La Couronne de Cuivre

Alors que le groupe se mettait à avancer d’un bon pas, le diablotin se plaignit bruyamment :

– Ooooh, mes pauvres jambes !! Il faut dire que je n’ai pas l’habitude de marcher.

Puis il chouina et se reprit :

– Désolé, j’ai toujours rêvé de dire ça ! Rapport à une petite poulette que j’ai connu dans les abysses.

Frugo s'était arrêté net en rencontrant assez violemment un amas de beurre et de confiture de coing. Complètement sourd aux piaillements du gnome hystérique et aux émanations peu ragoûtantes encore accrochées à la barbe de leur leader, il entreprit de lécher ce qu'il pouvait de confiture, la ramassant du bout du doigt.

- Hé, c'est quoi ça ? fit-il finalement en pointant du doigt un point invisible dans l'obscurité des hauteurs de la grotte, obscurité qui allait grandissant au fur et à mesure de leur avancée chaotique.

La vue déjà très mauvaise, Degölas avait les larmes aux yeux, suite au petit incident qui venait de lui arriver. Il tenta d'essuyer ses paupières, puis vit que le halflin gourmand tendit le bras vers quelque point mal défini, plus loin dans le boyau. Qu'avait-il vu ? Etait-il doté d'une qualité, seulement ? L'infravision, bien sûr...

Gêné pour voir, l'elfe demanda au halflin encore barbouillé de confiture collante et sucrée à souhait :

"Alors, c'est quoi ? Un papillon ? Ah non, je sais : un marshmallow qui vole !"

Et, alors que tous se tournaient vers lui, il répondit, vaguement embarrassé :

"Euh... et, non, je n'ai pas mangé de Chiantos !"

Ne voyant pas beaucoup plus que les autres, le gnome eut un petit problème avec son intelligence trop développer, il se mit à imaginer. Mort de trouille à l'idée que quelque chose se tapissait dans les ténèbres, il se mit à hurler, oubliant qu'il était invisible même si une drôle de tâche restait visible et semblait flotter en l''air

"Mais... Mais, c'est peut-être un MONSTRE. A L'AAAAAAIDE!"

Il se mit à courir à toutes jambes, s'enfonçant bien plus avant dans la caverne, dans une direction approximative et aléatoire qu'il espérait passer loin de la chose. Sentant que hurler était une mauvaise idée, il fit une grosse bêtise qu'il crut intelligente.

Elgrad--)silence--)Elgrad

Il continua de courir en s'époumonant, s'enfonçant toujours plus avant dans l'obscurité sans plus émettre un son.

Voyons que son compère mystique cédait à un instant de panique, le diablotin vola à sa suite, tentant de le rattraper. En désespoir de cause, il s'essaya au lancement d’un sort pour le ralentir.

- Pas de soucis les amis, j'arrange ça !

Diabolo --->Hébètement--->Elgrad

Mais le sort s'accompagna d'une lumière octarine caractéristique.

- Oups !

Les choses allaient décidément trop vite pour l'arachnide qui ne comprenait plus rien à ce quise passait autour d'elle. Elle entendit soudain un bruit derrière elle et se retourna pour voir ce qui se passait.

Une grande forme sombre, avec à première vue plusieurs tentacules et qui poussait des griondements sourds assez désagréables.

L'Illithid, car c'en était un, lança une puissante attaque psionique sur la druidesse. Mais à son grand étonnement, il ne parvint pas à aspirer une quelconque parcelle d'intelligence.

Il s'inquiéta, aurait-il sous-estimé cette bande de minables ? Seul un puissant mage pouvait ainsi résister à ses attaques !

L'araignée, elle, réagit primairement : on l'attaquait, elle mordit !

Les restes de confiture goulûment avalés, le petit-homme fouilla dans sa besace en quête de quoi se mettre sous la dent. L'irruption d'une chose beaucoup plus grande et tentaculeuse que lui le fit néanmoins soupeser avec attention la situation. Son groupe semblait avoir besoin de lui. Son groupe, ses amis... qui l'avaient accepté, reconnu...

