La Couronne de Cuivre

" Planquons-nous dans l'une des chambres, proposa Braen. Caenlin, tu peux la refermer ?
— Oui."
Le cuisinier poussa la porte de la pièce où reposait Cordélia, puis fit signe aux autres d'entrer.
" Avec un peu de chance, ils penseront qu'on a filé par l'autre porte."

Il songea à aller chercher Lucie. Malheureusement, vu le peu de temps dont ils disposaient, il serait forcément surpris, ce qui réduirait leur tentative à néant. Il demeura donc immobile, espérant que les pourritures qui pénétraient à nouveau dans le bâtiment n'en profiteraient pas pour la prendre en otage ou pour la déplacer. Si tel était le cas, il faudrait intervenir.

Caenlin verrouilla la porte derrière eux et ils sombrèrent tous dans le silence, guettant les bruits à l'extérieur.
La porte était épaisse et ils n'entendirent pas grand chose. A un moment, la porte fut ébranlée, mais aucune clé ne fut glissée dans la serrure, et personne ne fit mine d'entrer. Ils perçurent des exclamations étouffées, puis à nouveau plus rien.
" Ça va être le branle-bas de combat, souffla Braen. Nous avons intérêt à filer au plus vite, sinon quitter cet endroit va devenir impossible."

-Quittons discrètement cette pièce, nettoyons le bâtiment s'il y a lieu puis embarquons Cordélia et Lucie. Invisibles, nous devrions parvenir à leur échapper. Et, qui sait : en nous cherchant, ils nous faciliteront peut-être la tâche. En ouvrant les portes menant au-delà de la deuxième enceinte, par exemple.

" Ne compte pas trop dessus." dit Braen avec un sourire.
Il fit signe à Caenlin, qui se pencha à nouveau sur la serrure. Le risque était grand que le déclic des instruments n'attire l'attention des nouveaux venus, aussi procéda-t-il avec une grande lenteur.
" Bon... La porte s'ouvre vers l'intérieur, c'est une chance... mais ça ne nous donnera que quelques secondes d'avantage...
— On peut placer une flèche ou l'autre avant de sortir... S'ils sont en vue, bien sûr."

-Oui, fit-il en récupérant son arc et en encochant une flèche. Il faudra faire taire les éventuels guetteurs avant qu'ils ne donnent l'alerte. Cependant, comme d'autres ont dû partir quérir des renforts, nous aurons peut-être un moment de répit qu'il faudra exploiter au maximum.

Caenlin ouvrit la porte et recula, laissant à Taliesin le premier coup d'oeil. Deux hommes étaient visibles à bout de couloir, l'un debout, l'autre penché sur un des corps. Il n'y avait personne d'autre en vue, mais il y avait le coude dans le corridor, bien sûr, et on ne pouvait être sûr que l'un ou l'autre ne se trouvait pas dans une des chambrettes.

Par gestes rapides, il indiqua aux autres le nombre d'adversaires dans le couloir et leur position approximative. Puis, sans hésiter, il visa et tira sur l'homme qui se tenait debout. L'instant suivant, il s'écartait pour laisser la place à l'un de ses compagnons tout en encochant une nouvelle flèche, prêt à en darder quiconque ferait une apparition inopinée.

" Le meurtre vous vient aisément." lui souffla Braen avec un sourire en déchargeant son arbalète sur le second homme.
Le second corps rejoignit le premier.
" J'espère que ce n'étaient pas de vrais Chauntéens." ajouta le cuisinier en repartant vers la porte par laquelle ils étaient entrés.
La princesse, quant à elle, prit la direction opposée, vers les cadavres.

Il préféra ne pas se poser de question sur l'identité des hommes qu'ils venaient d'abattre - au pire, l'abbaye étant fort riche, elle ne manquerait pas de diamants pour les ressusciter - et, surtout, garder un œil sur la princesse : elle était si remontée, si désireuse de secourir son capitaine que cela lui semblait plus prudent.
Une fois assurés que le bâtiment était sûr, il faudrait récupérer Cordélia et Lucie, se rendre invisibles puis... mettre les bouts pour tenter une évasion qui promettait d'être ardue.

