[Bâtiment] Le Palais de Justice
- Kasumi
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La question le laissa un moment songeur : n’avait-il pas eu ce genre de réflexion tantôt ? Il ne se souvenait pourtant pas l’avoir résolue. Marchant un moment encore aux côtés du clerc, les mots se bousculèrent à ses lèvres comme si Albérich avait levé le coin d’un voile de la conscience du rôdeur. Ses paroles n’en demeuraient pas moins sincères :
- Ma vie a été faite de maints combats, d’aucuns furent plus sanglants que d’autre mais c’est ainsi que je l’ai menée jusqu’alors. Je ne trouve aucun plaisir à user de certaines armes en ma possession, mais je n’hésite pas quand la nécessité l’exige. On m’a enseigné autrefois à utiliser les lames en dernier recours, comme ultime moyen d’éviter un désastre complet, pas pour en provoquer un. Si ma route croise des ennemis de la paix qui puissent être convaincus par des mots ou l’autorité de Luménis, je m’efforcerai d’éviter le combat. De même, je tenterai de traduire en justice les criminels qui se soumettront, mais j’agirai comme ma conscience le dictera quand il faudra faire montre de force et de persuasion. Mon cœur de rôdeur aspire à retrouver la nature, mon cœur de nouveau Luménien m’encourage à défendre mes concitoyens face à l’injustice et ceux qui tenteraient de leur nuire.
- Ma vie a été faite de maints combats, d’aucuns furent plus sanglants que d’autre mais c’est ainsi que je l’ai menée jusqu’alors. Je ne trouve aucun plaisir à user de certaines armes en ma possession, mais je n’hésite pas quand la nécessité l’exige. On m’a enseigné autrefois à utiliser les lames en dernier recours, comme ultime moyen d’éviter un désastre complet, pas pour en provoquer un. Si ma route croise des ennemis de la paix qui puissent être convaincus par des mots ou l’autorité de Luménis, je m’efforcerai d’éviter le combat. De même, je tenterai de traduire en justice les criminels qui se soumettront, mais j’agirai comme ma conscience le dictera quand il faudra faire montre de force et de persuasion. Mon cœur de rôdeur aspire à retrouver la nature, mon cœur de nouveau Luménien m’encourage à défendre mes concitoyens face à l’injustice et ceux qui tenteraient de leur nuire.
"Eldath tellement qu'il est mort à force de Lathandre..." Taliesin.
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- Galathée
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Le Lathandrite hocha la tête, songeur.
« Vos paroles reflètent une expérience à la fois douloureuse et nécessaire. » fit-il finalement. « Et je n’attendais pas de vous que vous me déballiez une philosophie toute faite, empruntée à un principe supérieur que vous n’avez pas rencontré. Luménis a besoin de Dieux, et Luménis a besoin d’hommes. Les premiers veillent. Les autres agissent. Même le paladin le plus intègre est pris par le doute, certains soirs, quand le soleil l’abandonne aux ombres de la nuit. »
Il sourit.
« Lathandre, qui nous observe et nous bénit, est un Dieu d’ouverture. Il dicte une voie à ceux qui l’ont trouvé et accueilli, mais sa bienveillance englobe aussi les autres, ceux qui cherchent, hésitent, regrettent, osent et souffrent. »
Il s’interrompit un instant, songeur, puis son sourire revint.
« Je m’égare. Ce que je voulais dire, simplement, c’est que nous avons du travail pour vous, certainement. Et que je ne crains pas vos méthodes. J’ai confiance en vous. Vous devriez essayer, vous aussi. Quoi que le néant vous ait conté »
Il regagna le bas des marches.
« Au sud-est de Luménis se trouve la Forêt Maudite. Elle ne l’est pas vraiment, mais nos ancêtres l’ont trouvée un peu trop touffue, un peu trop luxuriante… Un peu trop sauvage, tout simplement. De nombreux villages essaiment la campagne qui la borde, notamment le bourg de Respelm. Depuis quelques mois, des rumeurs font état de renégats morféens qui se seraient installés dans la forêt et mèneraient de là, des raids sur les hameaux. Nous n’en savons pas plus, en vérité. Il peut ne s’agir que de brigands usant d’un nom pour faire trembler la population. Il reste que les gens de Respelm ont fait appel à nous voilà quelques jours, et nous n’avons trouvé personne à leur envoyer… »
Il sourit puis leva les yeux sur Kasumi.
« Est-ce le genre de tâche qui vous permettrait de reprendre pied dans l’existence ? Je ne sais pas au juste si elle est porteuse de sang ou de lumière. Peut-être de l'un et de l'autre. »
« Vos paroles reflètent une expérience à la fois douloureuse et nécessaire. » fit-il finalement. « Et je n’attendais pas de vous que vous me déballiez une philosophie toute faite, empruntée à un principe supérieur que vous n’avez pas rencontré. Luménis a besoin de Dieux, et Luménis a besoin d’hommes. Les premiers veillent. Les autres agissent. Même le paladin le plus intègre est pris par le doute, certains soirs, quand le soleil l’abandonne aux ombres de la nuit. »
Il sourit.
« Lathandre, qui nous observe et nous bénit, est un Dieu d’ouverture. Il dicte une voie à ceux qui l’ont trouvé et accueilli, mais sa bienveillance englobe aussi les autres, ceux qui cherchent, hésitent, regrettent, osent et souffrent. »
Il s’interrompit un instant, songeur, puis son sourire revint.
« Je m’égare. Ce que je voulais dire, simplement, c’est que nous avons du travail pour vous, certainement. Et que je ne crains pas vos méthodes. J’ai confiance en vous. Vous devriez essayer, vous aussi. Quoi que le néant vous ait conté »
Il regagna le bas des marches.
« Au sud-est de Luménis se trouve la Forêt Maudite. Elle ne l’est pas vraiment, mais nos ancêtres l’ont trouvée un peu trop touffue, un peu trop luxuriante… Un peu trop sauvage, tout simplement. De nombreux villages essaiment la campagne qui la borde, notamment le bourg de Respelm. Depuis quelques mois, des rumeurs font état de renégats morféens qui se seraient installés dans la forêt et mèneraient de là, des raids sur les hameaux. Nous n’en savons pas plus, en vérité. Il peut ne s’agir que de brigands usant d’un nom pour faire trembler la population. Il reste que les gens de Respelm ont fait appel à nous voilà quelques jours, et nous n’avons trouvé personne à leur envoyer… »
Il sourit puis leva les yeux sur Kasumi.
« Est-ce le genre de tâche qui vous permettrait de reprendre pied dans l’existence ? Je ne sais pas au juste si elle est porteuse de sang ou de lumière. Peut-être de l'un et de l'autre. »
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Le rôdeur écouta avec attention les conseils du clerc et l’énoncé des principes de sa foi. La passion et la sincérité remplaçait la bigoterie si malheureusement commune à de nombreux dignitaires de cultes. S’il en avait été autrement, le demi-elfe aurait réfléchi à deux fois avant de donner son avis sur la mission qui lui était proposée. Même alors, il n’aurait pourtant pas refusé d’accomplir son enquête. Il fit part de sa décision au Lathandrite qui attendait avec patience et bienveillance :
- C’est avec plaisir que j’accepte cette tâche. De l’air frais me fera le plus grand bien et nulle menace ne saurait se cacher longtemps de moi dans les bois. Mais n’ayez crainte, j’agirai avec prudence : ma convalescence n’est pas tout à fait achevée. Y-a-t-il quelqu’un que je doive contacter sur place ? Le bourgmestre, peut être ? Je pense partir à l’aube demain, le temps de réunir quelques affaires et de prendre quelques heures de repos avant ce voyage.
