La Couronne de Cuivre

Le roublard observait le village avec un certain dégout, comment des gens pouvaient vivre dans cet endroit crasseux à moins de n'avoir plus aucun espoir dans cette vie. Même les pires quartiers de Wyzima ne se s'approchaient pas de ça. et où diable étaient-ils? Ce misérable hameau semblait perdu dans quelque lointaine contrée oubliée des dieux eux-mêmes.
Sarakh s'amusa intérieurement du dégoût manifeste affiché par le paladin au contact de la femme éplorée, que craignait-il donc? qu'elle salisse sa belle armure, à moins que la gente féminine ne soit pas de son goût.

Si ils voulaient partir d'ici, l'aide des habitants locaux serait sans doute nécessaire et comme ses compagnons ne le laisserait certainement pas user de la force pour obtenir des informations autant rendre service même si combattre des lézards volants ne l'enthousiasmait pas vraiment.
Il mit une main sur l'épaule de la femme tout en prenant la voix la plus apaisante qu'il put:

"Avez-vous une idée de l'emplacement du nid de ces créatures?"

La femme sembla sur le point d'éclater en sanglots, sans doute désespérée de ne pouvoir livrer cette information et que cela rebute les aventuriers. Elle bredouilla, manifestement désireuse d'en dire le maximum, mais les idées se bousculaient sous la panique :

- Je... non désolée. Ils font des raids mais personne n'ose les suivre. Personne n'ose sortir quand elles viennent. Les marais engloutissent les traces, sauf parfois les restes. Les carcasses, les gens. Méconnaissables. Mais quelqu'un d'autre saura dans le village. Nous avons des chasseurs. Et il y a les bûcherons qui se sont installés dans la forêt. Vous devez leur demander. Mais par pitié, faites-vite. Mon tout petit est en danger. Oh mon dieu... C'est mon troisième enfant, s'il vous plait ayez pitié !

Une nouvelle crise de sanglots étouffa dès lors toute parole intelligible.

Voila qu'ils devaient maintenant parler à des ploucs. Jusqu'où courait donc cette farce. Mais son devoir était de purifier les monstres de la surface de la terre. Si l'enfant faisait partie des dommages collatéraux, tant pis. En revanche, s'il lui permettait d'éradiquer un nid de wivernes ...

Alors d'accord, il s'en irait parler à ces tas de crasseux.

"Vos chasseurs, emmenez-nous à eux, vite.", dit-il sur un ton qui se voulait apaisant.

Pourvu que sa morve ne vienne pas tâcher ses habits.

Le dénommé Sarakh, le surpris: c'est d'une voix douce et apaisante qu'il s'adressa à la femme. Quand au chevalier de l'ordre, il avait beau s'essayer à prendre un ton plus calme, rien ne pouvait cacher le mépris que lui inspirait les habitants du village. Il donnait plus l'impression de vouloir se débarrasser d'elle au plus vite que de vouloir sauver la vie de son enfant. Bombur pensa que c'était une bonne chose d'aller questionner les chasseurs sur l'emplacement de l'antre des Wyvernes. Ils devraient aussi prendre de le temps de questionner les bucherons. Plus ils auraient d'information mieux celà vaudrait. Mais le temps était compté,il décida de prendre les choses en main. Il attendit que le paladin soit suffisamment éloigné pour parler uniquement à ses deux autres compagnons les moins hostiles à son égard.

"Je pense que nous devrions nous séparez pour gagner du temps. Nous devons faire vite pour sauver l'enfant des griffes de ses monstres. Le chevalier se charge donc d'interroger les chasseurs. Je pars dans la forêt pour interroger les bucherons. Ils serait plus judicieux que vous m'accompagnez, Maelwen. Quand à Sarakh , je pense qu'il serait sage que vous teniez à l'œil notre compagnon en armure. Il me semble bien irréfléchi. Il ne faudrait pas qu'il se lance tête baisser à la chasse aux Wyvernes avant que nous ayons glané suffisamment d'information. Qu'en pensez-vous?"

