La Couronne de Cuivre

La CGT vous présente : le Coup De Gueule Syndical du Lundi Soir

Non non et non ! Nous on dit tous non !

Camarade ! On vous exploite ! On vous opprime ! On vous brime !
Les carcans de la morale des gens de biens poussent à l'auto-cencure !
Alors crions-le haut et fort !

Bouh ! C'est caca !

Pour ne citer qu'un exemple, je ne parlerai que de moi ! Mais plein d'autre pourrait parler ! Et parleront peut-être !
Voila depuis l'embarquement que nous nous échinons, plus ou moins directement, à avoir droit à notre dose de détails coquins !
Voila depuis l'embarquement que nous espérions voir un mj sortir de son masque de sadisme habituel pour nous offrir enfin une narration croustillante ! Toutes les conditions étaient réunies ! Un jeu de rôle en lieu clos à dominante masculine !
Et pourtant ! Et pourtant ! Alors même que, pour le plus grand bonheur de tous, Zaïu allait conclure, nous avons tous eu droit à quoi ?! Non mais à quoi ?! A "ben il se réveille le matin tout nu et il a mal à la tête"! Et ce n'est pas la première fois que ce type de narration des temps d'austérité les plus strictes sévissent ici ! Non ! Ceci n'est pas la brimade de Zaiu seul ! Nombre de joueur on lancé des appels du pieds au mj ! Citons Galariel et sa volonté de procréation ouvertement avoué avec Helmut ! Ou Helmet ! Ca change rien, ils sont jumeaux ! Citons Arthur dont ça aurait été que pure charité de le dépuceler séance tenante ! Citons Dorian ... Heu non pas lui... Il es trop bizarre.

Voila encore une provocation supplémentaire de la caste mj ! Celle-ci nous nargue ouvertement ! Elle ne fait même plus l'effort d'un second degré les plus clichés !

Tous ensemble !

Bouh Caca ! Bouh Caca !

On veut du c*fshfshsfhsfhsfhshfshfsh* [mise en place du brouillage canarplus]

Ouvrant lentement les yeux et essayant de s'assoir. Zaïu constata qu'il avait encore manqué la promesse que tout un chacun réitère en pareil circonstance : "j'arrête de boire". AU moins, il n'avait pas vomi partout. Ou alors on avait nettoyé... Mais cela voulait dire que quelqu'un était entré dans sa chambre ! D'ailleurs, la porte n'était pas de l'autre côté... Oh mon dieu ?! Serait-il passé une scène aux détails tellement illicites qu'ils ne peuvent figurer sur un forum tout public ? Mais avec qui du coup ? Bon déjà, c'est pas les frère H², sinon, il n'aurait pas pu s'assoir( ).
Zaïu devait donc avoir un recours à un stratagème ! S'approchant de la porte, il tendit l'oreille. Une fois assuré qu'il n'y avait aucun bruit, il l'ouvrit et toujours tout nu, chercha et entra dans sa chambre. Pour s'habiller. Mouhahahaha ! Mais quelle plan génial ! Du coup, la personne avec laquelle il avait passé la nuit serait obligé de venir le trouver pour lui rendre ses affaires ! Et aujourd'hui, il ne boirait pas !

Une fois vêtu, mais la tête toujours lancinante, Zaïu se dirigea vers le mess, après un détour par le pont, la cale et la vigie. Il arriva donc en retard pour le petit déjeuner, dépenaillé et décoiffé. Petit déjeuner qui provoqua exactement l'opposé d'une ouverture d'appétit mais auto-censurons ce genre de détails. Et puis après, ben après, il fallait remercier les gens pour sa nouvelle chemise de maille, mais il l'enfilerai à tête reposé, pour trouver tout seul le bon sens.

Et repos il n'y eut pas tellement puisqu'avant un débarquement, les esprits s'échauffent et l'impatience s'exacerbe. Toujours est-il que Zaïu eu le temps de cuvée et c'est ravivé par la perspective de pouvoir enfin remettre le pieds sur la terre ferme qu'il emboîta le pas à l'Amiral.

Arthur avait été très impressionné par le ballet des navires de guerre luméniens entrant dans le port de Graëlon. Levé tôt, après une nuit reposante, il se sentait plein d'énergie et de meilleure humeur que la veille. Humeur que la découverte d'un harnois flambant neuf avait encore améliorée, même s'il s'était senti absolument indigne d'un tel présent. Il n'avait cependant osé le verbaliser car, il le devinait, sa modestie finirait par apparaître comme un besoin constant d'être rassuré, et ce n'était pas ce qu'il voulait.
Et désormais, ils avaient débarqué. Le paladin s'était attendu à ressentir quelque chose de spécial, comme un courant, ou une onde, en débarquant sur Dorrandin, mais il ne perçut rien d'autre que le bienheureux retour à la terre ferme. La longue traversée avait failli émousser sa résolution, mais la grandeur de l'instant le conforta finalement dans le bien-fondé de sa présence parmi les autres Luméniens. Ils allaient aider Manost comme Manost les avait aidés autrefois, au moment où Nwalk régnait encore dans leur cité. Mieux, ils allaient défaire les troupes maléfiques de Melandis. Bientôt.

