La Couronne de Cuivre

- Bonjour, messire commandant.

Sylveneige se sentit intimidée de prime abord ; mais elle respira à fond et décida de ne rien laisser paraître de ses sentiments.

- Messire commandant, je viens vous trouver sur le conseil de l'officier de la Capitainerie. Voici la note qu'il m'a donnée.

Elle tendit la note au commandant et poursuivit :

- Je suis Sylveneige, d'Evereska, fille d'Oriin et Eielle. Désireuse de voir Lumenis, je suis arrivée ici il y a quelques jours. Un temps suffisant pour me faire des amis déjà chers à mon coeur, parmi lesquels Maître Dorian, de la Forge Flamboyante, son ami Zaïu, et Streen.

Elle refoula péniblement la boule qui montait à sa gorge.

- C'est au sujet de Streen que je viens vers vous. Nous logions à la même auberge, l'Ombre de l'Arbre, tenu par Dame Poikarea. Alors que je montais réveiller mon ami, j'ai découvert une chambre vide, dans un désordre incompatible avec le soin habituel de Streen. Même la bougie de la table de chevet était cassée en deux !

Sylveneige s'était reprise, et ce fut avec aplomb qu'elle termina son récit.

- Si je viens à vous, c'est dans l'espoir que vous pourrez m'aider à le retrouver. A la Capitainerie, l'officier n'a pas l'air décidé à ouvrir la moindre enquête... Streen n'est pas un homme dont on peut se passer... Je veux dire, c'est quelqu'un de bien, loyal, fidèle, courageux... Si on ne fait rien pour une telle personne, alors je me suis mépris sur les qualités de la ville de Lumenis.

Afin de ne pas fondre en larmes, Sylveneige battit des cils à grande vitesse.

Le commandant était un homme droit et froid. Son bureau était parfaitement rangé. Même les livres qui relevaient du droit derrière lui étaient soigneusement disposés sur une étagère. Il ne prêta qu’une oreille attentive aux propos de Sylveneige mais fronça les sourcils en voyant la note qu’elle lui avait tendue. Il prit un parchemin et un crayon et commença à prendre des notes.
-Je vois fit il d’un ton sec, presque cassant, vous connaissez donc ce fameux Streen ?
Il cracha de mépris à l’entente de ce nom.
-Et vous venez donc pour déclarer une disparition, celle de Streen en l’occurrence. Notre ami semble bien fuyant à ce que je vois. Il n’hésite pas à se défiler devant la garde de Luménis et maintenant devant vous. A mon avis, ce n’est qu’un lâche et peut être un malfrat le temps que l’enquête se termine. Le capitaine Aegis n’a pas du estimer nécessaire de se préoccuper de ce vaurien. Ce bon à rien aura fait au moins une bonne chose dans sa vie. Pour le reste, il a eu son poste de capitaine dans une pochette surprise.
Le commandant parla du capitaine Aegis avec mépris avant de reprendre plus doucement.
-Mais comme toute déposition, je suis obligé de la prendre en compte. Les circonstances que vous m’avez dîtes sont un peu floues. Expliquez moi en détail les faits. Depuis combien de temps a-t-il disparu ? Qu’est ce qui vous fait croire qu’il a disparu et qu’il ne s’est pas absenté ? Quels sont les preuves dont vous disposez ? Pourquoi pensez vous qu’il a été enlevé ?

Sylveneige était abasourdie. Lumi, sur son épaule, geignait doucement.

- Messire commandant, je n'en reviens pas... De votre avis concernant Streen ! concernant le capitaine Aegis, je ne vous contrarierais certes pas...

L'elfe se plongea un instant dans ses pensées. Puis elle reprit :

- Je vais essayer de vous narrer l'histoire aussi précisément que possible. Nous sommes rentrés tard à l'auberge de l'Ombre de l'Arbre : la nuit était tombée depuis bien longtemps, cependant Dame Poikarea nous avait fort aimablement attendus avant de fermer l'auberge. Nous étions fatigués, fourbus même ! pour ma part, je me rappelle de Streen disant qu'il montait immédiatement se coucher. Et c'est tout. Je ne me souviens pas m'être couchée, et pourtant je me suis réveillée dans mon lit, parfaitement reposée.

