La Couronne de Cuivre

Quête : Equité

Astrée sourit timidement pour s'excuser de sa distraction. Reynald semblait lui laisser le soin de poursuivre le récit, mais elle avait du mal à rassembler ses idées, aussi fut-elle brève.
- Reynald nous a téléportés. On était quelque part sur les plateaux entre Rohan et ici et nos ânes nous ont... malencontreusement... abandonnés, expliqua-t-elle avec une légère grimace. Alors il a décidé de m'amener directement à destination... Et effectivement, je ne sais pas grand-chose de la guerre à part quelques rumeurs, je n'y ai pas tellement prêté attention. Ce n'est pas vraiment mon rayon. je suis... en quelque sorte apprentie herboriste, d'ailleurs c'est pour trouver quelques simples que je me rends dans les montagnes...

Quête : Equité

" Apprentie herboriste ? Vous êtes surtout trop modeste." fit Reynald, sans pitié.
Maedron fronça les sourcils, songeur.
" Il me semble que le meilleur herboriste de Bortheias est Farro, du temple de Sylvanus, dit-il.
— Il est trop égoïste, il ne filera pas ses bons plans à une éventuelle concurrente, même si elle retourne vendre sa récolte à Luménis.
— Il y a aussi Maureen, il me semble.
— C'est la jeune Sunite ?
— Oui. Elle est restée finalement.
— Comme quoi. La boue plait à certaines.
— En fait, ça va dépendre de si vous êtes prête à payer... Sinon, vous pouvez toujours monter directement vers les premiers villages et vous lancer dans la broussaille. Mais le terrain est plutôt accidenté et, disons-le, franchement dédaléen. Si vous cherchez des essences rares, qu'on ne voit pas dans les Montagnes de Fer, par exemple, il vous faudra trouver un local prêt à partager ses secrets."

Quête : Equité

Astrée eut un coup d'oeil furibond à destination de Reynald qui ne loupait pas une occasion pour tenter de la faire rougir. Mais elle nota également qu'il paraissait parfaitement connaître Bortheias et ses habitants.
La réponse de l'aubergiste lui arrache une grimace. Elle cherchait une plante infiniment rare, certes, dont elle ne pouvait pas parler ici. Et dans la liste fournie par Isudë il y avait aussi quelques autres plantes pas si courantes.
- Je connais assez bien la plupart des spécimens que je cherche, et je saurai les trouver seule, je vois bien sur quel genre de terrain ils poussent et ils sont loin d'être rares. J'ai juste besoin de trouver une bonne carte indiquant le type de sol et de végétation. Il y en a quelques-uns, cependant, que je n'ai jamais rencontrés, et j'aurai effectivement besoin... et bien au moins qu'on me montre à quoi ils ressemblent et qu'on m'explique où j'ai une chance d'en trouver. Et j'ai un peu d'argent, effectivement, s'il faut payer pour obtenir l'information en s'adressant à un temple. Mais initialement je pensais simplement partir un peu au hasard vers les hameaux reculés des montagnes et interroger les anciens, certains doivent en connaître un rayon sur les plantes de leur terroir. Au pire, s'il me faut m'aventurer dans des zones dangereuses, je trouverai bien un guide sur place...
Décidément, elle ne voulait pas de guide tout de suite.
- Sinon, l'herboriste pour laquelle je travaille m'a chargée d'aller saluer de sa part une amie à elle, Dymphéa. Une elfe. Je pense que peut-être elle saura m'aider... Seulement je ne crois pas qu'elle habite Bortheias donc je doute que vous la connaissiez.

Quête : Equité

Cela ne dura qu'un infime instant, mais Astrée eut l'impression que Reynald tiquait au moment où elle prononçait le nom de Dymphéa. Maedron secouait la tête.
" Jamais entendu ce nom. Bon, les elfes ne sont pas mes meilleurs amis, les préjugés ont la vie dure, mais je pense qu'il n'y a personne de ce nom à Bortheias, dit le drow. Ça te dit quelque chose ?
— Rien du tout, fit Reynald.
— A mon avis, elle doit vivre plus près des montagnes, dans un de ces villages. Grisepierre ou Morneval.
— Ce n'est pas très loin. C'est sans doute le plus sage, d'aller directement vers les hauteurs."
Son regard passa sur Tybert mais Tybert était de marbre.
" D'autant que ça règlera le problème du cheval." dit Maedron.
Sa déclaration ménagea un petit silence dans la conversation. Reynald se frotta le visage d'une main lasse puis soupira.

