La Couronne de Cuivre

Quête: Liberté

Galathée était épuisée, chacun de ses muscles l'élançait. En découvrant la mer, la plage, ce bateau synonyme de misère, elle eut soudain envie de s'allonger sur le sol pour dormir. Juste l'envie. Elle n'en fit rien. Autour d'elle, l'angoisse et le désespoir résonnaient, omniprésents, envahissants, mais elle se sentait comme étrangère, trop sonnée pour réagir. Elle qui n'avait jamais su où aller, voilà qu'on l'emmenait quelque part, sans lui demander son avis.
Quelle ironie, songea-t-elle, amère et résignée.
Elle aperçut l'homme qui la réservait à sa fille et le hèla.
" Où allons-nous ?" demanda-t-elle simplement, sans agressivité ni peur.
L'opportunité viendrait. Elle le savait. Mais comment le hibou pourrait-il suivre un navire?

Quête : liberté

"Où nous allons ? Tu ne le devines pas ? Mais à Melandis bien sûr ! Tu ne sais pas qu'ils manquent d'esclaves en ce moment ? Notre convoi va arriver à point nommé ..."

Ils avancèrent encore. Devant les bateaux, on avait installé une sorte d'enclos aux barrières hautes. C'est là que l'on entreposa les futurs esclaves. D'un coté les hommes, de l'autre les femmes. On leur distribua des seaux remplis d'eau pour qu'ils puissent se livrer à une toilette sommaire puis un quignon de pain. Puis, on leur distribua des couvertures miteuses ayant sûrement servi aux précédents infortunés.

Mais, quand ce fut le temps pour Galathée de rejoindre sa couche, l'homme l'interpella à nouveau. Sans mot dire, il l'entraîna en la tenant vers le poignet à une tente à l'écart. Là, il lui dit doucement :

"Ma fille veut bien de toi comme dame de compagnie. Bon, bien sûr, il faudra procéder à quelques arrangements. Déjà, elle m'a dit qu'elle voulait te voir ..."

Ce disant, il rabattit un pan de la tente. Une jeune femme aux cheveux roux se tenait assise à une table, une grappe de raisin blanc à l'air mûr à point et gorgé de soleil. A faire mourir de soif un régiment entier de malheureux privés d'eau. Elle semblait avoir une trentaine d'années.

Les cheveux blonds nattés, une robe élégante. Elle contrastait en tout et pour tout aux pauvres miséreux emmenés avec la rôdeuse.

"Enfin, te voilà, laissa-t-elle tomber en retenant un soupir d'ennui, tu aurais pu arriver plus tôt
- Ma fille, dit l'homme en guise de réponse, et voici ta nouvelle servante. Tu pourras l'appeler comme tu veux. Quant à toi, voici Anellia de Lochnohan, ma fille"

Quête: Liberté

HRP: voilà un bel exemple où il m'est difficile de distinguer ce que je sais de ce que Galathée sait... Je vais considérer qu'Althéa a un peu parlé d'elle quand même... Si ce n'est pas le cas, fais moi signe, et j'édite illico presto.

Galathée tiqua sur ces derniers mots. Ce nom. Elle connaissait ce nom... Elle eut soudain la vision d'une jeune femme brune et vive, à la fois fragile et impétueuse, une personnalité attachante qui avait traversé sa vie et qui semblait désormais insaisissable et perdue, à la lueur sordide des derniers événements. La rôdeuse regarda son bourreau, sa soi-disant maîtresse... Etait-il possible que... Elle chercha dans leurs traits une vague ressemblance, un indice quelconque... Mais elle était épuisée, elle avait dû mal entendre, et pourtant...

" Je m'appelle Galathée." fit Galathée. " Je n'ai pas d'autre nom."

