La Couronne de Cuivre

Installé autour du feu réanimé, les rôdeurs se présentèrent au sorcier. Celui-ci n’était pas vraiment intéressé par qui ils étaient, mais pourquoi ils étaient là.

« _ Vous partez comme ça à la recherche d’une personne que vous n’avez jamais vue, demanda le sorcier rouge ?
_ Minsc l’a vue en rêve, rectifia-t-il. »

Edwin allait se fâcher. Il garda son calme voyant parfaitement que le chauve n’avait pas toute sa raison. Il se tourna davantage vers le drow. Mais il ne fut pas très bavard. Il se contenta de dire qu’il accompagnait son ami dans sa quête. Ne pouvant rien obtenir d’eux, le sorcier se mit à expliquer que la personne qu’ils cherchaient était une puissante magicienne manipulatrice. Même si elle était capturée, elle pouvait rallier ses ravisseurs à sa cause par des sorts de charme. Edwin la connaissait bien pour ce genre de tour. Alors que le sorcier énumérait un nombre incalculable de méfait, Balduran revînt. Drizzt laissa son interlocuteur pour s’intéresser à la guerrière.

« _ Dîtes moi Noémi, pourquoi accompagnez-vous cette langue de vipère ?
_ Je vois que vous ne l’appréciez pas, répondit Balduran.
_ Sincèrement, non. Il me rappelle un lot de mauvais souvenirs à sa manière de parler qu’il va me rendre fou. Sinon, vous n’avez pas répondu à ma question mademoiselle.
_ Si vous tenez tant à une réponse, et bien je dirais que je sais des choses sur lui que vous ignorez. »

Le drow se contenta de cette réponse. Il avait appris à ne jamais juger les autres au premier coup d’œil. Après tout, lui aussi subissait le regard des autres. Et il devait toujours faire ses preuves lors d’une nouvelle rencontre. Le passé de Drizzt était riche en histoire et aventure (confère sa saga*). Mais ceci était bien trop long à conter en une nuit. Il joua le rôle du personnage mystérieux.
Minsc fut le plus bavard. Il ne cessa de parler de son petit Bouh et raconta leurs incroyables aventures. Edwin finit par perdre patience et se mit à dormir dans son coin. Balduran ne tarda pas à faire de même. Ce fut une courte nuit. Mais plus rassurante que les dernières grâce à la présence des deux rôdeurs. Ils prirent ensuite la route de l’Ouest, celle de la forteresse de Guildabrak, le repère des gnolls.


Le chemin allait devenir dangereux. Le petit groupe devait éviter les camps et autres éclaireurs pour s’infiltrer le plus près possible. Un comité d’accueil était à éviter. Les connaissances de ranger furent utiles. Minsc s’avéra être un excellent meneur. Edwin commença à apprécier enfin le personnage. Balduran entendait de temps en temps les pensées intérieures et un grand nombre de commentaires plus ou moins élogieux : « Cet idiot sert enfin à quelque chose. » « éviter des combats va me permettre d’économiser mes forces. » « Par moment, j’ai vraiment l’impression que son hamster dispose d’un minimum d’intelligence. C’est peut-être un homme qui a été métamorphosé par magie. Si je pouvais l’étudier … »
Longeant la lisière des forêts durant quelques heures, ils atteignirent un immense canyon. Cette crevasse s’étendait tout le long de la forteresse offrant des défenses naturelles. Il existait un moyen de franchir ce canyon. Un pont suspendu servait d’accès. Un pont gardait.


« _ Voilà une impasse, remarqua Edwin en pleine réflexion. J’attends une proposition messieurs les rôdeurs (en espérant ne pas à avoir à faire des acrobaties ou autres activités physiques.)
_ Bouh propose de franchir le pont. Il n’y a que deux gardes et se ne sont pas des hyènes.
_ Il a de bons yeux ton Bouh, souligna le drow. Ce sont des ogrions qui surveillent l’accès. »

Les ogrions étaient une race bâtarde mi homme mi ogre. Elle possédait une force physique et une intelligence convenable. Parmi eux, les ogres mages étaient considérés comme les plus puissants. Moins sanguinaire que leur père, leur vie n’était pas rejeté comme les races bâtardes car nombreux savaient qu’on pouvait les utiliser comme garde du corps ou hommes de mains. Et il n’était pas rare que certains devenaient des personnages importantes comme des chefs de guerre ou milicien.
Edwin réfléchissait à la présence des deux gardes. Les gnolls n’étaient pas réputés pour accepter dans leur rang des mercenaires. Par conséquent, les habitants de la forteresse devaient faire une exception. Si c’était le cas, il était peut être possible de négocier un droit d’entrée. Chose risquée fit remarquer Drizzt peu confiant. Mais le sorcier rouge avança d’un pas serein. Gardant son air hautain, il se dirigea vers les gardes.

« _ Hey Hugo ! S’exclama l’un des ogrions. Mates ça ! Y a une gonzesse qui se ramène.
_ C’est pas une femelle, rechigna son frère Hugo. Z’être un sorcier. ‘ttention lui pas seul, indiquant du doigt le reste du groupe dans la lisière de la forêt. »

Les ogrions se dressèrent de toute leur taille devant Edwin peu intimider pas ce stratagème. Une discussion commença. Les autres se demandèrent à plusieurs reprises si ils allaient intervenir ou non. Ils observèrent les différentes expressions des gardes. Parfois ils se grattaient la tête ou sinon ils riaient. Inquiet malgré tout, ils avancèrent. Hugo le plus grand des deux n’avait pas lâché un œil sur leur marche.

« _ Il sont timides vos amis, ricana le premier ogrions
_ J’ay bien zen vis de m’amuzer Bart, ajouta Hugo qui dévoila sa large dentition.
_ Vous ne voulez vraiment pas négocier, insista à moitié Edwin ?
_ No homme, confirma Hugo. Veux me défouler un peu.
_ De quoi parlent-ils, s’inquiéta le drow une main proche de ses cimetières.
_ Et bien, ses braves gardes proposent un duel comme le droit d’entrée. Un combat à main nue.
_ C’est une plaisanterie ! S’exclama Noémi.
_ Oh non, confirma Bart ravi du désarroi. On n’a pas beaucoup d’activité ses derniers temps, rit-il.
_ Je vous laisse choisir qui va se battre. Il est évident que je ne suis pas apte pour ce genre de démonstration.
_ Trop aimable Edwin, ironisa Noémi.
_ Minsc ne voit pas d’objection, intervînt le chauve. Lequel des deux veut goûter à ma royale bottine ? »

Le rôdeur planta sa hallebarde et étira sa musculature. Les deux ogrions furent surpris par une telle motivation. Bart réfléchit si c’était vraiment une bonne idée. Il laissa son frère passer en premier. Hugo grogna voyant la couardise de Bart et ajusta ses gantelets avant de combattre. Ce défi se ferait certes à main nue, mais il était certain que cela allait être impressionnant. La règle était simple : le premier au sol a perdu. Edwin s’installa sur un rocher pour admirer le spectacle.
Même si Minsc paraissait moins imposant que l’ogrion, il arrivait à faire force égale. La lutte offrit plusieurs rebondissement. Parfois, Hugo démontra une agilité peu commune chez les géants. Après cinq minutes de combat acharné, Minsc saisit le bras droit de son adversaire et l’élança en avant. L’ogrion tenta de garder l’équilibre de justesse, cependant le rôdeur ajusta un bon coup de botte pour finir le travail. Une victoire honorable et humiliante pour le perdant.

« _ Ouille, lâcha Hugo en se frottant l’arrière train.
_ Ça va frangin ?
_ Seulement orgueil blessé, rassura l’ogrion à terre.
_ Bien, je crois que nous avons gagné notre droit d’entrée dit satisfait Edwin en se levant.
_ Pas encore, rectifia Bart. Vous ne m’avez pas encore battu.
_ Minsc est encore d’attaque pour un round, se prépara à nouveau le rôdeur.
_ Non ! Tu t’es déjà battu, gronda l’ogrion qui ne voulait surtout pas subir le même sort que son frère. Un autre doit prouver sa valeur.
_ Les animaux sont autorisés, proposa Drizzt en montrant Bouh sur une statuette d’onyx en forme de panthère. »

Les ogrions regardèrent la minuscule boule de poil. Elle était à peine plus grosse que leur pousse. Noémi entendit le fort intérieur d’Edwin qui semblait rire sous cape (ils vont tomber dans le piège grossier). Le jeune travesti se demanda un instant de quoi il parlait. Afin de mieux comprendre, il tenta de sonder un minimum le rongeur pour en savoir plus. C’était peu perceptible. Mais il y avait de la magie la dessous.
Les deux gardes ne se privèrent pas d’accepter. Bart fut rassuré de devoir écraser une boule de poil en guise d’autosatisfaction. Puis le drow prononça un nom à voix basse. Une étrange fumée grise se forma et grandissait à vive allure. La statuette donna vie à une magnifique panthère noire. Guenhwyvar, la fidèle compagne de Drizzt, rugit avec force devant les ogrions qui tombèrent à la renverse. Bouh sauta sur sa nouvelle monture et se dressa de toute sa taille sur la tête du fauve, dominant ainsi les gardes surpris. Voyant à présent leur terrible erreur, les deux frères abandonnèrent. Le plus jeune ne voulait pas finir en amuse gueule.

Bart accompagna le groupe dans la forteresse. Durant la petite traversée, il les questionna.

« _ Vous êtes ici pour la magicienne ?
_ C’est bien cela, confirma Edwin.
_ A votre place, je ne serais pas venu. Le chef Marache l’a placé sous sa protection.
_ Je n’en doute pas. Elle toujours sut se faire des amis dans des lieux comme celui-ci.
_ Je suis curieuse de savoir pourquoi un seigneur Gnoll a accepté la présence d’autres races dans sa tribu, intervînt Noémi.
_ Excellente question. Pouvez vous nous en dire un peu plus, ajouta Drizzt qui avait par le passé rencontré d’autres Gnolls avec des comportements beaucoup moins amicaux comme la patrouille d’hier soir ou celle de ses autres aventures.
_ C’est une longue histoire, soupira l’ogrion peu motivé pour la raconter. Le chef est un type sympa. Mais dernièrement nous avons eu des problèmes. Vous en serez plus en lui posant la question … Si vous l’osez la poser. »

Balduran était très intéressé d’en savoir plus. Après toutes les histoires horribles qu’il avait lu au sujet des gnolls, pouvoir les approcher serait une expérience unique. Cependant, l’apparition des premières créatures calma vite ses ardeurs. En bas d’un immense escalier taillé dans la roche, sous la bannière d’un drapeau figurant un patte à quatre griffes jaunes sur noir, des gardes gnolls se mirent en mouvement. D’abord les oreilles dressées dans leur direction, puis tout le corps, les créatures à tête de hyène de la taille du chauve formèrent les rangs. Ils bloquèrent instinctivement le passage. Seul Bart avança d’un pas serein.

« _ Roch Bart ! Craille tou fli, grogna l’un des gnolls ?
_ J’amène des voyageurs, répondit l’ogrion qui l’avait compris. Ils sont ici pour voir la dame.
_ Hifu tal, souffla un autre gardes alors que d’autres grognèrent avec fureur.
_ Silence, ordonna le premier ! Vous attendu par chef Marache œil blanc. Moi vous y conduire, continua-t-il en direction des invités.
_ Minsc et Bouh sont prêt à vous suivre, répondit le chauve l’arme à la main et le rongeur affirma les dire avec des petits cris aigus.
_ Cette chère Dynahéir avait tout prévu, chuchota Edwin. (Enfin presque dit-il dans son fort intérieur). »

Noémi pensa tout de suite au appel entendu par Minsc. Elle devait donc avoir préparé son accueil. L’ogrion retourna à son poste. Le groupe avança dans la forteresse de Guildabrak en compagnie du gnoll. Minsc était juste derrière lui et avança avec fierté. Ils gravirent ainsi la falaise. L’ancien escalier qui parcourait le long de celle-ci était imposantet remarquablement entretenu.également, des gueules de loup avaient été installées toutes les trentaines de marches afin d'assurer une défense contre de quelconques instrus. Les deux ou trois gardes grognèrent à chaque passage confirmant leur présence dans les crevaces.
Edwin était silencieux. Noémi n'entendait plus sa voix intérieure. gardait-il son calme jusqu'à sa rencontre convoité ? Après tout, il devait conserver sa concentration pour son ultime duel de magicien. Puis, sachant qu'il était inutil d'essayer plus longtemps, son odorat perçut une essence familière et repoussante. Sa main se posa sur son nez à la première inahalation. Un réflexe, un instinct qui la mis mal à l'aise. La scène aggrava la stupeur et la vision d'horreur.

La forteresse de Guildabrak fut conçue pour acceuillir les plus grands tanneurs et teinturiers du monde. D'origine une installation de nomade, plusieurs plate-formes se succédèrent comportant d'importante cuves et autres puits taillés dans la roche orangée riche en minerai de cuivre. Le commerce marcha bien pendant un temps. Puis un problème majeur subvena et fit tout stopper. Les teintures et les traitements réagissèrent mal avec la pierre avoisinante provoquant des vapeurs toxiques et meurtrières.
L'exploitation et les lieux furent abandonnés. Le clan de Marache Oeil Blanc prit place des années plus tard. Durant près de vingt ans, le drapeau blasoné de la patte à quatre griffes flotta sur ce pyton sans que le monde se soucit de leur présence peu hostile dans la région de la Côte des Epées. Cependant les cuves étaient remplies d'innombrable cadavres. Voyageurs ou villageois perdus, ces morts étaient dans un état de composition très avancée. Parfois vieux de plusieurs années.
Le groupe avait du mal à poursuivre leur marche devant un tel massacre. Les gardes sentaient leur crainte et leur ordonnèrent d'avancer. Noémi avait sa main très proche de la garde de son épée. Elle n'était pas la seule. Drizzt n'aimait pas non plus une telle ambiance. Sa confiance envers les gnolls était au plus bas. Le drow se rappela de ses premiers jours à la surface. La dernière fois, il n'avait pas hésité à tuer la troupe de hyènes qui voulait s'attaquer à de pauvres paysans. L'envi était grande aujoud'hui. Mais le sorcier se tourna vers les deux guerriers. Il leur dit de ne pas faire de gestes succectible d'hatiser les défenses de la forteresse. Noémi obéit. Mais le Drow garda sa main près de sa statuette d'onyx.
Ils grimpèrent jusqu'à la plus haute plate-forme. L'endroit dominait le pyton rocheux et avait une vue prenante sur la mer et les terres. La place que s'octroyait Marcah Oeil Blanc, maître de Guildabrak.
Contrairement aux autres de son peuple, il était beaucoup plus grand et avait une magnifique toison blanche. Ses traits étaient différentes d'une hyène ordinaire. Elles appartenaient d'avantage à celle d'un fauve d'une toute autre cathégorie. Il s'adressa à ses visiteurs avec beaucoup d'attention et d'un dialecte développé.

"_ Salutation humain. Je suis Marache chef de la tribu aux quatre griffes. J'attendais votre venu. Vous devez être l'indomptable Minsc, dit-il en s'adressant au rôdeur.
_ Je suis Minsc, répondit-il fièrement. Mais Minsc n'a jamais été nommé indomptable. C'est maître Bouh qui l'ai."

Le chef gnoll regarda regarda avec attention la boule de poil qu'indiquait le rôdeur en direction de son épaule droite. Une pause se marqua. Il ne se rompit que sous l'éclat de rire de Marache. Un rire si puissant que toute la forteresse l'entendit.

"_ Je t'apprécie humain. J'ai rarement vu des êtres de ton peuple respecter leur esprit totem et appeler maître des créatures plus petites que soient. C'est une voie de grande sagesse.
(_ Où de la folie, pensa Edwin dans son fort intérieur.)
_ Minsc remercie le Grand Marache du compliment. Il aimerait aussi retrouver dame qui ne cesse de l'appeler depuis plusieurs lunes.
_ Accordé. C'est avec honneur que je vais vous conduire moi même à elle."

Ce dialogue était moins terrifiant que le premier contact. Mais ceci n'expliquait pas les cadavres dans les cuves. Surtout que Marache les accompagnait à l'une d'elle.

"_ Magicienne ! cria-t-il d'en haut. Ton invité est parmi nous. Peux-tu arrêter tes rituels un instant pour te joindre à nous.
_ J'arrive, répondit une voix de femme qui roulait les r."

Noémi entendit à nouveau la voix intérieure d'Edwin. Plus de doute sur qui elle était. Ce court voyage était donc fini, pourtant tout semblait commencer. Alors que la magicienne d'Hulruaa montait, les coeurs battaient, chacun pour des raisons différentes. l'odeur pestillentielle étaient moins forte. Le temps se suspendaient. Et elle sortit. Elle était belle. Belle ... Les mots manquaient pour la décrire. Sa peau était bronzée de manière uniforme. Son corps était parfaitement proportionné avec des formes généreuses. Une chevelure légère, brune et partiellement teinte en mauve flottait dans l'atmosphère. Deux iris d'un turquoise éclatant charmait instannément. Balduran fut séduit sur le coup, regrettant de portait le ceinturon maudit.
Minsc s'agenouilla devant elle.

"_ Le grand Minsc reconnait la femme de ses rêves. Il vous demande humblement de bien l'accepter en temps Shamdora pour le nouveau voyage. Tel est la tradition du clan Törm.
_ Relevez-vous Minsc fils de Japet Törel, répondit-elle avec la douceur de son accent. Je suis heureuse de pouvoir faire enfin votre connaissance. je m'appelle Cydine Deanahïr. Et c'est avec joie que je me joinds à vous pour le Shamdora."

Le grand rôdeur se releva d'un ton victorieux et en larme. Il commença à se féliciter d'avoir atteint son objectif et remerciera avec des bras chaleureux la magicienne. Noémi eût quelques explications de la part de Drizzt. Le Shamdora est la première étape pour guerrier du clan Törm pour devenir un homme. Dans des termes plus courant, il s'agissait de fiançaille.
Cependant, ce moment de bonheur eut son interruption.

"_ Tu ne devrais pas promettre des choses Deanaïr, dit une voix sombre."

La magicienne se tourna vers la voix. une expression de surprise se dessina sur son visage.

'_ Ed ... Edwin, dit-elle en se reprenant. Après tout ce temps, tu ...
_ Oui, dix ans. Dix longues années que je suis dans cet état. Dix ans de souffrance. Peux-tu l'imaginer ?
_ Mais pourquoi Edwin ? pourquoi as-tu porté ce collier durant toutes ses années ?"

Le sorcier rouge serra son pendentif avec rage. On aurait dit qu'il allait s'étrangler. Il la regarda de manière plus intence. Mais également, il criait avec fureur dans son fort intéreieur. Si bien que Noémi n'en comprit rien. Elle fut destabilisée quelques secondes par tant de violence. Personne ne le remarqua.
Minsc sentit les pulsions meurtrières d'Edwin et se mit face à lui de toute sa taille pour protéger Deanaïr d'un quelqconque sortilège. Mais avant qu'une émeute n'éclate, le chef Marache prit place pour faire respecter sa loi.

"_ Vous êtes chez moi ici. Et je suis le seul à autoriser des conflits dans ma forteresse. Qu'ils soient de mon peuple ou non. Si vous voulez vous affronter, il faudra mon autorisation !
_ Je ne vois pas d'objection seigneur Marache, répondit Edwin avec un large sourire aux lèvres. Puisqu'il faut une autorisation, alors écoutez ma demande : j'engage mon honneur et mon titre de champion de l'épreuve de la magie pour affronter Cydine Deanahïr dans un ultime duel, compléta-t-il avec le trophée d'or en main.
_ Non Edwin, ne faites pas ...
_ Trop tard madame, intervînt Marache. Le défi est lancé et je vous impose d'accepter. Sauf si vous êtes près à sacrifier une phalange. Tel est la loi de mon clan.
_ Marache, je vous en conjure, annulez ce duel qui n'a pas de sens, implora-t-elle avec désespoir. Vous en avez ce droit. Il ignorait que c'était un combat à mort.
_ Un combat à mort, répéta Edwin étonné ?
_ Je regrette madame mais il en sera ainsi. Il peut toujours payer le prix du sacrifice, dit-il en fixant le sorcier.
_ M'emputais pour annuler ? Non ! Je préfère encore tenter la mort, termina-t-il avec fureur !
_ Et vous madame ?"

La magicienne était destabilisée. Elle voulait pas tuer le sorcier rouge. Mais le prix à payer était lourd. Elle hésita un moment en regardant l'un de ses doigts. Mais avant de répondre, Minsc sortit sa dague et présenta oriculaire gauche à Marache.

"_ Si il faut payer un tribu pour annuler ce duel, Minsc le fera.
_ Ceci est une preuve de compassion que je félicite, annonça Marache. Mais je ne peux l'accepter. Nos lois sont formelles.
_ Minsc sera prêt à tout. Si une phalange ne suffit pas, alors se sera sa main ... Son bras ... Ma vie ...
_ Non Minsc, je refuse, reprit Deanahïr en saississant la main armée. Très bien Marache, j'accepte le duel. Quand à toi Edwin, dit-elle en reprenant son souffle ... J'aurai souhaité que nos retrouvailles se passent autrement. Mais tu ne me laisses pas le choix. Que les esprits aient pitié de ton âme.
_ Ne cries pas victoire ma chère. Si tu me sous-estimes, tu en paiera le prix (ne me sous-estimes surtout pas, se répéta Edwin dans son fort intérieur)."


Le chef Gnoll Marache ameuta son peuple pour préparer le duel. Deux cuves profondes aposées furent aménagées de piques et d'une planche. Si la chutte n'était pas mortelle,les gardes finiraient le travail. Des centaines de Hyènes criaient et hurlaient. Ce genre d'évênement était sujet de moquerie. Voir des humains s'affrontés jusqu'à la mort savèrait rare pour ce peuple. Cependant, ils choisirent la magicienne comme favorite. Elle travaillait en leur faveur depuis le jour de son arrivé. Deanaïr n'avait jamais été prise en otage pour une quelconque rançon. Elle vînt à la forteresse d'elle même pour accomplir une mission. Les morts amassés dans les cuves n'étaient pas l'oeuvre du clan de Marache. Les gnolls avaient repêché les corps qui polluaient leur plage. Même si c'était des humains, Marache ordonna de respecter les traditions et de ne pas brûler les cadavres sans aucun rituel funéraire. Il envoya un messager pour trouver des prêtres chez les hommes. Cependant, l'affaire savéra plus grave qu'on pouvait l'imaginer. Des dirigeants prirent tout ceci très au sérieux et envoyèrent la guilde des mages d'Hulruaa pour établir une enquête. Deanahïr, la jeune prodige de l'école, fut envoyé sur place. Ce qu'elle avait accompli était sans précédent. Presque tous les morts furent identifiés en l'espace de trois semaines.
Aujourd'hui, elle disposait d'information trop cruciale pour se permettre de mourir ici. Face à elle, le sorcier rouge, son rival, faisait face avec autant de détermination. Du moins, c'était ce qu'il laissait croire. Il s'injuriait parfois de la bétise qu'il avait commise. Noémi entendit sa détresse, mais incapable de pouvoir faire quoi que ce soit.
Edwin voulait humilier sa rivale, la rouler dans la boue et imposer sa supériorité. Infliger une souffrance suffisante pour apaiser la sienne.

La tuer ...

Cette idée ne l'avait jamais traversé l'esprit. Maintenant que sa vie et celle de Deanahïr étaient en jeu, il commençait à douter de sa détermination. Si il pouvait écouter que son orgueil tout serait plus simple. Mais le sorcier rouge qui se croyait impitoyable se sentit coupable. Après un temps de concentration, Edwin annonça qu'il était prêt.
Le brouhaha s'intensifia d'un cran. Marache avait levé une lance d'ivoire. Ses yeux blancs observèrent une fois encore les deux magiciens avant de planter son arme dans le sol. Le silence suivit l'instant d'après.

Entre les deux adversaires, un étrange mur transparant était formé. C'était le résultat d'un équilibre presque parfait du sortilège de pousser. le choc était si violent que l'air autour fut animé de pulsion. Noémi se rappela de la finale quelques jours plus tôt. Edwin avait vaincu en une poigné de seconde son adversaire, cadette de l'école de Deanahïr. Cette fois, pas de doute que ce duel allait être plus difficile à mener. Plus de sentiment de faciliter dans les pensées du sorcier rouge. Sa concentration s'éleva jusqu'à son paroxysme. La magicienne ne tarda pas à surenchérir avec un autre sort qu'il déjoua avec un contre. A son tour, Edwin répliqua avec son sort mental, mais sans effet.
L'épreuve de magie était basée sur trois sorts offensifs et trois défensifs. L'attaque pouvait être soit la poussé soit une invocation d'une main géante ou bien une emprise psychique. Les contres étaient absorption de sort, dissipation de sort ou barrière mentale. Chaque sort avait plus ou moins de temps d'effet. Egalement, plus l'invocateur était puissant, plus les sortilèges devenaient efficaces. Et pour finir, la strastégie et la chance étaient des facteurs clés. Cependant, Edwin et Deanahïr se connaissaient suffisamment bien pour se contrer jusqu'à épuisement. Après un combat acharné qui amplifia l'air de remous magiques, les deux rivaux ressentirent des effets de fatigue. Ils tremblèrent de tout leur corps incapable de continuer.

" (_ Je le savais, pensa Edwin. Nous sommes toujours de force égale. Bravo ma chère Cydine. Mais il est temps d'en finir.)"

Le sorcier rouge leva ses deux mains pour utiliser un sort non règlementaire. Après tout, il n'y avait aucun arbitre pour l'arrêter.

"_ Edwin, intervînt la magicienne à souffle coupé ... Tu comptes enfreindre la règle ... Seulement maintenant ?
_ Ai-je le choix, répondit difficilement le sorcier rouge ... Il faut bien finir en beauté chère Deanahïr ...
_ Qu'il en soit ainsi, termina-t-elle en se concentrant encore une dernière fois."


La magie s'intensifia au delà des normes. Noémi n'avait jamais senti une telle vague de pouvoir. Alors que les deux adversaires cumulaient leur énergie, Drizzt eût un tremblement suivi d'un pas de recule. Lui aussi devina ce qui se tramait.

"_ Bon sang ! il est sur le point de lancer un sort interdit.
_ Minsc sent quelque chose de malsain dans l'air. Il faut ...
_ Arrêtes Minsc, répliqua Noémi en s'interposant à lui ! Si tu agis, tu nous mettras tous en danger.
_ La vie de Minsc n'a pas d'importance, rugit-il avec colère ! Gnoll ou mage, mon devoir est de protéger Deanahïr."

Alors que le rôdeur allait bondir dans l'arène, la jeune aventurière le frappa avec un sort de sommeil qui le paralysa momentanément.

"_ Pourquoi ... Noémi a-t-elle affaibli Minsc ? Il croyait être ami.
_ Ecoutes moi ! Si tu interviens, tu empêcheras Deanahïr de contrer le sort d'Edwin. Tu nous condamnerais tous !"

Minsc était suffisamment robuste pour ne pas succomber au sortilège de Noémi. Mais il comprit également l'importance des paroles de celle-ci. Il porta son regard vers sa promise. Autour d'elle brillait une lueur blanche protectrice. Elle était prête à agir. Quand à Edwin, personne ne remarqua qu'il pleurait. Il aurait voulu ne jamais en arriver là. Ne pas avoir poursuivi sa vengeance et d'être toujours à l'école de magie d'Hulruaa. Mais son orgueil l'avait amené à cette fatalité. Tout était fini. L'incantation arriva à son terme.
Une boule de feu traversa le ciel. Une étoile filante tombait à tout allure sur Guildabrak en direction de la magicienne. L'impact ne fit aucun bruit. Seul une lumière d'une immense pureté et aveuglante perturba la scène. Peu de monde comprit ce qui se passa réellement. La plus part virent une étrange porte disparaître petit à petit.
Edwin tomba à genou sur sa planche. Il avait perdu. Il n'avait plus la force de poursuivre. Mais la défaitre l'importait peu. Son duel l'avait éveillé. Le sorcier rouge avait appris que cette vengeance ne lui apporterait rien et certainement pas de la puissance. Son orgueil étant vaincu, il allait tirer sa dernière carte : un portail magique pour fuir cette endroit. Ceci mettrait fin à ce combat sans qu'aucune vie ne s'y perde. Cependant, tout ne se passerait pas comme prévu.

Cydine Deanahïr tomba de sa planche.

Chapiter 7 : Le seigneur bandit de la Côte des Épées.



En une poignée de secondes ... Des secondes qui valaient des heures, des jours, des mois ... Une vie. Edwin était sur le point d'utiliser un parchemin pour fuir son duel. Au même moment, sa rivale Deanhaïr allait perdre connaissance. Elle venait d'épuiser ses dernières ressources pour contrer le sort interdit. Son erreur fut de ne pas avoir demandé un peu de repos avant son duel. Les trois semaines d'effort dans les cuves remplis de corps l'avaient considérablement affaibli. Peut-être que sa fierté l'avait obligé elle aussi à faire une telle folie. C'était seulement maintenant qu'elle s'en rendit compte et beaucoup trop tard pour rebrousser chemin. Elle voyait trouble. Sa dernière pensait fut "qu'ai-je fait". Debout dans cette état d'inconscience, elle ne tarda pas à entamer une chute lente et mortelle.
Le sorcier rouge fut figé l'espace d'un instant. Il avait gagné. Une victoire amer et non mérité. Deanhaïr allait mourir. Mais ce n'était pas son but. Elle ne devait pas mourir. Il se le répéta des dizaines de fois à une vitesse fulgurante dans sa tête. Le temps lui même se suspendit. Puis ...

<< _ TU DOIS VIVRE ! hurla Edwin dans une rage sans précédent. >>

Une nouvelle et dernière force l'envahit. Il invoqua une tempête miniature entre sa rivale et les piques acérés de la cuve. Le corps inerte fut projeté dans les airs et des yeux suivirent la scène, des témoins d'un combat contre la mort elle même. Minsc bondit comme un fauve pour rattraper sa fiancé.
Les gnolls n'avaient jamais vu une telle scène de compassion. Est-ce là la force des humains, se disaient-ils.
Edwin était à bout de souffle. Il s'allongea sur sa planche pour garder son équilibre. Il avait dépassé ses limites lui qui d'habitude restait prudent. Tout semblait fini. Mais un autre évènement se produisit.
La mort n'était pas satisfait de perdre une victime. Si ce n'était pas la magicienne, alors le sorcier rouge le serait. La planche se brisa.
Edwin entama à son tour cette chute mortelle. Drizzt qui avait entendu le premier craquement s'était précipité immédiatement. Mais le temps joua contre eux. Les doigts se frôlèrent. Edwin n'avait ni la force, ni le mental pour profiter de son parchemin. Pourtant, il sentit un pouvoir magique caressé son corps et le maintînt en suspend du vide. Il vit vers le haut la silhouette d'une femme derrière la main noire de Drizzt. Il crut un instant que c'était Deanhaïr. Il reconnut alors Noémi.