Quête : Equité

Bon... Reynald connaissait Dymphéa, elle l'aurait juré. Etait-ce en rapport avec ce fameux arbre ? Tybert, bien sûr, était aussi inébranlable que d'habitude, mais cela ne prouvait rien, et de toute façon elle ne tirerait rien de lui. Et pour ce soir, elle était trop épuisée pour avoir les idées claires, et elle n'était pas la seule.
- Je suis trop fatiguée pour y réfléchir maintenant... avoua-t-elle. Je verrai demain. Peut-être que j'irai voir dans un des temples, on ne sait jamais.
Elle réprima un bâillement. Trop d'émotions pour la soirée. Demain... demain, elle demanderait à Reynald s'il connaissait l'elfe, si elle en trouvait l'occasion. il fallait qu'elle trouve l'occasion. Et elle organiserait son expédition. Une perspective qui la rendait un peu trop mélancolique.
Elle se leva.
- Je crois que je vais vous laisser continuer la soirée sans moi. J'ai vraiment besoin de dormir...
Elle salua les trois hommes, sourit à Reynald, et se dirigea vers la porte d'un pas las.

Quête : Equité

Au moment où elle prononça sa dernière phrase, Reynald se leva. Maedron et Tybert le regardèrent l'un et l'autre, le premier curieux, le second inquiet. Le Sorlyn eut une grimace et rattrapa la jeune femme avant qu'elle n'atteigne la porte, la lui ouvrant galamment.
" Venez frapper quand vous partez, si nous ne sommes pas déjà descendus... Si vous le désirez, nous vous accompagnerons dans vos recherches... Enfin... Je ne veux pas vous imposer notre présence, non plus. Tant que le cheval reste à l'abri dans les écuries, vous vous débrouillerez sans doute très bien toute seule..."
Il hésita sur le pas de la porte, puis poussa un bref soupir.
" J'imagine que ça ira pour retrouver votre chambre, dit-il avec une grimace. Dormez bien, Astrée."
Derrière lui, les yeux des deux autres hommes les observaient toujours.

Quête : Equité

Astrée se sentit rosir légèrement lorsqu'il lui ouvrit la porte. Ce n'était pas tant la galanterie de Reynald que les yeux inquisiteurs des deux autres qui la mettaient mal à l'aise. Devant eux, elle osait à peine répondre. Et la dernière phrase de Reynald acheva de la troubler.
Elle dut faire un effort énorme sur elle-même pour se reprendre avant que son silence ne la trahisse. Mieux, elle parvint à lever les yeux vers le Sorlyn et à lui sourire doucement.
- D'accord, je viendrai frapper... Un peu d'aide ne sera pas de refus, vous semblez bien connaître la ville... Et...
Elle aurait voulu ajouter que leur présence, au contraire, lui était très agréable, mais elle n'osa pas. A cause du regard scrutateur des deux autres. Et puis, elle aurait immanquablement rougi en disant cela. Il aurait deviné...
- Bonne nuit Reynald. Et à vous également, ajouta-t-elle à l'adresse des deux autres.
Elle s'engagea dans le couloir, sans se retourner.

Elle se retrouva allongée, les yeux grands ouverts dans le noir, sans le moindre souvenir de s'être déshabillée. Elle était dans un état étrange, entre angoisse et exaltation. Et bien sûr elle ne pouvait s'empêcher de penser à lui. Elle se força à se souvenir que quelque part, loin d'ici, il y avait Kasumi. Mais c'était un autre lieu, un autre temps. Une autre vie. Peut-être même une autre qu'elle-même tant cela lui paraissait loin et irréel. Ici et maintenant... il y avait Reynald.

Si elle avait encore une once de bon sens, elle se lèverait aux aurores demain et filerait seule vers les montagnes, loin de lui et de tout le trouble qu'il lui inspirait. Mais cela était au-dessus de ses forces. Elle le savait. Aussi impossible que de s'empêcher de respirer. Elle aurait encore son regard et sa voix en tête, sans pouvoir leur échapper, nuit et jour. A en crever. Non, elle ne pouvait pas fuir ainsi. Ce serait renoncer à vivre. Des paroles de la chanson lui revinrent en mémoire, sans vraiment de signification et pourtant si pleines de sens. Elle resterait. Elle voulait simplement... vivre. Vivre l'instant présent. Sans se soucier des conséquences dans sa vie d'ailleurs.

Elle n'avait pas sommeil. Trop d'émotions. Exaltation, inquiétude, espoir, crainte, peur même. Pas de pensées cohérentes. Nulle voie de la sagesse ne se faisait plus entendre, ou alors juste comme un vague murmure lointain. Vaincue par l'épuisement, ou peut-être par la force de vie qu'elle ressentait en elle. Elle sourit, bêtement dans le noir. C'était de la pure folie, et elle allait le regretter. Peut-être que ça ficherait en l'air toute sa vie. Son autre vie, loin d'ici. Mais tout autre choix était impossible. C'était ça... ou cesser de vivre. Quelque part, pourtant, elle avait peur, encore. De ce qu'elle ressentait, de ce qu'elle osait envisager. Mais elle n'avait simplement pas d'autre échappatoire.
Il fallait qu'elle dorme, bon sang.

