[Lieu-dit] Les rues commerçantes

[Mornagest]

[Quête : le prophète gris]

Alors qu'il commençait à désespérer, le barde regardait vainement autour de lui. Il n'aperçut rien qui puisse ressembler de près ou de loin à une boutique d'esclaves. Alors qu'il se préparait à retourner vers la Mélandienne d'Argent, il percuta une jeune fille, maigre, sale, et vêtue de guenilles. Elle portait un lourd cageot, et en laissa échapper le contenu à cause du choc.

Elle se confondit en excuses, et se dépêcha de ramasser les fruits qu'elle transportait, tout en levant les yeux vers le barde, comme si elle s'attendait à recevoir des coups de pieds pour avoir osé le bousculer.

[Taliesin]

[Quête : Le prophète gris]

Taliesin adressa un sourire rassurant à la jeune fille.

-Ne crains rien ! Ce n’est pas grave !

Sur ces mots, il s’agenouilla et aida la gamine à rassembler les fruits tombés au sol, nettoyant les plus salis avant de les reposer dans le cageot.

-Où t’en allais-tu aussi vite ? demanda-t-il quand tous les fruits furent rassemblés.

[Mornagest]

[Quête : le prophète gris]

Effrayée par l'elfe qui lui parlait d'aussi agréable façon, la fillette ne savait trop que faire. Elle avait envie de s'enfuir, sans prendre la peine de récupérer son cageot, mais elle savait qu'elle serait punie si elle ne ramenait pas les fruits qu'on lui avait ordonné d'aller chercher.

Bredouillant quelques mots incompréhensibles, la fille sentit les larmes lui venir aux yeux :

"Je.. br.. eehh..." Elle ne put retenir ses sanglots.

[Taliesin]

[Quête : le prophète gris]

Taliesin fut fort embarrassé de provoquer une telle réaction chez la jeune fille, bien qu’il la comprenne parfaitement. Cependant, c’était peut-être là sa première véritable chance de lier contact avec un esclave – il n’y avait guère de doutes quant au statut de la gamine – et il ne pouvait la laisser passer.

Toutefois, il fallait agir vite, et finement, sans quoi la malheureuse en larmes allait tourner les talons et s’enfuir à toutes jambes. Taliesin se releva donc et lui tendit le cageot.

-Pardonne-moi, je ne voulais pas t’effrayer. Mais sèche tes larmes : les fruits sont tous là, et personne ne saura rien de ce petit incident, tu sais.

Il avait parlé d’un ton qu’il voulait rassurant et plein de sympathie. Restait à espérer que cela calmerait la gamine…

[Mornagest]

[Quête : le prophète gris]

La gamine renifla, s'essuyant les yeux sur les manches de ses vêtements crasseux. Elle avait la peau sur les os, et probablement aussi le scorbut, à en juger par ses dents endommagées.

Elle murmura :

"Vous... vous êtes pas méchant vous. Pourquoi ?"

Elle semblait prête à pleurer à nouveau, comme si elle craignait que le barde se mette soudain sous son vrai jour, un pur sadique qui passait son temps à enlever des enfants pour les assassiner dans des coins sombres de Melandis... ? Toutes les hypothèses étaient permises, et fusaient dans l'esprit de la petite fille.

[Taliesin]

[Quête : le prophète gris]

Taliesin resta muet un instant, décontenancé par la question, puis son sourire s’élargit et il adressa un clin d’œil à la jeune fille.

-Et bien… Hum… par ce qu’il faut de tout pour faire un monde, j’imagine ! Et puis peut-être aussi parce que je suis étranger à Mélandis : il semble que cette ville rassemble beaucoup de méchantes personnes…

Il poussa un profond soupir.

-Je ne suis pas ici depuis longtemps, mais j’ai déjà appris à mes dépens combien il est difficile de survivre si on est pas aussi méchant que les autres… Je te plains, mon enfant : ta vie ne doit pas être facile.

Le barde soupira à nouveau, jeta un bref regard alentours pour s’assurer que personne ne les regardait, puis se pencha en avant.

-Ecoute, je ne voudrais pas te retarder, ni te faire disputer par tes maîtres, mais… J’ai besoin de discuter avec des personnes qui ne soient pas méchantes, justement. Pas avec les riches ou les nobles que je côtoie par mon métier, non. Avec les malheureux qu’ils exploitent et maltraitent… J’ai besoin d’informations, et seuls les esclaves pourraient me les fournir. Accepterais-tu de discuter avec moi ? Ou de me présenter l’un des tiens ? Vous me rendriez un immense service, et je pourrais certainement vous aider en retour.

Le barde jeta de nouveau un coup d’œil alentours. Personne ne les regardait ; cependant, si leur petit manège se prolongeait, il ne manquerait pas d’être remarqué.

