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Posté : dim. 12 mai 2013, 19:07
par Galathée
Claris se hissa et aperçut une vaste salle encombrée qui donnait directement sur les grandes portes ouvertes sur le désert. Il était difficile de s'en faire une idée claire, car c'était manifestement l'endroit qu'avaient choisi les brigands pour entreposer leur matériel et, sans doute, le fruit de leurs rapines. Il y avait de nombreuses grandes caisses en bois, fermées pour la plupart, ainsi qu'une dizaine de tonneaux. Le harnachement des chevaux, des sacs en toile et des victuailles étaient entreposées devant le mur de droite. Une porte semblait mener à une pièce latérale qui, si les souvenirs de Claris étaient bons, ne pouvait pas être très grande. Elle repéra également un escalier qui plongeait dans les profondeurs du Temple. Un homme était arrêté sur les premières marches, lui tournant le dos, lorgnant les dunes au loin. C'était la seule personne présente dans la salle en ce moment, pour autant qu'elle eut pu en juger depuis son observatoire. Si elle passait par le trou et se laissait tomber au sol, elle serait rapidement à l'abri d'une caisse ou d'une autre.
Posté : lun. 13 mai 2013, 00:29
par Claris de Corvimande
Bon. L'endroit serait certainement intéressant à fouiller ; mais il serait beaucoup trop facile d'y trouver déjà ce pour quoi Claris avait fait le déplacement.
La broche de sa mère, peut-être ; mais l'objet convoité par le Façonneur, probablement doté d'une valeur bien plus grande aux yeux des brigands, serait sans doute entreposé ailleurs. À moins qu'il ne soit perdu dans les profondeurs du temple et que les brigands eux-mêmes ignorent son existence ?
Quoi qu'il en soit, une telle occasion ne se manquait pas : un homme seul, et l'attention déjà portée ailleurs, il serait simplement stupide d'attendre un autre moment pour pénétrer dans la pièce.
Claris acheva donc son escalade, avant de se laisser aussi souplement et silencieusement que possible retomber à l'abris. Sitôt que ses pieds touchèrent le sol, son premier réflexe fut de se glisser derrière la caisse la plus proche, au cas où sa chute aurait tout de même attiré l'attention.
La main sur la garde de son épée, sans bouger, Claris attendit de savoir ce que ferait l'homme…
Posté : lun. 13 mai 2013, 09:39
par Galathée
L'homme ne réagit en rien : il n'y eut ni cri, ni mouvement. Par contre, Claris entendit quelque chose bouger dans la caisse derrière laquelle elle s'était abritée. Elle réalisa alors que plusieurs trous en perçaient le pourtour et un pelage orangé vint se plaquer sur le plus proche. La créature prisonnière émit un feulement de mauvaise augure en se retournant, la fourrure disparut et le grondement s'amplifia. Si l'humain n'avait pas repéré la jeune fille, la bête l'avait fait. En regardant autour d'elle, Claris vit que plusieurs des caisses entreposées autour d'elle étaient pourvus des mêmes trous et s'il était impossible de déterminer lesquelles étaient habitées, elle devina cependant une ombre dans l'une ou l'autre. La créature de sa caisse devenait plus nerveuse et la Mélandienne entendit distinctement une patte griffue heurter les planches tout près d'elle.
" Pourquoi elle s'énerve encore, celle-la ? fit une voix quelque part vers l'entrée.
—*Elle aura flairé un de ces fichus rats, encore une fois, répondit quelqu'un d'autre.
— J'vais chercher le chien."
Posté : lun. 13 mai 2013, 16:47
par Claris de Corvimande
Hum. Des pillages, des otages, et maintenant… du dressage ? Décidément, ces brigands avaient des activités variées. Claris ne savait pas trop, au juste, quelle étaient les bêtes enfermées dans cette caisse, ni dans les suivantes, mais le chien était sans doute la moins sympathique de toutes. Ne pas s'attarder dans les parages serait certainement plus sage.
L'anguleuse et peu lumineuse pièce ne semblait offrir que deux issues, l'une étant cet escalier d'où provenaient les voix, et l'autre la petite porte, qui offrait également l'avantage d'être plus proche. Échappatoire heureuse, ou ratière fallacieuse ?
D'un geste rapide, Claris quitta l'égide de sa cachette improvisée pour s'avancer vers cette porte. La pièce actuelle était tout de même assez emplie pour l'abriter des regards ; il fallait espérer que l'autre pièce ne serait pas plus vide, pour continuer d'échapper aux séides.
