[Lieu] Un vallon dans les ténèbres...

[Arya Du Varden]

Arya n’adhérait pas à l’idée de Taliesin, mais l’écouta attentivement jusqu’au bout, tout comme les paroles d'Astrée. Elle s'adressa à tous simplement pour faire partager ses réflexions.

¨Envoyer des animaux, certes cela surprendraient les Sharites, mais ils ne pourraient être dupes, ils se douteraient que non seulement nous arrivons, mais que de plus nous possédons des dons magiques, tout comme de leur faire croire qu’une armée approche, ne ferait que faire monter les enchères avant même que nous soyons sur les lieux.

Je connais également le sort d’invisibilité, mais je crains que là aussi ils aient prévus ce cas de figure pour surveiller les parages. Mieux vaut garder cette possibilité une fois que nous serons dans la tour ou tout du moins bien avancé.

Je suis consciente des risques pour Belenn, mais c’est à mes yeux la meilleure solution même si je pense qu’ils ne seront pas le dix à chercher le pourquoi de la chose et que les risques resterons particulièrement élevés pour tous.

Pour les combats, nous risquons le plus vraisemblablement de devoir les affronter individuellement et c'est justement là que nous devons étudier les forces et les faiblesses de chacun en fonction de leurs spécificités puisque que nous les connaissons, nous reconnaitrons facilement leur tactique et pourrons les identifier. Donc si le cas se présente, nous serions au moins préparé à cela puisque c'est notre seul indice.

Mais je pense que le principale et de savoir si nous acceptons d’y laisser nos vies, je sais que c’est dur de parler ainsi, mais c’est la réalité que nous affronterons demain et qui risque bien de faire la différence.

[Galathée]

Belenn posa une main amicale sur le bras d’Astrée qui s’était tue brusquement. C’est cependant Taliesin qu’il regarda en reprenant la parole, et il sourit.
« J’apprécie votre souci, mais Arya a raison sur le premier point. » fit-il. « Ce qui va déclencher l’alerte chez les Sharites, ce n’est pas de vous voir, ou la vitesse d’une progression… C’est le simple fait que votre bonté intrinsèque va entrer en contact avec le maléfice dont sont chargées ces ténèbres. Votre invisibilité, votre coursier fantôme n’y changeront rien. Et si les Sharites savent que nous arrivons… Ils peuvent faire beaucoup de choses. Ils peuvent tuer Albérich. Ils peuvent sans doute aussi se téléporter ailleurs. C’est pour cela aussi que je pense qu’il ne doit pas être question, à aucun moment, d’attaquer cette tour. Vous devez l’infiltrer, sans vous faire voir ou entendre. Et je ne pense pas que vous aurez à les combattre séparément. Vous devrez les éliminer, ou les neutraliser, discrètement et un par un. Si un seul d’entre eux atteint le conseiller avant vous, tout est potentiellement fini. Il suffit d’un coup de couteau pour réduire cette mission à néant. Et vous minimisez vos forces et surestimez les miennes. Vous êtes largement pourvus en potions de soins, Arya et Aidan de Respelm y ont veillé. Vos chants, Taliesin, peuvent galvaniser les troupes aussi efficacement que n’importe laquelle de mes prières. Astrée et Kasumi peuvent se glisser dans les ombres, Taliesin et Arya, vous maîtrisez les arcanes. Vous pouvez vous en sortir sans moi et sans qu'aucun d'entre vous n'y reste... Vous vous êtes engagés sur des idéaux, en cela, votre démarche est admirable... Vous n'avez pas besoin d'imaginer le pire. »

[Taliesin]

Taliesin fit la grimace et jeta un regard à ses compagnons. Mais il vit bien que ni Arya ni Kasumi ne l'aideraient à faire changer Belenn d'avis. Avec celui-ci, ils formaient la majorité. La messe semblait donc dite.
-Fort bien, puisque ce plan est le seul possible et que vous tenez absolument à vous sacrifier, Belenn, je ne vais pas perdre mes forces à discuter. lâcha-t-il en croisant les bras.
Il secoua lentement la tête, puis reprit.
-Mais ne comptez pas sur moi pour en faire de même. Je ferai tout mon possible pour sauver le conseiller, mais je ne courrai pas au suicide. Pour répondre à votre réponse, Arya... Non, je ne suis pas prêt à sacrifier ma vie. Pas à l'envisager d'emblée, en tout cas. J'ai une famille et la retrouver est la chose à loaquelle j'aspire le plus. Ne vous méprenez pas sur me spropos : je ne faillirai pas et je ne fuirai pas. Si je dois tomber, je tomberai. Mais je ne tenterai pas d'action désespérée.
Le barde lorgna le feu, un instant.
-Quant à nous assigner à chacun une cible prioritaire parmi les quatre Sharites... Oui, c'est une bonne idée. Si les choses se déroulent d'une façon qui ne nous permet pas de les atteindre, tant pis. Mais au moins, nous y auront réfléchi. Le seul problème, c'est que, personnellement... Je ne vois pas qui combattre parmi ces clercs. Alors si vous avez des préférenes de votre côté, ne vous privez pas.

[Galathée]

La réaction de Taliesin sembla ébranler Belenn de manière imprévue.
« Attendez. » fit-il alors.
Il pinça les lèvres et croisa les bras.
« Je pourrais altérer l’aura de tout le monde. Nous pouvons entrer tous en même temps dans le vallon. Cela me forcera à réduire mes possibilités par ailleurs, et il faut que je vérifie ce qu’il me reste comme parchemins, mais… Mais cela nous permettrait d’agir de concert. J’avais compté partir dès ce soir, mais si vous me laissez le temps de me reposer… Peut-être pouvons-nous repousser les hostilités et changer nos perspectives. »

[Arya Du Varden]

Les paroles de Taliesin et l’hésitation de Belenn eurent un effet foudroyant sur l’entité drow qui habitait Arya. Jamais, elle n’aurait accepté que l’un de ses guerriers se permette la moindre pensée négative ou la plus petite hésitation. Elle sentit cette faille qui jusqu’alors lui avait échappé et dont elle n’avait su profiter que par une faiblesse de l’elfe alors que la colère qu’elle avait eu à cet instant avait dû être le détonateur. Il lui fut difficile de passer cette barrière qui la maintenait dans l’ombre, mais elle réussit à contrôler le minimum qui lui était indispensable.

