Tu as pu constater que mon non plus... :notme: ni les bons, ni les mauvais
Comme je pars 5 jours, pour ne pas vous laisser en reste, je mets déjà la suite... chapitre 5, il y en a 7 en tout
Bonne lecture et bonnes critiques
n'ayez pas peur
Chapitre 5
Le reste de la journée se déroula sans incidents, et, au crépuscule, ils allèrent tous deux chez Erion. Il leur rendit leurs biens respectifs. Mornagest put apprécier la légèreté et la souplesse de son armure, tandis qu'Arkos rendait son fléau ordinaire en échange de son fléau devenu dévastateur.
"Il libère une décharge de feu à chaque fois qu'il touche quelqu'un ou quelque chose.", expliqua Erion.
"Parfait, mon cher. Vous êtes un artiste ! Votre réputation n'est décidément pas surfaite. Bon, Mornagest, en route ! Ne traînons pas, le devoir nous appelle. Adieu, Erion.".
Et ils s'en allèrent, alors qu'un vent glacial venait de se lever. Une tempête était annoncée. Le temple de Talos se situait à quelques lieues de Padhiver, deux heures de marche en temps normal. Mais, les conditions climatiques étant ce qu'elles étaient, il leur fallut presque le double pour accomplir cette distance.
"Talos lui-même nous montre sa vigueur, et sa satisfaction de nous voir en route pour châtier l'ennemi. Je suis certain qu'ils n'oseront pas attaquer cette nuit, les conditions leurs seraient trop défavorables. Nous, Talasséens, sommes habitués à cela.". Arkos Tarl était tout ragaillardi à l'idée de revoir son temple tant chéri.
Ils arrivèrent en vue de l'endroit, reconnaissable par la représentation gigantesque d'un éclair en saphir sur le toit du temple. Ce dernier était plus assimilé à une forteresse qu'à un lieu de culte. Des remparts protégeaient le temple, et on voyait des gardes y circuler et guetter attentivement l'arrivée éventuelle d'assaillants. Des meurtrières, disséminées partout dans les murs principaux, menaçantes, semblaient pouvoir vomir des nuées de flèches en direction des sots osant s'attaquer au Dieu des Tempêtes.
Arkos et Mornagest étaient maintenant devant la massive porte d'entrée, qui paraissait pouvoir résister à n'importe quel assaut. Sur un mot d'Arkos, murmuré tellement bas que Mornagest ne vit que les ses lèvres bouger, sans rien entendre, l'immense portail s'ouvrit lentement, sans le moindre bruit. Ils pénétrèrent dans l'enceinte.
Des torches, espacées de cinq mètres, éclairaient lugubrement le hall d'entrée. De nombreux gardes et prêtres arpentaient la salle, l'air soucieux mais confiant malgré la menace qui pesait sur eux. Chacun d'entre eux saluait Arkos avec déférence et admiration. Mornagest ne pouvait regarder nulle part sans que ses yeux ne tombent sur un bibelot richement décoré, une toile de maître ou encore une étagère emplie d'ouvrages historiques ou magiques. Tout n'était que luxe, et chaos, l'ensemble n'avait aucun soupçon d'organisation.
Une prêtresse retint l'attention de Mornagest. Pour une excellente raison : elle possédait une splendide silhouette et était pleine de grâce majestueuse. Arkos se dirigea plus profondément vers le cœur du temple, et Mornagest fut contraint de le suivre, à contrecœur. C'était la première fois qu'il était impressionné par la beauté d'une femme.
Arkos continuait la visite à l'attention de Mornagest.
"Voici les quartiers des combattants. Vous pourrez vous y reposer entre les assauts. La salle à manger se trouve juste ici. Plus loin, ce sont les salles de méditation et la chapelle de Talos. Là, les appartements des dirigeants du temple, dont moi et d'autres, que vous apprendrez à connaître, je l'espère.
- Combien de temps les hostilités risquent-elles de durer ?
- Je l'ignore. Talos nous laisse dans le vague. Peut-être une semaine, encore, voire plus, si nous ne parvenons pas à les décourager suffisamment.