Sylveneige se creusa la cervelle, cillant avec vigueur.

- J'ai retrouvé mes amis dans la grande salle de l'auberge, au rez-de-chaussée. Peut-être connaissez-vous Maître Marvin ? Ou Dame Florin et Dame Eldrina ? Ce sont ces gens avec qui j'étais, en plus de Streen.

La rôdeuse se concentra intensément.

- Donc, pour résumer : dans la salle du rez-de-chaussée, les dames Poikarea, Florin, Eldrina et Maître Marvin réunis là lorsque je suis à mon tour arrivée dans la salle ; Streen, d'après Marvin, n'était pas levé. J'ai donc décidé d'aller le réveiller...

Ici Sylveneige ne put empêcher un air malicieux de traverser son regard.

- J'ai pris un grand gobelet, que j'ai rempli d'eau. Et j'ai monté l'escalier. En haut, j'ai retiré mes chaussures afin d'éviter le moindre bruit (Streen a l'ouïe extrêmement fine), et j'ai très lentement ouvert la porte de sa chambre. J'ai couru jusqu'à la tête du lit sur la pointe des pieds et ai commencé à verser l'eau... Sur le polochon ! aucune trace de Streen. Mais la chambre était dans un désordre surprenant.

Elle soupira, retint une nouvelle fois ses larmes.

- Surprenant, non seulement parce que Streen est ordonné, mais aussi parce que ce désordre était bizarre... Les draps jetés à travers la pièce, une chaise renversée passent encore, mais pourquoi une bougie cassée en deux ?

L'elfe réfléchit un instant, puis prononça lentement :

- Une bougie cassée en deux... Pour moi, cela évoque presque quelque chose de rituel...

Elle reprit son récit avec quelque vivacité.

- Je suis redescendue en criant que Streen avait disparu. Dame Poikarea était contrariée, elle ne parvenait pas à ouvrir la porte de l'auberge, qui paraissait faussée. On a examiné la serrure : elle avait été forcée. Streen avait été enlevé ! et aucun de nous n'avait entendu quoi que ce soit.

Sylveneige eut un hoquet, se reprit une dernière fois, puis dit :

- J'étais désespérée, j'ai lancé des hypothèses sur son enlèvement, accusant en vrac un peu tout le monde, parlant pour éviter de... de... Oh messire commandant, aidez-moi !!!

Le commandant prit en note tout ce que lui dit Sylveneige. Il conserva son air froid durant tout l’entretien. Lorsqu’elle eut fini, le commandant déclara :
-Très bien, je vais ouvrir une enquête même si je suis un peu pessimiste quand à nos chances de la retrouver. A vrai dire, Luménis est immense et c’est comme retrouver une aiguille dans une botte de foin. De plus, rien ne garantit qu’il soit encore à Luménis. S’il a vraiment été kidnappé, les ravisseurs l’ont peut être emmené ailleurs.
Il posa son stylo et plongea son regard froid dans celui de Sylveneige :
-Mais d’abord…que savez vous sur Streen ?

- Bien peu de choses, en vérité. J'ai pu juger Streen sur ses actes, non sur ses paroles ou sur son passé.

Sylveneige se remémora leurs aventures. Pourtant, elle devait en passer sous silence la plupart. Elle se décida cependant à raconter l'histoire de la plage. A en raconter les conséquences, non les causes.

- Peu après nous être rencontrés, nous étions partis nous promener dans le bosquet des docks, près de la plage. J'ai montré à Streen une façon aisée de monter aux arbres.

Sa voix se fit plus douce.