<<_ Ah ah, ria le sorcier rouge malgré cette mauvaise posture. Un nouveau secret. Alors comme ça, l'aventurière est aussi une magicienne.
_ Ce n'est pas le moment de plaisanter, répondit Noémi avec difficulté ... J'ai besoin d'être plus concentré que vous pour un sort comme celui-ci ... Je vais vous remonter ...
_ Courage madame ! Il n'y a qu'un demi mètre. Edwin ! levez votre bras ! ordonna l'elfe noir.
_ J'aimerai bien, mais, commença le sorcier rouge ... Je ne contrôle plus mon corps. J'ai même pas assez de force pour un geste aussi futil. >>

L'elfe noir allait insister. Cependant une lame d'hallebarde se dressa devant lui et Noémi. Les gardes gnolls positionnés pour finir le travail regardèrent leur chef. Celui-ci réfléchissait profondément. La scène devant lui ne le laissa pas indifférent. Il observa son peuple avant de prendre sa décision. Puis il s'avança et aida le sorcier à sortir de la cuve. Myrkhul le dieu de la mort n'aurait pas de victime à emporter cette fois-ci.
Noémi souffla. Elle n'avait jamais fait usage d'un tel sort. Contrairement aux deux autres mages, ses réserves étaient beaucoup plus limitées. Elle fut toute fois heureuse que personne ne soit mort. Les gnolls se mirent à hurler et à rire. Même si la tradition n'avait pas été respectée, le spectacle fut divertissant. Ils en apprirent beaucoup sur les humains.

Par la suite, les mages furent installés dans des huttes pour qu'ils puissent se reposer. Ce soir, une fête en leur honneur serait préparée. Edwin était toujours conscient. Tout ce qui venait de se passer l'avait changé à jamais. Sa haine contre Deanhaïr disparut et son fardeau pesait moins sur ses épaules. Il tenait fermement son pendentif avec un sourire reposé. Noémi entra dans la hutte.

<<_ Vous allez mieux ? demanda-t-elle en lui tendant un petit bol rempli d'eau.
_ Oui ... Beaucoup mieux, répondit-il en acceptant le bol. >>

Elle déposa ses affaires dans un coin avant de s'installer sur un tabouret en mauvais état.

<<_ Pourquoi m'avoir sauvé ? continua Edwin. Et pourquoi m'avoir accompagné jusqu'au bout ? N'importe qui ne m'aurait même pas adressé la parole ou m'aurait abandonné en chemin si il ne craignait pas mes pouvoirs. Mais vous ...
_ C'est l'impression que vous donnez quand on vous voit. Une personne obscure avec de sombres désirs. Vous cachez bien vos sentiments Edwin. Mais moi, je connais la vérité. Et je sais que votre orgueil vous à mener vers la folie. J'étais comme fasciné par votre personnalité exceptionnelle.
_ C'est donc ça, réfléchit le sorcier ... Vous lisez dans mes pensées. Que voilà un pouvoir très intéressant.
_ C'est vrai, admit Noémi. Mais il n'y a que vous qui m'êtes un livre ouvert. C'est peut-être la raison qui m'a poussé à vous suivre. Et je crois que j'ai découvert à présent le lien qui nous unissait. >>

Edwin posa son bol vide et reprit son pendentif en main. Il observa ensuite le ceinturon étrange couvert de rune auquel il n'avait que peu de fois prêter attention.

<<_ Voilà la vérité. Vous aussi, vous portez ce genre d'artéfact maudit. Mais je doute que vous le fassiez pour les mêmes raisons que moi.
_ Je suis recherché. Un homme du nom de Sarevok veut ma mort. Mon tuteur a sacrifié sa vie pour me sauver. J'ai profité d'un accident pour changer d'identité. Et le hasard a fait le reste. Et vous, qu'elles sont vos raisons ? >>

Le sorcier rouge avait un petit sourir rêveur. Il semblait se rappeler d'un souvenir heureux. Il mit un temps à répondre.

<<_ Je l'avais fait pour Cydine. Il y a douze ans, lorsque nous étions tout deux de jeunes disciplines de l'école d'Hulruaa, j'étais tombé amoureux d'elle. Évidemment, en étant une femme, je ne pouvais pas la séduire en retour. J'ai décidé de jouer les hommes masqués. A quinze ans, je n'étais pas mauvais en illusion et, pendant un temps, tout marché bien. Mais l'objectif ne pouvait être atteint. Alors ...
_ Alors tu es allé encore plus loin, ajouta une voix douce rempli de mélancolie. >>

Deanhaïr à peine rétablie était allée rejoindre Edwin. Elle ne pouvait rester sans parler à attendre la soirée. Minsc l'avait accompagnée.

<<_ Hélas, tu as raison ma chère, avoua le sorcier rouge. je te désirai tant que je fus aveugle. J'ai procédé à de nombreux rituels interdits et enchanté mon collier familial. Le sortilège fut une réussite totale ! J'étais un homme. Pas physiquement seulement, mais mentalement aussi. j'ai découvert ainsi des pouvoirs que j'ignorai. J'étais alors le plus puissant de l'académie.
_ Et ceci causa ta ruine Edwin, termina Deanhaïr attristée.
_ Pas tout à fait, rectifia-t-il. Nos maîtres ne pouvait plus me garder à cause de leur soi-disant stupide règlement. J'ai toujours su que c'était un prétexte. Il avait peur de mon talent.
_ Quel genre de règlement, demanda Noémi ?
_ C'est une tradition dans notre école, commença Deanhaïr. Durant une année, nous n'acceptons que les garçons et l'autre que les filles. Il a été démontré que les jeunes disciples n'atteignent pas leur meilleur potentiel si ils se retrouvent mélanger durant leur étude.
_ Je commence à comprendre le point de vu d'Edwin, répondit Noémi.
_ Minsc pense que le sorcier aurait dû rester qui il était. C'est contre nature d'avoir voulu une telle folie.
_ Au diable la nature monsieur muscle, répliqua d'un ton plus haut Edwin ! Je suis un mage et je consacre ma vie pour outrepassé la création de base. Et nous sommes tous comme ça. Il faudra vous y faire si vous voulez épouser Deanhaïr ! Que cela soit dans le présent ou le futur, des gens comme moi ou ceux qui ont conçu le ceinturon de Noémi existerons temps que la magie existera sur Féérune ! >>

Il y eut un silence suite à cette dernière remarque. Deanhaïr et Minsc regardèrent l'aventurière sous un autre jour.

<<_ Edwin ... Vous auriez pu garder le secret, dit lentement Noémi embarrassée. Ils sont arrivés après, je vous le rappelle.
_ Vous aussi Noémi, dit avec inquiétude Deanhaïr ? >>

Balduran expliqua à nouveau ses raisons. Il aurait préféré que personne ne le sache.

<<_ Minsc et Bouh sont déçus. Ils pensaient que Noémi était une personne sincère et courageuse. Mais il ou elle ne vaut pas mieux que le sorcier.
_ Ce n'est pas la même chose Minsc, dit la magicienne en prenant le bras du rôdeur. Difficile de ne pas faire pareil dans de telle circonstance. Noémi ... ou plutôt Balduran, nous garderons le secret. Mais je te conseille de ne pas porter plus longtemps ce ceinturon. Les effets à long terme sont imprévisible.
_ Elle n'a pas tord, confirma Edwin. Je suis bien placé pour le savoir car il est déjà trop tard pour moi. Plus tôt tu l'enlèveras, moins ton corps en souffrira. >>

Balduran réfléchit. Il était vrai que garder le ceinturon n'avait plus d'intérêt. Il n'était plus à proximiter d'une ville ou d'un village. Presque personne ne le connait et la nouvelle de sa mort dans les mines de Nashkell avait du répandre. La prime sur sa tête avait certainement disparu. Quand il partirait de la forteresse de Guildabrak, il procèderait au rituel de délivrance des malédictions que lui avait montré Mathias Gzaar la première fois.
Pendant qu'ils discutaient dans la hutte, le drow allongé sur le toit contemplait le ciel. Le soleil masqué par quelques nuages meurtrit moins sa peau et ses pupilles délicates. Il ne s'en plaignait pas, mais la lumière était une gène par moment. C'était la malédiction des elfes d'ombreterre. Il portait le jour une cape qui le protégeait. Son armure, une côte de maille cadeau du roi Bruenor, était d'un confort incomparable. Depuis son parcours sur la surface, il avait accompli de nombreux exploits afin de prouver sa juste valeur. Il était devenu une sorte de légende que peu de personne connaissait.
Également, il avait appris à observer le monde. Il existait absolument de tout et tous pouvaient changer. Bon ou mauvais. Son rêve était de voir son propre peuple suivre la voie des surfacins. Car depuis qu'il voyageait, jamais il ne put voir un autre de sa race libérée de l'emprise de Loth, la déesse araignée. Tous les elfes noirs, de n'importe quel continent de Toril, avait pour ordre de l'appréhender et de l'exécuter à vue pour obtenir les faveurs de la perfide déesse. Drizzt haïssait Loth pour avoir transformé son peuple en de créatures maléfiques. Un jour, elle tomberait pour ses crimes et il comptait bien être là pour participer à son jugement.

La nuit tomba assez tard en ce seizième jour de l'été. Et elle allait être longue. Le banquet gnoll était impressionnant. Le clan de Marache ne manquait pas de viande. Poissons, sangliers ... de l'ours. La chasse était abondante dans cette partie de la Côte des Épées. Par contre, les fruits étaient rares sur les tables. Balduran chercha du regard si il n'y avait pas des pommes. Il aurait pensé qu'avec tous les pommiers sauvages de la forêt, les hyènes en auraient cueilli. Il décida de sortir de la forteresse pour aller en prendre quelques unes. Il croisa les ogrions qui se restauraient en chantonnant. Les deux gardes l'avertirent qu'il fallait faire attention dans la forêt le soir. Il y avait un ours surnommé le Gros-tout-blanc qui tenta une fois de passé sur le pont. Mais L'aventurier avait de quoi se défendre en cas de mauvaises rencontres.
De plus, il en avait pas pour très longtemps. Déjà le premier pommier en vue qu'il ne tarda à faire sa cueillette. A Château Suif, il y avait deux pommiers, un avec des pommes rouges et l'autre des vertes. C'était son fruit préféré, mais il ne pouvait pas en prendre autant qu'il en voulait et seulement en été. Mais ici, c'était autant qu'il en voulait. Et sa main n'hésita pas une seconde à faire un choix. Alors qu'il s'attaquait à un fruit, il sentit la présence de quelqu'un.

<<_ Trop subtil pour que cela soit un ours, dit-il en finissant sa pomme sans se retourner.
_ Tu as l'ouïe fine Noémi, répondit Drizzt qui sortit des ombres.
_ Tu peux m'appeler Balduran, rectifia-t-il. Je pense que tu es déjà au courant de ma vraie identité.
_ J'admets que la vérité m'a surpris. J'ai pourtant rencontré des transmutations bien effrayante. Je me demande où s'arrête la magie de Féérune.
_ "La limite s'arrête quand on l'atteint. Alors que la magie s'arrête au limite qu'on ne veut pas franchir" disait autrefois mon père, récita Balduran.
_ Cela devait être un grand érudie ton paternel. Par contre, quelque chose m'intrigue chez toi.
_ Qu'ai-je donc de si particulier, demanda l'aventurier surpris.
_ Il est vrai que ma phrase n'est pas précise, reprit le drow. Disons ... Que pour un humain, tu n'es pas comme les autres.
_ Je ne vois pas en quoi je suis différent. Sauf peut-être que j'ai plus de connaissance que le roturier moyen par rapport à ceux que j'ai vu. Château Suif regorge de savoir qui ...
_ Un peu naïf, ricana Dirzzt.
_ Pardon ?
_ Te sens-tu dépayser ? As-tu peur du lendemain ? Ne penses-tu pas que le monde que tu n'as pas connu avec tes yeux te rejette ? >>

Balduran ne sait jamais soucier de ce genre de détail. On l'avait préparé à cette vie depuis son enfance. Mais en réfléchissant, il comprit que les questions n'étaient pas aussi anodine que ça.

<<_ Me comparez-vous à vous ?
_ Perspicace. En effet, je te compare à moi. Même si tu es un humain, un surfacin, je n'ai jamais rencontré un de tes semblables avoir une capacité d'adaptation aussi incroyable. Et sur ce point, tu m'es totalement différent. Par contre, tu es comme moi, quelqu'un qui dispose de don exceptionnel, des compétences innées qui te permettraient d'accomplir de grandes choses.
_ C'est flatteur, répondu Balduran très intrigué par cette conversation. Mais je n'en oublie pas que je suis un simple homme qui apprend du monde qui l'entoure.
_ Tu penses que n'importe qui qui aurait eu ta place actuelle agirait de la même manière ?
_ Chacun dispose de sa faculté d'appréhension. Mais elle ne divergerait pas énormément si cette personne suit le même chemin de base.
_ Je peux te dire que c'est totalement faux.
_ Comment ça, questionna Balduran très surpris ?
_ Il existe de tout et tout est possible. J'en suis moi même une preuve vivante. Je suis un elfe noir qui naquit à Ombreterre. J'ai vécu mon enfance dans un lieu de mensonge et de cruauté. Et je sais que d'autres auraient pu vivre ma vie, mais aucun n'est jamais allé aussi loin que moi. Car moi seul le pouvait. >>

Les iris mauves du drow semblaient brillés dans la nuit. Il défiait du regard Balduran. Des réponses. C'était ce qu'il voulait. Cependant le jeune homme n'en avait pas. Et il se demandait si il y en avait une.

<<_ Tu sais manier l'épée, il me semble. Je suis bien curieux de voir ton adresse, proposa Drizzt ses mains sur ses fidèles cimetères.
_ A ta place, je ne ... >>

L'elfe disparut dans les ombres. Balduran ne voulait pas se battre. C'était trop risqué car il ignorait encore toutes les propriétés de sa lame bleue. La moindre erreur pouvait blesser le drow ou même le tuer. Il invoqua un sortilège de feu pour éclairer les environs. Mais Drizzt répliqua. Une sphère sombre tomba sur le jeune homme qui le plongea dans l'obscurité absolue. Il pouvait sortir de cette zone, mais cette solution le rendrait encore plus vulnérable. Il était suffisamment reposé pour faire appel à la magie à plusieurs reprises. Cette fois, il lança l'œil de vérité capable de voir à travers les ombres et les illusions. La sphère n'était plus une gène sur l'instant, mais son adversaire n'était pas dans son champs de vision. Il eût juste le temps de comprendre par où viendrait l'attaque : de derrière. Les trois lames se retrouvèrent dans un bruit strident.
Encore une fois, le regard provocateur du drow l'incita au défi. Balduran répliqua alors à sa manière. Il profita du croisé de lame pour élaborer une contre attaque de projectiles magiques. Mais avant même de pouvoir faire une invocation de son sort, Drizzt répliqua également pour frapper à l'aide de l'une de ses jambes. Le jeune homme fut assez vif pour se dégager en arrière tout en gardant un appui sûr et une garde correcte. C'était à un cheveux près qu'il faillit se faire avoir.

<<_ Égalité ! dit le drow légèrement surpris mais aussi excité par la performance.
_ La parade croisée débouche rarement sur une contre-attaque. C'est bien trop risqué.
_ En effet, assura le Drizzt. Pourtant tu n'as pas hésité à profiter de ta main gauche pour le faire.
_ Je ne suis pas qu'une fine lame. La magie est un facteur de combat non négligeable pour profiter d'avantage supplémentaire. Mais je ne m'attendais pas à une réplique tel que celle-ci.
_ C'est une botte secrète qui est imparable quand on ne la connait pas. Mais il est vrai que comme tu n'avais qu'une lame, tu disposais d'un plus grand champs d'action.
_ Le corps d'une femme fut également un avantage. D'ordinaire, je suis plus grand. >>

Drizzt se mit à sourire. Cette démonstration lui suffisait pour comprendre que son adversaire était de la même trempe que lui. Il rengaina ses lames. Tant de bons souvenirs furent remémorés en un instant qu'il prit son temps pour poursuivre la conversation.

<<_ Je suis heureux de t'avoir rencontré Balduran. J'ignore si nos chemins se croiseront à nouveau, mais je le souhaite de tout mon cœur que cela soit le cas. Cependant, j'ai un conseil à te donner avant de nous quitter. Même si tes intentions sont pures, ne laisses pas ta naïveté prendre le dessus. Elle pourrait t'être fatale un jour. >>

Quelques cheveux châtains tombèrent de la main de Drizzt. Balduran eut le réflexe de poser sa main sur sa tête. Une petite mèche avait été coupée nette. Le drow partit au même moment. Balduran ne sut à quel moment une attaque fut passée au travers de sa vigilence. Durant la sphère ? Sur la parade croisée ? Ou bien même avant ... Pourtant, il croyait avoir perçu toutes les attaquent.
Naïf ? L'était-il vraiment ? Drizzt avait su montrer sa détermination dans ce petit duel. Il lui démontra qu'il était supérieur en matière de combat avec cette fin. Balduran n'aurait jamais pu faire une telle chose aussi simplement. Même les projectiles magiques durant la garde croisée n'avaient pour but que de faire reculer son adversaire sans le blesser. Mais pouvait-il agir autrement ? Il se souvînt de la phrase de Khalid "Pour survivre, pourrais-tu tuer ?" . Il sut qu'il ne pourrait pas. Car il ne savait pas haïr réellement ses adversaires comme l'aurait fait Sarevok. Prendre la vie des autres était au-dessus de ses moyens.
A peine il réfléchit à cela, qu'il se mit à se souvenir qu'il avait pourtant blessé des gens dernièrement. Dria la compagne de Sarevok ou bien Prontos. Son instinct au combat prenait parfois le dessus. Pouvait-il commettre l'irréparable à ses moments là ? Sa réponse vînt : "je ne le veux pas".
Il rentra à la forteresse de Guildabrak les pensées confuses. Demain, son voyage se poursuivrait et il devait se reposer. Mais il trouva difficilement le repos.

[LEFT] Le soleil ne fut pas encore levé. Hugo frappa sur le crâne de son frère encore endormi. Bart n'appréciait pas ce genre de réveil, mais devant eux une troupe massive se présenta.

<<_ Quoi tout ça ! s'exclama Bart.
_ Po savoir, répondit son frère tout aussi impressionné. Eux être là ya peu. >>

Quelques membres de la troupe s'avancèrent vers les frères ogrions. Le plus imposant d'entre eux, un autre semi ogre, sortit une large lame. Il était certain qu'ils n'étaient pas là pour discuter amicalement.

Les évènements qui suivirent furent rapide. Les gnolls alertés s'avéraient impuissant. Marache dut déposer les armes face au nombre. La forteresse capitula sans pouvoir se défendre car les bandits étaient très organisés. L'instant d'après, les centaines de corps dans les cuves brûlèrent dans une fumée rougeâtre et nauséabonde. Deanhaïr les supplia d'arrêter.

<<_ Vous n'avez pas le droit !
_ N'intervenez pas madame, s'interposa Marache malgré ses blessures.
_ Oh oh ! Mais il y a une personne vivante, remarqua un membre de la troupe. Une sacré donzelle comme on en voit rarement en plus.
_ C'est peut-être une émissaire d'une ville, corrigea un autre soucieux. Prévenons Tazok. >>

Le chef gnoll voulut éviter la suite. Cependant, il n'arriva pas à cacher à temps la magicienne. Le demi ogre suivi de plusieurs hommes de main s'avancèrent.

<<_ Pousses toi Marache ! ordonna l'ogrion. Je dois m'entretenir avec cette femme.
_ Je t'ai laissé faire pour les corps comme tu voulais et évitais le bain de sang. Tu n'avais aucune autre exigence. Je te prierai de partir de mes terres.
_ Tes blessures ne sont pas assez profondes ? se mit à rire Tazok. J'admets que tu es robuste, mais tu ne tiendras pas encore longtemps.
_ Recules monstre ! intervînt Minsc arme à la main. Ou tu goutteras à la botte de Minsc. >>

Le demi ogre se tourna en direction du rôdeur. Son regard devînt noir. L'appellation de "monstre" le mettait particulièrement en colère. Il était vrai qu'un ogrion n'était pas connu pour sa beauté. Mais Tazok disposait d'un aspect beaucoup plus repoussant que ses semblables. Il s'avérait évident que cet homme n'eut pas une vie tranquille et que la haine avait une grande place dans son cœur. Sa violence était connu dans tous les royaumes et on le surnommait le Seigneur Bandit de la Côte des Épées.

<<_ Le mot tabou, dit l'un de ses sbires à petite voix.
_ LA FERME ! hurla Tazok qui avait clairement entendu. Toi le chauve, tu vas regretter tes paroles. Tu vas ... >>

Marache refit face à nouveau. Les yeux blancs fixaient le demi ogre de manière solennelle. Il était déterminé à protéger ses invités au péril de sa vie. Et sans attente, Tazok agit en conséquence. Sa lame transperça le chef gnoll devant tous les habitants de la forteresse de Guildabrak.

<<_ Pitoyable ! critiqua Tazok. Comment un être aussi puissant que toi s'abaisse à ce genre de chose ? Tu me dégoutes Marache aux yeux blancs.
_ Je ne fais que mon devoir de chef, répondit Marache un genou à terre, mains sur ses blessures. Ces gens sont sous ma protection. Contrairement à toi, je n'use pas de ma force pour terroriser. C'est des êtres comme toi qui fait de nous des monstres aux yeux de tous les autres peuples.
_ Ça suffit ! Gronda l'ogrion qui ne supportait d'en entendre davantage. Tu devrais savoir que la loi du plus fort prime avant tout. Emportes avec toi tes doctrines ! >>
Minsc défendit à son tour Marache et dévia la lame mortel de Tazok. Il fut alors entouré par l'armé de celui-ci, mais leur chef leur ordonna de ne pas intervenir. Il allait pouvoir vraiment s'amuser. Le rôdeur fut mal à l'aise. Son adversaire était coriace et au moindre avantage en sa faveur, on lui sauterait dessus lâchement. Il pourrait vendre cher sa peau, mais d'autres vies étaient en jeu. Il sentit un combat très mal engagé.

<<_ Attendez ! Cria une voix derrière le brouhaha ! >>

Edwin accompagné de Noémi fit écarté la foule. La plus part des brigands de Tazok se mirent à chuchoter. L'habit et le blason de sorcier de Thay disposait d'une notoriété parmi les malfrats. L'ogrion qui y porta son regard se sentit obliger de se calmer. Il fut très intrigué par la présence d'un tel homme dans ces lieux.

<<_ Vous êtes Tazok le seigneur des coupes-gorges de la Côte des Epées si j'ai bien entendu. Je suis Edwin Odesseiron, champion de Thay et des sorciers rouges de l'épreuve de magie. Je pense qu'il est dans un intérêt commun de parlementer.
_ Hm ... J'ai entendu parler de toi et de tes passes récentes. Je pense que nous avons des choses à nous dire. Cependant ... je me dois de corriger cet avorton, en pointant du doigt Minsc.
_ Cet Avorton, comme vous dîtes, fait parti de mes hommes de main. Je reconnais qu'il s'emporte pour peu de chose et me tiens responsable de lui. Car, voyez-vous, j'y tiens encore un peu.
_ Je ne vous ferais pas payer pour ses erreurs et sa langue pendante. Il me tâte de lui apprendre les bonnes manières, souria de ses dents pointues Tazok.
_ Si j'ai bien compris, reprit Edwin, il vous aurait traité de monstre ... J'ai peut-être une solution qui nous arrangera tous les deux et qui devrait vous plaire. Prenez cette pomme. >>

Le sorcier rouge tendit le fruit que lui avait cueilli Noémi. L'ogrion ne comprit pas vraiment, mais il empoigna la pomme de sa main imposante. Edwin lança un sortilège sur Minsc qui fut immobilisé.

<<_ Bien ! maintenant, jetez lui ceci en plein tête, expliqua le sorcier. Sur son front, tout en indiquant parfaitement la cible. Il ne fera rien d'autre que subir. >>

Tazok regarda la pomme et Minsc à plusieurs reprises et sourit de plus belle. Ce geste était très symbolique à son égard. Le jet de fruit servait à faire fuir les monstres et autres abominations dans les villes. L'ogrion s'avança de Minsc et l'écrasa sans aucune hésitation sur l'un des tatouages frontales du rôdeur. Le coup était si violent que malgré la paralysie, Minsc tomba à terre. Tozak ria à pleine gorge en compagnie de ses hommes. Deanhaïr s'approcha de son compagnon et essuya son visage d'un pend de sa robe.

<<_ Ah ah ! Tu fais moins le malin le chauve ! riait encore Tazok. Bien, nous sommes quitte à présent. Remercies ton supérieur car je te réservais un sort bien plus terrible ... Et sanglant. >>

Il se tourna ensuite vers le sorcier rouge. Il était pleinement disposait à le suivre et à discuter en toute tranquillité. Mais ce ne fut pas très long non plus. Les brigands ne tardèrent pas à partir. Cependant et contre toute attente, l'un des hommes de main de Tazok s'adressa à Noémi.

<<_ Toi ! La gamine ! s'exclama-t-il le mage encapuchonné. Où as-tu eu cette épée ? >>

Balduran le reconnut à son tour. C'était le magicien qui accompagnait le maître d'arme du clan Blackaxe Prontos. Il n'était pas démasqué, mais son arme l'avait trahi. L'épée qu'il possédait n'était pas courant dans cette région et il s'avérait peu difficile d'oublier une telle chose une fois qu'on l'a vu. Si l'homme de main de Tazok commençait à faire un lien, sa mascarade de sa fausse mort n'aurait servi à rien.

<<_ Je l'ai acheté à Nashkell, mentit Noémi. Cela doit faire six ou sept jours qu'elle est en ma possession et elle m'a coûté les yeux de la tête.
_Tu mens garce ! devina le magicien. Tu ressembles à l'une des deux filles qui l'accompagnait. Tu pensais me tromper en changeant de coupe et de teinture de cheveux ? Je ne suis pas stupide fillette. J'ai reconnu l'arme que ton ancien compagnon possédait et il ne l'aurait jamais abandonné. Tazok, nous devons les emmener avec nous. Je dois connaître la vérité.
_ Du calme Samej, intervînt le seigneur des brigands. Je ne tiens pas à perdre une alliance juste parce que tu reconnais une lame. N'oublions pas les priorités.
_ C'est justement l'une des priorités du seigneur Sarevok, insista le magicien. Si l'enfant de Gorion est en vie, il doit être averti immédiatement. >>

Balduran était dans une impasse et la vie de ses amis menaçait. Sa ressemblance avec Imoen lui avait joué un mauvais tour. Ses ennemis étaient bien informés. Pour le moment, il n'était pas encore démasqué. Mais si il devait se battre, son style de combat serait reconnu malgré la malédiction du ceinturon. Si il se rendait et les suivait, la torture ou les pouvoirs psychiques auraient raison de lui.

<<_ Je ne sais pas de quoi vous parler, poursuivit calmement Noémi. Mais si mon épée est à l'origine de souci inutile, en retirant son arme de son fourreau, prenez là. Mais je vous demanderai l'or qu'elle m'a coûté en échange. Des brigands comme vous ne devrait avoir aucun mal à me dédommager. >>

Samej fut étonné d'une telle proposition. Si l'arme avait une valeur sentimentale comme il le pensait, jamais cette femme ne l'abandonnerait. De plus, il douta sur qui il avait affaire. La Imoen qu'il avait aperçu au festival de Nashkell n'avait pas cette carrure de guerrière ni une telle sonorité et autorité dans sa voix.

<<_ C'est une belle lame, observa Tazok de plus près. Combien t'a-t-elle coûté ?
_ J'y ai mis une belle fortune, continua Noémi qui voyait son plan marché. Au moins cinq milles pièces d'or en pierre précieuse durement gagnées.
_ Pourquoi avoir payé autant ? demanda Samej en quête de réponse défaillante.
_ Pour deux bonnes raisons, commença le travesti avec de l'assurance. La première est la qualité de la lame. J'ai tout de suite vu qu'il s'agissait d'une arme enchantée. J'ai déjà brisé deux épées depuis que je voyage sur la Côté des Épées. Je ne sais pas pourquoi, mais le fer ici est pourri. J'ai besoin d'un arsenal de valeur pour mon travail. Après tout, je suis payé comme une reine. N'est-ce pas Edwin chéri ?
_ Oui oui ... Nous parlerons de tes honoraires bientôt, répondit le sorcier de Thay en jouant le jeu.
_ Hé hé, ricana Tazok. Je dois avouer que le marché du fer a bien flambé. C'est normal puisq...
_ Et la deuxième raison ? ajouta sans attendre Samej coupant sciemment le discours du demi ogre.
_ On m'a révélé que cette arme appartenait à un maître de l'épée. Les légendes racontent souvent que les maîtres d'arme influent leur connaissance dans leur lame. Comme si leur âme y était aspiré. J'ai tendance à croire au légende vous savez ...
_ Sais-tu gamine que le propriétaire de cette arme a disparu, il y a huit jours, dans les mines de Nashkell ? demanda à moitié convaincu le magicien. Enterré vivant à cinquante pieds sous terre !
_ Vous vous moquez de moi ? répondit Noémi en improvisant. Si c'était vrai, comment j'aurai pu l'acheter six jours ... Attendez ... Mon vendeur ... >>

Le mage encapuchonné eut le souffle coupé. Il était pris dans l'engrenage de la discussion en oubliant totalement ses accusassions.

<<_ A quoi ressemblait votre vendeur ?
_ Un grand homme châtain ... Pas spécialement endurant ... Je me souviens surtout que ses vêtements étaient couverts de boues et que ses mains avaient des bandages mal fait.
_ C'est lui ! Tout concorde ! Il a réussi à sortir de la mine par miracle. Et il a vendu son épée pour financer son voyage. Mais pourquoi n'a-t-il pas rejoint simplement ses amis ...
_ Pour faire croire que sa mort était bien réelle, soupira Tazok au bout de sa patience. C'est aussi un cœur tendre d'après ce qu'on m'a dit. Il savait pertinemment que si il était avec ses amis, nous les aurions tous exterminés à la première occasion. Il est un malin. Avec cinq milles pièces d'or en poche, ce gars peut facilement voyager seul. Pas la peine d'être intelligent pour comprendre un tel raisonnement. Mais la roue tourne ! On sait qu'il est en vie et surtout qu'il est seul ... >>

Samej n'était pas vraiment convaincu. Par contre, il n'avait pas de temps à perdre ici. Il devait informer son supérieur que la proie était en vie. La troupe de Tazok se mit à nouveau en marche, laissant derrière eux la forteresse et les fumées noires.
[/LEFT]

L'odeur des cadavres calcinés devenait insupportable, même pour les Gnolls. Les habitants déménagèrent dans les grottes inférieures le temps de reconstruire leur demeure et soigner leur blessé. Il n'y avait aucune perte. Même Marache devrait pouvoir s'en sortir. Cependant, leur haine grandissait. Les humains allaient devoir vite partir.

