La Couronne de Cuivre

-Mademoiselle Potier, il serait peut-être temps que vous arriviez enfin à avoir votre matériel, comme les autres ! lança la voix sèche de Luise Pougon.
L’enseignante s’était approché et jeta un coup d’œil réprobateur à la feuille de la fillette.
-Et que vous pensiez à en prendre soin aussi ! Ce ne serait pas du luxe ! Votre feuille est un vrai torchon ! ajouta-t-elle sur le même ton.
Madame Monville, qui depuis le début de cours ne cessait de répondre aux questions des élèves en panne d’imagination, s’approcha de sa collègue, une feuille vierge et un taille-crayon dans les mains.
-Leia, Luise à raison. Vous ne pouvez pas travailler correctement si vous n’avez pas ce qu’il faut. Tenez, prenez ceci.
La prof d’art plastique posa la feuille et le taille-crayon devant Potier puis elle s’éloigna pour répondre à de nouvelles questions. Pougon réfléchit pendant quelques secondes, puis elle s’adressa encore une fois à l’élève.
-Pour demain, vous recopierez cinquante fois, « je penserais à avoir et à prendre soin de mon matériel de dessin ». Et à la main, bien sûr, pas à l’ordinateur. Notez-le ! Et n’oubliez pas la punition que vous avez déjà.
Oui, la guerre était déclarée. Louise ne laisserait plus rien passer de la part de Leia. Pire, elle la garderait constamment à l’œil.

La moitié du cours approchait… la plupart des enfants dessinaient à présent. Madame Monville s’intéressa alors à ceux qui ne l’avait pas assaillit de questions. Elle alla auprès de chacun d’eux pour regarder où ils en étaient et leur demander quel contraste ils avaient choisit d’illustrer. Leia put ainsi entendre le projet de son ami, Killian : celui-ci dessinait un Jedi et un Sith, côte à côte. Mais elle, avait-elle trouvé une idée ? La prof allait évidemment le lui demander. Thomas et Sciprien devraient également expliquer ce qu’ils voulaient faire. Monville, même si elle ne le disait pas ouvertement, comptait un peu sur eux deux pour montrer à la classe qu’il était tout à fait possible d’être inspiré sans être un adulte aux idées tordues.

Pendant ce temps, quelques nuages avaient fait leur retour dans le ciel. On peut aisément le remarquer car l’un deux masqua le soleil pendant quelques minutes. Le temps allait-il de nouveau se gâter ?

Comme Sciprien s’y attendait, madame Monville vint à lui. Allait-elle trouver un bon exemple à montrer à la classe ? Elle l’espérait mais avant cela, il fallait s’assurer que l’élève avait bien cerné le sujet. Une fois à côté de lui, elle posa tout d’abord son regard sur le dessin. Elle ne parut pas spécialement gênée par le caractère inquiétant de ce dernier. Elle était juste curieuse de savoir quel contraste cherchait à illustrer le garçon.
-Et bien, il n’a pas l’air très rassuré ton personnage, Sciprien, commença l’enseignante.
Le regard de mademoiselle Pougon fut attiré vers le bureau de Courtet.
-Que vas-tu faire ensuite ? Quel contraste tu veux montrer ? poursuivit Monville.

HRP : Armand, c’est à toi de répondre. Ton post peut tout à fait être assez court.

Monville était plutôt gentil, elle ne semblait pas lui vouloir du mal. Cependant il avait entraperçu du coin de l'œil le regard scrutateur de la pougon, ce qui n'avait rien pour le rassurer. Il fallait qu'il fasse très attention à ce qu'il allait dire...


- C'est le contraste entre deux personnages. Deux personnages qui sont en fait la face d'une même pièce.

Il jeta un œil à pougon avec une certaine inquiétude.

- Y'a le coté que j'ai déjà dessiné avec quelqu'un qui a peur, il craint quelque chose qu'il ne connait pas.

Il ébaucha quelques traits avec son crayon.

- Mais les traits qui lui font peur ne sont que les traits à lui, c'est une partie de lui même dont il a peur.

C'était irrémédiable, quand il se plongeait dans le dessin il en oubliai la réalité.