Dorian n' avait pas connu heureusement ou malheureusement les aventures trépidantes de son ami Zaïu avec les deux jumeaux ou la belle princesse. Il avait assisté à la totalité du récital de Dame Surya, sans toucher au moindre alcool et seule la fatigue avait fini par avoir raison de lui. Il était donc retourné dans sa cabine après avoir souhaité une bonne nuit aux autres convives...du moins à ceux qui étaient encore en état de comprendre quelque chose.

Il passa une nuit sans histoires et réparatrice puis au matin monta sur le pont après le petit-déjeuner et la toilette. Comme les autres Luméniens il assista à l' entrée grandiose de la flotte luménienne dans le port de Manost et conçut une certaine fierté patriotique devant cet exploit .

Lorsque l' amiral LonguesHunes descendit à terre, à la rencontre des autorités manostiennes représentant leurs nouveaux alliés, Dorian lui emboîta le pas, tout en prenant soin de rester quelques pas en arrière.

Silencieusement, le forgeron dit au revoir à la Vague Déferlante et jeta un regard à la Cité de Heaume : la véritable aventure commençait....

Accoudée au bastingage, Galariel prit le temps d'observer le port attentivement avant de d'emprunter la passerelle d'un pas alerte en suivant ses futurs compagnons de lutte. L'arrivée de la flotte luménienne avait drainé la majeure partie de la population de la cité portuaire qui se massait sur les quais. Dans le ciel les goélands et les mouettes s'interpellaient de leurs cris stridents, espérant que ces nouveaux-venus allaient amener de la pitance en plus pour leur vorace appétit. En revanche, l'air sentait abominablement la poiscaille, vivement l'intérieur des terres.

L’amiral Longuehune avait choisi de participer à la mise en scène en portant les vêtements son uniforme d’officier de marine surmonté de la broche le désignant comme un membre du Conseil luménien.

Outre la présence protectrice des troupes débarquées la veille, le conseiller était précédé d’Helmut et Helmet en armure complète. Deux autres membres de la garde rapprochée du conseil suivaient le conseiller : Miranda arborant une armure légère elfique ornementée du symbole de Lliira et Zaiu qui bénéficiait tant de l’honneur d’accompagner au plus près l’amiral que de quelques sourires discrets de la part de l’elfe mage et prêtresse.

Immédiatement derrière les quatre gardes et le conseiller, Arthur, Dorian, Galariel et Surya qui avaient vogué avec eux sur la Vague Déferlante étaient regroupés deux par deux, devant quelques officiers d’importance de la flotte dont notamment le capitaine Adelas qui avait mené l’escouade d’éclaireurs débarquée la veille. Pour l’heure, les autres officiers de l’armée supervisaient leurs troupes respectives sur les navires en attente du débarquement.

L’amiral Longuehune et sa petite troupe s’avancèrent jusqu’au bout des quais à la rencontre du conseiller Lothringen et de la délégation censée les y accueillir…

Ce débarquement... ça n'en finissait pas. Tandis que les navires luméniens organisaient un son et lumière à leur propre gloire, le semi-drow songeait à tout sauf à ce pour quoi il se trouvait là. Il pensait à la cérémonie tymorane à laquelle il allait devoir se rendre dans la matinée, à Mornagest et à leurs ébats de la veille – à leur prochain tête-à-tête, qui serait quand ? A Ravestha, qui aurait su trouver les mots qui ne lui venaient pas aux lèvres...

Lothringen avait toujours trouvé que pompe et decorum représentaient une prodigieuse perte de temps, et loué en lui-même la sobriété helmite, qui rendait les cérémonies officielles manostiennes aussi brèves et martiales que prodigieusement sophoriques. Il avait beau savoir qu'il fallait de la poudre aux yeux pour dissimuler le véritable visage de la guerre aux combattants, il n'aimait toujours pas ce mensonge. Aussi était-il d'humeur à écourter les mondanités autant que possible quand il aperçut l'amiral Longuehune et sa délégation qui venaient à sa rencontre.

De son côté, il se tenait sur les quais depuis déjà deux heures, accompagné de sa garde rapprochée qui était surtout celle du Grand Emissaire, la Garde Blanche, de Brus, du gouverneur de Graëlon, ainsi que de quelques dignitaires qui ne voulaient pas rater ça.

(Dhast, Mornagest, c'est à vous)

Droit, immobile et passablement ennuyé par tant de débauche de protocole aussi long que formel, Mornagest n'avait qu'une seule envie : arracher son armure, délaisser son arme et sauter à l'eau pour nager et enfin bouger un peu pour dérouiller ses muscles ankylosés par autant de paralysie forcée. Combien d'hommes y avait-il dans ces navires ? Ne pouvaient-ils pas débarquer un peu plus vite ? Il avait perdu l'habitude des défilés militaires, et n'y avait d'ailleurs jamais goûté. L'ordre et la discipline étaient importants, mais de là à imposer pareil calvaire, c'était presque criminel... Le plus difficile était d'étouffer les bâillements qui menaçaient de trahir son profond ennui. Il en avait presque mal à la mâchoire, et se demandait comment les autres s'y prenaient pour avoir l'air aussi impassible.

Au moins, son esprit avait du temps libre pour s'évader et repenser à leur entrevue de la veille. Comme ces délicieux moments lui paraissaient lointains... il avait hâte qu'ils se revissent, même s'il doutait que cela fût possible avant de longs jours. Les semaines à venir risquaient d'être très chargées, d'autant plus qu'il faudrait coordonner les mouvements de troupes avec les luméniens, et que l'ennemi mélandien semblait approcher dangereusement de leur position.