Après un long moment, un air déchirant de renoncement sur le visage, il secoua la tête avec un soupir, et sortit son meilleur fromage de sa besace.

Qu'il chargea dans son lance-pierre - quel malheur, un Spécial Crémeux de chez Piedpoilu, de trois semaines d'âge, mûr à point - et expédia en plein entre les deux yeux... enfin... tentacules oculaires de la chose qui s'escrimait à suçoter la cervelle de la duidesse.

Ses tripes se retournaient encore. Un fromage à tentacules, voilà ce qu'il entrevoyait de sa vision trouble... de quoi en avoir des cauchemars jusqu'à la fin des temps. Sans compter l'odeur de moisi qui accompagnait le laitage, et celle de cervelle à moitié digérée, le flagelleur... promenade de santé dans les enfers.

Degölas choisit la meilleure solution pour ne plus avoir à supporter ces flux sensoriels par trop puissants : courageusement, il tourna de l'oeil et s'évanouit en tombant comme une masse, au sol.

Pendant ce temps, l'illithid se débattait avec la pâte coulante qui s'entremêlait dans ses tentacules suceuses. Il voulait se diriger à l'odeur, pour débusquer une victime, mais la douce fragance de son nouvel ornement capillaire l'en empêchait désormais.

Aveuglé, la créature trébucha contre un rocher, et s'étala au sol, en s'empalant atrocement sur un tapis de stalagmites acérées, en poussant d'abominables hurlements qui résonnèrent dans toute la caverne...

Le gnome s'était un peu calmé finalement. Mais c'était bizarre, ça le...

Bordel de navet en boîte, c'était que ça grattait! Et pas qu'un peu. Il en oublia le bestiau de l'ombre ténébreux et terrifiant, se mit à se rouler par terre en se grattant comme un fou furieux et en poussant des couinements parfaitement inaudibles. D'ailleurs, il était réapparu, sa concentration, déjà fortement ébranlée, cette fois complètement en miettes.

Il se mit à se déplacer à cloche pied, usant de sa deuxième jambe pour gratter la première, et frottant sa tête contre son épaule. Occupé à se gratter le fond des narines -partie extrêmement sensible-, il ne vit pas qu'il dérivait vers le fond de la grotte. Et là, il y avait un passage.

Entre deux crises de gratouillis, il essaya bien de gargouiller quelque chose pour attirer l'attention, mais ses sorts étaient finalement vraiment efficaces. En désespoir de cause, sans arrêter de se gratter les bras et la poitrine, il sauta sur place le plus bruyamment possible, en donnant des coups de tête convulsifs dans la direction du boyau obscur.

Diabolo observa le petit gnome gigoter dans tous les sens. Ne comprenant pas où il voulait en venir, il se mit à se dandiner au même rythme. Progressivement, il prit goût à ce jeu, exécutant des pirouettes en tous sens. Entre deux fous rires, il s’adressa à Elgrad :

– Par les cornes du Golbarg ! Ce sort est fantastique : on dirait que tu as attrapé le démon de la danse. Un cousin à moi en fait. Un type qui n’a pas d’humour, crois-moi.

Poursuivant sa chorégraphie endiablée, Diabolo M’Anthe avisa qu’il manquait quelque chose au tableau :

– Hey, vous autres, venez vous amuser avec nous ! Vous jouerez avec les monstres après. Je suis sûr qu’il y en a un tas de gros et gras par là !

Puis, il ajouta pour lui-même tout en effectuant une figure particulièrement réussie :

- Dommage qu’il n’y ait pas de barde pour la musique cela dit.

**La druidesse gagne deux niveaux. La résistance à un monstre de niveau 18 sur la table des rencontres vous amène au niveau 0**

"Ooooh ! Mais c'est trop bien !"