- C'est lui mais c'est pas vraiment lui. C'est plutôt son faux reflet, comme une empreinte de doigt quand on appuis sur une vitre. C'est une ombre, oui c'est ça comme une ombre.

Ses doigt s'étirait dans ses cheveux tandis qu'il parlait. Il regardait la prof de dessin en se mordant la lèvre.

-Et bien, on ne peut pas dire que tu choisisses la facilité ! commentait la prof de dessin qui avait l’air satisfaite.
Elle avait comprit le projet et n’allait pas se plaindre d’avoir un élève qui cherchait la complexité, la profondeur, au lieu de se contenter d’idées simplistes comme c’était le cas de la quasi-totalité des autres enfants.
-En ton cas, c’est original. Allez, continu sur ta lancé, reprit madame Monville en se détournant de Sciprien pour aller interroger quelqu’un d’autre.
Louise Pougon, elle-aussi, s’intéressait à quelqu’un d’autre à présent : Antonin. Ce dernier était d’une intolérable passivité et il fallait que cela cesse. Un petit rappel à l’ordre s’imposait.

La prof d’art plastique ne tarda pas à arriver vers Thomas Pignon, seul enfant capable de rivaliser avec Courtet en cette matière artistique.
-Alors, Thomas, qu’est-ce que tu prépare ? Quel contraste tu veux illustrer ?

HRP : a Philippin maintenant. Armend, tu peux reposter si tu veux décrire ta réaction.

Thomas venait de rebasculer vers sa feuille lorsqu'un psst le fit sursauter, lâchant son crayon de surprise, il le ramassa tout en relevant la tête vers Leia la castagneuse.

-zut, je n'ai pas de taille crayon moi!? mais si je lui dis, elle ne me croira sans doute pas, aie

Heureusement pour lui, la prof mit fin à ses tergiversations mentales, permettant à thomas de souffler et relâcher la pression sanguine de son visage en dessous du pourpre foncé.

Vérifiant que la mine de son propre crayon ne s'était pas cassée dans son émoi, il s'apprêta à continuer son dessin lorsque la professeur vint le questionner sur son dessin;

-zut, avec toutes ces histoires, j'en ai oublié le thème de l'exercice... sciprien vient de parler de contraste; je crois, c'est bien quelque chose comme ça.

Se grattant la tête en réfléchissant, il jeta un regard alentour pour vérifier si tous les dessins avaient bien le contraste comme thème.

-en fait, j'ai dessiné ma montre gousset

Ce faisant, il montra le premier rond dessiné,

-...euh j'ai prit du rouge parce que je dessine pas souvent avec cette couleur et euh,...c'est pas embêtant si..
enfin hum, après, j'ai voulu montrer l'intérieur

Il rabattit donc le premier rond pour révéler l'intérieur dessiné sur la feuille en dessous

-ici, j'ai voulu très compliqué avec plein de mécaniques et de petits trucs qui bougent, pour montrer comme c vivant et plein de petites choses qui bougent ...huem je veux dire un contraste par rapport au couvercle qui est simple et fixe, comme si une pierre qui est là depuis très longtemsp sans bouger avec plein d'insectes en dessous.

aie aie , je dis n'importe quoi...

Il finit par rougir fortement, il n'était pas clair et espérait que Mlle Pougeon ne vienne pas, elle avait toujours le chic de pousser l'élève à expliquer et clarifier son propos et ça, thomas en était incapable, il e trouvait pas toujours de mots corrects pour une couleur ou un trait.

Mais mademoiselle Pougon ne vint pas, au grand soulagement de Thomas. Par contre, madame Monville paraissait un peu perplexe. Certes, il y avait bien un contraste dans ce que faisait l’élève mais celui-ci était confus dans ses explications. En même temps, il était quelqu’un de très timide. C’était sans doute cela qui le déstabilisait et non une mauvaise compréhension du sujet. De plus, Pignon avait fait preuve d’originalité en alliant dessin et bricolage. L’enseignante était loin d’être embêtante. Tant que le travail était là, ça lui allait.
-La simplicité et la complexité, c’est ça ? finit-elle par répondre. C’est un bon contraste en effet. Et puis je dois dire que cette idée de présenter tes deux dessins comme ça, l’un au dessus de l’autre, est assez bonne. Continu comme ça.
Voilà, Monville avait trouvé un exemple à montrer à la classe. Elle se détourna de Thomas et s’adressa à Leia.
-Alors, Leia, quel contraste tu représente ?