Quête : liberté
Ne t'en fais pas Galathée. Poste comme tu le sens. Là, je pense que c'est plus intéressant que ta rôdeuse connaisse l'identité de la jeune femme pour faire le rapprochement avec Althéa Tiens, ça me donne des petites idées :notme:

Presque aussitôt, Anellia leva le bras et un homme que Galathée n'avait pas vu jusque là - il se tenait derrière elle - lui assena une grêle de coups qui manqua l'étourdir. Quelques secondes plus tard, la jeune femme lui lançait :

"D'abord, on ne parle que lorsque j'en donne l'ordre. Et ensuite, ce n'est pas à toi de choisir ton prénom. Je ne l'aime pas. Je vais donc te baptiser autrement. Voyons ... tu n'es pas bien épaisse ni robuste. Tu t'appelleras donc Plume.
Et je n'aime pas tes cheveux. A coup sûr, ils abritent des poux. Je veux qu'on te les coupe. Maintenant, c'est à moi d'obéir. Est ce que cela est clair ou tu as quelque chose à redire à cela ?"

HRP: Pauvre Galathée, tu n'y vas pas de main morte! Que va-t-il en rester?

Quête: Liberté

Galathée fit le vide et laissa son esprit s'évader une seconde. Elle percevait le souffle du vent au dehors, le roulement des vagues, et plus loin, les étendues sauvages du Sud de Dorrandin. Si elle parvenait à tromper leur vigilance ne fusse qu'une minute, si elle réussissait à gagner les broussailles, alors elle serait libre. Personne ne pourrait la rattraper une fois dans la nature, elle le savait. Endormir leur méfiance, accepter, simplement, il n'y avait pas d'alternative pour l'instant. Fuir ne libérerait pas les autres esclaves, mais Galathée n'avait pas la prétention d'être une héroïne. Elle avait une conscience nette de ce qu'elle était, la fille d'un fermier, rien de plus. Peut-être le salut viendrait-il justement d'ailleurs, d'un ou une autre. C'était sans doute plus réaliste.
Un instant, elle songea à poser une question simple, une question qui impliquait une petite bretteuse brune qui avait traversé sa route, quelques temps plus tôt.
Il y a une éternité.
Mais Galathée n'était plus certaine qu'Althéa était en bons termes avec sa famille, et révéler sa présence ici pourrait la trahir, ce qu'elle ne ferait certainement pas.

Quête : liberté

Et Anellia fut contente. Enfin, on obéissait à ses caprices. Son père une fois parti, on coupa court les cheveux de sa nouvelle servante et on lui remit sa livrée de domestique. Une robe étriquée et un tablier qui dans une vie antérieure avait dû être blanc. Les formalités accomplies, elle consentit que l'on donna lui donna une paillasse, juste au pied de son lit. Il commençait à se faire tard.

Sans aucune gêne, elle passa devant elle sa robe de nuit et se coucha dans son lit dans lequel une âme bien attentionnée avait mis une bouillotte. La désormais Plume eût droit à une couverture.

Anellia se coucha après une bonne journée occupée à lézarder au soleil. Mais avant, il lui fallait une histoire. Faisant signe à Plume qu'elle pouvait se coucher à son tour, elle lui ordonna :

"Raconte moi un peu d'où tu viens. Ce que tu faisais là bas, je veux tout savoir"

Hrp : une personne que j'estime beaucoup m'a dit un jour : nous voyons la réalité telle qu'elle est. Mais notre imagination nous permet de la détourner habillement, de la rendre plus belle. Même si la réalité est sombre. Je sais que tu peux le faire.

Quête: Liberté

Un instant, Galathée songea se taire. Un instant, elle pensa s’inventer un passé rocambolesque. Puis elle décida de se rabattre sur la vérité. Son histoire était suffisamment soporifique pour endormir la jeune femme en moins de dix minutes et cela arrangeait bien la rôdeuse, qui n’était pas très bavarde et avait grand besoin de repos. Ou d’une opportunité pour filer dans la nuit.
« Je viens des Vaux. »
Mais juste d’évoquer ce petit coin de verdure où elle avait vu le jour suscita en elle une émotion imprévue. Elle sourit dans l’obscurité, pour elle-même. Elle ne se savait pas sentimentale.
« Je suis la fille d’un fermier. Rien de bien passionnant. » ajouta-t-elle.
Ses parents. Elle ne les avait plus vus depuis près de quinze ans. Leur visage, même, était flou. Ils ne lui manquaient pas réellement. Ils l’avaient sans doute oubliée.
« Rien de bien passionnant. » répéta-t-elle.