**ce gain exceptionnel d'expérience vous permet de reprendre votre forme d'origine.**

Et dans un pouf magistral, la druidesse repris forme humaine, semblable à un petit (enfin plutôt à un gros) détail près...

Elle jeta un coup d'oeil autour d'elle : une tâche de vomi sous laquelle se cachait le gnome dansait dans les airs, accompagnée du diablotin. L'elfe était évanoui et le halflelin pleurait la perte de son fromage...

Elle se précipita sur le malheureux archer :

"Degölas ? Degölas ça va ? Diabolo vient voir : il est salement toucher ! Hum, avec mon gain de niveau je dois avoir un sort pour le soigner... Oui ! Dissipation de l'évanouissement !"

Et la druidesse lui assena une grade claque !

Frugo Leboucher suivit à quelques pas les sautillements frénétiques de l'insupportable gnome, accompagné des piaillements de Diabolo qui effectuait maintenant des loopings. Un peu éclaboussés, les trois parvinrent à une intersection. Trois branches plongeant dans l'obscurité la plus totale se séparaient. L'obscurité la plus totale ? Non ! Au bout de l'un des boyaux, l'oeil confituré du cuistot pensa déceler une vague lueur.

- Ça se mange ? fit-il en pointant du doigt ce qui pourait aussi bien être une luciole de mer qu'une torche.

Réveillé en sursaut par la douce druidesse qui avait fort heureusement repris son apparence normale - sans quoi l'elfe aurait de nouveau rendu le reste de son contenu stomacal - Degölas se releva promptement en tatônnant dans le vide, à la recherche d'un point de repère.

Malheureusement pour lui, tout ce qu'il parvint à toucher fut une partie de l'opulente poitrine de la belle druidesse... ne s'en apercevant pas tout de suite, il insista quelque peu, demandant :

"Mais... qu'est-ce que c'est que ce truc ?"

Le gnome suivait le petit homme et tout ce qui avançait à peu près dans le boyau après avoir tiré la langue au diablotin imbécile qui ne comprenait rien à rien, et laissant l'elfe tripoter la druidesse qui ne ressemblait plus à rien maintenant qu'elle avait repris sa forme originelle. Il se mit à faire des vocalises muettes pour s'occuper.

"..................................................
................................................
......EIHAHHEOUUUUUUUBREEUUUHZOOO.... Oh tiens, mon sort est fini. C'est bien ça."

On parlait d'une lueur. Encore un truc dangereux, qui sait. Il réfléchit quelques instants et très intensément puis trouva une idée géniale.

Elgrad--)invocation de monstres I--) couloir de la peeeeuuur

Un kobold miteux apparut devant lui. D'un geste de la main, il lui demanda de s'enfonçer dans le tunnel ou une lumière sourdait. lorsqu'il fut à bonne distance, il lança un second sort:

Elgrad--)flèche enflammée--)pauvre kobold pas défendu par la SPA

Un carreau flambant partit des mains du gnome et alla embraser la fourrure de la bestiole, qui s'enfonça en piaillant de terreur jusqu'à la source de lumière, illuminant tout le couloir d'une couleur rouge. Pour découvrir que ce n'était qu'un jeu de lumière, qui tombait d'on ne savait ou. Le kobold eut un sursaut et mourrut dans d'atroces souffrances.

Le diablotin cessa sa danse et dévisagea le gnome incendiaire :

– Alors ça ! C’était très méchant. Tu as gâché un bon kobold en le carbonisant, je suis outré, je les préfère crus et frrrrééét-t-tiyants !

Puis il voleta jusqu’à l’endroit où le kobold était tombé et examina la carcasse fumante.

– Venez, c’est sans danger ! A part l’odeur de chien brûlé. Pourvu que la druidesse ne soit pas un défenseur des animaux sinon le gnome va morfler !

"Mais heu ! Mais lâche moi tout de suite !"