HRP : à Zyl de répondre. Armand et Philippin peuvent reposter s’ils veulent.

Elle avait eu à peine le temps de marmonner un "Mais heu c'est pas ma faute, d'abord!" vindicatif. Puis elle avait pris son air le plus renfrogné possible et avait piqué du nez sur sa feuille. Et elle avait passé les minutes qui suivirent à la massacrer à grands traits rageurs. Son idée n'était pas vraiment originale. Elle s'en moquait. Il fallait qu'elle se défoule, parce que sinon, elle allait s'énerver, et les choses allaient encore empirer. La Pougon était une harpie! Leia avait déjà crié sur des professeurs, bien sûr, mais elle n'aimait jamais trop ça après coup. Oh, sur le moment, ça soulageait de sortir des noms d'oiseaux et des mots pas de son âge à un adulte, histoire d'inverser les rapports de force l'espace de quelques secondes. Mais elle se faisait toujours punir, et ça rendait son papa triste. Il n'y pouvait rien, le pauvre, mais c'était toujours après lui que les professeurs en avaient quand les nerfs de Leia cédaient.
Le dessin était fait à grands traits rageux. Elle n'était pas la meilleure de la classe d'art, mais elle aimait bien ça, habituellement. Là, tout ce qu'elle aurait voulu, c'était donner des coups de pieds dans les tibias de la Pougon. Son travail représentait donc une princesse (à macarons, et en pantalon parce qu'elle ne pouvait pas se résoudre à dessiner une robe) en train de donner un vilain coup de poing dans le nez d'une sorcière (à chignon).
"Bah la fille... C'est une princesse. Et l'autre, une sorcière."

-Je vois ça… dit madame Monville en observant le dessin de Potier. Mais quel contraste tu veux montrer avec ces deux personnages ? La beauté et la laideur ? La gentillesse et la méchanceté ? Et puis regarde, il y a quelque chose que tu aurais put utiliser. Là, tes deux personnages sont dessinés avec le même style énergique, rageur. Des traits rigides, des pointes, tout ça est très dur. Tu aurais put dessiner la princesse avec plus de douceur, des courbes, des arrondis. Tu comprends ? Comme ça, tu intensifies le contraste.
Une fois l’explication donnée, l’enseignante poursuivit son trajet et continua de donner des conseils à qui en avait besoin. Pougon, elle, resta en retrait, prête à mettre un terme au moindre bavardage, au moindre « endormissement ».

Le cours se poursuivit ainsi et bientôt, il toucha à sa fin. Bon nombre d’élèves n’avaient pas encore finit leur dessin. La prof d’art plastique les ramassa quand même, elle les redonnerait lors de la prochaine séance. Ainsi, pas de risque qu’il y ait des oublis gênants. Elle prit ensuite quelques instants pour montrer ce qu’avait fait Thomas Pignon puis, madame Pougon prit le relai. De sa voix sèche, elle conseilla à tout le monde de ne pas oublier leurs devoirs et les éventuelles punissions. En disant cela, elle jeta un coup d’œil évocateur à Leia qui allait avoir fort à faire ce soir. Peu après, la sonnerie retentit, l’école était terminée, enfin pour le lundi tout du moins.

Les bus se trouvaient sur la place, prêt à ramener les enfants chez eux. A côté du portail de la cour se trouvait le cousin de Thomas, Lucas. Il était pas mal essoufflé à cause de la séance d’endurance qu’il venait de faire et il attendait Pignon car celui-ci avait accepté de venir chez lui pour s’amuser aux jeux vidéo.

A présent, le ciel était plus gris que bleu, les nuages s’amoncelaient et cela n’était pas près de s’arrêter. Bientôt, le soleil devrait s’incliner, comme il avait dut le faire ce matin.

