La Couronne de Cuivre

Quête : tel est pris qui croyait prendre

Astrée hocha la tête, et sourit.
- C'est promis. Ton uniforme sera impeccable.
Et, avec toute la douceur que lui permettaient ses doigts presque aussi gourds que ceux du jeune mousse, elle finit de défaire les boutons de la vareuse et la lui enleva. Puis elle lui ôta sa chemise de coton, et son pantalon du même tissu bleu vif que la vareuse. Elle étala soigneusement l'uniforme sur les rochers proches du feu, et se mit à fouiller dans son sac.

- J'ai de quoi nous faire une infusion, ça nous réchauffera... Mais il faut absolument économiser l'eau douce tant qu'on ne sait pas si on peut en trouver facilement. On va donc se limiter à une petite tasse chacun...
Elle versa une partie de l'eau de sa gourde dans la gamelle qu'elle venait de sortir, mesurant l'équivalent de cinq petites tasses, et la mit à chauffer. Puis, sans un mot, elle vint se rasseoir à côté du jeune mousse, tout contre lui, et passa son bras autour de lui pour tenter de lui apporter un peu de chaleur. S'il le fallait, elle le reprendrait contre elle...

Quête : Tel est pris qui croyait prendre

Le mousse s'était laissé faire sans piper mot, et, contre toute attente, ne protesta pas d'avantage lorsque la rôdeuse l'entoura de son bras. Tout juste tressaillit-il avant de se laisser aller contre elle. Ce qui fait également tressaillir Astrée : il était terriblement glacé. Il frôlait l'hypothermie, s'il n'était pas déjà en train d'y sombrer.
-Sinon, j'ai ça, aussi ! s'exclama soudain le mage.
Leur tournant toujours le dos, il brandit triomphalement une flasque de métal.
-Ce foutu naufrage a tout chamboulé dans mon chapeau, mais j'ai réussi à remettre la main sur celle-là au moins... C'est un cordial halfelin. Ils appellent ça du "Oui, c'qui ?", rapport au fait que si on en boit trop, on ne reconnaît plus personne. Ou alors on voit des gens qui n'existent pas. Mais à petites doses, c'est innofensif ! Et je crois qu'au vu des circonstances, vous et le jeune homme devriez en boire une lampée. Ce n'est pas du rhum, mais... ça peut être vu comme un remède de marin pur et dur ! Vous attrapez ?
Et de lancer la flaqeus par dessus son épaule, en direction de la rôdeuse. Il n'avait pas tourné la tête, mais son geste s'avéra plutôt précis.

Quête : tel est pris qui croyait prendre

Astrée attrapa la flasque au vol.
- Merci ! Vous êtes décidément un compagnon plein de ressources... Et je crois que ce ne sera pas de trop, en effet.

Le gosse était gelé. Pas étonnant vu la température extérieure. Elle eut une pensée pour Kasumi et Zaïu, qui s'étaient éloignés du feu et devaient avoir vraiment froid eux aussi. Elle se déplaça un peu, de façon à se retrouver derrière lui, et entoura le frêle corps de ses deux bras, l'attirant contre elle pour lui transmettre un peu de chaleur corporelle.

Puis elle déboucha le flacon d'alcool et, d'autorité, approcha l'embout des lèvres du jeune garçon.
- Tiens, Léo, bois ça. Mais juste une ou deux gorgées, d'accord ? Sinon tu vas rouler au sol comme les marins lorsqu'ils fêtent leur retour à terre.......
Elle tenta de lui sourire. Mais l'état du garçon l'inquiétait de plus en plus.
- Et... tu ne veux vraiment pas que la louve de Kasumi s'installe près de toi pour t'aider à te réchauffer ? Elle est apprivoisée, tu sais.

Quête : Tel est pris qui croyait prendre

Léo ne répondit pas immédiatement. Toute trace de colère ou d'assurance l'avait déserté, ce qui le faisait paraître par contrecoup terriblement jeune, fluet et misérable. Il n'en agrippa pas moins avec force la flasque et en avait avalé trois impressionnantes lampées avant que la rôdeuse ne parvienne à la récupérer.
-J'lui fais pas confiance quand même... murmura-t-il. L'instinct revient toujours, et si ça s'trouve elle a franchement la dalle...
Difficile de savoir s'il était sérieux ou s'il plaisantait. En tout cas, il s'arracha un sourire triste des plus poignants.
-Mais au moins, j'serai utile à quelque chose, vous allez avoir b'soin d'elle en pleine forme...

Quête : tel est pris qui croyait prendre

Astrée se laissa aller à rire. Un rire un peu forcé, sans doute. Mais au moins, le jeune mousse tentait de plaisanter, malgré son état, malgré son désespoir. Il paraissait si jeune, si fragile... Elle se demandait comment il allait trouver la force d'affronter le deuil qui venait de la frapper. Elle avait beau savoir que les enfants ont des capacités de résilience insoupçonnées, la vie était tellement injuste...
Non, là ce n'est pas la vie. C'est son père qui a choisi.
Un choix qu'elle ne comprendrait jamais...