**SGBAFF** La druidesse expédia une <s>seconde</s> deuxième baffe à l'elfe (oui, car ce n'était sûrement pas la dernière) qui retomba lourdement sur le sol.

Elle sentit alors une drôle d'odeur, se retourna et vit le gnome qui regardait en rigolant un kobold brûler.

"Vite imbécile, il faut le sauver ! Lance un sort, fais quelque chose quoi !"

Mais la bête à tête de chien acheva de se consumme sans que le gnome ne fasse un mouvement.

"Mais t'es trop bête, s'exclama-t-elle, ou tu le fais exprès ? Les animaux sont nos amis, il faut les protéger !"

Comme le gnome continuait à sourire, elle finit par comprendre :

"Quoi ? Ce n'est quand même pas toi qui a fait ça ?! Tu mérites une punition exemplaire !"

C'est ici que prend place l'un des évênements les plus étonnants de la magie contemporaine. Afin de venger le kobold, la druidesse lança un "charme-plante" sur la seule chose qui poussait dans le coin : des lichens, en leur ordonnat d'attaquer le gnome.

Aussi incroyable que cela puisse paraître, le sort fut une réussite car Elgrad glissa dessus. Si d'aucuns prétendent que c'est plus du à sa maladresse congénital qu'au sort de la druidesse, il ne faut pas les écouter : ce sont des mauvaises langues !

La druidesse, quant à elle, se précipité sur sa proie tombée au sol et la bourra de coups de pieds.

Pendant que la druidesse et le gnome se lançaient dans une mêlée fort peu conventionnelle au-dessus des restes d'un kobold grillé, Leboucher contemplait posément le trou dans le plafond. Il s'était vite désintéressé des restes de l'homme-chien - non pas qu'il n'eût pas su comment l'assaisonner, mais il était un peu calé, et de toute façon, il mâchouillait un bout de saucisson.

Alors que M'Anth voletait autour de lui, Frugo, d'un saut léger, attrapa les pattes du diablotin. Conformément à ce que son esprit peut-être limité à la cuisine mais résolument pratique avait prévu, celui-ci tenta de s'en désolidariser en s'envolant à tire-d'aile, même si un peu en zigzag, cognant le plafond là où il y en avait de sa tête, au lieu de faire le contraire - traîner le halfelin à terre.

Il se frottait énergiquement les joues, maintenant, en comprenant seulement ce qu'il venait de faire. Mais, pas le temps de se confondre en excuses, la diabl... druidesse s'en prenait déjà au "malheureux" gnome qui subissait une volée de coups, pour avoir grillé une sale bête puante... le tableau le désespérait.

D'autant qu'il venait d'aviser, du coin de l'oeil, l'autre halfelin qui passait son temps à vouloir jouer les filles de l'air avec le petit monstre malfoutu. Ne devrait-il pas les tuer, et s'en débarrasser ? Cela serait sans doute plus facile...

Il avançait lentement, craignant de ne pas voir les obstacles sur son chemin, lorsqu'il trébucha sur le gnome, toujours affalé au sol, et gesticulant à qui mieux-mieux afin d'éviter les coups de la druidesse. C'était réussi : il parvint à faire tomber Degölas sur lui, et la barbe de l'elfe vint l'étouffer, plaquée sur ses narines et sa bouche. Câlin fort mignon s'il en fut...

"Eh selle... mais qu'est-ce que j'ai fait aux dieux pour finir ici ?"

Mais q'st-ce que c'était que cette folle, enfin? Il les éclairait, et voilà comment on le récompensait. Quelle atrocité. Il tenta de se débattre et d'esquiver, ayant quand même une petite répugnance à bousiller le peu de cervelle de ce qui fut une fois une gnomesse des plus séduisantes.