Quête : Equité

Astrée finit par louvoyer entre veille et sommeil, épuisée mais incapable de se relâcher suffisamment pour sombrer. Une fois, il lui sembla entendre des pas dans le couloir, alors qu'elle était couchée depuis des heures déjà, ou peut-être seulement quelques minutes : sa fatigue troublait sa notion du temps. Sans doute était-ce Maebron qui regagnait les étages inférieurs. Silence à nouveau. Il y avait un peu de vent dehors, qui soufflait dans les ardoises, au-dessus, invisibles. Nulle pluie. Les craquements de la charpente. Le chant du hibou. La nuit qui s'étend, à la fois trop courte et trop longue. Elle fit quelques rêves, haletants mais indistincts. Elle lorgna le plafond bien trop sombre. Son corps appelait le repos sans l'obtenir. Son esprit tournoyait inlassablement.
Et puis l'aube, soudain, et Astrée s'éveilla dans un océan de lumière verte, filtrant au travers des rideaux, comme si elle avait tendu son hamac sous un feuillage printanier. Elle avait manifestement dormi, sans doute pas beaucoup, car chacun de ses muscles se plaignit vigoureusement dès qu'elle fit un premier mouvement.
Personne n'était venu.

Quête : Equité

Astrée se leva comme à regret, plus épuisée encore qu'elle ne s'était couchée. Elle aurait facilement pu rester quelques heures de plus au lit. Mais elle était sensée aller frapper à la porte des deux hommes avant de descendre... Son coeur bondit un instant de joie dans sa poitrine. Elle grimaça.
Assise sur le lit, elle hésita quelques secondes, regardant son sac et ses affaires à demi éparpillées. Elle pouvait aussi faire son sac et fuir. Elle ne le ferait pas. Elle n'avait qu'une envie : passer du temps avec Reynald. Encore. Elle n'avait pas pu cesser une seconde de penser à lui.

Un coup d'oeil dans le miroir accroché au mur lui révéla un teint affreusement pâle, des cernes sous les yeux, un regard hanté. Ses yeux se posèrent sur une mince chaîne, autour de son cou, où elle avait accroché deux médaillons, celui de sa mère, qui l'aidait à si bien comprendre les bêtes, et celui de Kasumi. Elle se mit à pleurer. Kasumi, je suis désolée... Je ne suis pas à la hauteur... Elle avait beau se répéter qu'il n'y avait rien de répréhensible à apprécier d'être avec Reynald, qu'elle n'avait rien fait de mal... elle savait bien le simple fait de penser autant à un autre homme était déjà une forme trahison. Lui, jamais il n'aurait fait ça. C'était mal. Mais ce qu'elle ressentait était trop fort... Résister, c'était renoncer à la vie même. Serait-ce ça, le Bien ? En ce cas, il était au-dessus de ses forces.

Elle sécha ses larmes, grimaça en voyant ses yeux rouges dans la glace. Une mine de déterrée. Elle ne pouvait vraiment pas sortir comme cela. Avisant un broc d'eau froide, elle n'hésita pas une seconde et y plongea la tête. Puis elle attrapa le savon et un gant, et frotta avec acharnement ses joues pour leur redonner un peu de couleur. Bien sûr, il y avait sûrement quelque part une sonnette pour demander à ce qu'on lui monte de l'eau chaude, mais elle détestait se faire servir ainsi. Elle se lava donc à l'eau froide, presque glacée mais vivifiante, espérant faire ainsi disparaître toute trace de son insomnie.

Le résultat ne fut pas parfait. Acceptable, tout de même. Elle n'avait hélas pas les idées beaucoup plus claires que la veille, mais refusa fermement de réfléchir davantage à la suite des événements. Elle sortit dans le couloir, sentit son coeur battre plus fort. Le trac. Mais elle avait dit, la veille, qu'elle viendrait. Elle n'allait tout de même pas se dégonfler ?
Inspirant profondément, elle frappa à la porte des hommes. Elle sentit un vent de panique en elle : elle aurait dû fuir. Elle inspira une nouvelle fois, calmement. Du calme, on va juste faire quelques courses. Ce n'est rien de grave, rien de mal. Mais pourquoi fallait-il donc que son coeur batte toujours trop fort ?

Quête : Equité

Personne ne répondit et Astrée n'entendit nul bruit à l'intérieur. Elle attendit un moment, frappa à nouveau, mais toujours rien. Ils étaient sans doute déjà descendus.
Au moment où elle se détournait, elle vit arriver Tybert en bout de couloir. Il marchait à grands pas et son expression était aux antipodes de ce qu'elle était habituellement : il était manifestement très contrarié.
" Est-ce qu'il est chez vous ?" demanda-t-il en arrivant à sa hauteur.
Puis il pinça les lèvres et secoua la tête.
" Non, s'il était chez vous, vous ne seriez pas devant notre porte." dit-il.
Sans attendre de réaction de la part de la jeune femme, il fit volte-face et repartit dans le couloir, vers les étages inférieurs.