Ses deux compagnons avaient attentivement écouté sa proposition sans l'interrompre. C'était plutôt bon signe. Il attendait maintenant leur accord pour partir en direction du camp des bucherons.

Mais la mère affolée ne l'entendait guère de cette oreille. Elle refusait tout simplement de s'éloigner de sa maison, au cas bien improbable où son enfant reviendrait de lui-même. Elle était suffisamment désespérée pour se raccrocher à un espoir aussi improbable. Cependant, elle assura le chevalier qu'il n'aurait nul mal à trouver les chasseurs en question. Le village était petit, ses habitants peu nombreux, et les hommes en questions portaient des tenues propres à se confondre avec les marais environnants.

A la suggestion de Bombur, la femme indiqua la direction à suivre pour rejoindre les bûcherons, lui intimant la plus grande prudence. Là aussi, il ne devrait guère trouver de difficulté à suivre le chemin fréquemment emprunté avec de lourds chargements. Restait à décider si sa répartition des tâches rencontrerait un écho favorable parmi les autres membres du groupe.

Maelwenn n'aimait pas ce village puant, mais la réaction de la pauvre sembla l'émouvoir, ne serait ce que quelques instants. Elle ravala un gloussement bien peu à propos lorsqu'elle comprit pourquoi Will tordait la bouche comme un malheureux avec la femme accrochée à ses basques...

La proposition de Bombur lui paru intéressante. Elle n'avait pas très envie de rester avec le chevalier qui avait l'air quelque peu... limité, à son sens. Elle prit la direction qu'avait indiqué la villageoise pour se rendre auprès des bûcherons en lançant :
"Allons y, messire nain, il est grand temps de ne pas rester ici à moins de s'enraciner... comme ce cher Will tout à l'heure."

Will fit semblant de ne pas avoir entendu les plaisanteries à son égard. C'était toujours la même chose avec les petites gens. Toujours et encore, ils le jalousaient et tentaient de réduire sa prestance. Son mépris pour eux se trouva affermi. Quand tout ceci serait terminé, il irait rendre visite au nain avec quelques uns de ses comparses. Alors on verrait bien qui rirait le dernier.

Il se tourna vers celui qu'on lui avait désigné comme partenaire. Par chance, on ne lui avait attribué ni le nain ni la magicienne.

"Ne perdons pas de temps.", dit-il après un petit signe de tête significatif.

La magicienne accepta sa proposition, Bombur n'attendit pas la réponse de Sarakh pour avancer. D'autant plus que le paladin avait certainement entendu une partie de leur conversation puisqu'il gratifia ce dernier d'un signe de tête. Les équipes étant formées, Bombur fit signe à la magicienne de le suivre et ils se dirigèrent vers le sentier que la femme leur avait montré précédemment.

"Je passe devant ma Dame, vous couvrez mes arrières. De sombre créatures habitent dans ces bois, nous devons être sur nos gardes"

Devant leur pied se dessinait un chemin bien visible. Ils n'éprouvèrent pas de difficulté à le suivre mais malgré tout, Bombur avança avec prudence. La forêt pouvait receler de nombreux danger, ils avaient pu en avoir un aperçu avant leur arrivée au village. Quelque soit le danger qui les attendait, il était content d'être un temps séparé du freluquet arrogant et ne plus avoir à subir ses sarcasmes.

Sarakh se renfrogna à la composition des équipes, autant il aurait préféré la compagnie du nain comme combattant, qu'il considérait comme plus sage et moins égoiste à accorder son aide que Will, ou de la magicienne dont la pratique de la magie avait fait ses preuves. Sans négliger le fait que son sens de la répartie le changeait agréablement des donzelles qu'il croisait habituellement dans son secteur d'activité et qui ouvraient trop promptement les jambes quand quelques pièces tintaient, ce qui depuis quelque temps commençait à le lasser profondément.
Au lieu de cela il se retrouvait flanqué de l'autre imbécile qui fonçait tête baissée dans la moindre gueule de monstre et qui ne lèverait pas le petit doigt si Sarakh se trouvait en difficulté, de bizzare la journée devenait désagréable.