HRP : et bien vous voici de nouveau en « roue libre ». (Vous pouvez faire agir les proches de votre personnage comme vous le voulez.) Utilisez votre topic maison pour décrire en un post toute la soirée de votre personnage jusqu’au moment où il s’endort. Bonne nuit !

Mademoiselle Pougon balaya du regard sa classe qui finissait de s’installer en toute hâte puis, elle débuta l’appelle. Aujourd’hui, il y avait un absent, Antonin, mais ce ne fut pas cela qui attira l’attention de l’enseignante. En effet, elle localisa sans peine, non pas un, ni deux, ni même trois, mais bien quatre élèves qui paraissaient avoir très mal doloris. Il y avait tout d’abord Leia, mais bon, cela pouvait peut-être s’expliquer vu la tonne de punition qu’elle avait reçu et d’ailleurs…
-Mademoiselle Potier, veuillez me montrer les punissions que vous deviez faire pour aujourd’hui ! lança Louise d’une voix autoritaire.
Ensuite, il y avait le timide Thomas. Ce n’était pas un élément perturbateur mais cela n’empêchait pas de le tenir à l’œil. Puis, il y avait Sciprien. Celui-là, il fallait le prendre avec des pincettes mais s’il s’endormait, ça allait barder ! Non de non, bizarre ou pas, personne n’échappait à l’autorité Pougonnienne ! Et enfin, il y avait Jérémie Pomoran, le petit géni de la CE2. Pas un devoir oublié, pas un retard, pas un bavardage, une scolarité sans tache mais cela allait peut-être changer aujourd’hui. En effet, Jérémie luttait contre le sommeil tout autant que Sciprien et il paraissait également un peu… troublé. La prof se sentit obliger de venir à lui pour lui demander s’il était en état de travailler. Evidement, ça, elle ne l’aurait fait pour personne d’autre.
-Non, non, ça va aller… répondit le rouquin à lunette avec conviction.

Bien, la leçon d’histoire pouvait débuter et elle promettait d’être longue et ennuyeuse… Hugo était visiblement déçu de se retrouver seul à cause du changement de place de sa petite copine, il le fit un peu savoir, mais Luise Pougon était inflexible. Elle le serait tout autant si quelqu’un s’endormait.

HRP : votre post peut couvrir les deux heures de cours jusqu’à la récréation, à moins que vous désirez interagir avec quelqu’un.

*Thomas traîna jusqu'à son pupitre. Ce matin, il aurait voulu se réveiller; mais une nappe de brouillard lourd semblait peser sur son esprit jusqu'à ces paupières.
Il ne savait si l'expérience de cette nuit en était la cause mais il lui semblait voir tout le monde fatigué, comme une atmosphère grise en fond.

Thomas ouvrit les yeux, livré à ses pensées, il n'avait pas senti ses yeux s'abaisser et son esprit se rouler en boule. Regardant à dorite et à gauche; il pressentit la matinée:*

[color=bc08040]Zut, je m'endors, si la Pougeon me voit je suis fini, avec cette nuit en prime, pas envie d'avoir une remarque à mes parents.[/color]

*Tâtonnant dans son sac après sa montre gousset, il la tint fermement, marquant dans sa paume la gravure d'argent du couvercle avent de prendre ses devoirs.*

