La Couronne de Cuivre

Le silence était retombé sur les souterrains.
Le temps avait recommencé à s'écouler, impossible à mesurer mais paraissant durer une éternité.
La nuit devait être tombée, à présent : le barde n'avait pas tenu sa promesse.
Enfin, Ruth le rejoignit pour l'informer qu'on allait sous peu servir le repas.

Hubert la remercia mais lui demanda de lui garder une assiette pour plus tard : il n'avait pas l'intention d'abandonner son poste.
Tout en reprenant sa veille vigilante, il se demanda comment la communauté prendrait la disparition du barde. Est-ce qu'Albérich voudrait étouffer la chose pour ne pas moucher l'espoir qui reprenait doucement pied chez chacun ? Peut-être. Le paladin ne prétendait pas savoir ce qu'il fallait faire dans ce genre de situations. Mais ce serait un coup dur pour lui. Il avait appris à apprécier les humeurs du peintre et se sentait en confiance avec lui. Pourtant, ils ne pourraient pas aller le chercher, et tout espionnage futur de la forteresse serait compromis. Giovanni, comme Etienne ou Guillermo, serait "manquant", et ils devraient persévérer sans en savoir davantage.

Ruth s'en fut pour revenir bientôt en compagnie d'Alban : elle tenait un repas chaud, lui une cruche d'eau et une coupe de vin. A les entendre, Thibault n'avait même pas eu à le purifier : malgré ses siècles d'ancienneté, il était toujours parfaitement buvable et constituait un cru aussi excellent que rarissime - en réalité, tout bonnement introuvable depuis des générations et des générations. Les deux enfants ne dirent pas un mot à propos de Giovanni mais il les sentit inquiets - ils devaient beaucoup l'apprécier, eux aussi...
Malheureusement, le barde ne semblait toujours pas vouloir se montrer.

Malgré la qualité du vin, Hubert ne fit que le goûter, puis reposa la coupe. Dans son état de fatigue, avec la journée qu'il venait de passer, il ne se sentait pas capable d'ingurgiter ce genre de choses sans casse. Il n'avait pas faim, non plus, mais il se força à manger quelques bouchées avant de repousser son assiette. Il fallait qu'il décroche de cette porte. Attendre ne servait à rien, cela ne ferait pas revenir Giovanni plus vite. D'autant qu'Albérich devait l'attendre pour décider de la suite des opérations. Comme les enfants étaient encore là, Hubert demanda à Alban de sortir et de frapper au mur, pour voir s'il l'entendait. Si c'était le cas, il demanderait aux écuyers de guetter le retour du barde pendant qu'il allait voir le clerc et de venir le prévenir en cas de besoin. Sinon, ils remonteraient tous les trois.

L'expérience révéla qu'il était possible de percevoir quelqu'un frappant contre la paroi de pierre. Du moins, si l'on était très attentif, voire si l'on collait son oreille au battant de métal. Cela n'effraya en rien les écuyers qui l'assurèrent qu'ils seraient vigilants et qu'ils l'informeraient aussitôt si quoi que ce soit se produisait.
Il put donc regagner l'étage enténébré et pour une bonne partie déserté, la plupart des colons étant retournés dans la salle commune.