"Je vous suis messire, plus vite cette affaire sera réglée, plus vite nous pourrons retrouver la civilisation" répondit-il

"Et plus vite, je n'aurais plus à subir cet idiot" enchaina t-il en pensée.

Will s'était donc dépêché de rejoindre la première zone forestière qu'il trouvait tout en se laissant guider par des voix d'hommes montant des sous-bois. Dans cet espace de forêt occupé par les hommes, les monstres se montraient peu, du moins en journée.

Par contre, à quelques mètres près, et de nuit, ils reprenaient leurs droits.

Je laisse Kazu décrire les chasseurs.

Groupe d'Althéa et Ugo

Le roublard et le chevalier ne mirent guère de temps à traverser le village pour se retrouver face à trois individus loqueteux qui ne pouvaient être que les chasseurs. En effet, outre les vêtements délavés et boueux qui semblaient l'uniforme du village, ils arboraient chacun un arc ainsi qu'une gibecière dont dépassaient quelques morceaux indéchiffrables de créatures locales. Les hommes se tournèrent vers les nouveaux venus, manifestement peu surpris de leur approche. Soit leur combat avait fait du bruit, soit leur présence en ces lieux leur était indifférente. Pour autant, ils ne firent pas mine de s'éloigner, encourageant ainsi la discussion. L'un d'eux s'exclama même alors qu'ils faisaient mine de s'approcher encore :

- Eh bien, qu'avons-nous là ?

Groupe d'Elanor et Ailyn

Le nain rencontra quelques difficultés car si le chemin était souvent pratiqué, sa petite taille présentait un net désavantage dans les passages inondés où le chemin quittait les îlots de "terre ferme". Si la robe de la magicienne fut trempée dès le premier passage de ce genre, le nain craignait davantage pour sa superbe barbe qu'il était obligé de remonter indignement sur son épaule. Le clapotis de leurs pas était, en outre, tout sauf discret. Peut être auraient-ils pu éviter un nouveau combat s'ils avaient pris le temps de se renseigner mais ils n'eurent pas cette chance. Au bout d'un temps indéfinissable durant lequel ils eurent le temps de se demander s'ils n'avaient pas perdu leur chemin, d'autres clapotis firent écho à leur pas. Pour s'assurer de leur provenance, le couple marqua une halte. Leur propre bruit étouffé, le doute ne fut plus permis : ils étaient suivis. Mais alors que ce constat s'imposait à eux, deux créatures humanoïdes bondirent de sous les eaux saumâtres juste devant eux. Les créatures avaient une peau squameuse et des yeux blancs démesurés mais leurs griffes n'avaient, elles, rien de comiques. Les légendes parlaient de ces noyeurs mais aucun d'eux n'avaient eu à en affronter jusque là.

Maelwenn n'aimait pas ces marais. D'autant qu'elle pensait que les bûcherons seraient plus facile à trouver que cela... Elle n'aimait pas cette chaleur étouffante, ces lianes qui pendaient lâchement des arbres, ces fossés remplis d'eau croupie...
Elle était trempée, de sueur et de saletés comme elle ne l'avait jamais été. Elle se demandait bien ce qu'elle faisait là et qui se permettait ainsi de jouer avec leurs nerfs. Ses nerfs à elle. Sa vie. Ses choix. Ses décisions.
Raaaaaa, si seulement elle avait pu mettre la main sur ce sale petit...

L'apparition des deux créatures la surprit, et plus encore le fait qu'elle n'en avait jamais vu auparavant. Leurs yeux lui arrachèrent un frisson d'angoisse et de dégoût qu'elle réprima bien rapidement.

Elle poussa un cri de surprise avant d'incanter aussi rapidement que possible un nouveau sort.

Maelwenn lance éclair.