[Mornagest]

[Quête : le prophète gris]

La fillette était méfiante. Est-ce qu'il n'était malgré tout pas ce vil pervers qui tentait d'attirer ses victimes pour les dépecer ensuite ? Après tout, elle avait aussi vu un homme vidé de son contenu, non loin d'ici, à peine une semaine auparavant. Et ses yeux ouverts, tournés vers l'infini, restaient gravés dans sa mémoire. Elle ne voulait pas finir comme ça. Oh que non.

"Je sais pas, m'sieur. J'ai pas l'droit d'traîner. Et pis, où j'irais ? Mes maîtres me retrouveront, je suis sûre !"

Sa petite voix haut perchée monta encore d'une octave, alors que les larmes recommencèrent à affluer.

"J'ai peur, m'sieur", avoua-t-elle entre deux sanglots. Mais, au fond d'elle, elle venait d'accepter le fait qu'elle croyait au barde. Parce que le monde ne pouvait pas contenir que des méchants. Les dieux ne pouvaient pas laisser une chose pareille exister.

[Taliesin]

[Quête : le prophète gris]

Taliesin hocha la tête. Il pensait avoir, au moins en partie, convaincu la gamine de sa bonne foi. Mais la peur qu’éprouvait celle-ci pouvait à chaque instant effacer sa fragile victoire : il fallait essayer de la rassurer au plus vite Le barde reprit donc la parole, d'un ton calme et encourageant, tentant de communiquer un peu de confiance à sa jeune interlocutrice .

-Je comprends. Mais ne t’inquiète pas : tes maîtres ne se rendront compte de rien. Tu peux rentrer tout droit chez eux et poursuivre ta journée comme si de rien n’était ; il suffit juste, auparavant, que tu me dises quand et où nous pourrions nous retrouver pour parler. Il doit bien y avoir un moment où tes maîtres relâchent leur attention ? Et si vraiment, cela te semble impossible, peut-être pourrais-tu m’indiquer quelqu’un qui serait moins surveillé ?

[Mornagest]

[Quête : le petit gris]

La fillette renifla à nouveau, et tenta un faible sourire à Taliesin, montrant ses dents déchaussées. Elle faisait peine à voir, et nul doute qu'elle devait traîner l'une ou l'autre maladie, vu son état fébrile.

"Je sais pas. J'ai pas beaucoup le temps. Mais je fais toujours la même chose, acheter des provisions. Ca prend du temps de tout rassembler, pas de transporter. J'sais pas si j'aurai l'temps..."

[Taliesin]

[Quête : le prophète gris]

Taliesin réfléchit un instant puis reprit la parole, sur le même ton amical et confiant.

-Ils te laissent sortir, c’est déjà un bon point. Quant au temps… et bien, si tu me dis d’avance ce dont tu as besoin, je peux faire les courses à ta place. Ainsi, nous aurons tout le temps de discuter, sans que personne ne s’en rende compte.

[Mornagest]

[Quête : le prophète gris]

La fille réfléchit un instant, tout en essuyant ses joues à l'aide de ses manches déjà bien humides. Aux endroits où elle frotta, la crasse déposée sur sa peau était partie, laissant une marque sur la peau. Décidément, la réputation des Bas-Quartiers de Melandis n'était pas surfaite. Cette gamine en provenait sûrement...

"Je... ça dépend des jours en fait. Parfois c'est des fruits, parfois de la viande. Là c'était des fruits, demain, des légumes ? Je sais pas, m'sieur."

Elle rougit soudain, comme si elle se sentait coupable de ne pouvoir aider mieux le barde. Et toujours ce vague sentiment de danger, lorsqu'il lui parlait, lui souriait.

[Taliesin]

[Quête : le prophète gris]

Taliesin se frotta le menton, perplexe. Les choses n’allaient décidément pas être simples.

-Bon… dit-il finalement. On peut s’arranger autrement. Dis moi où résident tes maîtres : je t’attendrai non loin et t’accompagnerai la prochaine fois que tu sortira faire les commissions. Ainsi nous aurons le temps de parler.

Il fallait espérer que la gamine accepterait ce plan, car, du temps, ils n’en avaient plus beaucoup. Si la conversation s’éternisait, un passant se rendrait compte de l’étrange manège ou, pire encore, les maîtres de l’esclave s’apercevraient de son retard, et il lui en cuirait.

[Mornagest]

[Quête : le prophète gris]

Elle renifla une dernière fois puis lui dit :

"Pas très loin d'ici. Près des thermes. Mon maître m'a dit que j'y travaillerais p'têtre plus tard. C'est quoi des thermes, m'sieur ?"

Son ton innocent faisait peine à entendre, alors qu'elle racontait pareilles insinuations ignobles.

[Taliesin]

[Quête : le prophète gris]

Taliesin s’humecta les lèvres et chercha une réponse évasive pour éluder, autant que possible, la question.

-Les termes sont des établissements de bains, et j’imagine qu’ils ont besoin de beaucoup de personnel pour… hum… laver le linge, chauffer les bassins… Mais bon, tu n’en es pas encore là, et qui sait ? Les choses ici peuvent changer, et les malheureux espérer un meilleur destin... En tout cas, je situe très bien les thermes : les rues avoisinantes sont fréquentées, et il me sera aisé de passer inaperçu, quand je t’attendrai !