Arya regarda tour à tour ses coéquipiers, sa voix était étrangement calme et assurée, à la limite autoritaire, une pointe d’un accent que la magicienne n’avait jamais eu y pointait..

Je peux avoir une âme aussi noire et sanguinaire que la leur, nul besoin de térgiverser, je peux vous accompagner Belenn. Une fois l'interfac détruit, il ne restera plus qu’à espérer que si nous n’avons pas le choix des adversaires, c’est moi qui me trouverai face à Calme Peril. Un sourire étrange paru sur son visage. Ne pensez pas que ce soit un suicide ou un sacrifice. J’ai de longues années d’expérience des combats déloyaux, par conséquent, je suis la plus à même de parer ses coups et de lui en porter et s’il compte connaître ma position grâce à mon âme de bonté, il devra vite désenchanté. Même si il l se noie dans le noir, je saurai le repérer au moindre mouvement, il y a des sens qui se développe comme le font les aveugles.

[Voyageuse]

Astrée avait écouté sans les entendre les paroles prononcées par ses coéquipiers. Ils parlaient de savoir s'ils étaient prêts ou non à mourir... Elle pâlit davantage. Puis Taliesin parla lui aussi de se répartir les adversaires… Et de nouveau, cette idée la révulsa. Elle n'entendit pas la réponse de Belenn.
Tuer la répugnait au plus haut point. Son mentor lui avait appris à respecter la vie... Tuer quelqu'un, même très mauvais, c'est lui ôter toute chance de changer un jour de voie....
Mais il n'y avait pas que ça... Ces hommes et cette femme qu'ils s'apprêtaient à combattre, ils avaient un jour été enfants, ils avaient eu un père et une mère qui sans doute les avaient chéris plus que tout, et qui les aimaient encore en dépit de tout. Ils avaient peut-être un conjoint, des enfants qui les attendaient quelque part.... Et qui auraient le cœur brisé en apprenant leur mort.
Toutes ces pensées tournoyaient dans son esprit, la paralysant. Jamais elle ne serait capable de tuer de sang-froid. Sans doute, dans le feu de l'action, pour défendre sa vie ou celle d'un de ses compagnons. Mais planifier ainsi… C’était au-dessus de ses forces.

Elle n’était pas en état de remarquer la transformation qui s’était opérée en Arya, mais ses paroles parvinrent à sa conscience, aggravant encore son malaise. Elle voulut se lever, sortir prendre un peu l’air, mais ses jambes refusèrent de la porter. Ses compagnons la virent tituber, puis se rassoir.

- Je suis désolée… C’est juste que… Ca me met mal à l’aise de faire ainsi des plans pour tuer des êtres humains. Je… Je sais qu’on n’a pas d’autre choix. Mais… Ce n’est pas si simple. Prendre une vie, c’est quelque chose de grave… On lui enlève tout espoir de devenir meilleur, on brise peut-être la vie de proches qui l’attendaient, d’une mère…. Je ne sais pas comment vous faites pour arriver à en parler aussi froidement. Moi… Je ne peux pas.

Sa voix était rauque, et elle se sentait presque au bord des larmes, mais réussit à se maîtriser.
- Et puis, comment pouvez-vous ainsi parler d’être prêts ou non à mourir ? Nous sommes tous conscients des dangers de cette mission, mais nous ne devons pas partir dans l’optique d’y laisser notre peau où nous risquons de la transformer en mission suicide ! Pour moi, en un sens ce n’est pas grave s'il m'arrive quelque chose, je n’ai plus personne au monde. Mais vous… Vous avez tous une famille, ou au moins des proches qui vous attendent. Comment pouvez-vous envisager ainsi, froidement, de ne pas revenir ? Vous imaginez la douleur que ce serait pour eux ? J’ai perdu ma fille et mon compagnon l’an passé, je sais la souffrance que c’est, ça m’a démolie… Il faut partir en étant décidés à tous revenir vivants !

Elle se sentit soudain un peu honteuse d'avoir ainsi interrompu les débats. Cela ne lui ressemblait pas. Elle devait vraiment avoir les nerfs à fleur de peau pour réagir ainsi.
- Excusez-moi... Je ne voulais pas vous interrompre. Je sais qu'il est important d'établir une stratégie.

[Kasumi]

Quête : un désir de crépuscule

Le rôdeur jeta un regard sombre à l’adresse d’Arya sentant quelle cachait un sombre secret qui pouvait tous les mettre en péril. Mais l’intervention d’Astrée le coupa dans son investigation et il ressentit un élan de compassion pour la rôdeuse.

- Personne ne m’attend mais je n’en suis pas pour autant décidé à sacrifier ma vie. Si l’un de nous fait défaut de cette façon, c’est tout le groupe qui s’en trouvera affaibli. Plutôt que de nous répartir nos adversaires, pensons d’abord à nos forces. Chacun d’entre nous doit préférer défendre un compagnon qu’éliminer un adversaire. La vie de l’un des nôtres vaut largement plus que celle d’un adversaire, ne l’oubliez pas. C’est pour protéger le groupe et Albérich que nous nous battrons, pas par esprit de vengeance ou de querelle. Êtes-vous d’accord pour vous choisir un coéquipier qui veillera sur vous et sur lequel vous veillerez ? Le dernier d'entre nous sera protégé par les deux groupes car sa mission est de protéger Albérich.

[Voyageuse]

Astrée se sentit un peu rassérénée par les paroles du rôdeur. Oui, il était important de veiller les uns sur les autres.
Elle lui adressa un sourire, encore bien pâle :
- J'aurais tendance à dire que tous doivent veiller sur tous, et que dès que l'un de nous est en danger les autres doivent tenter de le secourir. Mais je comprends ta stratégie... Simplement, avant de parler de la façon dont nous allons combattre, il me semble important de réfléchir à notre objectif. Comme tu l'as dit, nous sommes ici pour sauver Albérich. Pas pour combattre à tout prix. Bien sûr, nous serons forcés de nous battre lorsque l'un de nos adversaires se dressera contre nous, et alors nous aviserons. Mais le plus urgent est de déterminer comment trouver et libérer leur otage.