Bombur déchanta rapidement: la trace du sentier était bien visible mais pas si facile à suivre pour quelqu'un de petite taille comme lui. En raison du sol boueux et des nombreuses flaques d'eau, il ne progressait pas aussi vite qu'il l'aurait voulu. Le nain s'enfonçait régulièrement jusqu'à mi-mollet et faillit perdre l'équilibre. Il risqua un coup d'œil en arrière et constata que la magicienne avait l'air aussi trempée que lui. Quel endroit détestable, il avait hâte d'en finir et de sortir d'ici. Il remonta sa barbe sur son épaule pour ne pas risquer de se prendre les pieds dedans et surtout pour ne pas avoir à passer plusieurs heures à la nettoyer et la démêler. Bombur était assez coquet pour un nain, et contrairement à la plupart de ses compatriotes, il prenait soin de son apparence. Il ruminait sur leur mauvais sort quand son ouïe capta des bruits de pas qui ne lui semblaient pas provenir de sa coéquipière. Ils se retourna et découvrit la magicienne incantant quelque sortilège sur deux monstres humanoïdes aux yeux terrifiants. Brandissant sa hache, il franchit les quelques pas qui le séparaient de Maelwen, préférant que son sort fasse effet avant de prendre part au combat.

De la boue, de la crasse, cette odeur rance des corps après l'effort, la puanteur de ceux qui ne connaissent pas les bénéfices d'un bon bain. Will eut du mal à masquer son dégoût mais garda cependant un visage impassible.

"Bonjour messieurs. Nous sommes à la recherche d'un nid de wiverne. L'enfant d'une des femmes de votre village vient d'être enlevé."

Il espérait qu'ils comprennent la nécessité de se hâter. On ne savait jamais avec les esprits simples ...

Groupe d’Althéa et Ugo

Le chasseur détailla le chevalier de la tête aux pieds puis son acolyte avant de répondre d’un ton étonné :

- Vous avez bien dit vouloir vous rendre dans un nid de Wyvernes ? Je ne remets pas en doute votre courage mais vous n’êtes pas le premier. On pourrait presque croire à une épidémie même avec ce sorceleur qui est passé hier pour nous demander la même chose. Il n’est pas revenu d’ailleurs, ça devrait vous donner à réfléchir. Mais je vais vous répondre la même chose qu’à lui : les Wyvernes aiment construire leurs nids au sec, sur la fourche d’arbres solides en général. Et il n’y a qu’un seul endroit comme ça dans les parages, c’est à une heure d’ici. Mais tous ceux qui s’en approchent, même les plus expérimentés, n’en reviennent pas.

Groupe d’Ailyn et Elanor

L’éclair grilla sur place la première créature mais cela ne dissuada en rien la seconde de continuer ses attaques. La lourde hache de Bombur était en revanche quasiment inefficace face à cette créature rapide qui se déplaçait dans un mètre d’eau sans aucune gêne, au contraire du nain. Ce dernier allait devoir adopter un style de combat qui lui était peu familier pour parvenir à atteindre le monstre. Face à ce type d’adversaire, la vivacité était bien plus utile que la puissance ou l’endurance. Ayant compris cet état de fait et accélérant la cadence de ses coups, le nain put enfin jeter à bas son opposant. Mais, alors que celui-ci s’enfonçait sans vie dans les eaux, les deux compagnons entendirent de nombreux autres clapotis significatifs à proximité. Il était grand temps de trouver ce campement de bûcherons s’ils ne voulaient pas se retrouver submergés par les noyeurs, au propre comme au figuré.

Maelwenn suivit le combat qui opposa le nain la Wyverne avec de grands yeux, toujours satisfaite de son effet, mais pas de celui qu'elle faisait à la seconde créature. Elle poussa un soupir de soulagement lorsqu'elle s'effondra dans une grande effusion de sang provoquée par le nain présent à ses côtés. Elle lui fut sincèrement reconnaissante de son intervention car il lui fallait rassembler des forces et de la concentration pour incanter.

Le silence et le calme ne durèrent pas. Dès qu'elle entendit de nouveaux bruits, la jeune femme étouffa un juron et glissa à Bombur :

"On a intérêt à trouver rapidement ces bûcherons, parce que je crois que votre hache sera malheureusement insuffisante pour les suivants."