- Et après ? Que pourrais-je faire ?
- Je pense que tu es assez grand pour savoir ce que tu feras après. Nous ne pouvons pas t'offrir une place définitive ici, tu n'es pas fidèle à Talos, n'est-ce pas ? Donc, c'est hors de question, notre vénéré dieu serait capable de détruire le temple pour nous punir de notre blasphème.
- Je vois. Eh bien, je poursuivrai mon but, alors. Depuis le temps que j'en rêve…
- Quel est-il ?
- Venger le meurtre de mes parents, par d'ignobles bandits qui sillonnent la région.
- Noble but. Je te souhaite bon courage pour les retrouver et les corriger. Maintenant, va te reposer, le combat approche. Tu seras réveillé assez tôt que pour te permettre de te préparer.
Mornagest alla donc se coucher, excité à l'idée de participer à une bonne tuerie bien sanglante. Ses pensées se reportèrent également vers la jeune prêtresse de Talos. Il lui tardait de faire sa connaissance, et cela le surprenait. Ces derniers jours avaient été plus riches en expériences que tout le reste de son adolescence. Il était décidément satisfait d'avoir quitté le vieux Sigurd et son éducation étouffante.
Quelques heures plus tard, il fut réveillé par un autre combattant. Il se prépara rapidement, de plus en plus impatient. Il rejoignit les troupes de Talasséens. Certains étaient armés d'arcs ou d'arbalètes, les autres d'épées ou de masses d'armes. La détermination se lisait sur leurs visages. L'un des meneurs annonçait :
"Nous allons tenter une sortie. Ils ont des madriers pour tenter de forcer la porte. Nous devons les en empêcher à tout prix ! Faites attention à leurs jeteurs de sorts, ils peuvent faire des ravages. Dans la mesure du possible, prenez-les pour cibles, si vous ne pouvez faire mieux. Allons-y, et que Talos nous apporte la victoire !
- Ouais !", répondirent en chœur les combattants.
Et la porte s'ouvrit, lentement, comme la veille. Le temps, dehors, était à la fête : il grêlait méchamment, et des éclairs zébraient le ciel assombrit par les énormes cumulo-nimbus, jetant sur le sol une ombre menaçante et décourageante pour les soldats Lathandriens.
"Talos est avec nous !", cria un homme. "Le temps nous est favorable !".
Au loin, on apercevait les troupes ennemies, qui s'approchaient rapidement du temple. Ils avaient certainement requis l'aide des serviteurs de Gond, car on pouvait compter une dizaine de balistes et autres catapultes, inventions modernes et meurtrières, utilisées lors d'assauts de ce type.
Dans un instant, les hostilités débuteraient. Chacun se préparait mentalement à la bataille, certains angoissés, la plupart des autres, excités et nerveux. Mornagest dégaina sa nouvelle épée, qui reluit, malgré l'obscurité ambiante. Il expira profondément, se remémorant les techniques de combat apprises grâce à ce vieux fou de Sigurd.
Les Lathandriens étaient maintenant à portée suffisante pour les archers des meurtrières, et on vit apparaître une pluie d'un autre genre. Certains Lathandriens s'effondrèrent dans la neige, tandis que d'autres ripostèrent, à l'attention des combattants de la porte. Ces derniers essuyèrent tant bien que mal la nuée de flèches.
Enfin, les balistes se mirent à fonctionner. Les Talasséens choisirent ce moment pour charger, appuyés par les archers et les prêtres, en seconde ligne. Un cri de guerre s'échappa de leurs bouches, pour se donner du courage.
Et l'affrontement commença. Les épées tintèrent, les boucliers arrêtèrent les coups, les têtes tombaient, le sang coulait. Le combat était globalement équitable, mais les Talasséens possédaient l'avantage du terrain et du climat. On voyait des éclairs d'énergie magique frapper des combattants des deux camps, les flèches perforaient sans distinction les hommes, qui tombaient au sol. D'autres étaient purement et simplement écrasés vifs par la masse de soldats accumulés en un point.