Elle prit une inspiration.
- Je pense qu'il nous faut absolument trouver et détruire l'artefact qui crée cette obscurité. Pas seulement parce qu'il leur permet de détecter notre présence, mais aussi tout bonnement parce que sinon on n'y verra rien. Et cela nous permet en outre de créer l'indispensable diversion. Je pense aussi qu'il faut opter pour une approche discrète. Kasumi et moi pouvons nous glisser jusqu'à la tour sans être repérés, et vous autres magiciens connaissez sûrement des sorts qui vous permettent de faire de même. Et une fois à la tour, il faut absolument parvenir jusqu'à Albérich sans que l'alerte soit donnée, ce qui impose, si on nous voit, de réagir très vite et de concert. Une fois qu'on aura trouvé Albérich, ils tenteront sans doute de nous arrêter, et nous devrons combattre. Et là il sera important de rester unis, c'est ainsi que nous aurons les meilleures chances.

[Galathée]

Belenn semblait plus abattu qu’autre chose à l’idée d’entraîner tout le monde dans le vallon à sa suite, mais il n’ouvrit plus la bouche, la mine pensive. Il écouta les interventions de ses compagnons sans réellement y réagir, l’esprit manifestement ailleurs, puis se leva.
« Je reviens dans un instant. » dit-il simplement, avant de sortir au dehors.

[Taliesin]

Lorsqu'Arya parla, le barde lui jeta un regard aussi incisif que dérouté. Des images lui revinrent en mémoire, celles d'une ombre furieuse se jetant sur un guerrier mort-vivant et, d'un coup d'(un seul, le réduisant en esquilles. Quel était donc le secret que cachait la magicienne et qui lui permettait de combattre ainsi ? Quel noirceur enfouie pouvait-elle ranimer pour dissimuler son âme ? Etait-ce quelque chose de semblable à ce qu'il...
Mais ses réflexions furent interrompues par l'intervention d'Astrée. Laquelle le laissa muet. Ainsi donc, tels étaient ses fantômes. Telles étaient les images dont s'étaient servis les spectres de la forêt hantée... Au-delà de la compassion, il éprouva un profond respect pour la jeune femme. Elle avait survécu à quelque chose que lui-même ne pourrait jamais surmonter. Jamais. La simple idée de perdre... Non, il ne valait mieux pas y penser. Mais elle avait survécu, et continuait à aller de l'avant. Elle avait même accepté de courir le risque d'affronter à nouveau ses fantômes... Alors, ce ne serait pas quelques Sharites qui parviendraient à la faire flancher...
Le barde écouta la suite de la conversation d'une oreille distraite, mais s'efforça de se concentrer à nouveau lorsque Belenn quitta la tente. Ils étaient tous fatigués : il fallait régler au plus vite les détails de l'opération puis se couler sous leurs couvertures afin d'y glaner quelques heures de sommeil. Les dernières avant l'affrontement...
-Si Belenn peut tous nous mener à la tour sans que les Sharites nous repèrent, je pense que c'est notre meilleure chance. Et une fois à l'intérieur, je suis d'accord avecx l'idée d'une infiltration : l'assaut nous serait fatal, ainsi qu'à Albérich, et nous avons tous les compétences pour nous montrer discrets. Je ne suis pas non plus contre l'idée de composer des binômes complémentaires, d'autant qu'il nous faudra peut-être nous séparer. Nous ne savons pas où est emprisonné le Conseiller, et il faut impérativement qu'au moins deux d'entre nous soient au plus vite à ses côtés pour empêcher qu'on ne le tue ou qu'on ne l'amène ailleurs.

[Arya Du Varden]

Alors que ses coéquipiers parlaient, Arya sentait qu’elle n’était plus maîtresse de son corps. Dans l’impossibilité de réagir, elle resta silencieuse autant face à la détresse d’Astrée, qu’à la méfiance qu’elle avait lue dans le regard du rôdeur et aux paroles qui suivirent. Le départ de Belenn l’indifféra et le regard du barde l’amusa alors qu’elle soupçonna qu’il venait probablement de comprendre à qui il devait la vie.

Il y avait en l'elfe un orage de mots qui étaient accompagné d’étranges sensations de vertige qui la saisissaient alors qu’elle perdait ou reprenait le contrôle de son corps. Elle comprit qu’elle n’avait d’autre choix que d’accepter l’incontournable pouvoir qu’aurait dorénavant l’entité et ne chercha plus ni à la contrôler, ni à tenter qu’elle mesure les paroles acerbes qu’elle n’avait de cesse de prononcer.

Arya n’était plus qu’un esprit prisonnier, l’entité avait pris le pouvoir. La peau de l’elfe perdit rapidement sa couleur laiteuse pour devenir de plus en plus sombre. Son regard devenait luisant comme des dagues effilées. Son attitude fière et hautaine. Sa voix dure et sèche.

Mon nom est Phylacrypte Yoegh’il’rgmmin pour le reste peu importe qui je suis. La seule chose que vous devez savoir est qu’Arya est consciente de ma présence, mais dans l’impossibilité d’en parler et qu’elle le veuille ou non, j’ai peux prendre le pouvoir à ses dépends. Donc, inutile de lui poser des questions. Et ici au moins l'un d'entre vous c'est que je suis déjà intervenue. Alors regardez-moi comme si je fus elle.

La drow se saisit de menus objets qui se trouvaient à sa portée qu'elle déplaça au fur et à mesure de ses paroles.

Voilà la tour, nous savons qu’il y a dix sharites dont quatre particulièrement dangereux, il y a le prêtre et peut-être des paladins prisonniers. Mais où sont-ils ? Nous l’ignorons ! L’idéal serait de le savoir, certains d’entre nous iraient délivrer les paladins et les autres le prêtre … doux rêve que je veux bien vous accorder. Il faut être conscients qu’au premier combat, car même si nous pénétrons en toute discrétion nous ne pourrons l'éviter, toute la maisonnée sera en alerte et nous pouvons être certains que la première chose que les ennemis feront chacun de leur côté est de se précipiter là où se trouve le prêtre pour le trucider. Eux, ils savent où il se trouve, nous pas et nous pourrons compter sur leur présence pour nous barrer le chemin. Alors rester ensemble pour protéger nos vies cela me semble une utopie à laquelle il vaudrait mieux ne pas trop se raccrocher. Il n’est d’avis que nous devons nous séparer pour couvrir le plus possible de terrain, Belenn ne devant s’occuper que de retrouver le prêtre et il a les moyens de contrer les quelques sharites de second ordre. Ainsi les plus puissants se verront barrer la route et éliminés.