- C’est avec plaisir que j’accepte cette tâche. De l’air frais me fera le plus grand bien et nulle menace ne saurait se cacher longtemps de moi dans les bois. Mais n’ayez crainte, j’agirai avec prudence : ma convalescence n’est pas tout à fait achevée. Y-a-t-il quelqu’un que je doive contacter sur place ? Le bourgmestre, peut être ? Je pense partir à l’aube demain, le temps de réunir quelques affaires et de prendre quelques heures de repos avant ce voyage.
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- Galathée
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« Très bien. » fit Albérich. « La demande d’aide émane des autorités locales, mais elle est passée par les clercs, comme souvent. Votre point de chute devrait être mon ami Aidan Melville, qui accueille la lumière chaque jour dans son sanctuaire en bordure de Respelm. Il devrait pouvoir vous loger, si vous aspirez au calme, sinon il vous indiquera où le faire au cœur même du bourg. Aidan est une tête de mule, mais ça ne devrait pas vous effrayer. »
Le clerc s’assit sur une marche des escaliers et sourit.
« Les réfugiés mal intentionnés pullulent encore malheureusement, et Aidan ne se contentera pas de belles paroles pour laisser un homme de votre gabarit obtenir ses confidences. Je vous confierai donc un mandat, lequel vous identifiera clairement. Mon secrétaire vous le portera à la nuit… pour autant que je sache où vous comptez vous trouver. Si vous le désirez, les portes du temple vous sont ouvertes. Nous avons encore de nombreuses cellules vides, le tribut du coup d’état a été lourd. En ces périodes où les nuits s'allongent, vous devriez être capable de trouver quelque repos… Si vous n’êtes pas allergique aux hymnes, cela s’entend. »
Le clerc s’assit sur une marche des escaliers et sourit.
« Les réfugiés mal intentionnés pullulent encore malheureusement, et Aidan ne se contentera pas de belles paroles pour laisser un homme de votre gabarit obtenir ses confidences. Je vous confierai donc un mandat, lequel vous identifiera clairement. Mon secrétaire vous le portera à la nuit… pour autant que je sache où vous comptez vous trouver. Si vous le désirez, les portes du temple vous sont ouvertes. Nous avons encore de nombreuses cellules vides, le tribut du coup d’état a été lourd. En ces périodes où les nuits s'allongent, vous devriez être capable de trouver quelque repos… Si vous n’êtes pas allergique aux hymnes, cela s’entend. »
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Après avoir pris connaissance de quelques détails supplémentaires comme la population de la bourgade et sa distance depuis Luménis, Kasumi prit congé sur une requête :
- Pour le reste, j’aviserai sur place Conseiller. Pendant mon absence, pourriez-vous vous renseigner sur ce qu’il est advenu de mon familier, une hermine qui m’a accompagné lors de notre raid au Palais. Je voudrais simplement savoir si on l’a vu après ma chute, peut être mes compagnons d’alors le sauront-ils si d’aucuns sont encore en ville ?
Le rôdeur accepta l’offre de mise à disposition d’une chambre au Temple mais se dirigea en premier lieu vers le Bosquet où il récupéra ses armes et ses autres possessions laissées là le matin même. L’un des clercs rencontrés la veille l’y attendait pour prendre des nouvelles et lui dispenser ses soins au besoin. Le demi-elfe lui fit part de ses intentions de quitter la ville pour une mission confiée par l’Eglise de Lathandre. Le prêtre fut partagé entre une inquiétude sincère pour son patient qui allait courir la campagne et un respect renouvelé pour le combattant. Après quelque inspection, le rôdeur suivit les indications du religieux le menant à une boutique où il fit le plein de provisions de bouche pour lui et sa monture afin de s’assurer un voyage rapide. Pour le reste, il disposait encore de vêtements aptes à le dissimuler dans la forêt et d’une armure neuve qui lui avait été offerte en remplacement de celle qu’il portait lors de l’assaut contre le Conseil de Morféa. Ses armes avaient étaient convenablement affûtées et il disposait de plusieurs cordes pour son arc et d’une quantité convenable de traits. Une fois ses possessions réunies, il se dirigea vers le Temple de Lathandre où il arriva au soleil couchant.
- Pour le reste, j’aviserai sur place Conseiller. Pendant mon absence, pourriez-vous vous renseigner sur ce qu’il est advenu de mon familier, une hermine qui m’a accompagné lors de notre raid au Palais. Je voudrais simplement savoir si on l’a vu après ma chute, peut être mes compagnons d’alors le sauront-ils si d’aucuns sont encore en ville ?
Le rôdeur accepta l’offre de mise à disposition d’une chambre au Temple mais se dirigea en premier lieu vers le Bosquet où il récupéra ses armes et ses autres possessions laissées là le matin même. L’un des clercs rencontrés la veille l’y attendait pour prendre des nouvelles et lui dispenser ses soins au besoin. Le demi-elfe lui fit part de ses intentions de quitter la ville pour une mission confiée par l’Eglise de Lathandre. Le prêtre fut partagé entre une inquiétude sincère pour son patient qui allait courir la campagne et un respect renouvelé pour le combattant. Après quelque inspection, le rôdeur suivit les indications du religieux le menant à une boutique où il fit le plein de provisions de bouche pour lui et sa monture afin de s’assurer un voyage rapide. Pour le reste, il disposait encore de vêtements aptes à le dissimuler dans la forêt et d’une armure neuve qui lui avait été offerte en remplacement de celle qu’il portait lors de l’assaut contre le Conseil de Morféa. Ses armes avaient étaient convenablement affûtées et il disposait de plusieurs cordes pour son arc et d’une quantité convenable de traits. Une fois ses possessions réunies, il se dirigea vers le Temple de Lathandre où il arriva au soleil couchant.
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Galathée et Victor parvinrent au Palais de Justice moins d'une heure après avoir quitté l'orphelinat. Le trajet s'était déroulé sans encombres et, une nouvelle fois, ils avaient pu mesurer les changements opérés en ville depuis qu'ils l'avaient quittée, en pleine guerre civile, à feu et à sang. Pourtant, le calme et la sérénité ambiantes n'avaient pas empêché l'anxiété du petit garçon de croître à chaque pas. Pour la première fois depuis des mois, il se retrouvait seul avec la rôdeuse et, qui plus est, dans un univers qui lui était devenu étranger. Il se sentait un peu perdu, privé de la chaude solidarité de leur groupe, et ne lâchait pas d'une semelle la rôdeuse à qui il finit même par prendre la main.
Parvenus devant l'édifice toujours en travaux, ils s'immobilisèrent. Victor déglutit péniblement, réajusta le col de sa chemise, mit un peu d'ordre dans ses mèches folles et jeta un regard inquiet sur la jeune femme. Il avait la vague impression d'être sur le point de passer un examen. C'était idiot, il le savait bien, mais il ne pouvait s'empêcher de craindre que quelque chose ne cloche.
Parvenus devant l'édifice toujours en travaux, ils s'immobilisèrent. Victor déglutit péniblement, réajusta le col de sa chemise, mit un peu d'ordre dans ses mèches folles et jeta un regard inquiet sur la jeune femme. Il avait la vague impression d'être sur le point de passer un examen. C'était idiot, il le savait bien, mais il ne pouvait s'empêcher de craindre que quelque chose ne cloche.
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La rôdeuse n’en menait pas large, elle non plus. Peu habituée aux usages de ce monde, elle avait le sentiment qu’elle détonnerait fatalement dans un environnement aussi policé que le haut lieu de la justice luménienne. Elle prit pourtant une profonde inspiration, et se tourna vers l’enfant.
« Pas de regrets, d’hésitations ? Nous lançons-nous dans l’aventure ? » demanda-t-elle à Victor, en lui souriant.
« Pas de regrets, d’hésitations ? Nous lançons-nous dans l’aventure ? » demanda-t-elle à Victor, en lui souriant.
