[Loups Garous] Quelque part dans les montagnesÂ…

[Lothringen]

Peu sensible à la poésie et aux discours de circonstance, Perrine n'en fit pas moins une incursion intéressée vers les buffets. Trois mains particulièrement préhensiles rafflèrent clafoutis sur clafoutis, et quelques uns d'entre eux s'égarèrent quelque part dans le panier de courses. Après tout, cette élection était peut-être une bonne chose : un nouveau visage, un nouveau discours... et cela promettait quelques pâtisseries de bonne facture pour le village et son dévoreur domestique, à savoir le marmot, là, qui commençait de peser lourd sur son bras. Clafoutis n'avait aucune expérience, une crédibilité faible, mais en pâtisseries, en tout cas, ça se défendait... Perrine était curieuse de voir ce que deviendraient ces nouvelles routes commerciales. Pour ce qui est du sort de la domesticité et de ses chances d'évolution, en revanche, elle ne se faisait aucune illusion : la transparence était son lot. Quoique quand il s'agissait de chaparder des buffets, ça avait son côté pratique.

Néanmoins, elle ne s'attarda pas, car le rôti brûlait.

[Bat]

Bruce avait accueilli la nouvelle de l' élection de Clafoutis au poste de bourgemestre avec une certaine surprise. Il n' imaginait pas qu' une majorité de villageois le suivraient dans son choix : pour lui avant des élections, la plupart des gens étaient trop conservateurs pour changer radicalement de représentation politique. Mais pourquoi pas finalement ? C' était rafraichissant un tel état d' esprit.

La seule note discordante était l' air tout triste de la pauvre Judette. Si les choses avaient dépendues de Bruce, Judette et Clafoutis auraient été élues co- bourgemestres...Mais on ne lui avait pas demandé son avis à lui...

Bref l' herboriste-marchand d' épices se dirigea vers le buffet. A l' image de Perrine et Gaspard,il commenca à piocher dedans sans penser à quoi que ce soit en particulier...

[Elzen]

Le buffet se prolongea quelque peu, et le père Garnerin fit même contre mauvaise fortune bon cœur en concoctant aux gens encore présent une de ces omelettes dont il avait la spécialité, et qui faisaient clairement de l'ombre aux clafoutis de sa nouvelle remplaçante.

Juste eut l'air quelque peu peiné de la réaction de Judette, et sembla sur le point d'essayer de la rattrper – mais le sourire de Clafoutis le retint sur les lieux du banquet.

De Fancine, on n'eut pas de nouvelles de la soirée. Les témoins l'avaient vu s'enfermer chez elle et ne pas en sortir.


Malgré l'absence de quelques déserteurs, la fête se passa tout à fait convenablement… jusqu'à ce que n'éclate un coup de tonnerre particulièrement intense. Aucun signe d'éclair, de pluie, ou de quoi que ce soit d'autre annonçant un orage. Juste ce bruit éclatant, lugubre, dans la nuit tombante, et soudain, l'impression, pour chacun d'entre eux, présents ou non à la fête, qu'un spectre venait de le traverser… et peut-être de s'attarder quelque peu.

Tous se regardèrent, silencieux. Il était désormais évident pour tout le monde que l'ancienne ruine avait été profanée, et que les anciens pouvoirs s'étaient éveillés, et avaient choisis leurs nouveaux hôtes. Une période sombre s'ouvrait pour le village – cette nuit, ils en avaient tous la certitude, l'un d'entre eux serait tué.
Tous se dévisagèrent. Deux d'entre eux, ils le savaient, étaient désormais leurs ennemis mortels – mais qui étaient-ils ? Rien, pour l'instant, ne le laissait soupçonner.

[Ailyn]

On était bourgmestre, ou on ne l'était pas. Et là tout de suite, la joie passée, Clafoutis regrettait un peu d'être bourgmestre et de devoir prendre des décisions ou tout du moins, de se montrer suffisamment concernée pour un village entier.

"Est ce que tout le monde va bien ?" demanda-t-elle, arborant un visage déterminé, pour éviter d'avoir l'air angoissée.

Elle allait de l'un à l'autre, demandant à chacun comment il se sentait.

"Bien euh... Je pense que cette nuit, il serait vraiment judicieux que personne ne reste seul hein, on ne sait pas ce qu'il peut arriver quand se présente un mauvais présage comme celui-là... Ne vous séparez sous aucun prétexte ! Restez groupé, même pour dormir ! Ce sera bien plus prudent..."