Souvenez-vous du combat de l’autre nuit. Aucun plan n’avait été prévu et chacun est parti sans se poser de question quant’à la force de celui qui lui ferait face. Vous avez vaincu certes, mais cela fut de justesse et sur un terrain où par chance ’intervention entre vous était aisée, mais vous auriez pu y rester.

Maintenant si vous voulez renouveler l’expérience, je n’ai pas le pouvoir de vous forcer à quoi que ce soit d’autant que je lis la méfiance dans vos regards. Partez dans l’idée que vous reviendrez tous pour vous être protégés les uns les autres et posez votre regard sur la dépouille de votre prêtre.

Les dernières paroles prononcées, la drow reprit la place qu'elle occcupait depuis de nombreux mois. Arya revdevint elle-même alors que sa peau reprenait petit à petit sa couleur laiteuse. Dans son regard se lisait la crainte de se voir rejetée, d'autant qu'elle serait incapable de répondre aux questions qui risquaient de lui être posées.

[Kasumi]

Quête : un désir de crépuscule

La réaction du rôdeur ne se fit pas attendre et fut plus violente qu’il ne l’aurait voulu tant il était pris au dépourvu par la brusque transformation d’Arya. Elle remémora en lui des souvenirs récents qui l’avaient vu triomphé de l’entité qui l’habitait alors.

- C’est un bien néfaste présage que celui de découvrir une drow parmi nos compagnons, Arya. Mais est-ce bien toi ou nous caches-tu d’autres sombres secrets ?

Refusant de croiser le regard de cette dernière, il poursuivit à l’adresse de ses autres compagnons :

- Je pense qu’il faut éviter de nous disperser sans nécessité. Belenn peut sans doute nous mener jusqu’à la tour en trompant la vigilance de nos ennemis et saura détecter l’emplacement de l’artefact à partir de là. En tout cas je l'espère.

[Arya Du Varden]

Les paroles et le regard fuyant de Kasumi mirent au plus mal la magicienne. Ce n’étaient que quelques mots, le ton violent n’était pas loin de la haine qu’il portait aux elfes noires et ne masquait guère ses accusations quant’à ce qu’il pensait de la magicienne. Cette réaction vint frapper de plein fouet l’elfe qui eut au moins espéré que leurs regards se croisent, mais même cela ne lui fut pas donné. Il venait de la rejeter comme le feraient probablement les autres.

Que pourrait-elle leur dire d’autre que tout nier vu qu’elle n’avait pas la capacité de dire ce qu’elle savait. Elle resta immobile et silencieuse, le regard voilé par la souffrance bien plus douloureuse que lorsqu’elle avait voulu en parler et que ses interlocuteurs n’avaient pas compris. Puis, ne voulant pas laisser voir sa détresse qui ne pourrait qu'être mal interprétée car elle savait qui était la drow et ne craignait pas sa présence, elle sortit rapidement dans le froid qui vint la gifler comme si elle eut besoin d’une correction et fila vers l’enclos où étaient réunis les chevaux.

Arya s’approcha de Furet et posa doucement son visage contre son museau tout en caressant son flanc cherchant dans la chaleur de l’animal un réconfort pour sécher les perles de tristesse que coulait de ses yeux, roulaient sur ses joues et s’écrasaient dans la neige en y faisant de petits trous.

[Kasumi]

Quête : un désir de crépuscule

Le rôdeur ne put détourner le regard du rabat de la tente qui se referma derrière la magicienne visiblement affectée par son attitude revêche. Alors qu’il abhorrait les drows, il ne put s’empêcher de ressentir de la compassion pour Arya qui avait tue son secret et s’était révélée être un compagnon agréable jusqu’ici.

Gagné par la honte de sa réaction et par l’ambivalence de ses sentiments, le demi-elfe chercha à déterminer la réaction de Taliesin et Astrée. Le groupe ne pouvait se permettre d’être divisé à la veille de l’assaut. Kasumi dut prendre sur lui-même pour se diriger vers la sortie. Qu’un seul de ses compagnons manifeste la même idée et il lui céderait volontiers le pas.

[Voyageuse]

Astrée avait observé la magicienne sortir, et hésita un instant à la suivre... Elle n'était pas sûre d'avoir vraiment compris ce qu'il se passait. Elle aussi avait été désagréablement surprise de découvrir la présence de Phylacrypte, et n'était pas sûre que ce fut bon pour le groupe. Les drows avaient des réactions tellement différentes des leurs, une mentalité tellement spéciale... Cela risquait de mettre à mal leur cohésion. Mais elle était sensible à la détresse visible d'Arya, qui n'avait sans doute pas choisi cette situation....

Elle se leva donc presque en même temps que son homologue, qu'elle sentait encore plus hésitant qu'elle. Le rejoignant devant la porte, elle lui souffla :
- Je vais y aller. Continuez à préparer un plan d'attaque, tu es meilleur stratège que moi. Et de toute façon je reviendrai vite, avec elle. Enfin... je pense. J'espère que je saurai trouver les mots...
Puis elle sortit de la tente. Les traces de pas d'Arya étaient visibles dans la neige, et elle n'eût aucune peine à les suivre jusqu'à l'enclos des chevaux.

Arya était près de Furet. L'entité drow semblait avoir déserré son emprise, sans quoi elle n'aurait pas quitté la salle ainsi. Astrée s'approcha doucement.
- Arya?... Arya, tu devrais revenir à l'intérieur. Je crois... Je sens bien que tu n'es pas responsable de ce qui s'est passé... Il ne faut pas nous en vouloir pour notre réaction. Disons que tout ça est tellement... déstabilisant. Je ne suis pas sûre de comprendre comment tout cela est possible. Mais ça ne sert à rien que tu t'isoles ainsi.