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Le gamin opina lentement du chef.
-On est dans l'aventure depuis le début ! fit-il avec un pauvre sourire. Non, sans blaguer, j'ai pas de regrets ou quoi. Allons y tout de suite... Comme ça, ça sera vite fini, les papiers et tout ça... Et on pourra retourner voir Benoît et les autres.
Il jeta un regard au bâtiment, revint à la rôdeuse puis, avec une mine décidée, l'entraîna par la main en direction de la porte.
-On est dans l'aventure depuis le début ! fit-il avec un pauvre sourire. Non, sans blaguer, j'ai pas de regrets ou quoi. Allons y tout de suite... Comme ça, ça sera vite fini, les papiers et tout ça... Et on pourra retourner voir Benoît et les autres.
Il jeta un regard au bâtiment, revint à la rôdeuse puis, avec une mine décidée, l'entraîna par la main en direction de la porte.
- Galathée
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Passant sous un échafaudage complexe, ils pénétrèrent ainsi dans les ailes déjà terminées du palais de justice, sous le regard passablement sceptique d’un garde en faction. Mais la loi luménienne exigeait que les audiences soient publiques, et plus d’un curieux se pressait dans les deux salles en service, pour y apercevoir la mine troublée d’un condamné ou écouter les plaidoiries parfois spectaculaires d’un avocat en verve.
Galathée entraîna Victor jusqu’à une petite arche où un homme en habits sombres compulsait des dossiers. Elle lui présenta sa requête, il écouta avec attention, puis les invita à prendre place sur un banc en attendant qu’ils puissent être reçus par un juge.
Ils s’installèrent côte à côte et la jeune femme prévint Victor qu’ils étaient sans doute partis pour poireauter un bon bout de temps, lorsqu’un gnome affable surgit devant eux et les invita à le suivre. Il apparut alors que le seigneur Artwin avait prévenu qui de droit de leur arrivée prochaine, et que leur dossier serait examiné dans les plus brefs délais. Ils furent introduits dans une vaste salle relativement dépeuplée, qui comprenait une quinzaine de rangées de bancs disposés en arc de cercle devant une estrade sur laquelle trônait une femme, derrière un pupitre. Plutôt âgée, dégageant une sérénité tranquille, elle leur fit signe d’approcher. Galathée se sentit minuscule, impressionnée, mais en même temps rassurée par la sagesse qui rayonnait de cette personne, que ses vêtements bleu sombre désignaient comme le juge qui se chargerait d’eux.
« Restez debout. Avant toute chose, avant tout échange, toute déclaration, vous allez être reçus, séparément, par des individus assermentés, qui vont jauger votre sincérité. Ces entretiens ne prendront pas plus d’une demi-heure, et rien de ce que vous y prononcerez ne sera jamais répété à personne, sinon à moi, qui prendrai la décision finale. »
Elle les dévisagea l’un et l’autre.
« Je peux sans doute deviner ce qui vous lie, mais la procédure est immortelle. »
Elle sourit.
« Ne tremble pas, mon garçon. » ajouta-t-elle, avec un clin d’œil.
Puis elle leva les yeux, balaya la salle du regard et s’arrêta sur un homme vénérable aux cheveux grisonnants, qui portait de gros livres sur ses genoux.
« Maître Nureïn, vous vous chargerez de mademoiselle Dullahan. »
Galathée tressaillit. C’était la première fois qu’on l’appelait par son nom depuis des lustres.
« Quant à monsieur Desmoulins… »
« Je me chargerai de lui, si vous le permettez, votre honneur. » intervint une voix, et Galathée se tourna pour apercevoir un homme relativement jeune qui venait d’entrer, vêtu d’une tenue brune de bonne facture, mais sans fioritures, le cheveu noir, le visage avenant. Victor serra la main de Galathée avec appréhension, mais sans se dérober. La juge haussa les sourcils et sourit.
« Si vous le voulez, conseiller. Les alcôves 3 et 7 sont à votre disposition. » fit-elle en désignant deux portes dans le mur est.
Galathée entraîna Victor jusqu’à une petite arche où un homme en habits sombres compulsait des dossiers. Elle lui présenta sa requête, il écouta avec attention, puis les invita à prendre place sur un banc en attendant qu’ils puissent être reçus par un juge.
Ils s’installèrent côte à côte et la jeune femme prévint Victor qu’ils étaient sans doute partis pour poireauter un bon bout de temps, lorsqu’un gnome affable surgit devant eux et les invita à le suivre. Il apparut alors que le seigneur Artwin avait prévenu qui de droit de leur arrivée prochaine, et que leur dossier serait examiné dans les plus brefs délais. Ils furent introduits dans une vaste salle relativement dépeuplée, qui comprenait une quinzaine de rangées de bancs disposés en arc de cercle devant une estrade sur laquelle trônait une femme, derrière un pupitre. Plutôt âgée, dégageant une sérénité tranquille, elle leur fit signe d’approcher. Galathée se sentit minuscule, impressionnée, mais en même temps rassurée par la sagesse qui rayonnait de cette personne, que ses vêtements bleu sombre désignaient comme le juge qui se chargerait d’eux.
« Restez debout. Avant toute chose, avant tout échange, toute déclaration, vous allez être reçus, séparément, par des individus assermentés, qui vont jauger votre sincérité. Ces entretiens ne prendront pas plus d’une demi-heure, et rien de ce que vous y prononcerez ne sera jamais répété à personne, sinon à moi, qui prendrai la décision finale. »
Elle les dévisagea l’un et l’autre.
« Je peux sans doute deviner ce qui vous lie, mais la procédure est immortelle. »
Elle sourit.
« Ne tremble pas, mon garçon. » ajouta-t-elle, avec un clin d’œil.
Puis elle leva les yeux, balaya la salle du regard et s’arrêta sur un homme vénérable aux cheveux grisonnants, qui portait de gros livres sur ses genoux.
« Maître Nureïn, vous vous chargerez de mademoiselle Dullahan. »
Galathée tressaillit. C’était la première fois qu’on l’appelait par son nom depuis des lustres.
« Quant à monsieur Desmoulins… »
« Je me chargerai de lui, si vous le permettez, votre honneur. » intervint une voix, et Galathée se tourna pour apercevoir un homme relativement jeune qui venait d’entrer, vêtu d’une tenue brune de bonne facture, mais sans fioritures, le cheveu noir, le visage avenant. Victor serra la main de Galathée avec appréhension, mais sans se dérober. La juge haussa les sourcils et sourit.
« Si vous le voulez, conseiller. Les alcôves 3 et 7 sont à votre disposition. » fit-elle en désignant deux portes dans le mur est.
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Si Galathée avait noté le titre que la juge avait donné au nouveau venu, ce n'était pas le cas de Victor qui, un peu affolé par la tournure que prenaient les événements, le dévisagea avec appréhension. Mais l'homme ne lui faisait pas l'effet d'être méchant et, après avoir jeté un dernier regard à Galathée, il lui lâcha la main pour, à la suite du conseiller, gagna l'une des alcôves qu'on leur avait indiqué. Il s'agissait d'une pièce minuscule, dépouillée, seulement meublée d'une table étroite et de deux chaises placées en vis-à-vis. A l'invitation de l'homme, Victor prit place sur l'une d'entre elles et demeura immobile, les yeux baissés, les mains croisées sur ses genoux.
- Galathée
- Élu de Mystra
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« Ne sois pas paralysé, il n’y a aucune raison de l’être. » commença l’homme en face de lui.
« Je me nomme Albérich Megrall. Je suis un fils de Luménis, moi aussi. J’ai grandi dans ces rues, un peu comme tu as dû le faire. Quartier du port, sans doute pas très loin de chez toi. »
Il sourit.