Prince des Frelons reparut sur ces entrefaites. Il avait repris sa forme d'écureuil, et, sans demander l'autorisation à personne, vint se nicher dans les bras de Léo. Comme s'il sentait que l'enfant avait besoin de réconfort.
- N'aies pas peur, murmura Astrée. Il est très gentil... Juste un peu curieux et gaffeur, mais très gentil.
Elle hésita à éveiller la curiosité du jeune garçon en faisant allusion au secret de l'écureuil. Mais le pauvre était sans doute trop épuisé pour s'y intéresser. Elle attendrait...

Quête : Tel est pris qui croyait prendre

Le petit garçon, qui n'avait pas vu approcher Prince des Frelons, sursauta lorsque celui-ci lui grimpa dessus, avant de demeurer immobile, stoïque et tremblant. Cependant, quand la rôdeuse tenta de le rassurer, il leva vers elle un visage aux pommettes rosies, que ce fut là un effet de la vexation ou de l'alcool bu quelques instants plus tôt.
-Je sais que je vous fais pas très bonne impression et que vous devez vous dire que je suis rien qu'un mioche, commença-t-il, mais... Faut quand même plus qu'un écureuil pour me faire peur. Même affamé, j'vois pas bien ce qu'il pourrait me manger.

Quête : tel est pris qui croyait prendre

Astrée se mit à rire.
- Oh, si j'étais toi, je me méfierais. Tu ne sais pas de quoi ce garnement est capable... Ce n'est pas un écureuil ordinaire, tu sais... Mais c'est son secret, et tu le découvriras bien assez tôt. Et pour en revenir à son appétit... ses goûts ne se limitent pas aux biscuits. Et il est tellement curieux de tout qu'il serait parfaitement capable de croquer dans un orteil, rien que pour voir le goût que ça a. Il prendrait ça pour un fruit inconnu... Et tu auras de la chance s'il ne s'intéresse pas à d'autres parties de ton anatomie...

Et l'écureuil, illustrant les mots de la rôdeuse, fila d'un bond vers les extrémités gelées et bleuies du jeune mousse. Bien sûr, c'était Astrée qui le lui avait demandé, et il n'avait nullement l'intention de goûter à de la chair humaine. Il se contenta de frétiller des moustaches au contact du pied, visant comme par hasard la zone la plus chatouilleuse.

Quête : Tel est pris qui croyait prendre

L'esprit du gamin était peut-être engourdi par le froid, mais il saisit tout de même l'allusion. Ses sourcils se haussèrent et ses lèvres formèrent un "Oh" silencieux des plus comiques, comme il repliait les genoux contre sa poitrine, par réflexe.
Cependant, l'écureuil était déjà à l'œuvre, lui arrachant un gloussement et lui faisant déplier les jambes - sans trop de brusquerie - pour tenter de déloger l'animal.
-Qu'il y vienne, et il sera bien reçu... lança-t-il d'un ton vaguement fanfaron, en faisant craquer ses doigts d'un air menaçant. Et j'ai même pas peur : tout curieux qu'il soit, j'suis pas sûr qu'il aime les glaçons.

Quête : tel est pris qui croyait prendre.

Astrée sourit, amusée. L'orage était passé, et le gosse semblait enfin moins revêche... et moins suicidaire aussi. Bien sûr, cela ne changeait rien à ce qu'il vivait en ce moment, au deuil injuste qui le frappait. Au moins avait-il cessé de fuir...
Mais il n'avait pas tort en parlant de glaçon. Il paraissait vraiment complètement gelé.
- Non, tu as raison, tu es sans doute trop glacé pour l'intéresser.
Elle était toujours derrière lui, et elle le serra un peu plus fort contre elle, tentant désespérément de lui transmettre un peu de chaleur. Il était si froid.... Le feu tout proche les réchauffait, mais cela semblait insuffisant.

Prince des Frelons, renonçant à chatouiller le pied décidément trop mobile du jeune garçon, reprit sa position initiale sur ses genoux, blotti contre son torse. Sans doute à la recherche d'un peu de chaleur lui aussi.
- Kasumi et Zaïu vont bientôt revenir, on aura une bonne flambée. Et l'infusion est presque prête. Ca va te réchauffer, tu verras... Bien sûr, l'idéal serait un bain chaud, je pourrais faire chauffer de l'eau de mer mais... on manque de baignoire ici !

A défaut de bain chaud, elle but à son tour quelques gorgées de 'oui, c'qui", manquant s'étrangler : le breuvage était fort.
- Excellent, votre cordial, lança-t-elle au mage. Tenez, je vous le rend... Je pense que nos deux chercheurs d'algues en auront bien besoin...