[Mornagest]

[Quête : le prophète gris]

Elle sourit alors.

"P'têtre que ce s'ra mieux que chercher des fruits, non ? J'espère en tout cas. Mais je dois filer, m'sieur, sinon je vais être punie. Tu s'ras là demain, alors, promis ?
- C'est promis. File, je m'en voudrais de te causer des soucis."

Avant même qu'il ait achevé sa phrase, la fillette était en route vers la maison de ses maîtres, le cageot sur la tête et l'échine courbée sous le poids des fruits qui en débordaient presque. Dure vie que celle des esclaves. Si l'on pouvait appeler cela une vie...

[Taliesin]

[Quête : le prophète gris]

Sitôt la gamine disparue, le barde partit dans une autre direction. Il se sentait à la fois exalté et anxieux : exalté, parce qu’il entrevoyait, pour la première fois depuis des jours, un début de piste qui pourrait lui permettre de s’infiltrer dans le milieu des esclaves. Anxieux, parce que la piste était ténue, et qu’elle pouvait s'interrompre brutalement.

Il passa donc le reste de la journée à refreiner son impatience, à penser à autre chose, temporairement aidé en cela par le concert qu’il donna au Mélandinopole. Sa nuit à la Mélandienne d’Argent fut agitée et quand, le lendemain, approcha enfin l’heure du rendez-vous, il se hâta de s’installer à l’endroit que lui avait indiqué la gamine.

Nonchalamment appuyé contre un mur, revêtu de son grand manteau de voyage au capuchon rabattu sur son visage, l’elfe était presque invisible aux yeux des badauds affairés. Ainsi, il put attendre sans attirer l’attention qu’apparaisse la jeune fille.

[Mornagest]

[Quête : le prophète gris]

Cette fois, point de cageot à transporter, mais un genre de filet à provisions. La petite fille marchait rapidement, le coeur serré. Elle avait peur, peur de cet étranger qui lui avait promis bien des choses, mais qui pouvait vouloir la piéger. Et qui savait s'il n'était pas envoyé par ses maîtres pour tester sa loyauté envers eux ? Ces maîtres, qui, hier encore, l'avaient sauvagement battue à cause de son retard de quelques minutes en rentrant du marché. Elle ornait un sinistre coquard à l'oeil gauche, et sous la manche gauche de sa robe déchirée, on devinait des ecchymoses, témoignant de la violence des coups portés.

L'esprit empli de larmes longtemps contenues, l'espoir presque mort refaisant surface, elle se dirigeait vers le marché, tout en passant près de l'endroit où était censé l'attendre l'étranger.

A chaque pas, elle sentait son petit coeur battre de plus en plus fort. Allait-il mourir aujourd'hui ?

[Taliesin]

[Quête : le prophète gris]

Taliesin se coula discrètement aux côtés de la fillette, prenant néanmoins la précaution de toussoter afin de lui signaler sa présence et de ne pas trop l’effrayer… ce qui n’empêcha pas la malheureuse de sursauter.

-C’est moi, ne crains rien.

En découvrant les traces de coups sur le visage émacié qui se levait vers lui, le barde serra les poings. Quels odieux personnages devaient être ses maîtres ! Un instant, se laissant porter par la colère, il se plut à penser qu’ils pourraient un jour regretter ces mauvais traitements… Mais il repoussa cette idée : répondre par la violence serait se mettre à leur niveau. Et pourtant, à Mélandis, y avait-il un autre moyen d’action ? Il commençait à en douter.

-Je… je suis désolé pour ce qui t’es arrivé, murmura-t-il. Et je te jure qu’aujourd’hui, tu ne seras pas en retard. Je ferai aussi vite que possible, tu as ma parole.

Il soupira, puis entra sans plus attendre dans le vif du sujet.

-Ecoute… Comme je te l’ai dit, je recherche des informations… J’ai tout lieu de croire que des amis à moi ont été capturés et amenés comme esclaves ici, à Mélandis. Mais je n’ai aucune idée de l’endroit où les chercher. Alors… connaîtrais-tu quelqu’un qui côtoierait beaucoup d’esclaves ? Peut-être l’un des vôtres, qui aurait une certaine influence, qui essaierait de vous aider en secret ? Ou bien un mélandien, qui, par son travail ou sa position, serait amené à travailler avec beaucoup d’esclaves ?

[Mornagest]

[Quête : le prophète gris]

Ravalant ses larmes afin de montrer qu'elle pouvait être forte, la petite fille fit signe à Taliesin qu'elle devait aussi accomplir sa tâche. Aussi se mirent-ils en marche, après quoi elle déclara :

"Je sais pas trop. Je connais quelques esclaves mais ils ont mon âge, tu crois que tu les connais ? Mes maîtres ont quelques autres esclaves, pour la cuisine. Aux thermes y en a aussi, d'ailleurs tu l'as dit, m'sieur."