La bestiole, près du sol, continuait de grogner, suivant Claris autant que l'espace confiné dont elle disposait le lui permettait – c'est-à-dire assez peu. Pauvre bête. Claris n'avait ni le temps, ni l'envie, de s'apitoyer sur son sort, mais sans doute, être ainsi privée de cabrioles avait de quoi la rendre folle.
Problème d'envergure : les autres créatures enfermées allaient sans doute réagir elles aussi, et un concert de grognements éveillerait d'autant plus l'attention des brigands. Il fallait donc, sans tarder, se glisser dans l'autre pièce, en espérant ne pas y trouver de surprise de ce genre. En d'autres termes : mettre les voiles à belle allure serait autrement plus sûr.
Posté : lun. 13 mai 2013, 19:06
par Galathée
Malheureusement pour l'audacieuse jeune damoiselle, la porte donnait dans une petite pièce close, dont l'unique ouverture était une fenêtre exiguë, haut placée, qui laissait filtrer la lumière jaune et brutale du désert. Elle était heureusement déserte. Son mobilier était maigre : une table en bois usé, quelques chaises, des parchemins abandonnés, une vieille paillasse roulée dans un coin. Peut-être était-ce une salle de réunion, ou une chambre, voire un bureau. Difficile à dire. Mais Claris remarqua rapidement qu'on y avait abandonné les reliefs d'un repas et, miracle, une cruche encore à demi remplie d'eau.
Posté : mar. 14 mai 2013, 00:08
par Claris de Corvimande
Eh bien… la chance ne pouvait pas durer éternellement, sans doute. Aucune issue ; et avec les mouvements qui s'annonçaient dans l'autre pièce, mieux valait pour l'instant demeurer dans celle-ci, en espérant que le chien dépisterait effectivement un rat, ou que ses sens soient perturbés par la présence des autres bêtes.
Dans le cas contraire, il aurait tôt fait de mener ses maîtres jusqu'à la porte, et Claris doutait fortement qu'ils se contentent d'entrer un par un pour lui laisser une chance de les vaincre l'un après l'autre.
À vrai dire, il y aurait eu quelque chose à tenter avant de venir se réfugier ici : endommager, autant que possible, l'une des caisses, dans l'espoir que l'une des créatures ne se libère à l'approche de ses geôliers, ce qui aurait pu les occuper quelques temps. Mais il était maintenant trop tard pour y retourner ; voilà qui lui apprendrait à réfléchir avant d'agir, et non après. En espérant que la leçon ait encore l'occasion de lui servir…
Au moins, s'il fallait mourir là, ce ne serait pas tout de suite de soif. Le cruchon ne s'envolerait pas seul, et s'il existait une infime chance que sa présence échappe aux regards trop hâtif, mieux valait ne rien déranger pour le moment, au cas où. Sa soif ayant déjà été momentanément soulagée avant son entrée dans le temple, Claris aurait tout lieu de remplir sa flasque un peu plus tard en cas de survie.
Pour l'instant, il ne lui restait qu'à attendre, l'épée à la main et prête à frapper, que la fouille annoncée ne s'effectue dans la pièce voisine.
Posté : mar. 14 mai 2013, 13:51
par Galathée
Aux aguets, Claris put entendre ce qui se déroulait dans la salle voisine.
" Vas-y, cherche..." fit une voix, atténuée par le bois épais de la porte.
S'ensuivit une période de silence relatif. La jeune fille percevait, à peine, le cliquetis de griffes sur la pierre du sol, puis brusquement, une bête feula avec colère, il y eut quelques aboiements, un rugissement plus puissant et le fracas de quelque chose qui se jette contre une paroi, des craquements, des grognements, encore des aboiements...
" Merde, mais sors cette bestiole d'ici, tu vois bien que ça les énerve plus qu'autre chose !
— Y serait temps qu'on bouge, moi je te dis...
— Mais sors-le, te dis-je !"
Le chien aboya encore, un rugissement suivit, assourdissant.
" Qu'est-ce que c'est, ce raffut ?
— C'est le chien qui a excité les fauves.
— Pourquoi vous avez amené le chien ? Vous savez bien qu'ils ne peuvent pas se sentir...
— A cause des rats.
— Des rats, y'en a cent mille dans ce putain de temple. Et s'ils te tapent vraiment sur le système, tu peux toujours t'entraîner à les tirer.
— Ouais, pour qu'un lion morfle et que je me retrouve avec des dettes pour les vingt prochaines années, c'est ça ?