Quête : Tel est pris qui croyait prendre

-Oh, ne vous en faites pas, j'en ai d'autres en réserve... fit le mage en rattrapant d'une main sûre la flasque que lui avait envoyée la rôdeuse. Il faut juste que je les retrouve dans ce capharnaüm...
Et, sans autre forme de procès, il s'envoya une grande lampée du breuvage.
Quant à Léo, il s'intéressait pour l'heure à l'écureuil niché dans son giron, et s'était même aventuré à le caresser.
-Il est rigolo... dit-il finalement en se retournant vers Astrée.
Son expression changea du tout au tout lorsqu'il remarqua le bleu qui fleurissait sur son épaule.
-Je... je suis désolé pour les coups... balbutia-t-il d'une toute petite voix. J'étais en colère, j'ai pas fait attention...
Il déglutit péniblement, paraissant soudain au bord des larmes.
-Et désolé pour tout ce que j'ai dit, aussi... Je... ça faisait partie du contrat... Je savais ce qui se passerait si... Mais comme mon père avait jamais perdu de bateau, même pendant la guerre, comme il gagnait tout le temps...
Il s'interrompit, se détourna, les épaules voûtés, secouées d'un violent tremblement.

Quête : tel est pris qui croyait prendre

Astrée sentit son coeur se serrer devant le désespoir du jeune garçon. Elle ne savait que dire. Elle croyait deviner de quel contrat il parlait : son père avait dû l'avertir qu'il ne le laisserait jamais couler avec le navire...
- Je suis désolée, murmura-t-elle simplement. Elle le serra contre elle, et pas seulement pour le réchauffer cette fois-ci.

- Ton père voulait que tu vives... Qu'un jour toi aussi tu puisses devenir capitaine de ton propre navire. Et peut-être, aussi, savait-il la peine que ta mère ressentirait s'il t'arrivait quelque chose. Et... Ne t'en fais pas pour les coups de poing, j'ai vu bien pire. Suffit d'une bonne pommade pour soigner les bleus...
Mais pour les bleus à l'âme, il faut beaucoup plus...
Elle se tut, se contentant de serrer le gosse dans ses bras, attendant que les sanglots se calment d'eux-même. Il fallait qu'il extériorise sa peine...

Quête : Tel est pris qui croyait prendre

-C'est surtout ma mère... murmura le gamin qui faisait des efforts impressionnants pour ne pas complètement se laisser aller, et qui y parvenait en partie. Mon père avait b'soin d'un mousse. J'avais pas tout à fait exactement l'âge pour embarquer, mais s'il en prenait un autre, j'aurais dû attendre longtemps avant de trouver une place : mes oncles en ont déjà, des mousses, j'ai un paquet de cousins, et on peut pas prendre trop d'appentis parce qu'il faut les surveiller quand même... Alors voilà, mon père était d'accord pour que je me joigne à l'équipage, mais ma mère voulait pas, disant que j'étais trop p'tit, que c'était dangereux, surtout avec l'île... Mais la Nébuleuse, normalement, rien pouvait la couler... Alors ça a négocié dur, et ma mère à dit oui seulement si... ben si je restais pas à bord en cas d'grabuge. J'aurais pas pensé que ça arriverait...
Il se fendit d'un reniflement sonore..
-Et j'aurais bien aimé que mon père il l'oublie, le contrat...

Quête : tel est pris qui croyait prendre.

Evidemment, elle n'avait pas de mouchoir à tendre au garçon... Ou plutôt, pas de mouchoir sec.
- Pourquoi tu aurais tant voulu rester ? Simplement pour ton honneur de marin ?
Elle soupira.
- Léo... Tu es jeune encore. Tu as toute la vie devant toi. Tu es trop jeune pour mourir, vraiment. Et ton père a bien fait de te sauver la vie. Ta mère ne se serait jamais pardonné de t'avoir laissé partir si tu n'était pas revenu. Elle s'en serait voulu toute sa vie... Tu ne peux pas imaginer ce que c'est, pour une mère, de perdre son enfant. Elle sera déjà tellement triste d'avoir perdu son époux... Te savoir vivant la réconfortera...

Machinalement, elle caressa les cheveux du jeune garçon, avant de se morigéner intérieurement pour la familiarité de ce geste. elle se contenta donc de le serrer plus fort. Il lui semblait qu'il se réchauffait un peu...
- En tout cas, moi, je te promets d'honorer la confiance que m'a donnée ton père en te confiant à moi. Je te ramènerai chez toi sain et sauf. C'est promis !

HRP : Kasumi, Zaïu... on a un peu beaucoup bavardé avec le mousse, faut bien l'avouer... Mais prenez le temps de poursuivre votre conversation sans vous préoccuper de nous, surtout ! Désolée pour cette impressionnante avalanche de posts...

Rangé finalement aux indications de Kasumi, Zaiu hôta finalement son haut. Il eut alors l'idée de nouer les manches et de boucher le trou pour la tête pour en faire un véritable sac à algues. La récolte allait alors bon train et en bonne quantité. Le jeune elfe ne s'arrêtait jamais. En surplace, il sautillait, pour se déplacer, il courait ; le tout en se tapotant le corps.

C'est insupportaaaaable !