« Je sers Lathandre, le Dieu du renouveau. C'est lui qui offre aux gens une seconde chance... Penses-tu que ce soit le cas, aujourd'hui ? "
« Je me nomme Albérich Megrall. Je suis un fils de Luménis, moi aussi. J’ai grandi dans ces rues, un peu comme tu as dû le faire. Quartier du port, sans doute pas très loin de chez toi. »
Il sourit.
« Je sers Lathandre, le Dieu du renouveau. C'est lui qui offre aux gens une seconde chance... Penses-tu que ce soit le cas, aujourd'hui ? "
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Le gamin releva les yeux, croisa le regard du clerc puis les baissa aussitôt.
-Je crois...souffla-t-il après avoir médité la question. Je sais pas si ça vient de Lathandre ou... Mais oui, j'ai eu de la chance de rencontrer Galathée. Et de la chance qu'elle veuille bien s'occuper de moi même si je suis pas toujours gentil. Si elle était pas venue, je serai mort, ou à l'orphelinat. Monsieur Artwin il est très gentil et tout, mais c'est pas pareil, quand même...
-Je crois...souffla-t-il après avoir médité la question. Je sais pas si ça vient de Lathandre ou... Mais oui, j'ai eu de la chance de rencontrer Galathée. Et de la chance qu'elle veuille bien s'occuper de moi même si je suis pas toujours gentil. Si elle était pas venue, je serai mort, ou à l'orphelinat. Monsieur Artwin il est très gentil et tout, mais c'est pas pareil, quand même...
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« Certes. Sire Artwin fait certainement de son mieux, mais avoir une nouvelle maman, c’est autre chose… »
Il sourit et croisa les bras, sembla hésiter une seconde, puis pinça les lèvres.
« Te donne-t-elle ce que tu désires ? Répond-elle à tes besoins ? Se soucie-t-elle de ton avis, de ton bien-être ? » fit-il ensuite, sans ciller.
Il sourit et croisa les bras, sembla hésiter une seconde, puis pinça les lèvres.
« Te donne-t-elle ce que tu désires ? Répond-elle à tes besoins ? Se soucie-t-elle de ton avis, de ton bien-être ? » fit-il ensuite, sans ciller.
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-Tout le temps, répondit Victor sans hésiter. Des fois, elle a l'air d'avoir peur de pas faire ce qu'il faut, mais moi je trouve pas. Elle est là quand j'ai besoin, je peux lui parler... Et puis, elle me demande souvent si ça va bien, si je suis content avec elle. Des fois, elle m'a même dit de pas hésiter, si ça allait pas, que c'était pas parce que mon papa lui avait dit de veiller sur moi qu'on était obligés de le faire, qu'on pouvait essayer de trouver d'autres gens pour me garder. Mais moi j'ai pas voulu. Je veux pas d'autres gens. Je veux elle.
- Galathée
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Le clerc sourit à nouveau.
« Ecoute, Victor. Pardonne-moi pour les choses que je vais dire, mais… Cette femme, c’est une vagabonde en quelque sorte. Tu la connais peu. Depuis quelques mois. D’après ce qu’en dit le dossier, elle venait de nulle part, est arrivée à Luménis pendant les troubles, est repartie avec toi après t’avoir abandonné pour une raison… peu claire. Penses-tu que cela pourrait se reproduire ? Penses-tu qu’elle est plus fiable aujourd’hui qu’hier ? »
« Ecoute, Victor. Pardonne-moi pour les choses que je vais dire, mais… Cette femme, c’est une vagabonde en quelque sorte. Tu la connais peu. Depuis quelques mois. D’après ce qu’en dit le dossier, elle venait de nulle part, est arrivée à Luménis pendant les troubles, est repartie avec toi après t’avoir abandonné pour une raison… peu claire. Penses-tu que cela pourrait se reproduire ? Penses-tu qu’elle est plus fiable aujourd’hui qu’hier ? »
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-C'était pas une raison obscure ! s'exclama Victor en relevant la tête. Elle a juste voulu aider un ami à elle qui était en danger, et après elle est revenue. Et elle m'a plus laissé, elle est tout le temps restée avec moi. Et ça fait quoi qu'on sait pas d'où elle est venue ? C'est pas parce qu'elle habitait pas Luménis qu'elle est pas gentille... Et puis, avec elle, c'est bien, c 'est l'aventure. On avait trouvé une maison dans la campagne, mais on est revenus pour l'adoption et pis on s'installera dans la maison de mes parents ou la ferme de mon grand-père.
- Galathée
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Megrall leva les mains en signe de défense.
« Excuse-moi, je ne voulais pas insulter ton amie. Ta future maman. C’est juste que… s’occuper d’un jeune homme comme toi… demande patience et temps, des ressources, aussi… L’amour, parfois, n’est pas suffisant. Je veux juste… m’assurer que tu ne te retrouves pas dans une situation difficile, prochainement. Mais je te fais confiance, si tu lui fais confiance… Ce qui ne m’empêchera pas de te poser encore quelques questions… »
Il soupira, baissa les yeux, puis fixa à nouveau l’enfant.
« Elle n’a jamais parlé de t’adopter auparavant, n’a jamais entrepris aucune démarche. Pourquoi soudain prendre cette décision, justement lorsque tu te retrouves propriétaire de plusieurs biens immobiliers ? Cela ne te semble-t-il pas un peu calculé ? »
« Excuse-moi, je ne voulais pas insulter ton amie. Ta future maman. C’est juste que… s’occuper d’un jeune homme comme toi… demande patience et temps, des ressources, aussi… L’amour, parfois, n’est pas suffisant. Je veux juste… m’assurer que tu ne te retrouves pas dans une situation difficile, prochainement. Mais je te fais confiance, si tu lui fais confiance… Ce qui ne m’empêchera pas de te poser encore quelques questions… »
Il soupira, baissa les yeux, puis fixa à nouveau l’enfant.
« Elle n’a jamais parlé de t’adopter auparavant, n’a jamais entrepris aucune démarche. Pourquoi soudain prendre cette décision, justement lorsque tu te retrouves propriétaire de plusieurs biens immobiliers ? Cela ne te semble-t-il pas un peu calculé ? »
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Le petit garçon, pantois, demeura bouche bée.
-Mais elle s'en fiche de ces trucs ! fit-il. On avait une maison, dans la forêt. Et elle était bien pour nous. Pourquoi elle en voudrait une autre ? Et elle m'a pas forcé, pour l'adoption, elle m'a dit d'y réfléchir... Et j'ai été d'accord. Parce que ça changeait rien en fait. Enfin, si, un petit peu, mais en mieux. Après ça, ça serait ma vraie maman, et personne pourrait dire le contraire.
Il réfléchit une seconde, hésita.
-Si c'est à cause de la maison et de la ferme que ça vous embête, j'ai qu'à les donner. Moi je m'en fiche aussi, c'est que de la pierre. Bon, ça peut servir, comme là pour les Merlus, mais si ça vous fait du souci, moi, je les donne à qui en a plus besoin.
-Mais elle s'en fiche de ces trucs ! fit-il. On avait une maison, dans la forêt. Et elle était bien pour nous. Pourquoi elle en voudrait une autre ? Et elle m'a pas forcé, pour l'adoption, elle m'a dit d'y réfléchir... Et j'ai été d'accord. Parce que ça changeait rien en fait. Enfin, si, un petit peu, mais en mieux. Après ça, ça serait ma vraie maman, et personne pourrait dire le contraire.
Il réfléchit une seconde, hésita.
-Si c'est à cause de la maison et de la ferme que ça vous embête, j'ai qu'à les donner. Moi je m'en fiche aussi, c'est que de la pierre. Bon, ça peut servir, comme là pour les Merlus, mais si ça vous fait du souci, moi, je les donne à qui en a plus besoin.