Que de bonnes nouvelles, en somme. Il se massa subrepticement les joues, douloureuses à force de serrer les dents pour s'empêcher de proférer un bâillement aussi long que le débarquement.

L’amiral s’avança d’un pas martial mais quelque peu chaloupé de par sa préférence pour le milieu marin. Dès qu’il eut repéré la délégation manostienne, il s’avança droit vers le conseiller, toujours entouré des éléments de sa garde et des aventuriers qui n’auraient, eux non plus, pas voulu manquer ce moment historique.

Des autres navires, les troupes à pied et les chevaux avaient commencé à débarquer, dans un souci de ne pas retarder la rotation des navires. Le terrain où tous devaient se regrouper avait été défini et transmis aux officiers en charge de la manœuvre sur chaque navire. Malgré le chaos apparent, les troupes se formaient déjà en colonnes ordonnées au bout des quais. Dès que les premiers navires seraient déchargés de leurs occupants, il était prévu qu’elles se mettent en marche pour libérer la place pour leurs successeurs. Parmi les premiers navires, Arthur et Surya reconnurent ceux sur lesquels ils avaient embarqué à l’origine.

A quelques pas de ces préparatifs, le moment solennel était arrivé : le conseiller était arrivé à portée de voix de son homologue et prit la parole le premier après une inclinaison du menton qui pouvait passer pour un acte de modestie :

- Mes hommages, conseiller. C’est un plaisir personnel de vous revoir de ce côté de la mer bien que les circonstances ne soient pas des plus réjouissantes. Je suis venu vous apporter le soutien de la Luménis et d’Hélonna qui n’ont pas oublié l’aide que vous nous aviez accordé lors de nos heures les plus sombres. Puissions-nous triompher à nouveau, ensemble. Manost et Luménis côte à côte à nouveau.

Venant à son tour à la rencontre du conseiller, Lothringen s'inclina rapidement, avec une raideur qui signalait un passé militaire d'ailleurs pas si lointain.

« Je vous remercie de ces paroles, amiral ; je gage que le Grand Emissaire aurait apprécié de pouvoir se trouver à ma place aujourd'hui, lui qui avait tant pris à cœur d'apporter lui-même son secours durant la guerre civile. Aujourd'hui la mort brutale d'un dieu rendait cette guerre hasardeuse, et votre aide nous sera précieuse.»

Il reprit après quelques instants – le temps de laisser les uns et les autres suivre le mouvement.

« J'ai appris que votre voyage s'était déroulé sans incident grave ni caprice météorologique, mais je ne doute pas néanmoins que vous n'ayez besoin d'un peu de repos avant de reprendre la route. Nous avons pu prendre certaines dispositions avec les représentants de votre avant-garde. Un campement est en place, à quelques heures d'ici, non loin du nôtre... »

Brus observait silencieusement la rencontre, le nez engoncé derrière le cuir des rabats du col de sa veste. Le vent soufflait à intervalle régulier sur le port de Graëlon. Cela faisait déjà un petit moment qu'ils patientaient, pour ne pas dire une éternité. Ils avaient assisté à l'approche savamment orchestrée des navires luméniens puis à leur débarquement et pendant ce temps Brus finissait tranquillement sa nuit, debout sur les quais, parmi la délégation manostienne. Finalement le contingent de l'amiral s'avança vers eux. Il y avait l'amiral, bien sûr, et puis tout une grappe hétéroclite d'individus que le voleur détailla tour à tour. Il n'avait pas la moindre idée de qui il s'agissait, sauf un grand type au teint un peu blâfard qui avait un air de déjà vu. Mais Brus reporta finalement son attention sur l'échange entre les deux conseillers, qui faisaient tour à tour preuve d'une amabilité très cordiale.

Ces échanges d’amabilité étaient le lot coutumier de ce genre de rencontres historiques et participaient en quelque sorte du protocole. Ils permettaient aussi de jauger de l’humeur des participants voire même parfois de marquer un avantage sur son interlocuteur. Mais ce n’était pas là un jeu auquel le conseiller luménien avait envie prendre part malgré son habileté en la matière. Il détectait en outre une certaine impatience chez ses alliés. Il se contenta donc de répondre en allant directement au but :

- C’est en effet le cas : à peine une petite escarmouche sans conséquence néfaste qui nous aura permis de nous dérouiller un peu, de débarrasser les mers de quelques forbans et de recruter un agent d’élite étranger pour nous assister dans cette guerre. On m’aura aussi rapporté que vos troupes ont fait bonne marche. Nul doute que ces quelques heures de repos nécessaires leur seront profitables. Cela permettra à nos chevaux de s’acclimater à votre sol mais je pense que nous avons tous hâte de nous mettre en route pour protéger votre peuple en chassant les larrons mélandiens de vos terres. Pendant que les troupes que nous avons amenées gagnent le campement que vous avez si obligeamment préparé à notre égard, que diriez-vous de discuter avec votre conseil des prochaines étapes ? Le conseiller Maelwedd ne devrait plus tarder à nous rejoindre et je remettrais la direction de nos troupes à ses bons soins quand elles seront bien alignées comme il aime… Le capitaine Adelas va montrer le chemin vers leurs quartiers à mes hommes de confiance si vous le voulez bien.