Mais les elfes ne semblaient pas avoir ce genre de programme en tête : Elwyn s'était penchée sur les cadavres, tandis que Braen paraissait bien décidé à partir tout de suite. Dothiel et Caenlin étaient plus hésitants, mais ils finirent par rejoindre leur princesse.
Le cuisinier s'immobilisa en bout de couloir.
" Bon. On est juste deux. Je propose qu'on ne prenne qu'une seule des filles. Ou alors on les sort une à la fois, et puis on avise."

-IL faut que nous les sauvions toutes les deux mais cela me paraît tenir de l'impossible, à nous seuls...
Il jeta un regard en direction des autres.
-Nous devons les raisonner. La raisonner, surtout. Que nous la tirions de là saine et sauve est notre meilleure chance d'une part de nous assurer que justice sera faite, d'autre part d'éviter que tout cela ne dégénère en guerre entre les elfes et les habitants de la vallée, guerre qui se soldera par la mort de centaines d'innocents. Malgré son indignation, elle doit quand même pouvoir se rendre compte de cela...

" Nous avons tous notre point de vue, dans cette situation, dit Braen avec un sourire contraint. Et nos intérêts. Vous pouvez essayer de la raisonner, mais nous allons perdre un temps précieux... un temps potentiellement critique."
La princesse était en train, avec l'aide de Caenlin, de retirer les vêtements de l'homme que Taliesin avait touché à la tête. Il n'était pas difficile de deviner ses intentions : s'infiltrer dans l'abbaye vêtue de la toge de ses adversaires.

-Je dois au moins essayer de les ramener à la raison. Même si c'est peine perdue, j'en ai bien conscience.
Il se rapprocha de leurs trois compagnons.
-Avec tout le respect que je vous dois... Vous pensez vraiment que vous déguiser suffira à vous faire passer inaperçus ? A empêcher ceux que vous croiserez de remarquer que votre groupe comporte non seulement trois elfes mais, de surcroit, deux femmes, dans un lieu où la séparation des sexes est à ce point stricte ? Je connais mieux les humains que vous et, dès lors, je me dois de vous prévenir : les sous-estimer scellera votre perte.
Il se tourna vers la princesse.
-Êtes-vous consciente que, si vous en reparaissez pas rapidement chez vous, une guerre risque d'éclater entre une alliance de clans elfes et les habitants de la Vallée ? Une guerre qui aboutira dans un premier temps à un massacre d'humains qui ne vous voulaient aucun mal et n'ont rien à se reprocher et qui pourrait, ensuite, avoir des répercussions désastreuses pour tous les elfes de la région ? Je comprends votre fureur, votre désir de sauver votre capitaine : mais courir à un suicide certain ne l'aidera pas. Cela n'aidera personne et tout ce à quoi cela aboutira, c'est à un horrible bain de sang. Alors que nous avions les moyens de faire en sorte que justice soit rendue, que vos compagnons soient vangés, que les coupables soient châtiés et qu'aucun innocent supplémentaire ne pâtisse de leurs agissements.

Caenlin et Dothiel parurent incertains mais évitèrent de regarder vers Taliesin, s'effaçant pour que leur princesse puisse répondre. Elle eut un sourire las, moins belliqueux que quelques minutes plus tôt.
" Vous ne songez qu'à vous mettre, vous et votre amie, en sécurité. Vous sous-estimez l'importance qu'a cette abbaye pour les gens de la région. Vous sous-estimez aussi le pouvoir qu'ont les gens qui s'y trouvent. Mais vous... Vous pourrez expliquer à mon peuple que ce qui se trame ici est inconnu des humains d'en bas. Ils vous croiront. "
Son sourire disparut.
" Mais si nous partons ce soir, si nous leur laissons le temps de se retourner... Il ne restera rien, ici. Rien du tout. Ne comprenez-vous pas ? Ils effaceront leurs traces. Vous pensez que je vais échouer, et vous avez sans doute raison. Mais vous aussi. Alors suivons chacun notre voie, voulez-vous bien ?"

