La Couronne de Cuivre

Elvire secoua doucement la tête.
" En réalité, j'étais seulement invitée en ces murs jusqu'à avant-hier et nos noces. Désormais, c'est à moi que reviendras ce choix, effectivement, mais pour l'instant, ce sont encore les denrées que le chambellan de Messire de Percival a choisies pour nous. Je pense qu'il a le goût sûr, cependant."
Gunther acquiesça la bouche pleine, qu'il dissimula promptement derrière une serviette, non sans rougir.
" Ce bon à rien s'est encore trompé de miel !" grommela la vieille femme.
" Mamy est ma grand-mère." intervint Gunther. " La mère de ma mère. Elle n'est plus toujours très claire..."
" Je t'ai entendu, morveux !"
" Mamy !"

Maaïsie se demandait quelle ambiance animerait ce repas si le Baron n'avait été empoisonné. On ne peut jamais se fier à une façade, surtout dans une famille riche et noble, mais... elle se prit à envier ces relations. C'était la première fois qu'un de ces clients lui offrait un tel accueil. Une grande vague de tristesse lui envahit le coeur.

Elle sourit néanmoins à la réaction de la vieille dame, et tout en avalant discrètement une dernière tartine, elle regarda Gunther :

" Je vous prie de m'excuser si je vous quitte si promptement, mais je crois que plus vite j'aurais parlé à votre père, mieux ce sera... Ma Dame, " ajouta-t-elle, sur un ton de confidence, à Dame Elvire tout en se levant," m'indiqueriez-vous l'adresse de ce tailleur dont vous m'avez tant vanté les mérites hier soir ? "

La jeune femme monta rapidement les escaliers et s'arrêta sur le palier, dans la pénombre du couloir à peine éclairé par les fenêtres du hall d'entrée. Jamais n'avait-elle ressenti cela... cela faisait, oh, presque 25 ans que se vie était solitaire, ou partagée entre des gens qui affichaient le plus souvent une déférence professionnelle ou pire, sociale.

Maaïsie était confortablement fortunée, mais elle n'était pas des leurs. Parfois, elle avait noué des contacts intimes, mais sans aller bien loin. Elle voyageait trop sur le continent. Parfois, une aventure par ci, par là mais... Elle était seule. Et soudain, ici...

Elle inspira un grand coup, et alla dans sa chambre y prendre son petit carnet de notes et la petite boite à écrire. Elle vérifia la nouvelle page consacrée à cette transaction : sa date d'arrivée, quelques notes prises à la lecture de la lettre...

Il faudra que je change le nom... oh, non, il a raison, c'est mieux ainsi. Peut-être ajouterai-je son nom à lui à la fin.

Elle prit tout cela avec elle et alla frapper à la porte de la chambre du Baron.

Quête : Une si belle nuit.

La voix du baron répondit presque instantanément, invitant Maaïsie à entrer.
Il était assis dans son lit, confortablement installé contre des oreillers moelleux, et paraissait un peu moins pâle que la veille. Mais ses traits étaient tirés malgré le sourire qu'il affichait.
- Entrez, Dame Luune. Avez-vous bien dormi, et le petit déjeuner a-t-il été à votre goût ? Ce n'est pas que je ne fasse pas pleinement confiance à mon fils pour respecter les lois de l'hospitalité, mais on ne sait jamais, en cette période un peu troublée... Il est sans doute plus préoccupé d'attendre un éventuel rapport de la garde.

" Vous n'avez pas à vous en faire pour cela Messire, " l'assura-t-elle avec un petit rire. " Votre maison semble bien disposée en domestiques... compétents. Le lit était parfait, le petit déjeuner tout autant. Mais j'espère en effet que la garde viendra bientôt, cela le soulagerait d'un poids...

Elle s'installa sur la même chaise que la veille, et sortit la plume métallique fine, et l'encre noire. La boite disposait d'un petit système ingénieux : le carnet reposait sur la boite ouverte, et une pièce de bois se décalait afin d'y poser l'encrier. Ainsi ,peu importe où elle se trouvait, Maaïsie pouvait très bien écrire.

" Et vous Messire ? Vous avez l'air plus reposé. Un clerc est-il passé ? En sait-on plus sur comment vite vous permettre de profiter de votre ravissante demeure et sa compagnie, et non plus seulement du lit ?