Un officier s’approcha des aventuriers luméniens pendant les échanges entre les conseillers pour les informer des dispositions qui avaient été prises pour eux : des tentes de deux places seraient mises à leur disposition pour leur permettre de passer la journée voire la nuit avec un confort minimum ou y déposer leurs affaires pour musarder plus librement dans le campement. Galariel la guerrière et Surya, la barde s’étaient vu attribuer une même tente. Pour tenir compte des conventions sociales probablement. Zaiu et Dorian en partagerait une autre, probablement parce que quelqu’un avait noté leur affinité naturelle, le premier imitant les supposées coutumes en termes de couchage du second. Les autres membres de la garde du conseil se répartissaient naturellement : Miranda avec Soupir, les frères jumeaux, inséparables, ensemble. Leo et le halfelin partageraient également une tente. Le tour d’Arthur tardait à venir et il aurait pu commencer à penser qu’on l’avait oublié quand son nom fut enfin abordé :

- Vous allez pouvoir retrouver votre monture. Elle vient de débarquer et je gage que vous serez heureux de vous assurer qu’elle a bien voyagé. Votre groupe présentant un nombre impair, nous avons du pourvoir différemment à votre logement. Une tente individuelle a été mise à votre disposition à côté de celle de la tente du conseiller et juste à côté de la mienne. Si vous le souhaitez toutefois, je peux faire en sorte de la déplacer : vous aimeriez peut-être rencontrer vos homologues manostiens plutôt que de côtoyer directement le général.

Surya, contrairement à certaines personnes présentes qui semblaient retenir des bâillements, ne perdait pas une miette de la cérémonie. Le décorum, le protocole, le défilé interminable... tout cela, si on savait le mettre en rime, donnerait les couplets les plus et solennels de la ballade qu'elle allait composer. Les yeux filant des navires aux diplomates, des marins aux soldats, elle s'efforçait de ne pas perdre une miette du spectacle.

Elle prenait également des notes pour le rapport qu'elle devait remettre aux ménestrels. Elle eut un bref instant de surprise en voyant que l'amiral conversait avec un drow. Un drow... qui semblait être un haut dignitaire manostien. Il avait une silhouette elfique et la peau un peu moins sombre que la sienne. Un demi-drow, plutôt. Cela lui rappelait vaguement quelque chose. Tendant l'oreille, elle sut qu'il était bien la personne que devaient rencontrer l'amiral puis le général, l'autre conseiller luménien.
Elle fronça un instant un sourcil, se concentrant pour tenter de se rappeler quelques bribes du rapport de ses prédécesseurs, qu'elle avait décidément lu trop vite. Elle entendit vaguement le semi-drow parler d'un grand émissaire... Oui, elle se souvenait. Les rapports mentionnaient bien un grand émissaire dirigeant la ville, un demi-elfe du nom de... Revassa? Ravessa ? Quelque chose comme cela. Il faudrait qu'elle relise ses notes. Et effectivement, elle avait lu quelque chose à propos d'un haut diplomate d'origine drow, mais elle n'avait pas retenu son nom. Comment se faisait-il que le grand émissaire ne soit pas là et que ce semi-drow le remplace? Tous semblaient trouver cela naturel. Le grand émissaire était-il... mort peut-être ? Décidément, il était plus que temps de mettre ces vieux rapports à jour.

Reportant son poids d'un pied sur l'autre -l'immobilité n'avait jamais été son fort-, elle se rapprocha imperceptiblement pour mieux entendre ce que ce disaient les hauts hommes d'état.
Elle prêta à peine attention aux paroles de l'officier. Elle dormirait avec Galariel, la guerrière au caractère bien trempé qu'elle avait un peu cotoyée. Soit. Mais cela attendrait la fin des mondanités... qui ne tarderait guère apparemment.

Le côté cérémoniel ennuya quelque peu Galariel, étant une femme d'action tout ce qui avait toujours tenu au protocole l'avait toujours barbée. Elle se battait mieux avec une épée en main, qu'avec les mots.
Enfin, les discours prirent fin et semble t-il on parlait d'elle, elle tendit l'oreille pour saisir les paroles dans l'air.

Dorian était resté silencieux pendant l' échange d' amabilité entre l' amiral LonguesHunes et le représentant des autorités
manostiennes. Toutefois lorsque l' échange prit fin, le guerrier-forgeron se détendit un peu. Finalement eux les Luméniens n' iraient pas directement au contact de l' ennemi. Mieux : Dorian partagerait la tente avec Zaïu ce qui réjouissait le bon vampire. Plutôt que de passer la nuit avec un parfait inconnu, Dorian préférait la compagnie du guerrier elfe aux remarques surprenantes qu' il avait appris à apprécier...

Il emportait peu d' affaires, toutes rangées dans son sac à dos, le voyage ne serait donc pas trop fatiguant pour lui.

Lothringen acquiesça aux propos de Longuehune. En réalité, cela faisait déjà depuis la veille que les troupes manostiennes campaient pour les attendre, aussi étaient-elles prêtes, archiprêtes à se remettre en route, et toute heure perdue pouvait peser lourd dans le destin d'Aghoralis. Mais il se garda bien de reprendre son interlocuteur ; il pouvait déjà s'estimer heureux que la flotte luménienne n'ait pas pris de retard, sur un aussi long trajet. Quant à l'idée d'une réunion d'état-major immédiate, nul doute qu'elle comblerait d'aise les généraux manostiens.