-Si je songeais uniquement à sauver mon amie et à me mettre à l'abri, je ne serais pas en train de discuter avec vous, répondit calmement le barde. J'aurais sauté sur cette occasion de fuir plutôt que de courir le risque de la voir s'envoler.
Il soupira.
-Vous en savez manifestement long sur ce qui se trame ici : si vous êtes à nouveau capturée, tout ce savoir sera perdu. Si vous venez avec moi, il pourra au contraire être utilisé : j'ai un ami elfe haut placé au sein des services secrets luméniens, et je ne doute pas que si vous lui expliquez l'importance de cette menace, il mettra tout en œuvre pour l'éliminer, mobilisant des forces capables de la traquer où qu'elle se soit terrée. Et si vous craignez malgré tout que cela entraîne des délais trop longs... Nous pouvons mobiliser rapidement des alliés se trouvant à proximité et revenir promptement ici avec des forces cette fois capables de l'emporter. Car, honnêtement, si le péril est tel que vous le décrivez, que pourrions-nous faire, même à cinq, hormis offrir à ces gens, sur un plateau, de nouvelles victimes ?

Elle sourit doucement.
" Caenlin et Dothiel repartiront avec vous. Moi pas. Ma décision est prise. Rien de ce que vous pourrez dire ne changera quoi que ce soit. Vous êtes un être raisonnable. Mais vous êtes barde, aussi. Vous devriez comprendre, mieux que quiconque, que parfois... parfois on ne peut pas faire volte-face, que... certaines choses échappent à la froideur d'un raisonnement. Quant à mon témoignage... Il vaut mieux qu'il reste mien. Vous avez vos amies humaines, elles suffiront. Moi... J'emporte ce qui m'est arrivé avec moi. Croyez-moi, vous qui êtes l'ami des humains... C'est plus sage."

-Je ne crains pas les conséquences de votre témoignage : ce que vous avez dit il y a quelques instants montre assez que, malgré ce qui vous est arrivé, vous ne mettez pas tous les humains dans le même panier. Pour le reste, je ne cherche pas à vous faire faire volte-face : j'essaie simplement de vous convaincre de temporiser.
Il chercha soigneusement ses mots.
-Si vous leur courez sus sans tarder, vous tomberez à nouveau entre leurs mains et leur permettrez d'accomplir leurs noirs desseins. Par ailleurs, vous nous laisserez devant un choix difficile. Soit nous racontons ce qui s'est passé à votre peuple, auquel cas cela débouchera sur une guerre meurtrière : mon témoignage ne pèsera pas bien lourd, puisque je suis un étranger, celui de Cordélia et Lucie ne pèsera rien du tout, puisqu'elles sont humaines, et Caenlin et Dothiel risquent d'être châtiés pour vous avoir laissée vous sacrifier. Soit nous ne disons rien à votre peuple et nous nous contentons d'alerter les autorités luméniennes, ce qui préservera la paix, certes, mais laissera surtout du temps à vos tourmenteurs pour poursuivre leurs plans et martyriser d'autres femmes.
Courte pause.
-A l'inverse, si vous venez avec nous, tout sera encore possible. Vous pourrez nous aider à ramener vos compagnes de captivités auprès de leurs proches, proches qui ne manqueront pas d'être révoltés par ce qui s'est passé et seront dès lors susceptibles de nous prêter main forte. Par ailleurs, vous êtes la mieux à même de convaincre maitre Wilmarin de l'ampleur de la menace et, par conséquent, de la nécessité pour lui de nous soutenir pleinement... Tout cela prendra quelques jours, oui, mais cela nous permettra surtout d'avoir une force de frappe suffisante pour triompher. Est-ce que cela ne vaut pas la peine d'être tenté sachant que, sans vous, nos chances de réussir seront largement compromises ?