Jamais il n'avait eu aussi froid... En fait, jamais il ne s'était retrouvé trempé et à moitié nu en hivers ... Le sac plein, il ne restait plus qu'à faire le papillons de nuit et à regagner la plus grosse flamme ! Quelques éclats de voix étaient parvenus mais, comme ils avaient compris qu'il ne s'agissait que d'une engueulade au dénouement heureux, les deux "cueilleurs" avaient décidé de poursuivre leur périple.

C'est donc avec une hâte toute enthousiaste qu'ils regagnèrent le campement de fortune.

Quête : Tel est pris qui croyait prendre

Kasumi n’était pas en reste quant aux algues qu’il avait réussi à réunir et à transporter. Evidemment, s’ils avaient pu disposer d’une bassine où même d’un traineau, leur récolte en aurait été facilitée. Mais il avait composé avec les moyens du bord, posant les algues les plus longues en bandoulière avant, avec l’aide de Zaïu d’en placer une incroyable quantité entre ses bras. Le chargement le gênait alors qu’ils retournaient vers le camp d’autant plus que les algues détrempées étaient glaciales sur sa peau nue. Tout en claquant des dents, il ne cessait de parler en une litanie mécanique autant pour garder conscience que pour maintenir son compagnon éveillé :

- Surtout ne cessez jamais de bouger. Nous y sommes presque, j’aperçois déjà la lumière de notre camp…

Tout en se concentrant sur chaque pas, il ne pouvait empêcher son esprit engourdi dériver, ses pensées le ramenant souvent à ses souvenirs de la fin de printemps qu'il avait passé dans les montagnes. Que ne donnerait-il pas pour s'y trouver à nouveau eu lieu de grelotter sur cette plage hostile ! Il se secoua et tenta de revenir au présent lorsque son pied butta dans un rocher et faillit lui faire perdre sa cargaison.

Quête : Tel est pris qui croyait prendre

-Je me demande bien comment vous allez faire : sans la Nébuleuse, on pourra jamais quitter l'île... fit Léo avant de retomber dans le silence.
Celui-ci fut cependant bientôt rompu par Ridculle qui lança, de son ton toujours joyeux :
-Oh, nos valeureux ramasseurs d'algues sont de retour !
En effet, ils pouvaient distinguer, s'approchant lentement, la lueur projetée par l'épée de Kasumi. Le mage se mit aussitôt en devoir d'écarter du feu certaines de ses affaires, toujours sans regarder Astrée.
-Ils vont avoir besoin de se réchauffer et méritent une bonne place ! expliqua-t-il.

Quête : tel est pris qui croyait prendre.

La réponse de Léo fit grimacer Astrée. Le gosse n'avait pas tort. ils ne pourraient pas quitter l'île sans bateau. Mais... Peut-être pourraient-ils trouver un moyen de communiquer avec Luménis. les autorités avaient dit que les communications avaient été interrompues, sans soute y avait-il moyen de les rétablir... Ou bien ils pouvaient fabriquer un bateau... Mais il fallait d'abord savoir ce qu'étaient devenus leurs compagnons, et elle avait sa petite idée pour y parvenir.

Ses réflexions furent interrompues par l'arrivée des deux ramasseurs d'algues. Qui devaient être gelés...
Sa pudeur reprenant le dessus, elle hésita à se détourner. Mais Léo était toujours gelé, elle préférait donc le garder encore un moment dans ses bras... Ce qui lui permettait, atout non négligeable, de rester à l'abri des regards.
Elle aida Ridculle à faire un peu de place auprès du feu, attrapant les objets qu'elle pouvait atteindre sans bouger de sa place et les éloignant un peu du feu.

Elle sourit à Kasumi et à Zaïu qui arrivaient.
- Venez vous réchauffer... Vous en avez bien besoin ! L'infusion doit être prête, ça nous fera du bien. Mais je te laisse faire le service, Kasumi... Enfin, si ça ne te dérange pas....
Elle rougit en prononçant ces paroles. Aller chercher les tasses dans son sac l'aurait obligée à se dévoiler aux regards, et, maintenant que Kasumi et Zaïu étaient si proches... cela ne la tentait absolument pas. Intérieurement, elle bénissait la protection que lui offrait Léo.
- Et je crois que Ridculle a un bon remontant à vous proposer, lui aussi...

Quête : Tel est pris qui croyait prendre

Kasumi prit à peine le temps de déposer plutôt que de jeter sa réserve d’algues avant de s’approcher aussi près que possible du feu. Il se rendit compte à quel point il était transi lorsque la chaleur de l’unique flamme réveilla les sensations de son visage. Le pauvre sourire qu’il adressa en retour à la rôdeuse lui fut presque douloureux et ses dents s’entrechoquant ne lui permettaient pas encore de répondre. Ses membres étaient encore trop engourdis pour qu’il ressente plus que des fourmis au bout de ses doigts et de ses pieds. Ridculle vint à son secours lorsqu’il rapporta au mage le sac contenant les tasses et qu’il était presque incapable d’ouvrir seul. Ses mains tremblaient tellement qu’il dut s’y reprendre à deux fois avant de verser la tisane dans les tasses, en renversant le moins possible.

