[Quête] Le manoir Bouliakov

[Mornagest]

Le garde jura à nouveau et porta la main à son visage pour tenter de se débarrasser de la vermine. Il faillit lâcher son épée sous la surprise : il ne s'attendait guère à ce que ce gros rat puisse lui sauter dessus aussi haut ! Sa main libre tentait d'attraper Rowan par une patte ou la queue, mais n'y parvenait pas. Il recula, trébucha sur un couvercle défait et roula en arrière, le rat toujours sur lui. Ce dernier parvint à rester en place, mais ne put l'attaquer sérieusement durant la chute.

hrp : je considère que tu restes sous la forme de rat durant ce passage, mais libre à toi de te changer dès que tu le souhaites

[Rowan Blackwood]

Rowan profita que le garde se retrouve les quatre fers en l'air pour se mettre hors d'atteinte et reprendre forme humaine, c'était un avantage indéniable que ce processus de transformation ne prenne qu'une fraction de seconde. Le temps que l'homme comprenne ce qui venait de se passer, la lycanthrope se jetait déjà sur lui, une main sur sa bouche pour l'empêcher de donner l'alerte pendant que sa dague fonçait sur son coeur.

[Mornagest]

Un tressaillement, un dernier réflexe, et l'homme gisait mort à terre, à moitié soutenu par Rowan qui lui tenait toujours la bouche. Plus de peur que de mal, finalement. L'effet de surprise avait été payant, et elle avait pu tourner en avantage une situation qui semblait mal engagée de prime abord.

Se redressant, la jeune femme constata que la pièce était pratiquement entièrement remplie de caisses diverses. Avec sans doute des objets de valeur à l'intérieur...

Une seule porte était présente, qui donnait vers un genre de vestibule dans lequel était entreposé du matériel d'intendance. Le hall d'entrée n'était probablement pas loin.

[Rowan Blackwood]

La lycanthrope prit quelques secondes pour utiliser ses sens pour déterminer si il y avait la présence d'un autre être vivant dans les environs immédiats. Rassurée, Rowan entreprit de placer le corps du garde dans la caisse où elle même avait été mise pour entrer. Cette opération ne fut pas aisée, l'homme pesait presque le double de la jeune femme et elle dut le tirer jusque là en ahanant sous l'effort, ensuite le mettre dans la caisse ne fut pas plus facile car l'homme entrait tout juste dedans et malgré tous ces efforts elle ne put empêcher le couvercle de rester entrouvert. Elle jugula le problème en jetant une couverture par dessus. Appréciant son travail d'un regard critique, elle vérifia qu'il n'y avait pas de traces de sang au sol et alla explorer le manoir en se coulant dans les ombres.

[Mornagest]

Comme elle l'avait soupçonné, le vestibule attenant à la pièce était bien vide d'occupant. Du matériel plus ou moins inintéressant était entreposé, et la salle était assez surchargée. Rowan se demanda pourquoi ils faisaient transiter des caisses aussi énormes par cette pièce où manœuvrer devait être bien malaisé.

Ensuite, la porte du vestibule donnait bien sur le hall d'entrée du manoir. Celui-ci était également désert. Richement décoré, il comportait une double volée d'escaliers menant au palier de l'étage, tandis qu'un couloir menait vers ce qui ressemblait de loin à un salon, dans lequel il y avait de la lumière, et d'où des voix semblaient provenir.

Les murs étaient ornés de plusieurs peintures dont l'aspect était quelque peu effrayant, mais Rowan supposa que ces tableaux devaient valoir une fortune.

En face, une autre porte était close pour l'instant.

[Rowan Blackwood]

Sous sa forme humaine, Rowan était trop repérable si quelqu'un l'apercevait. Le manoir devait bien comporter du personnel domestique mais il y avait de fortes chances pour qu'elle ne puisse pas passer pour une nouvelle arrivée plus de deux secondes, trois si elle tombait sur l'ahuri de service. L'absence du garde qu'elle avait éliminé se verrait à un moment ou à un autre mais le temps que des recherches sérieuses ne soient entamées, elle aurait eu le temps de remplir sa mission. Mais si elle commençait à tuer tout ceux qu'elle rencontrait cela déclencherait l'alerte à coup sûr. La discrétion étant finalement sa seule arme, elle reprit sa forme animale, beaucoup plus discrète et se dirigea en direction des voix s'approchant suffisamment pour entendre ce que l'on disait.