Ce fut ce moment que choisit l'elfe pour venir lui mettre sa barbe dégoûtante sur la figure.Non, mais là, il y a avait des limites. Des choses qui font peur, soit. des diablotins crétins qui vous filent la gratouille, soit. Des druidesses aliénées, soit. Mais pas ça.

Elgrad se dégagea, se releva et vomit sur l'elfe. Ca lui apprendrait. Tout de suite, il se sentit mieux, et esquiva avec une grâce inouïe un nouveau coup de botte de la druidesse.

"Toi, tu commençes à me chauffer les oreilles."

Elgrad--)charme personne --) la truie d'esse hystérique

Sur ce, il décida de s'amuser un peu, et la fit embrasser le gros plein de vomi.

Sous les ordres du gnome, la superbe jeune femme commença à embrasser langoureusement l'elfe qui était toujours allongé sur le sol.

Alors que l’elfe, la druidesse et le gnome se livrait à des jeux à faire rougir un diablotin, ce dernier perdit progressivement de l’altitude, déséquilibré et fatigué par le poids de son boulet personnel.

– Tu vas me lâcher, oui ? Espèce de débile !

En se contorsionnant suffisamment, il parvint à jeter un rayon de givre vers le halfelin. Inexplicablement, ce rayon se détourna vers le sac à dos du petit être, congelant instantanément son contenu. D’horreur, celui-ci lâcha l’affreux diablotin et tomba sur les trois autres compagnons, d’une hauteur de 2 mètres.

– Et voilà, ça t’apprendra ! Avec un peu de chance, ça se mange encore en sorbets !

L'équilibre légendaire des petites-personnes fit atterrir Frugo dans une position à peu près décente.

- Aïe.

Se rasseyant plus confortablement sur le tas humanoïdo-elfico-kobold, il entreprit de dégeler les lanières de son sac afin de constater l'étendue des dégâts. La thermos avait éclaté sous la pression du liquide dilaté. Finissant d'éliminer les dernières morceaux de faïence, il lécha d'abord à petits coups de langue sa trouvaille, puis plus goûlument la nouvelle glace au thé.

L'elfe hurla en recevant le vomi du gnome sur lui. Mais, que dire, alors que la druidesse se mit à l'enlacer langoureusement, et à lui léchouiller le visage de sa langue baveuse ? On ne l'avait pas prévenu, qu'il allait tomber dans les plus profondes abysses... était-ce là un châtiment parce qu'il n'était pas assez prompt à accomplir sa mission ?

Toujours était-il qu'il devait réagir. Il repoussa la druidesse, puis se mit à la baffer copieusement :

"Mais tu vas cesser, sale bête ? Dégage ! Allez, ouste !" cracha-t-il en lui retournant un splendide revers de la main. Puis, voyant qu'elle reculait enfin, il dit à plus haute voix :

"Bon, maintenant, le prochain qui fait le débile, je le trucide à coups de hache !!!"

"Mais, tu n'as pas de hache" lui dit une petite voix, dans sa tête
"Je sais, c'est pour la frime
- Tu parles... tu t'es vu, avec ta carrure de Musclor et ta face de rat musqué ?
- Mais je te proute, moi !"

La schizophrénie n'était pas loin... surtout qu'il répondait à haute voix...

La druidesse reprit ses esprits sous la puissance du choc et sans bien comprendre (mais elle commençait à avoir l'habitude) ce qui lui était arrivé).

Laissant là cette bande baltringues ("Ah les mecs !") elle décida d'avancer dans le couloir histoire d'échapper à ces cinglés.

Bah pour ce qui est d'être débile, il pouvait parler, celui-là. Il avait la bonté de le faire embrasser par une créature sexuellement désirable pour lui et voilà comment il réagissait. Pff.

Bon, a vrai dire, il n'avait pas tort, il valait mieux qu'ils avancent un peu. La druidesse d'ailleurs avançait déjà, l'air très déterminée. Il lui emboîta le pas en haussant les épaules.

Il débarquèrent dans une nouvelle salle...