Mornagest étaient aux prises avec un rude adversaire. Rapide et musclé, ce dernier failli le décapiter d'un coup d'épée, mais, au dernier moment, Mornagest se baissa, et ce fut le Talasséen derrière lui qui subit ce triste sort. Ne prêtant nullement attention au sang qui giclait dans son dos, Mornagest sauta sur le côté, blessa son opposant au bras et revint en arrière pour éviter la contre-attaque. Celle-ci failli également lui être fatale. Mais, fort de ses dix années d'entraînement, Mornagest effectua une pirouette pour éviter à nouveau de peu la mort.
"Cela lui laissera croire que je faiblis.", pensa-t-il.
De fait, l'homme semblait penser qu'il allait remporter la joute. Il s'avança, confiant, vers Mornagest, et, d'un large geste, l'attaqua, par la droite. Mornagest contra avec son épée, écarta celle de son adversaire et l'atteint au flanc droit. Il tomba à genoux, puis par terre, pour être immédiatement remplacé par un autre soldat.
Autour de Mornagest, les Talasséens combattaient vaillamment pour défendre leur dieu et son lieu de culte. Les cris fusaient, de rage, de douleur, d'encouragement ou de désespoir. Quelques Talasséens parvinrent à entourer une baliste et la démolirent rapidement, avant d'être tous anéantis par une boule de feu lancée par un mage adverse. Il restait quatre balistes à détruire, ainsi que deux catapultes. Ensuite, ils pourraient battre en retraite sans crainte de voir le temple se faire attaquer à distance en toute impunité.
La bataille dura une bonne partie de la journée. En fin d'après-midi, enfin, les engins de guerre lathandriens furent tous neutralisés, et les Talasséens purent rentrer dans le temple pour souffler, alors que leurs adversaires étaient contraints de s'enfuir afin d'éviter de trop lourdes pertes inutiles.
Mornagest était blessé à plusieurs endroits. Aux deux bras, au flanc gauche, à la tête et à la jambe gauche. Il saignait un peu, mais ses blessures n'étaient pas mortelles. Les prêtres s'affairaient pour soigner le plus prestement possible les blessés graves, puis se permirent de ralentir le rythme pour s'occuper des cas moins dramatiques. Ce fut la jolie prêtresse qui vint au chevet de Mornagest, pour s'occuper de lui. Elle le réconforta et le félicita pour son combat. Cela touchait beaucoup Mornagest, qui était troublé par cette jeune femme. Timidement, il lui demanda son nom. Elle sourit car elle décelait sa gêne.
"Je m'appelle Helena. Mais, je vous en prie, n'ayez pas peur de moi, je ne vais pas vous mordre.", ajouta-t-elle en le fixant dans les yeux. "Et vous ?
- Euh…". Il rougit jusqu'aux cheveux. Il se sentait ridicule. Il bredouilla :
"Mornagest, ma… mademoiselle.
- Inutile d'être aussi formel, voyons ! Je vous donne mon prénom, appelez-moi comme ça ! Allez, calmez-vous, sinon, être avec moi vous sera plus dangereux qu'avec ces bons à rien de Lathandriens !". Elle possédait une certaine touche d'humour.
"C'est… c'est d'accord.", répondit-il.
"Voilà qui est mieux. Vos blessures sont assez légères, et, je pense que vous les avez déjà oubliées, non ?", dit-elle malicieusement.
"C'est-à-dire que… mon attention se porte sur autre chose que mes blessures.
- Ho hoo, voilà qui est bien flatteur, monsieur le combattant ! Je vous aime bien, vous savez ! Vous êtes beaucoup plus amusant que tous ces barbares sanguinaires. Mais, quel âge avez-vous ? Vous semblez bien jeune pour combattre à mort, ici…
- J'ai seize ans.
- Vous paraissez plus, malgré tout. Je ne pensais pas que vous étiez si jeune ! Enfin, je le suis également, mais je prends moins de risques…Bon, j'ai fini de vous soigner, je vous laisse. Je reviendrai tout à l'heure, quand j'aurai terminé ma tâche.
- A… à tout à l'heure.".