Quête : liberté

Anellia étouffa un bâillement.

"Tu as raison. Ce que tu as à raconter n'est pas important, après tout, tu n'es qu'une esclave. Une fille de rien. On croirait entendre parler une bâtarde de notre famille. Je parie que l'une ne vaut pas l'autre. Mais elle a disparu en mer, loué en soi Waulkyne. Maintenant, tu peux te taire. J'ai sommeil"

Galathée l'entendit rabattre sur elle un édredon de plume puis le bruit tranquille de respiration d'un dormeur apaisé. Quelques minutes plus tard, Anellia ronflait allègrement.

Quête: Liberté

Galathée écouta la jeune femme ronfler quelques minutes, sans bouger. Puis doucement, elle se glissa jusqu'à une des extrémités de la tente, loin de l'entrée, et en souleva le pan, juste histoire de jeter un coup d'oeil au dehors, et d'avoir une idée de la disposition du campement.
Si elle se laissait embarquer sur le bateau, elle serait coincée pendant des semaines, voire des mois. Il fallait qu'elle trouve une porte de sortie au plus vite.

Quête : liberté

Il n'y avait personne hors de la tente. Si, un garde. Galathée s'attendit à ce qu'il lui plante son épée au travers du corps mais celui-ci avait les yeux fermait. Il dormait debout ... Autour d'elle, un bon nombre de tentes sûrement réservées aux marchands d'esclaves ou même, à de futurs acheteurs.

Au delà du camp, dans une demi obscurité, se trouvait l'enclos où les prisonniers étaient parqués. Quatre gardes étaient en grande discussion. Elle craignit un instant qu'ils l'aient remarquée mais non. Les hommes continuaient leur conversation comme si de rien n'était ...

Quête: Liberté

Un son léger, presque imperceptible, attira soudain son attention, et dans un mouvement soyeux, Sasquatch se posa dans l'herbe, juste devant elle. Le hibou la dévisagea de ses yeux ronds, éternellement furieux, et du bout des doigts, Galathée effleura sa tête, ses ailes et son ventre, trouvant un réconfort bienvenu dans la présence fidèle de son volatile. Elle le sentit nerveux, agressif, désorienté, et tenta de l'apaiser en le caressant doucement.

Elle-même tenta de rassembler ses idées. Elle n'avait jamais été téméraire. Sa vie s'était déroulée au rythme des saisons, de ses pas, des rencontres qu'elle avait faites. Son univers s'était petit à petit teinté d'ombre depuis qu'elle avait posé le pied sur Dorrandin.
Une partie d'elle-même désirait ardemment rentrer aux Vaux, regagner la ferme de sa jeunesse, la simplicité d'une existence sans grands conflits, rythmée par la nature, des cycles de vie et de mort normaux, sans violence, sans haine. Cette partie d'elle-même était forcée de regarder les choses en face: tout cela était loin et hors d'atteinte. Cette partie d'elle-même avait peur et froid, avait envie de se rouler en boule et de se laisser aller, d'attendre que le ciel tombe, que le bateau hisse la voile, qu'un héros anonyme débarque soudain et libère les prisonniers, elle parmi eux, et la réveille de cet horrible cauchemar. C'était une facette de sa personne qui était impuissante, désespérée, qui ressassait le regret des choses non dites, des choses non faites, et des actions stupides entreprises.
L'autre partie d'elle-même était tout juste née. Elle s'était éveillée sur les routes autour de Manost, au contact d'êtres qui vivaient pour des idéaux, qui brûlaient d'énergie et de courage, qui n'avaient pas peur de se mettre en danger, de risquer, de combattre. Mais c'était tellement facile de se chauffer à l'ardeur d'autrui, de s'embraser à leur flamme, de s'illuminer dans leur brasier. Seule dans le noir, elle avait peine à raviver ce souvenir. Une seconde, elle plongea son visage dans le duvet du rapace, s'étourdit dans cette douceur totale, puis s'y arracha.
" Vole, j'ai besoin de tes yeux..." lui murmura-t-elle comme il reprenait de l'altitude, silhouette fantômatique sur le noir de la nuit.
Puis, prenant une bonne inspiration, elle se faufila sous la toile, et quitta la tente, encore peu sûre de la marche à suivre. Mais au-dessus d'elle, son compagnon à plumes l'avertirait de tout danger, elle avait parfaitement confiance en lui.