[Taliesin]

Taliesin ne savait que penser de l'incident, sinon qu'il était regrettable. Dans les épreuves qui les attendaient, leur groupe devrait se montrer soudé, solidaire, et faire des découvertes telles que la double personnalité d'Arya n'était pas à proprement parler la chose la plus à même de maintenir leur cohésion.
Pour sa part, il n'avait pas d'apriori envers les drows. On lui avait appris à ne pas juger les gens d'après leur apparence ou leur race, et il avait assez côtoyé le conseiller Lothringen pour vérifier le bien fondé de ce principe; Il n'en restait pas moins que la société drow était ce qu'elle était ; et, de ce qu'il avait pu en voir, Phylacrypte en avait été influencée. Dure, méprisante pour leurs illusions... Elle n'était pas du genre à leur passer leur faiblesses.
Quant au fait qu'Arya ne leur ait rien dit... Comment la blâmer ? Ils avaient chacun leurs secrets, et il serait bien mal placé pour juger la magicienne. Après tout, il avait sa propre part d'ombre, et il préférait ne pas imaginer la réaction de ses coéquipiers s'il venait à leur révéler qu'il avait été le Monstre. "Hé, les amis, j'ai un truc à vous dire ! Vous saviez quoi ? J'ai allègrement torturé et massacré la famille Kanter !". Mouais, on faisait mieux, comme révélation...
Dans tous les cas, ce n'était pas le moment de tergiverser : Arya était ce qu'elle était. Et Phylacrypte lui avait sauvé la vie. Elle se révélerait utile au combat, et tant qu'elle ne décidait pas brutalement de les poignarder dans le dos, rien n'était changé...
Secouant la tête, il se tourna vers Kasumi.
-Si vous n'y voyez pas d'inconvénient, je vais aller chercher Belenn. Nous ne pouvons rien décider, sans lui. Mais je suis d'accord avec vous sur bien des points. Et si notre clerc peut vraiment nous mener jusqu'à la tour sans que nous nous fassions repérer... Peut-être aurons-nous une change... Bon, je reviens dès que possible... Sans doute Astrée sera-t-elle aussi de retour sous peu avec Arya...
Il se leva et, à grandes enjambées, quitta la tente pour se mettre en quête du Lathandrite.

[Galathée]

Le barde n’eut pas à chercher bien longtemps : Belenn n’était pas très loin. Debout en bordure du campement, il lorgnait les ténèbres, les bras croisés. Il exhalait de la buée blanche, mais semblait ne pas souffrir du froid. Il se retourna pour regarder Taliesin approcher, sans rien lui dire.
« J’apprécie votre souci pour ma survie, mais nous allons au devant de grandes difficultés. » lui dit-il en préambule, la mine sombre.
Son visage se fendit cependant d’un sourire.
« Mais j’apprécie votre souci. » répéta-t-il.

[Taliesin]

Taliesin ne put lui rendre qu'une grimace.
-Belenn... Nous aurons droit aux grandes difficultés quoi qu'il arrive. Votre... votre sacrifice ne pourrait toutes les enlever de notre chemin. Alors que si vous avez vraiment les moyens de tous nous mener à la tour au nez et à la barbe des Sharites, nous pourrons obtenir les mêmes résultats que pour votre plan, mais nen mieux. Lorsque l'artefact sera détruit et que les ténèbres disparaitront, nos ennemis seront désorientés... Mais nous n'aurons pas à traverser tout le vallon. Nous serons déjà en leurs murs. Et vous ne serez pas seul.
Il se frotta vigoureusement les mains. Le froid était presque intenable.
-Et puis... Je crois vraiment que nous avons besoin de vous dans nos rangs. Nous sommes tous fatigués, éprouvés. Et... Hum, je ne sais pas comment dire ça, mais apparemment Arya est possédée par une... entité drow. Nous veons de faire sa connaissance, et inutile de dire que... ça a produit un certain effet sur nous... Je pense que vous êtes le mieux à même de maintenir notre cohésion. De nous soutenir dans l'effort. Et, à titre personnel... J'aimerais autant que vous surviviez.

[Galathée]

Il dévisagea le barde avec intensité, puis se replongea dans son observation de la nuit.
« Elle ne veut pas la détruire. Je pourrais l’y aider, mais… Arya croit en la bonté de chacun, même de cette créature… Nous ne pouvons que faire avec et rester vigilants. » murmura-t-il. « Taliesin, je ne vais pas me rendre jusqu’à la tour. Une fois dans la nuit, les rôdeurs seront plus efficaces que moi pour vous mener jusqu’à bon port, et comme les ténèbres seront toujours puissantes… Eviter les morts-vivants est la meilleure chose que vous puissiez faire. Chaque combat risque d’attirer l’attention, et tant qu’il fera nuit… leurs pouvoirs seront décuplés. Si vous vous cachez, vous pourriez gagner la tour sans attirer l’attention… Moi, je dois aller vers l’artefact. Et je dois y aller seul. Comme l’a dit Astrée, vous n’avez pas à vous sacrifier en vain, aucun d’entre vous. Et aller vers l’artefact… Je suis un serviteur de la lumière, mon essence peut lutter contre la noirceur de cette chose… Vous n’y survivriez pas. Moi… »
Il s’interrompit.
« Je ne ferai pas le chemin du retour avec vous. » dit-il simplement. « S’il vous plait, ne vous offusquez pas. Rien de ce que vous direz ne changera les choses. Je suis venu jusqu’ici en sachant que la route s’y arrêterait. Je le sais depuis le début, je l’ai voulu comme ça. »
Il sourit.
« Mais ne pensez pas non plus que cela signifiera la fin pour moi. Il ne s’agit pas de ça. »
Il soupira doucement et se massa le front du bout des doigts, puis regarda Taliesin avec une pointe de lassitude.
« Mon rôle est d’annihiler les ténèbres, le vôtre de sauver celui pour lequel vous êtes venus. Je ne peux plus aider Albérich. »

[Taliesin]

Taliesin serra les poings.
-Pas la fin, hein ? Le paradis, la vie après la mort ? Ouais, je connais ces belles paroles. Les vôtres les utilisent continuellement. C'est pour cela que j'ai longtemps eu peu d'affection pour les vôtres. Pourquoi le paradis ne serait-il pas ici-bas, avant tout ?
Il se détourna et lorgna l'obscurité. Il était en colère, mais à quoi bon lutter ? Il n'avait aucune prise, aucun moyen d'infléchir le cours des choses. Au moins celui-là ne périrait-il pas par sa faute, mais par choix...
Doucement, ses épaules s'affaissèrent, et il garda longtemps le silence.
-De toute façon, j'avais prévu de vous assassiner... lança-t-il enfin d'un ton abrupt. Je l'avais bien dit à Galathée : "Je tuerai tous les hommes adultes à qui tu adresseras la parole". Elle ne m'a pas cru...
Il esquissa un pâle sourire, mais cela ne dura qu'un instant. A nouveau sinistre, il recula de quelques pas.
-Bon, quand vous serez prêt, rejoignez nous, histoire qu'on en finisse avec ce plan. Plus vite nous serons au lit, plus vite arrivera le matin. Et plus vite cette affaire arrivera à son terme, quel qu'il soit.