Quête : Equité

Astrée dut presque courir pour le rattraper. Elle se posait mille et une questions, mais une seule chose dominait : l'incompréhension. Reynald avait disparu...

Oubliée, sa déception d'il y a quelques minutes en comprenant que la chambre était vide : elle avait eu beau se dire qu'il l'attendait peut-être en bas, elle n'avait pu s'empêcher de ressentir un fort pincement au coeur, qu'elle avait tenté de nier sans succès. Maintenant, en comprenant qu'il l'avait non seulement plantée là mais avait également laissé tomber Tybert, elle ne comprenait plus rien. Que s'était-il passé ? Et Tybert avait l'air dans tous ses états...

- Qu'est-ce qui se passe, Tybert ?, fit-elle en parvenant enfin à sa hauteur, dévalant les escaliers. Il n'est pas avec vous ? Question stupide, il venait de le sous-entendre. Mais pourquoi... il s'est passé quelque chose de spécial ?
Et... Tybert avait envisagé qu'il soit dans sa chambre ? Et bien oui, après tout, il aurait pu s'inquiéter qu'elle tarde trop... Elle espéra que le clerc n'imaginait rien d'autre, mais était quasiment certaine du contraire.

Elle commençait à peine à prendre conscience de la situation. Reynald avait disparu... Et vu l'état dans lequel était Tybert, c'était grave. Elle sentit l'anxiété s'installer en elle. Mais non, pas de panique, il avait pu sortir faire quelques courses, sans réveiller Tybert. Et sans l'attendre, elle.
- Il est peut-être juste sorti un moment..., tenta-t-elle de suggérer.

Quête : Equité

" Non, fit Tybert, en dévalant les escaliers. Ce n'est pas son genre de se promener en tunique de nuit. Pas son genre du tout."
Ils étaient au deuxième étage.
" Il est sorti tôt, peut-être au milieu de la nuit."
Il s'immobilisa au milieu de l'escalier et se retourna. Astrée manqua le percuter.
" Il n'est pas venu vous voir ? A aucun moment ? C'est important."

Quête : Equité

- Non, répliqua Astrée avec une véhémence qui la surprit elle-même, bien sûr que non !
Par tous les dieux, il était sorti en tunique de nuit ? Mais pour aller où ?
- J'ai entendu des pas, à un moment, quelque part au milieu de la nuit. j'ai pensé que c'était Maebron, mais...
Elle regarda le clerc dans les yeux, tentant d'y lire quelque chose, une information que peut-être il lui cachait... quelque chose qui expliquerait qu'il soit aussi paniqué. Mais après tout il y avait de quoi.
- Vous n'avez aucune idée de l'endroit où il a pu aller ?

Quête : Equité

Il secoua la tête, la mine pincée, et se remit en mouvement. Ils atteignirent le rez de chaussée. La salle était encore presque déserte, quatre ou cinq voyageurs, seulement, petit-déjeunaient dans un silence épuisé. Une bonne odeur de pain tiède flottait dans l'air. Surgissant d'une porte latérale, Maedron se porta immédiatement à leur rencontre. Il semblait également tendu. Il attrapa Tybert par l'épaule et le fit légèrement pivoter, vers le mur.
" Le cheval n'est plus là." dit-il d'une voix sourde.
L'Eldathien se tourna alors vers Astrée.
" Pouvez-vous le percevoir ? Votre cheval ?"

Quête : Equité

Astrée eut la sensation que son coeur manquait un battement. Juste un instant de frayeur, à cause de la panique qui émanait de Tybert. Puis très vite elle s'était rassurée. Prince n'avait pas disparu, il s'était sûrement transformé, comme à son habitude, pour aller explorer les environs. Quel étourdi de se faire remarquer en ne revenant pas à temps...

C'est donc confiante qu'elle tenta de se concentrer, cherchant à percevoir, parmi les milliers de petites étincelles de vie qui l'entouraient, celle qui correspondait à Prince. L'inquiétude qu'elle éprouvait pour le sorlyn brouillait son esprit, l'empêchait de se concentrer efficacement. Elle inspira doucement, fit le vide, recommença; sans succès. Elle ne trouvait pas Prince...
Elle blêmit.
- Je ne le trouve pas, parvint-elle à articuler d'une voix blanche.
Elle sentit une larme perler à sa paupière. Non, ce n'était pas possible. Prince ne pouvait pas avoir disparu.
- Il est peut-être trop loin... Je ne comprends pas...
Elle tremblait de tous ses membres.