[Mornagest]

D'après les différentes voix qu'elle entendait, Rowan déduisit qu'il y avait au moins quatre personnes dans le salon. Elle ne pouvait en voir qu'un bref aperçu au travers de la vitre dépolie de la porte menant vers la pièce, mais elle distingua une silhouette non loin de celle-ci. La conversation était orientée vers les affaires commerciales du quartier ; plusieurs marchands renommés furent moqués ou portés aux nues, selon leur sens des affaires ou leurs mœurs recommandables ou non.

Rowan remarqua également qu'il y avait une voix féminine sur les quatre qu'elle entendait.

Soudain, derrière elle, elle entendit des bruits de pas se dirigeant vers elle. Un domestique qui venait apporter des rafraîchissements, sans doute...

[Rowan Blackwood]

Rowan chercha après un endroit où se cacher le temps que le serviteur passe, une tapisserie au mur, une armure sur un piédestal ou un autre meuble qui lui permettrait de se dissimuler aux regards. Tout en furetant pour se trouver une cache, elle réalisa soudainement qu'elle ne savait pas à quoi ressemblait Bouliakov. Pas bon, elle se voyait mal tirer sa cible à la courte paille.

[Mornagest]

Plusieurs possibilités de cachette s'offraient à Rowan. Un meuble bas était situé non loin d'elle, et elle pourrait facilement se fourrer en-dessous. Elle vit également un gros vase posé au sol, et elle n'avait qu'à grimper et se laisser tomber dedans. Ou alors, elle se cachait dans un coin d'ombre, juste à côté de la porte. Après tout, la discrétion, c'était sa spécialité...

[Rowan Blackwood]

Rowan fonça à tout berzingue vers le meuble bas, de toute la vitesse dont ses petites pattes étaient capables. Elle n'eut aucun mal à s'y placer, heureuse que sa minceur naturelle lui facilite la tâche. Avoir vécu comme une spartiate depuis sa plus tendre enfance lui servait finalement de manières parfois très différentes, ce dont elle ne se plaignait pas.

[Mornagest]

Le domestique passa quelques instants plus tard devant le meuble sans remarquer quoi que ce soit d'anormal. Il frappa à la porte du salon, attendit une ou deux secondes, puis entra sans mot dire, laissant ensuite la porte entrouverte. Les conversations se poursuivaient, et Rowan pouvait pour l'instant les entendre de façon bien plus claire. Deux personnes discutaient, les deux autres écoutaient sans doute. Il était question de transfert d'argent d'un marchand qui travaillait pour Bouliakov, apparemment.

[Rowan Blackwood]

La lycanthrope réfléchissait à la meilleure conduite à tenir pour le moment, soit elle s'avançait pour tenter d'apercevoir les personnes en réunion au risque de se faire également voir, soit elle attendait tranquillement où elle était et tous les sens aux aguets tentait d'en apprendre le plus possible sur les environs.
Si dans un premier temps elle fut tentée de choisir la seconde option, celle de la raison. Cependant au bout de trente minutes, elle commença à trouver le temps long et se rendit compte que si elle restait là elle allait finir par s'assoupir, elle décida alors de partir en exploration tout en respectant toutes les règles de prudence.

[Mornagest]

Le domestique ressortit peu après, les mains vides. Il referma la porte derrière lui, et les conversations se firent à nouveau étouffées. Mais Rowan pouvait cependant entendre suffisamment clairement leur teneur, car aucun autre bruit n'était audible à cet endroit de la maison. Les sujets restaient désespérément banaux, entre le commerce, la politique et un soupçon de religion... rien qui ne sortait de l'ordinaire, ou qui laissait supposer que Bouliakov était mêlé à quelque affaire illicite, en tous les cas.

Rowan se promena un moment au rez-de-chaussée, sans rien trouver de particulièrement excitant. Elle trouva ce qui semblait être la porte de la cuisine, derrière laquelle résonnait un bruit de vaisselle qu'on entrechoquait, ainsi qu'une conversation totalement incompréhensible à cause du vacarme susmentionné.

Le reste du niveau ne comportait que des pièces sans intérêt. Une bibliothèque décorée avec mauvais goût, une salle à manger vide où les restes du repas avaient déjà été débarrassés, et c'était tout.

L'heure s'avançait, et la nuit allait bientôt arriver. Les convives n'allaient peut-être plus tarder à aller se coucher...