Il prit ensuite le temps de se réchauffer un moment directement au-dessus de la flamme après l’avoir alimenté avec une première brassée d’algue. Puis il fit le tour de leur minuscule campement pour amener une tasse au mage puis à Zaïu. Il posa les trois dernière tasse sur un rocher commodément plat devant Astrée avant de s’asseoir et de lui passer un bras derrière le dos et de se serrer contre son flanc, ressentant immédiatement une vague de chaleur provenant de la rôdeuse. Il s’était suffisamment réchauffé pour parvenir à articuler difficilement ses premiers mots :

- Je suis désolé… Je dois être glacé… Mais je vais me réchauffer… plus vite ainsi.

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Un ! Deux ! Un ! Deux !

Sa solution pour lutter contre le froid, faire de l'exercice ... Façon antique, tout nu. Zaiu avait bloqué ses vêtements par des pierres sur un rocher exposé au 4 vents. Il avait bien observé sa maman qui étendait son linge sur les jours où le zéphyr rugissait hardiment. Il se souvenait aussi avoir perdu quelques sous-vêtements mais c'est une autre histoire. Toujours est-il qu'il invita ses comparses à faire de même parce que :

Gundoursh le Nain Teigneux vivait en ermite sur sa montagne. Comme ses habits s'usaient et que sa barbe grandissait, durant tout un été il ne s'inquiéta pas de l'hiver et de comment il allait se couvrir. Une fois devant le fait accompli, il se retrouva nu comme un ver mais poilu comme ... comme un nain peut l'être. Se posa alors l'épineuse question de l'hygiène ! Ingénieux, il décida de se laver puis d'exposer son corps aux coups furieux du Zouf, un vent local. A sa grande surprise, il sécha rapidement et pu aller se réfugier prés d'un bon feu ! Il développa aussi une technique méditative par grand froid venteux mais c'est une légende ...

Il avait raconté tout en faisant flexions, pompes et autres exercices plus ou moins efficaces pour se réchauffer. Il ajouta quelques sauts pour aller palper ses vêtements. Sec, près du feu, il n'aurait pas à s'agiter toute la nuit.

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Kasumi était tellement gelé qu’Astrée ne put s’empêcher de se raidir instinctivement lorsqu’il lui passa un bras autour des épaules. Entre le corps de Léo dans ses bras et celui de Kasumi à ses côtés, elle avait la sensation d’être entourée de glace. Le rôdeur semblait vraiment frigorifié. Mais malgré tout, elle lui passa elle aussi un bras autour de la taille, espérant l’aider à se réchauffer.

Elle sourit en observant le manège de Zaïu. Le jeune elfe avait étendu ses vêtements de son mieux. Son petit récit la fit rire.
- Il devait être gelé, le pauvre nain, fit-elle observer, amusée… Il aurait mieux fait de faire son feu en plein air, il aurait eu à la fois la chaleur et le vent pour sécher… Comme nous, d’ailleurs !

Puis elle saisit la tasse que Kasumi avait déposée près d’elle et but lentement l’infusion, laissant avec bonheur le liquide chaud couler au fond de sa gorge, réchauffant agréablement tout son organisme.
- Ca fait du bien... Tiens, Léo, tu devrais boire une tasse toi aussi, fit-elle avec douceur au jeune garçon toujours installé sur ses genoux.

Puis elle se tourna vers ses compagnons.
- Je ne sais pas ce que vous pensez de notre situation mais… Ce n’est pas brillant. On est vivants, tous les cinq, mais on n’a plus de bateau, et on ne sait même pas ce que sont devenus les autres.
Elle hésita en instant. Elle avait eu le temps de réfléchir à cette idée, certe hasardeuse mais… C’était la seule qui lui soit venue à l’esprit
- Personnellement… je pense que le plus urgent est de tenter de savoir ce que sont devenus nos compagnons. D’essayer de les contacter… L’île est grande, hélas. On pourrait envoyer Première Neige ou Prince des Frelons en reconnaissance, mais ça peut être dangereux. Alors ce que je voudrais tenter… C’est d’entrer en contact avec Outshi, le louveteau de Joon.

Elle se tourna vers Zaïu et Ridculle pour leur expliquer.
- Je peux communiquer avec les animaux, dans une certaine mesure. Si Outshi est vivant, je devrais pouvoir le savoir, et même voir ce qui l’environne, et donc savoir si Joon et ceux qui l’accompagnaient sont vivants. Et peut-être les localiser approximativement. Cela risque d’être un peu long, je vous préviens : l’île est grande, et je ne sais même pas exactement jusqu'à quelle distance je peux l'atteindre. Mais ça vaut le coup d’essayer, je pense. Il faut juste que je me concentre... Je crains que vous ne deviez vous passer de ma conversation pendant un bon moment…

Calmement, elle ferma les yeux, se concentra. Et laissa son esprit dériver, ressentant les étincelles de vies alentour, identifiant rapidement leurs propriétaires, agrandissant petit à petit son champ d’investigation… A la recherche d’un louveteau nommé Outshi.