- Galathée
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Le clerc le dévisagea, songeur.
« Il est certain qu’aujourd’hui, la pierre peut te sembler sans importance. C’est plutôt signe de valeurs saines. Mais ne sois pas trop rapide à la dilapider. Demain, tu auras peut-être une famille à y établir, et si la richesse ne rend pas heureux en elle-même, la misère fait des malheureux, crois-moi, je l’ai vu bien souvent. »
Il s’interrompit une seconde, son regard s’égara, puis revint sur l’enfant.
« Ce que tu en feras une fois adulte ne regarde que toi, cela s’entend. Je n’ai pas de conseils à te donner. Simplement. Prends le temps que tu as. Tu es un garçon courageux, comme tes parents avant toi, mais accepte ton enfance pour ce qu’elle est : un moment où les adultes autour de toi peuvent te guider et t’épargner certains tourments, certaines décisions… Que cela ne t'empêche pas, bien sûr, d'aider des amis dans le besoin... »
Il croisa les doigts sous son menton, posa son regard pénétrant sur l’enfant, puis soupira à nouveau.
« Est-ce qu’elle t’a, jamais, demandé d’oublier tes parents ? »
« Il est certain qu’aujourd’hui, la pierre peut te sembler sans importance. C’est plutôt signe de valeurs saines. Mais ne sois pas trop rapide à la dilapider. Demain, tu auras peut-être une famille à y établir, et si la richesse ne rend pas heureux en elle-même, la misère fait des malheureux, crois-moi, je l’ai vu bien souvent. »
Il s’interrompit une seconde, son regard s’égara, puis revint sur l’enfant.
« Ce que tu en feras une fois adulte ne regarde que toi, cela s’entend. Je n’ai pas de conseils à te donner. Simplement. Prends le temps que tu as. Tu es un garçon courageux, comme tes parents avant toi, mais accepte ton enfance pour ce qu’elle est : un moment où les adultes autour de toi peuvent te guider et t’épargner certains tourments, certaines décisions… Que cela ne t'empêche pas, bien sûr, d'aider des amis dans le besoin... »
Il croisa les doigts sous son menton, posa son regard pénétrant sur l’enfant, puis soupira à nouveau.
« Est-ce qu’elle t’a, jamais, demandé d’oublier tes parents ? »
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Le gamin demeura une nouvelle fois sans voix, puis secoua énergiquement la tête.
-Jamais ! fit-il d'un ton vif qui s'enroua bien vite. Jamais elle a dit un truc pareil... Quand... Quand j'ai dit que je voulais les rejoindre, elle a répondu... Elle a répondu que je pouvais pas, qu'ils étaient morts, qu'ils seraient toujours là, d'une certaine façon, que je devais toujours les aimer mais que je pouvais pas les rejoindre... Elle a dit plein de fois qu'elle voulait pas remplacer ma maman, qu'elle pouvait pas... Mais qu'elle ferait ce qu'elle pourrait pour que je sois heureux... Et je sais que c'est vrai... J'aimerai toujours mon papa et ma maman, mais c'est pas être méchant avec eux que d'aimer aussi quelqu'un d'autre... Ils voudraient pas que je pleure tout le temps et que je veuille rester tout le temps tout seul parce qu'ils sont plus là....
Il frissonna et grimaça en sentant ses yeux s'embuer.
-J'ai de la chance d'avoir rencontré Galathée. Pourquoi je devrais pas en profiter ? Pourquoi je devrais pas l'aimer ? Pourquoi je devrais pas être d'accord qu'elle m'aime ?
-Jamais ! fit-il d'un ton vif qui s'enroua bien vite. Jamais elle a dit un truc pareil... Quand... Quand j'ai dit que je voulais les rejoindre, elle a répondu... Elle a répondu que je pouvais pas, qu'ils étaient morts, qu'ils seraient toujours là, d'une certaine façon, que je devais toujours les aimer mais que je pouvais pas les rejoindre... Elle a dit plein de fois qu'elle voulait pas remplacer ma maman, qu'elle pouvait pas... Mais qu'elle ferait ce qu'elle pourrait pour que je sois heureux... Et je sais que c'est vrai... J'aimerai toujours mon papa et ma maman, mais c'est pas être méchant avec eux que d'aimer aussi quelqu'un d'autre... Ils voudraient pas que je pleure tout le temps et que je veuille rester tout le temps tout seul parce qu'ils sont plus là....
Il frissonna et grimaça en sentant ses yeux s'embuer.
-J'ai de la chance d'avoir rencontré Galathée. Pourquoi je devrais pas en profiter ? Pourquoi je devrais pas l'aimer ? Pourquoi je devrais pas être d'accord qu'elle m'aime ?
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« Du calme, mon garçon. Tu as raison d’accepter l’amour que l’on t’offre, bien sûr, je ne voulais pas suggérer le contraire. » fit le clerc, embarrassé par la brusque émotion du petit garçon.
« Victor, tu dois comprendre que cette cour… voit défiler de nombreux enfants orphelins, des enfants comme toi… qui ont perdu des êtres chers. Ils sont seuls, déboussolés, et vulnérables, à la merci de gens peu scrupuleux qui ne veulent qu’une chose : les délester de leurs biens et parfois simplement d’eux-mêmes… Nous devons faire en sorte que cela soit impossible, que chaque victime de la dictature soit protégée par cette cité qui leur a un instant fait défaut. Nombreux sont les jeunes gens, parfois plus âgés que toi, qui jurent que leurs nouveaux parents sont merveilleux et aimants, alors qu’en réalité, ils ont peur du vide. Peur de ce qui arriverait s’ils n’étaient plus là, même quand ce sont des personnages sans scrupules, qui les trompent. Ce que je veux que tu saches, c’est que si cette jeune femme, Galathée, n’était pas la mère que tu désires, ce n’est pas le néant qui te guette… C’est une autre chance, simplement. Il ne faut pas en avoir peur. Si à présent tu me dis que tu comprends bien cela, que tu préfères être avec elle qu’avec d’autres parents adoptifs potentiels, que tu sais que la vie ne prend pas fin avec elle, alors je te laisserai aller. »
« Victor, tu dois comprendre que cette cour… voit défiler de nombreux enfants orphelins, des enfants comme toi… qui ont perdu des êtres chers. Ils sont seuls, déboussolés, et vulnérables, à la merci de gens peu scrupuleux qui ne veulent qu’une chose : les délester de leurs biens et parfois simplement d’eux-mêmes… Nous devons faire en sorte que cela soit impossible, que chaque victime de la dictature soit protégée par cette cité qui leur a un instant fait défaut. Nombreux sont les jeunes gens, parfois plus âgés que toi, qui jurent que leurs nouveaux parents sont merveilleux et aimants, alors qu’en réalité, ils ont peur du vide. Peur de ce qui arriverait s’ils n’étaient plus là, même quand ce sont des personnages sans scrupules, qui les trompent. Ce que je veux que tu saches, c’est que si cette jeune femme, Galathée, n’était pas la mère que tu désires, ce n’est pas le néant qui te guette… C’est une autre chance, simplement. Il ne faut pas en avoir peur. Si à présent tu me dis que tu comprends bien cela, que tu préfères être avec elle qu’avec d’autres parents adoptifs potentiels, que tu sais que la vie ne prend pas fin avec elle, alors je te laisserai aller. »
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Le gamin essuya d'un geste rageur les larmes qui avaient commencé à ce couler sur ses joues. Il avait redouté cette procédure, sans imaginer qu'elle serait à point éprouvante. Il n'aurait pas pensé avoir à dire toutes ces choses là, avoir à se défendre, à défendre Galathée. Il se sentait attaqué et incapable de répondre correctement, redoutait de faire un faux pas, d'être pris en défaut... Et cette ouverture que semblait lui faire le clerc, n'était-ce pa sun nouveau piège ?