[Rowan Blackwood]

Il y allait avoir une recrudescence de circulation dans les pièces dans l'heure suivante, Rowan décida de retourner se cacher dans le débarras où les caisses avaient été stockées. Même si sa cachette précédente était discrète, la première pièce possédait de meilleurs endroits où un rat pouvait se dissimuler en toute discrétion le temps que le calme revienne.

[Mornagest]

Le calme régnait dans le débarras, et elle pouvait entendre les bruits de la maison, au loin, étouffés. Un peu de vaisselle, un faible brouhaha depuis le salon, et c'était à peu près tout. Puis, soudain, les conversations se firent plus nettes. La porte du salon venait d'être rouverte, et les convives continuaient à parler dans le couloir, puis montaient dans les escaliers. L'heure s'avançait, et chacun allait regagner ses appartements sous peu. Rowan estimait qu'il était près de dix heures du soir, sans en avoir la certitude.

Bientôt, le silence fut pratiquement opaque.

[Rowan Blackwood]

Rowan jugea que le moment de quitter sa cachette pour accomplir sa mission était arrivé. Elle patienta encore une demi-heure par sécurité, un besoin pressant ou une fringale de dernière minute pouvait toujours se produire mais personne ne manifesta une telle envie. Tous ses sens de rongeurs en alerte, elle sortit le museau et se mit à le tourner dans toutes les directions à la recherche d'odeurs suspectes tout en étant à l'écoute des sons environnants. N'ayant rien repéré de suspect elle quitta sa cachette et se dirigea prudemment en direction de l'escalier menant aux étages supérieurs, elle gardait sa forme animale pour le moment mais se tenait prête à se métamorphoser si le besoin s'en faisait sentir. L'obscurité régnait maintenant mais sa vision nocturne l'aidait à se diriger sans trop de mal.

[Mornagest]

Elle n'entendait que le bruit de sa propre respiration. La maison était endormie, et même les domestiques avaient depuis longtemps regagné leurs quartiers. Rowan arriva à l'étage et découvrit un palier recouvert d'un parquet d'une facture raffinée, en chêne clair. Le palier formait un couloir qui menait à diverses portes, toutes closes. L'une d'entre elles devait être la chambre à coucher de sa cible. Les autres... ses invités. Et une salle de bains, probablement. Elle la trouva, sa porte étant légèrement entrouverte, laissant voir une baignoire-sabot des plus luxueuses.

Elle avait donc le choix entre trois portes : face à elle, à gauche et à droite.

[Rowan Blackwood]

Bouliakov semblait être célibataire, donc en toute logique Rowan devait définir quelle chambre n'était occupée que par une personne. Elle endossa sa forme hybride, qui était à son avis la plus commode pour l'instant. Si quelqu'un devait la voir elle ferait sensation, on ne voyait pas des rats de forme humaine tous les jours.
Elle s'approcha de la première porte et colla son oreille dessus pour écouter les sons, et tenter de déterminer le nombre de respirations. Son but était de faire pareil avec chaque porte et de prendre une décision après.

[Mornagest]

L'ouïe surdéveloppée du rat-garou lui permit d'arriver à cette triste conclusion : derrière deux des portes, on n'entendait qu'une respiration dans la chambre. La troisième, celle de gauche, était envahie par le vacarme d'un ronflement sourd, et d'un autre plus léger. Restaient donc les deux autres portes.

Rowan put également déduire que les occupants des deux chambres dormaient, à en juger par la régularité et la lenteur de leur respiration. Difficile d'en être absolument certaine, cependant.

hrp : j'ai mis beaucoup de temps à répondre, désolé... j'espère pouvoir suivre plus rapidement désormais

[Rowan Blackwood]