Quête : liberté

L'oiseau de nuit volait au dessus d'elle. Il lui permit d'éviter un groupe de gardes avinés attendant la relève. Elle croisa la route de deux hommes d'arme venant dans sa direction. Une nouvelle fois, elle crût qu'ils allaient se rendre compte de sa présence et mettre fin à sa grande évasion mais ils passèrent à coté d'elle sans la voir.

Elle passa sans un bruit l'enclos des esclaves d'où s'élevait un murmure indistinct de sanglots et de supplications. Quelqu'un la héla, l'appelant à l'aide. Mais Sasquatch, d'un criaillement lui fit comprendre qu'elle était presque arrivée à la sortie du camp. Vers la liberté ...

Quête: Liberté

Parvenue aux limites du campement, Galathée eut une hésitation. Elle sentit son coeur se serrer et un frisson lui anima les épaules. Laisser ces malheureux derrière.
Mais qu'est-ce que je pourrais faire, moi, seule, contre toute une bande d'esclavagistes...
Non, le plus raisonnable était de remonter au plus vite sur Manost et d'y avertir qui de droit. Elle était persuadée que les Helmites interviendraient. Mais si les esclavagistes levaient la voile avant leur arrivée... Elle devait pouvoir les retarder.
Galathée soupira et se fondit dans la nature. A quelques dizaines de mètres, elle s'arrêta et appela le hibou, lequel vint se poser sur son avant-bras.
" Sasquatch, tu vas rentrer à Manost. Trouver quelqu'un. Le ramener ici. Tu peux faire ça."
Le hibou lui jeta un regard sceptique. A moins qu'elle n'interprète...
" Moi je reste ici."
Il gloussa doucement, puis prit son envol. Galathée le regarda décrire un arc de cercle dans le ciel obscur, devinant plus qu'elle ne voyait son mouvement. Puis elle baissa les yeux sur l'environnement et partit à la recherche d'une cachette introuvable d'où elle pourrait observer les mouvements de l'ennemi.

Quête : liberté

A l'idée de laisser partir sa compagne de route, Sasquatch laissa échapper un cri plaintif. L'idée lui était trop pénible. Quelques minutes plus tard, il n'était plus qu'un petit point à l'horizon et Galathée se retrouva seule.

Derrière, l'enclos dans lequel les prisonniers commençaient à s'agiter et à l'houspiller pour qu'elle les libère. Un peu plus loin, les tentes de fortune pour les gardiens du camp. Un peu plus loin encore, le bateau mouillant sur le rivage, à marée basse ... Plusieurs perspectives de cachette pour la rôdeuse.

Quête: Liberté

Bravo la discrétion, se dit Galathée, en réalisant que plusieurs des captifs savaient parfaitement où elle se trouvait. Décidément, elle perdait la main, la marche forcée jusqu'au rivage l'avait éprouvée. Elle avait un terrible besoin de sommeil, mais si elle s'écartait trop pour dormir, le risque que les esclavagistes appareillent pendant sa sieste était grand.
Quoique... Anellia avait l'air suffisamment capricieuse pour qu'on retourne les alentours à sa recherche...
Indécision.
Finalement, elle se glissa jusqu'à l'enclôs et plaqua un doigt sur sa bouche, espérant que cela suffirait pour garder le calme dans les rangs des prisonniers.
" Je ne peux pas vous aider maintenant... " souffla-t-elle. " Avez-vous un chef ?"
La question était un peu ridicule, mais vu le temps qu'ils avaient passés ensemble, parqués comme du bétail, il n'était pas impossible que certaines voix se soient élevées et certains individus démarqués.
Tu aurais mieux fait de te tailler en courant, lui murmura une petite voix sarcastique, dans un coin de son esprit.
Mais Galathée n'y fit même pas attention. C'était une voix étrangère, qui n'avait rien à voir avec elle.