Clafoutis n'en revenait pas de donner de tels conseils. C'était certainement parce qu'elle craignait elle aussi de se retrouver seule quelque part, qui lui inspirait ce genre de réflexion.
Malgré l'angoisse, Clafoutis se demandait si ça ne vaudrait pas le coup de se rapprocher de Juste, pour ne pas rester seule...

[Streen]

L’évènement avait failli faire tomber Pierre à la renverse ainsi que sa lyre. C’était décidément un mauvais présage…très mauvais présage. Il prit sa lyre et se mit à chanter :

« Quel évènement malheureux
Qui arrive lors d’un jour heureux
Les runes ont été profanées
Sous notre barbe et notre nez
Les forces obscures reviennent
Telles des fauves similaires à des hyènes
Elles pervertiront certains d’entre nous
De manière à nous mettre à genoux
Nous devons écouter notre nouveau maire Clafoutis
Qui proposent qu’au moment d’aller au lit
Nous dormions tous dans la même maison
Et des mauvaises rencontres éviterons
Mais si jamais d’autres propositions surviennent
Nous pourrons les étudier et choisir celles qui nous conviennent. »

[Althéa]

Judette s'en fichait un peu de rester seule. Et elle n'avait pas peur. Parce que si elle mourrait jeune, elle entrerait dans la légende. Oh, ça lui ferait une belle jambe mais au moins, on se souviendrait d'elle. Un petit moment de célébrité. On pourrait dire qu'elle était belle, et triste et qu'elle aurait pu s'appeler Ophélie. On pleurerait en pensant à elle. Et ça, c'était beau.

Bon, en attendant, il faudrait tout de même qu'elle soit un peu célèbre. Plus célèbre que ce barde à la manque qui chantait faux.

"Moi, je pense que l'on pourrait tous s'accompagner en restant tous seuls."

[Galathée]

Gaspard n'était peut-être pas le plus futé de tous les villageois, mais il commençait déjà à regretter d'avoir voté pour Clafoutis. Qu'est-ce que c'était que cette idée de dormir groupés ? Elle n'avait pas senti... senti cette odeur de soufre ? Ce parfum... de sang ? Ces effluves de mort ?!
Groumf l'avait reniflé aussi : tous les poils de son dos étaient hérissés. Le MAL avait fait son apparition à Thiercelieux et le MAL était parmi eux. Alors dormir les uns sur les autres ? A deux mètres d'un monstre assoiffé de tripailles ? Elle était folle ou quoi ? Ils seraient bien mieux chacun planqué chez soi ! Et lui bien mieux dans sa forêt, dans un buisson tellement touffu que même un... une... enfin... un truc démoniaque au hasard ne pourrait pas venir l'en déloger !
Mais à bien y réfléchir, il ne dormirait pas seul. Tapotant le dos de son pourceau, il se sentit subitement beaucoup plus en sécurité. Rien ne pouvait se produire, assurément.

[Lothringen]

Perrine, depuis le coup de tonnerre, de théâtre, et de trafalgar de tout à l'heure, sentait ses cheveux se dresser sur sa tête et prenait tout et tout le monde en horreur. Elle avait entendu les légendes à glacer le sang qui couraient à propos des vieilles ruines, elle avait vu une sorte de fantôme la traverser et franchement, franchement, elle commençait à trouver au petit un air suspect, aux radis des feuilles coupables, et aux navets des envies de meurtre. Elle se sentait toute chose, aussi. Alors, le village allait être harcelé par des Bêtes immondes, maintenant ? On allait ramasser des cadavres à l'état d'os sanguinolents et cannibalisés ? brr. Abandonnant le rôti et le repas des maîtres, dans le village voisin, elle préféra risquer le renvoi et rentra directement dans la chambrette menue que l'on pouvait baptiser un "chez elle." Où elle passa un bon moment à considérer le petit, se demandant si elle faisait bien de le garder avec elle. Elle n'avait pas vu de spectre jouer avec lui, mais en était-elle bien sûre ? Ne ferait-elle pas mieux de le laisser jouer malencontreusement avec le rebord de fenêtre ? Après tout, un enfant, c'est vite remplacé.