- Streen m'a amenée à parler de ma vie à Evereska. J'ai parlé des forêts, des animaux, de ma vie de rôdeuse... Il a voulu me faire des confidences à son tour, disant qu'il avait un don inné pour s'attirer des ennuis... Qu'il ne pouvait me raconter des choses sur sa vie si je ne promettais pas le secret...

L'elfe poussa un profond soupir, sa voix monta d'un ton.

- Et là, là, mon plus grand tort... J'ai refusé ses confidences, arguant du fait que je suis trop étourdie pour être sûre de garder son secret. J'ai eu tort, si seulement j'avais écouté ses confidences, j'aurais probablement un indice utile à vous fournir pour le retrouver... Et aussi pour justifier le comportement que vous paraissez lui reprocher.

Elle avala sa salive péniblement.

- Mais sur la plage, un événement était en train de se produire : une jeune fille était prise à partie par des types louches. C'était la jeune amie d'un garçon de nos connaissances, Enzo. Nous sommes descendus de l'arbre, avons décidé de nous dissimuler derrière un gros rocher et d'intervenir si la jeune fille ne parvenait pas à se dépêtrer de la situation.

Sylveneige, au souvenir de la désagréable aventure d'Asna, frémit.

- Deux des hommes nous ont repérés. Nous avons tenté de désamorcer le conflit qui menaçait, Streen a eu beaucoup d'habileté pour les calmer. Puis il a vraiment fallu intervenir physiquement, la situation prenait un tour très malsain pour Asna. J'ai attaqué les types qui commençaient à la brutaliser, Streen s'est chargé des deux autres... Et Asna a pu s'enfuir.

La voix de l'elfe avait repris l'assurance même du combat.

- Le combat a été très décousu, d'un héroïsme très relatif, mais l'essentiel était de libérer la jeune fille et nous y sommes parvenus. Streen a été blessé, heureusement Marvin l'a soigné efficacement. Mais je me rappellerai toujours : il m'a crié de me sauver, ne craignant pas de rester face à ces brutes ! quatre brutes épaisses et avinées, des types dangereux.

La voix de la rôdeuse prit un ton péremptoire.

- Bien sûr, je ne l'ai pas quitté, je ne l'aurais jamais laissé dans le danger. Mais je cite ce fait, qui prouve son courage.

Sylveneige réfléchit quelques secondes et ajouta :

- Je sais une autre chose, sur son caractère : il est patient.

Le commandant prit un autre parchemin et dit :
-J’ai un rapport le concernant. Sachez qu’il y a deux jours, il était ici face à moi car il était témoin d’un meurtre qui a eu lieu dans les égouts. Les faits laissaient penser qu’il était coupable non seulement du meurtre mais aussi du vol d’un couteau qui est une relique sacrée. Ce couteau provoque une folie meurtrière chez ceux qu’il touche. Pour le meurtre, il est lavé de tout soupçon car la mort de l’homme était due à un magicien qui s’est mêlé à la bagarre. Pour le vol, il prétend l’avoir pris pour se protéger contre lui ce qui est possible mais il faut attendre la suite de l’enquête pour en savoir plus.
Il se tourna cette fois vers Sylveneige :
-Je vous crois quand vous prétendez qu’il a le don de s’attirer les ennuis. Figurez vous qu’au même moment, un démon avait pris place dans son esprit et celui-ci poussait Streen à le faire sortir d’ici. J’ignore comment le démon a intégré son esprit mais il nous a caché la vérité à son sujet. Par chance, les prêtres de Lathandre l’ont exorcisé.
Il regarda autour de lui l’air inquiet comme s’il craignait qu’on l’espionne. Puis il reprit :
-Voilà ce qu’il a affirmé : il serait orphelin abandonné par ses parents dés la naissance, recueilli par une sorcière qui l’a élevé. On ne le connait que sous le nom de Streen. A mon avis, il cache des choses, son passé me semble bien plus complexe qu’il n’a voulu l’avouer. Par exemple, il prétendait être allé dans les égouts à l’endroit où s’est produit le meurtre juste pour trouver un peu de calme. Ca sent le mensonge à plein nez. Et puis il n’a toujours pas expliqué comment un démon a fait pour intégrer son esprit. Tout cela est très louche.
Il soupira puis reprit :
-Je vais ordonner d’ouvrir une enquête et nous essaierons de le retrouver. Un de mes soldats viendra examiner la serrure de la porte pour voir s’il y avait des indices. Quand à vous, vous pouvez retourner à vos occupations, nous en avons fini sauf si vous avez encore des questions.