Quête : liberté

Les prisonniers se regardèrent hébétés. Il y eut des murmures indistincts parmi la foule et une femme, plus hardie que les autres répondit d'une voix acerbe. En d'autres temps, autres lieux, elle avait été une épouse aimante et une mère accomplie. Mais sa capture et la mort d'un de ses enfants pendant la marche en avait fait une âme en peine et une ombre aigrie.

"Cela ne te regarde pas, on ne parle pas aux traîtres. Toi, ils t'ont isolée, nourrie et blanchie ... Tu as vu dans quel état nous sommes ? Tu crois que nous avons eu la force et le temps de nous organiser ? Allez, sors nous de là et dépêche toi. Le garde dont la tente est la plus près de l'enclot a la clef ... Il dort pour le moment ... Dépêche toi ou j'avertis tout le monde que tu essayes de t'échapper"

Quête: Liberté

Galathée fut piquée au vif par cette accusation infondée, et les menaces proférées par son interlocutrice n'arrangèrent rien.
" Je peux disparaître dans cette nature en trois secondes et vous laisser tous en plan..." grommela la rôdeuse. " Je ne suis pas responsable des décisions de ces gens..."
Jetant un oeil vers la tente qu'on lui avait désignée, elle haussa les épaules.
" Si vous êtes si faibles, ça ne sert à rien de vous libérer comme ça... Vous allez vous faire massacrer avant l'aube... Non, il faut d'abord neutraliser l'ensemble des esclavagistes."

Quête : liberté

« Et comment comptes tu t’y prendre si tu es si maligne ? Neutraliser un camp entier à toi toute seule … Hé bien vas y … Mais je te préviens. Si demain matin, nous ne sommes pas dehors, je te dénonce. Maintenant, vas … Je te souhaite bonne chance »

La femme s’assit, la tête dans ses mains et ne bougea plus.

Quête: Liberté

Galathée n'avait pas vu les choses comme ça. Et certainement pas en une seule nuit! Néanmoins, elle pouvait commencer par glâner certaines informations, notamment par se faire une idée de la disposition du campement et surtout du nombre d'esclavagistes. Au passage, repérer les éventuels animaux disponibles, chiens, chevaux, n'importe quoi, pouvait être utile. Prenant une bonne inspiration, elle retourna vers le campement. Se glisser comme une ombre faisait partie des choses qu'elle avait apprise au cours de ses escapades forestières avec Séléné, mais un campement sur la plage était un environnement tout différent. Elle espérait que la finesse de son ouïe, l'acuité de son regard et la maîtrise qu'elle avait de ses mouvements suffiraient à la protéger contre d'éventuelles sentinelles.
La prisonnière avait raison: ouvrir les portes des enclôs serait certainement efficace, mais les pertes risquaient d'être conséquentes, et toucheraient sans doute les plus faibles, enfants, vieillards, femmes fragiles, hommes recrus. Elle avait vu suffisamment de morts ces derniers jours. Avec la liberté qu'elle avait recouvré, elle sentait monter en elle un sentiment de dégoût profond qu'elle ne parvenait pas à identifier. Etait-ce de la haine? Elle ne savait pas ce que c'était, pensait n'en avoir jamais ressenti, espérait ne jamais se laisser aveugler par une telle émotion. En même temps, ce que lui inspiraient les esclavagistes était nouveau, et luisait du sang des innoncents foudroyés par l'avidité de quelques uns. Elle frissonna, et déterminée, commença à dénombrer ses adversaires.

Quête : liberté

Il y avait en tout et pour tout six grandes tentes. Chacune devait abriter à peu près quatre hommes à en juger par leur ampleur. En plus de celles-ci, il y avait bien sûr celle où ronflait à présent Anellia et son garde du corps.

Apparemment, cinq hommes se relayaient à intervalles réguliers pour assurer la surveillance du camp. A en juger par leurs allers et venues, ils se remplaçaient environ toutes les deux heures. Il y avait donc un temps de battement entre les relèves. Mais la rôdeuse allait elle l'employer ?