"Pour tout ce qui concerne les mouvements de troupe et la logistique, j'ai tendance à beaucoup me reposer sur nos généraux vétérans ; ils ont plus d'expérience que moi de la gestion des batailles. Nous pourrons mettre en place une réunion d'état-major à l'hôtel de ville, pour dans une heure ou plus tard à votre convenance. Avec la stratégie de scission adoptée par nos adversaires, il y aura de difficiles décisions à prendre, et elles ne souffriront pas de long délai."

L’amiral s’estima satisfait que le conseiller manostien manifeste autant d’impatience que lui à se mettre en marche : l’inaction était souvent la pire des décisions. Toutefois, avec la moitié des officiers encore en mer et le général Maelwedd encore à Luménis, il faudrait compter plus d’une heure pour que la délégation luménienne soit prête. Mais le délai pouvait être mis à profit :

- Je vais faire prévenir les différents responsables de notre armée et prévenir les mages que le conseiller Maelwedd peut nous rejoindre. Toutefois, nous avons convenu de ne pas rester ensemble ici, pour des raisons de sécurité et de bonne gestion de la cité. Il sera donc le seul à assister au conseil de guerre : moi-même étant plus porté sur les questions de navigation que lui. Nous pouvons néanmoins mettre à profit le temps qui sera nécessaire pour être prêts, deux heures encore je pense, avant la réunion : me serait-il possible de rencontrer certains de vos amiraux ou capitaines : la flotte de guerre luménienne jouera ainsi plus facilement son rôle dans la suite du conflit.

A première vue, la flotte de guerre luménienne était à mille lieux des endroits où elle aurait vraiment pu servir à quelque chose. Elle aurait éventuellement pu tenter d'attaquer Anarelis plutôt que d'en faire le blocus, afin de remonter la Houleuse jusqu'à Melandis ; elle aurait aussi pu naviguer aux environs d'Orlado ou de Vys pour renforcer le second front – ce que faisait, précisément, la fraction de la flotte manostienne qui avait quitté le cap du Vigilant. Mais ici, à Graëlon, devant des centaines et des centaines de lieux de côtes manostiennes, elle ne servirait absolument à rien d'autre que ce pour quoi elle était venue : le transport de troupes. Comptaient-ils pousser jusqu'à Archik ? L'utilité d'en tel blocus serait assez limitée... L'empire mélandien était continental, l'attaque mélandienne était faite d'infanterie et de cavalerie - et l'essentiel de la guerre se ferait à pied.

Baste, il n'était qu'un petit diplomate d'un tout petit empire, et peut-être allait-il apprendre que les Luméniens avaient deux fois autant de navires de guerre amarrés dans leur capitale qu'il pouvait en voir défiler ici depuis deux heures.

« La plupart de nos amiraux et capitaines ne sont pas à Graëlon, amiral... Une partie est à Manost, protégeant ses côtes et surveillant la terre ferme. Le reste d'entre eux est parti pour la péninsule de Paymill, où s'est ouvert un second front. Mais je vous mettrai en contact avec les capitaines chargés de la protection des côtes au nord de Graëlon ; ils sont plus au courant que moi des mouvements des navires alliés et ennemis. »

Non, en fait, à peine autant, mais Lothringen minimisait toujours son rôle. Vieille habitude.

Le coeur d'Arthur s'était empli d'allégresse à la mention de Filu, qu'il avait une envie débordante de revoir, peut-être même de chevaucher un moment, et qui promettait d'effacer toute bribe de mal du pays. Mais il avait déchanté la seconde suivante... Une tente à côté de celle du conseiller ?! Ils étaient complètement fous ou quoi ?! Comment une idée aussi... aussi... démente avait-elle pu leur passer par la tête ? Ils voulaient avoir un meurtre sur la conscience à peine débarqués ?
Il se reprit avant de pousser des hauts cris, cependant.
" En fait, heu... Les paladins sont des êtres grégaires, vous savez ça, sûrement ? J'aimerais autant... rencontrer mes homologues. Je suis certain que le général comprendra."
L'être le plus compréhensif du monde, en effet. Mais autant lui retirer une épine du pied. Il apprécierait à sa manière.

Alors que les conseillers poursuivaient leur conciliabule sur un ton bien moins formel que lors de leurs premiers échanges, les aventuriers furent invités à suivre la première des trois colonnes qui gagnerait la plaine ménagée à deux heures à pied de là. Ce premier débarquement, comme les autres ensuite probablement, comportait un contingent de chacune des troupes qui avaient été engagées dans le conflit : une unité d’une centaine de cavaliers légers formerait l’avant-garde, le gros du contingent, environ quatre cents hommes à pied, était composé de piquiers, porteurs de hache et arbalétriers Montagnards. Ce contingent comportait bon nombre de nains. Une centaine de prêtres, mages de guerre et autres chevaliers à pied suivait derrière, entouré d’autant de chevaliers montés cette fois. L’ensemble hétéroclite présentait fière allure et avança en bon ordre après quelques atermoiements : les chevaux notamment avaient à supporter le brusque changement suivant leur débarquement. Il y avait donc peu de chance qu’ils distancent les troupes à pied sur le court trajet jusqu’au campement provisoire.