Elle tenait son bras endolori en marchant, et n'avançait pas très vite. A ce rythme-là, la malheureuse succomberait à ses mauvais traitements dans l'année...

"Mais je sais où mes maîtres achètent des esclaves, je viens de là. Ma mère a été tuée, on m'a vendu là. C'est pas tout près, c'est quelque part près du port, pas loin du fleuve. La maison est triste. J'l'aime pas..."

Sa voix se brisa alors, et elle fit un effort considérable pour ne pas éclater en sanglots devant tout le monde. Le barde pourrait être considéré comme un bourreau d'enfants, en public, cela faisait mauvais genre.

[Taliesin]

[Quête : le prophète gris]

La gamine était dans un état pitoyable : les coups, l’épuisement physique, et les émotions récentes semblaient sur le point de venir à bout de sa résistance. Taliesin, craignant qu’elle ne craque d’un instant à l’autre, la prit par son bras valide et, doucement, l'entraîna un peu à l'écart du flot des passants.

-N’aie pas peur ! s’empressa-t-il de dire à la gamine, face à son visage brusquement tendu et inquiet. Tu m’as l’air d’avoir besoin d’un petit remontant… Ne bouge pas, cela ne prendra que quelques secondes.

Taliesin murmura une courte phrase, agita les mains, et l'enfant se sentit soudain baignée d’une chaleur bienfaisante.

Taliesin --> soins légers --> fillette

Le barde sourit.

-Tu te sens mieux ?

La fillette opina du chef.

-Alors dépêchons nous, sans quoi nous allons prendre du retard ! Quand nous aurons terminé les courses, tu m’indiqueras précisément cette maison dont tu m’as parlé, d'accord ? Quant aux autres esclaves de tes maitres… Je ne pense pas les connaître, non, surtout s’ils ont ton âge… A moins, bien sûr, que l’un d’entre eux ne te paraisse bizarre ? Peu ordinaire ?

La question n’était pas d’une pertinence folle : beaucoup de choses pouvaient paraître inhabituelles à une enfant de cet âge. Et puis, les survivants de la cité idéale avaient sans doute tout fait pour dissimuler leurs origines. Cependant, Taliesin n’avait rien à perdre en tentant sa chance…

[Mornagest]

[Quête : le prophète gris]

La fillette écarquilla les yeux. Qui pouvait-il être pour ainsi soigner ses blessures, sans qu'elle doive lui rendre service en échange ? Existait-il réellement des gens qui ne soient pas méchants sans raison ? Elle avait encore des doutes à son sujet. Mais elle se décida à lui faire confiance. Qu'avait-elle à perdre ?

"Des gens bizarres ? Ben..." elle rougit à nouveau. "T'es le plus bizarre que je connais, m'sieur. Tu me parles et tu m'aides. J'ai jamais vu ça."

Elle détourna le regard, embarrassée. Elle changea rapidement de sujet.

"J'vais te montrer la maison. C'est pas trop trop loin mais faut pas traîner. On y va ?"

Le barde acquiesça et ils marchèrent d'un bon pas, faisant rapidement leurs commissions : légumes et viande de boeuf. Taliesin se demandait comment la gamine allait pouvoir porter ce filet tant il était lourd. Mais il y avait plus urgent.

Ils se rendirent, dans la fraîcheur du matin, vers le port.

[Taliesin]

[Quête : le prophète gris]

Après leur visite à la maison de l’esclavagiste, dans le quartier du port, Taliesin et ses compagnons gagnèrent le quartier commerçant où, déjà, des émeutes avaient éclaté.

Au cours de leur trajet, ils avaient eu affaire à deux patrouilles de gardes. Mais celles-ci n’avaient pas posé problème : submergées par le nombres, elles avaient été impitoyablement massacrées, et à présent une partie des insurgés portaient leurs armes et leurs armures.

Parvenu devant une somptueuse demeure, Taliesin avisa un serviteur qui, sorti sur le perron, était en train d’observer l’agitation qui régnait dans les parages. L’elfe lui demanda si c’était bien ici qu’était employée une petite esclave, celle-là même qui lui avait indiqué l’antre de l’esclavagiste. L’homme l’observa un instant, l’air hébété, puis s’exclama :

-La petite ? Oh, mais vous devez être le gentilhomme dont elle m’avait parlé une fois… Je suis désolé, messire, mais… L’enfant est… elle est morte. Le maître était mécontent de son travail… Elle a osé lui répondre, et…

Taliesin n’en écouta pas davantage. La fureur déformant ses traits, une lueur meurtrière dans le regard, il fit signe à ses compagnons et se précipita par la porte ouverte. Le serviteur, toujours aussi décontenancé, ne fit rien pour les en empêcher. Et, avant qu’il ne comprenne vraiment ce qui se passait, il n’avait plus de maîtres.

Taliesin n’avait pu revenir à temps pour libérer la petite fille. Il avait failli à sa promesse, et si la culpabilité qu'il éprouvait ne fut pas atténuée par le bain de sang qui s’ensuivit, la colère, elle, y trouva un exutoire.