"NAN J'LES AI PAS ET JE LES AURAI JAMAIS!"
Elle s'était levée, furieuse. Comment la Pougon pouvait-elle encore exiger d'elle qu'elle fasse ses exercices sans queue ni tête? Surtout après la nuit qu'elle avait eue? Et soudain, toute la tristesse et la peur qui s'était accumulées en elle firent de Leia un typhon. Elle n'avait plus franchement peur de se déchaîner contre une adulte. La Pougon était une créature de plus vouée à lui pourrir sa journée. C'était trop! Les joues rouges comme des pivoines fraîches, les yeux baignés de larmes qui devaient autant à la colère qu'à la terreur, toujours pas passée, de la nuit précédente, elle se dressa en écartant violemment sa chaise, et foudroya du regard la maîtresse de la classe de CE2, qui ne s'attendait sûrement pas à pareil débordement. Leia serra les dents, grondant pour que personne n'entende les sanglots qui agitaient sa gorge à intervalles réguliers. Une fois de plus, elle avait l'air d'une furie miniature, mais elle n'était jamais allée aussi loin avec un adulte. Pas même l'année dernière, qui avait pourtant été fertile en prises de bec avec la Pougon. Elle frappa du poing sur la table. Et pourtant, elle les avait faites, ces damnées punitions, son père y avait veillé. Mais la fureur lui faisait tout oublier du soir qui avait précédé la nuit affreuse qu'elle avait vécue, et les feuilles sagement rangées dans son classeur décoré de vaisseaux spatiaux se languissaient se servir à quelque chose.
Leia ne ressentait pas encore de honte à éclater devant tout le monde. Pas encore. Pour le moment, elle était concentrée sur la haine que Pougon et ses devoirs lui inspiraient. Cela lui évitait de penser à autre chose.
Leia n'était pas une enfant violente par pur amour des bagarres, bien qu'elle même n'en fut pas consciente.

*Thomas cherchait ses devoirs d'une main hésitante. La tête encore léthargique, lorsque Leia se leva et éclata devant la prof.
Sa main se mit à vibrer puis tout son bras et pour finir toute sa main trembla et ses feuilles s'échappèrent. Regardant alors en direction de Mme Pougeon, ce fut à sa lèvre inférieure d'être prise de frisson.
Il ravala une fois la boule dans sa gorge avant de sentir la tension qui cherchait à sortir de sa tête et son ventre.
Se levant tremblant comme une feuille, il se tint debout devant son pupitre, entendit leia frapper du poing sur le pupitre tandis que ses larmes sourdaient en silence prêtes à ravager son visage.
Comme hier, il était prêt à craquer.*

Non, pas ici, non, être fort,...

*Mais déjà ses joues étaient humides et son nez coulait alors il se rassit, baissant la tête comme pour mieux se mettre hors de vue de ses camarades.
A peine rassis, il se leva de nouveau d'un bond et sortit en courant de la classe.*

Le regard d’acier de Luise Pougon fixa Leia avec une indéniable hostilité. L’enseignante avait été un peu surprise mais cela n’avait pas duré. A présent, c’était un masque de fureur froide qui s’était incrusté sur son visage. Cette gamine osait lui tenir tête. Elle n’était pas prête à le tolérer. Les limites avaient été dépassées et ce ne serait pas sans conséquences. Sur l’instant, la prof ne dit rien. Elle dut faire un effort pour ne pas exploser à son tour. Un silence des plus pesants s’installa donc. Quand elle allait s’exprimer, son attention fut détournée par Thomas Pignon qui quittait la salle de classe au pas de course. Voilà qui aggravait la situation.
-Attendez-moi, et en silence ! dit Louise à ses élèves d’une voix calme mais tremblante de colère.
Sur ce, elle quitta la pièce rapidement mais sans précipitation. Elle s’occuperait de Pottier une fois le « fuyard » retrouvé.

Une fois dans le couloir, mademoiselle Pougon essaya de suivre Pignon.
-Thomas ! Arrête-toi ! Ce qui se passe n’a rien à voir avec toi ! Tu n’a rien à craindre ! lui cria-t-elle. Comme si Courtet et Pottier ne suffisait pas… marmonna-t-elle ensuite pour elle-même.

*Thomas voyait trouble à travers ses yeux remplis de larme, ses pas précipités le menèrent droit aux toilettes.
Derrière lui, son cerveau enregistra distraitement Les paroles de Pougeon, loin tellement loin pour l'instant. Une fois enfermé dans les toilettes, il se lâcha finalement, pleurant sans plus se retenir; ça faisait du bien.
Petit à petit, la tension allait partir, il le fallait.
Pour l'heure, ça lui faisait du bien de pleurer, non d'avoir mal ou d'avoir peur, juste pour se sentiment d'angoisse qui l'avait pris d'un coup.
Il était plutôt réfléchi et mesuré en temps normal, stoïque si tant est qu'on puisse user du terme pour un enfant.
Mais soit, la porte fermée, il déroulait le papier toilette pour épancher le gros du déversement naso-lacrimal.*