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Kasumi lui aussi trouva la force de sourire en entendant la fable de Zaïu. La proximité d’Astrée et de leur petit feu parvenait enfin à le réchauffer. Les aventuriers devaient cependant se réfréner et maintenir le foyer à une taille raisonnable pour économiser la ressource en algues qui devait impérativement leur durer toute la nuit.

Le demi-elfe s’abandonna distraitement à laisser sa main parcourir le dos d’Astrée en partie pour réchauffer la peau non exposée à la chaleur relative de leur foyer mais aussi pour se rassurer dans ce contact tendre après le danger qu’ils avaient traversés. Tandis que la rôdeuse se concentrait pour mettre en œuvre son plan, Kasumi s’efforça de combattre la fatigue due au froid et aux efforts consentis. Il savait d’expérience que se laisser aller à l’assoupissement pouvait se révéler fatal sans moyen efficace de se réchauffer. Aucun d’entre eux ne devait s’autoriser à dormir au moins tant qu’ils ne pourraient pas compter sur des vêtements secs pour préserver leur chaleur corporelle. Il tenta donc d’entamer la conversation pour occuper les esprits et vaincre la langueur qui pesait sur les épaules de tous :

- Dîtes-moi, Zaïu, si ce n’est pas indiscret, où vivez-vous lorsque vous n’êtes pas sur le point de couler votre embarcation ?

La fatigue et les épreuves ne lui avaient pas fait prendre conscience à temps que la mention du naufrage récent pouvait rappeler à Léo sa perte récente. Il se mordit les lèvres dès les mots sortis de ses lèvres.

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Si Léo avait entendu les paroles prononcées par Kasumi, il n'en laissa rien paraître. Toujours blotti contre la rôdeuse, sa tasse à la main, il observait les exercices de Zaiu avec un amusement manifeste. Il souriait en tout cas largement, et même si le phénomène était peut-être du, en partie, aux effets des généreuses lampées de "Oui, c'qui ?" qu'il avait absorbées, c'était un contraste bienheureux avec sa détresse passée.
Quant à Astrée, ses efforts se virent récompensés d'effets imprévus et vaguement inquiétants. Elle sentait une infinité de présences, autour d'eux : oiseaux de nuit, poissons, rongeurs... Plus elle élargissait le champ de sa perception, plus elle était consciente de cette foule animale qui les entourait. Et bien qu'elle cherchât un être précis, elle avait du mal à ne pas laisser pénétrer son esprit dans ces milliers d'autres, à ne pas voir par leurs yeux, entendre par leurs oreilles... Bientôt, elle se retrouva comme fragmentée, divisée entre ces créatures qu'elle investissait, sans le vouloir, d'une infime partie d'elle-même...
Et elle eut une étrange impression, tout à coup : si elle ne rebroussait pas rapidement chemin, si elle n'inversait pas le phénomène en se concentrant sur sa propre existence, sa propre enveloppe charnelle, peut-être ne le pourrait-elle plus jamais...

Il est vrai que Zaiu est la mer est ne histoire compliquée.
Quand il faudra réembraquer ... Zaiu préfère ne pas y penser ... Quoiqu'il a bien cherché sa première mésaventure...

Et vint pour la première fois la question de ses origines. Il ne sent été pas flatté jusqu'à maintenant et trouvait bienvenu le fait que personne ne le lui demandât. Il eut alors un léger froncement de sourcils, tout en considération que, sur un caillou glacé en bords de plage en terra incognita, il pouvait bien lever une partie du voile sur son passé. C'était d'ailleurs légitime.

Et bien en fait ...

Après quelques hésitations, regardant le ciel comme s'il pouvait y percevoir des mots, les mots juste à dire, il poursuivit sur un ton enjoué :

Je viens des forêts des de la Lorien. Une petite tribu peu connu du reste du monde quoiqu'influente dans le commerce local ...

...

... ... J'ai quitté ces lieux pour ... pour des raisons ...

Oh ! Vous êtes sur qu'Astrée va bien ?
Elle est complétement immobile depuis un moment ...
On ne devrait pas la réveiller ?

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Elle chassait… Suivait la piste, toute fraiche, d’un jeune lièvre imprudent, devinait sa présence, le débusquait, bondissait… Le déchiquetait, pour le plus grand plaisir de son estomac de jeune lynx affamé.
Elle volait, oiseau nocturne parmi d’autres, à la recherche d’un mulot ou d’une souris à avaler.
Elle fuyait, de toute la vitesse de ses quatre minuscules pattes pattes, pour échapper au félin qui la poursuivait.
Elle sentit des serres qui se refermaient sur elle, l’entraînant vers le ciel, l’étouffant…
Astrée, au dernier moment, parvint à séparer son esprit de celui du jeune mulot, juste avant que son étincelle de vie ne s’éteigne. Elle savait à quel point il était risqué de se retrouver à partager l’esprit d’un animal à ce moment fatidique… Une partie de son âme pouvait se retrouver entraînée avec celle de l’animal disparu.