-Elle... Elle m'a proposé déjà d'aller avec d'autres gens... croassa-t-il. Elle m'a demandé si... Si j'étais sûr que j'étais bien avec elle... Il y a d'autre solutions, elle a dit, si ça va pas... Elle veut juste que je sois bien... Et moi je suis bien avec elle... Et puis, elle s'est occupée de moi longtemps avant qu'on reçoive cette fichue lettre... Elle m'a jamais fait de mal...
Il étouffa un sanglot, tenta de se reprendre.
-Vous diriez pas des choses comme ça si vous voyiez comment elle s'occupe de moi quand je suis triste, quand je fais pipi au lit et tout. Elle me serrerait pas comme ça si 'elle m'aimait pas...
-Elle... Elle m'a proposé déjà d'aller avec d'autres gens... croassa-t-il. Elle m'a demandé si... Si j'étais sûr que j'étais bien avec elle... Il y a d'autre solutions, elle a dit, si ça va pas... Elle veut juste que je sois bien... Et moi je suis bien avec elle... Et puis, elle s'est occupée de moi longtemps avant qu'on reçoive cette fichue lettre... Elle m'a jamais fait de mal...
Il étouffa un sanglot, tenta de se reprendre.
-Vous diriez pas des choses comme ça si vous voyiez comment elle s'occupe de moi quand je suis triste, quand je fais pipi au lit et tout. Elle me serrerait pas comme ça si 'elle m'aimait pas...
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Le clerc grimaça, mais renonça à poser une main secourable sur l’épaule de l’enfant, de peur que cela soit mal interprété.
« Je suis désolé, Victor, je ne voulais pas… » commença-t-il, sur la défensive. « Quel imbécile, je fais. »
Il se leva et se dirigea vers la porte, puis se ravisa et se rassit.
« Ecoute. » fit-il finalement.
Il sembla hésiter une seconde.
« Je comprends que tu préfères placer ta confiance en quelqu’un que tu connais, qu’en un étranger comme moi, qui plus est, un étranger qui te force à puiser en toi-même pour exprimer des choses que tu ressens si naturellement... C’est une preuve de discernement, qui est toute à ton honneur. Et cette jeune femme a bien de la chance, elle va pouvoir t’aider à grandir et à réaliser ce potentiel qui est le tien. Et je suis persuadé que tu as de la chance, toi aussi, de l’avoir rencontrée. Je ne voulais pas l'attaquer. Je devais juste être certain... Et j'ai fait ça n'importe comment. Mais je peux voir que tu tiens à elle, et je devine qu'elle tient à toi. Je n'en doute pas. Je te le jure. »
« Je suis désolé, Victor, je ne voulais pas… » commença-t-il, sur la défensive. « Quel imbécile, je fais. »
Il se leva et se dirigea vers la porte, puis se ravisa et se rassit.
« Ecoute. » fit-il finalement.
Il sembla hésiter une seconde.
« Je comprends que tu préfères placer ta confiance en quelqu’un que tu connais, qu’en un étranger comme moi, qui plus est, un étranger qui te force à puiser en toi-même pour exprimer des choses que tu ressens si naturellement... C’est une preuve de discernement, qui est toute à ton honneur. Et cette jeune femme a bien de la chance, elle va pouvoir t’aider à grandir et à réaliser ce potentiel qui est le tien. Et je suis persuadé que tu as de la chance, toi aussi, de l’avoir rencontrée. Je ne voulais pas l'attaquer. Je devais juste être certain... Et j'ai fait ça n'importe comment. Mais je peux voir que tu tiens à elle, et je devine qu'elle tient à toi. Je n'en doute pas. Je te le jure. »
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Victor releva la tête et le dévisagea longuement, hébété, comme s'il ne croyait pas réellement à ce qu'il venait d'entendre, tant il était persuadé que l'issue de cette discussion serait néfaste.
-Alors vous allez pas dire non, pour l'adoption ? s'enquit-il d'une petite voix. Je... Je sais que vous faites votre travail, que c'était pas méchant... Je voulais pas pleurer comme un bébé... Papa il disait que les clercs de Lathandre ils étaient gentils, alors... Et j'en ai vu des gens méchants, en plus... Mais Galathée elle est comme je vous dit. Elle veut me dépouiller de rien du tout., rien me faire de mal.
-Alors vous allez pas dire non, pour l'adoption ? s'enquit-il d'une petite voix. Je... Je sais que vous faites votre travail, que c'était pas méchant... Je voulais pas pleurer comme un bébé... Papa il disait que les clercs de Lathandre ils étaient gentils, alors... Et j'en ai vu des gens méchants, en plus... Mais Galathée elle est comme je vous dit. Elle veut me dépouiller de rien du tout., rien me faire de mal.
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« Je n’ai pas de raison de m’opposer à quelque chose qui me semble avoir été bien réfléchi et basé sur des sentiments sincères. » fit Megrall. « Je ne voulais pas te heurter, juste… »
Il se carra dans son siège.
« Je veux juste que tu saches… que si jamais, n’importe quand, tu as besoin de soutien, ou d’un conseil, d’un endroit pour dormir, de… Je ne sais pas. Tu peux toujours venir me trouver, au sanctuaire de Lathandre. »
Il sourit doucement.
« Je sais qu’on raconte sûrement des choses sur ce qui s’y passe, mais je n’essaierai pas de te convertir ou de te convaincre de quoi que ce soit. Nous avons nos Dieux, nos croyances, mais ce qui importe avant tout, c’est ce que l’on fait, pas ce que l’on prétend ou ce que l’on promet. »
Il leva une main pour empêcher Victor de parler.
« Je sais que Galathée sera là pour toi, toujours. Mais il peut arriver… parfois… N’importe quoi. Si elle était malade, indisponible… Si tu voulais aborder des sujets qui… Enfin bref. Si vous aviez besoin d’aide… J’aimerais pouvoir… »
Il se leva brusquement.
« Tu me dois trouver confus. »
Il hocha la tête pour lui-même, et se rassit.
« Par le passé, j’ai connu ton père. Pas bien. Brièvement. Nos carrières respectives nous ont amenés… à fréquenter les mêmes ruelles oubliées du monde. Mais le hasard m’a amené à… contracter une dette envers lui. Une dette importante. Je ne peux plus le remercier pour ce qu’il a fait pour moi. Mais je peux veiller à ce que les choses se passent au mieux pour toi. Je n’ai pas l’intention de m’immiscer dans ta vie. Tu n’en as pas besoin, je n’en ai pas vraiment le loisir. Mais ma porte t’est ouverte, au besoin. Que tu le saches, que tu puisses en profiter, me suffira. »
Il se carra dans son siège.
« Je veux juste que tu saches… que si jamais, n’importe quand, tu as besoin de soutien, ou d’un conseil, d’un endroit pour dormir, de… Je ne sais pas. Tu peux toujours venir me trouver, au sanctuaire de Lathandre. »
Il sourit doucement.
« Je sais qu’on raconte sûrement des choses sur ce qui s’y passe, mais je n’essaierai pas de te convertir ou de te convaincre de quoi que ce soit. Nous avons nos Dieux, nos croyances, mais ce qui importe avant tout, c’est ce que l’on fait, pas ce que l’on prétend ou ce que l’on promet. »
Il leva une main pour empêcher Victor de parler.
« Je sais que Galathée sera là pour toi, toujours. Mais il peut arriver… parfois… N’importe quoi. Si elle était malade, indisponible… Si tu voulais aborder des sujets qui… Enfin bref. Si vous aviez besoin d’aide… J’aimerais pouvoir… »
Il se leva brusquement.
« Tu me dois trouver confus. »
Il hocha la tête pour lui-même, et se rassit.