Mademoiselle Pougon poussa un long soupire. Elle était restée dans le couloir, à proximité des toilettes, et jugea préférable de laisser Thomas tranquille. Ha, ce qu’elle détestait les cas spéciaux ! Ils étaient si difficiles à gérer ! La retraite se ferait apprécier.
-Il y a un problème ?
Jaque Longois, prof de CE1, alerté par le bruit, était sortit de sa classe et s’approchait à présent de sa collègue. Pour toute réponse, cette dernière poussa un nouveau soupire.
-C’est Sciprien ? poursuivit Longois.
-Non, Thomas. Il est trop timide ce garçon. Il n’a pas dut supporter la tension. Leia a dépassé les bornes, j’allais sévir quand il est partit.
-Bon, je vois. Tu veux que…
-Non, heu, oui. Tu peux appeler le surveillant ? Autant que ce soit lui qui attende ici. Je crois que le mieux, c’est de laisser Thomas se calmer.
-Oui, peut-être. J’y vais.
Peu après, le surveillant était sur place et patientait en silence. Jaque et Louise était de retour dans leur classe respective.

Pougon regagna son bureau d’un pas rapide et fit face aux élèves. Son regard sévère ne tarda pas à braquer la jeune Pottier.
-Bien, j’espère que tu es fière de toi, Leia. Tu ne cesse de me décevoir. Cette fois, tu es allé trop loin. Apporte-moi ton carnet de liaison.
La voix de l’enseignante était tout simplement glaciale. Jamais encore elle n’avait été aussi effrayante. Louise n’était pas du genre à se laisser marcher sur les pieds, loin de là.

Pendant ce temps, dans les toilettes, un curieux bruit vint aux oreilles de Thomas Pignon : une sorte de glouglou. Il était très discret mais tout de même, l’enfant pouvait le distinguer. Ce son insolite provenait du font de la cuvette…

*Thomas regardait ses pieds.
La tête entre ses mains, il malaxait ses oreilles en laissant échapper de longs et gros sanglots. Les conséquences viendraient après, pour le moment, il évacuait la tension.
Ça faisait du bien de pleurer et en même temps, il savait l'angoisse bien trop ancrée pour partir avec un peu de sel et d'eau.
'Plic plic' du bout du nez au sol blanc/jaunatre; il créait une petite auréole grandissante entre ses deux pieds.
Plic plic, glou glou, ravalant un instant et reniflant un bon coup, il leva la tête, les oreilles attentives.
Plic, glou, glou,...glouglou répartissant les vestiges nasals le long de sa manche, il regarda en l'air, puis à gauche, tendant l'oreille.
Gou, glou, gloup; d'un coup, il se leva, debout il fixa la planche de la cuvette comme s'il pouvait voir les sons sortir.
Sans réfléchir, il grimpa dessus. Debout , il parvenait presque à voir au dessus de la paroi.
Revenant à son problème immédiat, il se pencha en avant pour enlever le locquet de sureté de la porte, il sentait la toilette fort étroite d'un coup.
Aiguisant au maximum ses oreilles, il était aux aguets.
Debout sur la planche avec les restesde son éclatement, il faisait pâle figure là où les larmes et la morve n'avaient pas teintés son visage de rouge, prourpre et jaune verdi.*

Bon, je fais quoi maintenant,si la Pougeon me trouve comme ça, ça risque de mal finir...

*Recentrer ses pensées sur des éléemnts identifiables et 'réels' lui permirent de recentrer ses pensées et garder son esprit relativement clair...jusqu'au 'glouglou' suivant.*

Sciprien ne disposa que de peu de temps avant le retour de Pougon. Sa courte lecture ne lui apprit rien de spécial si ce n’était que le livre rassemblait une dizaine de petites histoires. A en juger par le sommaire, ces dernières étaient destinées aux enfants, elles parlaient de fées, de sorcières, d’ogres, de princesses, de dragon, d’épée enchantée… S’il y avait effectivement quelque chose à trouver dans « Les Conte du Comte », il faudra disposer de plus de temps pour le remarquer. Louise refit son apparition, obligeant le garçon à faire disparaitre l’ouvrage.