— T'es déjà lié pour vingt ans. T'espères vraiment vivre plus que ça ?
— Ta gueule, Rufus.
— Avec plaisir. Bon, je sors. Tu ferais mieux de v'nir avec moi, faut qu'on rassemble un peu les gars."
Posté : mar. 14 mai 2013, 14:24
par Claris de Corvimande
Claris s'était, semblait-il, fait peur pour rien, en sous-estimant l'impact qu'aurait la présence des créatures – des lions, donc – sur le chien. Seul, il aurait mené ses maîtres jusque dans cette pièce sans problème ; mais la crainte que cela ne se produise était maintenant bien passée.
La réaction des autres bêtes, en revanche, avait été à la hauteur de ses attentes : si l'idée était arrivée à temps et que Claris avait prit le temps d'endommager la bonne caisse, la créature ayant rugi se serait peut-être libérée, et la suite aurait pu être très drôle. Cependant, un lion en liberté n'aurait certes pas facilité ses affaires non plus ; aussi ses regrets furent-ils de courte durée.
L'autre bonne nouvelle était qu'une réunion semblait sur le point de s'organiser au dehors, lui permettant d'avoir la voie libre pour étudier davantage les lieux, et peut-être se renseigner sur le prisonnier – encore qu'en cas de découverte plus rapide que prévue des objets convoités, Claris n'aurait strictement aucun scrupule à quitter les lieux sans même s'y intéresser, tout nobliau qu'il soit.
Pour l'heure, la menace d'une intrusion semblant provisoirement écartée, sa première précaution fut de se préoccuper davantage de ce cruchon, qui aurait largement le temps d'être vidé d'ici à ce que les brigands ne soient effectivement sortis de la pièce. Toujours aussi silencieusement que possible, et l'oreille à l'affut d'une éventuelle survenue malheureuse, Claris rengaina son épée et se dirigea vers la table. Remplir sa fiole d'abord, puis boire le reste si reste il y avait, et aviser.
Posté : mar. 14 mai 2013, 19:23
par Galathée
La jeune fille put étancher sa soif à loisir et remplir sa fiole. Il y avait également quelques fruits abandonnés sur la table, un peu trop mûrs, mais sûrement digestes, qu'elle pouvait éventuellement emporter en prévision de moments moins fastes. Ensuite, elle regagna la porte et n'entendit plus rien : les fauves s'étaient calmés et les brigands s'étaient tu. Peut-être même avaient-ils quitté le hall pour gagner l'extérieur, mais elle ne le saurait qu'en jetant un oeil dans la pièce...
Posté : mar. 14 mai 2013, 22:11
par Claris de Corvimande
À boire, et même à manger. Décidément, ces brigands veillaient sur sa santé. Et pas même l'ombre d'une irruption durant son repas. Pour un peu, et si le trajet pour venir était moins dissuasif, Claris aurait envisagé de venir passer ses prochaines vacances ici, où le service était vraiment irréprochable.
Mais trêve de plaisanteries : la situation n'était pas à l'insouciance. Claris avait maintenant conscience d'avoir foncé droit dans la gueule du loup, sans prendre garde aux crocs qu'il pourrait refermer. La prochaine porte pourrait s'ouvrir sur un brigand en armes ou un fauve en liberté… voire déboucher sur une autre impasse et ne plus se rouvrir ensuite.
Sa faim et sa soif calmées pour un moment, et quelques maigres réserves constituées pour la suite, Claris revint vers cette porte-ci et tourna la poignée aussi doucement que possible, pour l'entrebailler faiblement et jeter un coup d'œil discret à la situation…
Posté : mer. 15 mai 2013, 08:00
par Galathée
Il ne restait plus personne dans la grande salle et Claris put l'examiner plus en détails. Lorsque le temple était en activité, cela avait probablement été le lieu de culte principal. Les grandes portes, privées de leurs vantaux, laissaient entrer la chaleur suffocante et le soleil radieux, mais il n'était pas interdit de penser que l'environnement ait été un peu différent quelques siècles plus tôt. Une table de pierre, usée et fissurée, trônait encore devant l'escalier, sans doute un ancien autel.
La jeune Mélandienne compta huit grandes caisses percées de trous, une douzaine de plus petites, hermétiquement closes, et d'innombrables sacs et tonnelets. Rien ne paraissait particulièrement précieux à première vue, et ouvrir tous les contenants lui prendrait plus de temps qu'elle n'en avait a priori, si elle voulait profiter de l'absence des brigands. De la même manière, il n'y avait nulle trace du prisonnier dont elle avait entendu parler : il devait se trouver au sous-sol.