Deanhaïr fit un bandage autour du crâne de Minsc. Il ne ressentait pas vraiment une douleur. Mais sa fierté avait été gravement touchée. Cependant, il devait l'admettre, sans l'intervention d'Edwin, il ne serait plus de ce monde. A présent, il ne savait plus si il haïssait encore plus le sorcier rouge ou l'appréciait. Minsc médita tout le temps qu'il lui restait chez les gnolls. Même Bouh le laissa seul.
Balduran quand à lui était très inquiet. Cette rencontre avec Tarkassin venait de détruire à néant tout son projet. Il songea de garder plus longtemps le ceinturon. Mais les indices ne manqueraient pas à ses poursuivants et il ne tarderait pas un jour à se rabattre vers cette fausse identité. Sa seule compensation actuelle fut de découvrir que Tazok, le seigneur des bandits de la Côte des épées, s'avérait mêlée à cette histoire. Bonne ou mauvaise nouvelle ? Un indice sur les traces de Sarevok, mais aussi la découverte d'un redoutable ennemi.

"_ Quel manque de chance, dit sournoisement dans le dos le Balduran Edwin qui pouvait comprendre sans trop de difficulté le tourment de son mercenaire. Dame Tymora ne te sourie plus.
_ J'ai dû trop lui en demander dernièrement, songea ironiquement le jeune homme.
_ C'était pourtant un excellent plan, enchérit le sorcier. Je n'aurai pas trouvé mieux. Il vient d'ailleurs de te sauver la vie. Si tes assassins avaient eu plus de jugeote, tu étais cuit.
_ Et maintenant, il me faut trouver un autre plan. Je mets beaucoup de monde en danger.
_ Allons ! Au pire des cas, on me tortuera avec toi, dit Edwin sans vraiment y avoir peur. Cesses donc de penser aux autres et penses pour toi. Si tu cherches à sauver les arrières de tout le monde, tu seras obligé de te suicider. C'est la seule issus possible avec un tel raisonnement. Et ainsi, ceux qui ont déjà sacrifié leur vie l'auront fait en vain. Est-ce cette conclusion là que tu veux ?"

Edwin avait raison. Il devait avant tout trouver une solution pour s'en sortir et ne pas gâcher les efforts de tout ceux qui l'ont aidé. Balduran se tourna vers le sorcier.

"_ Que proposez-vous ?
_ Voilà une bonne question, commença Edwin qui se délectait de sa supériorité. Bien, bien. J'ai une dette en vers toi et il me fallait trouver un arrangement. Je devrais pouvoir effacer mon ardoise.
_ Vous semblez bien sûr de vous, remarqua le lecteur. Je vous écoute.
_ J'ai réfléchi à ta situation. Tu sembles être une personne talentueuse en soif de connaissance. Vu les difficulté des épreuves à venir, la vraie issue qui s'ouvre à toi est d'acquérir de la puissance.
_ Autrement dit, suivre votre voie, ajouta Balduran peu rassuré.
_ Tous les êtres puissants ne sont pas maléfique. Certains deviennent des héros. Il serait dommage de ne pas développer ton potentiel (qui pourrait me servir un jour).
_ Je lis dans vos pensées, rappela Balduran.
_ Certes, certes ... Je cherche des hommes de mains de ta valeur. Par contre, je ne suis pas habileté pour devenir ton nouveau mentor dans l'art des arcanes. D'ailleurs, ton pouvoir magique présente un défaut que je serais bien incapable de corriger."

Balduran eut un frisson. Le sorcier rouge avait découvert son point faible dans l'art des sorts profanes.

"_ Comment avez-vous ...
_ Ce n'est pas difficile à deviner, répondit Edwin avec son ton supérieur. J'ai déjà étudié quelques cas semblable, ceux que j'appelle parfois "les ratés", mais aussi les cas de carence.
_ Mon père ne m'a jamais parlé de ceci, réfléchit Balduran. Il a longtemps cherché à savoir pourquoi je m'épuisais aussi vite après quelques sorts plus ou moins complexe. J'apprends pourtant très vite. Et je pense que mon tuteur m'en aurait touché deux mots si j'avais un tel défaut.
_ Apprendre, utiliser et avoir les moyens d'utiliser les sortilèges profanes sont des choses bien distinctes. Et généralement, avoir les moyens de les utiliser s'avère être un détail qui échappe aux magiciens aussi grand soit-il. Qu'il soit ou non un disciple de l'érudit Elminster n'y changera rien. Seul des conjurateurs de haut niveau peuvent se permettre de découvrir le potentiel de tout à chacun. Et ce sont également les conjurateurs qui établissent le mieux des écoles ou forteresses magiques.
_ Comment cela ? demanda le lecteur en quête de réponse.
_ Afin d'avoir recourt à la magie, magicien et sorcier doivent avant tout canaliser la source des flux qui l'entourent. Il existe évidemment des lieux plus avantageux que d'autres. Comme bon exemple, les temples vouaient à la déesse Mystra.
_ On dirait que vous me parlez de champs de blé, remarqua Balduran. Des terres plus fertiles que d'autres. En gros, si on étudie sur un terrain désertique, on y arrivera jamais.
_ Mais c'est tout à fait ça (c'est bien la réponse d'un paysan, pensa Edwin admiratif d'un raisonnement aussi simple).
_ Dans ce cas, Château Suif dispose de nombreux recueils magiques et même un temple voué à Oghma, une divinité qui favorise aussi la magie. Si je suis votre point de vue, jamais une carence n'aurait pu se produire.
_ Étrange en effet. Dis moi, juste à titre de curiosité, d'autres personnes que toi étudiaient la magie ?
_ Hm non ... Enfin si, une autre personne à tenter mais a très vite abandonné, Balduran pensa à la pauvre Imoen qui ne comprenait absolument rien au livre de base en sorcellerie.
_ Ah ! c'est que je pensais !
_ Quoi donc ?
_ Vois-tu ma chère No ... Je veux dire mon cher Balduran, rectifia Edwin, il existe aussi un moyen de détourner la magie. Et je pense que ta carence et l'abandon de ton compagnon de cours est tout simplement dû à un magicien doué en conjuration.
_ Non ? Alors ... Ulraunt ..."

Balduran se mit à y réfléchir plus profondément. Si ce que disait Edwin était vrai, Ulraunt aurait joué un rôle sur son défaut d'usage des arcanes car il s'agissait de l'unique mage spécialisé en conjuration à Château Suif. Le gardien des Écrits n'avait jamais apprécié le jeune Lavidah et la raison lui restait encore inconnu. Mais l'aversion était réciproque. C'était l'une des rares personnes que le lecteur pouvait détester. Malgré ses efforts, la relation des deux hommes n'avait jamais pu aboutir à une entente ou une explication. Chaque croisement dans le monastère était suivi d'un ordre ou d'une corvée. Son père Gorion n'y prenait pas vraiment d'attention. De toute manière, Ulraunt n'était pas vraiment aimé par son entourage. Cet homme à l'orgueil et l'égocentrisme démesuré se réservait des privilèges scandaleux. Balduran se demandait parfois pourquoi Alaundo le sage avait confié son héritage à une personne comme lui.
La discutions avec le sorcier de Thay avait ravivé ses mauvais souvenirs de Château Suif. Il éprouva une grande haine envers Ulraunt. Mais ceci le passa aussi vite qu'elle était venue. Le mal était fait. Et il ne pouvait pas remonter dans le temps. Il croisa à nouveau le regard d'Edwin de manière plus déterminée.

"_ Est-ce réversible ?
_ A ma connaissance, j'en doute fort. Car la magie suit la croissance, expliqua le sorcier. Plus le lien est découvert tôt, plus l'individu développera ses pouvoirs en grandissant. Tu as atteint un âge avancé. Il est plus qu'évident que tu as perdu de ton potentiel ... Beaucoup même. Mais en t'installant dans une école pour les années à venir, il y aurait moyen de limité les dégâts.
_ Dans ce cas, il faut que j'en intègre une sans tardé !
_ Hé hé, je croyais que tu ne voulais pas suivre ma voie, rappela Edwin amusé par ce changement positionnement. Très bien, allons-y. Mettons-nous en route.
_ Vous ne m'aviez pas dit que vous n'étiez pas habileté à m'enseigner, se souvînt Balduran étonné par le comportement du sorcier.
_ Moi oui, affirma Edwin près de la sortie. Son esprit s'ouvrit à nouveau (par contre j'en connais un qui sera en mesure de t'aider)."

Balduran prit ses affaires et se mit à suivre Edwin. La personne qu'il avait devant lui n'avait plus rien à voir avec celle qu'il avait rencontré à Nashkell. Il était certain que les récents évènements l'avait changé à jamais. En serait-il meilleur ? Le lecteur de Château Suif en douta toujours et il souriait à cette propre réflexion.


Dans les jours qui suivirent, la région du Sud sur le long des collines du Lancevent, frontière naturelle entre Amn et la Côte des Épées, devînt meurtrière. Les bandits saccageaient et pillaient sans retenus. Et la plus part possédaient un descriptif, une prime pour la tête de l'enfant de Gorion. Avec les mois, certains groupes déplacèrent leur recherche vers l'Est, plus loin dans le continent. L'hivers n'allait pas tarder à s'installer.
Parmi les groupes de truand de la région, la Griffe Noire avait une réputation de ravageur. La majorité du gang haïssait les autres races non humain. Et durant leur voyage, ils tombèrent sur le village de Gullykin peuplé d'Halfelin (semi homme). Leur assaut fut repoussé par des aventuriers qui séjournaient dans les lieux. Durant leur échec, ils laissèrent derrière eux de nombreuses affaires dont en particulier un carnet contenant un lot de prime.

<<_ Khalid ! interpella une jeune prêtresse de Waukyne. Ce n'est pas normal ... La prime de Balduran existe encore.
_ Nous avons été trahis, rugit une demi-elfe qui entendit l'information. Je suis sûr que c'est Gzaar et Mantaron qui nous ont vendu. En trois mois, l'écho de sa fausse mort dans les mines auraient dû se propager.
_ Calme toi chérie ... On ne peut pas accuser à la légère ... C'est peut-être une vieille prime.
_ Le papier est trop ressent pour ça, affirma Imanienn. Il y a eut une fuite.
_ Dans ce cas ... Il faudra informer Elminster de tout ceci, reprit Khalid en se grattant la tête par anxiété. Imoen ...
_ Non rien, interrompit la jeune femme qui regardait vers l'horizon. Je songeais à tout ceci. En fin de compte, cela nous informe qu'il est toujours en vie. >>

Chapitre 8 : "Ce qu'une magie ne peut pas faire, une autre le peut."
Volo



En longeant la Côte des Épées, Edwin et Balduran remontait ensemble vers le nord. Ils firent quelques rencontres durant ce petit voyage de quatre jours. Parfois, le lecteur posa des questions sur Deanhaïr. Le sorcier lui conseilla de ne plus penser à elle, mais il céda souvent et lui révéla peu à peu son passé et ses origines. En contre partie, Edwin se renseigna sur Château Suif. Celui-ci avait hésité par moment de s'y rendre un jour. Mais le don imposé par le monastère était un obstacle de taille. Les détails de Balduran hâtèrent la curiosité du magicien de Thay.
Dans une autre direction, vers l'Est, Minsc et Deanhaïr se dirigeait vers Nashkell. La destruction des corps représentait une perte inestimable sur son enquête. Mais elle ne comptait pas en rester là. Elle persévérait et avec l'aide de Minsc, la magicienne irait jusqu'à la Porte de Baldur pour vérifier si sa liste des personnes disparues correspondaient à la réalité.
Quand à Drizzt Do'Urden, il avait déjà atteint la frontière de Amn et n'allait pas tarder à faire un tour des cités alentour tout en restant prudent. Son nom avait peut-être atteint ses contrées, cependant un elfe noir était souvent abattu à vu. Il comptait toutefois agrandir sa longue liste d'aventure déjà fort riche.
La forteresse de Guildabrak retrouva son calme. Le clan de Marache avait connu sa plus terrible période de son existence. Quelques jeunes guerriers avaient décidé de s'exiler de la tribu pensant que leur peuple perdait sa dignité et ses honneurs. Ils réalisèrent bien plus tard le prix de leur choix ...

Pendant que des aventuriers parcouraient le monde, les conflits internes du royaume commençaient à s'apaiser. La mine de Nashkell reproduisait du fer de qualité. C'était d'ailleurs à ce moment précis que le Trône de Fer fit une affaire exceptionnelle. Reiltar avait racheté la mine à ce moment de transition. C'était plus qu'inespéré pour ce groupe de commerçant qui avait pratiquement le monopole du fer de la Côte des Épées. Avec la victoire de son fils Korevas à l'épreuve de festival, il venait de s'octroyer des titres et avait fait un grand pas vers les marches de la noblesse de la Porte de Baldur.
Grâce à des accords, le cours du fer reprit un taux normal ou presque. Les rumeurs d'une guerre ouverte s'envolèrent par la même occasion. Alors que des gens se sentirent soulager, certains le virent d'un mauvais œil. A Bérégost, par exemple, Taërom Grondemarteau poussait des beuglantes dans la taverne du magicien ardent.

"_ Honteux ! Oui honteux de la part du Trône de Fer ! profitait de la crise pour faire des profits monstrueux !
_ Calmez-vous patron ... Vous avez trop bu, intervînt à voix basse un de ses artisans.
_ Tu insinues que je suis ivre Pascal ? cracha le colosse avec un regard glacial.
_ Euh ... pas du tout patron ...
_ Menteur ! s'exclama le forgeron en buvant d'un trait sa cinquième choppe."

D'un autre côté, Taërom savait que cela ne servait à rien de boire une sixième sauf de donner raison à ses artisans. Il se mit à réfléchir à la situation. Il était un forgeron de renom et il faisait que des réparations de chaudrons rouillés, ajustait quelques fers à cheval ou fabriquait des clous. Depuis qu'il avait forgé sa plus belle création, rare était les armes ou armures qui suivirent. Il fallait dire qu'il n'avait jamais trouvé d'autres matériaux à sa convenance.
Le forgeron rentra tard ce soir là. Il n'arrivait pas calmer sa rage. Il ne digérait pas le profit du trône de fer. Mais pas seulement. il s'en voulait à lui même. L'accident dans les mines de Nashkell grogna jusqu'à ses oreilles. Elminster lui raconta l'histoire en personne. Taërom avait mis la vie d'un jeune homme en jeu. Il n'aurait pas dû lui demander une elle faveur quelques semaines plus tôt. Bien que celui-ci soit encore en vie, il était à présent seul et en proie au danger le plus incertain.
Une fois à sa forge, le colosse prit son marteau et activa ses fours. Il avait envi de frapper l'acier, reprendre sa douleur et se libérer de ses fautes. Les lingots s'accumulaient prêt à servir un jour. Il les avait battu des dizaines de milliers de fois. Voilà plus d'une semaine qu'il réalisait ce travail nocturne au rythme de deux à trois produits par nuit. C'était devenu sa manière de dormir. Ça lui permettait d'oublier mieux que l'alcool. A force de forger, il arrivait à le faire les yeux fermés. Et il n'était pas fatigué le lendemain matin. Les deux premières fois, il crut que la semi elfe Jaheira l'avait maudit pour sa bêtise. Puis cette habitude devînt naturel. Taërom se demandait pourquoi il ne l'avait pas fait avant.

Ce soir là, après une centaine de coup de marteau, quelqu'un frappa à sa porte. Fuirium, légèrement énervé d'avoir été interrompu avant son état d'inconscience, alla ouvrir. Un petit groupe de villageois se trouvait devant le seuil. Sa première pensée fut que le bruit de sa forge depuis quelques nuits commençait à courroucer ses voisins. La réalité était tout à fait différent.

"_ Monsieur Fuirium, commença une villageoise ... Désolé de vous déranger à une heure aussi tardive, mais nous cherchons des volontaires. Vu que la lumière était allumée, nous avons préféré vous voir.
_ Qu'y a-t-il madame Petinoix ? interrogea le forgeron. A vous entendre, on dirait que quelque chose de grave s'est produit.
_ Des voyageurs ont été attaqués cette nuit. Des nobles d'Eauprofonde.
_ Nom d'une enclume ! Mais il fallait le dire tout de suite, poursuivit le forgeron en sortant de chez lui et dégageant sa charrette. Allons-y ! Madame Petinoix, vous me raconterez tout en chemin."

N'ayant même pas pris le temps de seller une monture, Taërom tira sa charrette à main nue avec l'aide de deux autres villageois. Ils furent rapidement sur place. L'une des diligences des nobles était dans un pitoyable. Les brigands saccageaient sans retenir leur coup. Plusieurs gardes moururent sous l'assaut et l'un des voyageurs était gravement blessé.

"_ Mon père ! criait un enfant. Il faut le soigner ! Il saigne trop !
_ Du calme petit, répondit un nain à la tête des gardes mercenaires et supportait mal les gémissement. Nous faisons ce que nous pouvons.
_ Et ce que vous faîtes n'est pas suffisant ! annonça d'un ton hautain une femme richement vêtue. Nous ne vous avons pas payé pour votre incompétence !
_ Grlm ... J'ai perdu cinq de mes hommes pour vous protéger. Et deux d'entre eux sont dans un état beaucoup plus critique que votre mari.
_ Je n'ai que faire de vos excuses nain ! Sachez que votre carrière est fini si mon époux péris. Soyez même prêt à devenir un gibier de potence."

Le nain ne répondit pas aux menaces. Il était habitué à ce genre de chose de la part des nobles. Après tout, c'était des personnes arrogantes, surtout les dames de la cours avec leur excès de zèle.
Un soupir de soulagement vînt à ses lèvres au moment où il vit les renforts de Bérégost venir à leur secours.

"_ Grondemarteau en personne. Ravi de te voir hors de ta forge et à une heure pareil.
_ C'est mon devoir de régent de la ville. Mais j'étais loin d'imaginer que c'était l'un de tes convois qui fut attaqués Korgan. Les bandits sont vraiment plus téméraires que jamais.
_ Grumf, grogna le nain au mot bandit. Ces racailles ... La moitié d'entre eux ont réussi à fuir quand ils ont comprit qu'il ne ferait pas le poids. Mais ils ont mortifiés cinq de mes braves gars. Et deux autres ne vont pas tarder à les rejoindre vu leur état.
_ Vous oubliez mon mari mécréant ! s'exclama la noble outragée. Misérable nain.
_ Calmez-vous ma mie, intervînt cette fois le mari qui avait repris connaissance. Mes blessures sont superficielles.
_ Oh mon tendre époux, vous revoilà parmi nous.
_ Père !
_ Je vais bien, poursuivit le noble. Cette flèche ne m'a que éraflé l'épaule. Laissons ses messieurs faire leur travail et ne les gênons pas ma mie.
_ Mais vous vous videz de votre sang mon époux. Je crains pour votre vie.
_ Et cinq hommes ont perdu la leur pour que nous le soyons encore. Si vous voulez maudire des gens ma mie, ce sont ses misérables brigands et non ces mercenaires. Nous leur devons notre respect.
_ Ses mots me touchent beaucoup seigneur, répondit le nain la main au cœur. Nous ferons notre possible pour vous tirer de là.
_ Mettez les blessés graves sur mon chariot, proposa Taërom. Je vais directement les conduire au temple de Lathandre."

Le nombre de monture étant trop limité pour la caravane restante, le forgeron servirait de mule et aller parcourir quelques kilomètres en courant du mieux qu'il pourrait. Sa charrette contenait les deux gardes, le noble d'Eauprofonde et madame Petinoix. La villageoise surveillait les blessés pour stabiliser au mieux leur état. le temps comptait, devenait long. Taërom avançait sans relâche à la lueur de la demi lune. La nuit pourtant rafraichissante en ce milieu de l'été, n'empêcha pas le forgeron de transpirer à grosses gouttes. Il faisait plus d'effort que quand il martelait l'acier. Ses efforts intenses furent récompensés. Tymora leur souriait devant le temple du dieu du matin.

Le lendemain au temple de Lathandre, la femme et le fils du seigneur sautèrent dans ses bras. Le prêtre Kelddath Ormlyr avait guéri tout les blessés. Les deux mercenaires étaient pratiquement rétabli. Dans un coin, le forgeron avait passé première nuit au calme sans avoir marteler de l'acier. Il avait même oublié que son charbon brûlait sans lui. Il réveillait vers dix heures par son ami Kelddath.

"_ Le seigneur Caladran souhaiterait vous parler, Taërom.
_ Uuuuah ... Le forgeron s'étira en faisant craqué son dos et sa nuque musclés. Dis lui que j'arrive, le temps de me verser un bon seau d'eau bien frais sur la tête."

Une fois totalement éveillé, Grondemarteau se présenta avec respect au seigneur qui lui rendu la révérence.

"_ Ne vous abaissez pas à sa mon époux, intervînt sa femme. Vous n'êtes pas en état.
_ Il serait peu descend de ne pas répondre au salutation de l'un des quatre maîtres de Bérégost et forgeron légendaire Taërom Grondemarteau.
_ Oh ! Ce barbare serait donc "Grondemarteau". Il est tout aussi bestial que les autres seigneurs de la Côte des Épées. Comment des bêtes sauvages peuvent-ils avoir des titres.
_ Veuillez nous laisser ma mie, entama le seigneur Caladran très gêné. Je crois que notre fils est allé voir les dryades qui vivent dans ce temple.
_ Mille Diamants ! Il ne faut pas que ces bêtes infâmes lui assombrissent l'esprit. Jonas ! Jonas ! Mon enfant, votre mère vous appelle !"

Le seigneur Caladran respira profondément. Il aimait sa femme, mais il ne supportait pas son comportement envers la basse société. Taërom quand à lui était habitué.

"_ Veuillez accepter mes remerciements les plus sincères seigneur Fuirium. Grâce à vous, ma vie et celles de ses braves mercenaires sont sauves. Je suis votre débiteur.
_ Inutile d'aller jusque là seigneur Caladran, intervînt Taërom. Si vous devez offrir une récompense, c'est à Korgan et ses mercenaires. Je n'ai fait que mon devoir.
_ Ils seront récompensés de leur bravoure. Mais si vous ne voulez pas d'or, laissez moi vous offrir autre chose. Je transporte dans mes cargaisons une armure elfique étrange. Je l'avais acheté il y a bien des années, mais je n'ai jamais réussi à la mettre. Aujourd'hui elle me sert de tenue d'apparat que j'emmène partout pour décorer mes chambres. Elle vous sera plus utile que pour moi.
_ Je regrette, commença le forgeron. Je ne vois pas en quoi une armure elfique m'intéresserait. malgré tout le respect que je vous dois ...
_ Pas de formalité entre nous je vous prie, intervînt le seigneur d'un ton moqueur. Même si vous n'en voulez pas, elle sera à vous. Et si vous changez d'avis et que vous souhaitez de l'or à la place, vous avez jusqu'à ce soir avant que je continue mon voyage."

Taërom ne sut pas quoi répondre. La journée passa s'en même qu'il puisse y réfléchir. La diligence reprit son chemin laissant derrière elle un paquet devant la forge. Les artisans le rangèrent dans l'atelier et étaient curieux de savoir ce qu'il y avait à l'intérieur. Ils firent craquer leur maître qui entama la découpe du ruban. L'armure elfique dévoila ses atours. Ils furent tous très surpris.

"_ Mais qu'est-ce que c'est que ... Ce truc ? commença l'un d'eux une main devant sa bouche.
_ Si c'est une armure, les elfes se moquent de nous ! s'exclama un autre. Une tenue d'apparat. Et rien de plus.
_ Des feuilles ... Un amas de feuilles vertes, compléta le troisième de la bande. Vous en pensez quoi patron ?
_ Je ne sais pas ... J'en sais rien du tout. Je n'ai jamais rien vu d'aussi ... Bien fait."

Ses compagnons étaient encore plus étonnés d'une telle réponse. Lentement Taërom continua son analyse. La répartition des feuilles était régulière. Elles protégeaient tour à tour les points vitaux du torse. Si on suivait le détail des motifs, chaque nervure était positionné de manière quelconques. Cependant l'ensemble semblait esthétique. La mobilité interne de l'armure était beaucoup plus libre qu'une vraie. Le forgeron constata même des renforcements latéraux et dorsaux qui devait aider les mouvements musculaires. La composition interne n'était pas du cuir. C'était la peau externe de feuilles noires qui avaient fusionné entre elle. Au touché, le confort fut immédiat.
Mais derrière cette réalisation elfique, un sentiment de faiblesse subsistait : La fragilité de la matière face à l'acier. L'un des artisans avait un couteau. Il le tendit à taërom. Il fallait savoir si cette chose pouvait protéger ou non. Le colosse prit l'outil et commença le test de résistance. Au début, l'élasticité des feuilles émit une légère déformation sous le passage de la lame. Par la suite, Fuirium exerça une pression de plus en plus importante. mais rien à faire, les feuilles ou la peau ne furent transpercé. Les artisans commençaient à paniquer. Une telle armure, aussi simple soit-elle, était supérieure que tous ceux qui avaient réalisé dans la forge. Les elfes étaient meilleur qu'eux ? Par contre, Taërom se mit à sourire. Il chercha sa barre d'acier enchanté. Les autres prirent immédiatement la fuite. Le colosse frappa de toute sa puissance sur l'armure. Ce qui le maintenait en forme tomba en morceau, cependant la création elfique resta intacte.

"_ Im ... impossible. Pas après un tel coup ! s'exclama l'un des artisans.
_ Hé hé, je n'en doutais pas, ricana Taërom caressant son menton. Mais c'est loin d'être parfait.
_ Imparfaite ? répéta crédule un autre artisan.
_ Soyez plus attentif. Nous avons affaire à un objet elfique. Cette armure est adaptée à leur style de combat. Des guerriers qui pratiquent à la fois l'art des armes et de la magie. Une armure maléable comme du cuir capable de résister aux tranchants d'une lame ou un coup perforant d'une flèche. Et je n'ai pas besoin de la mettre dans le fourneau pour savoir qu'elle ne brûlerait pas grâce à un quelconque enchantement. Toutefois ... Imaginez l'état d'un homme dans cette armure après mon coup."

Les trois artisans observèrent plus attentivement. Le mannequin était en morceau. Si il avait été un homme, son état serait critique.

"_ Elle ne protège pas des coups contenants, dit lentement l'un d'eux.
_ Exactement ! conclut le colosse. Mais voyez-vous, tout ceci vient de me donner une idée. Nous allons créer un nouveau type d'armure les gars.
_ Vous comptez reprendre le commerce d'armement maître ?
_ Je ne compte pas passé l'hiver sans une petite réserve d'alcool. Il est temps de renflouer les caisses ! dit Taërom avec un sourire si large qu'il en devînt terrifiant. Dans deux semaines, nous allons voir tous les aventuriers de Toril se jeter à nos pieds. Même les nains en seront verts de jalousie !"

Le projet de Grondemarteau était ambitieux. Il fit appel le lendemain à des chasseurs professionnels de Bérégost pour lui ramener ce dont il avait besoin. Moins d'une semaine plus tard, un chariot remplit de carcasse d'insecte géant, des ankhegs, arriva devant la forge. Le tanneur du coin vînt ensuite récupérer les chitines. En une nuit, le forgeron élabora la première armure et exposa son art dans toute sa splendeur. La carapace fut modelé en forme d'écaille finement ouvragées et une coulé d'acier servait de renforcement. Le cuir d'attache était le résultat d'une fonte de chitine. L'ensemble était esthétique et d'une extrême légèreté. Les protections étaient aussi large qu'une armure à plaque. Après les tests de résistance, cette armure fut offerte aux chasseurs en guise de récompense.
Un bouche à oreille suivit. Beaucoup de monde restèrent septique quand à la qualité protectrice de l'armure. Trois jours plus tard, une nouvelle fit rage à Bérégost. L'homme qui portait l'armure de Grondemarteau avait essuyé un coup de mortenzen d'un ogre berzerker. Non seulement il s'en sortit indemne, mais également les écailles d'insecte n'avait subit aucun dommage, ni fêlure, ni égratignure.
Par la suite, le succès de l'armure était assuré. Comme l'avait prévu le forgeron, de nombreuses personnes de la Côte des Épées passèrent commande. En une semaine, près de dix livraisons furent réalisés. Et toutes furent vendues à prix d'or.
Afin de limité la perte de valeur de sa création, Fuirium stoppa les ventes au deuxième mois de l'automne. Ses stocks de chitine devinrent faible et procéder à l'extermination des ankhegs seraient peu bénéfique à long terme. Il avait conscience que d'autres personnes tenteraient de l'imité. Sans succès, riait-il car ils ne possèderaient pas l'originale comme modèle. Le forgeron se sentit supérieur pendant un long moment, une satisfaction qu'il n'avait plus ressentit depuis sa dernière grande création.
Ses nuits étaient redevenu normales. Il oublia très vite sa malédiction du mois précédent. Son marché était prospère.

L'automne s'installa et avec lui le vent humide qui rafraichissait l'atmosphère de la Côte des Épées. Les artisans finissaient leur préparation pour l'hiver. Les stocks de vivre était déjà près. Grondemarteau avait fini d'achever un petit local proche de sa forge pour y mettre ses réserves de charbon, de fer et autres outils. Il avait même acheté des chiens de garde. Après tout, les brigands étaient capable de le dévaliser vu le prix de l'acier.
Alors qu'il pensait prendre un peu de bon temps, un des seigneurs de la Porte de Baldur, le Duc Eltan, arriva pour commander l'une des fameuses armures en chitines. Une longue négociation s'entama. Le seigneur était une personne imminente du royaume et il était connu par sa vaillance et sa bravoure. Taërom lui proposa d'attendre l'année prochaine, mais son client s'avéra pressé. Le forgeron craqua lorsque la première offre s'annonça : Cinquante milles pièces d'or, soit la moitié de son chiffre d'affaire de cette année. En revanche, Le Duc souhaitait avoir une armure d'une qualité supérieure aux autres déjà existantes et à venir. Chose réalisable puisque Taërom n'avait jamais fait enchanter aucune de ses œuvres. Il allait devoir demander l'aide de vieil ami Thalantyr, le maître en conjuration de Bérégost. Il envoya l'un de ses artisans l'informer du projet.