Dans la classe, le silence était plus pesant que jamais. L’enseignante dut à nouveau fournir un important effort pour ne pas exploser. Son regard courusse braquait Leia. Cette fille avait un sérieux problème disciplinaire. Ha, si les sanctions corporelles avaient été encore tolérées, Pougon n’aurait pas hésité une seule seconde à faire usage de sa règle. Silencieuse, elle s’empara du carnet qui était tombé au sol. Elle l’ouvrit, y nota quelque chose avant de le refermer sèchement.
-Bien, range tes affaires et vite. Tu attendras le surveillant là-bas.
La prof désigna l’un des coins de la salle, celui à côté du son bureau. Là, l’élève serait visible de tous.

Dans les toilettes, l’étrange bruit persistait, s’amplifiait même. On aurait presque dit une marmite bouillonnante. Que diable se cachait-il dans les toilettes ? Thomas en eu bientôt un aperçut. Il fut sans doute horrifier d’apercevoir une substance noire et visqueuse suinter de dessous le couvercle des toilettes.

*Le bruit prenait de l'ampleur, non seulement le bruit mais le couvercle semblait comme poussé de par en dessous.
Toujours debout sur la cuvette, en équilibre sur la planche qui vibrait, il se retint à la cordelette de chasse, déclenchant du même coup le mécanisme de chasse d'eau.
Craignat la réaction du mélange aqueux, il envoya son pied dans la porte et sauta hors de la toilette en évitant le liquide goudronneux qui en suintait.

C'est officiel; je suis fou... *marmonna-t-il en devers lui*

*Bizarrement, ça le réconforta presque de se définir cinglé, loin les hésitations, loin les réflexions, il n'y avait plus qu'à se comporter comme tel.
Doucement, il ferma la porte des toilettes, le regard toujorus braqué.

c'est un thomas aux yeux vague, presque trop calme, qui retourna en salle de classe. Il se sentait presque bien, comme nageant dans un rêve en revenant vers la pougeon.
Lucidité qui vola en éclats en arrivant au moment où la pougeon envoyait Leila au coin.
Attendant qu'on s'intéresse à lui, il réfléchissait à la bonne formule;*

-Bonjour mademoiselle Pougeon, il y a un truc goudronneux dans les toilettes

-J'étais aux toilettes lorsque un truc noir liquide a essayé de sortir

-Madame, je pense qu'il y a une invasion de trucs dégueulasse dans les toilettes

-Excusez-moi, pourriez vous jeter un coup d'oeil au toilettes

Quand je pense que les profs ont leurs propres toilettes,.. le monde est injuste.

Elle s'en fut au coin, avec force grognements et sanglots furieux, gratifiant au passage les sacs de plusieurs camarades de coups de pieds rageux. Dire qu'elle en voulait énormément à la Pougon était un très doux euphémisme: elle lui aurait volontiers sauté à la gorge. Mais il y avait une autre à qui elle en voulait encore plus, c'était elle-même. La révélation lui traversa l'esprit avec la vivacité et la violence d'une flèche. Elle l'avait fait, ce crétin de devoir, et pourtant, elle ne lui avait pas donné. Elle s'en souvenait maintenant. C'avait été pénible. Leia se retourne avec brusquerie et se mit à hurler en envoyant des postillons à une distance olympique:

"MAIS EN FAIT J'l'AI FAIT VOTRE P'TAIN DE DEVOIR MADAME! RHARGL!"

Elle serrait les poings à en rendre ses articulations livides, et n'avait visiblement pas l'intention de se calmer. Son visage était rouge comme une pivoine et baigné de larmes, mais furieux. Elle haïssait la Pougon, comme s'il s'était agi d'un monstre baveux destiné à lui pourrir l'existence, et le sentiment était sûrement à peu près réciproque. La Pougon avait la faculté de lui faire perdre le contrôle de ses nerfs en n'importe quelle situation, et après la nuit qu'elle avait vécu, il n'était guère étonnant que Leia eut entamé leur journée par une engueulade monumentale.