[Bat]

Bruce était devenu assez inquiet en entendant les grondements du tonnerre. Comme tout le monde ou presque au village, il connaissait les vieilles légendes et se doutait bien qu' un ancien mal était sorti de son sommeil. A présent que faire comme disait un révolutionnaire bien connu ? Car chaque villageois présent dans la salle pouvait désormais avoir été possédé par un esprit lupin. N' importe qui pouvait devenir un Garou maléfique...

Dormir les uns avec les autres ? Oui et non. Bruce préférait s' enfermer à double tour dans une des chambres de l' auberge. Il serait protégé plus ou moins et au pire espérait pouvoir appeler ses concitoyens à l' aide. Que d' espérances pour l' herboriste-marchand d' épice, lorsque il se glissa sous les draps frais...

[Elzen]

Fancine s'était enfermée à double tour, et comptait bien ne pas ouvrir sa porte. Du temps de l'Ancien, ça ne se serait pas passé comme ça, ça non.
Cette gamine avait voulu être bourgmestre ? Grand bien lui fasse. Qu'elle gère maintenant la situation comme elle le pourrait. À coup sûr, ce serait tellement déplorable qu'on viendrait tôt ou tard lui demander de la remplacer, à elle qui, au moins, était expérimentée. Pour l'heure, prudence était mère de sûreté : ne pas prendre de risques inutiles en sortant alors que la nuit était tombée. Son lit serait sans doute l'endroit le plus sûr…

Garnerin avait blêmi, puis quelque peu verdi, puis de nouveau blêmi. Et il s'était effondré sur la chaise la plus proche. Puis il avait marmonné quelque chose qui ressemblait à « on va tous mourir. »
Puis il était parvenu à se relever, lentement, l'air terrorisé, avant de s'enfuir à toutes jambes et de disparaître dans la nuit.

Juste, quant à lui, semblait ne pas trop céder à la peur. En fait, il avait sur le visage la même expression que lorsqu'il s'apprêtait à entrer dans sa classe. Ou bien lorsqu'il devait s'adresser à une jolie fille. Et il y en avait justement une qui ne se tenait pas trop loin de lui, et qui tentait vaillamment de prendre les choses en main.
« Notre bourgmestre a raison. Rester grouper nous permettra peut-être de nous défendre. »
Pour sa part, il n'avait pas l'intention de trop s'éloigner d'elle. On n'était jamais trop prudent.

Quand vos personnages se seront tous endormis, nous passerons aux activités nocturnes. La voyante et le salvateur peuvent commencer à réfléchir, et les loups à délibérer, sur leurs cibles de cette nuit, si ce n'est déjà fait.

[Ailyn]

Touchée par les propos, et évidemment l'attitude de Juste, Clafoutis répondit :

"Oui, restons groupés !"

Clafoutis aurait suivi Juste n'importe où, et elle ne serait sûrement pas rentrée chez ses parents, où, finalement, elle se serait peut être fatalement retrouvée seule car son père serait partie à la recherche de sa mère... Qui serait bien à l'aise... chez quelqu'un d'autre.
Prête à emboîter le pas à sa conquête du jour, Clafoutis ajouta :

"Mettons nous tous à l'abri, ce sera plus sécurisant pour nous, n'est-ce pas ?"

[Elzen]

« Oui, sans doute… peut-être serons nous plus en sécurité chez moi ? »

Juste prit la main de Clafoutis et l'emmena avec lui jusqu'à son domicile, accolé à l'école du village. L'endroit était assez petit : les seuls aspects intéressants en étaient une cuisinette, un bureau emplis de documents lui servants à préparer ses cours… et un lit juste assez vaste pour deux personnes, pour peu que ces personnes restent serrées l'une contre l'autre.

Tandis que la nouvelle élue et l'instituteur s'enfermaient, espérant passer la nuit sans que rien ne vienne les déranger, le vide se faisait sur la petite place. La plupart des gens s'enfermaient également à double tour… mais les portes fermées retiendraient-elles le pouvoir des spectres ?