Posté : mer. 15 mai 2013, 09:04
par Claris de Corvimande
Inutile de fouiller dans l'immédiat, effectivement : il paraissait peu probable que les objets précieux soient entreposés ici. L'endroit était… intéressant, pour le moins. Dommage qu'il soit si loin de la ville et qu'une bande de brigands s'y soient réfugiés ; autrement, il aurait été amusant de revenir l'explorer. Les ruines des civilisations disparues avaient toujours quelque chose qui prêtait à réfléchir…
Pour l'heure, il fallait agir. Claris hésita un court instant à revenir sur son idée et endommager l'une des caisses, pour provoquer une évasion. Mais ça aurait été d'autant moins raisonnable que les créatures dans les caisses se seraient de nouveau exprimé, rappelant peut-être l'attention des brigands. Mieux valait éviter de s'en approcher, et s'aventurer – prudemment – du côté dudit sous-sol.
Posté : mer. 15 mai 2013, 10:33
par Galathée
Eclairé de torches suintantes, l'escalier était large et peu raide. Il s'enfonçait dans le ventre du temple, monumental, invitant le fidèle à pénétrer plus avant dans la demeure de son dieu. Des statues le jalonnaient à intervalles réguliers, personnages debout, stoïques, mais qui avaient été abîmés. A première vue, de là où elle se tenait, Claris aurait même dit "délibérément abîmées". Leurs visages, notamment, avaient été systématiquement attaqués, probablement à la masse. Aucun bruit ne s'échappait du sous-sol, sinon le grésillement de l'huile sur les torches. La jeune fille distinguait vaguement le palier, une cinquantaine de marches plus bas, formé d'une mosaïque de dalles usées. Mais rien d'autre.
A ses côtés, les bêtes l'avaient à nouveau flairées et un fauve rugit et donna de l'épaule contre les planches de sa caisse.
Posté : mer. 15 mai 2013, 14:52
par Claris de Corvimande
Claris se demandait quelle sorte de dieu avait pu être vénéré ici. Sans importance, sans doute ; d'ailleurs, Jergal avait dû l'emporter depuis bien des lustres.
Cela n'excusait certes pas le geste des bandits – du moins, il paraissait raisonnable de supposer que ces défigurations leurs étaient dues – : un temple, fut-il dédié à Helm, Torm ou leur engeance, était un endroit qui méritait un certain respect ; et le saccager demandait d'y mettre les formes.
Les bêtes recommençant à s'agiter, son séjour dans cette pièce devrait s'écourter davantage encore que prévu. Ne pas toucher aux torches – cela se serait vu rapidement ; et au besoin, son anneau lui fournirait la lumière requise. Résolument, et toujours sur ses gardes, Claris s'engagea dans l'escalier.
Posté : mer. 15 mai 2013, 15:44
par Galathée
Alors qu'elle descendait dans les profondeurs du temple, Claris vit qu'elle s'était trompée : les déprédations qu'avaient subies les statues étaient anciennes, peut-être aussi anciennes que le temple lui-même. On avait d'ailleurs gravé des signes dans les murs et sur les corps de pierre, inscriptions obscures pour qui n'était pas versé dans ces langues oubliées. De plus, la jeune fille manquait réellement de temps pour jouer les cryptographes. Elle repéra cependant un motif répété plusieurs fois tout au long de l'escalier : la forme vague et usée d'un serpent ramassé sur lui-même. Elle atteignit rapidement le pallier inférieur. La mosaïque qui l'avait couvert autrefois était couverte d'une couche de crasse innommable que la jeune fille identifia grâce à un petit bruissement au-dessus de sa tête : mille chauve-souris dormaient dans les replis du plafond bas, déféquant peut-être depuis des siècles sur la tête des fidèles et autres brigands de passage. Deux couloirs partaient à droite et gauche de l'escalier, et une pièce ouverte en face. La fange qui maculait le sol avait au moins un avantage : Claris put déterminer que les brigands empruntaient surtout le couloir de gauche, beaucoup moins celui de droite, et ne continuaient pratiquement jamais vers l'avant.
Posté : mer. 15 mai 2013, 16:17
par Claris de Corvimande
Serpent, serpent, serpent… quels dieux de sa connaissance avaient un serpent pour emblème ? Bah, qu'importe. Son nom, comme la raison pour laquelle ces visages avaient été endommagés, ne seraient d'aucune utilité dans la situation présente. Mieux valait, sans doute, reporter son attention sur des sujets plus actuels.