Elle ressentait autour d’elle des milliers de vies, qu’elle partageait l’espace d’un instant avant de les quitter pour une autre. Des milliers. A en avoir le tournis. A ne plus savoir qui elle était, ce qu’elle faisait là, ce qu’elle était venue chercher. A s’y perdre…
Quelque part au fond d’elle, une sonnette d’alarme dut se mettre à tinter. Il fallait qu’elle s’arrête. Elle était en train de se perdre. De perdre son corps, son âme. Un peu comme si elle s’éparpillait entre tous ces contacts. Alors, elle ferma ses sens à tout ce qui l’entourait, à ces parcelles de vie. Et, progressivement, revint à la conscience de son corps. La chaleur du feu. Le froid dans son dos. La caresse de Kasumi sur sa peau.

Elle rouvrit les yeux.
- Ca n’a pas marché, fit-elle simplement. Il y a trop d’animaux…
Elle prit vaguement conscience que Zaïu la regardait d'un oeil inquiet, et Kasumi également. Elle se sentait épuisée, et luttait contre un mal de crane carabiné. Et l’étrange phénomène qu’elle avait ressenti, la sensation de se perdre, l’inquiétait. C’était la première fois que cela lui arrivait. Peut-être à cause des propriétés magiques de l’île ? Ou sans doute parce qu’elle s’était aventurée trop loin de son être, trop longtemps, de toute son âme ? Ou parce qu’elle était fatiguée, tout simplement.
- Une seule certitude, ils ne sont pas à proximité. Mais je réessaierai demain, on ne sait jamais. Ce soir, je suis vraiment trop fatiguée… Et l’île est tellement grande, c’est la première fois que je tente d’entrer en contact avec autant d’êtres vivants… J’ai l’impression que c’est dangereux, j’irai moins loin la prochaine fois.

Elle formulait ses pensées à haute voix, sans se soucier que son discours puisse paraître incohérent à des non initiés. Le découragement l’envahissait.
- Je ne sais pas ce qu’on va faire maintenant. Il faut qu’on quitte cette île maudite… Si ça se trouve on est les seuls survivants…
Elle sentit un vertige la gagner, ferma les yeux. Tout tournait dangereusement. Elle était pâle, très pâle, et transpirait abondamment malgré le froid.
- J’ai soif, murmura-t-elle, tentant vainement de lutter contre le malaise qui l’envahissait, menaçant de la faire perdre pied… Sa vision se troublait. Elle n'entendait plus rien...

Quête : Tel est pris qui croyait prendre

Kasumi avait écouté avec une curiosité non dissimulée les explications hésitantes de l’elfe mais sa diversion lui fit prendre conscience de l’attitude trop immobile d’Astrée. Normalement, elle n’aurait pas du être figée ainsi alors qu’elle cherchait simplement à repérer les animaux alentours. Le rôdeur se redressa, immédiatement inquiet et lui secoua légèrement l’épaule, ne se détendant qu’à peine lorsqu’elle eut enfin répondu. Son discours était décousu et incohérent et son regard fuyant comme si elle était prise se fièvre. Mais quoi de plus étonnant après leur naufrage et l’exposition forcée à l’humidité et au froid. Saisissant son poignet pour lui prendre le pouls et soutenant les épaules d’Astrée, il tenta de la maintenir éveillée en lui parlant avec ferveur :

- Surtout ne t’endors pas, nous allons te préparer quelque chose de chaud à boire et nos vêtements seront bientôt secs.

Il reprit à l’intention de Zaïu et du mage, les exhortant tout en s’efforçant de contenir sa panique :

- Pouvez-vous m’amener mon sac ? Il contient des herbes pour combattre la fièvre et les maux de tête. Léo, peux-tu lui tenir chaud pendant que je lui prépare un remède ? Elle ne doit surtout pas s’endormir.

Première Neige s’approcha elle aussi, prête à partager la chaleur de sa fourrure avec la rôdeuse.

Quête : Tel est pris qui croyait prendre

Ridculle ne tergiversa pas. Prompt, il saisit le sac de Kasumi et lui l'apporta, avant de reprendre sa place près du feu, gardant à portée de main sa flasque de cordial, Au cas où...
Pour piocher dans ses réserves médicinales, Kasumi dut cependant renoncer à soutenir Astrée. Il choisit donc de l'étendre précautionneusement sue le sol, et Première-Neige vint aussitôt se blottir contre elle. Léo hésita un instant avant de l'imiter, chassant perplexité et peut-être embarras au profit d'un pragmatisme bienvenu...
Comme fut bienvenue l'humeur taquine de Prince des Ferlons qui, par pur jeu ou pour maintenir Astrée éveillée, se mit à lui frôler, des moustaches, la plante des pieds.

Quête : Tel est pris qui croyait prendre

Kasumi sélectionna avec soin les herbes qui pourraient profiter à Astrée, principalement de quoi apaiser les douleurs pour calmer ses maux de tête mais aussi un peu de miel pour lui donner un peu de tonus. En attendant que l’eau se mette à bouillir, il versa un peu d’eau fraîche dans la tasse d’Astrée et se rapprocha à nouveau d’elle pour la faire boire, remerciant de quelques mots gentils Léo qui veillait sur elle.