Quête : Equité

Tybert posa une main sur l'épaule de la jeune femme et, même si cela ne pouvait combler le vide qui s'était fait en elle, elle ressentit une légère énergie bienfaisante irradier en elle, comme une assurance de soutien, de compréhension, comme une promesse inaudible mais sincère. L'Eldathien ne la regardait cependant pas.
" Bon, tu dis qu'il est descendu composer en pleine nuit... Il fait souvent ça ?" dit Maedron.
Tybert pinça les lèvres.
" Disons que ça lui arrive... quand il est soucieux, répondit-il. Le luth est toujours là."
C'était le cas : l'instrument était posé sur l'estrade, appuyé contre le tabouret.
" Reynald a pu entendre quelque chose venant de l'écurie... Il aura suivi le voleur... Ou il est allé voir les chevaux, et il aura réalisé que l'étalon avait disparu, et sera parti à sa recherche...
— En tunique de nuit ? Sans avertir Astrée, qui a un lien avec la bête ? Sans moi ? Tu ne sais pas ce que tu dis, Maedron."

Quête : Equité

"Il s'est peut-être téléporté avec Prince pour le mettre à l'abri des voleurs... Non, c'est complètement absurde, il ne serait pas allé si loin que ça, je le sentirais..."
Elle secoua la tête.
"Mais vous avez sûrement raison, il a dû surprendre quelque chose... Et ils ont dû l'emmener aussi. Je ne vois pas d'autre explication..."
Son coeur se serra. Qui ? Et pourquoi ?
Et pourquoi donc, plusieurs heures après, ne sentait-elle rien de Prince ? La seule autre explication possible à ce vide, la plus probable... c'était que Prince était inconscient... Ou pire.
"Il faut que j'aille voir là-bas. Il y a peut-être.. des traces."
Maebron avait peut-être déjà examiné les lieux. Mais il n'aurait sûrement pas remarqué quelque chose comme... une abeille inanimée. Et puis, Prince ne se serait pas laissé emmener sans réagir. Il y avait sûrement des traces.

Quête : Equité

" J'ai besoin de m'asseoir." fit alors Tybert, et Maebron lui attrapa une chaise.
L'aubergiste fit ensuite signe à une des servantes et lui adressa un petit geste, qu'apparemment elle comprit, car elle repartit vers les cuisines. Il posa une main sur l'épaule de l'Eldathien, qui paraissait subitement complètement perdu, puis se tourna vers Astrée.
" Allez voir. Si quelqu'un a volé le cheval, c'est fatalement qu'un membre de mon personnel a vendu la mèche. Je vais m'occuper de ça... Et nous les retrouverons tous les deux."
Puis il laissa la rôdeuse gagner les écuries.
Celles-ci bruissaient du mouvement habituel d'une vingtaine de chevaux en train de s'éveiller. Mais comme l'avait annoncé Maedron, la stalle de Prince était vide. La paille était foulée, mais il n'y avait pas de signes clairs de lutte.

Quête : Equité

Astrée osait à peine avancer. Et si Prince était là, sous forme d'abeille, inanimé au sol ? Ou mort ? Elle examinait attentivement chaque parcelle du sol avant d'y poser le pied. Mais il n'y avait rien.
Elle s'assit au sol, découragée. Assommée. Trop épuisée pour parvenir à réfléchir efficacement. Trop angoissée surtout.
Elle se recroquevilla, serra ses genoux entre ses bras, ferma les yeux un instant. Il y avait sûrement quelqu'un qui était venu. Tenter de l'enlever. Il n'y avait pas vraiment de trace de lutte, mais il avait pu être pris par surprise, endormi magiquement peut-être. Peut-être l'était-il encore, cela expliquerait qu'elle ne sente rien. Ou alors il avait essayé de s'échapper en se transformant. Mais puisqu'elle ne ressentait rien, c'est qu'il avait pris un sale coup.
Etait-il... Mort ? Elle serra les dents. Ce vide en elle, était-ce parce qu'il était mort ? Ou juste inaccessible ? Serait-ce encore plus vide ? Elle n'avait aucun moyen de savoir. Et Reynald... Il s'était certainement juste trouvé au mauvais endroit, au mauvais moment. S'il lui était arrivé quoi ce ce soit, ce serait indirectement sa faute à elle.

Elle se força à respirer calmement. Elle ne croirait à la mort de l'un ou de l'autre que lorsqu'elle en aurait la preuve. Pour le moment, ils étaient sûrement... quelque part. Il fallait les trouver.
Bon. Si Prince s'était transformé... s'il avait essayé de fuir... s'il avait pris un coup accidentel... il se trouvait peut-être ici, tout proche. Cela faisait beaucoup de si, mais... pourrait-elle ressentir sa présence s'il était inconscient juste à proximité ? Elle devait essayer. Et si elle ne trouvait rien... et bien de toute façon elle ne partirait pas sans avoir fouillé le moindre centimètre carré de cette stalle. Juste pour être sûre. Mais d'abord elle essaierait d'interroger les autres chevaux. Et puis elle réessaierai, encore et encore, toutes la journée, de ressentir sa présence. S'il était endormi magiquement, ou inconscient, il finirait peut-être par revenir à lui ?