Marcher dans les déjections allait décidément devenir une habitude ; celles-ci étant, heureusement, moins écœurantes que celle de la créature de la tour – dont la nature exacte restait une autre inconnue sur laquelle Claris ne tenterait pas de se pencher. Tout au plus pouvait-on espérer que la créature en question repère le groupe de brigands au dehors et en boulotte un ou deux, histoire à la fois de diminuer le nombre de ses adversaires, et d'occuper la bête pendant le chemin du retour. Bref.
La broche de sa mère, si elle se trouvait là, avait toutes les chances d'être dans le trésor des brigands ; peut-être le couloir de gauche y menait-il. L'objet recherché par le Façonneur, en revanche, pouvait être aussi bien des deux côtés – s'agissait-il d'un objet dérobé par les brigands, ou d'une relique perdue dans les profondeurs du temple ? Il aurait sans doute été plus avisé de le demander.
La présence de ce couloir de droite, peu fréquenté, était intéressante : si les maîtres des lieux faisaient mine de trop s'approcher, cela ferait peut-être un endroit où se réfugier sans crainte de poursuite. À moins que la raison pour laquelle il n'était pas utilisé était qu'un danger mortel y résidait ?
Dans l'immédiat, c'est la porte qui retint ses premières attentions. C'était, peut-être, l'endroit le plus plausible où trouver l'otage ; et libérer ce dernier pourrait peut-être s'avérer utile, ne serait-ce que pour les informations qu'il pouvait détenir. Et puis, il fallait être méthodique : commencer d'abord par inspecter les alentours proches ; s'aventurer dans les profondeurs lointaines et inconnues ensuite.
C'est donc vers la porte que Claris se dirigea, sans toutefois se départir de la prudence qui l'accompagnait jusque là.
Posté : mer. 15 mai 2013, 16:32
par Galathée
En fait, il ne restait qu'une embrasure monumentale et vide, peut-être même n'y avait-il jamais eu de battants de bois, difficile à dire. La lumière diffusée par sa bague permit à Claris de voir qu'il s'agissait d'une petite antichambre vide (à l'exception des habituelles statues mutilées), d'où partait un nouvel escalier, cette fois-ci en sens inverse. De gros blocs de pierre en obstruaient partiellement l'accès, mais pas suffisamment pour qu'elle ne puisse s'y glisser. Comme les brigands ne s'approchaient apparemment jamais de cette pièce, il lui faudrait songer à effacer ses traces avant de progresser, que ce soit vers le bas ou en reculant vers les couloirs. Mais si elle cherchait une voie menant au coeur enfoui du temple, elle l'avait trouvée.
Posté : mer. 15 mai 2013, 18:47
par Claris de Corvimande
Curieux… si peu de traces au sol signifiait-il que les brigands n'étaient jamais descendus plus bas ? La simple prudence recommandait pourtant de fouiller un lieu avant de s'y établir. Quoiqu'il en soit, Claris s'avança jusqu'à l'escalier, descendit deux marches… puis revint sur ses pas, en prenant bien garde à ne surtout pas laisser d'autres empreintes que celles qui se trouvaient déjà là.
Le calcul était simple : trouver et interroger le prisonnier s'avérerait probablement d'une grande aide pour atteindre son objectif. Or, cela signifiait soit voir en lui un allié possible, et donc le libérer, ce qui ne manquerait pas d'être remarqué, soit le trouver insignifiant et le laisser sur place… auquel cas, il ne manquerait pas de vendre la mèche à la première occasion, par ressentiment.
Dans les deux cas, sa présence finirait immanquablement par être remarquée, et envoyer ses adversaires vers la partie du temple qu'ils connaissaient le moins, et dont, peut-être, ils avaient peur, ne pourrait être qu'un avantage, que Claris ait, ou non, réellement commencé à fouiller cette partie du temple d'ici-là.
Puisqu'ils n'avaient encore rien remarqué, la situation idéale serait sans doute qu'ils croient que le prisonnier s'était échappé de lui-même, sans aide extérieure, et avait fui vers les tréfonds du temple par crainte de les trouver sur sa route au dehors, et dans l'espoir d'y trouver une autre sortie. Dans ce cas, une partie des brigands se lancerait sans doute à sa présumée poursuite, tandis que l'autre resterait sur les lieux, ni l'une ni l'autre ne s'attendant à affronter deux adversaires.