Sylveneige faillit se jeter au cou du très digne commandant.

- Oh merci, merci, merci !!! je retourne à la taverne de l'Ombre de l'Arbre, où je serai à votre disposition pour tout renseignement utile à l'enquête. Cela dit, messire commandant, j'aimerais de mon côté faire des recherches. Naturellement, si j'apprends quoi que ce soit de nécessaire à la bonne marche de l'enquête, je vous en ferai immédiatement part.

Lumi poussa un cri curieux, très bas, comme une approbation. La rôdeuse lui lissa les plumettes de son cou et sourit.

Elle s'apprêta à prendre congé du commandant.

En provenance du fort: http://www.baldursgateworld.fr/lacouron ... post321680

Arrivée à l’ombre de l’arbre, Sylveneige réalisa qu’elle a été suivie par deux gardes du fort. Le premier s’intéressa à la serrure de la porte de l’auberge et tandis que le second prit des notes sur un calepin. Puis il voulut interroger des serveurs ainsi que Dame Poikarea mais étonnement, tout le monde semblait maussade et pas vraiment d’humeur à répondre à des questions. Dame Poikarea ruisselait de larmes et lorsqu’elle vit Sylveneige, elle courut se jeter dans ses bras en sanglotant :
-Oh Dame Sylveneige, c’est terrible…

Sylveneige n’ayant visiblement plus de questions et le commandant ayant fini avec elle, elle partit pour http://www.baldursgateworld.fr/lacouron ... post321679 .

- Dame Poikaera... Que s'est-il passé ?

Sylveneige sentit une vague d'angoisse lui étreindre le coeur. Dame Poikarea, si forte, si calme... Pouvait-il y avoir pire chose que la disparition de Streen ?

L'elfe dut faire un effort surhumain sur elle-même pour ne pas s'effondrer ; en un instant, elle avait imaginé, senti, vu l'horreur : la mort de Streen.

Poikarea tendit un parchemin à Sylveneige.
-Pendant votre absence, deux hommes encagoulés ont fait irruption et nous ont menacé de mort. Ils m’ont ordonné de vous donner le parchemin sous peine de représailles si je ne le faisait pas. Le pauvre Sam est traumatisé et moi, j’ai eu si peur.
Sur le parchemin était écrit :
« Chère Sylveneige,

Si vous souhaitez revoir votre ami sain et sauf, vous allez nous ramener tous les artefacts magiques demain soir à la clairière dorée dans les côtes du sud de Dorrandinà 21 heures précises. Nous avons bien dit tous. Nous ferons l’échange à cet endroit. Si vous ignorez où cela se trouve, demandez à quelqu’un, vous nous trouverez à cet endroit. N’essayez pas de nous duper, nous connaissons les objets. Et si vous cherchez à nous tromper, nous arracherons un bras à Streen ou nous brûlerons son visage avec une torche, cela vous plairait il de le voir totalement défiguré ? »

Le message s’arrêtait ici. Il était véritablement menaçant.
-Je suis navré gémit Dame Poikarea, je n’ai pas pu m’empêcher de lire ce message. Vous comprenez ? Je m’inquiète aussi pour ce pauvre Streen. Je suis si désolée Dame Sylveneige.

A la lecture du parchemin, Sylveneige pâlit et se mit à trembler de tous ses membres.

Un voile passa devant son visage, elle manqua défaillir.

Il n'était pas temps de s'évanouir... L'elfe cria, ce qui eut pour effet de lui apporter le stress nécessaire à une réaction nerveuse : elle se mit en colère.