Quête : Une si belle nuit

Le baron observa d'un oeil intéressé la boite à écrire de la marchande d'art, mais ne fit aucun commentaire.
Il haussa les épaules en réponse à sa question.
- Le clerc n'est passé que deux fois : lorsqu'on l'a appelé en urgence au beau milieu de la nuit de noce de mon fils, et hier en fin de matinée pour vérifier l'évolution de mon état. Je ne l'ai pas revu depuis, mais il m'avait dit que les choses allaient rentrer dans l'ordre petit à petit, qu'il me fallait avant tout du repos. D'après lui, toute trace de poison a disparu de mon organisme, il ne reste qu'à attendre que les dommages se réparent d'eux-mêmes. Et je me sens effectivement mieux. Pas au point de me lever plus de quelques minutes, cependant... Mais c'est en bonne voie tout de même.
Il grimaça.
- Enfin... si la tentative d'empoisonnement ne se renouvelle pas d'ici ma guérison bien sûr ! Mais je suis prudent, cette fois-ci je garde un contre-poison prêt à servir...

" Justement... hier soir, vous aviez semblé croire que cet empoisonnement pourrait être lié à l'affaire qui nous préoccupe, vous et moi. Quoique pour le moment, " ajouta-t-elle, amusée," je n'en sache toujours pas plus... à dire vrai, tout cela m'intrigue... Vous aviez raison, j'ai autrefois usé d'un art autrement moins contemplatif, et je ne vous étonnerai probablement pas si je vous racontais certaines histoires dans lesquelles j'ai pu être entrainée dans mon nouveau métier. "

Elle ajouta d'un trait léger le mot "aventure ?" à côté de la date annotée la veille. Si je me trompe, il sera amusant de revoir ce mot, plus tard.

" On a toujours besoin des expériences de son passé ".

Quête : une si belle nuit

Le baron sourit.
- Je serai ravi de vous entendre conter vos aventures. J'imagine que la recherche d'oeuvres d'art n'est pas forcément de tout repos. Quant à cette tentative d'assassinat, je me souviens bien avoir envisagé hier soir qu'il pouvait y avoir un lien avec l'affaire pour laquelle je vous ai écrit... Mais cela semble tellement improbable de vouloir tuer quelqu'un simplement pour l'empêcher de découvrir un objet rare.
Il soupira, visiblement indécis.
- J'avoue que je ne sais qu'en penser. Je tourne et retourne la question depuis hier. Bien sûr, il y a des personnes à qui ma mort pourrait bénéficier, et je liste sans arrêt dans mon esprit celles qui auraient pu souhaiter ma mort, comme le capitaine Dulac me l'a demandé hier. Il n'y en a pas tant que cela, heureusement. Peut-être le coupable est-il parmi mes ennemis, peut-être est-il parmi mes proches... On deviendrait presque paranoïaque dans de telles circonstances. Et on se sent tellement vulnérable...

Il parut soudain se souvenir qu'il avait affaire à une presqu'inconnue.
- Veuillez m'excuser. Vous étiez simplement venue m'aider à retrouver un objet d'art, et voilà que je vous ennuie avec mes divagations.

" Le monde de l'art peut parfois être terriblement dangereux et cruel. Certaines personnes sont si farouchement attachées à la possession même d'une pièce rare, qu'ils peuvent en venir aux pires bassesses, Messire. J'ai malheureusement été indirectement responsable d'un crime, jadis... en ayant simplement acquis une jolie petite corne de brume pour un marin à la retraite. "

Maaïsie soupira tristement. " N'ayez pas peur d'exprimer même les plus absurdes idées : leur apparente sottise peut parfois aider à dévoiler des vérités. Racontez-moi donc cette idée d'art. Après tout, elle touche à mon domaine ".

Elle croisa les jambes et laissa tremper sa plume dans l'encre. Elle sentit presque le poids du métal s'alourdir, prenant plaisir à ressentir cette infime variation dans son instrument. Et l'impatience la brûlait à présent : comme une chasse au trésor, une chasse au meurtrier.

Quête : Une si belle nuit (Yaël)

Yaël et Emeric approchèrent lentement du portail, impressionnés par la demeure. Qui était -sans aucuns doutes- la plus grande, et la plus belle que le jeune mage ait jamais vu.