Ceux qui n'ont pas encore posté, ou qui ont encore quelque chose à dire, peuvent le faire, pendant que j'attends les MPs des nocturnes. Salvateur, Voyante et Loups peuvent dores et déjà me contacter ; je préviendrai la sorcière ensuite. Bonne nuit à tous… ou pas…

[Mornagest]

Géraud n'avait pas peur de l'orage, du tonnerre, de l'éclair ou des Schtroumpfs, pour autant qu'il sût. La perspective de dormir avec quelqu'un d'autre ne l'intéressait guère, car il n'avait pas peur du noir non plus, et aucun des convives présents - ni aucune présentes, surtout - ne le tentait pour ce genre d'activités nocturnes et lubriques. Il haussa les épaules à la suggestion de Clafoutis, puis comprit mieux la raison d'être de cette suggestion lorsqu'il la vit partir avec Juste, bras dessus, bras dessous. En voilà deux qui allaient passer une nuit mouvementée. Bah. Non, il n'était pas jaloux. Vraiment pas. Clafoutis était belle, mais pas de son genre. Non, vraiment... aucune villageoise ne correspondait à ses attentes.

Il prit congé des derniers habitants encore présents puis alla se coucher : une rude journée l'attendait demain, il devait rempailler tout un assortiment de chaises brisées appartenant à une famille un peu trop portée sur la bonne chère...

[Althéa]

Judette avait suivi le mouvement. Parce qu'une star était toujours dans le move. Allo quoi ! Enfin, elle ne savait pas vraiment ce que ce charabia voulait dire mais comme toute jeune femme de son âge, elle l'avait entendu une fois et avait pensé que c'était la phrase la plus intelligente du siècle. Du moins, c'était la seule qu'elle croyait comprendre. Parce qu'elle ne savait pas ce que voulait dire "allo", ou peut être "à l'eau", ou encore "halo" et puis même "sale eau", ce que disait souvent le papa de clafoutis au monsieur dans le lit duquel sa mère s'était perdue.

Judette donc alla se coucher dans son lit. Elle n'avait pas compris grand chose.

[Streen]

Pierre partit se coucher peu rassuré. Il sentait que cette nuit, les malheurs allaient commencer. Il prit donc un marteau, des planches et des pointes et barricada la porte. Il espérait qu'ainsi, personne ne rentre chez lui. Oh et s'il avait une chandelle qu'il pouvait laisser constamment allumer, ça serait un plus. Il fouilla dans ses tiroirs et dans ses placards mais non, il n'y avait rien. Grommelant, il allait devoir se coucher avec la possibilité de se retrouver éventré demain matin.

[Elzen]

Les diverses tentatives de bloquer les portes seraient-elles efficace ? On ne le saurait pas cette nuit.

Certains villageois avaient tremblé dans leur lit comme des feuilles ; d'autres avaient passé quelques heures à barricader leurs maisons convenablement ; d'autres encore s'étaient livrées à des activités plus aptes à leur changer les idées… certains avaient prit conscience des pouvoirs qu'ils avaient obtenu, et étaient parvenus à les maîtriser avec plus ou moins de succès. Mais tous avaient fini par s'endormir profondément. Tous, sauf trois.
Au cours de la nuit, un cri horrible s'était fait entendre ; troublant le sommeil de tous… aucun, cependant, n'avait eu le courage de se lever pour rechercher la source du bruit. Seuls les deux spectres avaient erré à leur gré, leur première victime achevée, avant de retourner jusqu'à leur lit, se donnant l'aspect d'innocents villageois.

Puis l'aube était revenue, les portes, timidement, s'étaient ouvertes… il faisait beau, ironiquement. Comme si le ciel n'avait cure de ce qui se tramait au sol.
Fancine avait été la première à sortir : matinale comme toujours, elle était partie faire sa ronde dans le village. Son devoir était d'inspecter les lieux, pensait-elle ; même si cette petite parvenue avait obtenu le titre, elle était encore terrée on ne savait où, et le vrai travail devait revenir aux gens véritablement responsables, comme elle. C'était, du moins, le genre de pensées qui lui traversaient l'esprit lorsque la découverte du corps lui en fit perdre le fil.
Un second cri affolé acheva de réveiller ceux qui paressaient encore ; et à guider les autres vers le lieu du crime. Les premiers arrivés purent récupérer Fancine, blanche comme une feuille et tremblante comme un linge, ou l'inverse, et qui manqua de s'effondrer dans leurs bras.

« C'est Ga… c'est Ga… Il est… »

Elle ne put en dire plus.
Le visage de la victime était déformé par une expression de terreur, mais il restait clairement reconnaissable : après avoir, sans doute, passé une partie de la nuit à fuir, sans oser rentrer chez lui, le Père Garnerin avait finit par succomber, terrassé par les monstres qui l'avaient rattrapés. Aucun pouvoir n'avait pu l'aider, hélas : la première victime avait été un innocent villageois.