Cette information ne plut pas à Sarakh, il voulait aider cette femme par calcul et non par pur altruisme, alors si l'expédition en direction des wyvernes risquait d'être sans retour le calcul était vite fait, du moins pour lui. En revanche ses compagnons n'en tiendrait surement pas compte, surtout le paladin et le nain, et il doutait fort que la magicienne ne veule les accompagner. Il était donc coincé et n'avait d'autre choix que de crapahuter une heure dans des marais puants remplis de monstres assoiffés de sang, YAHOOOO.

"Et dans quelle direction se trouve donc cet endroit propice?"

Il se dit qu'il devait se méfier de ce qu'il pouvait dire ou faire, être un héros ne lui disait rien, c'est qu'il avait une réputation à tenir.

Le sort de la magicienne grilla le premier humanoïde, Bombur se rua alors sur le deuxième. La créature se déplaçait avec une aisance déconcertante malgré le sol boueux, il dut augmenter la cadence de ses coups afin de pouvoir en venir à bout. Essoufflé par cet échange, il grogna de dépit en entendant le bruit d'autres monstres à proximité.

"Entièrement d'accord ma dame. Continuons à avancer. Si nous restons ici, je ne pourrais pas tous les repousser. Ils sont beaucoup trop agiles pour moi. Accélérons le pas."

Ils marchèrent aussi vite que leur permettez la stabilité du sol.

Groupe d'Althéa et Ugo

Les chasseurs haussèrent leurs épaules avec un bel ensemble avant que l'un d'eux n'indique la direction à suivre, approximativement la même que celle du camp des bûcherons. Les chasseurs se fendirent également sur une description des dangers les plus communs des marais. Il fallait absolument éviter d'affronter les hommes-poissons au corps à corps sous peine de se voir projeter des gerbes d'acide lorsqu'ils rendaient leur dernier souffle. Quant à la façon d'affronter les Wyvernes, mieux valait se montrer vif et agile pour dépasser leurs esquives et éviter leurs souffles, leurs coups de griffe, d'aile et de queue. Une gageure en somme.

Groupe d'Ailyn et Elanor

Leur course était l'objet de l'attention de nombreux monstres dissimulés dans les fourrés mais aucun ne chercha plus à les attaquer jusqu'à ce qu'ils atteignent enfin une nouvelle bande de terre ferme et un sentier stable. Les arbres étaient ici plus hauts et en meilleur santé, signe que la terre était de loin moins toxique. Bientôt, des coups de hache se firent entendre sur les troncs, signe de la proximité du camp à ne pas s'y méprendre. C'est ainsi que Bombur fut le premier à apercevoir de ses congénères à l'œuvre.

Bombur serra les dents et se concentra sur sa marche. Les clapotis d'eau se firent plus lointain, les créatures avaient cessé de les poursuivre. A son grand soulagement, il finit par atteindre une bande de terre plus ferme. Il en profita pour faire une halte et voir où en était sa coéquipière. Elle le suivait de près, dépourvu d'armure, elle éprouvait moins de difficultés à se mouvoir dans ce marrais.

"Ma dame, j'aperçois les bucherons, ils sont quelques mètres plus en avant. Nous sommes sortis de la zone marécageuse. Nous pourrons avancer plus rapidement dès à présent. "

Sarakh se tourna vers Will, ils savaient ce qu'ils devaient savoir, cela suffisait amplement.

"Je pense que nous devrions retrouver nos deux compagnons et aller rechercher l'enfant si il est encore en vie"

Ce qui était loin d'être sur.

Will se contenta d'acquiescer. Laissons penser à l'idiot qu'il est le seul à avoir eu la bonne idée, il n'en sera que malléable. C'était l'un de ses dictions favoris. Et il avait déjà fait ses preuves.

"Après vous", la voix chargée de respect servile.