Il s'approcha du portail, légèrement effrayé. Et si on ne l'écoutait pas et qu'on l'arrêtait à nouveau?

Il chassa ses doutes d'un mouvement de main devant son visage. Il regarda le portail et chercha un moyen de prévenir de son arrivée. Il trouva une petite chainette et la tira. Et réfléchit très vite à ce qu'il pourrait dire.

Après quelques instants, la porte s'ouvrit sur un serviteur en livrée, qui vint vers eux d'un pas empressé. C'était un homme déjà âgé mais encore vif, aussi maigre et droit qu'un manche à balai. Il posa ses yeux gris sur les visiteurs, reconnaissant l'uniforme du garde, beaucoup moins l'allure immaculée du jeune homme qui l'accompagnait.
La tenue d'Emeric le mit cependant en confiance, car il entrouvrit la grille.
" Que puis-je faire pour vous, messire ?" demanda-t-il d'une voix posée.

Quête : une si belle nuit

Dans la chambre du baron, pendant ce temps...

Le baron haussa les épaules, l'air un peu incrédule.
- Je ne pense pas que qu'il y ait le moindre rapport entre l'objet que je recherche et cette tentative de meurtre, quand même. Je n'ai pas votre expérience, mais... cela me semble tellement incroyable.
Il secoua la tête et sourit à Maaïsie.
- Mais soit. Après tout, c'est pour cela que je vous ai fait venir, je vais donc vous en dire un peu plus sur cette histoire...

Il se carra un peu mieux dans son fauteuil.
- Il y a quelques temps, je suis entré en possession, par hasard, d'une liasse de parchemins très anciens, en mauvais état de conservation, écrits en langue elfique. Un ami s'est chargé de les déchiffrer, de traduire le peu qui était déchifrable. On a extrapolé un peu le reste... Ils racontent une histoire passionnante, une histoire d'une ancienne alliance entre elfes et nains, il y a peut-être 6000 ans. Une histoire qui a fini en massacre le jour où une armée d'elfes noirs leur a tendu une embuscade, alors qu'ils se retrouvaient tous à la date anniversaire pour renouveler l'alliance. Il n'y a eu que très peu de survivants, qui se sont jurés de combattre les elfes noirs jusqu'à leur mort et sont devenus des héros.
Il fit une pause pour reprendre son souffle.
- La fin du parchemin était en très mauvais état. Mais il faisait allusion à un objet, probablement une arme de l'un des survivants, richement orné, qui aurait traversé les âges et se trouverait actuellement sur Hélonna. Il semblerait qu'on ait déplacé la dépouille de l'un des héros ici pour une raison obscure. Ou peut-être seulement l'objet, probablement son arme. Ce n'était pas très clair, le texte était pratiquement indéchiffrable. Mais il y avait une carte, des indications, et il semblerait que cet objet se trouve actuellement dans la Forêt Maudite d'Hélonna.

Maaïsie n'avait pas retiré la plume de l'encrier ; la pointe s'engorgeait du liquide noir.

Ce serait tout de même trop fort...! Y aurait-il un rapport avec l'objet de mes propres recherches ? La Main Tranchée ? Mais non, je ne me souviens pas d'elfes noirs, et c'est trop vieux... Mais je ne sais à quand remonte cette Alliance, après tout...

Elle finit par constater ce qui se produisait avec sa plume. Délayant le trop plein de la plume en la tapotant sur le bord de l'encrier, elle coucha quelques mots sur son carnet d'une main légèrement tremblante. Elle devait rester concentrée.

" C'est fascinant ! Je ne m'attendais pas à quelque chose d'aussi antique. Il faudra que je regarde ces parchemins Messire. J'en ferai une copie, et si ce n'est déjà fait, je vous prierai d'ensuite mettre ces parchemins en lieu sûr. Je ne puis en dire d'avantage tant que je n'aurais pas lu ce que ces parchemins ont à raconter, mais si l'on parle de Héros, d'objet venant du fond des âges... Même si ce qui vous est arrivé durant la noce de votre fils n'a rien à voir, peut-être vaut-il mieux être prudent. A qui avez-vous parlé de tout ceci ? "

Maaïsie nota sur son carnet qu'elle aurait besoin de bons plans : de cette cité, déjà, et des régions alentours.