Elle se sentait lasse avant même de commencer. Elle ferma les yeux un long moment, cherchant à calmer son angoisse, à retrouver son calme. Elle devait essayer. D'abord, de toutes ses forces, de détecter s'il n'était pas là, tout proche, sous sa forme d'abeille, simplement assommé. Puis elle interrogerait les autres chevaux. Et puis... elle fouillerait. Partout.

Quête : Equité

Elle ne trouva nulle abeille. Elle ne trouva pas non plus d'écureuil. Par contre, il y avait une odeur forte dans la stalle, qui provenait de l'abreuvoir. Il était presque vide et il aurait été dangereux de goûter au fond d'eau qui y restait, mais la rôdeuse reconnut les effluves du pavot et de belladone, deux plantes utilisées pour induire un sommeil profond ou en tout cas, un état second. Il était probable que le cheval ait été assommé de manière naturelle, peut-être guidé vers l'extérieur sans qu'il n'ait l'énergie ou la volonté de se défendre. A moins qu'effectivement, il n'y ait eu téléportation ou tout autre moyen magique de se déplacer. A moins qu'il ne se soit pas du tout passé ce qu'ils imaginaient. Plus loin dans la paille, à l'extérieur du box, Astrée trouva une petite flaque de sang. Elle était grande comme une main déployée et n'avait pas encore séché. Il n'y avait rien d'autre, pas de piste en gouttelettes menant vers l'extérieur, rien.

Quête : Equité

Astrée pâlit en voyant la flaque de sang. Elle sentit la tête lui tourner, et dut s'asseoir, détournant la tête. Reynald. Il était blessé. Elle se mit à nouveau à trembler, les larmes aux yeux. Elle avait si peur pour lui... Pourtant, il était un clerc puissant, elle le savait. Il était de taille à se défendre. Il avait dû se laisser surprendre...
Son regard tomba à nouveau sur la flaque de sang, et elle grimaça, au bord de la nausée. Bien sûr, cela pouvait aussi être le sang de Prince. Endormi, drogué, sans défense. Bien sûr. Pourquoi donc était-elle aussi certaine que c'était celui du clerc ?

Quoiqu'il en soit, elle n'avait pas grand-chose de plus à faire ici. Elle doutait qu'interroger les chevaux lui apporte une quelconque information utile.
Chancelante, elle revint vers la pièce principale, à la recherche de Tybert, pour lui faire part de ses maigres découvertes.

Quête : Equité

Tybert n'avait pas bougé de sa chaise et fixait le vide avec intensité. Il leva cependant les yeux à l'approche d'Astrée et elle vit tout de suite qu'il attendait beaucoup de ce qu'elle allait lui apprendre. Peut-être attendait-il même qu'elle le détrompe. Maebron ne laissa cependant pas le temps à la jeune femme d'ouvrir la bouche et vint s'asseoir avec eux. Il avait retiré son tablier.
" Je vois à votre mine que vous avez des mauvaises nouvelles, fit Tybert, plus calme qu'il n'en avait l'air.
— Le cheval n'est pas sorti faire un tour de son plein gré, n'est-ce pas ? " ajouta Maedron avec un soupir.

Quête : Equité

Astrée attrapa la première chaise qu'elle trouva et s'assit à son tour, sentant que ses jambes n'allaient plus la porter longtemps. Elle hocha sombrement la tête.
- Il a été endormi. Par des plantes que je connais bien. Pour que j'en sente encore l'odeur, il devait y en avoir une bonne dose...
Elle se sentit à nouveau prise d'un tremblement irrépressible, et dût attendre quelques secondes pour parvenir à ajouter, d'une toute petite voix :
- Il y a... une petite flaque de sang, aussi. Je ne sais pas... si c'est Reynald.
Sa voix se brisa. Elle inspira une fois, deux fois, puis reprit d'une voix à nouveau audible.
- Pas de trace qui indiquerait par où ils sont partis. Rien.
Elle sentit une larme rouler sur sa joue.
Puis elle serra les dents, les poings, se raidit, et réussit enfin à lever les yeux vers Tybert.
- Mais je pourrai sûrement sentir sa présence, quand il se réveillera, ajouta-t-elle d'une voix enfin plus ferme, presque rageuse. Je les retrouverai.
Et Prince saurait s'échapper. S'ils le laissaient se réveiller. Et il saurait les guider jusqu'à Reynald. S'ils ne l'avaient pas, entre-temps.... tué.
Non, elle ne devait même pas l'envisager. Ce n'était pas possible. Elle se refusait à y croire. Elle les retrouverait.
Et s'ils ne le laissaient pas se réveiller ? S'ils tuaient Reynald avant ? Et s'ils n'étaient pas ensemble ? Et... dans quel état avaient-ils mis le clerc...?
Non. Assez de questions. Elle devait garder l'espoir.