[Galathée]

« Je suis désolé. » murmura Belenn, sa voix reflétant son désarroi. « Je n’aurais pas dû… m’approcher de vous comme je l’ai fait. J’aurais dû garder mes distances… Sachant ce que je savais… »
Il haussa les épaules, pas de dédain mais d’impuissance.
« Je me suis laissé aller. Je suis désolé, j’ai commis une erreur. Mais vous êtes un être particulier, je n’en avais jamais rencontré de tel… »
Il eut un sourire personnel.
« J’ai aimé être vivant. » dit-il simplement. « Mais j’ai failli à quelqu’un qui comptait sur moi, failli par paresse et bêtise, et je n’ai pas d’autre choix, aujourd’hui. Avez-vous déjà trahi quelqu’un, Taliesin ? Trahi durement et méchamment parce que vous étiez trop aveugle pour prendre garde ? Que feriez-vous, dans une telle situation ? »
Il secoua la tête.
« Je ne vous demande pas de comprendre. » fit-il doucement. « Et je suis désolé de ce que je trahis en vous promettant ma disparition. »

[Arya Du Varden]

La voix douce et encourageante d’Astrée tirèrent un faible sourire de la magicienne. Comment expliquer ce qu’elle savait alors qu’elle n’avait pas la possibilité de parler de la drow et que tous étaient persuadés que celle-ci fut mauvaise et n’engendrerait que des malheurs. L’elfe ne la craignait pas même si elle redoutait qu’à cause d’elle ses coéquipiers viendraient à porter sur elle un regard méfiant. Ce n’était pas le moment que des doutes naissent et pourtant cela était.

Sans dire un mot, elle revint en compagnie d’Astrée vers la tente bien décidée à prendre sur elle pour supporter les regards et les paroles à l’encontre de Phylacrypte. Son teint était encore plus pâle qu’à l’habitude lorsqu’elle y pénétra et son visage marqué par l’affliction qu’elle avait ressentie.

[Taliesin]

Le barde, qui s'apprêtait déjà à tourner les talons, s'arrêta en entendant les paroles de Belenn. Il demeura un long moment immobile, les yeux fixés sur le visage du clerc. Puis il fit un pas dans sa direction.
-Et pourtant je vous comprends, murmura-t-il. Oh oui, je vous comprends, vous ne pouvez pas savoir à quel point. J'ai ressenti la même chose . Quoi que je doute que ce fût réellement comparable... Je...
Il grimaça, baissa le regard.
-Vous me demandez si j'ai déjà trahi... Mais, Belenn, ma vie est une trahison. J'ai trahi mon maître en ne respectant pas son enseignement, en voulant changer les choses trop vite, en me montrant impatient. J'ai trahi les esclaves de Mélandis en ne concrétisant pas les espoirs que j'ai fait naître chez eux. J'ai trahi ceux qui m'ont suivi jusqu'à Luménis, en ne leur offrant pas le havre promis. J'ai trahi les Luméniens en faisant entrer la bête en leurs murs.
Il se mordit les lèvres.
-Lorsque Galathée m'a tiré de Luménis, je voulais mourir. Je n'aspirais qu'à cela. En partie pour expier mes fautes. Mais, surtout, pour oublier. Pour mettre un terme à ce que j'étais... Elle ne me l'a pas permis. Elle m'a contraint a essayé de vivre. Je l'ai haï pour cela. Aujourd'hui, je ne l'en remercierai jamais assez. Elle m'a montré que, malgré tout, la vie pouvait être belle. Elle m'a appris que les miracles pouvaient exister, quoi que l'on ait été, quoi que l'on ait fait. C'est pour cela que je ne plaisantais pas, lorsque je vous parlais de Lathandre... il n'a peut-être rien à voir là-dedans. sans doute. Mais ce qu'à fait Galathée... Pourtant, elle savait... Elle sait...
L'elfe fut parcouru d'un violent frisson qui n'avait rien à voir avec le froid. Il retint avec peine ce qu'il s'apprêtait à dire. Pourtant... Pourtant... Il ne fallait pas que le clerc parte avec l'impression d'une nouvelle trahison. Et... Lui-même avait besoin de parler, de dire, une fois, la vérité..
-Mais j'ai fait pire, Belenn, commença-t-il dans un murmure. Pire que ce que vous avez jamais pu faire. J'ai trahi la confiance d'Albérich.Trahi les membres de ce groupe. Trahi... Trahi ce que j'étais, autrefois. Oh, si vous saviez combien Lathiriel a raison de se méfier de moi ! Combien il aurait mieux valu me jeter dans une geôle !
Il ferma les yeux. Frissonna à nouveau.
-Vous ne m'avez pas trahi. On ne peut pas trahir quelqu'un tel que moi... Je porte un masque, je ne suis pas... n'ai pas toujours été ce que je semble être. Mais vous avez le droit de savoir avec qui vous avez voyagé. Au moins vous. Peut-être... Cela ne changera rien, non, à votre décision. Et pourtant, quoi que vous ayez fait... Si la rédemption est possible pour un être tel que moi, si la nature est assez injuste pour offrir une seconde chance à un monstre... Pourquoi n'auriez-vous pas espoir, vous, d'expier ici bas ? On me laisse bien vivre libre. Aimer la femme que j'aime. Border, apprendre à lire au f ils d'un héros... Alors que je suis celui qui a massacré la famille du juge Kanter. Qui s'est esbaudi en tapant sur son épaule, tandis que l'on martyrisait les siens...
Il serra les dents. Tourna le dos au clerc. S'essuya rageusement les yeux d'un revers de manche.
-Vous n'avez rien trahi, Belenn. Et la mort n'est pas le seul moyen d'expier.