Quête : Une si belle nuit (Yaël)

Yaël le salua brièvement et pris la parole d'un ton le plus calme et posé possible.

- Bonjour, nous souhaiterions parler au Baron, il ajouta en se souvenant qu'il n'était peut-être pas en état de le recevoir, ou toute autre personne susceptible de nous recevoir dans un premier temps.

Il inscrit un sourire aimable sur son visage.

-C'est à propos de l'enquête. Je ne sais pas si vous êtes au courant du déroulement?

Il recala la lanière de son sac de toile sur son épaule, bloqua une de ses mèches de cheveux bleus derrière son oreille et repris.

- Je pourrais avoir quelques informations importantes, et j'ai bien peur que les autorités compétentes ne passent outre.

Il espérait avoir choisit les bons mots et arguments, il se doutait que le serviteur à l'aspect rêche ne le laisserait pas rentrer sans avoir de bonnes raisons. Il croisa les doigts mentalement, et continua d'afficher son sourire et son air confiant.

Le serviteur le dévisagea avec suspicion, puis son regard revint à nouveau sur le garde. Il sembla réfléchir une seconde.
" Monsieur le baron est souffrant. Mais son fils pourra sans doute vous recevoir dans la salle des invités."
Apparemment, Emeric constituait un laisser-passer suffisamment pour Yaël. Le domestique leur fit ensuite signe de le suivre et ils remontèrent ensemble le petit chemin qui menait au porche. Il les fit entrer dans un hall somptueux et leur ouvrit une porte latérale, qui donnait sur un petit salon cossu.
" Si vous voulez bien patienter quelques instants..."
Il s'esquiva ensuite, laissant Yaël seul avec son garde du corps. Ce dernier ne dit rien, semblant ne pas vouloir se mêler de ce que le jeune magicien avait derrière la tête. Il avait cependant la main sur la garde de son épée, comme pour lui signifier qu'il n'hésiterait pas à s'en servir au besoin.
La porte se rouvrit quelques minutes plus tard sur un gentilhomme peu gâté par la nature, un peu plus âgé que Yaël. Il était dégingandé, le nez énorme et peu de travers mais il tenta quand même de sourire, bien qu'il soit manifestement inquiet.
" Je suis Gunther de Percival, le fils du baron. Il paraît que vous avez des choses à nous apprendre sur l'enquête. J'espère qu'il ne s'agit pas d'un canular."
Son regard exorbité passa sur Emeric, revint à Yaël.
" Mais je vous écoute."

L’enthousiasme de la marchande d’art arracha un sourire au baron.
- C’est très ancien pour nous autres humains, c’est vrai. Mais à l’échelle de la vie d’un elfe, cela paraît tout de suite moins antique. Enfin, c’est ce que m’a dit l’ami elfe qui me l’a traduit. Il n’était pas sûr, pour les six mille ans, l’encre était effacée, la seule certitude est que cela se comptait en millénaires. Et il lui semble avoir entendu des légendes semblables qui auraient situé cela à cette époque, mais il peut s’être trompé.

Il fut interrompu par une quinte de toux. Moins rauque que la veille, toutefois.
- Il m’en a fait une copie en langage commun, je vous la montrerai. Quant à l’original, il est effectivement en lieu sûr, dans un coffre de ma bibliothèque. Enfin… je ne sais plus si on peut parler de lieu sûr, puisque d’après les enquêteurs un inconnu s’est sans doute introduit chez moi l’autre soir. Et vous vouliez savoir à qui j’en ai parlé… Et bien, à l’ami qui me l’a traduit, que je connais depuis longtemps. Mais il avait de la visite, deux autres elfes de lune, des cousins à lui. C’est même sa cousine qui a fait le rapprochement avec une ancienne légende qu’elle connaissait, maintenant que j'y pense....

Il soupira, haussa les épaules.
- Tout cela me paraît bien loin et bien superficiel aujourd’hui. J’avais complètement oublié votre venue et ces recherches… Je n’avais pas eu le temps d’en parler à mon fils non plus, il était bien trop occupé à préparer son mariage.