Quête : Equité

Cette fois, ce fut Maedron qui posa une main consolatrice sur l'épaule d'Astrée. Les poings de Tybert s'étaient serrés pendant qu'elle parlait.
" S'ils lui ont fait quoi que ce soit... souffla-t-il alors d'une voix dure.
— Rien du tout. Tu n'as jamais tué personne. Tu n'as même jamais frappé personne. Je vais venir avec vous."
L'Eldathien secoua la tête.
" Non, non, tu as fait une promesse...
— A moi-même. Et je me pardonnerai, si nous en venons à ça."
L'elfe noir sourit douloureusement.
" Bon, nous devons bouger en attendant que vous retrouviez votre lien avec le cheval... Je pense que le plus logique serait d'aller directement voir les commanditaires. Les gars qui ont enlevé le cheval le font fatalement pour le compte de quelqu'un qui a pas mal d'argent."
Tybert leva les yeux.
" Tu penses au Fier Etalon ?
— Oui.
— Il n'aurait jamais commandité un vol.
— Non, mais il a offert une somme telle que n'importe qui volerait pour l'obtenir."

Quête : Equité

Astrée eut un élan de reconnaissance envers l'elfe noir qui proposait son aide. Il ne serait pas de trop : Tybert était aussi secoué qu'elle-même. Elle ne l'aurait jamais imaginé dans cet état...

Et on en revenait au Fier Etalon...
- Et... vous pensez faire quoi ? Juste aller les voir, comme ça, en leur disant qu'on nous a volé un cheval et que c'est sûrement pour leur revendre ? Ils nous croiront jamais, ou ils feront semblant en tout cas, pour le garder...
Sauf qu'ils ne savaient pas de quoi était capable l'étalon en matière de fugue.
- Et Reynald... Ils ne vont pas l'emmener là-bas...
Elle secoua la tête. Il avait certainement moins de valeur que l'étalon pour ces hommes. C'était un miracle qu'ils ne l'aient pas tué tout de suite. C'était peut-être trop tard.
Elle soupira. Ne surtout pas y penser.
- Mais j'imagine que vous n'avez pas trouvé qui est susceptible de leur avoir ouvert... Et on n'a pas d'autre piste de toute façon... Donc vous avez raison, il faut bien essayer...
En attendant, elle essayerait, encore et encore, de retrouver mentalement Prince.

Quête : Equité.

Maedron pinça les lèvres.
" En fait, le Fier Etalon n'est pas tout à fait un inconnu... commença-t-il.
— C'est le beau-frère de Reynald, intervint Tybert. Ils n'ont pas toujours les rapports les plus cordiaux du monde, mais il devrait nous aider, ne fût-ce qu'en mémoire de son épouse.
— C'est en tout cas notre meilleure piste. Si les voleurs n'ont pas l'intention de lui vendre la bête, au moins aura-t-il une idée des autres personnes susceptibles d'avoir offert de fortes sommes dans la région."
Tybert opina du chef, puis frissonna.
" Tout le monde doit garder son calme, dit enfin Maedron. Même si les choses avaient mal tourné..."
Il regarda Tybert en coin.
" Je ne peux le relever que dans les dix jours, et que si le corps est intact, fit l'Eldathien d'une voix blanche.
— Mais personne n'est mort. Et nous les retrouverons tous les deux bien avant ça."
Il poussa un bref soupir.
" Tu vas aller avec Astrée chez Goran. Je vais interroger mon personnel. Rendez-vous ici dès qu'il y a du nouveau. Et ne faites rien d'inconsidéré."

Quête : Equité

Si le Fier Etalon était un allié potentiel... ça changeait tout, effectivement. Ils avaient bien une piste... Elle reprit espoir.

Puis la réplique de Tybert lui noua l'estomac. Et l'elfe noir avait beau essayer de les rassurer, elle ne pouvait s’ôter cette idée de la tête. Le sorlyn n'avait aucune valeur pour les ravisseurs. Prince s'échapperait tôt ou tard, mais lui... ils allaient le tuer. Ou l'avaient déjà fait. Elle en tremblait. Elle écouta à peine ce qu'évoquait Tybert, évoquant les possibilités de résurrection. S'il était mort, c'était trop tard. Elle eut envie de prier, de toutes ses forces, pour qu'il soit en vie. Mais prier qui, si son dieu lui-même ne l'avait pas aidé ?

Non, elle ne devait pas penser à tout cela. Elle devait agir.
- Allons-y tout de suite. Enfin, je boirais bien un verre d'eau avant, si vous avez ça...
Elle se sentait au bord du vertige. Mais elle tiendrait. Tant qu'il y avait une once d'espoir qu'il soit vivant, elle s'y accrocherait de toutes ses forces.
- On va le ramener. J'en suis sûre, fit-elle en touchant le bras de Tybert avec un maigre sourire grimaçant.