[Mornagest]

[Quête : le prophète gris]

A son tour, le quartier marchand fut inexorablement investi par les insurgés. Les gardes, isolés à dessein, ne parvenaient plus à contenir le flot continu d'esclaves qui se déversait dans les rues jadis parcourues par les riches bourgeois de la Cité du Chaos. A présent, en terme de chaos, celui qui régnait en ces lieux autrefois paisibles était bien plus prononcé que dans n'importe quel autre quartier ; ici, les soldats mélandiens battaient en retraite, tandis que là, des groupes d'esclaves entourés par des gardes plus vaillants se faisaient massacrés jusqu'au dernier, sans pitié aucune. Mais globalement, les esclaves gagnaient du terrain, jouant sur l'avantage du nombre.

En soirée, les ordres du Chancelier parvinrent cependant à être exécutés : un cordon fut établi afin de contenir les nouveaux assauts des rebelles, qui semblaient infatigables, probablement survoltés par cette colère si longtemps refoulée à coups de fouet et de bâton.

Ce fut donc un étrange calme après la tempête qui régna sur le quartier commerçant, ce soir-là, alors que seuls quelques escarmouches se déroulaient encore, aux zones de contact entre rebelles et gardes. Les rues avaient été barrées par les esclaves, afin de consolider leur percée dans les quartiers opulents. Quant à savoir où ils comptaient se rendre ensuite...

Mornagest discutait avec une partie des capitaines de la garde. Une bonne partie d'entre eux avait péri au combat, ou s'étaient enfui, voyant que la situation ne tournait plus à leur avantage, et craignant le courroux de leur terrible dirigeant. Mais ce dernier avait autre chose à penser que de réprimander ses hommes. Au contraire, il félicita presque ses hommes, qui avaient pu contenir la révolte. L'heure était maintenant à la contre-offensive.

Toutes les forces armées étaient maintenant rassemblées non loin de la zone de combat. Les rues, étroites, ne permettaient guère un assaut massif ; seules la ruse et la tactique permettraient de reconquérir le terrain perdu, sans provoquer de lourdes pertes du côté des soldats. Quant aux esclaves, le mot d'ordre était simple : aucun des insurgés ne pouvait rester en vie. Les exécutions exemplaires auraient lie plus tard, en ce moment, il fallait se concentrer sur la victoire.

Quelques magiciens de combat avaient été appelés en renfort auprès de l'armée. Ils élaborèrent un plan machiavélique avec les responsables de la garde.

[Mornagest]

[Quête : le prophète gris]

Les stratèges de l'armée étaient réunis ensemble, accompagnés de la plupart des magiciens de guerre disponibles ; le Chancelier avait opté pour un assaut massif sur un seul point, le passage entre les Bas-Quartiers et le Havre Bourgeois : l'endroit même où ils se trouvaient en cet instant décisif pour l'avenir de Melandis.

Se souriant à lui-même, Mornagest aimait à penser que tout rentrerait rapidement dans l'ordre. Mais il nourrissait quelques doutes, malgré l'efficacité apparente du plan établi avec les magiciens. Cela dit, que pourraient ces manants contre une troupe de lanceurs de sortilèges enragés à l'idée de perdre leur école ?

C'est à cet instant précis qu'un garde arriva en courant, la mine déconfite, le teint blafard. Il demanda à voir le Chancelier au plus tôt, et ce dernier reçut le soldat sans tarder.

"Messire, l'école du Nécronomicon vient d'être attaquée par un contingent d'esclaves. Ils ont libérés les magiciens esclaves et mis le feu au bâtiment."

Mornagest aurait explosé en morceaux s'il l'avait pu. Ses lèvres tremblaient de rage, tandis qu'il serrait les poings à s'en enfoncer les ongles dans les paumes. Cette crapule de Taliesin... Nul doute qu'il était encore sous cet attentat. Il devait se réjouir de la prise. Mais son triomphe ne serait que temporaire.

Se reprenant le plus rapidement possible - perdre contenance devant ses hommes le révulsait - Mornagest lâcha froidement :

"Ces imbéciles ont scellé leur sort. Lancez dès maintenant l'offensive, avant qu'ils ne rejoignent les autres esclaves. Pas de survivants."

Ainsi fut dit, ainsi fut fait. Les gardes de Melandis s'étaient depuis longtemps regroupés, piaffant d'impatience avant de pouvoir charger les misérables barrages que les insurgés avaient dressé pour se protéger. Ils allaient être servi. Les combattants marchèrent rapidement vers les barricades, arrosés de flèches par les esclaves ayant pu récupérer des armes un peu partout en ville. Mais rien n'arrêterait désormais l'ardeur des soldats ; l'appui ravageur des magiciens allaient leur procurer l'avantage sur le combat, et non des moindres.

Tandis que les guerriers chargeaient en première ligne, les magiciens entamèrent leurs séries d'incantations mortelles.