" Je comprends... on relativise un peu ce genre de choses, surtout quand cela ne vient qu'au travers un parchemin. Mais c'est intéressant comme remarque, à propos du temps qui passe. Car si les objets anciens intéressant les humains pour le Savoir perdu, il peut attiser les convoitises d'êtres qui n'en ont rien oublié du tout, et savent quoi en tirer... "

Maaïsie prit un instant pour ajouter quelques notes à propos d'elfes de lune, ainsi que d'une effraction chez le Baron.

" Bien... il faudra sans doute passer par un moment de recherche documentaire. Un passage obligé mais passionnant, pour peu que l'on sache se concentrer ". Ses yeux brillèrent de gourmandise. " Il devient vite facile de lire un petit bout de légende par-ci, par-là... Et je me permets d'insister, Messire, mais j'aimerais pouvoir consulter les documents d'origine, afin d'en étudier la matière, les éventuels symboles et surtout, les morceaux manquants ou abîmés. Cela peut grandement m'aider dans mes recherches futures. Et comment avez-vous obtenu ces parchemins, exactement ? "

Quête : Une si belle nuit (Yaël)

Le fils du baron était à la vérité bien laid, mais ça voix était très agréable. Yaël le regarda et choisit ses mots pour ne pas mentir mais ne pas choquer non plus. Après tout, il avait été accusé de l'empoisonnement.

- Eh bien, non, il ne s'agit en rien d'un canular. Et je peux vous assurer que j'aurais bien préféré. Être mêlé à toute cette affaire ne me plait guère.

Face à la mine surprise de Gunther, il commença à s'expliquer.

- Bien avant que vous ne m'attaquiez, j'aimerais que vous m'écoutiez jusqu'au bout.

Il attendit que ces mots fassent effet.

- Bien, j'ai été accusé de l'empoisonnement de votre père, il continua avant de pouvoir être interrompu, en élevant légèrement la voix, à cause de ma bourse, que l'on a retrouvé chez vous. Mais Emeric ici présent peut vous confirmer que je ne suis en rien responsable, j'étais avec lui à ce moment là.
Vous vous demandez alors pourquoi je suis ici en train de vous parler? Parce que je n'aime pas qu'on me manipule comme un pion. Je ne le tolère pas.
Bien dans un premier temps, j'ai croisé un Halfelin apparemment à votre service qui m'a renversé un gâteau dessus. Il a eut une réaction très étrange, et je me demande s'il ne pourrait pas avoir un lien dans cette histoire.
Dans un second temps, j'aimerais mener ma petite enquête à moi tout seul... Et pour ça, j'aurais besoin de parler avec votre père.

Il s'arrêta, et attendit la réaction du jeune marié.

A la mine du jeune noble, Yaël comprit que jamais il n'aurait imaginé l'attaquer : ce genre de choses lui était manifestement complètement étranger. Le dénommé Gunther se contenta d'ouvrir des grands yeux au fil du récit, son regard passant de Yaël au garde, comme s'il cherchait une confirmation de son discours.
" Je ne suis pas certain d'avoir complètement saisi..." commença-t-il. " Un halfelin vous a renversé un gâteau dessus ? Quand ça ? Au mariage ? Vous étiez au mariage ? Je ne me souviens pas de vous... Enfin, ce n'est peut-être pas si étonnant, vu l'état dans lequel j'étais... Hum... Une réaction étrange ? Comment savez-vous qu'il était à notre service ?"
Il secoua la tête.
" Tout ceci me semble très farfelu."
" Je pense que les choses s'éclaireront si nous pouvons parler à votre père." intervint Emeric.
Gunther le dévisagea comme s'il venait de descendre de la lune, mais finit par opiner du chef.
" Ma foi, pourquoi pas..." murmura-t-il, à moitié pour lui-même. " Mais je ne sais pas s'il est en état... D'autant qu'il a déjà de la visite pour l'instant... Ne pouvez-vous pas me confier les choses, plutôt ? "

Yaël jaugea Gunther du regard.

- Non, je ne préfère pas. Parler avec votre père sera sans aucuns doutes plus évident. Je ne suis pas pressé, s'il est occupé, alors j'attendrais.

Il sourit aimablement.