Albérich l’accueillit d’un sourire contrit et ils se rendirent dans la salle des cartes, où ils prirent l’un et l’autre un fauteuil.
« N’en parlons pas, proposa le paladin avec une grimace.
— Comme tu voudras. » répondit le Luménien.
Il posa néanmoins une main sur son épaule et Hubert lâcha un soupir misérable.
« Il fallait tenter le coup. Et rien n’est joué.
— Non. N’en parlons pas, s’il te plait. Qu’en est-il ici ?
— Je n’ai pas grand chose à t’apprendre. Il faudra un certain temps pour éplucher ce que Thibault et consorts ont rapporté.
— Les instituteurs ont-ils progressé ?
— Pas de manière spectaculaire, non. »
Le paladin se frotta les yeux.
« Il faut trouver une solution pour ces portes. Je ne peux pas passer mes journées à les ouvrir et les fermer. Sans parler de la responsabilité que cela place sur mes épaules. Je ne peux même pas sortir au risque de vous coincer à l’intérieur. Je sais que je dois jouer mon rôle de symbole, comme toi, mais franchement… Je voudrais bien démissionner pour retrouver ma liberté d’action.
— Hubert, il n’y a rien à faire pour l’instant. Et nous solutionnerons ce problème tôt ou tard.
— J’espère tôt. »
Le clerc lui massa doucement l’articulation.
« Tu ferais mieux d’aller prendre un peu de repos. Le groupe de Gaspard ne partira pas avant plusieurs heures, et ils auront besoin de toi pour les laisser rentrer encore bien plus tard…
— Oui. Je vais aller aux thermes puis je tâcherai de prier un moment. Ça me détendra. »
Il se leva, Albérich en fit de même, et ils s’étreignirent une seconde.
« Aie confiance. » lui dit le Luménien.
Hubert acquiesça et prit le chemin des thermes. Jamais il n’aurait dû laisser Giovanni y aller seul.

Fort logiquement à cette heure, les thermes étaient totalement déserts. Il put donc profiter à lui tout seul d'un bassin dont la douce chaleur tranchant avec la fraîcheur de l'air - on n'avait toujours pas demandé à Ruth de trouver le panneau de contrôle.
Il se baignait depuis quelques instants seulement, dans la pénombre, lorsqu'il entendit le son de pas précipités dans le couloir. Peu après, Alban surgissait par la porte et pilait net, évitant de justesse de tomber dans l'eau.
-Je suis vraiment désolé de vous déranger mais... On dirait que quelqu'un toque au mur, articula-t-il lorsqu'il eut plus ou moins réussi à reprendre son souffle.

Maudit barde, il l'a fait exprès, songea Hubert en s'extirpant manu-militari de l'eau.
Il était trempé mais il remit sa chemise et ses chausses et suivit le gamin vers la cave au pas de course, sans se soucier de la piste humide qu'il laissait derrière lui. Dès qu'il atteignit la porte, il posa les mains à plat sur sa surface, espérant que c'était le barde qui se trouvait de l'autre côté, et pas une bande de goules ou d'Ithiliens en maraude.

Point de goules, point d'Ithiliens.
Juste un barde au visage marqué qui attendait, bras croisés.
-Avant que tu ne dises quoi que ce soit, sache que j'ai tenu parole, fit-il à l'intention d'Hubert d'un ton dégagé. Je m'étais engagé à revenir avant que la nuit ne tombe. Je n'avais juste pas précisé où... Or, je suis à peu près sûr qu'il existe des points de Toril où il fait encore grand jour.

" Entre" dit simplement Hubert en s'effaçant pour le laisser passer.
Il était soulagé, un peu furieux, mais il devinait à la mine du barde qu'il fallait qu'il contienne sa mauvaise humeur. Ce qu'il avait vu l'avait manifestement secoué.
" Il y a du vin... comme promis. Et ici, pas en un autre endroit de Toril." ajouta-t-il en le précédant vers l'étage, les enfants sur les talons.

-Oh, c'est gentil d'y avoir pensé...
Giovanni soupira.
-Mais d'abord, mon rapport au Conseil. Ensuite seulement, le vin. Beaucoup de vin. J'espère que les statuts de la Communauté n'interdit pas de se mettre minable parce que c'est ce que j'ai bien l'intention de faire.

Hubert grimaça. Le ton et les sous-entendus du barde l'inquiétaient grandement. Bien sûr, Giovanni était un habitué des salons, il l'avait dit lui-même, et sans doute aurait-il trouvé toute forme de captivité insupportable, mais le paladin craignait que la situation dans la forteresse ne soit pas brillante. La fuite de la moitié des colons à la barbe des envahisseurs n'avait rien dû arranger à l'humeur des Ithiliens bien sûr. Il escorta le Sunite jusqu'à la salle des cartes, puis congédia les enfants, tout en leur demandant de trouver Albérich et de rapporter quelque chose à manger pour Giovanni. Ensuite, il invoqua de la lumière pour chasser l'obscurité qui régnait dans la pièce. Il ne posa aucune question, laissant son interlocuteur se poser.