[Galathée]

Belenn resta silencieux une longue minute. Son visage, pourtant, ne reflétait ni colère, ni horreur, juste une compassion tranquille, et il finit par lever le bras et poser la main sur l’épaule de l’elfe qui lui tournait toujours le dos. Par ce simple contact, Taliesin se sentit étrangement apaisé, contre son gré, presque. Il n’y avait là aucune violence, juste un geste.
« En tout monstre, se cache un peu de bonté. Mais la souffrance engendre le mal, Shar le sait mieux que quiconque. Je sais qu’en tout être bon, l’ombre se dissimule, elle attend le choc, la trahison, la douleur, pour se révéler. Vous avez fait cette expérience, Taliesin. L’ombre en vous s’est échappée à la faveur de la haine. Par le passé. Mais vous n’avez jamais cessé d’être le même. Vous vous êtes trahi, autrefois, en succombant à l’obscurité. La bonne nouvelle, c’est que hier a fait place à demain. Votre part d’ombre a eu sa chance, et elle a perdu. Elle ne reviendra jamais. Peu importe si vous l’avez vaincu seul, ou par l’amour d’une femme et d’un enfant… La trahison appartient au passé, et ce que vous faites, aujourd’hui, ce que vous ferez demain, est le reflet de ce que vous êtes en vous-mêmes. Vous avez vu la face de Shar, et elle a cru vous avoir piégé. Vous avez lutté, vous avez vaincu. Allez donc voir à Mélandis… Les rues sont pleines de gens qui ont lutté et perdu. Vous devriez être fier d’avoir eu la force d’être ici, aujourd’hui, pur alors que vous avez goûté au fiel du démon. Ne laissez pas les vestiges d’un autrefois décider de ce que vous êtes. »
Il resserra les doigts sur l’épaule du barde, l’empêchant de répliquer ou de se dérober. Sa voix avait une curieuse propriété hypnotique, Taliesin, sans réellement le réaliser, avait la sensation de l’entendre émaner de lui-même.
« Nous commettons tous des erreurs. Aucun d’entre nous n’est parfait. Les êtres vivants paient leurs dettes et continuent leur route. La vôtre est encore longue, et vous avez suffisamment souffert. Vous n’avez trahi personne, dans ce groupe. Chacun est venu avec ses hontes et ses mystères, ses secrets. Si je suivais Tyr, je vous condamnerais sur l’heure. Mais Lathandre m’habite. Je n’ai qu’une chose à vous dire : allez en paix. »
Puis il dépassa le barde, lui décocha un léger sourire, et, éludant élégamment le reste de leur opposition, regagna la tente où se déroulaient les palabres, sur la piste d’Arya et Astrée, dont les silhouettes s’étaient dessinées sur la toile, peu de temps auparavant.

[Voyageuse]

En revenant vers la tente en compagnie d’Arya, Astrée était songeuse. Elle ne comprenait pas pourquoi Arya semblait accepter ainsi la présence de la drow. Craignait-elle pour sa vie ? Elle aurait pu en parler à Belenn, ou à un autre prêtre, et sans doute auraient-ils trouvé un moyen de solutionner le problème. Elle se souvint alors de ce que la drow avait dit : Arya ne pouvait parler de sa présence… Encore une chose bien incompréhensible… Quel moyen de pression avait donc la drow ?
Elle ne pouvait faire que des suppositions, et plaindre la magicienne de tout son cœur. Elle n’osa pas aborder le sujet, de crainte de réveiller l’entité qui l’habitait… Il aurait pourtant suffit d’un geste d’Arya pour qu’ils lui viennent en aide. Pourquoi donc semblait-elle ainsi résignée ?

Après tout, c’était peut-être son choix. Ou peut-être pas. Comment savoir ? Elle hésita, puis murmura à l’adresse d’Arya, juste avant d’entrer dans la tente :
- Tu sais, il doit y avoir un moyen de te libérer de tout ça… Tu devrais demander de l’aide à Belenn.
Tant qu’il est encore en vie… pensa-t-elle à part elle.
Elle n’avait pas oublié le plan suicidaire du clerc.
Elle n’attendit pas de réponse, sentant qu’elle n’en avait pas à espérer, et entra à la suite d’Arya dans la tente.

Elle constata, outre l’absence de Belenn, celle de Taliesin. Mais elle n’eût pas le temps de poser la question à Kasumi : déjà la silhouette du clerc se découpait à l’entrée de la tente. Elle lui adressa un sourire amical, se souvenant qu'il avait paru assez troublé en sortant.
Elle devina que Taliesin n'allait pas tarder. Il serait temps alors de reparler de leur stratégie d'attaque.

[Taliesin]

Taliesin, étrangement apaisé et profondément ému, demeura de longues minutes immobile à l'endroit exact où l'avait laissé Belenn.
-Comment peut-on être à la fois si plein de mansuétude pour les autres et si dur envers soi-même ? se demandait-il.
Mais, à la réflexion, sa propre attitude n'était pas si différente. Il était prêt à trouver un nombre infini de circonstances atténuantes, de raisons d'espérer, d'avenirs possibles pour autrui, et persistait à s'accabler sans relâche. La seule chose qui le différenciait vraiment du clerc était la volonté de celui-ci de sa sacrifiier. Mais cela tenait lieu à son engagement. Il mourrait pour ce en quoi il croyait... Et le barde devait reconnaître qu'il en aurait fait de même : si l'existence de Galathée était en jeu, s'il fallait donner sa vie pour la sauver... Il n'aurait pas hésité. Chacun d'entre eux était prêt à périr pour ce qui lui était essentiel, que le dessein soit grand ou égoïste... Non, pas vraiment de différence entre eux, en réalité...
N'empêche : la disparition prochaine du clerc affectait Taliesin plus qu'il n'aurait pu le dire. Il s'était lié à lui durant ces quelques jours de voyage. Avait redécouvert ce que pouvait être un ami.. Et il allait le perdre. Mais Belenn l'avait gratifié d'un ultime présent, au-delà des souvenirs : l'elfe ne savait pas de quel type de magie il avait usé. Toutefois, il en mesurait les résultats : les souvenirs déjà émoussés des horreurs qu'il avait vécu ou perpétrées avaient battu en retraite encore un peu plus loin dans sa mémoire, jusqu'aux frontières de son inconscient. C'était peut-être temporaire. Ou définitif. Il n'aurait su le dire. Il en voulait à Belenn de ne pas lui avoir demandé s'il voulait être aidé. Et le remerciait de ne pas le lui avoir demandé : il aurait dit non, bien sûr. Par fierté. Par orgueil. Pour porter sur ses épaules le fardeau écrasant de ses péchés. Pour courir le risque d'en être écrasé. A présent... Ce risque paraissait lointain. Il monterait au combat le cœur gros et gonflé d'espoir, plein de regret et d'enthousiasme pour l'avenir.
Il ne faillirait pas.
Poussant un profond soupir, Taliesin étira sa carcasse transie et regagna la tente où tous ses compagnons s'étaient rassemblés. Il reprit place à table, jeta un regard réconfortant à Arya, adressa un sourire à Astrée, puis attendit que les débats reprennent leur cours.