" Maître Wilmarin ne fera rien. Vous ne le connaissez pas, dit Elwyn en secouant la tête. Ceci est un hoquet dans l'histoire de l'île. Moins qu'un hoquet. Qui ne concerne pas les elfes de la Lorien, à aucun niveau. Je suis un dommage accidentel, qu'ils regrettent sûrement, car ils doivent être conscients que cela a attiré l'attention sur quelque chose qui se déroulait sinon sans heurts et aurait continué à le faire. Ce qui se passe ici ne concerne que les humains. Et ce sera la preuve, pour mon peuple, que les humains sont dangereux. Il y en a des bons, mais il y en a des mauvais, et il y en aura toujours des mauvais, quoi que l'on fasse."
Elle soupira.
" Je ne peux pas partir. Comme je vous l'ai dit... C'est nécessaire."
Elle lui montra la dague qu'elle avait subtilisée à l'un des hommes morts.
" Je me tuerai avant qu'ils me prennent. Vous ne devez pas vous inquiéter pour moi."
Derrière eux, Braen commençait à s'agiter.
" Taliesin, si elle veut aller au bout de son suicide romantique, nous ne sommes pas forcés d'en être les victimes collatérales."

-Le problème, c'est que cette décision à trop d'impact sur trop de monde pour que je rende si facilement les armes. Même en admettant que les jumeaux ne soient pas punis pour l'avoir laissée se sacrifier et que son père ne décide pas de faire payer sa mort à tous les habitants de la vallée sans exception, sachant que pareille issue sera malgré tout probable... Si la princesse choisit de trépasser plutôt que de nous aider, les chances seront bien plus minces pour Cordélia, pour Lucie et pour beaucoup d'autres de voir leurs bourreaux châtiés. Même celles que nous aurons libérées seront probablement traquées...
Il refit face à la princesse.
-Je ne puis mesurer ce que vous avez enduré, à quel point vous souffrez. En revanche, je peux mesurer les conséquences de votre choix. Grâce à vous, la justice pourrait être rendue, une guerre évitée, des centaines de vies préservées, y compris, peut-être, celle du capitaine Aegon, que vous n'aiderez nullement en mourrant. Est-ce que cela ne vaut pas la peine d'être envisagé ?

Braen poussa un soupir sonore et repartit vers la sortie. La princesse plissa les yeux.
" Même si je sors d'ici, je ne parlerai pas en faveur des humains. Vous devez le savoir, le comprendre. Je ne sais pas à quel point ceux qui vivent en bas sont de mèche avec ceux qui vivent en haut. Mais ce que je sais, c'est que c'est une espèce à laquelle on ne peut pas se fier. On ne le pourra jamais. Les elfes de cette région le savent. Ils n'ont pas été... transformés comme vous l'êtes."
Le cuisinier était revenu en arrière et prit Taliesin par le bras, à l'écart.
" Bon, vous l'assommez et on l'embarque, c'est la seule solution."

-J'y songeais, avoua-t-il. Mais ce ne sera peut-être pas nécessaire.
Il revint vers la princesse.
-L'heure est mal choisie pour débattre de ce sujet. Nous pourrons y revenir plus tard, si vous le souhaitez, mais dans l'immédiat, nous devons nous replier. Plus tôt nous aurons quitté l'abbaye, plus tôt nous pourrons préparer notre retour. Vous aurez alors tout loisir d'accomplir ce que vous souhaitez accomplir mais, cette fois, avec une bonne chance de réussir.

" Non. Tout sera perdu." dit-elle simplement.
Elle se détourna et resta immobile, lorgnant la porte arrachée à ses gonds, qui béait vers les ténèbres. Caenlin et Dothiel étaient paralysés, absolument incapables de savoir quoi faire d'eux-mêmes. Il y eut du bruit à l'extérieur, des conversations rapides, inquiètes. On revenait dans leur direction.

Bon, il allait devoir l'assommer, selon toute probabilité. Il choisit néanmoins de faire une ultime tentative avant d'en arriver à cette extrémité.
-Juste une question... souffla-t-il à la princesse. Vous semblez beaucoup tenir au capitaine Aegon. Dès lors, j'imagine que ce qu'il ressent ne vous est pas indifférent... Pensez-vous qu'il souhaite que vous mourriez ? Plus exactement, que vous vous suicidiez, puisque c'est ce que vous envisagez ? Et s'il pouvait nous parler, en l'instant, que nous demanderait-il, à votre avis ? De vous laisser faire ?