Avant que les écuyers ne partent, Giovanni leur demanda de prévenir ses apprentis - une fois n'est pas coutume, il évita le mot "psychopathes" - qu'il était de retour sain et sauf. Quand il se retrouva seul en compagnie d'Hubert, il ne s'assit pas, commençant au contraire à faire les cent pas, mains dans le dos.
-Comment ça s'est passé, de votre côté ? finit-il par s'enquérir.

" Rien à signaler de notre côté. Marthe arrive à minuit."
Il pinça les lèvres.
" Giovanni, calme-toi, dit-il finalement. Dis-moi ce qui se passe. Albérich l'apprendra bien assez tôt."

Le barde secoua la tête.
-Sincèrement, j'aime mieux n'avoir à faire mon rapport qu'une seule fois. Sans doute trouverez-vous les nouvelles moins graves qu'elles n'auraient pu l'être mais... Je dois avouer que pour quelqu'un... d'aussi préservé et privilégié que je l'ai été, cette journée s'est avérée extrêmement éprouvante. Même si, dans le même temps, je reconnais que je n'ai vraiment, vraiment pas à me plaindre.

Hubert acquiesça. Il avait pensé que le barde pourrait avoir envie de se déverser un moment, auprès d'un ami, mais il semblait dans un état d'esprit purement professionnel, et il décida de le laisser mener la danse. Albérich survint peu après, ferma la porte précautionneusement, et s'assit dans un des fauteuils. Il ne demanda pas à Giovanni de s'asseoir, mais déposa une assiette sur la table basse, à sa disposition.
" Heureux de te revoir en un seul morceau." dit sobrement le Luménien, mais avec chaleur.

-Pas mécontent d'être de retour parmi vous, répondit-il en esquissant un pauvre sourire. Même si je culpabilise énormément d'être bien à l'abri tandis que d'autres... Enfin.
Il secoua la tête, parut prendre son courage à demain.
-Bon, déjà, sachez qu'il n'y a pas vraiment eu de représailles contre nos compagnons. Sans doute uniquement parce que les Ithiliens avaient quelque chose à leur faire faire : tous jusqu'au dernier ont été envoyés dans les mines. Leur tâche est de dégager des tunnels menant à des niveaux si profonds que nos explorateurs ne les avaient pas encore atteints. Des niveaux où, apparemment, on peut extraire les fameuses gemmes magiques.

Hubert avait pensé aux diamants, mais pas aux gemmes...
" Tu les as suivis ? demanda-t-il, surpris, tandis qu'Albérich demeurait songeur, bras croisés.
— Ils savent donc exactement ce qu'ils cherchent... Je craignais qu'ils ne connaissent cette civilisation déjà beaucoup mieux que nous."

-Reste à savoir jusqu'à quel point ils la connaissent. Par exemple, les soldats dont j'ai écouté les conversations n'avaient pas la moindre idée de la manière d'utiliser ces gemmes ni même de la nature exacte de leur pouvoir : ils savaient juste qu'elles possèdent une grande puissance. Mais nul doute que leur chef a de plus vastes connaissances.
Il eut une légère grimace.
-Leur chef, justement. J'ai commencé par noter une légère différence entre leur blason et celui d'Ithilion, légère différence qui m'avait totalement échappé dans le feu de l'action. Plus tard, j'ai appris qu'ils travaillaient non directement pour le prince mais pour l'un de ses proches parents qu'ils appellent "monsieur le duc". Je peux me tromper mais à en croire certains propos, il serait à l'origine de toute l'opération. En tout cas, ses hommes ne font pas partie de l'armée officielle de la cité : ce sont ses propres troupes.
Compte tenu des fonctions qu'il avait occupé, Albérich savait que le prince d'Ithilion entretenait des rapports parfois houleux avec son cousin germain, le duc de l'Arbresle, en bonne place dans la ligne de succession. Il était probable qu'il s'agisse de la même personne...