Quête: Liberté.

Seule contre une trentaine d'hommes. Elle eut envie de rire. Bien sûr, la plupart étaient endormis, mais Galathée n'avait rien d'une guerrière et de surcroît, elle n'était pas armée. Peut-être était-ce la première chose à laquelle elle se devait de remédier. Armée d'un arc et de quelques flèches, elle serait sans doute déjà plus à même de semer la pagaille dans les rangs des esclavagistes. Elle tenta donc d'identifier la tente dans laquelle les armes étaient susceptibles d'être entreposées. Tout en la cherchant, elle commençait à réaliser que son entreprise ne se déroulerait pas sans mort d'homme. Mais elle repoussa ces pensées désagréables et se remit en chasse.

Quête : liberté

Au milieu du camp se dressait une tente devant laquelle se tenaient en permanence trois gardes bien armés. Eux aussi devaient se relayer en même temps que les autres. Peut être était ce là la garnison ...

Mais comment la rôdeuse pouvait elle en être véritablement sûre. Elle serait tôt ou tard d'y jeter un coup d'oeil. Mais comment faire face aux trois gardiens ?

Quête: Liberté

Galathée recula dans l'ombre d'une tente moins protégée et observa quelques instants le dédale de tendeurs qui la maintenaient en place. Elle choisit un piquet peu utile, qui fixait le tapis de sol dans un coin et le déterra. C'était un poignard sommaire, mais il était suffisamment pointu pour remplir son office. Si elle avait eu beaucoup de temps devant elle, Galathée serait certainement retournée à l'écart pour affûter la lame, mais la nuit ne serait pas éternelle. Elle n'avait toujours qu'une vague idée de la marche à suivre, néanmoins trouver un arc en faisait partie. Hors du territoire des hommes, elle ne ressentait que rarement le besoin d'être armée. Parmi eux, surtout parmi ceux-ci, cela semblait une condition nécessaire à la survie.
Munie de son piquet, elle retourna à la tente gardée et la contourna pour se trouver le plus loin possible de l'entrée surveillée. Elle ne cherchait pas à déranger les gardes endormis, mais bien à trouver leur arsenal. Elle s'immobilisa donc, les sens aux aguets, pour repérer les différentes respirations qui perçaient au travers de la toile, et déterminer où elle pourrait entrer sans réveiller personne.
Au passage, elle tendit son esprit aux murmures animaux, espérant croiser le chemin furtif d'un rat ou d'une souris.

Quête : liberté

Au début, Galathée ne vit rien. C'est plutôt une impression de moiteur et une vive odeur de transpiration qui vinrent la frapper de plein fouet. Au centre de la tente se trouvait une paillasse. De part et d'autre, des épées, des haches et des fléaux d'armes avaient été empilés. Galathée se trouvait donc bien dans la garnison.

Mais le problème venait de la paillasse qui, comme habitée par des esprits diaboliques bougeait d'avant en arrière en émettant par moments des bruits étranges et de fortes respirations ...

Quête: Liberté

Galathée s’immobilisa une seconde. Est-ce… Etaient-ils… Un instant, elle combattit une envie nerveuse de rire, puis reprit ses esprits. Il faisait très sombre et hormis l’étrange corps à corps qui se déroulait au centre de la tente, elle ne distinguait que les silhouettes cauchemardesques des armes entreposées.
Juste un arc, rien de plus.
Elle entreprit de contourner le couple affairé, en silence, sans les perdre de vue. Elle se sentait voyeuse, presque désolée de les avoir surpris. En même temps, ils étaient dans une situation extrêmement vulnérable, qu’elle aurait pu exploiter pour se débarrasser facilement d’une menace. Deux de moins. Elle ne voulait pas y songer.
Drôle d’endroit pour une rencontre, songea-t-elle encore, gagnant un nouveau râtelier d’armes, qu’elle explora du bout des doigts.
Toutes ces haches, épées, hallebardes, lui étaient inutiles : elle savait à peine par quel bout les prendre !
L’urgence de sa situation repoussait sa gêne. Finalement, tout cela était bien naturel.
Jetant un coup d’œil rapide à la paillasse mouvante, Galathée espéra cependant que les deux partis étaient consentants, ce qui n’était pas gagné dans un campement esclavagiste.