Si Claris et son éventuel allié se trouvaient encore dans les parties connues à ce moment, l'avantage serait même d'autant plus intéressant, puisque cela permettrait, en sus, de prendre leurs ennemis à revers en s'attaquant d'abord à ceux s'y attendant le moins. Dans les deux cas, cela donnait au prisonnier une valeur potentielle qui augmentait certainement ses chances de survie…
Tout en réfléchissant à ce plan et aux éventualités qui pouvaient en découler, Claris revint donc sur ses pas, s'efforçant de ne laisser, aux yeux des futurs poursuivants, qu'une seule trace allant droit vers les profondeurs, et s'avança cette fois plus franchement vers les parties explorées du temple.
La porte éliminée, le couloir de gauche devenait l'endroit le plus probable où trouver l'otage…
Posté : jeu. 16 mai 2013, 07:43
par Galathée
Le couloir était étroit et curviligne, éclairé de torches plus espacées, dont certaines mourantes, et décoré des statues défigurées à intervalles réguliers. Si le pavé n'était pas couvert de fiente, cette fois, il était cependant usé et marbré de trous, comme si quelqu'un y avait décoché des coups de pioche volontaires. Plusieurs portes s'y ouvraient, deux sur l'arc extérieur, l'une sur l'arc interne, avant que le tournant, vers la droite, n'empêche Claris d'y voir plus loin. Un son répétitif attira l'attention de la jeune fille, un choc régulier, frappé contre un mur sans violence particulière, à hauteur de la porte intérieure. A priori, il n'y avait pas de lumière filtrant sous la porte, et celle-ci était close. De plus, la Mélandienne percevait du mouvement plus loin dans le couloir, hors de son champ de vision, des bruits plus ténus, frottements, parfois un petit claquement...
Posté : jeu. 16 mai 2013, 22:29
par Claris de Corvimande
L'endroit, et les réactions de ses occupants, étaient décidément surprenants : ils n'avaient pas prit la peine d'emprunter l'escalier menant dans les profondeurs, mais avaient tenté de creuser le sol des parties construites ? Ça n'avait simplement pas de sens. Il y avait certainement une explication plus logique, mais elle échappait pour l'instant à son esprit…
En avançant, Claris fredonnait doucement les paroles d'une chanson familiale, assez doucement pour que cela ne couvre pas le faible bruit ambiant. Ou les deux bruits, plutôt : ils semblaient provenir de deux directions différentes.
Le second était plus inquiétant : difficile de déterminer quelle en était exactement la source. Il faudrait, sans doute, aller vérifier. Mais l'autre était plus urgent : les faibles coups répétés avaient tout d'un signal, le genre de chose que tente un individu bloqué pour tenter d'attirer l'attention des secours. L'otage se trouvait sans doute là.
C'est donc vers cette porte que Claris se dirigea en premier lieu, toujours à la lueur de son anneau, tournant fermement la poignée pour révéler ce qui se dissimulait au delà…
Posté : mar. 21 mai 2013, 20:44
par Galathée
Claris découvrit que la porte était verrouillée de l'extérieur, par un simple loquet qu'elle put faire coulisser aisément. Elle se glissa ensuite dans la pièce, prenant soin de refermer derrière elle.
" J'espère que vous avez apporté quelque chose de comestible, cette fois !" s'exclama d'emblée une voix masculine, acide.
Il n'y avait aucune autre source de lumière que la bague de la jeune fille et celle-ci lui permit de distinguer, tout au fond d'une salle aux allures de couloir, la silhouette d'un jeune homme assis par terre. A cette distance, elle n'en distinguait pas les traits, mais son timbre était peut-être familier. Ou peut-être était-ce juste le ton.
Posté : mar. 21 mai 2013, 21:01
par Claris de Corvimande
Aucun doute sur les intonations : l'accent était celui de la noblesse mélandienne. Ce qui rendait le personnage assez sympathique, de même que sa manière de prendre de haut ses geôliers.
Claris avait décidé, quelques instants auparavant, de l'interroger quoi qu'il arrive, et ne voyait pas comment poser le genre de questions requises autrement qu'en s'approchant ; ce fut donc aussitôt entreprit.
La salle était plus vaste – plus longue, surtout – que prévu, mais la lumière prodiguée par son anneau était suffisante pour en distinguer les contours, et pour rester à l'affût d'éventuels pièges.