Rowan ne pouvait plus reculer, le moment d'accomplir sa mission était venu. La solution de facilité aurait été de pénétrer dans les deux chambres et de trancher proprement la gorge de leur occupant respectif dans leur sommeil. Un des deux étant Bouliakov la mission serait de toute façon réussie, mais il n'est pas dit que le petit extra serait apprécié par ses commanditaires.
Elle allait devoir rentrer dans chacune des deux chambres pour vérifier l'identité du dormeur, tout en ignorant à quoi ressemblait Bouliakov. Plus sa mission avançait et plus elle avait l'impression d'avoir agi avec amateurisme.
Elle alla d'abord dans la chambre d'en face, en toute logique il était normal de penser que le propriétaire des lieux occupe la chambre centrale, mis sa main sur le penne qui joua sans bruit et ouvrit la porte, qui n'était pas fermée à clef. La porte s'ouvrit sans un seul grincement (le personnel entretenait soigneusement les lieux semblait-il) et rowan pénétra dans une chambre richement meublée. Le lit au centre de la pièce était effectivement occupé par une seule personne comme elle l'avait deviné de prime abord, elle dut faire quelque pas pour observer les traits de l'occupant de la chambre. Pour ce qu'elle pouvait en juger, il s'agissait d'un homme dans la force de l'âge et plutôt bien bâti.
Estimant son analyse préliminaire terminée, elle revint précautionneusement sur ses pas et ressortit de la chambre comme elle était entrée, en s'étant assurée que la voie était libre. Elle se dirigea ensuite à pas de loup vers la seconde chambre qui s'ouvrit également sans problème, malheureusement la personne dans le lit lui tournait le dos l'obligeant à le contourner pour l'observer de plus près

[Mornagest]

L'homme dans le lit ronflait très légèrement. Il devait avoir une petite quarantaine d'années, et avait le visage paisible. Sa chambre était très personnalisée, avec beaucoup de bibelots d'une certaine valeur, et plusieurs peintures de maître aux murs. La garde-robe était entrouverte, laissant voir une quantité importante de vêtements plutôt chers. C'était le seul point dans la chambre qui n'était pas parfaitement en ordre ; tout le reste était strictement ordonné et rangé avec soin.

Un petit bureau était occupé par une pile de documents.

La fenêtre donnait sur le jardin, vers l'arrière. Plusieurs arbres étaient visibles. Le calme régnait.

[Rowan Blackwood]

Ce qu'elle avait sous les yeux semblait indiquer qu'elle se trouvait dans la chambre du propriétaire des lieux, à moins que Bouliakov ait des invités qui ne soient pas du genre à voyager léger. S'avançant à pas de loups, Rowan s'approcha du lit veillant à ne pas faire grincer de planches susceptibles de provoquer le réveil de sa cible ou à déclencher des pièges ou des alarmes magiques. Dans cette ville, se protéger par tous les moyens imaginables devait être chose courante et la jeune femme ne voyait pas pourquoi Bouliakov ferait autrement.

Rien ne se passa, ni piège, ni alarme, ni planche capricieuse, elle sortit lentement sa dague du fourreau qui glissa sans un bruit. La tenant fermement elle approcha la pointe de la gorge du dormeur, inconscient de la mort qui s'approchait. Elle prit le temps d'observer sa victime, se demandant ce que un homme à l'air aussi paisible avait pu faire pour qu'un assassin se penche un jour au-dessus de son lit. Ca lui rappella un de ses bourreaux à Montéloy, un jeune voleur à peine entré dans le monde adulte qui s'excusait à chaque va et vient dans ses entrailles, mais qui pourtant ne s'arrêtait pas pour autant. La noirceur humaine peut se dissimuler même derrière le masque le plus affable. Les mâchoires crispées, elle lui plaqua une main sur la bouche et le nez pour étouffer ses cris pendant que sa lame tranchait la gorge de Bouliakov en émettant un doux chuintement.

L'homme s'agita durant quelques instants avant que ses gestes ne ramolissent et finissent par cesser tout à fait, signe que la mort venait de prendre son du. Tendant l'oreille, Rowan écouta le silence ambiant à la recherche d'un signe qui indiquait que l'exécution n'était pas passée inaperçue mais rien ne s'entendait. Laissant le corps tel qu'il était baignant dans son sang, Rowan quitta la chambre et avec d'infinies précautions retourna à sa cachette précédente sous forme de rat. Elle comptait attendre le matin que le corps soit découvert pour être sure d'avoir tué le bon.

[Mornagest]

Le sang s'écoulait, maculait les draps et l'oreiller de la victime, et le temps suivait le même chemin, traînant, laissant patienter Rowan un long moment avant que les premières lueurs de l'aube ne vinrent se montrer timidement à l'horizon. La maisonnée était calme, mais l'assassine pouvait entendre quelques bruits, signes que les domestiques commençaient à s'activer pour dresser la table du déjeuner, préparer le repas, et bientôt... aller réveiller les occupants de la maison.

Rowan ouvrit définitivement les paupières lorsque les premiers hurlements résonnèrent dans le manoir. Une agitation beaucoup plus désordonnée régnait maintenant, tandis que les survivants cherchaient à comprendre ce qui avait bien pu se passer. Mais personne ne paraissait s'intéresser à la réserve, et l'assassine était trop loin pour entendre la teneur des immanquables conversations qui devaient envahir l'espace sonore.