Groupe d'Althéa et Ugo

Les deux compères si bien désassortis se mirent aussitôt en route sur les traces de leurs prédécesseurs. Il était difficile au chevalier de se déplacer rapidement dans les hauts-fonds qui formaient le chemin principal. Son armure était loin d'être un avantage dans cet environnement humide et fangeux mais elle se révèlerait probablement utile très rapidement, à condition qu'elle ne rouille pas, étant donné les bruits incessants et les mouvements que perçurent les Will et Sarakh à la périphérie de leur vision. Qu'ils détournent la tête dans la direction suspecte et le silence se faisait à nouveau lourd, pesant de mille menaces intangibles. Au bout de longues reptations qui les éloignaient lentement du village, les bruits se firent plus insistants, plus proches. Soudain, sans prévenir, trois monstres à l'aspect gravide firent irruption en se dandinant pour leur couper la route. Les deux hommes reconnurent immédiatement en eux les monstres contre lesquels les avaient mis en garde les chasseurs.

Groupe d'Ailyn et Elanor

La voie était dégagée pour le nain et sa compagne mage. La traversée avait mis à mal leur aspect mais les bûcherons ne leur en tiendraient certainement pas rigueur. Se faufiler, seuls, jusqu'à leur camp était en soi une marque éloquente de bravoure ou d'inconscience. Alors qu'un premier nain relevait la tête à leur approche, tous les bûcherons cessèrent aussitôt leur travail pour détailler les nouveaux venus. Apparemment, ils gratifiaient les deux membres du couple avec la même curiosité. L'un d'eux, que rien ne distinguait des autres - hormis une barbe du roux le plus vif - s'avança vers eux en s'exclamant avec franchise :

- Ben si on s'attendait à de la visite. Vous avez fait fausse route, pour sûr. Le bois se négocie au village, vous auriez pu vous économiser le voyage !

Etant donné les milieux troubles dans lesquels Sarakh évoluait, duperie, supercherie et faux-semblants étaient des compagnons de tous les jours. Pour en être arrivé à sa position actuelle il avait du apprendre à maitriser l'art du mensonge et de ce fait était capable de déceler la plupart du temps quand on lui mentait. Art que le paladin ne maitrisait pas, ce n'était pas tout de faire croire à son vis-à-vis qu'il vous inspirait le respect si votre regard disait le contraire. Or, tout dans l'attitude de Will montrait son dédain pour Sarakh, dédain qu'il affichait ouvertement pour tout ceux qui n'était pas de son ordre.
Il se garda néanmoins de relever l'insulte, autant il s'estimait parfaitement capable de terrasser ce matamore trop sûr de lui d'un coup de dague bien placé, autant il était conscient que tant qu'ils ne seraient pas sortis de ce cauchemar ce ne serait pas une bonne option. Même si par son attitude générale le paladin risquait à un moment ou un autre creuser leurs tombes à tout les quatre si il n'apprenait pas à mettre un peu d'eau dans son vin.
Tout à ses pensées, ils avaient tout les deux progressé en direction du camp des bucherons quand ils se retrouvèrent face à trois créatures dont le but n'était certainement pas de disputer une partie de belotte, il y avait un joueur de trop de toute façon.

Maelwenn était assez éprouvée par sa course dans les marais et apercevoir enfin les bûcherons provoqua chez elle une onde de satisfaction à laquelle elle ne s'attendait pas. Les paroles de Bombur confirmant leur arrivée la réchauffèrent plus que de normal et toute la situation lui paru alors encore plus étrange. Elle perdait le contrôle, elle ne choisissait plus, elle avait compris que pour réussir dans cette étrange aventure dans laquelle elle était embarquée, elle allait avoir besoin des autres, y compris de la viande en boîte que constituait Will.

Les bûcherons lui parurent aussi insipides que les villageois, mais la peur qu'elle venait de ressentir ajouter une certaine chaleur à son peu de sentiments :

"Nous ne sommes pas ici pour le bois. En fait, nous chassons la Wyverne, pour ne rien vous cacher... Est ce que par hasard vous sauriez de quel côté on peut trouver leur repère ?"