La maison du magicien se trouvait à l'Ouest de la ville, un édifice étrange au cœur de la forêt de la Grande esquive. Rares étaient les villageois qui lui rendaient visite. Le bois était soit-disant hanté pour effrayer les enfants. Cependant, il y avait été aperçu à de nombreuses reprises de lugubres créatures ni humaines ni animales. Parfois, des lumières ou flash mystérieux se voyait durant la nuit. Les habitants savaient que les magiciens étaient des personnes aux pouvoirs prodigieux, mais la peur subsistée. Nathan , l'envoyé de Taërom, appartenait à ses gens qui auraient préféré ne jamais mettre les pieds dans ces bois.
Le temps était couvert. Il pouvait pleuvoir à tout moment. Nathan suivait le sentier d'un pas hésitant. Plus il avançait, plus le désir de rentrer lui venait. Caché presque totalement sous son manteau, le moindre bruit l'effrayait. Il ne vit même pas qu'il était arrivé. Le domaine de Thalantyr s'étendait dans une vaste clairière aménagée sur divers endroits. Au centre, une imposante tour d'une architecture incroyable culminait les cieux. Chose étrange puisqu'on ne pouvait la voir de loin malgré sa hauteur. L'artisan sentit un courant d'air froid et humide. La pluie n'allait pas tarder à tomber. Il se dépêcha d'atteindre le seuil de la demeure en gravissant quelques marches d'escalier. Peu après qu'il ait frappé à la porte, des bruits de pas raisonnèrent. Une jeune et ravissante femme à la chevelure blonde l'accueillit.

"_ Bon... Bonjour mademoiselle, salua Nathan un peu embarrassé. Je viens de la part de Taërom Fuiruim. Je dois m'entretenir avec maître Thalantyr.
_ Entrez, je vous prie, invita la jeune femme.
_ Merci."

Le hall était différent de ce que Nathan avait l'habitude de connaître. C'était un couloir circulaire qui faisait le périmètre de la tour. Au centre, une pièce unique composée d'un sanctuaire cristallin offrait une salle harmonieuse et stupéfiante. Plusieurs sphères circulaient dans la salle sculptée, libérant au fur et à mesure quelques lumières prismatiques et notes musicales. La jeune femme demanda à Nathan de la suivre.

"_ Le maître ne devrait pas tarder à rentrer de sa promenade. En attendant, je vous propose de vous installer dans la salle à manger. L'un des assistants va vous offrir de quoi vous restaurer et reprendre des forces.
_ Merci ... Mais je n'ai pas spécialement faim.
_ De quoi vous réchauffer alors. Une tisane ou du vin. Vous semblez avoir froid.
_ Volontiers, répondit un peu soulager Nathan. Je ne suis pas contre un peu de vin."

Ils montèrent ensemble. L'apprenti forgeron s'installa confortablement. Il n'attendit pas très longtemps l'assistant qui lui porta une cruche et un verre devant lui. Alors qu'on le servait, son regard se porta sur la personne à côté de lui. Le visage de l'assistant lui rappelait quelqu'un.

"_ Pardonnez mon indiscrétion, mais ... Nous nous sommes pas déjà croisés quelque part ?
_ Je suis étonné que vous vous souveniez de moi, répondit l'apprenti. Notre rencontre remonte il y a deux trois mois et vous étiez ivre. De plus, j'avais les cheveux bruns et non châtains comme aujourd'hui."

Nathan le pointa du doigt en tombant en arrière. Il venait de voir un mort. Ce fut un choc si violent qu'il perdit toute notion du monde qui l'entourait. Son interlocuteur lui tendit simplement la main en retour pour l'aider à se relever.

"_ Bal ... Balduran Hadival !? s'exclama-t-il. Vous êtes vivant ?
_ Je ne pensais pas que nos retrouvailles allez vous faire tomber à la renverse. Prenez ma main et vous en aurez la confirmation.
_ Comment cela se fait-il ? demanda l'artisan en acceptant enfin cette main. La rumeur dans les mines ...
_ Disons que je m'en suis échappé grâce à Tymora. j'ai ensuite laissé croire à ma mort pour ne pas m'attirer des ennuis.
_ Par les dieux ! Quand le patron va l'apprendre, il ne va pas me croire.
_ Il est déjà au courant, rectifia Balduran avec le sourire. Elminster, qui m'a rendu visite il y a deux semaines, m'a raconté ce qui se passait durant mon séjour ici."

Il lui expliqua les derniers évènements, sa rencontre avec les gnolls et son arrivée chez Thalantyr pour apprendre à mieux maitriser sa magie.
Environs deux mois au par avant, Edwin Odeissemon l'avait amené ici. Après avoir appris l'existence d'une carence, le sorcier rouge voulait payer sa dette en tentant d'aider l'ancien lecteur de Château Suif. Thalantyr qui était une connaissance à lui, d'un point de vue commercial surtout, eut la grande surprise qu'on lui apportait un apprenti. Le magicien de Bérégost n'était pas un maître d'école de magie. Il avait certes quelques assistants, mais il n'avait jamais formé personne. Edwin trouva les bons mots pour intéresser l'érudit. Balduran était un cas rare, un sujet de choix avec un excellent potentiel et, surtout, l'enfant adoptif de Gorion aux mains étincelantes. Même si il vivait à deux jours de voyage de la grande bibliothèque, Thalantyr n'avait jamais pris l'occasion d'y effectuer un séjour. Le savoir du monde ne l'intéressait pas spécialement. En revanche, les artéfacts et les reliques s'avéraient être une vraie passion. Ces instruments magiques avaient une grande valeur à ses yeux. Dans le dernier étage de la tour, il disposait d'une véritable collection solidement gardée par des créatures de sa création, des golems d'argile.
Balduran intégra l'équipe d'assistant de Thalantyr. Celle-ci était composée de quatre individus tous bien différents. Namie Stone, celle qui accueillit Nathan, était la plus talentueuse et la plus sage. Elle était la meilleur héritière dans l'art des conjurations. C'était une personne aimable, toujours prête à rendre service.
Bobine Maltazar, fille de Scotarius Maltazar le devin de la Porte de Baldur's Gate, s'avérait être une fille mystérieuse. Elle lisait l'avenir proche ou lointain. Balduran se prêta un jour au jeu, mais elle fut prise de panique lors de la séance. Lorsqu'elle revînt à la raison, Bobine ne se rappela pas de ce qu'elle avait vu. Depuis cette évènement, elle resta à l'écart des autres.
Cassius Pelmos, un sorcier du Sud à la peau sombre avec une barbichette blanche, était un homme en quête de savoir. Il partageait la passion de Thalantyr pour les objets magiques et il participait souvent au expérience du maître. Parfois vantard, il racontait ses voyages périlleux aux travers des plans.
Charons Zantis, le plus jeune et le moins hardi du groupe, était un Amnien exilé. Les cités de Amn limitaient l'usage de la magie et seul une minorité en avait le droit de le pratiquer librement. Un beau matin, alors qu'il voulait ranger les affaires du maître, il se fit prendre dans un piège en touchant des gantelets. Transformé en coq, il faillit finir en déjeuné par Cassius. Thalantyr qui disposait du don de voir au travers de toutes les illusions, lui sauva la vie inextrémis. Charon évita longtemps son collègue qui n'eut de cesse de se moquer de son malheur.

Étant le cinquième assistant, Balduran se mit vite au travail. En échange de son apprentissage, il participait aux tâches du domaine. Il s'occupait principalement du travail de scribe que Cassius et Namie effectuaient avant son arrivé. Grâce à son éducation à la grande bibliothèque, il accomplit en une semaine le retard d'un mois de paperasse. Il fut ensuite appelé à accomplir d'autres travaux plus intéressant.
Thalantyr analysait chaque jour l'évolution magique de Balduran. La carence semblait être bien installée. Les solutions pour la soigner ou la compenser furent minces. Il commença par lui enseigner des sortilèges de canalisation sans grand succès. Il se tourna ensuite vers la branche des évocations, convocations dans laquelle Balduran était spécialisé. Le premier sort qui lui apprit fut l'appel du familier. Il s'agissait d'une créature magique qui deviendrait un compagnon pour son invocateur. Le type de familier divergeait selon celui qui le convoquait. Thalantyr par exemple avait un lapin noir relativement imposant et capable de communiquer par la pensée. Cassius était souvent suivi d'un petit diablotin volant. Les trois autres assistants en revenche ne furent pas capable d'en appeler un. Tous les magiciens ne disposaient pas du lien pour accomplir le pacte du rituel. Selon Thalantyr, Balduran disposait d'un tel lien. Il avait aussi hâte de découvrir quel type de familier allait apparaître. Lorsque le jeune homme s'exécuta, un œuf imposant et à la coquille rouge écarlate apparut. Le maître poussa une exclamation de surprise. D'habitude, la créature appelée avait l'âge de son invocateur. Afin de mieux comprendre, il décida d'étudier l'œuf, mais un échec suivit. Depuis un mois et demi, il n'avait pas encore éclos.

Après quelques essais sans véritable résultat, Thalantyr choisit d'employer des moyens plus radicaux. Il chercha dans ses grimoires un sortilèges d'invocation d'un niveau plus élevé. Il trouva son bonheur après une journée de lecture : le Simulacrum.
Il permettait de créer une copie du magicien qui servait de doublure à celui-ci. les pouvoirs du clone étaient légèrement inférieur de celui de son invocateur, mais suffisant pour tromper les personnes qui le voyaient. Balduran s'intéressa lui aussi à un tel sortilège. Mais l'apprentissage de ce sort fut plus difficile qu'il ne l'imaginait. Il enchaina de nombreux échecs durant plus d'une semaine. La matérialisation du simulacre n'atteignit jamais la maturation et il se retrouvait à chaque fois sous l'effet d'une grande fatigue. Il rencontrait pour la première fois de sa vie un réel obstacle. Également ce fut son premier apprentissage d'un sort de haut niveau. Les nuits devinrent douloureux. Jamais il n'avait aussi mal de toute sa vie. Sa carence le gênait et il en prit vraiment conscience. Il persévéra jour après jour. Et puis ... son simulacre naquit.
A son réveil, Thalantyr lui apprit la bonne nouvelle. Balduran se sentit soulager, mais il n'avait aucun souvenir. Pour être plus précis, il ne put voir son résultat. Même si celui-ci n'avait apparu que quelques secondes, ce fut une réussite. Cela prouvait également qu'il s'était amélioré et que ses réserves s'agrandissait petit à petit. Les jours suivant, la durée d'apparition devenait plus longue. La copie commença à devenir autonome et entama aussi son propre apprentissage. Charon parlait à Balduran de ce que son double accomplissait. Au début, il semblait être vide et il ne faisait que regarder l'environnement qui l'entourait. Par la suite, il se promenait dans les couloirs comme ça sans raison. une fois, il fit la rencontre des gardiens golems à l'étage. Il fut écrasé pour avoir tenté de pénétrer dans la salle au trophée. Le jeune homme commença à être embarrassé. Il n'avait aucun contrôle ni souvenir à chaque fois. Il perdait toujours conscience, mais ses réveils devinrent plus rapide jusqu'à atteindre une limite. Après un mois de maîtrise, il n'était plus fatigué en se réveillant après la disparition du simulacre. Ses réserves grandissaient légèrement, mais il était toujours inférieur à ses collègues. Thalantyr pensait qu'avec le simulacre, il pouvait lui faire rattraper le retard, mais ce ne fut pas le cas. Le maître décida d'observer davantage le clone magique durant son heure d'invocation. Celui-ci était dépourvu de connaissance des arcanes et il possédait toujours la même personnalité. Charon le trouvait étrange et il en avait peur. Chaque fois qu'il le croisait, il croyait avoir affaire à un sombre individu. Les autres collègues étaient de cet avis. Seul le maître ne s'en inquiéta pas. Depuis que le simulacre existait, Balduran comprit que sa copie n'était pas vraiment lui. Clairement, la différence n'était pas difficile à réaliser. Il n'y avait pas de question comme "Tu es le clone ou le vrai ?".

Nathan écouta avec attention la petite histoire. Il la trouva passionnante et devînt curieux. Il voulait rencontrer le fameux double. Balduran lui répondit honnêtement que ce n'était pas possible car la petite démonstration consumerait ses forces et que son simulacre partirait vite pour profiter de son temps d'invocation. De toute manière, le maître était de retour de sa promenade. L'artisan se pressa de lui parler de la commande du seigneur Duc Eltan et de l'enchantement à réaliser. Thalantyr prit un temps de réflexion et accepta si la rémunération était conséquente. Il fallait dire que le magicien aimait beaucoup marchander et il avait les yeux plus gros que le ventre. Nathan sentit l'affreuse avarice de cet homme avec un départ à quatre vingt pour cent en sa faveur. Ne prenant aucun risque en ne voulant pas parler au nom de Taërom, il invita le mage à venir négocier à la forge. Alors qu'il repartait sous une pluie battante vers la ville, Thalantyr riait de sa futur affaire. Puis il se dirigea en haut de la tour afin de poursuivre ses études. Balduran resta anxieux. Il se demandait si s'était une bonne idée d'avoir salué Nathan et de ne pas rester un fantôme.

Une demi heure plus tard à la forge, Grondemarteau écoulait ses dernières marchandises avant l'hiver. Les clients étaient relativement nombreux aujourd'hui. Le seigneur Eltan sans doute attirait cette foule. Il y en avait même qui demandèrent pourquoi il séjournait à Bérégost. Nathan revînt tremper. Il alla directement s'installer près des fourneaux pour se réchauffer. Taërom laissa sa clientèle à ses deux autres artisans. Quand il apprit les débuts des négociations, il faillit hurler.

"_ Quatre ... Je reconnais bien là ce vieux radin, dit il avec mélancolie. On a beau être ami, je me ferais pas arnaquer à ce point !
_ patron, j'ai aussi revu une vieille connaissance. Le jeune Hadival, celui que nous croyons tous morts.
_ Hadival ? réfléchit le forgeron.
_ Ne me dîtes pas que vous l'avez oublié. Balduran m'a dit que vous ..."

La main de Grondemarteau se plaqua sur la bouche de Nathan. Il esquissa vite un coup d'œil au alentour avant de relâcher son étreinte. Son regard sombre disait "parle moins fort".

"_ Il est chez ce vieux fourbe ? chuchota-t-il.
_ Oui patron ...
_ Cela reste entre nous Nathan. Plus un mot de cette histoire."

Le colosse avait raison d'être aux aguets. Quelques oreilles indiscrètes entendaient des informations intéressantes et ne tardèrent pas à s'éclipser de la forge. Le nom de Balduran avait raisonné comme de l'or. Trois personnes filèrent de la ville comme des ombres pour atteindre un campement au abord de la forêt de la grande esquive. Un homme couvert de balafre sourit à cette nouvelle.

"_ La fameuse prime est ici à Bérégost. Bonne nouvelle. Enrichissante même. Voilà qui double ... que dis-je ... triple la mise. L'assassinat du Duc, les trésors de Thalantyr et enfin la tête d'un jeune homme en un seul coup. Tout est parfait.
_ Ne cries pas victoire trop vite Cartas, dit un homme à sa gauche à moitié dans l'ombre. Thalantyr ne sera pas une cible facile.
_ Aurais-tu peur d'un vieux mage ? riait Cartas.
_ Ne sous-estimes pas la magie de féérune ... Ssssa puissssance dépassse les limites.
_ Ta vraie voix résonne toujours aussi mal. Je te prierai de conserver ta forme humaine en ma présence.
_ Pitoyable primate. Je me demande pourquoi maître Sarevok s'encombre de personnes comme vous.
_ Parce que sans "nous", son plan n'aurait jamais vu le jour, répondit au tac au tac le brigand."

L'autre n'en ajouta pas plus et se retira. Cartas n'aimaient pas son allier, mais il n'avait pas le choix. Il avait besoin de cette chose pour sa stratégie. Cartas prit une poignée de pièces d'or entre les doigts pour se concentrer. En temps que chef du Frisson, il était connu comme un homme redoutable sur la Côte des Épées. Froid et impitoyable, il laissait rien au hasard. Puissant tacticien, il savait quoi faire à tout moment et s'adapter à toutes les situations. Il se prépara à une nuit mouvementée.
Le domaine de la grande esquive fut envahi par les ombres. Les brigands sous leur cape noir encerclèrent la tour. Leur chef avança bien visible vers l'entrée et frappa à la porte comme le ferait un quelconque voyageur qui cherchait l'hospitalité pour la nuit. Namie entre-ouvrit la porte.

"_ Bonsoir étranger. Que désirez-vous ?
_ Je suis un pauvre aventurier qui cherche un toit pour dormir, mentit Cartas. La nuit est tombée plus vite que je ne l'avais prévu et je risque de m'écrouler avant d'atteindre la ville la plus proche.
_ Je regrette, mais nous ne disposons pas de chambre libre, répondit-elle à moitié convaincue. Je ne peux que vous proposez que la petit cabanon derrière la tour pour vous abritez de la pluie.
_ Je vous suis redevable ma bonne dame. Avant de vous laissez, n'auriez vous pas un peu de vin ou du pain frais ? De quoi me tenir chaud.
_ Attendez moi ici. Je vais vous ramener de quoi vous restaurez."

Alors qu'elle allait refermer la porte, Namie sentit une étrange piqûre au bas de son ventre. Dans un geste vif, Cartas lui avait lancé une fléchette soporifique. La magicienne vacilla et tomba dans les bras du brigand. L'expert la ligota et bâillonna en un éclair pendant que ses hommes entraient en toute discrétion. Charon et Bobine furent les prochaines victimes de l'assaut de la tour. Une fois neutralisé, il ne restait plus que trois cibles. Mais la tâche se compliqua avec l'apparition des golems gardiens. Étant de redoutable adversaire, c'était à l'allier de Cartas d'agir.
Les gardes virent Namie s'approcher. Comme prévu, ils n'agirent pas au danger et d'étranges talismans leur furent collés. Ils tombèrent en morceau dans un bruit sourd.
L'infiltration était parfaite pour le moment. Les brigands montèrent à l'étage par petit groupe. Cartas en compagnie d'une dizaine de ses hommes ligotèrent les trois prisonniers avant de fouiller les lieux. La deuxième partie du plan était en marche : l'assassinat du Duc Eltan. L'enchantement serait mortel à tout ceux qui porteraient l'armure. Tout avançait comme prévu. Puis le bruit de la porte d'entrer retentit. Un visiteur à cette heure-ci ? Avec des gestes de main, Cartas ordonna à ses hommes d'intercepter l'individu dans le prochain couloir. Alors qu'ils suivirent les bruits de pas avec attention, ceux-ci s'arrêtèrent sans explication. Afin de mieux entendre, l'un d'eux posa son oreille contre la parois. La dernière chose qu'il entendit était le son creux d'une lame qui sortait de son fourreau. En un éclair et, ceux malgré le mur, cette lame lui transperça le crâne par le creux de son oreille. Il tomba raide mort sur le coup. Cartas vit la scène avec stupeur. Il donna signe à ses hommes d'encercler l'intrus sur le champs. Ils virent qu'il s'agissait d'un jeune homme de grande taille aux cheveux châtains et aux yeux couleur ambre observant avec contemplation son épée. La lame bleuté n'avait aucune trace de sang ni de poussière comme si elle n'avait pas servi. Profitant de l'ouverture, Cartas élança une dague. Elle fut parée aisément. Le leader était certain que sa cible n'avait même pas prêté attention au projectile.

"_ Bon sang ! qui es-tu ?
_ Chef, c'est ... c'est la prime ...
_ Impossible ! rugit Cartas. Il correspond à la description, mais ça ne peut pas être lui !
_ Pourtant chef ...
_ regardez ses yeux ... Ils sont plus noirs que les miens, dit-il avec inquiétude."

Tous observèrent attentivement ce détail. Dans le milieu des coupe-gorges, il était facile de se reconnaître. Il devînt évident pour eux qu'il avait en face l'un des leurs. Alors qu'ils attendirent les ordres, leur adversaire se mit à rire sous cape.

"_ Hin hin ... C'est donc ça cette sensation ... Dites-moi, est-elle toujours aussi agréable ? demanda le jeune homme en pointant sa lame bleuté.
_ De quoi parles-tu !? s'exclama un brigand.
_ Vous le savez non ? Je le vois en vous. Du moins, sept savent parfaitement de quoi il s'agit.
_ Pauvre fou ! Payes pour ton insolence !"

Une charge bien téméraire. Mais son adversaire aussi froid qu'un démon élança sa lame bleue à une vitesse éclair. Le coup était si vif que le brigand fit quelques pas en avant sans se rendre contre que son corps perdait ses sens. Il était mort sans aucune éclaboussure de sang. Les autres évitèrent d'avancer.

"_ Lui, il ne connaissait rien.
_ Tss ... Tu sembles expérimenter. Tu dois être aussi fort que moi. Mais seul, tu n'as aucune chance. Il serait temps d'abandonner et de fu...
_ Inutile de bavarder. Si vous vouliez vivre, vous n'auriez jamais dû venir jusqu'ici. Vous faites face à votre mort qui vous sourit."

Cartas comprit que tout allait finir dans un bain de sang. Il imaginait déjà les complications qu'il y aurait quand il allait devoir tout nettoyer après cette histoire.
En haut de la tour, Thalantyr examinait sa collection. Il fut interrompu lorsque Nami arriva en courant et en larme.

"_ Qui me dérange ? demanda le magicien. Oh ...
_ Nous sommes attaqués maître. Charon et Bibine sont ...
_ Très bien, je vais m'occuper de ça, commença Thalantyr. Et je vais me débarrasser de toi en premier.
_ Hein ?"

Nami fit un saut étrange pour éviter une sphère magique produite par le magicien. Les deux se fixèrent un moment juste après.

"_ Vous connaissez la vérité ... Comment ? demanda Nami.
_ Rien de plus simple, répondit le mage en caressant sa moustache. Mes yeux sont capable de percevoir toute illusion. Je ne me laisse pas abuser par ce genre de tour.
_ Ah bon ... Vous avez un tel don. Voilà qui est regrettable. Trèèès regrettable. Je ne peux vous laissser zen vie. Attaquez !"

Cinq brigands entrèrent dans la pièce. La fausse Nami changeait de forme à vue d'oeil. Thalantyr se protégea aisément des projectiles à l'aide d'une sphère magique. La suite allait se passer de manière violente ce qui le déplaisait au plus haut point. Quelques objets de sa collection subiraient des dommages irréversible.
A l'étage des chambres, Cassius tentait d'échapper à ses agresseurs. Il savait que Balduran dormait dans son lit et il espéra le réveiller en le secouant un peu. Mais deux brigands arrivèrent armes aux poings. Cassius plongea la pièce dans le noir total afin de les surprendre. Vaine tentative contre des assassins professionnels. Une fois à terre, l'un d'eux élança sa dague. C'était à ce moment là que Balduran intervînt. Il désarma l'agresseur d'un coup de son bâton de marche. Les deux hommes reculèrent avec prudence pour éviter d'autres assauts.

"_ *Grogne* Il m'a brisé mes phalanges. Ce n'est pas un bâton ordinaire.
_ C'est sans doute la prime, ajouta son collègue. Il correspond à la description.
_ Ça va Cassius ? demanda Balduran en aidant son ami.
_ Si tu t'étais levé un peu plus tôt, je serais en meilleur forme. Mais j'ai de la chance que ton double est disparu juste à temps. Toutefois, vu qu'il n'a pas ramené ton épée, cela veut dire qu'il a eu des complications.
_ En effet, c'est de mauvaise augure."

Les deux assassins analysèrent la situation. Il y avait trop de risque à égalité. Ils essayèrent de fuir de la chambre et de rejoindre leur confrère. Cassius les emprisonna en fermant la porte à distance. Avant de pouvoir répliquer, Balduran était déjà sur eux. Ils furent neutralisés rapidement. Après les avoir solidement attaché, les deux assistants de Thalantyr tentèrent de retrouver leur maître. En montant, les golems gardiens qu'ils croisèrent étaient en pièces. Ils entrèrent sans attendre dans la salle des collections. Cependant, le magicien avait déjà fini. Dans une main immense en argile, l'un des brigands était interrogé. Les assistants remarquèrent qu'il n'avait rien d'humain.

"_ Alors misérable créature ? demanda Thalantyr impatient. pourquoi étiez-vous ici ? Je t'épargnerai si j'obtiens des réponses.
_ Jamais sss ... Je ne parlerai jamais primate !
_ Regardes la situation. tes alliés sont abattus et mes assistants m'ont rejoint. Vous avez échoué.
_ Ssseile la mort m'attend. Qu'attends-tu humain ? je n'ai pas peur ...
_ C'est ta dernière chance ! menaça Thalantyr.
_ Tôt ou tard primate, ssse ssera moi qui te retournerais la sssituation ... Tu n'as pas d'autre zhoix que de me tuer.
_ Bonne déduction, dit le mage d'un ton glacial."

La main d'argile se resserra nette. La pauvre créature n'eut le temps d'exprimer un dernier cri d'agonie. Le bruit de ses os et sa chaire fut écœurant. Thalantyr annula son invocation et un tas de viande informe tomba à terre. Cassius à moitié convaincu s'approcha pour analyser cette chose.

"_ Maître ... cette chose ...
_ Je n'en sais rien, interrompit Thalantyr sans attendre la question. Elle pouvait prendre l'apparence de qui elle voulait. Sans mon don, j'aurai été berné par une fausse apparence de Nami.
_ Un change forme ? demanda Balduran.
_ Certainement.
_ Alors il s'agit d'un doopleganger, une créature reptilienne disposant du pouvoir de copier le corps des gens qu'ils touchent.
_ Tu sembles en avoir entendu parler, remarqua Thalantyr.
_ Une vieille histoire de Château Suif. Ce sont des êtres cupides qui ne s'arrêtent pas avant d'avoir assassiné tout le monde. Homme femme enfant ... Seul l'appât du gain compte à leur yeux.
_ Que voilà de méprisable créature, ajouta Thalantyr avec dégoût. j'espère qu'il n'y en a pas d'autre avec ses gredins."


Ils descendirent avec prudence les étages de la tour. Thalantyr avait pris les devants pour déjouer d'autres illusions. mais c'était plutôt calme. Ils arrivèrent au rez de chaussé. Le maître fit signe à ses assistants de ne plus avancer. Il venait de marcher sur une flaque de sang. Il continua seul dans le couloir. Un effroyable carnage l'attendit.


Une dizaine de chevalier accompagnait le seigneur duc Eltan. Grondemarteau avait fini l'armure durant la nuit avec l'aide de ses artisans. Le forgeron aurait préféré prendre son temps pour négocier avec Thalantyr, mais le duc ne pouvait attendre. Une nouvelle désastreuse lui fut parvenue. Une wyrm accompagnée de plusieurs petits avait attaqué un navire marchand sur le fleuve Chiouthar à la lisère Nord de Bois Manteau. On racontait que cette créature draconienne vieille de mille ans avait perdu un œil en affrontant le fondateur la ville, Balduran Bassadar. Depuis, elle ruminait une effroyable vengeance.
Taërom frottait sa crinière noire. Plus vite cette histoire se terminerait, plus vite il pourrait aller dormir. Alors qu'ils arrivèrent à la clairière de la Grande Esquive, l'un des chevaliers ordonna la halte. Au loin, il voyait un étrange spectacle qui l'inquiétait. Il avança seul.
Devant la tour, les golems d'argile amassaient des cadavres dans un chariot. nami à peine remise de ses blessures vit arriver un cavalier. Cet homme se présenta en retirant son heaume. C'était un guerrier endurci avec une énorme balafre à l'œil droit.

"_ Bonjour madame. je suis le capitaine du poing enflammé Guillaume dit la Balafre. j'accompagne le duc Eltan de la Porte de Baldur pour affaire. Que vous est-il arrivé ?
_ Bonjour seigneur. Désolé de vous accueillir dans de telle circonstance, mais nous avons subi l'assaut d'un groupe de brigand. Nous les avons repoussé.
_ Par le grand gardien, ils ont osé. Vous avez des pertes ?
_ Aucune. En revanche, il ne reste que deux survivants sur les dix-neuf assaillants. Mon maître les interroge en ce moment même."

Le capitaine souffla. Il était ravi de voir que les brigands ne faisaient pas le poids contre les personnes imminentes de la Côte des Epées, malgré leur témérité. Il inspecta rapidement les corps. Puis la stupeur l'envahit. Il alla rejoindre son seigneur à la hâte. Le duc vit de l'inquiété dans le regard de son capitaine.

"_ On dirait que vous avez vu un fantôme Guillaume.
_ C'est peu de le dire seigneur. Un groupe de brigand a été vaincu par le mage Thalantyr. Vous ne devinerez jamais qui était à leur tête."

Les chevaliers avancèrent vers le chariot. Eltan n'en revînt pas. Le gibier de potence Cartas, chef de la confrérie du Frisson, était mort avec plusieurs de ses meilleurs hommes. Ceci était une bonne nouvelle. En revanche, un étrange cadavre retînt son attention. Il n'avait jamais rien vu de telle.

"_ Capitaine ! remarqua un chevalier. Ce sont des coups de lame qui ont terrassé la majorité des brigands.
_ Bien vu soldat, enchérit son supérieur. Madame, des aventuriers vous ont-il aidés ?
_ Un de mes collègues est un épéiste magicien. C'est par sa lame qu'ils sont tombés.
_ Attendez ? commença le duc Eltan. Vous voulez dire que Cartas et une dizaine de ses malfrats ont été défait par un seul homme ?
_ C'est bien ça seigneur."

Les chevaliers se regardèrent les uns les autres. Ce qu'ils venaient d'entendre était incroyable. Taërom aussi n'en revenait pas. Il n'y avait qu'un seul épéiste à sa connaissance. Il pouvait pas avoir accompli une telle prouesse ou être devenu si fort en quelques mois. En y réfléchissant, il imagina que l'arme qu'il avait forgé avait des pouvoirs encore plus grand qu'il ne l'avait soupçonné. La Balafre examina plus précisément les blessures. les coups étaient d'une grande précision. Durant toute sa carrière, il ne connaissait qu'une seule personne capable d'une telle performance : le légendaire chasseur de prime Dan Fury.

Le duc et son capitaine entrèrent dans la tour en compagnie de Taërom. Ils trouvèrent Thalantyr au sous-sol en train de questionner ses prisonniers. Les deux brigands tremblèrent de tout leur corps. Le magicien n'avait rien obtenu d'eux malgré les manipulations psychiques. Soit ils n'avaient aucune information soit ils étaient très résistant.

"_ Ce n'est pas une façon de traiter des prisonnier, intervînt Eltan peu ravi du spectacle.
_ Seigneur Eltan ? Je ne m'attendais pas à votre visite d'aussi bonne heure. Je vous aurais épargnés une telle scène en temps normal. Mais sachez que j'ai peu de retenu contre les gens qui attentent à ma vie.
_ Cela vous rabaisse, souligna le duc. Il faut savoir montrer son rang."

