait donc s'absenter plusieurs veilles, abandonnant Galathée et tous les autres... Non, cela devrait attendre. Pas forcément très longtemps, puisqu'un jour, il faudrait conduire Victor à Loth Imarhil. Mais ce ne serait pas pour les mois à venir...

Guillhem remonta peu après, un sac de poissons sous le bras. Il reprit place, héla le serveur et commanda de quoi s'abreuver, avant de tourner un regard malicieux vers l'elfe.
" Alors, c'était quoi ? Une lettre galante ? Une commande peut-être ? On fait ça, non, des commandes à un barde ?"

-Si, mais il faut être un minimum connu pour cela, ce qui n'est pas mon cas.
Il sourit.
-En fait, c'est une lettre de Tim. La guerre étant finie, il a dû reprendre ses anciennes activités et donc abandonner des recherches qu'il avait lancées, recherches qu'il me propose de reprendre. Elles concernent des ruines qui se trouvent... à l'orée de la Lorien.
Son sourire s'élargit.
-Ce brave Tim ! Comme si j'avais vraiment la possibilité d'entreprendre un tel périple et de demeurer loin d'ici des veilles durant... Ceci dit, je le ferai peut-être un jour, quand l'occasion s'en présentera.

Guillhem le dévisagea, un peu interdit.
" Mais Taliesin... Tu as cette possibilité, non ? Je veux dire... Rien ne t'oblige à rester à la ferme. Ce n'est pas ton métier."

-Bien sûr, et s'il s'agissait de partir quelques jours seulement, je le ferais sans guère hésiter. Mais là, c'est d'une absence relativement longue dont il est question. M'absenter plusieurs veilles alors que Galathée aspire à reprendre vraiment son travail, alors que nous sommes déjà débordés, ce serait pour le moins égoïste. Après, je pourrais envisager de partir avec elle et les enfants, mais pour peu que tout le monde soit motivé par ce voyage, ce qui n'est pas gagné... les jumeaux sont encore trop petits pour cela.

Guillhem haussa les épaules, sceptique.
" C'est toi qui vois." conclut-il en sirotant sa bière.
Le poisson dégageait une odeur de plus en plus forte et le serveur vint leur demander, naïvement, s'ils voulaient qu'il le mette au frais pendant qu'ils se désaltéraient.
" Je crois qu'on ferait mieux d'y aller." dit le fermier."

-Je crois aussi !
Il termina son verre, alla payer son dû à l'aubergiste puis revint récupérer leurs courses et, bien sûr, la lettre de Tim, qu'il s'efforça de ne pas trop froisser.
-Rentrons au bercail. Enfin, s'il existe toujours...

Le trajet du retour se déroula clopin-clopant sur la route. Il soufflait un vent frais parfumé par les fleurs et des graines de pissenlit vagabondes empruntaient ses courants tranquilles, chatouillant les naseaux des chevaux. Ils croisèrent à nouveau quelques voyageurs, mais en pleine journée, rares étaient les gens attardés sur la route : ils devinèrent plus d'une silhouette dans les champs et les prairies qui bordaient leur parcours.
Guillhem se laissa aller à siffloter, le chariot glissa à bonne allure sur la terre sèche, et ils parvinrent à bon port sous le soleil de midi. Ils furent accueillis par le concert des aboiements des chiens, qui les accompagnèrent sur le sentier et leur firent la fête dans la cour. Pour une fois, plus d'un chat semblait s'être donné rendez-vous également : le fumet du poisson était tentateur. Des habitants de la ferme, nulle trace, mais le bâtiment était intact. Ils trouvèrent la petite famille rassemblée dans le jardin, où ils déjeunaient tranquillement sur l'herbe.

[color=#FFFFF66]-Vous ne nous avez même pas attendus ? C'est scandaleux ![/color] plaisanta-t-il.
Puis il se tourna vers Baptiste et désigna ce qu'ils rapportaient de Pré-aux-Sources.
-C'est un petit miracle mais... on a trouvé tout ce que tu souhaitais. Le temps d'aller ranger ça et on vous rejoint.
Il entendait également déposer la lettre à un endroit où elle ne risquait pas trop d'être abimée...

" Formidable ! Merci !" dit le petit garçon en sautant sur ses pieds.
Avant que Galathée n'ait pu protester, il avait délesté Guillhem de son paquet de poissons et filé vers l'intérieur.
" Je suis sûr qu'il a demandé pour quitter la table, mais tu ne l'as pas entendu." railla Victor.
Les jumeaux étaient invisibles, sans doute à la sieste.

-Ne vous en faites pas : je le ramène de ce pas. Pieds et poins liés, s'il le faut, fit-il, solennel.
En réalité, il était très amusé. En effet, voir baptiste enthousiaste au point d'oublier de demander la permission de faire quelque chose - alors que d'ordinaire il n'y manquait jamais -, c'était rare. Très rare, même.
Quoi qu'il en soit, il regagna la maison pour y déposer ce qu'il transportait et ramener l'enfant à table.

Baptiste était en train de ranger le poisson dans la glacière creusée dans le sol de la cuisine. Il accueillit le barde avec un large sourire.
" C'est vraiment formidable que vous ayez tout trouvé. Bon, j'avais déjà fait parvenir ma liste à Dame Framboise, et les Mellotte sont les meilleurs chasseurs de champignons de la région, ils connaissent des coins incroyables, évidemment secrets, mais comme ils sont pas très chers..."
Il venait de déballer de longues anguilles et il les exhiba, radieux.
" Regarde-moi ça... Magnifiques..."

L'elfe rit.
-Tu es bien un Luménien, toi ! Mais c'est vrai qu'elles sont belles...
Lui-même préférait la viande aux poissons et autres fruits de mer. Ce qui ne l'empêchait pas d'apprécier ces derniers.
-Allez, terminons de ranger et rejoignons les autres. Sinon, ils ne nous laisseront rien à manger.

La Couronne de Cuivre

[Lieu] La ferme Desmoulins