Elle ne répondit rien mais battit vivement en retraite, le visage marqué par la colère : l'issue qu'elle avait escompté emprunter leur était désormais interdite. Mais personne ne la franchit. Par contre, on entendit à nouveau, lointain, le murmure d'une incantation.
" Filons, dit Braen. Rapidement."

-Et en embarquant Cordélia et Lucie.
Il était navré pour la troisième femme dont il ignorait le nom : il aurait aimé la sauver, elle aussi. Mais c'était impossible, surtout avec la princesse, si rétive à les suivre. D'ailleurs, si cette dernière rechignait encore, il n'hésiterait plus un seul instant à l'assommer : ces fichues négociations avaient peut-être déjà condamné leurs espoirs de repli.

La troisième, et toutes celles dont ils n'avaient pas ouvert les portes, sans doute...
La princesse les avait doublés, désormais, et disparut à l'angle du mur. Braen ouvrit rapidement la porte derrière laquelle se trouvait Lucie.
" Tirez-vous." dit-il à Dothiel et Caenlin, qui battirent en retraite dans le couloir.
Ce fut ce qui les sauva tous les quatre : Taliesin et Braen furent protégés par les murs des chambres où ils se trouvaient, et Dothiel et Caenlin par le coude du couloir, car brusquement tout ne fut plus que flammes. Quelque chose avait explosé dans le couloir, une explosion brûlante, signe que leurs adversaires avaient l'intention de se défaire d'eux sans plus s'exposer à rien.

C'est dans ce genre de situation que je regrette d'être à ce point limité en magie, songea-t-il. Sinon, bigre, je prendrais grand plaisir à leur rendre la pareille.
Mais en l'occurrence, ils n'avaient d'autre choix que de se carapater. Il s'efforça donc de soulever Cordélia dans ses bras : fuir avec elle tout en évitant les sortilèges, cela promettait d'être ardu. Mais comme il était hors de question de la laisser en arrière, il ne tergiversa pas et se tint prêt à sortir dans le couloir pour en franchir le coude protecteur.

Le couloir était une véritable fournaise où les flammes faisaient encore rage. Mais sans bois à brûler, elles se firent bientôt flammèches, et Taliesin put saisir sa chance. Ce fut un sprint court mais brûlant jusqu'au coude, qu'il franchit sans heurts. Mais Cordélia pesait son poids : une humaine vigoureuse, de bonne taille, ce n'était pas exactement une promenade de santé. Caenlin, l'arc tendu, le laissa passer puis garda leurs arrières tandis qu'ils filaient vers la porte qui donnait vers la nuit. Braen l'avait précédé et ils se retrouvèrent tous dans le petit hall d'entrée du hangar.
" Par les flèches de Corellon, ces humaines pèsent une tonne." grommela le cuisinier en posant Lucie sur le sol.
Dothiel s'était immobilisé, l'oreille contre la porte.
" Il y a du monde dehors." murmura-t-elle.

-Il va falloir passer quand même...
Il déposa Cordélia au sol aussi délicatement que possible.
-Je vais convoquer une nouvelle meute de chiens pour nous aider : avec leur renfort, si nous sortons sans crier gare, nous pourrions bien profiter de l'effet de surprise pour l'emporter.
Il marqua une pause.
-Cependant, puisque nous n'avons pas été assaillis de ce côté-ci, il reste toujours la possibilité que nous nous retriouvions nez-à-nez avec un groupe de religieuses inoffensives ignorant tout ou partie de ce qui se trame ici. Par conséquent, je propose qu'une fois la porte ouverte, nous prenions une seconde pour évaluer la situation : si mon hypothèse peu probable se vérifie, nous pourrons essayer sinon de les raisonner, au moins de les disperser sans leur causer trop de mal. En revanche, s'il s'agit d'hommes armés... point de retenue, puisque ce sera eux ou nous.

La Couronne de Cuivre

[Lieu] La Vallée Fertile