« Par le passé, j’ai connu ton père. Pas bien. Brièvement. Nos carrières respectives nous ont amenés… à fréquenter les mêmes ruelles oubliées du monde. Mais le hasard m’a amené à… contracter une dette envers lui. Une dette importante. Je ne peux plus le remercier pour ce qu’il a fait pour moi. Mais je peux veiller à ce que les choses se passent au mieux pour toi. Je n’ai pas l’intention de m’immiscer dans ta vie. Tu n’en as pas besoin, je n’en ai pas vraiment le loisir. Mais ma porte t’est ouverte, au besoin. Que tu le saches, que tu puisses en profiter, me suffira. »
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Victor ouvrit de grands yeux
-Une dette ? Pourquoi ?
Son visage se plissa comme il tentait de rassembler ses pensées éparses.
-Je savais pas que vous connaissiez mon papa... reprit-il finalement. Il voyait pas beaucoup de monde... Juste monsieur Brasc mais il est mort aussi...
Il soupira, hocha la tête.
-D'accord, souffla-t-il. Si j'ai... Si on a besoin, on viendra. Je le dirai à Galathée. Et... Vous seriez d'accord pour me dire c'est quoi cette dette ? Un jour ? Je sais que vous le direz pas maintenant, parce que je suis trop petit, c'est ce que répondent tout le temps les adultes. Mais... Plus tard ?
-Une dette ? Pourquoi ?
Son visage se plissa comme il tentait de rassembler ses pensées éparses.
-Je savais pas que vous connaissiez mon papa... reprit-il finalement. Il voyait pas beaucoup de monde... Juste monsieur Brasc mais il est mort aussi...
Il soupira, hocha la tête.
-D'accord, souffla-t-il. Si j'ai... Si on a besoin, on viendra. Je le dirai à Galathée. Et... Vous seriez d'accord pour me dire c'est quoi cette dette ? Un jour ? Je sais que vous le direz pas maintenant, parce que je suis trop petit, c'est ce que répondent tout le temps les adultes. Mais... Plus tard ?
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Le clerc le dévisagea une seconde.
« Je n’ai pas de raison de te le cacher. Mais c’est une histoire un peu difficile. »
Il sourit.
« Mais tu en as vu d’autres. Et je te fais confiance pour que cela reste entre nous. »
Son regard dériva une seconde, se voila, se fixa dans un souvenir lointain.
« Je suis clerc de Lathandre, je te l’ai dit. Je travaillais dans les quartiers pauvres, ici, à Luménis. C’est comme ça que j’ai rencontré ton père, par la force des choses. Il patrouillait avec son équipe dans les rues, nous nous croisions parfois, nous avions à cœur, l’un et l’autre, que les choses aillent moins mal pour les gens qui souffrent… Mais je m’égare. »
Il ferma les yeux.
« Quand Morféa Nwalk a pris le pouvoir, j’ai été emprisonné. Au Fort. Avec d’autres personnes que Nwalk n’appréciait pas ou qui le menaçaient. Des contestataires, d’autres prêtres, des dignitaires, des gens de toute sorte, vraiment. Nous y sommes restés un bon mois, peut-être deux. Le temps, dans ces conditions, parfois, perd de sa mesure… »
Il soupira.
« Un jour, on nous a fait sortir. Nwalk voulait purger ses geôles, faire exécuter tout ce qui traînait dans les oubliettes, une sorte de grand nettoyage par le vide. Ton père était là, comme d’autres, qui supervisaient, indécis, cette épouvantable tâche. Mais Nwalk était un beau parleur, un beau menteur, un séducteur d’hommes et d’âmes, et il les avait convaincus qu’ils aidaient Luménis en la vidant d’une racaille déplaisante qui l’avait saignée à blanc depuis des lustres. C’était le meneur des pauvres et des opprimés, c’était un sauveur pour beaucoup de Luméniens. Et certains d’entre nous avaient l’âme noire et corrompue, c’est une certitude. »
Il s’humecta les lèvres et passa les mains sur son visage, avant de sourire à nouveau.
« Ton père m’a sauvé la vie, ce jour-là. Il est intervenu en ma faveur, m’a fait transférer à la prison du port, m’arrachant aux griffes du bourreau. Je ne l’ai pas oublié. »
« Je n’ai pas de raison de te le cacher. Mais c’est une histoire un peu difficile. »
Il sourit.
« Mais tu en as vu d’autres. Et je te fais confiance pour que cela reste entre nous. »
Son regard dériva une seconde, se voila, se fixa dans un souvenir lointain.
« Je suis clerc de Lathandre, je te l’ai dit. Je travaillais dans les quartiers pauvres, ici, à Luménis. C’est comme ça que j’ai rencontré ton père, par la force des choses. Il patrouillait avec son équipe dans les rues, nous nous croisions parfois, nous avions à cœur, l’un et l’autre, que les choses aillent moins mal pour les gens qui souffrent… Mais je m’égare. »
Il ferma les yeux.
« Quand Morféa Nwalk a pris le pouvoir, j’ai été emprisonné. Au Fort. Avec d’autres personnes que Nwalk n’appréciait pas ou qui le menaçaient. Des contestataires, d’autres prêtres, des dignitaires, des gens de toute sorte, vraiment. Nous y sommes restés un bon mois, peut-être deux. Le temps, dans ces conditions, parfois, perd de sa mesure… »
Il soupira.
« Un jour, on nous a fait sortir. Nwalk voulait purger ses geôles, faire exécuter tout ce qui traînait dans les oubliettes, une sorte de grand nettoyage par le vide. Ton père était là, comme d’autres, qui supervisaient, indécis, cette épouvantable tâche. Mais Nwalk était un beau parleur, un beau menteur, un séducteur d’hommes et d’âmes, et il les avait convaincus qu’ils aidaient Luménis en la vidant d’une racaille déplaisante qui l’avait saignée à blanc depuis des lustres. C’était le meneur des pauvres et des opprimés, c’était un sauveur pour beaucoup de Luméniens. Et certains d’entre nous avaient l’âme noire et corrompue, c’est une certitude. »
Il s’humecta les lèvres et passa les mains sur son visage, avant de sourire à nouveau.
« Ton père m’a sauvé la vie, ce jour-là. Il est intervenu en ma faveur, m’a fait transférer à la prison du port, m’arrachant aux griffes du bourreau. Je ne l’ai pas oublié. »
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Le gamin battit un paupières un instant, muet, complètement pris au dépourvu. Puis, tout à coup, les choses firent sens et il comprit les questions, l'inquiétude, la sollicitude que quelques minutes plus tôt il interprétait encore comme des attaques envers Galathée, envers lui-même.
Et il ne sut plus ou se mettre.
-Je... Je suis désolé, que vous ayez fait de la prison... souffla-t-il après de longues secondes d'hésitation. Je... Je connais quelqu'un qui y a été aussi, et je sais ce que ça fait aux gens...
Il s'interrompit, grimaça, et s'empressa de poursuivre :
-Mais... Merci de m'avoir dit ça, même si ça fait pas trop du bien d'en parler, je sais... Mais...
Il rougit violemment. Baissa les yeux. Poursuivit néanmoins.
-Galathée, elle m'a dit que mon père était mort en essayent de faire de bonnes choses... Qu'il avait dit à d'autres soldats de plus obéir à Noualque... Qu'il avait été tué en... en essayent de la protéger. Elle m'a dit ça, mais, je me suis demandé... Je sais, c'est bête et je sais que je devrais avoir honte mais... Je me suis quand même demandé si c'était vrai, si elle racontait pas ça juste pour me faire plaisir, pour que je sache pas qu'il était méchant. Parce que... Il était dans la garde et que même si ça lui faisait pas plaisir, qu'il était pas toujours d'accord, il a quand même obéit un peu à Noualque... C'est pour ça que... que les résistants l'ont capturé.