Thalantyr fut courroucé, même si il admettait les dire du duc. Il cessa immédiatement séance pour conduire ses invités dans de meilleur lieu.
par la suite, les négociation de l'enchantement ne se passèrent pas comme prévu. le duc fut impartial et trancha de lui même la somme en deux part égaux. Taërom pensait obtenir une plus grosse part mais il s'en contenta. Le magicien eut dû mal à refuser vingt cinq milles pièces d'or pour des enchantements. Il grava deux runes. La première empêcherait toute détérioration de l'armure. La seconde rendrait son porteur plus résistant contre la magie. Le duc Eltan fut ravi de possédait une armure digne de son rang. Le confort l'impressionnait. Afin de remercier les concepteurs, il donna un nom à celle-ci : la besantine de Bérégost.

La Balafre de son côté demanda où on pouvait trouver l'épéiste mage. Il avait hâte de rencontrer l'homme qui terrassa Cartas et la bande du frisson. Balduran descendit de la tour pour aller à la rencontre du capitaine. Il semblait avoir mal dormi.

"_ Et bien. Je m'attendais à une personne plus impressionnante. Je suis le capitaine Guillaume du poing ...
_ La Balafre ? dit d'un seul coup Balduran plus éveillé.
_ Hm ? Nous nous connaissons jeune homme ?
_ Notre rencontre remonte à plus de dix ans. Vous étiez venu voir maître Whinsthrop à Château Suif.
_ Le jeune garçon qui frappait sur un mannequin, compléta le soldat."

Guillaume revit la scène comme si c'était hier. Il se rappela du visage du seul garçonnet qu'il avait aperçu au monastère. La ressemblance devînt frappante.

"_ Voilà qui explique les entailles sur la bande du Frisson. L'élève de Dan Fury poursuit avec honneur les enseignements des maîtres de l'épée. Tu honnores notre blason."

Le capitaine Guillaume était lui aussi un maître d'arme au rang de l'épée. Avant d'être un vaillant gardien de la Porte de Baldur au service du duc Eltan, la Balaffre était chasseur de prime . Ce fut que lors d'une bataille pour la sauvegarde du royaume de la Côte des Epées, qu'il abandonna son ancienne vit pour devenir l'un des supérieurs de l'une des plus puissantes armées. Onze ans auparavant, il avait revu une dernière fois son ami Dan qui prenait sa retraitre. Il ne s'attendait à voir l'un des successeurs reprendre aussi vite le flambeau du légendaire Fury.
Mais Balduran semblait passif. Le soldat sentit quelque chose.

"_ C'est tout l'effet que tu ressens quand l'un des tiens te félicite ? Bizarre. En temps que maître de l'épée, il va falloir t'endurcir. Dan a dût te l'enseigner.
_ C'est que ... commença Balduran à court de mot.
_ C'était ton premier bain de sang, je suppose. Ca fait toujours ça quand cela arrive. Il faut mettre de côté tes doutes et aller de l'avant ...
_ Il n'y a pas eu de doute maître la Balaffre. Vous avez dû le voir par vous même."

Il n'avait pas tord. Cartas aurait eu raison de lui dans ce genre de situation où l'erreur est fatale. Le capitaine n'eut aucune réponse à ses questions. Balduran resta silencieux.
En fait, il n'avait pas de réponse pour lui même. La scène de carnage le dépassait. Autour des corps inertes, son épées planté dans le coeur du chef était l'unique preuve, la seule signature. Il n'avait jamais imaginé la différence entre son double et lui même à un tel dégré.
Le soldat n'attendit pas davantage. Avant de partir, il lui conseilla de ne pas succomber remord. La mort des brigands était méritée. Il ne devait pas entraver son talent pour des hommes aussi misérable.

Le duc et ses chevaliers se mirent en route. Ils se hâtèrent pour rejoindre la ville. Il fallait réfléchir au plus vite à la solution pour combattre Goth la wyrm millénaire, ainsi que ses enfants.
Taërom chercha Balduran à son tour. Nami lui indiqua une direction qui le mènerait à une autre clairière aménagée. Entre des poteaux en bois malmenés, il le trouva fixant l'horizon et son bâton de marche à la main.

Chapitre IX : Chasse à bois manteau


Après cette vente spéciale, Grondemarteau organisa une soirée dans sa taverne préférée, le Magicien Ardent. Thalantyr lui même vînt à la fête, ce qui était un évènement. En réalité, le magicien devait rencontrer le maire et les autres membres du conseil de Bérégost pour signaler l'attaque de sa tour. Taërom passa vite les détails pour s'amuser comme à son habitude.
Dans un coin isolé, Balduran faisait rouler une pomme. Il ne savait plus quoi penser. Certaines personnes passèrent devant lui en le saluant. Sa réputation avait grimpé. On le nommait le "bourreau du frisson". Personne se souciait de qui il était avant. Son exploit contre Cartas retenait la majorité des commérages. Certains se rappelèrent un peu de son visage lors de son premier passage en ville. Il avait juste une teinture de cheveux différentes. Une fille de joie s'aventura à sa table. Balduran se souvînt d'elle car il l'avait croisée la dernière fois devant la taverne. La demoiselle le félicita avant de lui offrir ses services gratuitement. Comme l'autre fois, Balduran refusa avec un léger sourire. La personne suivante fut un vieux mage à la robe pourpre avec une légère odeur de tabac.

"_ Cette place est libre ? demanda humblement le vieil homme.
_ Je dirais qu'elle ne l'est plus si vous souhaitez vous y installer, répondit Balduran d'un ton neutre mais avec un sourire reposé. Bonsoir maître Elminster.
_ Bonsoir jeune Lavidah, répliqua le vieux mage en s'installant. Hm ... je mettrais ma pipe dans la cheminé si je ne reconnais pas de l'inquiétude sur ce visage.
_ Vous n'êtes pas l'avisé pour rien, maître. Je présume que vous êtes au courant de l'évènement de la vieille.
_ Pas le moins du monde. Je suis venu ici pour une toute autre raison. J'ai entendu quelques rumeurs, mais je ne sais rien de tes faits d'hier.
_ Ah ?! s'exclama Balduran qui avait arrêté de jouer avec sa pomme. Une part de hasard. Dame Tymora est joueuse.
_ Ceci n'empêchera pas ma vilaine curiosité de te poser cette fameuse question à laquelle tu t'y attendais. Je te parlerai ensuite de ma venue ici.
_ Je suis navré maître, mais il va mettre difficile de vous expliquer. Moi même, j'ai dû mal à comprendre.
_ Commençons par le début, rationalisa Elminster tout ouïe et en quête de savoir. Étape par étape, nous allons tout analyser.
_ Vous ne vous adressez pas à la bonne personne Elminster, intervînt une personne derrière eux."

Thalantyr se tenait debout en regardant d'un air hautain l'archimage. D'un simple geste, il invita les deux personnes à venir s'isoler pour ne pas être entendu par des oreilles indiscrètes. Ils montèrent à l'étage afin de s'installer dans une chambre. Mais avant de fermer la porte, une main large bloqua l'ouverture. Taërom s'invita avec une bouteille à l'autre main.

"_ Hé ! Je vous y prends à filer en douce. Je tiens à participer à cette petite réunion.
_ Tu es ivre Taërom, dit sèchement Thalantyr qui eut toutes les peines du monde à essayer de fermer. Vas te dégriser dehors !
_ Tu devrais savoir que l'alcool n'a pas d'emprise sur moi vieille crapule, répondit avec froideur le forgeron. Et puis, cette histoire me concerne.
_ Ne dis ...
_ Un peu de retenu messieurs, coupa Elminster légèrement amusé par une telle scène. Vous vous querellerez plus tard. Pour le moment, nous avons une histoire à écouter et j'aimerai savoir pourquoi nous devons nous isoler.
_ Elminster, vous connaissez le sortilège du simulacrum ? demanda Thalantyr qui abandonna l'idée d'exclure le forgeron.
_ Un puissant sortilège d'invocation qui permet au lanceur de sort de créer un double magique afin de tromper l'ennemi, définit l'archimage sans difficulté. Un leurre pratique dans certaine situation.
_ Balduran maîtrise l'invocation avec succès. Cependant, il ne possède aucun contrôle de son simulacre. Sa conscience est plongée dans un coma magique temps que le double existe."

Elminster écouta avec intérêt les progrès du fils de Gorion. Il ne s'attendait pas à de telles amélioration. Par contre, le simulacre l'intrigua. Thalantyr expliqua qu'il était le véritable bourreau de Cartas. L'archimage plongea dans ses songes. Il savait qu'un double magique ne possédait qu'environ soixante pour cent de puissance de son invocateur. Intrigante prouesse.

"_ Et si nous posions directement les questions à cette copie, proposa le forgeron qui s'en frotta les mains d'impatience. J'ai hâte de le rencontrer.
_ Pas de précipitation, contesta Thalantyr. Il faut prendre des précautions. Le simulacre de Balduran dispose de sa propre autonomie et n'hésitera pas à nous filer entre les pattes. Les premières fois, il était relativement docile. Mais j'ai bien peur qu'il ne soit agressif désormais. Surtout avec l'évènement de la nuit dernière.
_ Agressif ? répéta avec ironie Taërom qui étira quelques muscles après avoir déposé sa bouteille. J'en fais mon affaire."

Thalantyr préféra ses méthodes en érigeant une bulle magique autour de Balduran. C'était beaucoup plus efficace que la force brute dans ce genre de situation. Il demanda ensuite au jeune homme d'invoquer le simulacre. Et comme à chaque apparition Balduran s'effondra.
Elminster observa le double. En croisant son regard, il comprit mieux les craintes de Thalantyr. Aucun doute possible : la copie était une personnalité très différente de l'originale. Taërom ne vit aucune différence par contre.
Le simulacre scruta la pièce et analysa sa cage magique.

"_ Inutile, intervînt Thalantyr d'un ton sombre. Tu ne pourras pas te défiler. Mais je pense que tu t'y attendais depuis ta dernière invocation. Je t'ai déjà accordé trop de liberté."

Le regard de la copie semblait se moquer du magicien. A croire qu'il avait découvert une faille dans la bulle magique et qu'il attendait le bon moment pour l'exploiter. Mais Elminster vînt interrompre la provocation en lançant la discussion.

"_ As-tu des questions ? demanda l'avisé dans un premier temps. Ou des confessions ?
_ Il est muet, reprit Thalantyr avant que Elminster n'en demande plus. Il ...
_ C'est ce que je vous ai laissé croire magicien, intervînt le double d'un ton moqueur.
_ Co ... Comment ? Depuis le début tu ...
_ Hin hin ... Disons que je n'ai eu que récemment l'usage de la parole. J'ai juste jugé bon pour moi d'éviter toute communication. Mon temps est précieux."

Thalantyr fut courroucé par cette vérité. L'affront qu'il venait de subir lui fit regretter d'avoir enseigné le sortilège du simulacrum à Balduran. Il aurait dû être plus sévère et plus attentif à l'éducation de cette copie. En contre partie, il réalisa que l'évolution de cet être progressait bien vite.

"_ Inutile de me blâmer, reprit sournoisement le simulacre qui lisait dans les pensés. c'est dans ma nature. Il n'y a aucun responsable.
_ Pas de responsable ? répéta Elminster avec calme et intérêt. Donc tu considères normal tes faits et gestes ?
_ Évidemment."

Le double souriait. Une étrange atmosphère planait dans la pièce. Alors que les mages étudiaient chaque syllabe, Taërom observait les deux jeunes hommes. Il avait du mal à discerner les différences évidentes qu'il avait entendu. Il s'inquiéta juste de voir Balduran dormir d'un seul coup alors que son double était présent.

"_ Dîtes moi vieux mage. Vous me sondez depuis le début. Que voyez-vous ? Car malgré votre calme trompeur, je lis de l'inquiétude. Êtes-vous en train de me craindre.
_ Oh ohoh ... Craindre ? Je vois que tu as de l'humour comme Balduran, riait Elminster sur un ton moqueur. Ou est-ce de l'arrogance ? Les deux je pense. Mais il m'est peu concevable d'avoir peur d'un simulacre.
_ Vous mentez mal Elminster. Tout comme mon maître, je ne me laisse pas abuser par des paroles. Inutile de le nier : vous avez déjà vu mon regard. N'est-ce pas ?"

Aucune réponse ne sortit des lèvres d'Elminster. Il gardait son calme légendaire face à la provocation. Thalantyr ne tarda pas de son côté à émettre une multitude de supposition. Est-ce vraiment un simple simulacre ? Par son expérience, il estimerait que la copie était en réalité une personne à part entière disposant de son propre but.

"_ Mais qui es-tu donc ? ne tarda à lâcher le forgeron désorienté.
_ Excellente question ! reprit le simulacre qui l'attendait. Êtes-vous vraiment sûr de vouloir entendre la réponse forgeron ?
_ T'inquiète pas gamin. Il en faut beaucoup pour m'impressionner.
_ Bien. Alors écoutez attentivement. Je suis la Mort."

Le message fut parfaitement déchiffré, mais sa compréhension n'en resta pas moins acquise. Que voulait-il dire par la Mort ? Le simulacre semblait prendre un malsain plaisir de perturber ses interlocuteurs. Toutefois, Elminster se mit à rire d'un ton léger.

"_ C'était donc de l'arrogance. Je vois que tu entre dans la peau de ton personnage.
_ Que voulez-vous dire Elminster ? demanda Thalantyr en pleine confusion.
_ En deux mois vous ne l'avez pas toujours pas remarqué cher collègue, dit le vieux mage sur un ton affirmatif.
_ Mais quoi donc ?
_ Hin hin, vous êtes donc dans le secret maître Elminster. Mise à part Gorion, personne ne le connaissait. Même mon pauvre maître ne connaît pas la vérité.
_ Je ne suis pas le seul. D'autres le sont au courant. Mais la question est : comment l'as-tu découvert ?
_ Cela remonte à six ans quand pour la première fois les lectures de mon maître sont passés par les prophéties d'Alaundo le Sage.
_ Étonnant, ajouta le vieux magicien. Gorion avait découvert ton existence, mais il était loin d'imaginer à qui il avait affaire. Tu n'es pas n'importe qui.
_ Permettez moi de vous interrompre, lança Thalantyr. Mais est-il possible d'avoir le fil conducteur de votre discussion ? s'énerva-t-il d'un cran.
_ Cher collègue, connaissez-vous l'histoire des "faces cachées" ?
_ Oui ? Quel rapport ?
_ Ce n'est pas une légende pour enfant ? ajouta le forgeron qui essaya temps bien que mal de suivre.
_ Apprenez Taërom que la moitié des légendes sont tirées d'histoire réelle, poursuivit Elminster. Vous avez devant vous une face cachée."

Les Faces Cachées était l'une des histoires du conteur Vassal Rao. Il s'agissait d'une fable réputée à Eau profonde et dans les autres Royaumes.


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Les Faces Cachées

Un jour bien étrange où trois enfants naquirent dans trois villes voisines : Une fille de couturier, un fils de tanneur et le fils d'un seigneur. Chacun d'eux furent touchés par un démon. La première par une succube aux yeux rouges à l'avarice sans égale, le second fut mordu par un lycanthrope et le dernier eut son âme brisée par un abyssal.
En grandissant, les enfants développèrent un doublement de personnalité.
Le jeune fille devînt une couturière de renom. Toutes ses robes étaient magnifique. Mais chaque soir, elle recréait les ouvrages de la journée en les retouchant à sa taille. Établissant sa propre collection, elle ne se soucia guère de faire cela dans son inconscience. Puis une duchesse arriva pour obtenir une création unique. Celle-ci lui fournit les meilleurs étoffes et bijoux pour l'ouvrage. Le lendemain, la noble remarqua que la moitié des composants avait servi et ordonna à la couturière de lui rendre le reste. Très peiné, la jeune femme dut dévoiler l'autre ouvrage nocturne. La première était d'un blanc éclatant voir aveuglant, la seconde fut noire comme l'ébène et les ténèbres. Malgré leur couleur opposée, la duchesse jugea la couturière comme une traitresse et une voleuse. Alors qu'elle allait être exécuté le jour suivant, un espoir s'en suivit. La noble fut retrouvée morte en tentant de porter la robe noire qui ne lui était pas destinée. La couturière fut libérée, mais n'y eut plus jamais de deuxième robe.
Le fils du tanneur devînt un noble artisan en soif de nouveauté. Ils travaillaient tous les cuirs, du plus simple au plus exotique. Durant les nuits de pleine lune, la rage l'envahissait et il s'attaquait parfois à ses stocks ou animaux de la forêt. De ses mains, il arrachait le cuir le plus robuste en les taillant en de fine lanière qu'il retrouvait le lendemain dans son atelier. La rumeur d'une bête sauvage ne tarda pas à se répandre en ville avec la découverte de nombreuse carcasses. Le tanneur se doutait qu'il était coupable, mais il laissa le temps passé. Puis un matin, il découvrit un nouveau cuir. Il tenta de reconstituer les lambeaux et il s'aperçut de l'effroyable vérité : c'était de la peau d'homme ! Avant que l'on retrouve le corps, il fuit et disparut à jamais. Plus tard fut découverte sa dernière œuvre, le plastron de chair humaine. L'avait-il conçu à partir de sa propre peau, seul les dieux le savait.
L'enfant du seigneur succéda très tôt à son père. On racontait que c'était un homme cruel et qui n'aurait pas hésité à empoisonner son frère aîné pour avoir l'héritage. Ce n'était qu'une rumeur. Quoi qu'il en soit, il fut l'un des rares tyrans à qui ont lui souhaité une vie courte. Alors qu'il brutalisait son peuple, un homme lui tînt tête dans l'ombre. Lorsqu'il y avait un monstre à abattre, il le terrassait. Lorsqu'il y avait des vies en danger, il les sauvait. Un héros aimait par les habitants et qui volait le prestige du seigneur en agissant la nuit à sa place. N'étant pas vraiment une menace, juste un symbole du peuple, le noble laissa agir. Cependant, le héros osa l'improbable : s'attaquait au trésor seigneuriale pour le rendre au peuple. Découvrant le pillage, le seigneur engagea un chasseur de prime pour abattre le renégat. L'assassin n'eut aucun mal à terrasser d'un carreaux sa cible lors de la première nuit venue. Il traina le corps jusqu'à la salle du trône afin de réclamer sa récompense. Mais les gardes reconnurent alors leur seigneur sous le costume du héros. Peine à croire, les deux personnes n'en faisaient qu'une.

Les trois démons se réunirent, riant et se vantant de leur exploit. Les faces cachées étaient de véritable réussite. La succube se jugea la meilleur en créant un meurtre parfait. Le loup-garou disait que sa bête humaine était pire que lui. Le troisième s'annonça comme étant le vainqueur de cette histoire car quel plus beau crime que le sien ? les trois montres commencèrent à hausser la voix. Chacun prétendait être supérieur à l'autre et ils finirent par se battre. Fatiguer par leur dispute, ils reprirent leur voyage en quête de nouvelles créations de face cachée.
Alors attention cher enfant. Si un monstre te touche, pense à trouver un prêtre pour te soigner. Ne laisses pas ton âme être souillée et donner naissance à une face cachée.

**********

Comme pour de nombreuses fables, celle-ci servait d'avertissement. Vassal Rao en avait écrit plusieurs suite à une mésaventure contre des gobelins. La plus part des histoires pour enfant était tirée de fait réel.

"_ Même si le "briseur d'âme" existait, commença Thalantyr sur un ton presque songeur, pourquoi le jeune Balduran n'aurait pas été guéri par le passé ? Ne venez-vous pas de dire que son tuteur en avait des soupçons ?
_ Pff ... ahah ! tu es superstitieux vieux fourbe ? Ce sont des histoires pour gosse, taquina le forgeron les bras croisés.
_ La ressemblance reste tout de même frappante ... Sinon pourquoi Elminster en aurait fait la référence ?
_ Je n'ai cité qu'un exemple, rectifia le vieux mage. Le briseur d'âme reste une légende. Nous avons juste affaire à quelque chose de similaire mais aussi de bien plus complexe.
_ Comme il est amusant de vous voir tourner autour du pot, enchérit le simulacre avec un terrifiant sourire. Vous avez sans doute raison. La vérité ne doit pas être dévoilée. J'aimerai que mon maître reste encore dans l'ignorance. Il est dû genre à y réfléchir pendant des jours voir des mois. Ne lui dîtes qu'une seule chose : que je suis là pour le protéger. Je suis une ombre fidèle.
_ Avant de nous quitter, repris Elminster en appuyant sur les mots, j'aimerai que tu répondes à deux questions.
_ Vous êtes capricieux pour un vieil homme. Bien. Posez vos questions. J'y répondrai si j'y trouve de l'intérêt.
_ Trop aimable. J'y ai longuement réfléchi, mais j'aimerai savoir si vous vous êtes rencontrés toi et Balduran ?
_ Curieuse question et la réponse en sera tout autant : peut-être.
_ Un simple oui ou non aurait était plus adéquat, souligna Thalantyr agacé par ces mystères.
_ Passons à la question suivante, reprit Elminster sans attendre. Comme je l'ai dit, Gorion avait des doutes sur ton existence. Je pourrai même dire qu'il a tenté de t'effacer ou te détruire. Comment le considérais-tu ?
_ Hin hin ... Voilà une question bien odieuse vieux mage, riait lentement le simulacre qui commençait à disparaître. Gorion n'était pas aussi cruel envers ma personne. Même si il n'en était pas certain, ces actions n'ont jamais tourné aussi bas. Il a toujours agis pour protéger mon maître. Mon rôle en est de même. Je ne peux donc éprouver aucune haine à son égard. Je ne connais pas l'amour, ni la bonté. Mais je l'ai toujours considéré comme un père.
J'espère que les réponses ont satisfait votre curiosité. Je me dois de prendre congé à présent. A bientôt messieurs."

Le corps du simulacre s'effaça. Son sourire semblait pourtant persister jusqu'au bout. Balduran se réveilla. Une main se porta à son cœur quand il vit que la bulle était toujours là. Ses maîtres et Taërom ne semblaient avoir subi aucun dommage. En voyant le visage paisible d'Elminster, il fut immédiatement soulagé.
Écoutant attentivement les trois hommes, l'ancien lecteur de Château Suif apprit un peu qui était son simulacre. Une ombre proche et protecteur, mais également un être qui est né par opposition des sens et des ressentis. Il sut presque tout. Presque, car on le ne lui révéla pas la fameuse caricature que le double se donnait : être la mort incarnée.

"_ Mon opposé ? Simplement mon opposé ?
_ Comme dans la fable des Faces Cachées, souligna le forgeron comme si il avait tout compris.
_ D'après ce qu'il nous a dit, reprit Thalantyr une main sur le front en regardant d'un œil de travers Taërom, cette entité existe depuis ton enfance. Ton père adoptif semble l'avoir découvert son existence sans trop en être sûr.
_ Calmez vos ardeurs messieurs, intervînt avec un ton amusé. Ne voyez-vous pas que vous êtes en train de déverser un flot énorme d'explication ? Même le brillant Balduran n'est pas en mesure de tout comprendre en une fois, dit-il en lançant un clin d'œil à celui-ci.
Passons un peu le sujet. Je vais te poser deux questions. J'ai demandé à ton double si vous vous étiez déjà rencontrés par le passé et je n'ai obtenu qu'une réponse hasardeuse. Aurais-tu un quelconque souvenir à ce sujet ?"

Balduran réfléchit rapidement. Il essaya de trouver le moindre souvenir ou bride de mémoire, mais n'eut pas de réponse. Toutefois, il semblait hésiter.

"_ Je vois, reprit Elminster en se grattant le menton. Je vais t'aider à trouver cette réponse. Je pense que vous vous êtes rencontrés, cela ne fait aucun doute, mais lors dans le pays des songes. Ne fais-tu pas de rêve dans lequel tu te vois de l'extérieur ?
_ Si, approuva Balduran. Maintenant que vous le dîtes, il est vrai que je me vois ainsi. Ce genre de rêve est devenu fréquent depuis ...
_ La mort de Gorion, termina l'Avisé."

Le jeune homme sentit ses entrailles le tirer. Ses fameux rêves étranges qui le mettaient dans des situations particulières n'étaient pas les siens mais ceux de son double. Ceci devînt si clair à ses yeux. Pourquoi n'y avait-il pas songé avant ? En y repensant, il comprenait mieux les objectifs de son simulacre. Force, puissance ... Vengeance.

"_ Quand nous avons parlé avec ton double, même si il prétendait subir les mauvaises influences de ta vie, il dispose de plusieurs similitude. Son éducation est identique à la tienne et il est resté poli et courtois par exemple.
_ Avec vous Elminster, rectifia Thalantyr qui n'avait pas encore digéré les excès de zèle du simulacre à son égard.
_ Il considérait Gorion comme un père. Et je pense ...
_ Il veut se venger, interrompit Balduran qui écoutait à moitié.
_ Pardon ?
_ Mon simulacre ... Enfin lui ... C'est la vengeance qui l'anime. Tout est clair à présent.
_ Pas de précipitation, tenta de calmer Elminster intrigué. Tu ne devrais pas ...
_ Maître, ne me faîtes pas croire que vous ne l'avez pas vu. Vous savez tout aussi bien que moi que je suis différent. Non pas par mes aptitudes, mais par mon comportement. Si mon double est mon ombre, je suis la lumière. Je connais la compassion, l'amitié ou la générosité. Mais je suis incapable de haïr, de détester ou d'éprouver de la rancune. Le soir où Gorion est mort, je n'ai versé aucune larme. N'est-ce pas évident ? C'est lui qui a tout subit. Lui seul comprend la souffrance et la douleur de perdre un être cher. Et c'est lui seul qui connait la vengeance dans mon cœur. La nuit dernière, il a tué sans hésitation et prouvé ainsi sa détermination. Il est près désormais."

Elminster perdit enfin son expression de calme. Il regardait l'enfant de Gorion d'une toute autre manière. Une part de lui même redoutait une telle évidence, mais c'était aussi le plus probable, la logique incarnée. Il réfléchit avant de reprendre la parole.

"_ Tu viens de répondre à ma deuxième question. Je voulais savoir si tu voulais te venger de l'assassin de Gorion. Je vais donc t'en poser une autre : que comptes-tu faire ?
_ Il est évident que mon double a pris de l'influence depuis la mort de père. Sa haine grandit jour après jour. L'acquisition du corps du simulacre est une preuve de son développement. Tout ceci n'est pas un hasard. je ne vois donc qu'une seule solution : poursuivre le chasseur.
_ Poursuivre le chasseur ? répéta ébahi Grondemarteau. Tu veux suivre le même chemin et te venger ?
_ Mon pauvre Taërom, intervînt Thalantyr en pleine lamentation. Tu n'es pas forgeron pour rien.
_ Je te vois venir à cent coudés ! répondit l'artisanat agacé. Tu vas dire que je n'ai rien compris.
_ Tu sais parfois faire preuve de lucidité. Laisses moi donc t'expliquer. Le double se nourrit des évènements néfastes que vit Balduran. Actuellement, la première personnalité est celle que nous connaissons car son existence à Château Suif a été baigné par la sérénité. Mais si il continue à être pourchassé, l'entité maléfique prendra l'avantage pouvant aller jsuqu'au contrôle même du corps principale. Par conséquent, il asséchait cette source de corruption en l'éliminant à sa base : vaincre le chevalier noir avant l'autre.
_ Ce n'est qu'une hypothèse, ajouta Taërom effrayé par une telle idée.
_ Hélas cher Faerom, Thalantyr n'a pas tord, compléta Elminster."

Cette fois, l'ambiance de la pièce devînt plus silencieuse que jamais. Le forgeron reprit sa bouteille pour boire vite une gorgée. Puis il s'adressa au lecteur.

"_ C'est vraiment ce que tu veux ?
_ Assouvir une vengeance, non. Mais vivre en fugitif n'est pas une option. J'ai choisi ce chemin pour me protéger et protéger mon entourage."

Grondemarteau aurait voulu l'en détourner. Dans sa carrière, il en avait vu des aventuriers succomber à cause de la vengeance. Il avait conscience que ce n'était pas pareil, mais le résultat s'équivalait. Ce n'était pas le bon choix.
Le vieux Elminster qui avait longuement réfléchi prit lui aussi sa décision concernant Balduran.

"_ Allons dans le vif du sujet, ma venue ici. Je vais te confier une mission Balduran. Son importance est aussi grande que celle dans les mines de Nashkell. C'est l'avenir de la Côte des Épées qui est en jeu.
_ Je vous écoute maître.
_ Depuis quelques mois, mes agents ont réalisé de nombreuses enquêtes sur les troubles de la région. Le marché du fer, le banditisme et les enlèvements sont tous liés. Quelqu'un tente de renverser le pouvoir.
_ Elminster, seriez-vous en train d'insinuer que l'affaire d'hier soir serait lié également à tout ça ? commença Thalantyr surpris par les propos de l'Avisé. Qu'en réalité, je n'étais pas la cible ?
_ Précisément. Aucun de vous n'étiez la cible.
_ Cartas possédait un lot de de prime, fit remarquer Thalantyr. Balduran était dans sa liste.
_ Un pur hasard, affirma le vieux mage. J'en mettrai ma pipe à brûler. Quoi qu'il en soit, avant de venir ici, j'ai pu observer les corps de la guilde du Frisson. Et j'y ai aperçu un change forme.
_ Il ... Il y aurait d'autre de ses créatures dans votre histoire ? prononça avec dégoût le conjurateur.
_ J'ignore leur nombre, mais il est certain que des pions soient déjà posés à travers le royaume. Commerçants, nobles, soldats ... N'importe qui peut être un imposteur. Mais dame Tymora nous sourit. Je connais trois fausses identités. Balduran, ta mission sera de retrouver l'un d'eux pour moi. Tu vas accompagner un groupe de chasseur à Bois Manteau.
_ Si vous me sollicitez pour une mission aussi périlleuse, c'est qu'il y a un lien avec cette homme. Ai-je raison ?
_ En effet, répondit-il d'un ton calme. Le fameux Sarevok n'est pas étranger à cette histoire. En réalité, j'ai l'intime conviction que l'assassin de ton père soit la tête pensante de ce que je nommerai : un complot."

Le sang de Balduran fit un tour. à peine se remettait-il de la découverte d'un autre lui qu'il découvrit sa présence dans l'engrenage d'un complot. Pourquoi lui et pas un autre ? Encore une fois, il se le demandait. Mais il s'y résolut à nouveau avec une profonde détermination.