[Lothringen]

Le marmot sur le bras (avait-il un prénom, cet ogre en devenir ? Vous ne le saurez pas avant quelques posts, si les dieux lui prêtent vie...), Perrine désormais chômeuse avait été des premiers à accourir sur les lieux du crime, ou pour mieux dire, du massacre. Ignoble : tripes et boyaux à l'air, les joues creuses et sanguinolentes, Gamerin n'avait plus rien du bougon faiseur d'omelettes de la veille. Tant pis pour les omelettes, elle n'en remangerait pas de sitôt. Si la mort avait son visage, Perrine se promit de trépasser en lui tournant le dos...

Elle reprit péniblement sa respiration. Alors c'était vrai, toutes ces légendes. Des loup-garous s'étaient réveillés, et ils allaient y passer un par un... Que ne pouvait-on les trouver tout de suite, les crucifier sur un pas de porte, les vider comme un lapin frais... Respire... Le ver était dans le fruit, l'ennemi dans la place... Tout près d'elle vraisemblablement...

"J'ai faim !" geignit le marmot.

[Streen]

Pierre avait un avis mitigé sur la situation. S’il était satisfait d’avoir survécu grâce aux précautions qu’il avait prises, la mort de Garnerin était un choc. Le pauvre homme n’avait pas eu de chance d’être pris pour cible. Quelle idée de sortir dehors aussi et de quitter le village en coupant à travers bois. Les loups en avaient profité pour s’attaquer à lui. Le bois était leur demeure. Et comme il était seul, il avait représenté une cible idéal. Il ne pouvait que maudire la lâcheté de ses maudites bêtes. D’une voix plaintive, il chantonna :

« Quel jour malheureux
Dans notre village de Thiercelieux
Après avoir fait une grande fête
Notre village a été attaqué par des bêtes
La première victime est Garnerin
Celui qui désignera son assassin
Pourra se vanter d’avoir réussi
Et de faire honneur à mes chansons dans une poésie »

[Galathée]

L'odeur du sang et de la mort avait retourné l'estomac de Groumf, à tel point que le pourceau avait refusé de s'approcher du corps. Gaspard n'était pas très motivé pour s'approcher, lui non plus, mais il lui semblait nécessaire d'au moins voir le cadavre pour en savoir davantage sur la bête et donc s'en prémunir. Sans compter que la bestiole avait peut-être laissé une empreinte ou un poil, voire un parfum particulier qui pourrait ensuite lui servir de signal d'alarme.
Il tapota donc l'échine de son ami, puis s'éloigna (c'était dur, très dur) pour rejoindre l'attroupement d'êtres humains. Oui. Ce n'était pas très joli, effectivement. Il ne pensait pas reconnaître l'oeuvre ni d'un ours, ni d'un lynx, ni d'un loup conventionnel. Un frisson lui anima l'échine. Qui ou plutôt qu'est-ce qui avait pu faire une chose pareille au pauvre vieux Garnerin ? Pas que Gaspard l'ait jamais trouvé bien sympathique, mais tout de même... Ce n'était pas une manière de mourir...
Il jeta un regard circonspect aux autres villageois. Etait-il possible que l'un d'entre eux ? Vraiment ? C'était à peine croyable. Et pourtant...

[Ailyn]

Après une nuit agitée mais reposante, Clafoutis se précipita aux premiers hurlements de Francine. Son estomac se retourna à la vue du cadavre de Garnerin dans un état des plus effrayants... Tout ce qu'elle eut le temps de voir avant de se détourner était des lacérations, du sang et un visage mort. Elle aurait voulu ne pas en voir plus, mais elle allait peut être devoir faire un effort : il allait bien falloir retirer le corps de la vue de tous. D'ailleurs, on allait le couvrir. Pour plus de dignité...
Bizarre que Francine n'y ait pas pensé avant...

Elle ne dit rien. Elle ne savait plus. Elle voulait faire, agir, avec ses mains, ses pieds, son corps, et laisser son esprit en paix... Mais après avoir vu une telle chose, elle n'aurait plus jamais l'esprit totalement en paix.
Rapidement, elle traversa la place, s'éloignant de Garnerin à une vitesse inouïe, entra chez ses parents, se saisit d'un drap et revint sur la place pour recouvrir le cadavre.