Cette information parut surprendre le Luménien au plus haut point et un sourire se dessina sur ses lèvres.
" Ithilion pourrait en définitive être notre allié plutôt que notre adversaire. Le duc pourrait avoir des visées sur le trône du prince... et s'il est venu en catimini et sans mission officielle, il a sûrement moins de clercs oghmans dans ses bagages qu'anticipé. C'est une bonne nouvelle.
— Suffisamment pour nous empêcher de communiquer avec nos amis, quand même.
— Certes. Giovanni, quand tu dis que tout le monde a été envoyé aux mines, est-ce réellement tout le monde ? Ou reste-t-il des otages dans la forteresse même ? As-tu été aux mines ou es-tu resté sur place ? As-tu des informations sur certaines des personnes dont le destin reste incertain ?"

Le barde grimaça à nouveau.
-Hum, essayons d'aborder une question à la fois, s'il te plait. Je suis un peu... fatigué, et je ne suis pas certain de me souvenir des autres que tu as posées quand j'aurai répondu à la première.
Il plissa le front, concentré.
-Je n'ai pas pénétré dans les mines mais j'ai pu observer les allées et venues. Globalement, une moitié des prisonniers est au travail pendant que l'autre se repose à la forteresse, sous bonne garde. Les rôles sont inversées à la mi-journée. Ils agissent ainsi pour maintenir une activité constante mais aussi pour pousser les captifs à rester tranquilles. Car de ce qe j'en ai vu, ils ont pris soin de séparer les familles, par exemple.

" Dommage mais logique, dit le Luménien. Néanmoins, les Ithiliens divisent leurs forces en deux contingents, nous pourrons sans doute l'exploiter à notre avantage. As-tu pu te faire une idée de leur nombre ?"
Albérich avait sorti un morceau de parchemin et une plume et commencé à prendre des notes.

-Une très vague idée, parce que je ne les ai pas tous vus réunis et parce que, et bien... Quand on joue les espions, quand on a conscience qu'on peut être repéré au moindre faux pas... On a l'impression que l'ennemi grouille de partout, ce qui fausse le jugement...
Il se tut un instant, concentré.
-Je dirais qu'ils sont plus proches de trois cent que de deux cent. Et je suis à peu près sûr qu'ils ont relevé leurs morts : j'ai aperçu un type que j'étais convaincu d'avoir occis.

C'était une tuile de taille et Albérich resta silencieux un moment, espérant qu'Hubert pourrait prendre le relais. Trois cents hommes ?! Comment diable allaient-ils déloger trois cents hommes de la cité ? Peut-être fallait-il réellement réfléchir à un appui d'Ithilion... Le prince ne serait sûrement pas content d'apprendre qu'on complotait dans son dos. Mais courtiser la peste pour vaincre le choléra n'était pas une solution très alléchante.
" Hormis surveiller les prisonniers, est-ce que les Ithiliens font d'autres choses ? Patrouiller dans les tunnels ? Fouiller les bâtiments environnants ? Est-ce qu'ils ont l'air de vouloir s'installer ?" reprit-il, comme le paladin ne disait rien.

-S'installer ? Dur à dire, puisque ce sont très majoritairement des militaires. Je ne sais s'ils comptent faire venir des civils par la suite ou s'ils se contenteront de leurs prisonniers... Bon, mais pour en revenir aux certitudes, ils surveillent étroitement les souterrains menant à la forteresse et organisent effectivement des expéditions. Ils ont pris ce qu'il ont pu à la bibliothèque et cherchent actuellement des édifices susceptibles d'abriter les artefacts magiques des anciens ou des informations les concernant.

" Comme nous, en somme. Il va falloir redoubler de vigilance." dit le Luménien en se tournant vers Hubert.
Celui-ci se contenta de hocher la tête.
" Est-ce que quelqu'un... a parlé de nous ? Est-ce qu'ils ont l'air de nous chercher ? As-tu entendu des hypothèses sur ce qu'ils supposent que nous sommes en train de faire ?"