"_ Je vous remercie de la confiance que vous me portez maître Elminster. J'espère en être digne.
_ Je t'envoie dans la gueule du loup, jeune Balduran. Cela m'attriste en grande partie, mais je ne puis t'isoler de ton destin. Les chasseurs t'attendrons demain vers midi à l'entrée nord de la ville. Il s'agit de quatre aventuriers. Aldeth Sashentar sera votre meneur dans les bois. C'est un bretteur expérimenté qui fait partie de la guilde commerciale des sept soleils d'or. Il te présentera le reste de l'équipe quand tu le rencontreras. A présent, il est temps pour moi de vous laisser. Je vous reverrai dans quinze jours. A bientôt messieurs.
_ Vous ne restez pas pour ma petite fête ? demanda attrister Taërom.
_ Remettons ça pour la prochaine fois, proposa Elminster avec un sourire aux lèvres."

Ils descendirent ensemble. Alors que l'avisé partait, Cassius s'approcha de son collègue discrètement pour savoir de quoi il parlait. Comme pour de nombreux adeptes des arcanes, le sorcier du Sud considérait Elminster comme une légende vivante. Mais le lecteur ne lui révéla peu de leur histoire. Cassius fut légèrement jaloux, mais cela n'entravait en rien leur amitié. Par la suite, la soirée s'écourta très vite pour le jeune homme. Balduran ne fit aucun rêve étrange cette fois. Il ne savait pas pourquoi. Pourtant, il avait retrouvé les traces de l'assassin de son père et demain commencerait une nouvelle aventure. Il songea que son double tentait de cacher ses pensées afin de l'empêcher de connaître ses projets. Il commença à se méfier. Il devait se résoudre à ne plus l'invoquer car l'avenir devenait incertain. Mais, surtout, la vérité n'allait pas tarder à arriver.

Le lendemain à onze heure et demi, un groupe de quatre individus arriva à l'entrée nord de Bérégost. Le temps était légèrement couvert et il faisait frais. L'un d'eux regarda autour de lui avant de sortir une lyre de son sac. C'était un homme de taille moyenne avec une chevelure noire composée d'une queue de cheval et d'une barbichette courte et soignée. Il portait aussi sur sa veste à carreau les armoiries d'un des quatre seigneurs de la Porte de Baldur, le duc Ecudargent. Il avait l'élégance des bardes et des jeunes nobles. Alors qu'il accordait son instrument, l'un de ses compagnons s'approcha de lui d'un pas nonchalant. C'était un grand blond couvert de cicatrices.

"_ Tss ... Au lieu de nous endormir avec ta musique, tu devrais vérifier ton équipement.
_ Justement, c'est ce que je suis entrain de faire, répondit le barde l'oreille tendu contre sa lyre.
_ Depuis le début de notre voyage, tu n'as même pas touché à ton arbalète. Tu auras l'air fin si elle casse au premier tir.
_ Gaspard, merci de te soucier de ma santé. Je te promets de veiller sur tes arrières.
_ Ne te moques ...
_ La barbe Gaspard ! prononça d'un ton plus haut le troisième du groupe. Nous en avons assez de cette querelle. Et toi Eldoth, cesses les provocations !"

Les deux hommes restèrent figer et silencieux. Le troisième était un barbare aux origines inconnues. Il avait la peau blanche et une longue crinière noire. Il portait à son dos deux glaives et le long d'une cuisse un tabard marqué d'un dragon noir dépourvu d'aile. Sa musculature, pourtant impressionnante, n'était pas aussi terrifiant que ses yeux noirs aux iris blancs. Gaspard s'éloigna de Eldoth.
Aldeth Sashentar expira de soulagement. Il avait peur de voir ses compagnons se battre pour peu de chose. Le bretteur avait déjà travaillé avec chacun d'eux séparément. Il ne s'attendait pas à une telle frustration et aversion les uns des autres. Les différences sociales semblaient jouer en sa défaveur. Pourtant, il s'entendait bien avec tout le monde. Heureusement qu'il était le meneur du groupe.
Alors que la tension montait et descendait, le dernier protagoniste ne tarda à arriver. Muni de son épée dans le fourreau et de son bâton de marche, Balduran Lavidah se présenta.

"_ Bonjour messieurs. L'un de vous se nommerait-il Aldeth Sashentar membre de la guilde commerciale des sept soleils d'or ?
_ C'est moi même, répondit le bretteur. Dois-je comprendre que vous êtes l'envoyé du sage Elminster, Balduran Lavidah ?
_ Tout à fait. L'Avisé m'a chargé de vous accompagner lors de votre chasse à bois manteau. C'est un honneur de vous rencontrer.
_ Allons, pas d'étiquette entre nous, ajouta Aldeth qui apprécia d'être salué aussi dignement avant d'être interrompu par Gaspard sur un ton agressif.
_ Nom d'une lame émoussée ! C'est ce gamin le cinquième ? C'est une plaisanterie !
_ Pas du tout, affirma le bretteur. Et je te conseille de ne pas le sous-estimer. Cette jeune personne a vaincu Cartas.
_ Peu importe les prouesses d'un tueur de volaille. On voit tout de suite qu'il n'a aucune expérience pour ce genre de mission. C'est un bleu.
_ Oh ! mais Cartas du Frisson n'est pas une vulgaire volaille, intervînt Eldoth qui jouait de sa lyre. Il avait le rang d'un coq. Un puissant mercenaire bandit.
_ Tss ... je sais tout ça, répliqua Gaspard. Regardez-le ! Faible musculature, aucune armure, une épée comme seul arsenal et surtout une peau de bébé. Rien à voir avec des vétérans comme nous !"

La comparaison était sévère et pourtant réelle. Les quatre hommes étaient beaucoup plus équipés que Balduran. Même Eldoth Kron le barde qui semblait être un fils à papa paraissait féroce face au jeune lecteur. Toutefois, Balduran ne se laissa pas intimider pour autant. Il resta passif contre les provocations. Aldeth poursuivit les présentations en terminant par le barbare.

"_ Et voici Marek Cossabar, un redoutable maître lame.
_ Enchanté jeune homme, compléta le guerrier avec respect, voyant clairement qu'il avait à faire à un grand épéïste contrairement à Gaspard.
_ Vous êtes maître lame ? répéta Balduran. Votre tabard ne me dit pourtant rien.
_ je n'appartiens à aucun clan. j'ai acquis mon titre en suivant ma propre voie."

N'en ajoutant pas plus, la barbare garda ses secrets pour lui même. Ces interventions rares et silencieux ajoutaient un grand mystère sur sa personnalité.
Aldeth Sashentar expliqua brièvement la mission à Balduran. En ce moment à bois manteau, l'état de siège était déclaré pour repousser la menace de Goth et de ses enfants. Le groupe entrerait dans le régiment des chasseurs dans un premier temps pour ensuite partir au cœur de la forêt. Leur cible, le doopleganger, serait dans une mine de fer abandonnée. D'après les renseignements des Ménestrels, bois manteau était au centre d'un important cercle de disparition. Nombreux étaient les voyageurs solitaires toujours introuvable. Si Elminster avait raison, la fameuse mine serait exploitée à nouveau et les kidnappeurs utiliseraient leur prisonnier pour leur sombre dessein. Par conséquent, les craintes d'un complot seraient fondées et les preuves mises à nues.

Parcourant la grande voie de la Côte des Épées, les cinq aventuriers remontèrent vers le nord et atteignirent leur première destination, le camp du poing enflammés à la lisière de bois manteau. Il y avait beaucoup de soldats de mercenaires déjà sur place. Une majorité travaillait sur la construction de baliste (engin de siège en forme d'arbalète géante) pour combattre les wyrms. Aldeth ne tarda pas à se présenter en temps que mercenaire au leader du campement.
"_ Mes sir Sashentar ! C'est un honneur de vous voir ici. J'ignorai que vous participeriez à la chasse.
_ Le jeune Angelo, remarqua le bretteur. Toujours sur le terrain à ce que je vois.
_ Il le faut bien. C'est par les actes que je compte bien monter en grade. Hm ... je vois que vous êtes accompagnés. Sir Kron et sir Agnar, deux illustres vétérans.
_ Illustre vétéran, répéta le barde d'un air enjoué ... Ça sonne agréablement à mes oreilles.
_ Les chevilles enfles, ajouta Gaspard sournoisement."
Au fur et à mesure de leur traverser dans le camp, Balduran comprit la valeur d'une grande réputation. Tout le monde les saluait. Il régnait comme une aura bienfaitrice autour d'eux. Est-ce là la récompense du héros ? offrait-elle une protection à celui-ci ? Cette nouvelle aventure allait être riche en expérience.


Les heures défilèrent et la nuit ne tarda pas à venir. Marek et Gaspard revinrent de leur inspection. Comme l'avait supposé le bretteur, la cartographie du bois n'était plus à jour. Il fallait donc créer leur propre route dans cette garrigue sauvage. Aldeth connaissait les dangers de la forêt. Par le passé, il s'agissait de son domaine de chasse de prédilection. Mais huit ans plus tôt, une étrange secte fit son apparition. Elle prétendait être le gardien des lieux et que nul homme n'avait le droit de braconner dans leur demeure. Après quelques accidents, Aldeth se résigna à abandonner la concession. Aujourd'hui, il espérait ne pas les rencontrer à nouveau sur sa route. La présence de Goth la wyrm millénaire allait jouer en leur faveur. Sur une vieille carte, il traça à ses compagnons le chemin à suivre.
"_ Nous allons éviter cette zone de la forêt, dit il d'un ton grave. Elle se nomme Cœur de soie. C'est le repère des araignées géantes et des Ettercaps*.
(*humanoïde proche du singe avec des crocs venimeux)
_ J'approuve l'idée ! je déteste ses bestioles, répondit Gaspard en crachant au sol par dégoût.
_ Que de souvenir, songea subtilement Eldoth. Ça me rappelle le fois où une petite araignée t'avait mordu. Ta main avait ...
_ Si tu tiens à tes mains, intervînt Gaspard avec une dague menaçante, je te propose de la fermé !
_ Suffit vous deux ! ajouta d'un ton glacial Marek.
_ Nous allons continuer notre expédition vers le Nord Ouest un moment avant de prendre vers plein Est pour contourner Cœur de soie, compléta le bretteur comme si de rien n'était. Ici nous trouverons un refuge pour la nuit. C'est à environ une heure de marche. Allons y messieurs."

Comme prévu, ils atteignirent la cachette. Aldeth inspecta les lieux avant de décider. L'endroit était à l'abandon. Les meubles tombaient en morceaux. L'humidité avait fait quelques ravages. Malgré tout, il y faisait meilleur que dehors. Alors qu'il invitait les autres à le rejoindre à l'intérieur, Marek prit un pas de recule.
"_ Ce lieu n'est pas sûr, dit-il en observant attentivement le sol et les murs. Des créatures y ont fait leur nid.
_ Quoi ?! s'exclama Gaspard. Des araignées ?
_ Pas seulement. C'est irrégulier, mais de temps à autre, divers animaux sauvages passent leur nuit ici. Mais le plus inquiétant, c'est que leur traces sont effacées.
_ Effacées, répéta lentement le bretteur. Ce n'est pas une pratique courante chez les araignées ni pour les ettercaps. Je n'ai d'ailleurs repéré aucun de leur piège, ni pisté la moindre preuve de leur présence.
_ Les araignées ne possèdent-elle pas des capacités d'adaptation ? demanda Balduran qui se souvînt d'avoir lu une étude dessus à Château Suif. Elles sont d'excellentes tacticiennes pour la chasse si je ne me trompe pas.
_ Elle aurait fait du refuge un piège ? Comment ? réfléchit Aldeth en se demandant à lui même.
_ J'ai ma petite idée, songea Marek en regardant vers la toiture. Laissez moi vérifier."

Le barbare grimpa rapidement. Il y découvrit alors la preuve de leur soupçon. Il ramena d'étrange étoffe en soie d'araignée en forme de cône. La fonction exacte de se dispositif restait inconnue. Mais l'hypothèse la plus plausible serait qu'elle servirait d'alarme.

"_ Ces bestioles m'étonneront toujours, soupira le bretteur avec admiration par ces nouvelles méthodes de chasse.
_ J'ai bien envi de les piéger dans leur propre piège, ajouta Gaspard avide de vengeance personnelle. Autant leur préparer un accueil bien chaleureux.
_ L'idée est amusante, approuva le barde qui sortit de son sac des fioles d'huile à feu.
_ Je vous le déconseille, répondit Marek. Vu leur degré d'intelligence, si nous cherchons les confrontation, nous aurons des problèmes pour la suite des évènements.
_ Le temps presse, rappela Aldeth. Notre priorité est de nous reposer.
_ Nous sommes à quelle distance de leur territoire. Ou, plutôt, combien de temps il faudrait pour parcourir un tel chemin ? demanda Balduran avec une idée en tête."


Au même moment, au Cœur de soie, une arachnide immense au corps cristallin entendit son piège fonctionné. Elle se mit alors à tirer sur plusieurs cordes sa toile pour avertir ses congénères. Elles furent une dizaine à y répondre et à ramper sur le sol. De la taille d'un homme, cette petite troupe se grossit avec l'arrivé d'ettercaps avant de se mettre en route.
Après plus d'une heure de trotte, presque arrivé à leur destination, ils découvrirent un spectacle pour le moins étrange. Trois cerfs franchement abattus juste sur leur chemin. Une arachnide s'approcha discrètement et prudemment. Elle examina méticuleusement chaque animal avant d'y planter des crocs acérés pour y détecter un éventuel poison. La viande était encore fraîche. Bien que les araignées préféraient une proie vivante, elle les jugea bons à la consommation. Elle donna le signale aux embaumeuses de venir récupérer les corps. Alors que la troupe allait repartir, un ettercaps se mit à grogner. Leur mission n'était pas finie. Il parvînt à enrôler deux araignées noires. Leur corps était différent des autres avec des pattes avant en forme de sabre. Particulièrement féroce, il s'agissait de redoutables chasseuses taillées pour le combat.
Les trois avancèrent vers le refuge. L'ettercaps était déterminé à ramener plus de viande. Mais un deuxième obstacle vînt se mettre devant leur route. Ce fut les araignées sabres qui s'arrêtèrent net. Leurs mandibules bougeaient en synchronisation face au danger. Elles reculèrent et se mirent à fuir en direction de leur tanière. Le petite humanoïde avait beau grogné pour les faire revenir, il ne fut pas assez rapide pour les empêcher. Il se mit à réfléchir pour comprendre pourquoi ses compagnons l'avait abandonné. Il découvrit alors une motte de terre fraîchement retournée. En creusant, la créature sortit des vessies de cerf dont l'odeur l'écœura. Il comprit alors le pourquoi du comment et il fuit à son tour. Ses hurlements résonnèrent toute la nuit dans bois manteau.

Le lendemain, le groupe d'aventurier se réveilla de bonne heure. Le plan avait parfaitement fonctionné.

"_ Ce fut une excellente idée. Même moi qui suis un chasseur aguerri, je n'aurai jamais pensé à utiliser une telle ruse pour me défendre.
_ Les chasseurs sont rarement les proies, dit Balduran. Il est plus simple de prendre un gibier fraichement abattu. C'est la loi du moindre effort.
_ Sans effort !? rechigna Gaspard. C'est pas toi qui a dû chasser et porter ces cerfs !
_ Allons Gaspard, c'était pour la bonne cause. Moi aussi, j'y ai mis la main à la pâte. Éviscérer ce n'est pas une tasse de Taya (feuille sucré que l'on infuse comme un thé. Très courant chez la noblesse). Mais je préfère ça à une mauvaise nuit."

Le guerrier n'était pas du genre à lâcher un mot aimable facilement. Il reconnaissait que le plan était astucieux. mais il ne voulait pas admettre qu'un gamin soit plus ingénieux que lui. Il garda son air grognon pour masquer au mieux ses sentiments.
La suite de l'expédition allait devenir un véritable périple. Les arachnides n'allait plus être les seules ennemis. Cette fois, il fallait éviter d'être aperçu par tous les moyens. La moindre erreur entrainerait l'échec de la mission. De plus, la chasse de Goth accentuait une vigilance de la part de tous les camps.
C'était dans ce genre de situation que l'on souhaiterait devenir invisible. Devenir des yeux capable de tout voir et tout prévoir. Être l'observateur et non l'observé. Car malgré toute leur compétence, ils furent surpris les premiers.

"_ Halte ! annonça à voir basse le bretteur. Une bulle droit devant."

Le piège de prédilection des ettercaps. Partiellement enterrait dans le sol, elle attendait la pauvre créature qui marcherait dessus. Aldeth sortit une bâche de son sac à dos et la posa sur la bulle. Il exerça une légère pression et elle explosa. Il y eut un bruit sourd avant qu'il ne retire la bâche. Une soie sombre et venimeuse se décolla facilement. Aldeth refit la manœuvre plusieurs fois pour libérer le chemin.

"_ Bien. je pense que la voie est dégagée à présent, annonça le bretteur.
_ Je ne suis pas de cet avis, ajouta Marek en observant les cimes des arbres."

Dans les branches, les ettercaps guettaient le moment propice pour attaquer. Leurs pièges étant déjoués, ils ne tentèrent pas le diable.

"_ Bande de lâche ! rugit Gaspard arme à la main."
Derrière eux, un intrépide ettercaps s'apprêta à lancer une bulle. Eldoth se retourna en un éclair et tira un carreau. Le fourbe fut prit dans son propre piège lorsque son arme explosa dans sa main. Lui et quelques uns de ses congénère furent englués dans une soie sombre.
"_ Ca devrait les calmer un petit moment, se mit à rire le barde.
_ Avançons ! ordonna le bretteur. Dans cette direction !
_ Tu cherches la confrontation Aldeth ? ajouta le guerrier. Tu as vu comment ils agitent les branches ?
_ Ils veulent détourner notre attention pour nous conduire dans un piège, expliqua en courant le bretteur. Si nous allons là où tout est calme, on sera assiégé.
_ Je déteste ses macaques, grogna Gaspard. Heureusement qu'il y a des têtes pensantes dans notre groupe."

Les arbres étaient fortement secoués durant leur traversée. Mais cela n'entravait pas leur témérité. Au fur et à mesure, le calme s'installa. Ils arrivèrent alors dans une clairière ... Fortement peuplé.
Une dizaine d'individu les attendait. C'était des hommes et des femmes avec des habits primitifs. Ils semblaient calme, mais c'était illusoire. Ils dégageaient une aura noire et effrayante. Le bretteur reconnut tout de suite les druides.

"_ Vous avez choisit judicieusement votre chemin, dit l'un d'eux. Nos alliés nous avaient informés que des chasseurs avaient pénétrés dans notre domaine.
_ Venir ici prouve qui vous êtes, ajouta un autre.
_ Si nous n'étions pas dans un moment critique, nous vous aurions exécutes sur le champs, compléta une femme sur un ton agressif.
_ Dîtes nous pourquoi vous êtes ici ? demanda le premier. Sachez que nous saurons si vous mentez.
_ Avant de vous répondre, commença Aldeth inquiet, je voudrais savoir si vous êtes du côté de Goth ou des mercenaires qui exploitent une mine abandonnée.
_ Insolent ! cria un homme.
_ Calmez-vous frère, intervînt le premier. La question est intéressante. Je vais vous répondre, mais attention à vos prochaines inadvertances. Nous appartenons à la forêt. Vous avez nommé des parasites qui souillent notre domaine. En aucun cas, nous serons alliés à de tel profanateur.
_ Merci d'avoir répondu, reprit le bretteur rassuré. Notre mission est de combattre et de capturer ces individus au nom de la Porte de Baldur.
_ Les ennemis de mes ennemis sont nos alliés, affirma le premier. Je pense que nous pouvons nous présenter. Je suis Laskal, archidruide du cercle et voici mes frères et sœurs du grand arbre. Nous sommes les défenseurs de ce domaine et de la nature.
_ Je me nomme Aldeth Sashentar de la guilde marchande des sept soleils d'or, répondit à son tour le bretteur."

Les druides se regardèrent. Ce nom leur était familier et ils n'avaient pas spécialement de bons souvenir.

"_ J'admire votre courage Aldeth Sashentar, reprit Laskar. Voilà presque huit ans que vous n'êtes pas revenu sur le domaine.
_ C'est justement parce que je connaissais ces terres que je fus choisi pour cette mission. Sans mentir, je craignais cette rencontre.
_ Vous avez raison de craindre notre courroux car il est grand en effet.
_ Remerciez la nature de vous avoir jugé avant de s'abattre sur vous, compléta une femme.
_ Nos yeux sont partout. Nos oreilles entendent tout, annonça un autre.
_ Nous vous accordons un droit de passage et nous vous aiderons à accomplir votre mission, termina l'archidruide. Qui allez-vous combattre en premier ?
_ Nous nous dirigeons vers les mines. Goth est actuellement pourchassé par des chevaliers d'élite.
_ très bien. Soeur Faldorn et frère Chadron vous accompagneront. ils seront vos guides et vos gardiens. Mais n'oubliez jamais que si vous trahissez la nature, elle vous dévorera."

Sashentar souffla dans son fort intérieur. Dame Tymora lui souriait. Ce renfort inattendu allait garantir le succès de leur mission. Cependant, il garda bien en tête les avertissements de Laskar. Il pouvait craindre qu'une dispute éclatait et que leurs nouveaux guides deviendraient leur pire ennemi. Le risque était à prendre.

Après quelques heures de marche, la tension montait et descendait par moment. Faldorn était une femme à la chevelure longue et ténébreuse qui semblait peu à l'aise dans le groupe. Elle gardait ses distances. Chadron était un homme sage et relativement amical. Il jouait son rôle de guide à la perfection. Il guettait le danger à la fût du moindre son. Parfois, il prenait son temps à expliquer le rôle des druides et leur précepte. C'était agréable de l'avoir comme compagnon.
A un moment sur le trajet, Aldeth demanda une pause ce qui déplut à Faldorn.

"_ Nous sommes proches de l'ennemi. ici dangereux.
_ Du calme tigresse, intervînt Gaspard. L'effet de surprise sert à rien sans une bonne stratégie et un travail d'équipe.
_ KSSSSSS ...
_ Retiens toi jeune sœur et écoutons nos alliés.
_ Merci Chadron, dit le bretteur plus à l'aise. Il est capital que nous avancions un véritable plan d'action. Surtout que nous sommes nombreux et que je ne connais pas vos compétences.
_ Je dispose de sortilège que me confère la nature. Je suis capable de parler aux animaux de la forêt et de demander leur soutien. Faldorn est une change forme et elle peut prendre l'apparence d'un animal. Elle pourrait infiltrer la base ennemie sans être repérés. Voir éliminer des gardes sans un bruit."

De précieux talents, songea Aldeth, pour établir une tactique. Il sortit de son sac des parchemins contenant trois portraits et en présenta un en particulier.

"_ Voici notre cible. Balduran le reconnais-tu ?
_ Hm ... Il s'agit d'un membre du trône de fer. Il était venu une fois à Château Suif lors d'une des visites de Reiltar Anchev.
_ C'est bien un agent du trône de fer, confirma le bretteur.
_ Le doppleganger, poursuivit Balduran sans hésitation.
_ Exacte. Si il ne te reconnait pas en retour, cela confirmera sa fausse identité et je n'aurais pas besoin de sortir ma deuxième lame pour vérifier."

Il présenta la garde rosée et argentée dans le fourreau de droite. La lame était enchantée pour infliger de lourd dommage aux créatures change-forme. Maintenant que les préparatifs étaient terminés, la mission débutait.

Chapitre X : Lamentation et les larmes rouillées



Dans une vaste salle faiblement éclairée comprenant un grand bassin, une vingtaine d'individu y étaient réunies. Ils discutaient chacun de leur côté d'un ton grave voir désespérer. L'affaire inquiétait et il n'avait plus eu d'instruction depuis un certain temps. Puis arriva un invité en sortant du bassin. Il ne s'agissait pas d'un homme ni même d'un humanoïde (*), mais d'une créature draconique faisant partie de la progéniture de Goth. La fabuleuse wyrm se dressa de toute sa taille d'un air menaçant par son aspect mais aussi par sa colère.

"_ Votre plan est un échec misérables mortels ! gronda le draconien. Mère est morte par votre faute !
_ Impossible !? dit surpris l'un d'eux qui ne pouvait croire en la défaite d'un dragon millénaire. Comment ?
_ Il n'y a qu'un fautif, rectifia un homme aux allures de magicien et qui s'avança sans crainte vers la jeune Wyrm. Goth a surestimé ses forces.
_ Petite créature chétive ! Hurla le draconien. Tu oses nous remettre en question ?
_ Évidemment ! affirma le sorcier d'un ton plus haut et plus ferme. Si votre mère n'avait pas lancé un assaut sur la Porte de Baldur, tout ceci ne serait pas arrivé. Sa rancune aura eu raison d'elle. A présent, il est temps de vous retirer. Prenez le large en direction du Nord. Trois navires vous y attendent. Il serait déplorable de compter d'autres pertes inutiles.
_ Mes frères et sœurs se hâtent déjà, répondit le dragon. Je m'en vais les rejoindre. Mais sachez que notre collaboration s'arrête ici. Adieux Mortels !"

Sur un ton plus calme qu'à son arrivé, la wyrm remonta vers la surface. Les vingts hommes reprirent leur discussion. Cette nouvelle était bouleversante. Cette perte allait être irremplaçable. Le magicien s'isola dans ses appartements privés. Il rédigea une lettre sans attendre. Alors que sa plume parcourait le parchemin, il se mit à parler à haute voix à interlocuteur tapis dans l'ombre.

"_ J'espère que les plans du maître ont atteint leur objectif. Car ce sacrifice vaut plus que le salaire que l'on m'a attribué.
_ C'était parfait. A présent, il ne vous reste plus qu'à quitter les lieux.
_ Absurde ! interrompit le mage. La mine est encore exploitable. Il serait idiot de ne pas finir le travail.
_ Le cours du fer retrouve une activité normale, compléta l'autre. Maître Sarevok a jugé inutile d'exploiter une mine qui représente une preuve de son plan. Surtout que Elminster en personne enquête.
_ Les ménestrels ne sont qu'une organisation pathétique qui ne représente aucune menace. Qu'ils viennent et nous les écraserons.
_ Tss, vous autres les primates n'êtes que des créatures arrogantes. Continuez comme bon vous semble. Mais détruisez toutes les preuves lors de mon départ.
_ Tenez cette lettre. Remettez là en personne à Sarevok."

L'autre homme prit la lettre et sortit à toute hâte. Il prit ensuite un long couloir et arriva dans une étrange structure qui le ramena à la surface. Cinq hommes d'escorte l'attendaient. Deux d'entre eux portait le blason du Trône de Fer. Une fois dehors, ils s'engagèrent vers une embarcation.

"_ Seigneur Parm, notre départ est prématuré, dit l'un des hommes d'escorte plus petit que les autres. Dois-je comprendre que les plans ont changé ?
_ En effet. On m'a prévenu qu'un groupe d'aventurier était en route. De toute façon, l'échec de Goth a ..."

L'embarcation fut retournée d'un seul coup. Sans comprendre ce qui se passait, le seigneur Parm chercha en priorité à sortir de l'eau et il remonta péniblement sur la rive. Mais avant de pouvoir se relever, une violente douleur lui parcourut la jambe. Alors qu'il se tournait, il découvrit avec effroi trois énormes griffes qui l'avaient empalé. Puis une tête de wyrm apparut sur la surface.

"_ Pitoyable créature chétive. Ton odeur t'a trahi. Tout est clair désormais. Vous nous avez manipulé depuis le début. Mais la comédie est terminée et ma mère doit être vengée. Payez le prix de la trahison mortel !"

Le dard venimeux de la wyrm émergea à son tour. Le crochet s'éleva dans les airs. Le seigneur Parm tenta en vain de se dégager. Ses hommes étaient tous dans la même situation et il n'y avait aucun espoir.

***********

De l'autre côté du camp, les gardes examinaient les environs. Tout était calme. L'un d'eux observa minutieusement un détail du décors. Il vit un sanglier qui s'abreuvait. Il avertit alors quelques uns de ses collègues.

"_ Maut ! Maut ! Viens voir.
_ Quoi encore ? grogna Maut de mauvaise humeur.
_ Y a un gros cochon tout poilu juste devant la palissade.
_ Un sanglier, rectifia un autre.
_ Un quoi ?
_ Un sanglier, répéta-t-il en appuyant sur les mots.
_ On dirait que tu en as jamais vu, s'étonna un quatrième garde.
_ Non jamais. Vous savez, moi et les animaux sauvages ... Et c'est quoi ça ?"

Tous les gardent se tournèrent. Cette fois, ce fut un ours qui mangeait un poisson. Cela devenait inquiétant. Alors qu'ils tentèrent de le chasser avec des lances, d'autres animaux se cumulèrent devant la palissade.

"_ Corniaud ! On se croirait à la ferme de mon oncle ...
_ La ferme tout court ! chuchota un collègue apeuré.
_ Il se passe quoi ? demanda un nouveau."

Alors qu'ils observèrent impuissant le phénomène, ils ne virent pas la suite arrivée. Dans un coin entre-ouvert de la palissade, plusieurs loups et autres fauves s'infiltrèrent dans le camp. Ce fut si rapide qu'il n'y eut le moindre bruit suspect ni la moindre alarme. Aldeth et ses compagnons arrivèrent ensuite. La scène qui s'offrit à eux n'était guère plaisant à voir.

"_ Diablement efficace ! lâcha Gaspard surpris.
_ Quel carnage, ajouta Balduran. Je ne pensais pas qu'ils pouvaient être aussi ravageur.
_ Ces animaux n'ont fait qu’obéir aux ordres des druides, expliqua Marek qui n'aimait pas cette méthode de manipulation. Ils n'ont pas suivi leur instinct.
_ Au contraire ..."

Une panthère noire s'était approchée. Elle prit peu à peu une forme humaine au trait de Faldorn.

"_ Nous les druides de l'ombre agissons au nom de la nature. Nous donnons à nos amis le moyen de se défendre contre les hommes cruels. Grâce à nous, ils combattent à armes égales. L'équilibre doit être préservé.
_ Ouais, tu as raison chaton, répondit Gaspard sur un ton ambigüe. La majorité des hommes sont des lâches et n'osent jamais prendre des risques. Cela n'empêche pas certains d'apprécier un combat avec un adversaire plus coriace.
_ Tu te crois supérieur à la nature ? demanda Faldorn qui n'aimait pas cette ironie.
_ Je suis supérieur à tout ce qui m'est inférieur. Honnêtement ( et j’emploie rarement ce mot), vaincre un adversaire en traitre ne m'apporte aucune fierté."

La druide montra les crocs. Elle garda malgré tout son calme et retourna voir ses prisonniers. Chadron examinait les blessures de ses protégés. Le bretteur craignait de plus en plus les druides de l'ombre. Il imaginait le désastre si, par le passé , il avait été plus téméraire et borné.
Alors qu'ils se préparaient pour la suite, un hurlement terrifiant fit sursauter tout le monde.