« Pour la nourriture, je crains que vous ne soyez déçu. Mais si vous déclinez votre identité, je pourrai peut-être faire quelque chose pour le reste… »
Posté : mer. 22 mai 2013, 08:20
par Galathée
Le jeune homme avait sûrement moins de vingt ans, des vêtements sales qui avaient été de bonne facture, et des cheveux châtains qui avaient un sérieux besoin d'être lavés. Son regard clair était furieux et il chercha à accrocher celui de Claris. Il avait les bras dans le dos, sans doute liés, et les chevilles entravées. Mais il semblait s'en soucier comme d'une guigne et son attitude n'avait rien de celle d'un prisonnier. La jeune femme réalisa qu'elle l'avait déjà vu sans jamais lui avoir adressé la parole, lors d'une de ces occasions nécessaires de la vie dans les hautes sphères : bal, dîner, cérémonie, elle ne s'en souvenait plus. Sous la couche de crasse, il était presque méconnaissable.
" Je suis Gérold de Vainevie, vous devriez le savoir." répondit-il avec hauteur.
Claris reconnut le nom : c'était une famille noble de moyenne importance, affiliée aux Boissuaire, une des quatre dynasties majeures de Mélandis et les maîtres de l'école du Nécronomicon. L'otage était probablement mage, ou en passe de le devenir. C'était le second fils, si sa mémoire ne la trompait pas.
" Mais vous n'êtes pas des leurs, réalisa-t-il subitement. Etes-vous la cavalerie ? Il serait temps, je dois dire. La compagnie laisse franchement à désirer, dans ce cloaque."
Il est clair que l'odeur était pour le moins détestable.
Posté : mer. 22 mai 2013, 08:39
par Claris de Corvimande
La famille de Vainevie était… l'une de celle dont Claris reconnaissait la valeur. Pas supérieure aux de Corvimande, bien sûr ; mais néanmoins une bonne famille, qui méritait une certaine attention. Le laisser ici serait très certainement une erreur stratégique ; et il pourrait probablement s'avérer un allié utile. Ce qui ne signifiait pas pour autant qu'il faille se précipiter pour le libérer : s'il méritait une certaine estime, la déférence n'était tout de même pas à l'ordre du jour.
« La cavalerie ? On peut peut-être désigner ça comme ça. »
Claris s'approcha suffisamment prêt pour que son interlocuteur puisse l'identifier, sans pour autant amorcer immédiatement le geste de briser ses liens, le sourire sur son visage ostensiblement amusé par la situation.
« C'est un plaisir de vous rencontrer de nouveau, Gerold. On dirait que vous avez de la chance que mes propres affaires m'aient amené dans les parages. »
Posté : mer. 22 mai 2013, 09:01
par Galathée
Gérold parut surpris en reconnaissant son interlocuteur et une grimace altéra une seconde son visage.
" De Corvimande ? Mais qu'est-ce que vous faites ici ?" s'exclama-t-il, incrédule.
Un rat se faufila jusqu'à l'écuelle qui traînait dans la poussière, quelques pieds sur leur droite.
" Je dois dire que j'apprécierais assez que vous me libériez. A moins que vous ne soyez responsable de mon enlèvement..."
Posté : mer. 22 mai 2013, 09:39
par Claris de Corvimande
« Quel intérêt aurais-je eu à commanditer une telle chose ? »
Claris continua d'observer le prisonnier, sans bouger, l'air amusé.
« Je suis à la recherche d'un certain objet, peut-être pourriez-vous m'y aider… d'un autre côté, les occupants des lieux ignorent pour l'instant ma présence, peut-être serait-il plus sage de ne pas éveiller inutilement leur attention en vous sortant d'ici. »
Bien sûr, ce n'était qu'une boutade, et le poignard qui lui servirait à trancher les liens de Gérold était déjà dans la main de Claris. Mais c'était tellement amusant de profiter de la situation pour le taquiner ainsi…
Posté : mer. 22 mai 2013, 09:53
par Galathée
L'inquiétude se peignit un instant sur les traits de Gérold, lézardant sa superbe. C'était une chose de vitupérer face à la racaille, une autre de garder son calme lorsqu'on était taquiné de la sorte.
" Ne soyez pas ridicule, de Corvimande... Je suis certain que nous serons beaucoup plus efficaces à deux ! fit-il. Je ne sais rien de votre objet mais je pourrai sûrement vous aider d'une manière ou d'une autre."
Il jeta un regard vers la jeune fille, incertain.