Quête : liberté

Un fracas épouvantable de féraille. Les armes se tombaient les unes sur les autres ! Même avec toute la discrétion dont elle avait fait preuve, Galathée n’avait pu empêcher la corde de l’arc de ripper sur une hallebarde qui avait entraîné une épée et un casque dans sa chute.

La paillasse ou plutôt ce qu’elle cachait, s’immobilisa d’un coup et deux visages empourprés jaillirent de la couverture. Un garde vraisemblablement en galante compagnie, les cheveux en bataille et le souffle court regardait à présent la rôdeuse, l’air totalement ahuri.

Quête: Liberté

HRP: Et m…

Un instant, son coeur arrêta de battre. L’adrénaline se déversa en flots orageux dans tout son organisme, et elle reconnut, dans un recoin de conscience, cette seconde cruciale où l’individu, homme ou animal, hésite entre la fuite et le combat. Mais Galathée n’était pas une biche, pas plus qu’elle n’était un lion. Trois gardes en faction, deux joyeux lurons sous la paillasse, une toile épaisse dans le dos, elle ne faisait pas le poids.
D’un geste presque réflexe, elle banda l’arc, pointant une flèche droit sur le visage du garde surpris.
« Un mouvement, tu es mort… » murmura-t-elle, durcissant son regard au maximum.
C’était une saleté d’esclavagiste, mais il était humain, et devait tenir à la vie. Avec un peu de chance, ses compagnons éviteraient de l’interrompre au milieu de ses agapes, même s’il avait malencontreusement renversé quelques armes au cours de ses exercices. Avec un peu de chance.
On ne peut pas dire que j’en ai eu des masses jusqu’ici, songea-t-elle.
Mais il était trop tard pour déguerpir.

Quête : liberté

Pris au dépourvu, l'homme n'esquissa pas le moindre geste. Il regarda, l'œil rond la jeune femme devant lui, l'arc à la main, prête à frapper. Vu la distance à laquelle elle se trouvait, elle aurait toutes les chances de faire mouche. Alors, mieux valait se montrer conciliant, dans le plus simple appareil mais conciliant tout de même. Dans l'espoir qu'il ne lui passe pas d'idées farfelues par la tête. Il leva les mains, sa compagne fit de même.

"S'il ne plait, ne tire pas … Tu vois, je ne suis pas en mesure de te faire du mal … Mais dis moi ce que tu veux au lieu de braquer ton arme sur moi, ça commence à devenir vraiment gênant tu sais"

Quête: Liberté

Qu'est-ce que je vais faire d'eux...
" Rhabillez-vous, ce sera un bon début..." grommela-t-elle à voix basse, sans baisser l'arc.
Les événements avaient pris une tournure tout à fait imprévue et qui n'arrangeait pas la rôdeuse. Elle n'avait jamais eu une idée précise de ce qu'elle allait faire, mais aucun des plans possibles et imaginables ne faisait mention d'un couple de tourtereaux dans le plus simple appareil. Il faudrait sans doute qu'elle les ligotte et les abandonne là, faute de mieux. Tuer de sang froid n'était pas son activité de prédilection.

Quête : liberté

Le garde et sa compagne se vêtirent le plus vite possible. Curieusement, le garde se cachait derrière la jeune femme pour éviter un coup malencontreux. On ne savait jamais avec ce genre de sauvageonne ...

Quand ses chausses furent remises en bonne et due place, il jeta un regard mauvais à la rôdeuse avant de lui demander :

"Et maintenant, qu'est ce que vous attendez de moi ? Que je vous libère peut être ? Réfléchissez, vous êtes toute seule contre tous. Vous n'aurez aucun moyen d'en réchapper vivante. Si vous me relâchez maintenant, ils pourraient se montrer cléments. J'insisterai auprès d'eux"