- Tiens, bois un peu, ça te fera du bien ! Ton infusion sera prête dans une minute à peine.

Puis, tout doucement, il souleva la nuque de la jeune femme et l’aida à pencher la tête pour lui permettre de boire sans s’étrangler. La peau de sa nuque était moite mais contrairement à ce qu’il avait craint, elle ne semblait pas encore gagnée par la fièvre. Un répit de courte durée si les vêtements qu’ils avaient étendus près du feu ne séchaient pas rapidement.

- Ridculle, auriez-vous par hasard un tour pour sécher plus rapidement nos affaires. Je sais que la magie est une chose sérieuse et ne sert pas habituellement aux tâches ménagères mais ce serait bien pratique en la circonstance.

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Astrée s'efforçait de garder les yeux ouverts, le regard un peu trouble malgré tout. Elle avait à peine conscience qu'on l'avait allongée au sol entre Première Neige et Léo, elle avait à la fois chaud et froid et transpirait abondamment.
Elle tenta de sourire à Kasumi qui lui donnait à boire.
- Ce n'est rien de grave... Juste une faiblesse passagère. Ne vous inquiétez pas. Ca va aller mieux avec un peu d'eau et de miel...
Elle sourit à Léo, désireuse de le rassurer. Il avait besoin de quelqu'un de solide sur qui s'appuyer, pas d'une loque humaine...
- Ca va aller, Léo, ne t'en fais pas, répéta-t-elle.

Elle aurait voulu se redresser, mais se rappela soudain qu'elle était nue et n'avait plus le corps de Léo pour la préserver des regards. Désemparée, elle jeta un coup d'oeil vers leurs vêtements et couvertures, sans doute encore humides. Elle se sentait tellement vulnérable ainsi...Elle aurait voulu s'asseoir et tourner le dos aux autres. Mais c'était trop tôt, si elle se redressait tout se mettrait à tourner...

Elle ne put qu'attendre encore, malgré sa gêne d'être ainsi exposée aux regards. Au bout de quelques minutes, elle put boire l'infusion préparée par Kasumi. Et c'est seulement lorsqu'ils s'estompèrent qu'elle prit conscience des maux de têtes qui lui martelaient le crâne. Et qu'elle se sentit enfin suffisamment remise pour se redresser, pliant immédiatement ses jambes entre ses bras par pudeur. Rougissante, elle se détourna à moitié, se plaçant presque dos au feu pour dissimuler au mieux son corps.

Holala ... Il faut pas présumer de ses forces comme ça ...

Se voulant rassurant, Zaiu avait prononcé ces mots avec douceur et empathie. Pour l'instant, il ne voyait pas trop quoi faire et se contenta de rester à sa place, prêt à agir si besoin s'en présentait. Il ne compris pas grand chose au discours de la rôdeuse mais était stupéfié par la préparation médicinale que s'ingéniait à mettre en œuvre Kasumi. Connaitre les plantes et trouver les animaux dans sa tête, ça doit être pratique. Ridculle était magicien ... S'il n'avait pas trucider quelques pirates, il serait senti inutile. Et Leo ? C'était peut-être ce qu'il ressentait, ou qu'il ressentirait tôt ou tard. Il se mit alors en tête de lui donner quelques cours de distribution de tatanes, comme ça, juste au cas où. Puis c'est toujours valorisant de combattre pour le Bien ! C'est ça !

Cette nuit est le théatre du glorieux combat entre notre vertu calorifique et l'immensité gelée traitresse, venteuse et ténébreuse !
Astrée ! Serre les dents !
Tu es à terre mais pas encore trépassée !
Zaiu tailladerai le froid s'il le pouvait ... quoiqu'il n'a jamais vraiment essayé ...

Quête : Tel est pris qui croyait prendre

Zaiu n'aurait pu mieux résumer la situation. Leur minuscule campement constituait un îlot de lumière tremblotante et de chaleur relative perdu au cœur d'un océan de ténèbres humides et glacées. De plus en plus glacées : a la lueur de la flamme dimensionnelle, ils pouvaient voir, autour d'eux, les rochers blanchir. Les ossements se couvrir de givre...
Le silence s'était installé parmi eux, seulement troublé par le crépitement des algues en train de se consumer et le bruit des vagues, en contrebas. Peu à peu, leurs effets passaient de trempés à humides, mais le processus demeurait terriblement lent...
Ridculle, qui affichait toujours une mine joviale et détendue, veillait à alimenter le feu. Quant à Léo, il retombait peu à peu dans une humeur morose, et n'avait plus ouvert la bouche depuis de longues minutes. Assis en tailleur près du foyer, il gardait son regard rivé sur les flammes...
...Ding...
Le gamin sursauta. Comme ses compagnons.
Cela n'avait duré qu'un instant, mais... Ils avaient cru entendre, dans le lointain, le son caractéristique d'une cloche.

La Couronne de Cuivre

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