-Oui, j'ai entendu parler de nous. Pas beaucoup, ce qui laisserait à penser que nous ne sommes pas pour eux une très grande source d'inquiétude. Pour les hommes de rang, du moins. Ceux-ci ont juste évoqué la possibilité de capturer de précieux otages dont leur chef saurait user à bon escient. Et nous sommes recherchés. Par un groupe de soldats apparemment spécialisé dans la traque et... par les mercenaires de Lothar. Celui-ci a été jugé responsable de l'échec du plan initial des Ithiliens, qui devait se dérouler sans affrontement, et la seule façon pour lui de se racheter serait apparemment de beaucoup contribuer à notre capture. Il sillonne donc la cité et les tunnels avec sa troupe. Détail intéressant : hier, deux de ses éléments avaient disparu. Ils ont été retrouvés ce matin, pendus à un carrefour.

" Guillermo mène sa propre vengeance, dit Hubert en grimaçant. Dommage qu'il ne nous ait pas plutôt rejoints. Il constituerait un atout considérable.
— Je peux le contacter, fit Albérich. S'il est hors de la forteresse, il n'y a aucune raison que j'échoue.
— Je ne suis pas certain qu'il sera intéressé par une voie médiane.
— Pourtant sa croisade est dangereuse. Il peut s'estimer heureux que les Ithiliens ne pendent pas deux colons pour chaque mercenaire retrouvé. Ou quatre. C'est qu'ils ont rudement besoin de nos forces vives pour le moment.
— Je ne suis pas complètement certain que Guillermo s'en soucierait énormément. C'est un homme loyal, mais l'insulte qui lui a été faite est probablement prépondérante.
— Ça ne coûte rien de le contacter. Je le ferai demain, quand Marthe nous aura rejoints."
Albérich se tourna à nouveau vers Giovanni.
" Ce sont donc nos éclaireurs contre leurs traqueurs. Et le pouvoir d'Hubert. Est-ce que tu as pu avoir des nouvelles d'Etienne, de Barthélémy ?
— De Louis."

-Barthélemy est mort. officiellement suite à un accident. Mais j'ai entendu deux soldats en parler d'une façon qui laisse entendre que si accident il y a bien eu, il aurait été sciemment provoqué. Etienne est vivannt mais en "résidence surveillée", c'est à dire qu'il est dans une chambre extrêmement bien protégée. Les Ithiliens essaient de l'amener à collaborer : ils pensent apparemment que s'il ploie, cela ôtera toute velléité de révolte ou de vengeance. Si j'ai bien compris, ils en sont restés pour l'heure à la méthode douce mais pourraient passer à des solutions plus... énergiques s'il persiste à leur résister. Concernant Louis...
Le barde soupira.
-Il semble qu'il nous ait vendu de son plein gré. Pourquoi ? Je n'en ai aucune idée : les hommes du rang l'ignorent. Ce qui est certain, c'est qu'il avait obtenu des garanties. Concernant Étienne, en premier lieu. Il ne serait pas, non plus, étranger au plan initial qui visait à éviter de faire couler le sang. Comme il n'en a pas été ainsi, les Ithiliens le surveillent, par peur que les remords ne l'amènent à commettre ce qu'ils considèrent comme des "bêtises".

Albérich passa les paumes sur son visage et demeura un instant silencieux. Hubert posa une main sur son épaule et le Luménien releva les yeux pour lui sourire doucement.
" Nous savions qu'il y aurait des pertes, murmura-t-il.
— Je suis désolé." dit simplement le paladin.
Le clerc perçut la colère rentrée de son ami. Il devait avoir des envies de meurtre, mais elles étaient stériles, pour l'heure. Ils devaient songer au groupe, pas à leurs propres élans. C'était le message fondamental de Lathandre : s'effacer pour les autres, servir, quel qu'en soit le prix. Mais c'était la nuit et ils étaient, l'un et l'autre, plus fragiles. Quand ils seraient seuls, sans doute pourraient-ils un moment se mettre à nu, avant de reprendre la lutte, sans faillir. C'était difficile. Mais ils y arriveraient.

La Couronne de Cuivre

[Lieu] Une cité perdue