Pendant qu’Arthur retrouvait sa monture, toute joyeuse de le retrouver en même temps que l’air libre et le sol stable, les gardes du conseil, à l’exception de Zaiu accompagnèrent le conseiller manostien et l’amiral Longuehune. Dans l’intervalle, ce dernier avait présenté à son homologue, les membres de l’état-major déjà débarqués : Céleste, une femme d’âge mûr aux cheveux gris et tressés strictement. La prêtresse au regard vert, sérieux, dirigerait le contingent dépêché par le sanctuaire de Lathandre. Une deuxième femme faisait partie du groupe : en armure lourde, bien plus jeune que sa collègue, le capitaine Vera Gellagen était une combattante expérimentée qui s’était hissée parmi la hiérarchie militaire jusqu’à prendre la tête des deux compagnies de cavalerie lourde de Luménis. Les Appariteurs, les mages de guerre de l’Université de la magie luménienne était représentés par Adelin Franchedigue, un humain presqu’aussi âgé que son homologue profane. Enfin, l’amiral présenta un nain à l’aspect fier du nom de Daïn Briseroche, un noble représentant des clans des Montagnes de fer qui prendrait la tête des troupes d’infanterie de son peuple. L’amiral signala en outre qu’un dernier officier composerait le conseil de guerre restreint mais qu’il avait pris la peine du premier groupe d’éclaireurs à cheval. Il s’agissait d’un autre cavalier, le lieutenant Cored VentCoureur.

HRP : je vous ai répondu dans un sujet personnalisé ici.

Brus fut dérangé dans ses observations par une main tapant avec insistance sur son épaule. Un bruissement d'étoffe discret et une jeune femme lui fit face. Brune aux cheveux courts, le visage anguleux, les paupières un peu tombantes sur des yeux souriants. Elle lui sourit avec amabilité.

"Vous êtes Brus, le Brus de la garde blanche ? J'espère que je ne me suis pas trompée."

Elle regarda autour d'elle.

"Blondinet qui ne sait pas se coiffer. Le seul de la garde qui a l'air de pouvoir passer une porte sans se mettre de biais. Faites-moi plaisir et dites moi que je ne me suis pas trompée."

Tandis que la discussion se poursuivait entre les deux conseillers, Brus s'était laissé absorbé par la contemplation du débarquement en cours. Tant d'ordre et d'efficacité forçait l'admiration, pour lui qui avait toujours vécu dans un environnement chaotique, c'était un sentiment nouveau et surprenant. Il avait aussi un regard pour la garde blanche, de nouveau au complet. Il était impossible de lire quoique ce soit sur leur visage, hormis peut-être sur celui de Hugues, dont les traits plus tirés semblaient trahir une certaine fatigue. En face, une partie du groupe se sépara du conseiller pour gagner son campement. Brus se demanda quand est-ce qu'ils en feraient de même, clôturant la parenthèse de Graëlon pour reprendre de nouveau le train de la guerre. Finalement il fut sorti de ses pensées par un léger tapotement sur son épaule. Il fit volte-face sur un sursaut, mais ce n'était qu'une fine silhouette qui s'adressait à lui par une description dont il n'aurait su dire de quel côté de l'éloge ou de la moquerie inclinait-elle le plus. Un peu embarrassé d'avoir été pris au dépourvu, ça devenait une habitude dérangeante, il se présenta :

"Euh, oui... Enfin d'la garde blanche pas exactement mais j'm'appelle bien Brus, pourquoi?"

En y prêtant plus attention, le visage avait quelque chose de familier, sans qu'il puisse dire exactement quoi. Peut-être n'était-ce qu'une impression de déjà vu.

"Ouf ... Parce que je dois vous remettre un pli. Je vous le dis tout de suite, il n'est pas de moi. Donc n'espérez pas. Dans quelques années peut-être mais pas dans l'immédiat."

Elle lui offrit un charmant sourire.

"L'expéditeur du pli est beaucoup plus masculin que moi, beaucoup plus barbu et beaucoup moins diplomate. Il se trouve que je travaille pour lui, vous voyez."

Elle lui tendit un parchemin froissé, d'une propreté douteuse et tâché de bave.

"Ah oui, si on vous le demande, il n'était pas dans cet état là. C'est que je l'ai confondu avec un bâton quand ce mignon petit chien a voulu jouer. Vous pourrez dire que vous vous êtes amusé avec. J'espère que vous pourrez le lire en entier. Sinon, je le connais par coeur."

Elle lança au gamin un regard entendu.

Pour une fois, la jeune femme avait un débit de parole assez proche du sien et Brus captait les informations qui survenaient à tout va. Il décida de passer discrètement sur le sous-entendu concernant son âge, toujours douteux et souvent trop difficile à interpréter... Le pli en revanche, et au-delà de la récente transformation qu'avait subie son apparence, attira nettement plus sa curiosité.

"C'est ça, j'me suis amusé avec... Allez-y alors, j'me demande bien c'que ça peut être, j'crois pas connaître de barbu..."

Brus avait en effet peu de connaissances à Manost même, et il peinait d'autant plus à déceler parmi elles un barbu, mais le contenu de la lettre en dirait sans doute davantage.

Avant de parler, la jeune femme fit signe à Brus de la suivre à l'écart avant de se lancer.