- Dame Poikarea, ne pleurez pas, ne pleurez plus. Comment ces types peuvent-ils imaginer un seul instant qu'ils réussiront un tel crime ? Je les aurai, je les tuerai s'ils touchent à un cheveu de Streen.

La voix de Sylveneige était étrangement basse et rauque. Un noeud à la gorge l'empêchait de parler normalement, une tension palpable se fit dans la pièce.

- Et je suis leur "chère Sylveneige" ? Ils n'ont rien trouvé de mieux ? Donc ces "ils" me connaissent, connaissent mon nom...

L'elfe se tourna vers un des gardes du fort, qui prenait des notes.

- Messire garde, sans vous commander, pourriez-vous prendre copie du parchemin sinistre qui m'a été adressé ? Et en parler dès que possible au commandant ? Je lui ai promis de le tenir informé de tout événement en rapport avec l'enquête.

Elle revint vers Poikarea.

- Dame Poikarea, pouvez-vous me donner le plus de détails possibles sur les individus qui ont apporté le message ? Etaient-il grands, petits, avaient-ils l'air de connaître l'auberge, comment était leur voix - cherchaient-ils à la modifier, bref tout ce qui vous revient en tête.

Poikarea entre deux sanglots répliqua :
-Je ne sais pas vraiment, j’étais tellement effrayée quand ils ont mis leur menace à exécution. Je sais que l’un était de très petite taille, peut être un nain ou un gnome. Le second était au contraire très grand. Le contraste était saisissant. En revanche, ils portaient des cagoules et personne n’a pu voir leur visage. Ils sont partis en courant une fois le message transmis.
Entre temps, le garde qui prenait des notes fronça les sourcils quand il vit le message mais il nota néanmoins ce qui y était écrit sur son calepin et promit à Sylveneige d’en toucher un mot au commandant.
Peu après, un jeune homme entra dans l’auberge. Il jeta un regard autour de lui comme s’il cherchait quelqu’un. Puis son regard s’attarda sur Sylveneige. Il prit un temps pour la contempler puis voyant que son acte était indiscret, il émit un raclement de gorge avant de déclarer :
-Bonjour, je appelle Martin et je cherche une personne répondant du nom de Sylveneige.
Sylveneige avait eu le temps de le voir et réalisa que le jeune homme était séduisant, vraiment attirant et finalement magnifique. Il frima à nouveau devant Sylveneige tout en attendant une réponse quelconque.

- Bonjour...

Sylveneige était encore sous l'effet de la révélation de Poikarea. Pensive, elle se mit à regarder attentivement le sol, comme si les motifs du carrelage pouvaient aider sa réflexion.

- Ce sont certainement les deux types qui brutalisaient Asna... Mais je n'aurais pas pensé que ces gars-là avaient l'étoffe de brigands pareils... A moins qu'il ne s'agisse que d'un formidable bluff...

Elle releva la tête vers l'aubergiste.

- Bluff ou pas, on ne peut prendre aucun risque ! Dame Poikarea...

Enfin Sylveneige réalisa vraiment la présence de Martin. Il irradiait de beauté, un Apollon vivant.

- Ah ! Martin ! oui, hem, c'est moi Sylveneige.

Une pensée très égoïste traversa l'esprit de l'elfe : c'était vraiment dommage de devoir courir après un beau garçon disparu, alors qu'un autre beau garçon arrivait devant vous. Wouaoh.