" Et mon père vous récompensera comme il se doit. Je ne pense pas que ces vauriens aient l'intention de me tuer, néanmoins je serais plus qu'heureux de leur fausser compagnie... J'ai les omoplates un peu ankylosées, je dois dire."
Posté : mer. 22 mai 2013, 10:11
par Claris de Corvimande
HRP : 42
Tellement prévisible, et tellement amusant… d'un autre côté, comment aurait réagit Claris si la situation avait été inversée ? Gérold était sans doute l'une des rares personnes pour qui la question pouvait se poser ; les de Corvimande ne se reconnaissant que peu d'égaux. Quoi qu'il en soit, le petit jeu avait été savoureux, mais avait assez duré.
«
Ils ne semblaient pas avoir l'intention de vous tuer, en effet. En arrivant, je les ai entendu parler de vous… il me semble qu'ils avaient pour consigne de vous garder à peu près indemne durant trois, ou peut-être quatre jours… »
Tout en parlant, Claris entreprit de trancher les liens qui le retenaient. Sa dague était suffisamment affûtée pour que l'opération ne soit pas trop délicate.
«
Je n'ai aucune idée de la personne qui a commandité votre enlèvement, en revanche ; mais je suppose que nous verrons cela en temps utile. De mon côté, je suis à la recherche d'un artefact… une garde d'épée ornée de rubis. Je sais que l'objet se trouve dans ce temple, mais j'ignore s'il s'y trouve en tant que fruit des rapines de vos geôliers, ou si sa présence est plus ancienne et encore indécouverte. Dans un cas comme dans l'autre, j'aimerais tout de même visiter un peu leur trésor, qui doit contenir une broche appartenant à ma mère, mais la chose est moins urgente. »
Posté : mer. 22 mai 2013, 10:50
par Galathée
Gérold ramena ses mains devant lui et contempla avec une grimace le sillon sanglant que les cordes y avaient laissé. Une lueur dangereuse passa dans son regard, puis il sourit à Claris.
" Merci, mon ami, je te revaudrai ça."
Il ne se leva pas tout de suite, étendant ses jambes devant lui avant d'en masser lentement les rotules.
" Leur chef est quelque part au fond du couloir, je l'ai vu une fois. Je pense qu'ils entreposent aussi leur butin à ce niveau, je les ai entendus passer avec des choses lourdes ; en tout cas, ils s'en plaignaient. Mais par contre, je crois qu'ils ne sont pas descendus plus bas. Quand je suis arrivé ici, ceux qui étaient restés au Temple avaient un peu peur de ce qu'il y traînait, à vrai dire. Ils ont demandé à ce qu'ils déplacent leur base, mais leur chef n'a rien voulu entendre. Si j'ai bien compris, c'est la première fois qu'ils occupent cet endroit."
Posté : mer. 22 mai 2013, 23:25
par Claris de Corvimande
Puisque de Vainevie venait de lui dire “tu”, Claris décida de le tutoyer en retour. Après tout, la situation était plus appropriée à la camaraderie qu'au respect de l'étiquette.
« Oui, j'ai remarqué en venant que les profondeurs semblaient assez… inexplorées. J'ai fait mon possible pour laisser quelques traces semblant s'y diriger : ainsi, quand ils remarqueront ta disparition, ils penseront que tu t'y es réfugié pour leur échapper… »
Claris observait son inopiné compagnon reprendre le contrôle de son corps. Il était certainement ici et dans cette position depuis suffisamment longtemps pour que les premiers mouvements lui soient quelque peu douloureux. Sa mère aurait sans doute pu user de ses talents bardiques pour lui venir en aide, mais Claris n'avait pas développé ce genre d'aptitudes, et il n'y avait rien de mieux à faire qu'attendre qu'il se lève de lui-même.
« La question, c'est de savoir comment ils vont réagir en découvrant ça. S'il s'avère qu'ils ne descendront pas, quoi qu'il arrive, nous pouvons aller les visiter tranquillement ; si la récompense qu'ils espèrent obtenir pour ta capture dépasse la peur qu'ils ont de l'endroit, ils se sépareront probablement, et nous ferons alors mieux de rester dissimulés à proximité, pour les prendre par surprise quand ils seront les plus vulnérables. »
Un plan qui valait ce qu'il valait – il aurait au moins le mérite de montrer à Gérold que Claris savait faire preuve d'un minimum prévoyance. La plupart des autres jeunes nobles de sa connaissance, confrontés à de véritables enjeux, avaient tendance à agir en tête brûlée incapable de planifier quoi que ce soit.