Mornagest était réellement transformé par cette jeune créature. Rien dans son apparence actuelle ne laissait croire qu'il était un combattant redoutable et sans pitié. Il avait plutôt l'air d'un adolescent éperdument amoureux de sa petite amie. Ce qu'il était probablement. Ses douces pensées furent interrompues par la forte voix de stentor d'Arkos.
"Beau travail, mes amis !", s'exclama-t-il. "Nous avons remporté cette escarmouche. Leurs pertes sont plus lourdes et leurs machines hors d'état de nuire. Recevez ma bénédiction, et celle de Talos. A ce train-là, dans trois jours, nous en sommes débarrassés.".
La nuit tomba sans que les Lathandriens ne tentent une nouvelle offensive. Les soldats pouvaient donc souffler jusqu'au lendemain. A moins qu'ils ne profitent de l'obscurité pour attaquer, mais cela semblait improbable aux yeux d'Arkos.
"Les conditions ne le permettent pas. Ils ne feraient que perdre des hommes, sans résultats. Dormez en toute quiétude, mes braves, car demain, nul doute qu'ils se seront ressaisis.".
Ils s'exécutèrent sans se faire prier. Mornagest était allongé dans son lit mais ne parvenait pas à trouver le sommeil. Il pensait à Helena, espérant la revoir le plus tôt possible. Au bout d'une demi-heure, elle pénétra dans la pièce commune. La plupart des combattants dormaient déjà, elle fit le moins de bruit possible. Mornagest remarqua immédiatement sa présence, il se leva pour aller à sa rencontre.
"Je devrais vous gronder pour vous être levé alors que vous devriez récupérer vos forces !", le taquina Helena.
"Certainement, mais, sachez que vous êtes la cause de ma désobéissance.
- Je vois, vous voulez me faire porter le chapeau. Belle mentalité !". Elle sourit, laissant apparaître ses dents d'une blancheur éclatante malgré l'obscurité.
"Venez, nous serons plus à l'aise dehors.".
Mornagest déglutit, presque apeuré à l'idée de ce qui risquait de suivre. Il lui semblait moins effrayant de combattre un dragon rouge plutôt que se retrouver en tête-à-tête avec cette délicieuse créature. Ils se retrouvèrent dans le couloir.
"Vous avez l'air rétabli.", remarqua Helena. "Ca fait plaisir à voir.
- C'est gentil de vous occuper de moi. Mais, pourquoi ?", demanda Mornagest.
"Je vous l'ai dit : je vous aime beaucoup. Vous êtes assez atypique, pas du tout comme l'image que je me faisais d'un rude combattant sans peur et sans reproche.
- Je ne suis pas du tout comme ça, effectivement. Sans peur, certainement pas. Vous… vous me faites peur…
- Ah, ah, ah !". Elle riait à ne plus savoir reprendre son souffle.
"Vous êtes vraiment attachant, finit-elle par dire. "Je ne pensais pas vous faire autant d'effet…". Elle approcha son visage de celui de Mornagest et lui susurra :
"Embrassez-moi…".
Il hésita une fraction de seconde, puis se jeta à l'eau. Ce baiser était la chose la plus douce qu'il avait pu goûter de toute son existence. Ils restèrent un long moment ainsi, avant de séparer leurs langues. Puis vint un court moment de gêne, qu'Helena brisa :
"Je vais devoir vous laisser. Une dure journée nous attend demain. Puissiez-vous revenir indemne ! Je prierai pour vous.
- Merci… Je ne sais que dire…
- Alors ne dites rien.". Et elle l'embrassa à nouveau, avant de partir vers sa chambre.
"A demain, mon vaillant héros…", lui murmura-t-elle en disparaissant derrière un coin. Mornagest resta là quelques minutes, hébété par le "choc" qu'il venait de recevoir. Que devait-il penser de la situation ? Il était en revanche certain d'être heureux d'avoir rencontré cette jeune fille. Un sentiment nouveau s'ajoutait à ses pensées : l'amour, ou en tout cas, quelque chose d'approchant. C'est avec ces merveilleuses pensées qu'il retourna dans son lit, et il s'endormit le sourire aux lèvres.