"_ Alerte ! Les wyrms nous trahissent !"

Les prisonniers voulaient répondre, mais les loups grognaient. Eldoth accourut en éclaireur. Il découvrit un vrai carnage vers le quais du camp. Quinze wyrms et wyvernes dévoraient à vif les gardes de la mine. Le barde n'était pas très fort pour se cacher. Deux dragons le virent et s'envolèrent pour l’attraper. Voyant le coup venir, il tira deux carreaux avant de fuir. Cette fois, il fallait essayer de survivre, pensa Eldoth qui trouva la situation délicate. Alors qu'il courrait comme jamais, il vit une silhouette noire faire un saut surhumain. Marek hurlant de rage et glaives à la main faucha une aile et une queue. Les deux wyrm s'écrasèrent au sol plier de douleur. D'autres créatures draconiques se joignirent à la bataille pour aider leurs sœurs. Le barbare était prêt à en découdre et abattre tout ceux qui engagerait le combat. L'affrontement semblait inéquitable.

"_ Restez en retrait messieurs, prévînt Eldoth. Notre ami est passé en mode berserk.
_ Tu rigoles !? s'exclama Gaspard.
_ Comment ? Marek est un guerrier berserker ? demanda Balduran.
_ On ne te l'a pas dit ? ironisa le barde. Pourtant, j'aurai pensé que tu aurais remarqué qu'on évitait de le mettre en colère.
_ Bon ! Je vais commencer le rituel, ajouta Gaspard en posant son épée au sol. En attendant, couvrez-le avec des attaques à distance."

Balduran fut intrigué par le mot "rituel". Mais il n'avait pas le temps de réfléchir à ce détail. Cossabar qui avait déjà repoussé deux autres wyrms ne pourrait tenir seul encore longtemps. Eldoth intervînt juste à temps en déroutant à l'aide d'une fiole d'huile un ennemi qui allait frapper le barbare sur un angle mort. Il surenchérit avec un carreau d'arbalète. Le jeune lecteur compléta la contre-attaque avec de petits projectiles magiques. Quelques wyrms distraites ne suivirent plus les enchaînements du barbare. Afin de retrouver l'avantage du champs de bataille, deux d’entre elles foncèrent sur les adversaires à distance. Balduran eut un peu mal à repousser les dards venimeux et coups de griffes en parant avec sa lame bleutée. Puis d'un seul coup, il sentit une force nouvelle l'envahir.

"_ Rituel terminé, annonça Gaspard qui s'empara de son arme. On peut cogner !"

Le guerrier blond abattu d'un seul coup une wyrm comme si il avait la force d'un géant. Le gain d'assurance permit à Balduran de repousser l'autre sans encombre. Les monstres étaient pourtant colossales et en surnombre. Mais ils tombaient un par un face à quatre hommes. La panique envahissait leur camp.
Le jeune aventurier n'aurait jamais pensé vaincre d'aussi redoutable adversaire avec autant de facilité. Mais au fur et à mesure du combat, son cœur s'étirait étrangement. Ses oreilles entendaient le chuchotement faible d'une voix familière. Une wyrm tenta à ce moment là de l'abattre sur un angle mort. Mais le dard venimeux ne toucha pas son but. Comme figeait dans le vide, le poison coulait sur une surface invisible de l'avant bras gauche du maître de l'épée. Sur un mouvement de l'épée bleutée, la wyrm ne vit plus son adversaire telle qu'il était. Dans une forme floue, Balduran le traversa. Le draconien mit un temps à comprendre qu'il venait de subir une attaque foudroyante qui lui déchira une aile et l’amputa de son arme venimeuse. Complétement tétanisée, la wyrm n'offrait plus de résistance recroquevillée sur elle même. Balduran pouvait lui porter un coup fatal. Cependant, il s'attarda vers des adversaires encore actif. En particulier une wyverne qui tournait autour de Eldoth. Un coup de bouclier magique la repoussa sans effort.

"_ Jolie attaque, félicita le barde qui jouait de sa lyre. Une botte secrète ?
_ La fury des ombres de maître Dan Whinthrop, répondit d'un trait Balduran.
_ Tu devrais être moins charitable en revanche.
_ Nos adversaires battent en retrait. Inutile d’aggraver le bain de sang."

En effet, les draconiens fuyaient comme ils le pouvaient. Mais une dernière wyrm fit son entrée. La gueule pleine de sang, elle examinait la situation. Cossabar toujours dans sa rage de combattre se rua dessus. Son adversaire était rapide et répliqua immédiatement. Sa queue percutèrent les deux lames qui volèrent en éclats tout en éjectant le barbare sur une dizaine de mètre. Marek se releva pour refaire face, mais son corps semblait refuser l'ordre dans son intégralité. Une entaille au bras droit, une faible dose de poison ... Suffisant pour tuer un homme normalement constitué. Par instinct, il se mordit pour aspirer, cracher une majeur partie du fluide hors de son corps. Mais la wyrm ne lui laisserait pas un temps de répit. Cette fois, Balduran intercepta le dard durant son trajet à l'aide de sa lame. Voyant cette menace, elle sut qu'il fallait neutraliser celui-ci rapidement avant d'en finir avec l'autre.
Cette adversaire était puissant et intelligente. Balduran le comprit assez vite quand il vit une attaque immédiate dans sa direction alors qu'il avait encore les bras engourdis pour avoir défendu son compagnon. Le dard était lourd comme une masse. Mais la wyrm le faisait claquer comme un fouet avec une précision affolante. Le coup qu'il subit fut direct. Malgré la résistance du bouclier magique, la pointe transperça la chair laissant couler un filet de sang et de venin verdâtre.
Et de deux, se disait la wyrm sûr de sa victoire. Puis des démangeaisons parcoururent son flanc. Marek avait reprit vigueur et avait lancé une charge en enfonçant ce qui restaient de ses lames. Même avec des crocs brisés, le barbare arrivait toujours à mordre. L'insolence de son adversaire dépassait les bornes et la fit rugir. Alors qu'elle tentaient de le gober, Marek para à main nue les mâchoires mortels en empêchant celle-ci de se refermer. Encore un coup de poison se disait le draconien avec fureur. Mais il ne parvenait à élançait queue. D'un coin de l’œil, elle découvrit le désastre. Son dard était empalé par la lame de Balduran. Elle ne se pouvait laisser entraver encore plus longtemps et perdre ainsi son avantage. D'un coup sec, elle parvînt à se dégager de la poigne du maître de l'épée. Le barbare en fit tout autant.
Une occasion s'offrit. L'épée de Balduran était encore coincé dans la queue de la wyrm qui passa non loin de Marek. Tentant sa chance, il empoigna la garde sans hésitation. Il se produisit alors un phénomène inattendu.
L'épée à la lame céleste émit un son strident et des éclairs bleus jaillirent dans une explosion de foudre. Cossabar et la wyrm furent repousser et ils s'effondrèrent chacun de leur côté. Gaspard qui arrivait à son tour après avoir mis en fuite les derniers monstres se frottaient un œil en grognant "c'était quoi ce flash bleu ?". Eldoth lui admirait le final en composant une sonate.

Balduran ramassa son arme et fit face à la wyrm paralysée.

"_ Quelle arme ... Fantastique. Un seul maître ... Capable de résister au sang acide draconien ... Je suis impuissant ... Avant de m'achever, je veux connaître le nom du héros qui m'a vaincu ...
_ Balduran Lavidah, l'héritier de la main étincelante Gorion Lavidah et du maître de l'épée Dan Fury.
_ Balduran ... Quelle ironie ... Bien , fait ton œuvre ..."

Le jeune homme rengaina sa lame à la surprise de la wyrm.

"_ Je n'ai pas besoin de terrasser un adversaire vaincu.
_ Épargner une wyrm est un acte charitable ... voir de la folie ... Peu d'homme oserait ... As-tu conscience de ma valeur ?
_ Je sais que les dragons sont classés par catégorie. Les couleurs, les minéraux et les métalliques (*maléfique, neutre, gardien). Les wyrms aux écailles émeraudes appartiennent à une classe neutre. Vous ne serez jamais mes ennemis.
_ Tu es un habitant de la Côte des Épées, un ennemi de ma mère défunte, répondit la wyrm qui reprit un peu vigueur ... Je n'ai aucune pitié en vers ton peuple ... Serais-tu assez fou pour laisser une chance de revenir vous terrasser ?
_ Si nous devions nous affronter à nouveau, peut-être que je ne serais pas aussi fou qu'aujourd'hui."

La wyrm se redressa, libre de son entrave de foudre. Toutefois, elle avait perdu sa rage de combattre tout homme devant elle. Après un temps de réflexion, elle commença à s'envoler.

"_ Balduran Lavidah ! Je te remercie de m'avoir épargnée. Moi et ma descendance ne l'oublierons jamais. Mes adieux, jeune aventurier."

Le dragon prit la direction du large pour rejoindre ses frères et sœurs.
Gaspard avait fini d'examiner Marek et l'avait guéri de ses blessures. Il s'approcha ensuite de Balduran.

"_ Tu entres dans mon estime, dit il avec un demi-sourire. Moi je ne sais pas si je n'aurai pas profité de la situation. Bon, ce n'est pas tout, il faut soigner ton bras. La mission n'est pas terminée.
_ Tu es donc un prêtre en réalité, remarqua Balduran.
_ Hé hé ! Il faut savoir jouer sur les apparences. Cela dit, je manie suffisamment bien l'épée pour dérouiller n'importe quel adversaire. Je préfère une bonne lame qu'un vulgaire marteau ou une massue comme pour la plus part de mes confrères. Voyons ce bras ... Oh ?"

La plaie de Balduran s'était résorbée d'elle même. Si il n'y avait pas du sang et du venin, on jugerait que le dard ne l'avait pas touché.

"_ Tu as utilisé un baume de soin magique ? demanda Gaspard.
_ Non ... Je n'ai pas fait attention que mon bras s'était guéri. Pourtant, je sens encore la douleur.
_ Et le poison a été neutralisé au contact avec ton sang, ajouta Eldoth qui examinait à son tour l'avant-bras. A en juger l'absence de cicatrice, je dirais que tu as été guéri grâce à une "apposition des mains".
_ C'est un don de chevalier et de paladin, songea Gapsard en se grattant le menton. Tu es l'enfant d'un seigneur ?"

Balduran n'y avait jamais prêté attention. Il savait qu'il pouvait guérir assez vite contre les petites blessures ou autres éraflures. Il pensait que cela venait de sa magie. Mais en y songeant, les magiciens ne sont pas capable de lançait de sort de guérison assez puissant contre d'imposante blessure. Il se remémora quelques souvenirs avec Gorion. Durant son apprentissage, ses mains subissaient des contre-coups laissant des brûlures. "Te voilà guéri mon enfant, disait Gorion en caressant les mains brûlées. Tâchons de ne pas t'épuiser davantage. Comme pour ta mère, tu ne dois pas abuser de ce don. Il faut que ton corps se repose régulièrement". Balduran put répondre à Gapsard en trouvant facilement ses mots.

"_ Ma mère m'a offert ce don. Mon tuteur me racontait qu'elle pouvait guérir des blessures juste en touchant.
_ Tu vas de surprise en surprise, dit Gaspard en reprenant ses affaires. Je t'ai très mal jugé. Tu es digne de notre groupe.
_ Houla ! s'écria Eldoth en avertissement pour Balduran. Cela veut dire qu'il va te parler plus souvent ! Attends toi à en entendre des vertes et des pas mûres.
_ Môssieur la ramène encore ! L'homme qui joue de la lyre en plein combat a le droit de critiquer ses compagnons ? Ta dague, elle sert à quoi ?
_ Soyons modeste, ajouta Eldoth sur un ton hautain. C'est parce que je déroutais l'ennemi qu'on l'a remporté. Tactique élémentaire pour renverser la situation.
_ Ta modestie équivaut à ...
_ La barbe vous deux ! gronda Marek qui reprit connaissance."

Comme à chaque fois, Gaspard et Eldoth évitèrent d'en rajouter de peur de la colère du barbare. D'un côté, qui n'aurait pas peur de l'a folie sanguinaire d'un guerrier berzerker ? Balduran comprit mieux leur comportement. Marek ramassa les débris de ses armes et les installèrent dans ses fourreaux pour les réparer à la prochaine forge. Puis il se tourna en direction de l'ancien lecteur avec un étrange regard.

"_ Ton épée est magique ou bien est-ce le matériaux qui est spécial ? demanda la barbare."

Le jeune homme fut étonné par cette question.

"_ La deuxième réponse. La lame a été forgée par Grondemarteau dans un alliage difficile à travailler.
_ Je m'en doutais. Tu ne l'avais pas remarqué. Regardes l'opale serti dans la garde."

Balduran examina la gemme. Marek avait fait attention à ce détail, elle avait changé de couleur. De noir d'onyx, elle avait viré à un couleur violet presque bleu.

"_ Ton épée détient un pouvoir magique dans sa garde de furious.
_ Furious ? répéta Balduran intrigué.
_ Ton maître ne te l'a jamais raconté pourquoi il était surnommé Fury ? A mon avis, il n'était pas fier de son surnom.
_ Tu semble en savoir quelque chose.
_ C'est une histoire de mon clan. Il existe des armes légendaire dans ce monde appelé les Furishidos. Elles sont au nombre de huit. Elles sont connues à cause de leur funeste origine.
_ Je dois avouer que je n'ai jamais entendu parler, dit Eldoth qui pensait avoir une bonne connaissance des légendes. Pas fautes de les avoir étudiés.
_ Moi par contre, j'en ai entendu parler, annonça Gaspard d'une voix pâle. Elles ont été conçues par un dieu maléfique des temps anciens : Mask le divin fou."

Un silence suivit. C'était à ce moment là qu'arrivèrent les druides et Aldeth Sashentar.

"_ Heureux de vous voir en un seul morceau.
_ Vous semblez soucieux , remarqua Chadron en les observant.
_ De la surprise, mentit Eldoth avec un faux sourire. Notre jeune ami, nous a fait une démonstration de force à couper le souffle. Si vous l'aviez vu ! Il a même épargné une wyrm a sa merci. Il faut en avoir de l'audace pour faire une chose pareil.
_ Elle ne devait pas s'enfuir ! gronda Faldorn. Elle reviendra avec plus de force.
_ Tu es sans pitié chaton, souligna Gaspard. Mais toi, tu te serais en fuite. Il faut dire qu'elle était plutôt coriace cette wyrm. Pas une vulgaire minette comme ..."

Faldorn se jeta sur lui en prenant sa forme de panthère. Cette fois, les provocations étaient de trop. Gaspard sentit entrer les griffes dans sa chair et eut du mal à la repousser sans y aller avec toutes ses forces. Alors qu'elle allait attaquer à nouveau, elle fut immobilisée par des lianes qui jaillirent du sol. Chadron l'empêcha de commettre l'irréparable. Ou plutôt de mourir stupidement. De l'autre côté, Marek retînt Gaspard dont la rage était semblable à la couleur de son sang.

"_ Par Waukyne, calmez vous tous les deux ! hurla Aldeth. Nous sommes dans le camp ennemi.
_ T'inquiètes, je vais juste faire la peau à cette sauvage et je serais calmé.
_ Grrrr ...
_ Faldorn ! Si tu continues, c'est moi même qui mettrait fin à ton existence, gronda Chadron."

La druide se figea. Les menaces de son frère spirituel n'était pas dit à la légère. Elle reprit sa forme humaine en retrouvant son calme. Gaspard en fit autant. Il soigna ses blessures avant de perdre trop de sang. Son rictus aux lèvres donnait l'impression qu'il était en colère. En réalité, le prêtre était ravi d'avoir sortie de ses gonds la druide.
Le bretteur ne voulait pas que ce genre d'incident ce renouvelle. Il demanda à Chadron de rester à la surface et de surveiller les prisonniers le temps qu'ils parcouraient la mine. Une fois hors de porter, Eldoth proposa de fouiller la berge. Car il était évident que les wyrms n'avaient pas laissés beaucoup de survivant. La rivière bouseuse était teinte d'une couleur pourpre. Trois corps à moitié dévoré flottaient à la dérive. à terre, les cadavres éparpillés donnaient la nausée. L'expression de terreur sur leur visage semait l'effroi.
Étrangement, Balduran n'était pas inquiet. La seule chose qui le surprit était que quatre personnes réussirent à mettre en déroute une dizaine de wyrm et wyvernes alors qu'une troupe s'était fait massacrer sans offrir la moindre résistance. La différence d'un effet de surprise peut-être. Ou bien le rituel de Gaspard. Il se rappelait encore de cette sensation d'assurance durant le combat. Malgré tout, une telle opposition dans le résultat lui semblait anormal.
Marek sortit un corps de l'eau. Il avait remarqué qu'il portait le blason du trône de fer, sans doute un soldat d'escorte. Si tel était le cas, alors leur cible était un de ses cadavres. Ils ne mirent pas beaucoup de temps à le trouver.

"_ Je pense que c'est lui ... C'est de moins le plus ressemblant au portrait.
_ Ils ont joué au chat et à la souris, dit Gaspard écœuré. On ne pourra rien en tirer.
_ Il n'a même pas été dévoré, analysa Eldoth. Une wyrm l'a juste mâchouillé. la viande de doopleganger doit être mauvaise.
_ Malheureusement, il est mort sous une forme humaine. on ne pourra pas vérifier sa vraie identité. Même avec mon épée, compléta Aldeth en regardant sa lame magique.
_ Oh oh ! Mais sa besace n'est pas trop endommagée, souligna le barbe en la saisissants délicatement. Voyons ce qu'il y a ... Hm de beaux parchemins. Un peu humide, mais c'est en majorité lisible."

Il en sortit une qui l'intéressa particulièrement. Balduran eut un frisson en entendant le nom du destinataire.

Sarevok

" Je vous confirme que vos plans se sont malheureusement déroulés plus tôt que prévu. Goth est morte et ses progénitures quittent Bois Manteau. Bien que je pense que cela soit une mauvaise idée, je fermerai la mine dans quelques jours et je déclencherai le dispositif d'inondation. Il n'y aura aucun témoin, aucune preuve, ni aucun esclave en vie à notre départ. Sachez aussi que notre relation se termine ici. Bonne chance, car vous en aurez besoin."

Davaëorn

Aldeth eut un regain d'espoir. Ces documents constituaient les preuves dont ils avaient besoin. Il pouvaient repartir dès maintenant sans prendre des risques inutiles. Toutefois, son cœur d'aventurier lui disait qu'il fallait poursuivre la mission.

"_ Bien, il est temps de partir, commença Marek ...
_ Pas encore. Des vies sont en jeu.
_ La mission passe avant tout, souligna le barbare.
_ Nous avons d'autres preuves à porter de main. L'auteur de cette lettre doit encore être ici. Juste sous nos pieds.
_ J'approuve la poursuite de la mission, dit Gaspard d'un ton sauvage. Ce petit combat m'a bien échauffé.
_ J'ai conservé toutes mes ressources pour parcourir cette mine, enchérit Eldoth en tapotant sa besace. Nous pouvons y aller quand vous voulez seigneur.
_ Très bien, commença le bretteur voyant une majorité du groupe de son avis. Mais si je juge le danger trop grand, ce sera l'évacuation immédiate. Balduran, je voudrais ... Balduran ?"

Le jeune homme s'était écarté du groupe. Il suivait une trainée de sang. Il remonta jusqu'à sa source et découvrir un petit homme gravement blessé, tremblant de tout son corps. Il avait une jambe à moitié dévorée et un bras en lambeau. Il s'accrochait à la vie, cependant sa fin était proche. Balduran le reconnut tout de suite. C'était le compagnon de Prontos du clan BlackAxe, le tireur de fléchette.

"_ Tss, qu'est-ce que tu as à me dévisager comme ça ? grogna le chasseur de prime. Aide moi plutôt ! Je me vide de mon sang.
_ Je ne suis pas assez fou pour faire une chose pareil, sachant pertinemment que tu t'apprêtes à me jeter une fléchette.
_ Comment sais-tu ... On se connait ?
_ Que se passe-t-il ? demanda Eldoth en arrivant. Tiens tiens, un survivant.
_ Bien vu Balduran ! Félicita Aldeth.
_ Merde ! injuria le blessé dans une délicate situation.
_ Où est Prontos ? demanda le jeune homme. Dans la mine ? Je doute qu'une wyrm soit venue à bout de lui.
_ Tu connais mon boss ? Attends ! Balduran ?!"

Ses yeux s'ouvrirent en grand. Sans aucune hésitation, il lança le plus de fléchette possible malgré la douleur. Le lecteur bloqua les projectiles à l'aide de son bouclier magique. Eldoth allait en finir d'un seul carreau, mais Gaspard abaissa l'arbalète de son compagnon. Le petit homme n'avait plus de force.

"_ Il n'est pas ici, conclut Balduran.
_ Pfff ... tu souhaites aussi finir votre combat ... hrgn ...
_ pas spécialement, répondit honnêtement le lecteur. Mais je voulais estimer le danger en entrant dans la mine.
_ Ah ah ... Tu es prudent ... Le boss aura ta peau ... Si il n'était pas aussi pris ... Il serait sur tes traces ... Il en rêve ... Il ..."

Les yeux dans le vide, le petit homme ne bougea plus. Ayant pitié de lui, Balduran s'approcha pour lui fermer les paupières. Un geste innocent ... Une proie facile pour ce genre de piège cruel. Le chasseur de prime s'anima une dernière fois en sortant sa dague. Le jeune homme aurait eu le temps de lui saisir le bras si son corps agissait selon sa volonté.

"_ IL VA ÊTRE DÉÇU DE ... Que ?"

Une étrange main spectrale l'avait saisi. Balduran ne comprit pas non plus. Une autre apparut et empoigna la gorge du forban. Celui-ci ne pût s'en défaire. C'était si rapide et si soudain. Son visage se couvrit d’hématome et ses veines prirent une teinte violette. La mort fut si brutal que son expression de terreur resta imprimer. Balduran recula instinctivement. Les bras spectraux disparurent.

"_ Ca va ! s’exclama Gaspard qui l'épaula. Le fourbe ! Osez une telle chose !
_ Je vais bien, confirma Balduran. Par contre ...
_ Il mérite son sort. Quel répugnant personnage ! Pire qu'un gobelin.
_ Tu lui as fait quoi, inspecta Eldoth. On dirait qu'il a vu un fantôme.
_ Je l'ignore ... Inconsciemment, j'ai projeté une sorte de poigne spectrale, avoua Balduran. Dame Tymora m'a souri."

Les cinq aventuriers se dressèrent devant le cadavre inerte du roublard. C'était la fin de Zal Stormpay, descendant d'une longue lignée d'espion. Sa mort fut aussi digne que sa malhonnêteté, sans sépulture ni prière ni larme. Son visage asphyxier garda longtemps cette expression de terreur.

*****

Dans la pièce du sombre sorcier, celui-ci rangeait des documents. Quelqu'un frappa à sa porte.

"_ Entrez !
_ Maître Davaëorn, j'ai de mauvaises nouvelles.
_ Quoi donc mon apprenti ?
_ L'émissaire et la garde extérieure se sont fait attaquer par les dragons, dit-il avec un ton craintif ... Il n'y a personne qui ... Enfin, ils sont sans doute tous morts.
_ Très fâcheux, songea Davaëorn. Plus le choix désormais. Nous quittons les lieux sur le champs. Ordonnes à nos hommes de préparer l'évacuation. Et mettez les mineurs en cellule. Nous activerons le barrage après.
_ Vous êtes sûr maître ...
_ Pas d'autre choix mon apprenti. Nous ne sommes pas assez pour superviser cette mine si tous nos gardes sont mort en haut. Impossible de poursuivre les opérations.
_ Non maître ... Je voulais parler ... Des mineurs."

Davaëorn réfléchit. La remarque de son élève n'était pas sans intérêt. Lui aussi aurait voulu faire autrement.

"_ Nous avons des ordres : aucun témoin.
_ Bien maître ...
_ Je sais mon élève. Mais quand tu grandiras, tu seras aussi amené à faire ce genre de choix. Ne laisses pas les sentiments prendre le dessus. A présent, vas !"

L'apprenti referma les portes. La tâche qui lui incombait pesait lourd, mais il exécuta les ordres. Un groupe de garde l'accompagna dans la zone d'exploitation. Une vingtaine de mineur esclave s'arrêtèrent et s'alignèrent. Ils avancèrent en direction de leur cellule avec des chants de lamentation. Leur corps meurtri par la faim et la douleur faisait peine à voir. Durant la traversé, l'un d'eux s'adressa au jeune mage. C'était un nain à la barbe grise et bien entretenue.

"_ Je sens de la tristesse jeune Stéphan. Dois-je comprendre que tu as eu une mauvaise nouvelle.
_ Ce n'est rien ... Il n'y a rien, chercha-t-il à dire.
_ Tu caches mal tes sentiments comme toujours jeune Stéphan. Tu peux te confesser à moi sans peine, tu le sais.
_ Je ... Je ne peux rien vous dire. S'il vous plait, n'aggravez pas la situation ...
_ Ils vont ouvrir le bouchon, chuchota un mineur.
_ Par les dieux ! C'est la fin ! paniqua un autre.
_ SILENCE ESCLAVE ! rugit un garde en frappant les fauteurs de trouble."

Les deux hommes se relevèrent péniblement, leur bras sur leurs tête pour se défendre d'un éventuel autre coup. Le nain les aida au mieux. Puis ils continuèrent la marche.

"_ Ils ont raison ? reprit à voix basse le nain.
_ Oui, répondit mal à l'aide l'apprenti ... Je ne peux plus rien pour vous ... Pardonnez moi.
_ Nous te pardonnons jeune Stéphan. Nous savons que ce n'est pas de ta faute. Tu as voulu nous aider et les dieux le savent.
_ La ferme le nain ! gronda le garde qui entendit la conversation."

Le coup de matraque fut si violent que le nain malgré sa robustesse plia un genou. L'apprenti se mit en avant pour le protéger.

"_ Dis donc morveux ! Tu te laisses endoctriner par les esclaves. Le maître t'a ...
_ Ses gens vont mourir, répondit l'apprenti avec peine. Inutile de leur faire subir ça !
_ Tu veux prendre les coups à leur place peut-être ? menaça le garde.
_ Je ...
_ Ou bien préfères-tu que je les achèves sur le champs ? proposa-t-il d'un coup de tête. Que préfèrent-ils à ton avis ? Mort lente ou rapide ... Posons leur la question. Ça ne me dérange pas de me salir les mains."

Les mineurs tremblèrent de tout leur corps. Ils étaient trop faible, incapable de répondre. Le garde se mit à rire face au spectacle. Il les bouscula avec d'un coup de botte.

"_ Une mort lente puisqu'ils ne peuvent choisir, continua-t-il avec délectation. Les frapper ne posent aucun problème, en élançant un nouveau coup de pied.
_ Assez ! Si tu veux te défouler, fais-le sur moi intervînt de nouveau Stéphan.
_ Pauvre demeuré. C'est trop facile. Je préfère les esclaves. Par contre, puisque tu tiens à être battu, j'en toucherai un mot au maître. Quand il apprendra que tu joues les fidèles d'Illmater*, il se fera un plaisir de te remettre à ta place. Hé hé ! Sortez le nain du lot."

Deux gardes saisirent le nain. Chacun tirait sur un bras, même si cela ne servait à rien. Le vieux nain se laissait faire, en acceptant sans condition ni plainte la torture barbare, cette violence gratuite qui était devenue quotidienne. Cependant, face à ses brutes, il priait son dieu Moradin* pour qu'un jour justice serait fait. Par le passé, le nain avait assisté à des miracles de son peuple et de la fierté qui en résultait. Confiant dans sa foi, il savait que ces crimes ne resteraient pas impuni. Le garde levait sa matraque. Son sourire se perdit lorsqu'une douleur lui traversa le bras. Celui-ci avait été touché d'un carreau à la pointe acérée. Il eut de plus en plus mal et demanda à ses hommes de lâcher le nain pour l'aider. à peine ils se retournèrent qu'un individu se rua sur eux. L'un des gardes prit un coup en pleine mâchoire. Une gerbe sanglante accompagnée de dents sortirent de sa bouche et il tomba net. Le suivant put voir l'arme de près. Il s'agissait d'un bout de bois pour éclairer la mine. Juste après, il subit un coup d'une violence inouïe qui lui fracassa le crâne au travers de son casque de protection. Horrifiés, les autres eurent un pas de recul. Leur assaillant, un barbare à la crinière noire les regardait d'un air calme. Mais cela cachait difficilement sa férocité. Son bâton avait beau être en morceau, il avait encore des crocs pour mordre. Leur chef ordonna l'assaut. Avant même d'avoir eu le temps de bouger, deux carreaux abattirent chacun un garde.
Complètement prit au dépourvu, les derniers déposèrent les armes avant de mourir sans avoir pu lever le petit doigt. Il ne restait plus que leur chef avec sa matraque, en aboyant de rage sur ses hommes. Soudain quelque chose lui saisit les chevilles. Il eut juste le temps de voir le nain le soulever d'un geste vif. Sa tête heurta le plafond dans un bruit sourd. Il retomba comme un poids mort à terre. L'esclave s'essuya les mains tout en saluant ses sauveurs.

"_ Joli coup, dit Gaspard en riant du malheur du garde.
_ Je n'aime guère la violence, répondit le nain en ramassant la matraque. Mais je dois admettre que cela fait du bien. Par Mauradin !
_ Merci, mille merci aventurier ! ajouta un esclave en pleurant.
_ Vous nous avez sauvé la vie, compléta un autre.
_ Avez-vous la force pour sortir seul de cet endroit ? demanda Aldeth qui ne pouvait pas assurer leur protection.
_ Nous trouverons cette force grâce à l'espoir que vous nous avez apporté, affirma un vieil homme pourtant mal en point.
_ Je vais les accompagner, se porta volontaire Gaspard.
_ Hors de question ! s’exclama le bretteur. J'ai besoin de tes dons de guérisseur pour poursuivre la mission.
_ Ils ne pourront pas surveiller ses sept gardes et sortirent d'ici, argumenta le prêtre très décidé.
_ Cinq, rectifia Marek en tâtant le poux de ses victimes. Je les croyais plus solide que ça."

Le balafré ne lâcha pas l'affaire. Il avait beau être un grand taquin, il ne voulait pas abandonner les prisonniers avec tous les facteurs risques qui pouvaient se produire. Aldeth ne vit qu'une possibilité : stopper la mission. Sans prêtre, c'était inconcevable de poursuivre.