Mal à l'aise, Clafoutis étendit lentement le drap au dessus du corps, retenant de son mieux les soubresauts dont elle était secouée. Faire son devoir l'aidait à se détourner de l'idée qu'il allait à présent falloir faire quelque chose... Un vieil adage populaire disait que le sang appelait le sang... Allaient-ils devoir faire justice en pendant l'un des leurs, comme on le faisait dans les histoires anciennes ?

Tâchant de prendre un air sérieux et de retenir ses hauts le coeur, Clafoutis demanda d'une voix tremblante à l'assemblée :

"Qu... quelqu'un... est-ce que quelqu'un a vu... ou entendu... quelque chose ?"

[Mornagest]

Heureusement que Clafoutis venait de recouvrir le corps. Peu habitué aux scènes de boucherie-charcuterie, Géraud n'aurait pas tenu quelques secondes de plus et aurait remis son excellent déjeuner - du lard, trois œufs sur le plat, huit tranches de pain, de la confiture aux cerises, de la gelée de pommes, un demi-litre de lait frais, du miel, du blé bouilli - sur le corps déjà dans un état pas très frais. Étrangement, son petit creux matinal coutumier ne se manifestait plus. Il ne mangerait peut-être plus de saucisses avant un bon moment... peut-être même jusqu'au lendemain. À moins... à moins... qu'il ne soit la prochaine victime !

"Rien vu, rien entendu... jusqu'à maintenant, en tout cas", fit-il, un peu naïvement.

[Althéa]

"Nooooooooooon, noooooooooon, pitié, pas lui."

Judette se roulait par terre en pleurant, pensant qu'elle jouait très bien la starlette éplorée et qu'un homme de théâtre de passage lui donnerait Le grand rôle dans une de ses pièces. Elle avait des arguments convaincants et du monde au balcon. Voyant que personne ne la regardait, elle reprit figure humaine.

"Au fait, c'était qui ?"

Elle s'aperçut ensuite que Clafoutis avait posé une question. Celle qui lui avait volé la vedette. Du moins pour cette fois.

"Non. J'ai rien entendu du tout. J'ai dormi sur un petit poids."

Elle trouvait sa réplique infiniment glamour.

[Elzen]

Juste avait suivi Guillemette – pardon, Clafoutis – et s'efforçait maintenant de se rendre utile comme il le put. Fancine avait l'air dévastée ; mais que pouvait-il faire pour la réconforter ? Il s'assura au moins qu'elle ne semblait pas sur le point d'en mourir.

Un peu plus tard, ce fut Judette qui… ah, non, ça n'avait été qu'une comédie. Elle avait un certain talent, il fallait le reconnaître.

À la question de la bourgmestre, ses joues prirent une teinte rosée.

« Je crois que j'avais… d'autres préoccupations, cette nuit ; je n'ai pas vraiment entendu… un cri, peut-être, pendant la nuit, mais je ne saurais trop dire… Allons bon, un homme meurt, et nous ne savons même pas quoi faire. Il doit bien y avoir des indices quelque part, non ? »

Même s'il s'efforçait de donner le change, il semblait complètement perdu.

[Bat]

Bruce fut secoué par la découverte du corps le lendemain matin. Pourtant la nuit avait moins difficile qu' il ne l' avait imaginé. Mais à présent il se demandait pourquoi cette mort injuste : Garnerin était peu charismatique certes mais dévoué au village de Thiercelieux. Alors pourquoi tant de violence ? Autre interrogation qui taraudait Bruce : les loups allaient-ils faire de nouvelles victimes ? Et surtout...les loups se cachaient-ils parmi les habitants du village, sous l' aspect de certains d' entre eux ?

Bruce se découvrit gravement devant la dépouille du pauvre Garnerin : il serait à ses obsèques c'est certain. Pour la suite des évènements, l' herboriste ne pouvait que spéculer...Clafoutis avait rudement bien fait de se hâter de rendre un peu de dignité à la dépouille de Garnerin en étendant un drap sur cette dernière...

[Ailyn]

Tremblante comme une feuille, Clafoutis s'agita un peu.

"Vous... vous êtes sûrs ? Sûrs que personne n'a rien vu, rien entendu ?"

Elle hésita un peu, butant sur les mots :

"Il... doit bien y avoir quelque chose... enfin, ce n'est pas... pas... pas possible."

