La Couronne de Cuivre

Pour une fois qu'il avait de la chance, il n'allait pas la laisser passer !
" Il y a eu un... accident avec la porte de Dame Soupir. Je crains de l'avoir malencontreusement enfoncée. Enfin, la porte est toujours entière, mais les gonds et la serrure ont souffert... J'imagine que vous avez mieux à faire pour ce soir, mais si vous pouviez vous en occuper demain, ce serait vraiment formidable."

Arthur paraissait de bonne foi et inspirait tellement confiance que le charpentier n’eut même pas une seconde un soupçon concernant l’incident. Venant de quelqu’un de moins honorable, il aurait peut-être posé des questions pour déterminer si on ne lui demandait pas de camoufler un cambriolage, voire une intrusion. Heureusement, ces soupçons furent épargnés au paladin déjà considérablement éprouvé mentalement et l’homme se contenta de répondre d'un discours plutôt désordonné :

- Si cela peut attendre la fin du repas, je m’en occuperai dès ce soir : il ne s’agirait pas que je rate le soir du ragoût de lapin aux cèpes, non ? Et ne vous en faites pas, c’est plutôt calme côté réparation sur un navire flambant neuf comme la Vague Déferlante. Au fait, elle est où la chambre de cette Dame Soupir ?

Arthur se félicita de cette bonne nouvelle : il n'aurait même pas à changer ses draps ! Il indiqua donc précisément où se trouvait la cabine de Soupir, ne manquant pas de signaler au jeune homme que dans le doute, c'était la seule pièce dont la porte était reposée dans son cadre sans tenir le moins du monde. Puis il lui souhaita un excellent appétit. Il lui restait une ultime chose à accomplir avant d'essayer de regagner, le plus discrètement possible, la salle de réunion. Quoique, puisqu'il avait croisé Galariel dans les escaliers, cela signifiait sans doute que l'amiral en avait terminé avec eux. Dommage... Il allait sans doute se retrouver affecté à une de ces interventions bizarres dont Longuehune avait parlé quelques jours plus tôt, alors qu'il avait espéré charger normalement avec les troupes, comme tout paladin qui se respecte. Mais bon... On ne pouvait pas être au four et au moulin !
Bref, d'abord le gant. Il fila donc jusqu'à son propre repaire, récupéra l'insupportable machin et monta sur le pont, avec la ferme intention de balancer l'objet à la mer où, il l'espérait, il serait avalé par un requin gigantesque et renvoyé dans l'oubli.

Galariel eut vaguement l'impression que la jeune femme se moquait d'elle, non mais quel toupet! N'était-elle pas elle aussi dans les cales en cet instant? Ravalant la répartie acerbe qui lui venait aux lèvres, la guerrière se força à paraître aimable quand elle répondit:

- Comme nous allons débarquer dans peu de temps je ne voulais pas quitter le navire sans l avoir visité au moins une fois. Du tourisme des tréfonds en quelque sorte.

railla t-elle avec une pointe de sarcasme.

hrp: Kasu, je ne devrais pas revenir dans l'autre forum?

HRP : Ugo, tu peux en effet rejoindre le nouveau sujet en quittant Soupir.

Pour Ugo :
Si Soupir perçut la pointe de sarcasme, elle n’en montra rien ou fit preuve de davantage de subtilité en répondant d’un ton détaché :

- Il n’y a que les cellules et quelques réserves ici. : ce n’est pas l’endroit idéal pour faire du tourisme mais vous êtes libre de vous promener où bon vous semble, après tout. Vous viendrez à la fête de l’amiral, j’imagine ?

Pour Arthur :
Le gant prit la direction des flots mais le dieu protecteur des requins ou une quelconque malédiction en décida autrement. Une forte rafale cueillit le morceau de tissu juste avant qu’il n’atteigne la surface de l’océan. Le gant reprit brusquement son envol avant de passer au-dessus de la tête du paladin et, par un cruel caprice du destin, de se coincer entre une corde du gréement et une voile, hors d’atteinte du paladin.

Arthur le contempla une seconde puis haussa les épaules et redescendit vers la salle de réunion. Après, ainsi soit-il. C'était la guerre en Dorrandin et il allait risquer sa peau dans quelques jours à peine. Il n'avait franchement plus le temps de s'encombrer l'esprit avec des futilités. Si les dieux avaient décidé que le gant de Soupir servirait d'étendard à leur navire, et bien tant pis. Et si la demoiselle s'offusquait de ce qu'il en avait fait, et bien... qu'elle en tire les conclusions qu'elle voulait. Toute cette traversée n'avait été qu'une petite parenthèse avant le fracas et cette parenthèse prenait fin.
Il poussa donc la porte de la salle et rejoignit ceux de ses compagnons qui s'y trouvaient encore.

- Je vois, il n'y a en effet pas grand-chose qui vaille la peine de se promener la dessous. Autant remonter voir si l'air est plus sain ailleurs n'est ce pas?

Dit-elle en saluant nonchalamment Soupir de la main. A choisir elle préférait encore se détruire les neurones en compagnie de Zaiu plutôt que de rester une minute de plus ici.
Elle n'eut cependant pas l'occasion de se détruire le cerveau puisque l'heure de rejoindre le mess des officiers était arrivé.

La Couronne de Cuivre

[Quête] La guerre des Plaines brûlantes - en apparté : Arthur