"_ Je peux vous accompagner, suggéra le nain qui avait suivi la conversation. Je suis prêtre de Mauradin et je pourrai vous servir de soutien.
_ Je ne puis accepter de vous prendre un tel risque. Vous n'êtes pas en état, commença le bretteur ...
_ Ne sous-estimez la robustesse d'un nain, dit-il en se dressant de toute sa taille. Je ne suis peut-être pas en forme, mais je suis largement en mesure de remplacer votre ami en temps que prêtre. De plus, je connais cette mine.
_ L'échange est optimal, confirma Eldoth qui rechargeait son arme. Nous réaliserons une pierre deux coups."

Aldeth réfléchit à deux reprises. Il finit par approuver. Les informations fournies par les mineurs furent capitales. Alors qu'ils allaient se diviser, Marek remarqua la présence d'une personne suspect.

"_ Attends magicien, dit-il en l'attrapant par le col. Tu es trop bien habillé pour un mineur ou un garde.
_ Pi ... Pitié ... Laissez moi partir de endroit maudit, bégaya Stéphan apeuré.
_ Vous pouvez le lâcher, confirma le nain se portant garant. Cet enfant s'est retrouvé au mauvais endroit. Mais grâce à lui, notre souffrance ici fut légèrement amoindri.
_ Avant de partir, intervînt Balduran qui semblait avoir découvert les fonctions de cet homme, tu ne serais pas l'apprenti d'un mage qui vit ici ?
_ Je ... Oui, mon maître supervise l'exploitation ... de cette mine. Vous ... Voulez que ...
_ Qu'elles sont ses sorts de prédilection ? demanda simplement Balduran.
_ Ses sorts de prédilection ? répéta crédule Stéphan."


***

Le magicien au habit d'ébène avait rangé ses dernières affaires. Il était prêt à partir avant d'entendre des bruits dans le couloir. Ce doutant d'un menace quelconque, il se prépara à la futur visite. La porte fut crochetée dans un temps record et cinq individus entrèrent sans y être convié. le mage furieux au fond de la pièce leur gronda dessus.

"_ Comment osez-vous vous introduire chez moi sans autorisation ?
_ Vous avez raison, confirma Aldeth avec un sourire en coin et en se tournant vers Balduran. Il faut frapper avant d'entrer, ajouta-t-il d'un clin d’œil."

Le jeune homme n'avait pas attendu avant d'agir. Il lança un sortilège qui fit apparaître des filaments dorés. Ils formèrent un œil magnifique qui dévoila la vérité dans la pièce. Il n'y avait pas un mais deux mages. Eldoth pointa son arme vers le véritable adversaire.

"_ Un geste suspect et vous êtes mort, annonça le barde.
_ Quand à toi simulacre, je te conseille de disparaître, menaça Balduran d'un ton très convainquant.
_ Comment avez-vous devinez ... Ah, je comprends mieux, poursuit-il en regardant le nain derrière eux. Qu'avez-vous fait à mon apprenti ?
_ Il est en bonne santé, rassurez-vous, répondit Aldeth qui sortit une corde. Il a sut se montrer raisonnable. Je vous conseille de suivre son exemple si vous voulez éviter des problèmes. Mettez les mains bien en évidence et avancez."

Alors qu'il levait à moitié ses bras, le mage s'arrêta quand un carreau lui écorcha une partie de sa robe d'ébène.

"_ Je connais les geste suspect, gronda Eldoth qui rechargea immédiatement. Alors attention de ne pas tenter la moindre fourberie."

Il s'agissait d'un coup de bluff de la part du barde. C'était un moyen d'intimider pour rendre les gens plus docile. Cependant, le sorcier sombre allait réellement agir. Un rictus aux lèvres trahit ses intentions. N'ayant pas le choix et voyant qu'il avait affaire à des adversaire compétents, il accepta de se rendre. Il avança les mains vers l'avant en fixant la corde qui allait le ligoter. Cette fois, l'occasion ne manqua pas.
Dans les mains de Aldeth, la corde se changea en serpent qui s'attaqua à lui. Eldoth fut surpris et agi par réflexe. Son carreau transperça la tête de l'animal qui tomba à terre pour reprendre sa véritable apparence. Le sorcier avait obtenu suffisamment de temps pour fuir dans un passage secret. Cependant, le jeune homme était à deux mètres à ses trousses. Il tenta un dernier sort en créant un mur derrière lui. mais Balduran franchit l'illusion et lui lança un projectile magique dans son dos. Le choc le fit tomber à terre et il eut le plus grand mal à se lever. Surtout avec une lame bleutée posée sur son épaule.

"_ Vos ruses seront inutiles contre moi. Tournez-vous lentement.
_ Certes, certes, commença Davaëorn qui fit face à son adversaire en restant à terre. J'avoue que tu n'es pas n'importe qui pour oser me suivre seul.
_ Je ne suis pas seul, rectifia Balduran qui pointa son bâton de marche enchanté vers le torse du sorcier.
_ Moi non plus, compléta la voix du sorcier derrière lui."

Instinctivement, le jeune homme redirigea son épée vers son deuxième adversaire. Il comprit immédiatement qu'il avait affaire au simulacre. Il le vit posait sa main sur le mur illusoire. Un bruit étouffé se dégagea de derrière. Ses compagnons étaient bloqués. Balduran sentit ensuite une poigne saisir son bâton.

"_ A votre place, le lâcherai mon arme si vous tenez à vos doigts.
_ Je sais. J'ai tout de suite vu qu'il était enchanté, répondit calmement Davaëorn avec un sourire sournois aux lèvres. C'est pour cela que j'ai rompu son enchantement avant."

Voyant qu'il disait vrai, il tenta de ramener son épée dans sa direction. Mais le simulacre lui avait saisi sa lame bleue.

"_ Cette arme me semble dangereuse, remarqua le double en montrant en évidence sa main argentée. j'ai donc prudemment modifier la structure de mon bras.
_ Un transmutateur, dit Balduran qui n'avait pas prévu un tel revirement de situation.
_ Bravo ! approuva le vrai Davaëorn. Tu savais que j'étais illusionniste avec les informations fournis par mon disciple ...
_ Mais même lui ignorait que j'étais transmutateur, compléta le simulacre. Il faut savoir tromper ses alliés.
_ Normal en fait, répondit serein Balduran. Le simulacre ne sert pas uniquement de doublure. Celui-ci peut apprendre de son côté.
_ Excellent ! Tu sembles être instruit pour un guerrier, admira le sorcier.
_ Je ne suis pas un simple guerrier. Je suis un mage et un maître de l'épée. J'ai étudié ce sort voyez-vous et ...

Balduran retira sa lame de la poigne de la main d'argent. Alors que le pouce tombait pour disparaître, le reste du corps en fit autant une fois transpercé par l'épée. Davaëorn ne s'attendait pas à perdre son avantage aussi vite.

"_ ... je sais que la copie est plus faible que l'originale. Bien. maintenant ..."

Balduran vit un étrange artéfact dans la main libre du sorcier. Celui-ci brillait d'un sceau maléfique. En temps que lecteur de Château Suif, il sut à quoi il avait à faire. Il sut aussi que c'était trop tard. Alors que l'objet s'effaçait, son corps fut engourdi.

"_ Tu m'obliges à sortir ma dernière carte, dit calmement Davaëorn. Te voici sous l'emprise du sceau de contrôle. Tu seras une formidable arme pour m'aider à m'échapper. Et également un précieux otage. Poses ton arme et aide moi à me relever."

Le jeune homme s’exécuta. L'épée bleue fut mise contre le mur et il tendit sa main vers le sorcier sombre. Il se remit debout en riant et se dépoussiérant.

"_ Comme tu peux le constater, le contrôle mental permet de rendre docile n'importe quel ennemi. Du moins, rectifia-t-il en regardant le visage de Balduran exprimé une sorte de rejet, l'artéfact permet d'avoir accès à la partie motrice de ton corps. La manipulation de l'esprit est parfois plus complexe pour une emprise totale. Surtout face à une telle volonté. Je devrais pouvoir t'utiliser au moins une semaine avant de me débarrasser de toi. Il faut bien que je rentabilise le prix de mon artéfact."

Balduran essaya de se calmer pour reprendre le contrôle de son corps. Mais Davaëorn disposait d'un bien meilleur flux magique et son objet maléfique consumé lui donnait un plus grand pouvoir. Il maudissait sa carence en temps que magicien qui jouait en sa défaveur. En revanche, sa sérénité en temps que maître d'arme lui offrait un libre accès à son esprit. Il entendit alors une proposition qui émergeait de son être.

"_ Avançons mon cher ami, invita Davaëorn en souriant. Il est temps de ..."

Balduran s'écroula par terre.

"_ Hm très fâcheux. Il a réussi à perdre connaissance pour que je ne puisse me servir de lui. Très ingénieux. Et quel gâchis tout de même, dit-il en sortant un poignard. Il aurait vraiment pu me servir.
_ Mon maître ne sert personne, dit une voix lugubre dans son dos."

Davaëorn n'eut même pas le temps de voir son adversaire. Il vit uniquement sa propre arme lui arrachée sa vie. Tombant à genou, le poumon droit transpercé, il se mit à cracher du sang. Son fragile corps ne supporta pas la douleur. Perdant connaissance, la froide morsure de la mort envahit son esprit qui ne tarda pas à sombrer.

***

"_ Reculez ! avertit Eldoth en allumant une mèche."

Cinq secondes après le mur magique tomba en morceau au souffle de l'explosif. Le barde avait utilisé une dose optimale pour ne pas faire écrouler le tunnel. Alors qu'ils allaient passer, Marek fit un signe d'avertissement. Quelque chose approchée.

"_ Balduran ! s’exclama le bretteur.
_ Tu l'as attrapé, remarqua Eldoth qui deux secondes après avait remarqué la vérité ... Mais tu ... Attends ! tu te portes ?
_ Où est le magicien ? demanda le Aldeth qui ne se laissa pas perturber par ce détail.
_ J'ai dû en finir avec lui, répondit le simulacre d'un ton calme tout en sortant le corps inconscient de Balduran."

Le double installa son invocateur sur le bureau et examina les lieux. Il fouilla en particulier les bagages pendant que les autres s'inquiétèrent de ce qui avait été fait et faisait maintenant.

"_ C'est un simulacre ? demanda Eldoth à voix basse.
_ On dirait bien, affirma Marek préoccupé à aller voir les restes du magicien."

Le vieux nain s'avança prêt de Balduran pour voir si il n'était pas blessé. Alors qu'il l'examinait, le prêtre sentit une aura meurtrière. Il se retourna et observa le regard sombre à glacé le sang du simulacre. Celui-ci reprit ses fouilles sans un mot. Mais le nain en revanche marmonnait quand il reprit ce qu'il faisait. "Par le marteau de Moradin" disait-il pour lui. Des sueurs froides perlaient sur son front. De sa vie, il n'avait jamais eu aussi peur et crut n'avoir jamais subi pareil supplice, en oubliant totalement les dernier mois dans les mines.

"_ Il a retourné le poignard contre lui, déchiffra le barbare en examinant la scène. Il fut invoqué dans son dos et le magicien semble n'avoir eu aucune chance pour le contrer. Balduran était à terre, certainement évanouie par un quelconque maléfice. Je peux affirmer deux choses. Le simulacre aurait pu l’assommer sans effort au lieu de tuer le magicien. Toutefois, celui-ci aurait toujours tenté quelque chose pour fuir. Nous pouvons donc nous en remettre à son jugement.
_ Très bien. Dommage tout de même, soupira Aldeth.
_ Je reste peu convaincu des intentions du simulacre, ajouta le barde qui regardait en direction des appartements. J'ai comme l'impression ...
_ Ne te tracasses pas, coupa Marek en se relevant. Il est certes différent de Balduran, mais le simulacre agit pour notre cause.
_ Tout de même, reprit Eldoth frustré. Il a tué un homme de sang froid. Balduran lui n'a jamais porté un coup mortel depuis le début de la mission. L'astuce contre les arachnides ou le combat contre les dragons ... Cette copie est sanguinaire, conclut-il avec dégoût.
_ Tu n'as pas tord, affirma le bretteur en pleine réflexion. Le simulacre n'a pas l'entrave que possède Balduran sur la préservation de la vie."

Aldeth repensa aux exploits du jeune homme. Il n'avait plus de doute, c'était le simulacre qui avait terrassé Cartas et ses sbires. Une effrayante révélation se disait-il. La mission était terminée à présent. Il n'y avait plus rien à faire dans la mine. Les esclaves délivraient, les derniers gardes en fuite et plus un seul dirigeant à capturer. Le résultat était positif malgré l'échec de la vraie mission pour le doppelgänger. Les preuves étaient dans leur main : documents signés et des témoins.
En remontant de la mine par les échafaudages, ils croisèrent deux mineurs au premier niveau.

"_ Un problème ? demanda Aldeth étonné de leur présence ici.
_ Pas le moins du monde mon seigneur, dit le premier avec un sourire édenté.
_ Nous vous attendions pour détruire cet enfer, ajouta son compagnon avec une chaîne et une étrange clé à la main.
_ Par le marteau, vous avez trouvé la clé du bouchon ? remarqua le nain.
_ De quoi parlez-vous ?
_ Il y a un barrage à ce niveau, expliqua le prêtre nain. A l'origine, c'était un trou qui coûta la vie aux mineurs lors de la prospection en fer de cette région de la Côte des Épées. Une erreur fatale qui aurait pu être évités si les artisans avaient attention au lit de la rivière. Nos ravisseurs l'avaient compris et refermèrent la cavité avec un bouchon magique. Ils comptaient l'ouvrir en nous laissant ici pour effacer les preuves.
_ Une idée cruelle mais efficace, souligna Marek en admirant le stratagème.
_ Vous voulez ouvrir le barrage, conclut Aldeth en fronçant les sourcils. Ce désir de détruire cette mine maudite vaut-elle vraiment une vie ?"

Le bretteur avait vu juste. Celui qui avait la clé la donna à son collègue qui sourit de plaisir. Mourir l'importait peu. Il n'avait certainement pas la force nécessaire pour sortir de la forêt. pire il savait qu'il n'aurait plus de place dans la société sauf à mandier son pain. Ne voulant pas d'une vie misérable, mettre un terme à son existence en emportant son malheur avec lui serait sa plus grande joie.
Le simulacre demanda à Marek de porter son maître. le barbare ne refusa pas comprenant ce qu'il comptait faire. Le double s'avança et déroba la fameuse clé à la barbe du mineur.

"_ Que ... Que ... non c'est à moi ! exigea le mineur en tentant de reprendre son trésor."

Mais il fut repousser d'une pichenette et une lame bleue l'empêcha d'avancer.

"_ Hé hé, j'ai envie de voir de plus près cette soit disant mort que tu cherches, répondit le simulacre.
_ !ne soyez pas plus fou que moi ! intervînt le mineur horrifié. Vous êtes jeune ! une longue vie vous attend.
_ Ne t'inquiètes pas pour moi l'ancêtre, ria-t-il. La mort est une amie fidèle, termina-t-il en allant dans la direction que le mineur allait prendre."

Une main se posa sur l'épaule du mineur pour l'empêcher de le suivre. Aldeth lui expliqua que c'était une créature magique et qu'il n'en mourrait pas. Le vieil homme pleura. Sa vengeance avait été volée. Pourtant, il se résigna à l'abandonner.
Le simulacre arriva devant l'imposant bouchon magique. Il souriait à l'idée de découvrir le résultat de l'ouverture.

***

Une fois dehors, le groupe fut accueilli en héros par les esclaves libérés de leur tourment. Dans le brouhaha, un grondement retentit et la terre se mit à trembler. Un énorme typhon fit son apparition dans la rivière Chionthar. Un deuxième tonnerre d'applaudissement suivi. La mine était détruite.
Balduran se mit à bouger et Marek le déposa. délicatement au sol. Retrouvant ses esprits, le jeune homme vit l'assembler triomphale. Son aventure était fini. Il se tourna vers Marek. Il voulait savoir.

"_ Ton simulacre a terrassé le magicien, répondit-il avant la moindre question. Et ne t'inquiètes pas, j'en aurais fait autant à sa place. En revanche, il n'a pas hésité à faire face à la mort à la place d'un mineur.
_ Comment ça ? demanda Balduran étonné.
_ Tu vois cet homme qui pleure là bas ? Il voulait se suicider en détruisant la mine. Ton double lui a pris sa place."

Balduran surpris ne savait pas quoi penser. Dans sa logique, le simulacre aurait dû le mineur mourir. Il était sans pitié contre ses adversaires, mais avait-il bon fond ? Partageait-il certaine chose comme lui avait dit Elminster ? Ces actions devenait moins prévisible à présent. Entre temps, une personne se joint à la conversation.

"_ Mon maître ... Mort ? C'est peut-être mieux ainsi, conclut l'apprenti de Davaëorn. Je crois que je vais abandonner la magie et me consacrer à une autre vie. Devenir un ficèle d'Illmater, ironisa-t-il en repensant aux remarques du chef de la garde qu'il lui avait évoqué cette idée."

Alors que la joie avait pris place, un dernier événement se produisit. Un bruit étrange sortait de la mine et se n'était pas l'écoulement de l'eau. Une lumière bleutée éclata en même temps qu'un son proche du tonnerre. Effrayez, pensant que les esprits de la mine s'étaient réveillés, les mineurs reculèrent. Tout le monde vit une ombre apparaître dans une vapeur d'eau. Un être presque translucide armé d'une épée se dessina.

"_ Tous ses visages d'effroi ! s’exclama le simulacre avec extase. Vous m'offrez une vision exceptionnelle.
_ Il ... Il a couru plus vite que le torrent ? grimaça un mineur.
_ Ce n'est pas un homme ! rugit un autre impressionné.
_ Un esprit, souffla le dernier à se prononcer ..."

Son corps fantomatique pouvait laisser le paraître. Mais il était trempé. En réalité, le simulacre avait puisé dans toutes ses forces pour vaincre la mort. Même si il était une créature astrale, il pouvait être terrassé et redevenir cette moitié d'âme qui vivait au fond de Balduran jusqu'à la prochaine invocation. Depuis son existence, il n'avait disparu qu'une seule fois par cette condition : écrasé par un golem gardien de Thalantyr. par la suite, survivre avait toujours été la seconde de ses priorités et son objectif pour accroître sa puissance. Cette épreuve de la mort lui offrit ce premier contact avec son maître dans le monde primaire. Les mineurs s'écartèrent de son chemin, voyant son corps disparaître sous leurs yeux.

"_ Nous nous rencontrons enfin dans le monde des mortels mon maître, dit le simulacre à Balduran. Si je connaissais le bonheur, je croîs que j'en serais ému.
_ Pourquoi fais-tu ça ? demanda Balduran ne sachant quoi dire d'autre.
_ Hé hé, en fait, je crois que je suis un peu étourdi, ricana le simulacre en rendant l'épée à son maître. J'ai failli perdre notre bien le plus précieux. C'était impardonnable.
_ Tu as vaincu un courant mortel parce que tu avais notre arme en ta possession, ajouta Balduran qui voyait son simulacre devenir transparent.
_ En quelque .. sorte. Nous en avons ... soin ... r combattre ..."

Il ne put finir sa phrase. Les mineurs et même les ravisseurs prisonniers se mirent à émettre un brouhaha de confusion. Ils étaient intrigués par ce jeune aventurier et sa copie magique. Ils ne comprirent nullement la conversation. Par contre Balduran sur de quoi parler son simulacre. Cette force qui l'animait comme Edwin envers Cydine Denaïr était la vengeance. Mais l'ancien lecteur de Château Suif ne partageait pas cette rancune. Il ne voulait pas d'un affrontement. Pourtant Balduran savait qu'un jour ou l'autre il serait confronté à ce destin. Le résultat serait imprévisible. Il espérait éviter le bain de sang comme pour Cartas du Frisson ou Davaëorn le magicien.
Quelques jours plus tard à Bérégost, dans la taverne du Magicien Ardent, Taërom Grondemarteau organisa une nouvelle fête en retour des héros. Ce soir là, il y eut de nombreux invités attendus. Deux des Ducs de la Porte de Baldur, Eltan le chef du poing enflammé et Liia la dirigeante politique de la ville, furent des invités d'honneur. Elminster tînt sa promesse et participa au festivité.
Quand au mineur, ils retrouvèrent peu à peu leur vie passé. Bien que les cicatrises ne se refermeraient pas complètement, ils pouvaient espérer de meilleur jour à présent.

***

En rentrant, notre jeune héros Balduran ne savait pas que sa nuit n'était pas terminée. Thalantyr lui demanda de le suivre, non pas pour entendre ses aventures, mais pour quelques choses de cent fois plus intéressant à ses yeux.
L'imposant œuf rouge écarlate était en train d'éclore ...

Fin de tome : L’intrépide Volothamp


«_ Je regrette, mais vous ne pouvez entrer sans vous acquitter de l’offrande réclamée par le monastère, annonça le portier et chef de la garde de Château Suif.
_ Allons, ne nous énervons pas, répondit d’une voix de miel un homme de taille moyenne à la barbe courte habillé d,une chemise à carreaux et coiffé d’un chapeau feutré. J’aurai pensé obtenir un privilège avec mon rang de cartographe, mais je ne vais pas insister. Dommage pour Château Suif. Elle restera qu’un nom sur mes cartes et légende du monde.
_ Il n’y a pas grand chose que la citadelle envie du reste du monde, souligna le garde.
_ Ce que vous croyez mon brave, contredit le voyageur en balayant l’air de sa cape. Croyez-vous pouvoir rester isolé de vos voisins, vous prospérez ?
_ Nous prospérons ! affirma le portier. Et notre monastère n’est pas aussi isolé. Nombreux sont ceux qui s’acquittent de l’offrande. Plus de monde que vous pouvez le croire.
_ Ah bon, songea l’autre ? Pourtant la route n’est pas spécialement fréquentée. La dernière emprunte de chariot semble vieille de un mois. Et les plus récentes sont les miennes.
_ Rares sont les voyageurs en hivers, répondit toujours aussi calme le garde. J’aurai pensé que Volothamp Geddarm serait plus érudit pour le savoir.
_ Ce que vous croyez mon brave, répéta volontairement l’autre avec son sourire et son mouvement de cape. Est-ce que je suis arrêté par le froid ? La Côte des Épées n’est pas l’une des régions de l’épine Dorsale du Monde ou de Salambra les Terres Blanches pour dormir toute une saison. Regardez autour de vous. Pas de vent glaciale, ni de neige.
_ Nous sommes en fin de saison, rappela le pauvre soldat légèrement fatigué du petit manège de Volothamp.»

Le magicien espiègle qu’était Geddarm possédait une réputation légendaire. Il était plus un barde qu’autre chose, bien qu’il revendiquait farouchement son titre de mage devant les hauts conseils. Très bon en diplomatie, il arrivait souvent à convaincre son interlocuteur. C’était l’un de ses meilleurs dons après la cartographie. Beaucoup enviait la vie d’aventure de Volothamp. Pas en temps que héros. Non loin de là. Mais une vie de voyageur solitaire qui connaît presque tout et surtout … les tavernes. Même si sa bourse restait toujours pleine, personne ne pouvait se vanter d’avoir bu autant de bières gratuites à son actif. Les taverniers nains aussi se laissaient adoucir par les belles paroles du magicien.

«_ N’insistez pas ! gronda le portier à bout de nerf.
_ Très bien. Pourtant, je me demanderai comment verrait Ulraunt le Gardien des Écrits si il apprenait que …
_ Volothamp ? interrogea un autre voyageur dans son dos.
_ Que … Cette voix, dit lentement le cartographe …
_ Mais oui ! s’exclama Elminster l’Avisé d’un ton amusé. Ce cher Volo ! Comment allez vous mon ami ?
_ Bien … Bien Elminster, répondit Volothamp retrouvant sa voix. Je ne m’attendais pas à vous revoir.
_ Vous n’êtes pas le seul, sourit le vieux mage.
_ Vous êtes accompagné, changea-t-il immédiatement de sujet.»

Volothamp avait remarqué la présence d’un épéiste juste derrière Elminster. Dans d’autres circonstances, il n’y aurait pas prêté attention, mais ses ambitions de dormir à Château Suif était compromise.

«_ Je dirais plutôt que je suis l’accompagnateur, rectifia le vieux mage. Venez que je vous présente. Volo, voici Balduran Lavidah l’enfant adoptif de Gorion. Balduran, voici Volothamp Geddarm le plus célèbre des cartographes.
_ Enchanté de faire votre connaissance, répondit Balduran.
_ Moi de même, se força-t-il en retour avant de poursuivre. Mais, simple curiosité. Ce n’est pas une urne funéraire que vous avez en main ?
_ En effet. Elle contienne les cendres de mon père.
_ Que … Vous voulez dire … Pardonnez ma négligence, je suis confus !
_ Ce n’est rien. Vous ne pouviez pas le savoir, rassura Balduran.»

Le cartographe était réellement gêné. Il connaissait Gorion et avait appris sa mort huit mois plus tôt. Il aurait dû faire la corrélation bien qu’elle n’était pas si évidente. Mais c’était honteux pour sa réputation d’avoir commis cette bavure. Avant de poursuivre la conversation, un étrange volatile tomba du ciel et s’attaqua à lui.

«_ Bon dieux ! On m’agresse ! Au secours ! Aidez-moi !
_ Ardam ! s’exclama Balduran. Laisses ce gentilhomme tranquille !»

L’étrange oiseau au corps rouge écarlate s’envola et se posa sur l’épaule de Balduran en baissant la tête.

«_ Pardon, dit-il d’une voix à moitié compréhensible. Croyais oiseau sur tête. La plume, en désignant le chapeau feutré.
_ Oh non ! Pas mon chapeau, en découvrant la morsure fraîche ! Mais … Des marques de dents ? »

Volothamp remarqua que l’étrange volatile était un petit dragonnet aux écailles rouges écarlates. L’une des plus redoutables créatures de Faerun assit sur un épéiste et très loin de son nid. Voilà une chose peu courante dans la vie du légendaire cartographe.

«_ Je suis navré pour votre chapeau monsieur Geddarm.
_ Le tissu n’est pas abîmé, souffla Volo en essuyant la bave. Sachez que c’est un model unique et irremplaçable, ajouta-t-il en le reposant sur sa tête.
_ Ardam va faire attention à l’avenir, dit Elminster au dragonnet en esquissant un clin d’œil amusé. N’est-ce pas ?
_ Ferais attention, promis Ardam qui se laissa gratter la tête triangulaire proche d’un lionceau par les mains délicates de l’archi mage.
_ Dîtes moi Elminster, reprit le cartographe qui envisagea une solution à son problème … Vous comptez séjourner à Château Suif ?
_ Oh non, point du tout. Nous venons juste déposer l’urne. Nous repartons aussitôt.
_ A … Ah bon, dit surpris Volothamp ? Vous n’y passez pas la nuit ?
_ Nous ne disposons pas de l’offrande, répondit Balduran qui fit sourire le portier de la citadelle et renforça ainsi ses convictions.
_ Mais vous êtes un moine de ce monastère, l’héritier de l’un des Grands Lecteurs, dit le cartographe révélant ainsi ses connaissances des lieux. Pourquoi auriez-vous besoin de faire une offrande ?
_ C’est une longue histoire, conclut simplement Balduran.»

Tout espoirs s’envolèrent pour Volothamp abandonnant son projet. Balduran donna l’urne au portier de Château Suif. Elle ne contenait pas réellement les cendres de son père adoptif mais de la terre récupérée sur les lieux du drame. Le garde promit à son ancien ami que la jarre funéraire serait déposé dans les catacombes de la bibliothèque.
Avant de partir, Balduran demanda de transmettre le bonjour aux moines et surtout à Whinthrop, pour le rassurer que Imoen allait bien, ainsi qu’à Appolon Icaor. Mais le portier lui apprit que le jeune Icaor était déjà parti depuis six mois environ à l’Épine Dorsale du monde dans les terres du Valbise. Il aurait rejoint un groupe de mercenaire. Balduran s’y attendait.


Elminster et Balduran furent accompagné par Volothamp. Celui-ci n’avait plus tellement le choix en se disant qu’il avait raté, un mot rare dans son vocabulaire, son séjour à la bibliothèque du Savoir du Monde. De plus, il était déjà midi et il ne tenait pas à dormir seul à la belle étoile. Il y eut de longues discutions durant le trajet. Il fallait avouer que Volo était particulièrement curieux de connaître l’histoire de Balduran Lavidah. Et il pardonna vite au dragonnet lorsque celui-ci ramena un faisan pour le repas du soir. Après une nuit sous la fraîcheur de la fin de saison, les trois hommes arrivèrent le lendemain à Bérégost.

Le dernier mois d'hivers laissa place au printemps. Le soleil était déjà plus radieux réchauffant les terres prêtes pour de futurs récoltes. Volothamp Geddarm avait fini son recueil sur l’histoire de Château Suif grâce au jeune épéiste Balduran. Le séjour dans la maisonnette d’Elminster à Bérégost fut agréable, même si au début il avait quelques appréhension. Les parties d’échec furent les principales activité du soir. Il fallait dire que le vieux mage lui avait interdit toute sortie nocturne, surtout après le premier soir dans la taverne du Magicien Ardant. C’était le prix à payer pour le confort d’un bon lit.
Volothamp reprit la route du Sud en direction d’Amn. Il s’arrêta à Nashkell pour y faire des provisions. Mais surtout il s’installa un moment à la taverne des Trois Sangliers pour prendre un verre. Il y rencontra un groupe de mineurs heureux de leur journée.

«_ Nous voilà à nouveau dans les vestiges du quatrième niveau ! s’exclama l’un d’eux.
_ On vient de doubler la production de fer, ajouta l’un de ses compagnons. Tavernier ! Tournée générale ! »

Alors qu’il festoyait, Volothamp écouta la conversation. Des noms lui étaient familier.

«_ Vous savez ce que raconte le nouveau ? commença un mineur. Vous vous souvenez du jeune homme que l’on croyait mort au fond de notre mine ? Et bien il lui aurait sauvé la vie ! Il était avec Aldeth Sashentar et d’autres aventuriers de la Porte de Baldur.
_ J’ai entendu parler de cette histoire. C’était à Bois Manteau lors de la chasse épique de Goth, ajouta un de ses camarades.
_ Ce jeune homme est certainement un héros, compléta un autre. Levons nos verres à … Comment il s’appelait déjà ? Baran … Buldan …
_ Balduran Lavidah, souffla une voix derrière.
_ Oui, c’est ça, conclut le mineur. Vous en avez entendu parler voyageur ?
_ Bien sûr, sourit Volo. Je l’ai même rencontré durant le dernier mois. C’est un homme très prometteur.
_ Tavernier ! Un verre pour l’étranger ! À qui avons nous l’honneur avant de trinquer ?
_ Volothamp Geddarm, votre humble serviteur.»