Quête : Equité

" Non, fit l'Eldathien. Non, nous n'en sommes pas sûrs."
Il sourit doucement, puis secoua la tête.
" J'ai besoin d'un peu de temps pour me remettre, dit-il. Je ne suis pas certain que je suis en état de...
— Goran te connait, Tybert. Tu reprendras tes esprits en selle. Vous pouvez prendre les deux gris qui sont dans les stalles les plus proches de la sortie. Je vais vous donner de quoi petit-déjeuner en route."
Il attira ensuite Astrée à sa suite, sans lui laisser le temps de protester. Une fois devant le comptoir, il lui servit un verre d'eau, puis adressa un nouveau signe à l'une de ses serveuses. Apparemment, il avait développé tout un système de communication gestuel, bien pratique dans une salle d'auberge bruyante.
" Nous allons retrouver votre cheval et nous allons retrouver Reynald. Je sais que vous devez être déboussolée et que vous ne vous attendiez pas à ce genre d'accueil à Bortheias. Je voudrais vous dire que cette situation me prend complètement par surprise, moi aussi, mais ce serait mentir. Je savais que cet animal nous causerait des soucis. Mais soit. Ce qui est fait, est fait. Astrée, je ne vous connais pas, mais je sais que vous valez, à la seconde et malgré votre perte, mieux que l'homme qui est assis là, quel que soit le pouvoir qu'il a en lui. Tybert et Reynald n'ont pas été séparés un seul jour depuis quatorze ans. Il ne se souvient probablement même pas du temps d'avant. Vous devez gérer ceci, même si c'est dur. Je vous retrouverai tout à l'heure. Allez, maintenant."
La serveuse avait reparu et Maedron posa un paquet entre eux, renfermant sans doute les fameuses victuailles.

Quête : Equité

Mieux que Tybert, elle ? Par tous les dieux, ce drow n'avait pas la moindre idée du maelström d'émotions et d'angoisses qui l'assaillait... La seule force qui lui restait, c'était l'énergie du désespoir. Et le refus farouche de croire au pire. C'était une pensée trop insupportable.

Elle prit le petit paquet de provisions, salua leur hôte d'un air complètement absent, et se dirigea vers Tybert d'un pas guère assuré. Une pensée parasite tournoyait dans son esprit, obsédante. Maebron avait dit que Reynald et Tybert n'avaient pas été séparés un seul jour... Et pourtant la veille Reynald était prêt à laisser Tybert sur place pour l'amener ici. Elle n'y comprenait rien. Ne voulait pas comprendre. Maebron devait se tromper. Ou elle avait mal entendu. Ce n'était pas possible...
Et puis qu'est-ce qui lui posait de se poser ce genre de question maintenant ? Ce n'était pas le moment, vraiment pas. Reynald... Elle le sortirait de là. Il fallait le retrouver à tout prix.
- Allons-y... fit-elle à Tybert sans lever les yeux, perdue dans ses émotions.
Tendant le paquet, elle ajouta.
- On aura sûrement besoin de forces. Mais je n'ai pas faim, pas tout de suite... Et il faut qu'on fasse vite.

Quête : Equité

Tybert acquiesça d'un air absent mais se leva. Une seconde, il parut vaciller, comme s'il allait se rasseoir aussitôt, mais il parvint à trouver son équilibre, puis un peu d'énergie. Ils gagnèrent donc les écuries en silence, se faufilant par le couloir de service, cheminèrent dans la paille, dépassant la stalle désormais vide où Prince était resté si peu longtemps, puis trouvèrent les chevaux que Maedron leur avait prêtés. C'étaient deux belles bêtes grises, bien éveillées, curieuses, qu'ils purent harnacher sans difficultés. Un palefrenier encore ensommeillé survint, leur ouvrit la porte, et ils sortirent dans la rue.
Dans la lumière pâle du début de journée, Astrée put donc découvrir, sans doute d'un oeil distrait, les rues boueuses de Bortheias. Le vent soufflait fort, les nuages défilaient à grande vitesse, tantôt blanc, tantôt gris, et ils essuyèrent une courte ondée avant même d'avoir quitté la ville. La plupart des bâtisses étaient en bois, souvent un peu tordues, parfois mal agencées, et la grande majorité des promeneurs étaient à cheval. Tybert semblait savoir où ils allaient, aussi Astrée n'eut-elle qu'à se couler dans son sillage.
Tandis qu'ils cheminaient, en proie à leurs noires pensées, la jeune femme fut soudain envahie par une image de tournesol appétissant. Elle avait presque l'impression de le voir devant elle, sur le garrot de son cheval. Un gros tournesol épanoui, jaune, qui la fit pratiquement saliver sans qu'elle puisse s'en défendre. Et puis la vision se dissipa.

La Couronne de Cuivre

[Lieu] Bortheias