[Lieu] Sur la Houleuse

[Mornagest]

Le petit-homme fut le premier à faire les poches du magicien mort. Ses frusques avaient bien brûlé, et le contenu risquait de se limiter à des cendres fumantes...

Il trouva néanmoins une petite bourse contenant une trentaine de pièces d'or, et un anneau en or monté par une petite émeraude au doigt du défunt nécromancien.

Rien de plus ; ni missive, ni journal...

[Finrod Felagund]

Finrod ne dit rien. En homme d'expérience, il savait parfaitement dissimuler ses émotions. Il en aurait toutefois hurlé de frustration: pas une lettre ni une note concernant les relations du défunt mage. Tout avait été très bien planifié.
Finrod s'adressa alors à Noumn'nin:

[LEFT]- Puis-je... examiner l'anneau ?

Les premiers mots qu'il prononçait depuis son réveil, des mots éraillés, rauques, manquants de se briser.
Noumn'nin, le lui tendit. Il le remercia, puis l'observa avec précaution et intérêt. Il ne le passa pas au doigt, car il pouvait, si une magie l'enchantait, avoir des pouvoirs magiques inconnus, voir être maudit.
[/LEFT]

[Mornagest]

Le mage avait quelque habitude des artefacts magiques ; d'ordinaire, ils dégageaient une légère aura, que seuls les initiés pouvaient percevoir. De temps en temps, une vibration, une sensation de chaleur, ou au contraire de froid... un choc électrique au moment où on s'en empare, ce genre de choses. Mais là, rien de tout cela. La bague semblait simplement être un bijou décoratif, très esthétique au demeurant. Elle avait probablement une valeur relativement importante. Aucune inscription n'était visible sur le métal.

[Finrod Felagund]

Finrod s'interrogea. Si le magicien était équipé de manière aussi sommaire, cela signifiait sans doute qu'il était un laquais.
Etrange...
Qui donc dirigeait tout depuis l'ombre, qui avait intérêt à ce qu'ils échouent dans leur mission ?
Finrod n'avait pas de certitude sur ce point, juste des hypothèses.
Il s'adressa à Noumn'nin:

- Tiens, met-le avec l'argent que nous a donné Morcar pour le voyage.

Ces mots ramenèrent encore une fois ses pensées au nain et aux hommes qui l'accompagnaient.
Avaient-ils subis des attaques ? Ou bien...
Il décida d'aller parler à Bertrand pour voir où en était la situation, et par-là même lui demander à accélérer le rythme de voyage.
L'elfe craignait qu'ils n'arrivent trop tard. Or, ils ne pouvaient se le permettre.

[Sylveneïssa]

Sagement assise, la lythari contemplait ses compagnons tandis qu'ils se précipitaient pour piller le cadavre. Des rondelles de métal jaune, un cercle du même métal avec une pierre dessus : le petit voleur exultait, mais le mage elfe semblait déçu. Rien de magique là-dedans, elle pouvait le sentir ; aucune information non plus sur l'identité de leur adversaire, ou celle de ses commanditaires, le cas échéant.

Le nécromancien travaillait-il seul, sans doute pas. En avaient-ils fini avec cette menace, sans doute jusqu'à Anarelis, mais une fois là-bas ? Les questions demeuraient sans réponse, mais pour l'heure, ils devraient se contenter d'être en vie. Peu soucieuse des quelques richesses récoltées, Sylveneïssa se traîna - boitilla - clopina assez lamentablement jusqu'au navire, où elle prit dans sa gueule son sac et ses vêtements, avant d'aller de nouveau disparaître derrière une dune. A son retour, elle avait repris une apparence à peu près présentable : à ceci près qu'une partie de ses cheveux blancs étaient brûlés à la pointe et que son bras cassé lui causait une douleur à hurler. Elle retourna rapidement au navire, descendit dans la cale, et n'en ressortit pas avant d'avoir réussi à se faire une attelle de fortune avec une planche de caisse et quelques bandelettes de chiffon. Au moins la fracture était-elle immobilisée...

A son retour, Finrod était en train de parler avec Bertrand, et les guerriers achevaient d'ensevelir les corps et soigner les blessés.

[Mornagest]

Cette violente attaque témoignait de l'ardeur avec laquelle ce magicien voulait les arrêter. Qu'il travaillait seul était improbable ; s'il avait simplement voulu les piller, il aurait tout aussi bien pu se rabattre sur des marchands plus riches, et moins bien gardés. Eux n'avaient rien de valeur, rien, sinon leur habileté au combat, et les informations dont ils disposaient avant d'embarquer vers Éternelle-Rencontre...

Durangaud était soucieux ; on le serait à moins dans une situation pareille. Il parlait à tout le monde.

"Bien... il va falloir se dépêcher. D'abord, les autres se font assassiner brutalement, puis ce mage revient à la charge et manque nous éliminer, sans le courage fou de ces inconscients" il désigna les trois aventuriers qui avaient pu désarmer le mage et le tuer avant qu'il commette plus de dégâts encore "nous serions morts à l'heure qu'il est. Je suis d'avis de réembarquer et de naviguer à fond de train, sans plus faire d'escale. D'ici trois jours, nous aurons gagné Anarelis. En pleine mer, nous serons moins exposés à des assaillants autres que des pirates... du moins je l'espère. Si tout le monde est prêt, on rembarque !"

Tout fut rapidement prêt, et le navire reprit sa route vers Anarelis, cette fois sans encombre. Les trois derniers jours se passèrent à soigner les blessés, panser les plaies morales reçues, et échafauder des hypothèses, parfois farfelues, parfois terriblement réalistes, sur l'identité et les moyens des assaillants...

Le bateau arriva enfin au port mélandien.