Magicien de guerre -> terreur -> groupe d'esclaves
Magicien de guerre -> boule de feu -> groupe d'esclaves
Magicien de guerre -> confusion -> groupe d'esclaves

Les effets ne tardèrent pas à se manifester. Tantôt brûlés, tantôt déroutés, tantôt effrayés, la plupart des rebelles en première ligne furent neutralisés en quelques instants, alors que les soldats avaient le champ libre pour détruire la barricade. Et, en quelques instants, ce fut chose faite, à l'aide de béliers portés par une douzaine d'hommes chacun. Les éclats de bois volèrent, avec un fracas épouvantable, puis le flot de soldats pénétra dans le retranchement des esclaves, une rage et une vigueur nouvelle les envahissant.

La bataille fit rage. Au début, les esclaves essuyèrent de très lourdes pertes, en partie à cause de leurs camarades bloquant l'accès aux points sensibles, ou s'entretuant sous les yeux horrifiés de leurs compagnons d'arme. Puis, la bataille devint plus incertaine, un premier temps du moins. Car les mages approchaient.

Magicien de guerre -> convocation d'élémentaire de terre majeur -> groupe d'esclaves

Un colosse brun foncé apparut rapidement devant les esclaves pétrifiés d'horreur : il mesurait une vingtaine de pieds de hauteur, et sa force destructrice se libéra immédiatement : d'un simple coup de poing, il expédia deux rebelles contre un mur proche, leur brisant les os comme s'ils n'étaient que fétus de paille.

Les gardes mélandiens chargeaient sans pitié. Tantôt victorieux, tantôt vaincus, ils prenaient lentement mais inexorablement l'avantage, et petit à petit, recouvraient du terrain dans le quartier marchand. A nouveau, les incanteurs officièrent, donnant à chaque fois une impulsion en faveur des soldats.

Magicien de guerre -> immobilisation de personnes -> groupe d'esclaves

Quelques-uns des insurgés ciblés furent immédiatement paralysés par le sortilège, et leur vie fut brutalement interrompue par la lame d'un garde pénétrant dans leur gorge, ou leur ventre, avant de s'attaquer au suivant.

La révolte avait atteint son apogée, et lentement, se flétrissait, se mourait, tout comme ses instigateurs...

[Chalindra Pharn]

Toujours drapée dans l'obscurité, Chalindra observa l'attaque d'un oeil attentif. C'était la fin, les insurgés se faisaient débordé et massacré par les gardes appuyé par les mages de guerres. Elle observa le niveau des mages, la tactique des gardes, la compétence de leurs officiers. Ils ne valaient pas des drow mais ce n'était pas mal. Ils manquaient toujours l'interventions de leurs prêtres, mais elle avait une bonne idéés des forces de Melandis. L'apparitions d'un élémantaire de terre majeur lui rappela la magie des gnomes des profondeurs puis la paralysie et l'éxécution d'un groupe la fit sourire, de nombreuse escarmouche se soldèrent par de lourde perte dans les deux camps. Si sa continait à ce rythme, la cité aurait besoin de nouvelles personnes pour remplacer ceux qui mourraient. Elle repéra le grand guerrier qu'elle avait vu, il était couvert de sang et se reprenait son soufle un groupe impressionant de cadavres autour de lui, elle désactiva son globe et lui dit avec un sourire provocateur:

-"Salut beau mâle, besoin d'aides?"

hrp:je peux enlever une partie du poste si çà cole pas à la suite de l'histoire.

[Mornagest]

[Quête : le prophète gris]

Mornagest, tout d'abord surpris de trouver quelqu'un qui ne combattait pas en cet instant, toisa l'étrangère avec un regard dur. Une drow... bien des souvenirs affluèrent dans son esprit, malgré l'instant critique de la situation. Que lui voulait-elle ? Il se méfiait des elfes noirs, pour la plupart fourbes et sournois. Une seule exception notable, mais il était loin, si loin...

Sur un ton froid, il déclara à la prêtresse :

"Je n'ai pas le temps de discuter. Si vous souhaitez combattre, ne vous gênez pas... peut-être survivrez-vous aux assauts de ces manants ?"

Il terminait à peine sa phrase qu'il se retournait pour crier un nouvel ordre aux capitaines de la garde. La brèche formée dans les barricades devait être maintenue, les soldats ne devaient pas se disperser trop rapidement. Autant maintenir ouverte cette percée, et y pénétrer complètement, avant d'éparpiller les troupes pour cueillir les insurgés en débandade.

hrp : pas de soucis

[Chalindra Pharn]

Il ne m'a pas attaquer, c'est déjà ça. Empoignant mon fouet, je me dirigeai vers un petit groupe d'eclaves affrontant quelques gardes. Le premier esclave passant à ma pourtée mourut en hurlant sous la morçure de mon fouet. Souflant un baiser aux esclaves qui se retournèrent, je les recouvris en même temps de feu magique inofensifs. S'agitant dans tout les sens, les esclaves ne se défendirent plus. J'en tuai encore un et les gardes deux autres. Echaudé, ils poursuivirent les esclaves survivant en fuites. Haaaaa, les mâles seront toujours aussi stupide. Se précipiter dans la gueule du loup, ils leurs fallaient une femmes pour les diriger. M'entourant de ténèbres, je les suivais le sourire aux lèvre, les prochaines heures seront sanglante

[Taliesin]

[Quête : le prophète gris]

Il faisait nuit noire lorsque Taliesin et ses hommes revinrent de leur expédition victorieuse à l’Ecole du Necronomicon. Ils découvrirent un quartier commerçant à feu et à sang : la grande offensive lancée par les Mélandiens battait son plein, et les insurgés avaient beau lutter pied à pied, causant de lourdes pertes parmi leurs ennemis, ils cédaient lentement du terrain.