Elle garda le silence quelques instants avant d'ajouter :

"On interviendra quand on aura retrouvé nos deux compagnons, nous ne sommes pas complètement fous."

Elle buta sur le mot "compagnon" car elle pensa un peu trop fort à Will, mais ce n'était pas très grave, personne n'avait rien remarqué.

Bombur fut content de tomber sur des frères nains, au moins il pourrait les aborder avec plus d'aisance. Avant que les premiers mots eurent le temps de sortir de sa bouche, la magicienne prit la parole. L'arrivée au campement semblait l'avoir ragaillardie, c'est d'un ton jovial qu'elle aborda les bucherons. Elle se risqua même à faire des plaisanteries sur le but de leur présence en ces lieux. Il avait bien fait de la prendre comme équipière, il était en bien meilleur compagnie que Sarakh, affublé de Will. Avant que le nain à la barbe rousse réponde, il prit le temps de les saluer.

" Je me nomme Bombur. Comme vous l'a dit ma coéquipière, avec deux autres compagnons nous cherchons un nid de Wyverne, elles ont enlevé un des enfants du village. Toutes choses que vous auriez pu remarquer nous serez utile. Nous espérons pouvoir ramener le petit en vie à sa pauvre mère."

Sarakh jura intérieurement, on lui avait vraiment assigné le pire imbécile qu'il ait jamis connu de sa vie. On lui dirait de ne pas s'approcher d'un volcan qu'il serait encore capable de plonger tête première dans le magma de lave. Il lui rappelait vraiment Sprotch, surnom donné à un paladin connu dans ses premières années d'aventures. Lui et Sarakh faisait partie d'un groupe d'aventuriers qui explorait un complexe de cavernes quand ils tombèrent sur un immense dragon endormi sur son trésor. Malgré l'appât du gain personne n'avait voulu prendre le risque de réveiller le monstre excepté le paladin qui s'était rué sur le monstre en clamant sa foi, lequel s'était contenté d'entrouvir un oeil, de lever une patte, et de se rendormir après le "Sprotch qui s'ensuivit". Inutile de dire que la leçon avait été suffisante pour les survivants.

Will était manifestement du même moule et l'homme des ombres luttait furieusement contre l'envie de laisser le preux se débrouiller avec les sacs d'acide. Il dégaina malgré tout son arme et s'avança pour assister Will, bien qu'il ne voyait pas comment.

Groupe d’Althéa et Ugo

La lame du chevalier s’enfonça presque sans rencontrer de résistance. Mais, alors qu’il la retirait aussi promptement pour attaquer le second adversaire, la tête de la créature gonfla subitement à une vitesse folle avant d’exploser dans une gerbe verte d’acide. Les deux autres créatures furent touchées par le liquide visqueux et en furent visiblement affectées mais ce fut aussi le cas de Will qui sentit la peau de son visage s’irriter comme si on l’avait brûlée. Un instant aveugle, il se reprit bien vite mais non sana garder quelque séquelle douloureuse de son expérience. Sarakh qui s'était plus prudemment tenu en retrait fut, quant à lui, à peine éclaboussé mais même cela lui cuisit douloureusement.

Groupe d’Elanor et Ailyn

Le nain roux fit les gros yeux en entendant l’affirmation de la magicienne. Il mit plusieurs secondes à trouver de quoi répondre ce qui laissa largement le temps à son comparse d’intervenir à son tour. Jugeant que les aventuriers ne cherchaient pas à le faire marcher, il avança d’une voix grave :

- Pour sûr que ça nous débarrasserait d’une sacrée épine dans le pied ! Mais il y a au moins cinq Wyvernes, sans compter la grande, leur chef, un vrai monstre celle-là ! Vous êtes bien certains de votre coup ? Vous m’avez l’air bien sympathique et ça me peinerait de vous envoyer à la mort. Bien plus que cet ensorceleur qui est passé hier en tous cas. Après tout, c’est leur métier, ils le répètent assez.