Martin sourit de toutes ses dents en voyant Sylveneige répondre ce qu’il voulait entendre.
-Tiens ca par exemple dit il, Marvin ne m’avait pas dit que ma nouvelle partenaire était une si belle plante.
Il sourit de toutes ses dents essayant de montrer à Sylveneige ses dents blanches, histoire de frimer un peu plus.
-Et vous, que pensez vous de moi, ne suis-je pas irrésistible ?
Il éclata de rire et répondit avant même que Sylveneige ne le fasse.
-Mais oui, pas la peine de me le dire, je sais que vous le pensez. Aucune fille ne résiste lorsqu’elle me voit. Et il ne fait aucun doute que vous serez la prochaine qui trainera à mon bras.
Voyant que tout le monde le regardait avec ahurissement dans la taverne, il toussota à nouveau d’embarras.
-Hum fit il, heu je crois que le moment est finalement mal choisi. Venons en aux faits alors. Marvin m’a dit que vous avez besoin d’aide. Puis je savoir de qui s’agit il au juste ?

Un cillement long et appuyé fut la première réponse de Sylveneige.

La seconde fut orale.

- Dites donc, p'tit gars, faudrait atterrir... Une belle gueule c'est bien, mais si derrière il y a un type qui bouffe des narcisses à tous les repas, ça défrise même les pouffinettes les plus ardentes. Je dis ça je dis rien, hein...

La rôdeuse se fendit d'un immense sourire, toute ironie dehors. Même plusieurs. Une par dent.

- Bon, beau gosse, on fait quoi maintenant ? Concernant la disparition de Streen, pas les projets de la soirée ni de la nuit. J'explique : mon ami Streen a disparu ce matin. A priori avant que la maisonnée soit levée. Dame Poikarea, qui essayait de refermer sa porte, a eu une mauvaise surprise : la porte de l'auberge a été forcée. Je suis allée voir le commandant du Fort, qui a accepté d'ouvrir une enquête. Vous comprenez, quand un bel homme disparaît, et qu'en plus il est sympathique, aimable, courageux, on se fend de recherches. Normal. Bref. Revenue ici, Dame Poikarea m'a tendu ce message : mon ami Streen aurait été enlevé par deux malfrats, un grand costaud et un nain. Au passage, si vous savez lire, vous remarquerez le style des menaces. Très efficace. Ma chère aubergiste en a été bouleversée.

Sylveneige tendit le parchemin à Martin.

La réponse de Sylveneige, loin d’avoir offensé Martin semblait plutôt l’avoir amusé.
-Oh fit il, mais c’est qu’elle a du caractère la poupée. Mais bon, cela me plait, ce sera plus divertissant et plus du challenge que d’avoir une fille qui résiste plutôt qu’une fille trop facile. Et puis votre sourire et votre qualification à mon égard de « beau gosse » prouve bien que tout n’est pas perdu pour nous deux.
Il éclata d’un nouveau rire. En revanche, celui-ci disparut aussitôt pour afficher une grimace lorsque Martin lut le parchemin.
-Ha oui répliqua t’il, là c’est vrai que de ce point de vue là, il y a un problème. On n’a pas affaire à des amateurs mais à des professionnels qui savaient très bien à qui s’en prendre. Mais bon, pas de panique, on va le retrouver votre Streen. Je m’inquiète davantage à leurs connaissances des artefacts. Il y a peut être eu des fuites. Il faut nous montrer prudent. Mais en plus de mes charmes, je suis un maître-lames, je peux occire de nombreux guerriers en quelques secondes donc il sera facile de nous en occuper. Mais mon seul et unique défaut reste la discrétion et il me parait trop insensé d’attaquer de suite quand nous serons là bas. La santé de votre ami dépend de nos actions. Mais si ils ne sont pas venus au temple eux-mêmes pour dérober les objets, c’est qu’ils ne doivent pas être assez puissants pour cela. Nous avons donc une chance et du temps avant d’agir. A présent poupée, savez vous où se trouve la clairière dorée ? Et qui est ce Streen ? Pas votre petit ami j’espère.

- Moui, effectivement on va rigoler...

Sylveneige prit un temps pour répondre.

- Alors, non, bien sûr, Streen m'intéresse comme ami, ami... Un frère, en quelque sorte... Pour ce qui est de la clairière dorée, aucune idée. Je suppose que Dame Poikarea pourra nous l'indiquer.