[Rowan Blackwood]

- HRP: Rowan était retournée sous le meuble bas, mais pas grave, je vais broder

Cette situation irritait Rowan, elle devait savoir absolument et ce n'est pas en restant dans le débarras que cela allait se faire. Elle devait impérativement se rapprocher et le meuble bas où elle s'était cachée la veille semblait être la bonne solution. Heureusement pour elle, tout le monde était occupé au premier étage et cela lui laissait le champ libre. Prenant son inspiration, elle s'élança.

[Mornagest]

hrp : argh, par "cachette précédente", j'ai compris le débarras... désolé

L'agitation était palpable dans la demeure. Tout le monde semblait se trouver à l'étage, si bien que Rowan put se faufiler sans crainte jusqu'au meuble qui l'avait abritée la veille au soir. Elle entendait les domestiques pleurer, probablement car ils étaient mis en cause directement dans cet assassinat ; qui d'autre aurait pu le commettre ?

D'après ce qu'elle comprit, les gardes mélandiens étaient déjà présents et examinaient le corps. Les invités étaient choqués, et de temps à autre, la femme présente poussait un cri se rapprochant de l'hystérie.

Pour l'heure, personne ne semblait songer à fouiller la maison. Cela ne tarderait peut-être guère...

[Rowan Blackwood]

La lycanthrope se permit un froid sourire, même si sur une face de rat un sourire était difficile à discerner, satisfaite du devoir accompli. Rowan devait maintenant sortir du manoir sans se faire voir. Soit elle profitait de sa forme de rat pour sortir discrètement par la première ouverture connue, ou alors profiter de la confusion présente pour sortir par la porte principale comme si de rien n'était, peut-être en trouvant d'autres vêtements .

[Mornagest]

Les quartiers des domestiques se trouvaient quelque part au rez-de-chaussée. Elle pourrait y trouver de quoi se changer, car les concernés devaient tous être interrogés à l'étage, à en juger par le remue-ménage audible. Restait à les trouver, ces quartiers... à l'étage, inutile d'y penser : tout Melandis semblait s'y être donné rendez-vous, elle ne pourrait pas envisager y subtiliser des habits.

Évidemment, elle pouvait tout aussi bien faire le tour des pièces pour trouver une fenêtre entrouverte, sans avoir la certitude qu'il en existât ; les gardes avaient probablement tout condamné pour empêcher quiconque d'entrer ou de sortir.

[Rowan Blackwood]

D'une manière ou d'une autre, les domestiques devaient bien évacuer les eaux usées du manoir et donc une connexion avec les égouts de Mélandis existait. Un plan commença à germer dans l'esprit de Rowan, elle profita que tout le monde était à l'étage pour chercher fébrilement après le puisard d'évacuation. En même temps, elle cherchait des vêtements de domestiques pour parfaire son plan.

[Mornagest]

En fouinant dans la cuisine, elle trouva un tablier et une tunique pour se protéger de la pluie. La panoplie n'était pas complète, mais elle lui suffirait pour être couverte sans paraître indécente. Les lieux étaient déserts. Rowan trouva rapidement le conduit d'évacuation, mais celui-ci était clos par un grillage fin, probablement destiné à empêcher les rats d'entrer... peut-être y avait-il un puisard au-dehors, mais les chiens rôdaient sans aucun doute dans le parc, avec le meurtre découvert...

[Rowan Blackwood]

Rowan mit le plan qui venait de germer dans son esprit en oeuvre, reprenant forme humaine elle agrippa le grillage et tira dessus de toutes ses forces. Le fin maillage céda rapidement, la lycanthrope prit alors sa forme hybride, s'arracha une touffe de poils qu'elle inséra entre quelques fils de fer qui restaient enchassés dans la pierre du conduit d'évacuation, reprit sa forme humaine et enfila les vêtements qu'elle avait trouvé. Elle empoigna sa dague, inspira profondément et s'infligea une profonde entaille au front. La blessure n'était pas grave mais saignait abondamment, Rowan étala un peu de sang sur son visage pour faire bonne mesure. Après quelques estafilades supplémentaires sur les avants-bras, elle cacha son arme sous ses vêtements, s'agenouilla près du trou et hurla le plus fort possible:

"Au secours"

Ennuyeusement classique mais terriblement efficace.