Il ferma les yeux, les ouvrit, observa longuement ses mains..
-Alors je suis content qu'il vous ai aidé, murmura-t-il finalement. ça veut dire qu'il était vraiment chez les gentils. Et... et ça me fait plaisir aussi que vous le connaissiez un peu. Galathée... Elle le connaît un tout petit peu, elle aussi, mais déjà, ça me fait quelque chose. Parce que si des gens l'ont connu et peuvent en parler, ça.. ça montre qu'il a existé... Comme s'il était pas tout à fait parti...
Il se redressa et ébaucha un sourire courageux.
-Je dirai ça a personne, si vous voulez. Mais... Je peux pas quand même le dire juste à Galathée ? Parce que... Enfin... Ou seulement que vous connaissiez p'pa ? Mais si vous voulez pas...
Il se mordit la lèvre.
-Ah, et aussi. Si des fois je viens vous voir, vous serez d'accord pour me dire des choses sur lui ? Même si c'est pas beaucoup ?
Il paraissait ébranlé. Content, aussi, et désireux de faire oublier son attitude revêche d'avant. Mais ses mots avaient été sincères, il n'y avait qu'à le regarder pour le savoir.
Et il ne sut plus ou se mettre.
-Je... Je suis désolé, que vous ayez fait de la prison... souffla-t-il après de longues secondes d'hésitation. Je... Je connais quelqu'un qui y a été aussi, et je sais ce que ça fait aux gens...
Il s'interrompit, grimaça, et s'empressa de poursuivre :
-Mais... Merci de m'avoir dit ça, même si ça fait pas trop du bien d'en parler, je sais... Mais...
Il rougit violemment. Baissa les yeux. Poursuivit néanmoins.
-Galathée, elle m'a dit que mon père était mort en essayent de faire de bonnes choses... Qu'il avait dit à d'autres soldats de plus obéir à Noualque... Qu'il avait été tué en... en essayent de la protéger. Elle m'a dit ça, mais, je me suis demandé... Je sais, c'est bête et je sais que je devrais avoir honte mais... Je me suis quand même demandé si c'était vrai, si elle racontait pas ça juste pour me faire plaisir, pour que je sache pas qu'il était méchant. Parce que... Il était dans la garde et que même si ça lui faisait pas plaisir, qu'il était pas toujours d'accord, il a quand même obéit un peu à Noualque... C'est pour ça que... que les résistants l'ont capturé.
Il ferma les yeux, les ouvrit, observa longuement ses mains..
-Alors je suis content qu'il vous ai aidé, murmura-t-il finalement. ça veut dire qu'il était vraiment chez les gentils. Et... et ça me fait plaisir aussi que vous le connaissiez un peu. Galathée... Elle le connaît un tout petit peu, elle aussi, mais déjà, ça me fait quelque chose. Parce que si des gens l'ont connu et peuvent en parler, ça.. ça montre qu'il a existé... Comme s'il était pas tout à fait parti...
Il se redressa et ébaucha un sourire courageux.
-Je dirai ça a personne, si vous voulez. Mais... Je peux pas quand même le dire juste à Galathée ? Parce que... Enfin... Ou seulement que vous connaissiez p'pa ? Mais si vous voulez pas...
Il se mordit la lèvre.
-Ah, et aussi. Si des fois je viens vous voir, vous serez d'accord pour me dire des choses sur lui ? Même si c'est pas beaucoup ?
Il paraissait ébranlé. Content, aussi, et désireux de faire oublier son attitude revêche d'avant. Mais ses mots avaient été sincères, il n'y avait qu'à le regarder pour le savoir.
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« Je ne te demanderai jamais de cacher quelque chose à ta mère. Mais tu sauras ce que tu veux lui dire, et ce que tu gardes pour toi. » commença le clerc.
« Quant à ton père, c’était un homme de valeurs et d’idéaux, simplement… parfois la loyauté se trompe de cible. Il est sage de pouvoir la remettre en question, de temps en temps, de savoir s’interroger sur les bases fondamentales des actes que nous posons… Ton père a pu le faire à un moment critique, lorsque le résistance a eu besoin de ses talents et de son courage, mais oui, il se posait déjà des questions, et oui, je pense qu’à son échelle, il a toujours essayé de faire au mieux. »
Il sourit.
« Nous pourrons parler de lui quand tu le désires. Je te l’ai dit, ma porte t’est ouverte. Mais rappelle-toi que je ne l’ai pas connu si bien que ça. »
Finalement, comme s’il avait retenu le geste depuis de longues minutes, il se leva et alla poser une main sur l’épaule de Victor.
« Nous devrions y aller, mon garçon. Ta mère et le juge vont se demander si nous nous sommes évanouis. » ajouta-t-il en allant vers la porte.
« Et excuse-moi encore de t’avoir secoué. J’ai été maladroit, je ne voulais pas sous-entendre quoi que ce soit. »
« Quant à ton père, c’était un homme de valeurs et d’idéaux, simplement… parfois la loyauté se trompe de cible. Il est sage de pouvoir la remettre en question, de temps en temps, de savoir s’interroger sur les bases fondamentales des actes que nous posons… Ton père a pu le faire à un moment critique, lorsque le résistance a eu besoin de ses talents et de son courage, mais oui, il se posait déjà des questions, et oui, je pense qu’à son échelle, il a toujours essayé de faire au mieux. »
Il sourit.
« Nous pourrons parler de lui quand tu le désires. Je te l’ai dit, ma porte t’est ouverte. Mais rappelle-toi que je ne l’ai pas connu si bien que ça. »
Finalement, comme s’il avait retenu le geste depuis de longues minutes, il se leva et alla poser une main sur l’épaule de Victor.
« Nous devrions y aller, mon garçon. Ta mère et le juge vont se demander si nous nous sommes évanouis. » ajouta-t-il en allant vers la porte.
« Et excuse-moi encore de t’avoir secoué. J’ai été maladroit, je ne voulais pas sous-entendre quoi que ce soit. »
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- Statut : Hors ligne
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Victor acquiesça sans rien dire et, à la suite du clerc, regagna la salle d'audience. Il se sentait perdu, patraque, bouillonnant d'émotions contradictoires. Mais il fit effort pour se concentrer sur ce qui était le plus important, dans l'immédiat : contre toute attente, l'entretien s'était bien terminé, et le fait que l'homme parle désormais de Galathée comme étant sa mère laissait supposer une issue heureuse. Du moins, si la discussion que la rôdeuse avait eu de son côté ne s'était pas avérée catastrophique... Mais il n'y avait pas de raison : il y avait peu de chance que la personne avec qui elle s'était entretenu se soit révélée être une connaissance de son propre père et ait voulu la préserver d'un gamin possiblement indigne. L'idée était parfaitement grotesque... Toutefois, vu le tour qu'avaient pris les événements dans l'alcôve, il n'était plus vraiment sûr de rien.
Il se contraignit cependant à refouler ses doutes et se composa une expression qu'il espérait avenante. Il n'avait pas envie de faire honte à Galathée en se donnant en spectacle, ni d'influencer la décision du juge en se présentant avec la mine défaite et les yeux rougis. Il se retint même de courir se pelotonner contre la jeune femme et marcha vers elle d'un pas mesuré, avant de s'immobiliser à son côté, au pied de l'estrade.
Il se contraignit cependant à refouler ses doutes et se composa une expression qu'il espérait avenante. Il n'avait pas envie de faire honte à Galathée en se donnant en spectacle, ni d'influencer la décision du juge en se présentant avec la mine défaite et les yeux rougis. Il se retint même de courir se pelotonner contre la jeune femme et marcha vers elle d'un pas mesuré, avant de s'immobiliser à son côté, au pied de l'estrade.
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