L'elfe espérait que ce fat était aussi fine lame qu'il le prétendait. Mais elle en doutait fortement.

Sinon si l'espérance stimulait ce doux crétin, autant lui en donner, histoire de voir ce que ça donnerait.

Bon, après... On pouvait peut-être envisager certaines choses... Sylveneige sentit le rouge lui monter aux joues.

Martin baissa les bras de dépit.
-Moi aussi j’ignore où se trouve la clairière dorée. Nous avons donc plusieurs possibilités. Vous pouvez si vous le souhaitez demander à quelques connaissances de l’auberge comme Dame Poikarea mais s’il s’agit de la tavernière, je doute qu’elle le sache. Mais j’ai aussi une autre possibilité. Même si nous nous rendons à la clairière et que je suis une fine lame, il se peut que les ravisseurs de Streen soient plus nombreux que deux. Il nous faut davantage de soutien. A nous deux, cela ne suffira pas. Or je connais une personne qui a une dette envers moi. Je lui ai sauvé la vie il y a quelques années. Certes elle vit en marge de la loi luméniene mais elle nous sera d’un support utile. Je suis certain qu’elle sait où se trouve la clairière dorée. Je compte lui rendre visite dés maintenant. Quand à vous, qu’est ce que vous décidez de faire ? Préférez vous demander des informations dans l’auberge ou bien m’accompagner pour faire connaissance avec cette personne ?
Martin laissa le choix à Sylveneige mais il ajouta :
-Je suis heureux que cet homme ne soit pas votre petit ami. De toute manière même si c’était le cas, vous l’auriez délaissé pour moi n’est ce pas ?

Sylveneige fixa Martin dans les yeux, cilla avec une lenteur calculée :

- Bien sûûûr, messire Martin.

Elle fit quelques pas en direction de l'aubergiste.

- Dame Poikarea, sauriez-vous où se trouve la clairière dorée ? Je dois m'y rendre... Ce serait donc dans les côtes du sud de Dorrandin, d'après le message. Mais c'est bien vague...

La rôdeuse continua un ton plus bas.

- Franchement, Dame Poikarea, je ne le sens pas trop, ce Martin. Je sais qu'il nous est recommandé par Maître Marvin, mais est-il vraiment celui qu'il prétend être ? Je veux dire, n'importe qui pourrait se faire passer pour ce Martin ! c'est moi qui lui ai donné les informations de la disparition de Streen...

Encore un ton plus bas, elle reprit :

- Nous devons aller ensemble, avec un de ses amis... Je tiens à ce que le commandant sache où nous allons. Pourriez-vous lui faire savoir que nous partons enquêter vers cette fameuse clairière dorée ?

Entre temps, Dame Poikaera s’était reprise même si ses yeux étaient encore rougis par les larmes.
-La clairière dorée ? Non cela ne me dit rien. C’est ici que vous devez aller ?
Elle fixa un moment martin avant de reprendre :
-Je doute vraiment que ce Martin soit un imposteur. Il a cité votre nom, celui de Marvin et a mentionné des artefacts même si j’ignore de quoi il s’agit. Je pense au contraire qu’il semble bien être celui qu’il prétend et qu’il soit certain de son chemin. Je vous conseille donc de le suivre.
Puis tout bas :
-D’accord, j’en informerai le commandant…ou plutôt un des deux gardes ici présents.
Elle désigna les deux gardes qui avaient étudié la porte et pris des notes. Au même moment, Martin rejoignit Sylveneige :
-Nous devons nous rendre dans les taudis de Luménis, êtes vous prête poupée?

- Ouais, beau gosse. Une minute, mon lapin.

Ce fut une Sylveneige bien décidée à ne pas rater une seule des reparties qu'allait immanquablement s'attirer le beau Martin qui monta l'escalier comme une flèche.

Une demi-minute plus tard elle réapparaissait, arc et carquois en bandoulière.