"Mon cher Brus. Je vous écris car depuis que je vous ai vu, je me languis de vous. Non, ce n'était pas ça. Passons ... Je vous fais porter ce pli par une personne de confiance. Donc moi ... Et compte sur votre discrétion pour ne pas ébruiter son contenu. C'est là que ça se corse. Certains de mes subalternes m'ont parlé du rôle particulier que vous exerciez dans l'escorte du conseiller Lothringen. Ils m'ont aussi dit que vous aimiez beaucoup vous cacher dans les Vierges de Fer. Non, c'est pas ça .. Ah oui ... De votre affiliation à la Vierge d'Argent et aux missions que vous y exerciez. Je fais appel à vous pour une mission spéciale dont vous découvrirez l'intitulé en vous rendant tout à l'heure au campement helmite. Luna - qui est belle et très gentille, très serviable et très efficace, tiens, c'est tout à fait moi - vous retrouvera là-bas. Alors, vous voulez bien ? Bon, sinon, il ne l'a pas précisé mais mon supérieur viendra vous chercher par la peau des ... Non, vous ne voulez pas le savoir. "

Brus suivait silencieusement, le papier désormais déplié entre ses mains, les lignes que lui récitait assez confusément la jeune femme. En effet, pour analphabète qu'il était, la récitation était à peine plus claire que la lecture qu'il pouvait en faire. Cela dit, le voleur pouvait déjà tirer quelques informations de celle-ci, sans pour autant l'amener jusqu'à des conclusions probantes, aussi bien sur le commanditaire que sur la nature de la mission. Avec l'encapuchonné sifflotant de Medann, ça commençait à faire du monde qui s'intéressait à ses affaires. Brus hocha simplement la tête à l'issue du monologue. La prévenance de ce barbu anonyme était au-delà de tout reproche, mais pour un peu, le jeune homme aurait presque attendu de voir ça pour en savoir plus sur le bonhomme. Ses yeux se portèrent de nouveau sur "Luna".

"Et j'imagine que vous n'allez pas m'dire qui c'est? Ça va que le rendez-vous c'est le camp'ment helmite et donc que normalement ça craint pas trop, mais les missions spéciales données par des gens qui se présentent pas, quand j'ai déjà un boulot, ça m'botte pas plus que ça, vous pouvez comprendre ça, m'dame Luna. Alors puisque vous avez l'air d'en savoir autant sur moi, une petite mise à niveau d'mon côté pourrait m'aider à faire le pas. Pour venir me chercher par la peau de je sais pas quoi avec les gars de la garde blanche autour, votre patron ferait mieux d'avoir le bras bien long..."

Luna regarda Brus durant quelques secondes avant de lui sourire. Elle avait des yeux noisettes d'une lueur espiègle, de celle qui rendait les gens fréquentables. Mais elle lui dit ...

"Bon, en fait, ils font tous ça. Au début, ils sont un peu dubitatifs. Ensuite ils réfléchissent. Du moins, ceux qui y arrivent. Tout ça pour dire que vous n'avez pas vraiment le choix. Bien sûr, il y a la garde blanche, tout ça. Vous pourrez toujours vous cacher derrière eux. Mais honnêtement, pensez-vous que je me déplacerais comme ça, en plein jour si j'avais pour mission de vous envoyer dans un coup tordu ? Bon, écoutez ... Je suis diplomate mais en ce moment, je n'ai pas beaucoup d'arguments. Si vous voulez bien vous rendre au lieu dit demain tout à l'heure, cela nous aiderait beaucoup tous les deux. En attendant, vous avez une heure pour réfléchir."

Et elle le planta là.

Le voleur la regarda s'éloigner comme elle était venue. Il était tout à fait perplexe. Entre les menaces et le détachement qui frisait l'indifférence, il ne savait que déduire du ton employé par l'inconnue. Et du reste, son coup de bluff avait tout à fait échoué. Il avait espéré obtenir ne serait-ce qu'un nom, quand bien même aurait-il été faux, mais il n'était pas plus avancé. Pourtant il savait déjà qu'il se rendrait au lieu-dit et à l'heure dite le lendemain, rien que par curiosité, comme toujours.

Brus se retourna vers les conseillers et leur entourage, personne ne semblait avoir prêté attention à leur échange, et pour cause, le groupe avait déjà atteint l'extrémité de la rue qui, des quais, remontait vers l'hôtel de ville. Le jeune homme jura, avant d'accélérer pour les rattraper. Luna lui avait laissé relativement peu de temps pour joindre le campement helmite. Quoi qu'il en fût, la première chose à faire restait à mettre le conseiller au parfum et malheureusement, c'était sans doute le moment de la journée où il serait le moins accessible, il ne pouvait quand même pas arrêter la délégation en pleine rue. Il était également bien en peine de lui laisser un mot. Finalement, la réponse lui vint d'elle-même, le mot était déjà rédigé, par le fameux commanditaire. Brus le tira de sa poche, restait à le faire passer discrètement au conseiller. C'était comme commettre un vol, mais à l'envers. Le problème étant que Lothringen était sans doute l'une des personnes les plus surveillées du continent. Finalement, le voleur opta pour une solution moins risquée : déposer le pli dans un endroit où il ne manquerait pas d'être trouvé, et ce lieu était tout désigné, la chambre à l'hôtel de ville.