Quête : Une si belle nuit

Dans la chambre du baron

- Je vous laisserai bien sûr consulter ces parchemins si vous le souhaitez, même si je doute qu'ils vous apprennent grand-chose de plus. Mon fils a la clé du coffre où je garde les documents importants, mais je ne suis pas certain qu'il sache reconnaitre ce parchemin, malheureusement. Il va falloir que vous attendiez que je sois en état de vous le montrer moi-même. Et pour l'instant... Je n'ose pas me lever, j'ai été pris de vertiges au bout de quelques minutes ce matin. Mais je pense que j'irai mieux dès cet après-midi, quitte à faire une petite sieste....

Il sourit à Maaïsie.
- Quant à la manière dont je suis entré en possession de ces parchemin, c'est tout simple : un ami à moi est décédé, c'était un grand voyageur qui se passionnait pour l'histoire des différentes races, des différentes civilisations. Il possédait beaucoup de livres et de documents très anciens. A sa mort, ses héritiers m'ont demandé de les aider à trier tout cela, et, en échange, m'ont laissé choisir quelques documents parmi ceux qui m'intéressaient le plus. Ces parchemins avaient l'air tellement anciens... Je les ai pris sans hésiter.

" Très bien... Je vous demanderai dans ce cas la traduction de ces documents, afin que je puisse commencer à mon aise. Peut-être me permettrais-je de vous demander le nom de ces amis ? A moins que vous ne sachiez dans quelles régions du monde il est allé ? "

Maaïsie ajouta quelques notes à son carnet, et tandis que l'encre séchait, elle prit une inspiration :

" Je m'excuse si j'ai l'air de poser des questions qui n'ont l'air d'avoir que peu de rapports avec le contenu de ces parchemins ou ce qu'ils indiquent. Mais quand il s'agit de remonter l'histoire d'un objet, plus on en sait sur ce qui l'entoure, plus vite vont les investigations, et parfois... on évite beaucoup d'ennuis. "

Elle referma le carnet et entreprit de ranger son matériel en attendant la réponse du Baron.

Le fils du baron sembla songeur puis haussa les épaules.
" Très bien. Dans ce cas, allons-y. Mon père est peut-être encore occupé mais je gage qu'il ne sera pas indifférent à vos... vos informations..."
Il se leva et invita Yaël et Emeric à le suivre. Il les entraîna hors de la pièce, dans le grand hall, puis les fit monter une première volée d'escaliers, une seconde, tourner dans un premier couloir, bifurquer plus loin. Le manoir était immense, Yaël put le constater, et son architecture, ses meubles, ses matières trahissaient la richesse de ses occupants. Enfin, ils s'immobilisèrent devant une porte.
" Un instant."
Gunther frappa puis entrouvrit la porte, surprenant Maaïsie et le baron dans leur conciliabule.
" Excusez-moi, mais j'ai ici un jeune homme qui dit avoir des informations sur la situation et voudrait vous rencontrer, père... Il est accompagné d'un garde, je pense qu'il n'est pas dangereux... Mais je peux lui dire d'attendre, ou de revenir plus tard, cependant."

Quête : une si belle nuit

Le baron tourna machinalement un regard interloqué vers son interlocutrice, hésita un instant.
- Il aurait des informations sur… ce qui s’est passé l’autre soir ? demanda-t-il à voix haute, exprimant davantage son étonnement qu'une réelle question.

Il poursuivit d’un ton moins fort, à l’attention de Maaïsie.
- Ce la ne vous dérange pas si nous interrompons notre discussion un moment ? S’il sait quelque chose … Je préfèrerai l’entendre vite. C'est assez usant de rester sans rien faire à attendre que les gardes enquêtent. D'autant que je n'ai guère confiance dans leur afficacité, je crains qu'ils ne négligent certaines pistes.

L'enthousiasme de Maaïsie lui martela le cerveau, mais elle comprenait la réaction du Baron ; à sa place, n'importe qui, même elle, voudrait écouter ce que ce jeune homme pourrait avoir à raconter ! Et à vrai dire, elle était plutôt curieuse de ce que cet informateur pourrait bien raconter.