Après s’être entretenu avec divers messagers, le barde ordonna que l’on escorte les mages qu’il avait libéré jusqu’aux bas-quartiers. Ceux-ci protestèrent, arguant qu’ils pouvaient se rendre utiles, mais Taliesin se montra intraitable : ils étaient trop affaiblis, et leurs pouvoirs étaient bridés par les colliers magiques qui les entravaient. Il faudrait donc trouver un moyen de les en libérer avant qu’ils ne puissent participer efficacement au combat. Une cinquantaine d’hommes accompagnèrent donc les magiciens jusqu’à la base rebelle, tandis que le reste des troupes se portait vers le cœur des combats.

En chemin, ils croisèrent une multitude de petits groupes d’insurgés en déroute ; lesquels, à la vue de leur général pour l’heure invaincu, retrouvèrent courage et se rallièrent à lui. C’est ainsi une troupe forte de plusieurs centaines d’hommes qui déboucha aux abords de la brèche dans les barricades. Dans une clameur assourdissante, ils s’élancèrent à l’aide de leurs camarades, attaquant l’ennemi avec une rage décuplée.

Tandis que les piétons ferraillaient furieusement, Taliesin et ses cavaliers adoptèrent une tactique de harcèlement. Ils chargeaient les soldats mélandiens, semant la panique et la mort dans leurs rangs serrés, avant de se replier et de charger à nouveau. La bataille s’équilibra ainsi un moment, les insurgés ayant cessé de reculer, mais ne parvenant pas néanmoins à prendre l’avantage. Puis, le temps passant, la balance pencha à nouveau en leur défaveur. Les forces en présence était trop disproportionnées : les mages de guerre adverses, en particulier, causaient des dommages terribles.

Taliesin s’en rendit très vite compte. Abandonnant sa monture, il rassembla un groupe d’archers et les mena sur le toit d’un imposant bâtiment public. De là, ils harcelèrent de flèches les magiciens et parvinrent à en abattre deux, ce qui provoqua des vivats dans les cohortes insurgées. Mais les praticiens des arcanes ne se laissèrent pas faire : se mettant hors de portée, ils envoyèrent des boules de feu sur le bâtiment, obligeant les archers à déserter leur position.

Le repli provisoire des mages avait permis aux rebelles de reprendre pied. La bataille se poursuivit ainsi, terrible, des monceaux de cadavres jonchant les rues jadis prospères du quartier marchand. Parfois, les insurgés réussissaient à triompher d’un contingent de soldats ; mais l’issue du combat se fit de plus en plus claire, et les Mélandiens progressaient sans cesse. Les assauts furieux de la cavalerie des insurgés, les salves nourries de leurs archers, la vaillance de leurs combattants ne parvenaient pas à endiguer le flot adverse, retardant seulement un peu plus l’inéluctable dénouement.

Taliesin parcourait le champ de bataille, se portant partout où ses hommes faiblissaient, ranimant leur courage et les poussant à tenir. Il ne comptait plus les adversaires qu’il avait occis, et les Mélandiens avaient appris à redouter l’apparition de cet elfe déchaîné et de sa compagnie de cavaliers dont les lames acérées avaient déjà coûté la vie à tant des leurs.

Les combats duraient depuis plusieurs heures lorsque Taliesin se résolut a accepter la vérité : il ne pourrait l’emporter, cette fois-ci. La mort dans l’âme, il convoqua ses lieutenants.

-Faites évacuer le quartier commerçant. Que tous les hommes hors de la zone de combat se replient, qu’ils emportent toutes les armes et les provisions qu’ils pourront trouver. Je vais mener une dernière offensive : cela devrait leur donner le temps de se replier. Ensuite, je vous rejoindrai. Ah oui… Et brûlez tous les bâtiments. Cela retardera nos ennemis… Et je suis certain que le seigneur Mornagest appréciera.

Les officiers acquiescèrent et s’en furent distribuer les ordres. Bientôt, des colonnes de rebelles en armes, entourant des charrettes débordant de fournitures diverses, prirent la direction des bas-quartiers, laissant derrière eux une multitude d’incendies qui se propageaient avec une avide célérité, empourprant le ciel d’un sinistre rougeoiement.

Pendant ce temps, Taliesin avait regagné le champ de bataille. Tentant de repousser la fatigue et le désespoir qui menaçaient de le submerger, il se concentra et commença à incanter.