Le diablotin, libéré du poids du halfelin, s’engouffra dans le tunnel le plus à droite à toute vitesse. Arrivé, dans une vaste salle remplie de stalagmites, il ne prit pas la peine de ralentir sa course avant d’emprunter un tunnel sur sa gauche. Au bout d’un mètre, il s’arrêta brusquement devant une silhouette déterminée, avançant dans sa direction. Il se mit à piailler à l’attention de ses compagnons :

– Vite ! A l’aide ! Il y a du monde, ici ! Sans doute un groupe de dopplegänger qui a pris nos apparences. Mais ces idiots ne sont pas assez nombreux pour avoir falsifié la mienne ! A l’aide !

Devant la mine déconfite et ahurie de la druidesse et du reste de la troupe, une lueur de compréhension traversa l’esprit tordu de Diabolo :

– Ah ! C’est vous ! J’ai cru que des métamorphes… Oui, bon, tout le monde peut se tromper, hein ?

Parmi les membres de la troupe, seul le petit cuistot ne fixait pas d'un air courroucé le diablotin farceur. C'est ce qui lui permit de lancer, la bouche à moitié pleine de glaçons au thé, pointant du doigt un point dans la pénombre des stalagtites - ce qui, apparemment, consistait en l'essentiel de ses actions, mais du moins faute d'être original était fait avec une certaine expérience :

- Attenchion, derrière toi, un balor !

Il hoqueta en entendant l'avertissement du halfelin, et suivit tant bien que mal la direction qu'il indiquait, de son bras apparaissant vaguement dans un nuage de brumle trouble... C'est qu'il n'y voyait rien ! Alors, balor, sirène ou troupeau de boeufs, c'était du pareil au même pour lui.. du moins, à la vue. Quant au danger, c'était une autre paire de manches...

Il fixait l'obscurité en fronçant les yeux, tentant de déceler un mouvement, un déplacement... mais rien ne vint. Les autres semblaient d'ailleurs en faire autant, car il n'entendit plus rien non plus. Etaient-ils tous évanouis à la vue de l'horrible monstre ? L'aspect pratique de la myopie poussée...

Mais ils devaient le combattre, et sauver Téhuvé de ses griffes démoniaques. Aussi, bravement - ou inconsciemment, quelle est la différence ? - il s'avança vers l'endroit où devait se trouver le démon, et arriva fièrement devant...

... ce qui se révélait être une statue de balor, taillée à même le calcaire, dans la grotte. Une reproduction fidèle, n'était ce que le mouvement et la paroles, bien sûr... et encore heureux. Parce qu'avec leurs sorts minables, et ses talents d'archer amoindris, ils n'auraient pas fait long feu...

Soudain, un craquement se fit entendre, et la chose se mit à parler.

"DITES, VOUS POURRIEZ FAIRE UN PEU MOINS DE BRUIT ?"

Degölas sentit ses pantalons s'inonder.

"M'maaaaan, au s'cours !"

En quelques petits pas, Frugo fut aux pattes de la volubile statue.

- T'veux une glace ? demanda-t-il en tendant son moignon de thermos gelé vers des hauteurs que dans la brume il ne percevait même pas.

"Oh ! Un monstre !", dit la druidesse émerveillée.

"Excusez-nous de vous avoir dérangé Monsieur ! Nous sommes à la recherche de la Princesse Téhuvé, dès que nous l'aurons retrouvée, nous quitterons les lieux."

Elle hésita quelques instants puis ajouta :

"Mais au fait, vous vivez ici ? C'est pas trop démoralisant cette obscurité alors qu'il y a du soleil dehors ? Et puis toute cette humidité, c'est mauvais pour le teint ! Je suis sûre que ça explique la texture de votre peau. Vous feriez bien de sortir prendre l'air de temps en temps."

La Couronne de Cuivre

[One-shot] Sauvetage de la princesse Téhuvé