[Galathée]

Gaspard n'avait pas l'habitude de parler en public. Il n'avait pas l'habitude de parler du tout. Il avait l'habitude de grogner dans les bois.
Mais bon, voilà, certains jours, il fallait se lancer.
" J'ai rien entendu du tout, vu que mon cochon ronfle, tout ça, mais... mais je trouve quand même que peut-être, ce serait mieux qu'on enlève le drap."
Il jeta un coup d'oeil à Clafoutis.
" P't'être que les âmes sensibles, ou les filles, j'sais pas, elles devraient s'en aller, si elles supportent pas de le regarder, mais moi je pense... que si on regarde pas le cadavre, ben on trouvera pas le coupable... Parce qu'ils laissent toujours des traces. Comme le renard qui vient voler les poules, il laisse toujours un peu de crottes ou alors les sangliers qui fouinent dans les champs... Enfin... Vous voyez ce que je veux dire. Donc je crois... que c'était pas une bonne idée, ce drap. Sans vouloir vous ennuyer, mademoiselle Clafoutis, je comprends bien pourquoi vous l'avez fait..."
A moins que... Non. C'était le maire. Un maire, ça bouffe pas ses gens la nuit, sinon c'est vite sans emploi.
" Je comprends bien que ça partait d'un bon sentiment, puis le respect aux morts, tout ça... Mais si on inspecte pas le corps, alors on n'aura rien comme indice."

[Streen]

Pierre prit sa lyre et dit:

"Il y a peut être eu du bruit
Alors que nous dormions tout pendant la nuit
Mais il est difficile de se maintenir éveillé
Pour pouvoir ensuite visualiser
Ce qui se passe dehors
Et nous donnant plus de remords
Car si nous étions plus groupés
Tout cela ne se serait peut être pas passé
Nous déplorons tous la mort de Garnerin
Et nous sommes tous en chagrin
Pierre n'a quand à lui rien entendu
Et se sent un peu perdu"

[Ailyn]

Clafoutis oscilla d'un pied sur l'autre, pâle comme un linge. Elle aurait voulu ne jamais avoir à soulever ce drap et regarder à nouveau les traits creux et les yeux sans vie de Garnerin. Mais peut être fallait-il regarder en effet... pour espérer comprendre comment tout cela était possible.

"Bien Gaspard, répondit-elle en essayant de ne pas laisser sa voix trembler. Je... je crois... qu'on peut le faire. On va retirer le drap et voir... comment... comment il a... enfin, voilà, vous voyez ce que je veux dire..."

Elle se racla bruyamment la gorge et lança d'une voix blanche :

"Bon, et bien, que ceux qui veulent comprendre s'approchent... On va... on va... regarder tout ça. Gaspard, venez, approchez-vous. Après tout, c'est votre idée."

Clafoutis allait revoir le visage de Garnerin et tout son estomac s'en retournait déjà.

[Althéa]

"Beurk, c'est dégoutant et tout sale. Et c'est quoi ça ? On dirait son pied. Ha non, c'est pas son pied. C'est son côlon ! A non, c'est plutôt sa rate. Mais qu'est-ce qu'il a fait pour qu'elle ressorte comme ça ? Vous croyez qu'il est vraiment mort ? Je dis ça parce qu'on peut-être recoller des morceaux."

Judette commentait la situation avec sa ... légéreté habituelle. De temps en temps, elle jetait sur le cadavre des petits coups d'oeil horrifiés. Elle espérait qu'elle jouait bien la peur.

[Lothringen]

"Aaahhhh... dégagez !"

Le petit venait de projeter un jet bien dense de vomi qui atterrit en plein sur les joues creuses du cadavre, tout en giclant sur les pieds d'un peu tout le monde.

"Hum... désolée."

"Maman", geignit le marmot sans même prendre le temps de s'essuyer la bouche, "c'est dégueulas, et j'ai faim !"

Perrine battit promptement en retraite, heureuse de pouvoir saisir ce bon prétexte pour s'éclipser d'une scène de crime qui lui répugnait de plus en plus, et qui, maintenant, puait le vomi de nouilles.

"Heu... je vais tenter de lui trouver de quoi le calmer ou il serait capable de dévorer ce qu'il reste... Je reviens, hein. J'ai rien vu, rien entendu non plus, et je pense que ça ne sert à rien d'examiner la chose d'un air docte : on a tous entendu les légendes, et vu les spectres hier. C'est l'oeuvre d'un loup-garou !"