Taliesin à convocation de monstre III

Un élémentaire de feu se matérialisa alors près de lui, et la vive lueur qu’il projetait fit scintiller la côte de maille ensanglantée de son maître. Souriant tristement, Taliesin serra dans une main les rênes de sa monture et, de l’autre, tira son épée. Ce qu’il s’apprêtait à faire équivalait à un suicide. Mais c’était la seule solution pour permettre aux autres de se replier. S’il tenait assez longtemps, ses amis atteindraient les bas-quartiers qui seraient ainsi fortement renforcés : ils disposeraient d’effectifs nombreux et bien armés, de provisions pouvant durer des semaines… S’il tenait assez longtemps, les rebelles disposeraient d’une forteresse quasiment inexpugnable. La révolution n’aurait pas dit son dernier mot et, qui sait, l’histoire pourrait peut-être…

Levant son épée, hurlant à gorge déployée l’ordre d’attaquer, Taliesin éperonna sa monture. Partout sur le champ de bataille, des voix lui répondirent, et tous les insurgés se portèrent en avant, dans un dernière assaut aussi furieux que désespéré.

[Mornagest]

[Quête : le prophète gris]

Le contact entre les insurgés et les soldats fut terrible. Certains hommes, des deux camps, emportés par le flot ininterrompu de combattants, furent tout simplement écrasés, puis piétinés en quelques instants. D'autres s'empalèrent directement sur les épées levées de leurs ennemis, mais la plupart purent engager le combat sans périr trop rapidement, malgré la fatigue omniprésente maintenant : la bataille faisait rage depuis huit heures maintenant, et le bref repos que les hommes des deux camps avaient pu avoir était bien trop court pour permettre un quelconque rétablissement.

Les magiciens de guerre mélandiens continuaient leurs incantations, les lames s'entrechoquaient toujours, le sang coulait à flot, rendant glissant les pavés des rues, et le combat au corps-à-corps d'autant plus difficile. Mais la rage avait envahi le champ de bataille : les uns luttaient pour leur simple survie, les autres pour récupérer leur bien, leur cité. Tempus devait être à son aise, ce soir, de même que Myrkul...

Mornagest avait cessé un moment de combattre, pour faire le point avec plusieurs des commandants de la garde mélandienne. La percée avait tenu bon, mais ce nouvel assaut lancé par ce misérable Taliesin avait retardé leur avancée. Il faudrait poursuivre l'effort, et les cantonner dans les Bas-Quartiers, ne serait-ce que pour cette nuit. Ensuite, ils souffriraient... Le courroux du Conseil allait se déchaîner sur eux, telle la colère de Talos.

Le Chancelier décida de retourner au combat. Entendre les bruits des armes, les cris des blessés ou les encouragements des guerriers le stimulaient, et il ne pouvait rester les bras croisés, lui qui était si avide de combats. Il espérait aussi, sans trop y croire, retrouver le barde, et lui faire passer le goût de la plaisanterie. Il verrait alors la vanité de sa ridicule tentative de soulèvement. La main de Baine n'était pas gantée de velours.

La nuit tombait sur Melandis, tandis que la bataille n'en finissait pas.

[Taliesin]

[Quête : le prophète gris]

Cette fois, c’en était bel et bien fini. Partout où taliesin portait ses regards, les mélandiens avançaient, pressant les groupes d’insurgés qui tenaient encore bon, poursuivant ceux qui se débandaient et n’accordant nulle grâce aux malheureux qu’ils rattrapaient.

Le dernier assaut lancé par le barde avait permis de repousser un peu l'inéluctable défaite. Ses compagnons, galvanisés, avaient encore tenu tête une heure durant à leurs adversaires. Mais à présent, ils ne pouvaient plus rien faire pour endiguer le flot qui, s’ils ne se repliaient pas immédiatement, les submergerait sans espoir de salut.

Taliesin fit volter sa monture et, le coeur serré, hurla à pleins poumons le mot fatidique :

-Retraite !

Les officiers relayèrent l’ordre et, par tout le champ de bataille, les rebelles rompirent le combat pour s’enfuir par les rues adjacentes. Les Mélandiens, d’abord surpris par la rapidité du repli, se reprirent et se lancèrent aux trousses des insurgés.

Taliesin et ce qu’il restait de sa compagnie de cavaliers firent ce qu’ils purent pour enrayer la poursuite, chargeant les soldats les plus avancés, les obligeant parfois à stopper leur progression. Mais leurs efforts furent bientôt inutiles : débordés de tous côtés, ils durent eux aussi battre en retraite et cavaler à bride abattue en direction des bas-quartiers, en espérant que les incendies et la confusion générale permettraient à la majorité de leurs compagnons de s’échapper.

L’insurrection des esclaves et du petit peuple de Mélandis venait d'essuyer son premier revers. Mais au moins cette victoire aurait-elle un goût amer pour Mornagest et ses hommes : leurs pertes étaient innombrables, et il leur faudrait tu temps pour penser leur plaies et songer à un nouvel assaut.