" Je vous en prie Baron, c'est d'importance. Souhaitez-vous que je vous laisse avec lui ? "

Quête : Une si belle nuit

Le baron sourit.
- Non, bien sûr, vous pouvez rester. Même si personnellement je ne pense pas que cela ait un lien avec l'affaire pour laquelle j'ai demandé votre assistance, cela me parait tout de même assez invraisemblable. Il reste que vous portez un regard extérieur sur tout cela, étant étrangère à notre maison et à la ville, et, par là même, peut-être aurez-vous des idées intéressantes sur la question.

Il reprit, un peu plus fort.
- Fais-le entrer, Gunther, avec le garde qui l'accompagne. Tu peux bien sûr assister également à notre discussion, peut-être ces messieurs ont-ils des choses intéressantes à nous apprendre...

Il s'assit un peu plus droit sur sa couche, soucieux de paraitre le moins affaibli possible, tandis que Gunther ouvrait la porte aux deux visiteurs.

Yaël rentra dans la pièce, il nota la beauté de la chambre. Il remarqua que l'invité était une belle femme. Bien qu'il fut incapable de savoir quel type de discussion elle avait pu avoir avec le baron, elle était de toute évidence sérieuse.
Son regard se dirigea ensuite naturellement sur le baron. Il paraissait fatigué, mais il gardait un posture et une expression digne.
Yaël inclina légèrement la tête pour les saluer.

- Baron, Mademoiselle.

Il se plaça à proximité du baron.

- Je suis désolé de vous déranger, mais je crois que tout deux avons été victime de la même personne qui nous a utilisée, tel des pions, pour atteindre son objectif, ou alors, nous ne sommes que des dommages collatéraux.
Sachez que je ne perdrais pas mon temps en explications ou en histoires qui ne seraient que de peu d'utilité, je serais donc bref, et j'irais au cœur du problème.
Les autorités m'ont accusées d'être responsable de votre empoisonnement parce que ma bourse s'est retrouvée en vos murs. Ce n'est pas le cas, et cette bourse m'avait été volée peu de temps avant. En cellule, j'ai eut le temps de réfléchir qui aurait pu me voler cette bourse et pourquoi. Outre un éventuel voleur qui aurait bien eut du mal à se faufiler chez vous, et un groupe de 'camarades' qui n'y seraient pas parvenus non plus, Je ne vois qu'un de vos serviteurs que j'ai rencontré en sortant de l'université. C'est un halfelin, dont je ne connais pas le nom. Il était chargé d'apporter un gâteau, et que j'ai malmené verbalement. J'ai prévenus les personnes en charge de mon interrogatoire de cet éventualité, espérant qu'il s'occuperaient de l'interroger lui, et qu'il m'oublieraient un peu moi. Mais à ce que je vois vous n'avez pas eut de nouvelle de l'enquête...

Il s'arrêta en espérant avoir été assez clair.

Quête : une si belle nuit

Un bref moment de silence suivit la déclaration du jeune mage.
- On nous avait fait savoir qu'un suspect avait été arrêté, dit finalement le baron. C'est donc vous... Et ils vous ont relâché, apparemment. Mais je ne suis pas certain d'avoir tout saisi.
Il ferma les yeux un instant, une expression de lassitude sur les traits.
- Veuillez me pardonner, mais j'ai un peu de mal à réfléchir clairement. Je ne suis pas encore tout à fait remis de cet empoisonnement. Personnellement, je ne me considère pas comme un dommage collatéral, j'en serais plutôt la victime... Et je ne suis pas sûr de saisir ce que vous voulez dire en parlant de pions. Mais vous semblez vouloir accuser le jeune halfelin qui nous a servi le dessert... Pourquoi aurait-il fait cela ? Et de quels camarades parlez-vous ?
Il se passa une main sur le front, un peu nerveusement.

Yaël s'étonna de la question du Baron, certes, il n'était pas en forme, mais sa réflexion était-elle si embrumée?

- Comment voulez-vous que je sache pourquoi il voulait vous empoisonner? Je suis étranger à vos histoires ! Il y a tellement de réponse possible. Pour le profit, par pulsion meurtrière, pour se protéger lui ou ses proches en obéissant à des ordres... Vous savez, les êtres de conscience sont capable du meilleur comme du pire, pour sui peu de chose.

Il regarda la femme. Elle semblait vive d'esprit et n'avait pas perdu un seul de ses mots.

- Peut-être que d'autres que moi en connaissent mieux la réponse?