[Arya Du Varden]

Arya sentait le malaise qu'avait causé l'apparition de la drow, mais elle était impuissante pour pouvoir changer le cours de chose, comment pourrait-elle expliquer qu'elle n'avait aucune raison de se débarrasser de l'entité qui n'avait pas demandé plus qu'elle a être là et que mis à part les premiers temps après que Phylacrypte fut prisonnière de son corps où elle lui parla de sa vie. elle n'était intervenue qu'une seule fois et cela pour sauver une vie.

Elle ne pouvait en parler par impossibilité et se tenait immobile, le regard cherchant un peu de soutien. Le sourire du barde ne la rassura guère bien qu'il fut pour elle un réconfort. Elle ne pouvait qu'attendre la suite des événements avec appréhension de ce qui allait se dire.

[Kasumi]

Quête : un désir de crépuscule

Kasumi accueillit avec soulagement le retour d’Arya dans la tente. Cela dissipait en partie la gêne qu’il éprouvait suite à sa réaction virulente à la découverte de sa véritable nature. Lui-même avait du souffrir du rejet qu’engendrait ce genre de différence dérangeante. Quoiqu’il en soit, si sa confiance en la magicienne était ébranlée, il fit son possible pour dissiper le malaise entre eux.

- Venez tous vous réchauffer : il n’est pas temps que l’un d’entre vous tombe malade.

Il s’adressait à tous mais croisa le regard de l’elfe en guise d’excuses espérant dissiper le malentendu. Du reste, il enchaîna pour reléguer l’incident à un moment plus propice :

- Belenn puisque tu es de retour, comment vois-tu les choses ? C’est de ta réussite dont dépend beaucoup de la nôtre. Nous suivras-tu jusqu’à l’intérieur de la tour ?

Le rôdeur lisait déjà la réponse dans la froide résolution du clerc mais voulait se l’entendre confirmer devant tout le monde. Cela atténuerait peut être le choc d’avoir à repartir sans lui si les choses se gâtaient le lendemain. Le groupe n’aurait pas le loisir de débattre ce point dans le feu de l’action et assailli par l’ennemi.

[Galathée]

Belenn avait dévisagé Arya et Astrée avec attention, avant de se rassoir et de sourire à Kasumi.
« Je ne viendrai pas avec vous dans la tour, non. Je pense que vous serez suffisamment à vous quatre… Comme je le disais tout à l’heure, vous disposez des ressources nécessaires pour venir à bout de vos adversaires, et l’artefact est… disons qu’il est dangereux. Nous ne pouvons pas prendre le risque de nous occuper de l'un puis de l'autre. La seule chose qui risque de se produire, c’est que les ténèbres se lèveront brusquement alors que vous serez encore dans la tour, fort probablement. Cela risque de créer un mouvement de panique chez les Sharites, ou en tout cas, une certaine surprise. J’imagine que vous pourrez en profiter. Ce sera ma modeste contribution à votre assaut crucial. Pour ressortir, la voie sera plus facile, car les morts-vivants seront diminués, voire détruits, par la lumière qui se déversera dans le vallon. En imaginant que nous agissions en plein jour, demain, bien sûr. Songez aussi que les Sharites dorment la journée. Cela devrait jouer en votre faveur. »
Il s’interrompit.
« Si les ténèbres devaient perdurer malgré tout, si j’étais ralenti… Si vous ne me trouviez pas sur la route du retour… Je vous demande de ne pas m’attendre. De ne pas vous soucier de l’artefact non plus. Vous êtes venus pour Albérich, et pour moi, le principal est qu’il s’en tire vivant. Pour le reste, je tâcherai de vous rejoindre en route, si c’est possible. Sinon, nous nous retrouverons à Luménis. Immanquablement. »

[Voyageuse]

Astrée fut quelque peu soulagée en entendant les paroles du clerc. Il semblait avoir bien pesé les dangers qu'il encourrait, et être capable d'y faire face. La fin du discours, cependant, lui laissa un goût un peu amer...
- Je comprends bien que notre priorité est de ramener le conseiller Megrall... Mais j'espère de tout cœur que vous n'aurez aucun problème pour nous rejoindre. Je ne peux pas vous promettre de ne pas vous attendre. Ce serait.... Je ne pourrai pas vous abandonner ainsi face au danger. Mais vous avez raison, la lumière du jour détruira certainement la plupart des morts-vivants, et il n'y a aucune raison pour que vous ne puissiez pas nous rejoindre alors.
En espérant que l'artefact ne soit pas trop dangereux...

Elle soupira, tentant de remettre de l'ordre dans ses idées.
- Donc si je comprends bien, l'idée c'est que nous entrions tous ensemble dans le vallon, que vous vous dirigiez vers l'artefact et nous vers la tour, sans nous faire repérer, afin qu'au moment où vous agirez nous soyons déjà en place. Ca me paraît la meilleure solution, en effet. Mais j'ai une petite question sans doute stupide... Comment va-t-on faire pour y voir clair là-dessous? Existe-t-il un sort, quelque chose? Ca ne vous pose peut-être aucun problème, à vous tous, mais... moi, je ne suis pas une elfe.