Brus n'eut aucun mal à devancer la délégation, lui-même plus rapide et ayant désormais acquis une connaissance exceptionnelle des ruelles de la ville au cours des nombreux allers-retours qu'il avait déjà effectués. Les gardes le laissèrent passer comme à l'accoutumée, ce ne fut qu'une fois devant la porte de la chambre que son réflexe le trahit et que de là naquit un cruel dilemme qui tortura Brus pendant quelques bonnes minutes. Entrer ou ne pas entrer? Son premier réflexe avait en effet été de poser sa main sur la poignée, mais celle-ci, verrouillée, n'avait pas bougé. Cependant le mécanisme semblait loin d'être insurmontable, un léger tour d'horizon passerait inaperçu. Mais il était possible que la porte fût piégée, peut-être même magiquement, ou bien que la pièce ne contînt rien de particulier, puisqu'elle n'était pas non plus particulièrement gardée. Le voleur se mordit la lèvre, fléchit les genoux et fit passer le pli sous la porte, avant de prendre la poudre d'escampette, en direction des écuries. Il n'était déjà pas certain que le conseiller approuve ce départ inopiné, mieux valait ne pas en rajouter. Et puis ils se verraient dès le retour de ce dernier au campement helmite, soit dans peu de temps. Quelques minutes encore et Brus enfourchait Colère, à la suite de colonne luménienne, dont le sillage le mènerait jusqu'aux camps.

L’animation battait son plein sur les quais tandis que les caraques se relayaient sur les pontons pour déverser un flot constant de soldats, de chevaux et de matériels. L’amiral mit à profit ce temps pour rejoindre l’auberge où devait se tenir le conseil et s’entretenir avec les capitaines que put réunir le conseiller Lothringen dans l’intervalle. Après un entretien d’une heure qu’il ne voulait pas prolonger plus que de raison, l’amiral Longuehune s’enquit de l’avancement du débarquement : après l’arrivée du général Maelwedd, il faudrait diviser la flotte et qu’une partie de « ses » navires reprennent la mer comme il l’avait supposé. Une partie irait barrer la route à d’éventuels renforts au nord de Graëlon tandis que le gros des forces se repartirait entre Graëlon et Manost pour pallier tout besoin de transports de troupes ou de matériels et pour protéger les deux ports stratégiques de leurs alliés.

En moins de trois heures, le dernier navire acheva de débarquer ses troupes. L’armée commençait déjà à se réunir dans la plaine désignée par les éclaireurs manostiens mais l’état-major se tiendrait loin d’elle s’il avait bien saisi les intentions du conseiller Lothringen : cela ne plairait guère au général d’autant que ses principaux commandants y étaient conviés. Adelin Franchedigue en personne, dans sa tenue d’apparat de mage de guerre de l’Université vint l’avertir que le moment était venu :

- Le général est prêt pour le transfert, amiral. Vous souhaiterez certainement vous entretenir en privé à son arrivée avant que je ne vous fasse téléporter jusqu’à Luménis ?
- Oui, mais pas plus de quelques minutes : le conseil ne peut plus souffrir de délais. Et nous aurons l’occasion de poursuivre nos échanges grâce à vos bons soins je n’en doute pas. Procédez-donc !

Quelques secondes plus tard, le second conseiller faisait son apparition dans la salle mise à disposition pour la délégation luménienne. Il était revêtu de son armure comme de bien entendu et le mage à son côté s’écarta pour s’incliner tout à tour devant Longuehune et Franchedigue avant de quitter la pièce avec son supérieur. Les conseillers prirent le temps de se saluer à leur tour avec quelque réserve avant que l’amiral ne prenne la direction de la conversation :

- Un mot personnel avant tout, général. Cela concerne votre fils…

Après avoir laissé une journée de repos à leurs équipages et avoir réapprovisionné leurs cales en vivres frais, un tiers des caraques stationnées à Graëlon ou faisant mouillage dans la baie étaient prêtes à reprendre la mer au lendemain du débarquement.

L’amiral Longuehune avait en outre décidé d’accorder un jour supplémentaire aux équipages d'un second tiers avant de les envoyer au sud puis, par-delà le cap du Vigilant, en renfort de la flotte alliée dans la défense du Golfe de l’Oubli et les opérations de ravitaillement des troupes manostiennes engagées à l’est du continent. C’était diviser les forces, à nouveau, mais l’amiral avait ordonné une tactique prudente à ses capitaines et les missions se borneraient à fermer les principales voies de ravitaillement par mer. Pour le reste, Maelwedd devrait se débrouiller avec leurs troupes terrestres.

C’est donc au matin, en même temps que les troupes à pied prenaient le chemin du nord, que huit caraques sortirent du port sans grand espoir de discrétion pour tenter d'asséner un autre coup au commerce mélandien et interdire l’accès à la partie sud-ouest des côtes dorrandines à leurs navires de ravitaillement. Leur destination était le port maritime et fluvial d’Archik. Quelques Appariteurs accompagneraient la flottille pour prévenir une embuscade éventuelle par leurs pouvoir de divination et servir de soutien face aux mages adverses en cas de résistance organisée.

Quête : Pleurs à chaudes lames

Dès leur arrivée, le mage manostien, les deux blessés ainsi que Galariel et Surya furent pris en charge par un homme portant le symbole de Valkhur. Après avoir orienté les deux soldats, il se tourna vers les jeunes femmes :

- Où êtes-vous blessées, mesdemoiselles ?

La Couronne de Cuivre

Quête : Guerre des Plaines Brûlantes - les quais de Graëlon