- On y va ? Dame Poikarea, ne vous inquiétez pas, une mauvaise graine comme Streen ça tient le coup ! je le sauverai, avec cette "fine lame", dit-elle en désignant Martin. Ou sans.

- Ouais, beau gosse. Une minute, mon lapin.

Ce fut une Sylveneige bien décidée à ne pas rater une seule des reparties qu'allait immanquablement s'attirer le beau Martin qui monta l'escalier comme une flèche.

Une demi-minute plus tard elle réapparaissait, arc et carquois en bandoulière.

- On y va ? Dame Poikarea, ne vous inquiétez pas, une mauvaise graine comme Streen ça tient le coup ! je le sauverai, avec cette "fine lame", dit-elle en désignant Martin. Ou sans.

Martin haussa les sourcils quand il vit Sylveneige descendre avec son arc et ses flèches mais fit comme commentaires :
-J’ignore si vos armes seront utiles poupée mais il vaut mieux faire attention, la personne que nous allons voir est très méfiante.
Il fit signe à Sylveneige de le suivre et se dirigèrent vers les taudis.

http://www.baldursgateworld.fr/lacouron ... post321894

En provenance de: http://www.baldursgateworld.fr/lacouron ... re-11.html

Martin mena Sylveneige vers les quartiers les plus pauvres et les plus misérables de Luménis. C’était aussi dans cet endroit que se trouvaient les boutiques et les tavernes les plus mal famées de la ville. Plus il s’arrêta et désigna une vieille bicoque tellement quelconque dans le décor que Sylveneige crut qu’elle était abandonnée au départ. L’habitation était collée à ses deux voisines et la porte était barrée avec des planches.
-Voyez vous ? demanda Martin. La personne que je connais habite ici et elle est tellement prudente qu’elle a choisi une maison que personne ne connaît excepté moi. Mais elle n’est pas exempt de paranoïa étant donné les barres et ma serrure bloquée. Je dois dire que j’ai été surpris de vous voir descendre avec un arc et des flèches. Seriez vous roublarde ? Dans ce cas, vous pourriez m’aider à crocheter la serrure. Quoique je pensais qu’une belle plante avait un charmes similaire aux bardes non ?

- Mon p'tit câlinou - vous voulez bien que je vous appelle "mon p'tit câlinou", s'pas ? - sachez que je ne suis pas un génie du crochetage de serrure... Je peux la forcer par contre. Mes talents sont plutôt dans dans la détection des pièges et la furtivité.

Sylveneige dégaina son épée.

- Bon, on la force, cette porte ? à moins qu'on se contente de frapper avant que la personne se décide à ouvrir son huis.

Joignant le geste à la porte, elle frappa la porte de la garde de son épée.

-Bien sur que vous pouvez m’appeler ainsi, on va très bien s’entendre, ca ne fait aucun doute.
Tandis que Sylveneige frappa à la porte, personne ne répondit derrière, il ne restait donc plus qu’à défoncer la porte. S’assurant que personne ne els regardait, Martin dégaine à son tour sa lourde épée et fendit en quelques coups les barres. Il prit ensuite son épée et tenta de forcer la serrure. Au prix d’un rude effort, il finit par y parvenir. Puis il poussa la porte. La maison était plongée dans l’obscurité totale. Bien entendu, Sylveneige y verrait très bien grâce à son infravision mais Martin n’était qu’un simple humain.
-Hum fit il en fixant la pénombre, je crois que je vais avoir besoin d’une torche. Un as de l’épée comme moi se doit d’être galant et de protéger la charmante demoiselle. Je vais donc passer en premier même si je risque de me cogner. Enfin non que dis je ? Je suis invincible, rien ne peut atteindre un homme aussi beau, aussi robuste et aussi courageux que moi. Vous venez ? Je rentre le premier si vous souhaitez.

Sylveneige prit sa voix la plus suave.

- Mais bien sûr, mon p'tit câlinou, que vous pouvez passer devant... Rien ne peut vous atteindre, profitons-en. Et puis, votre "ami" assez obligeant pour laisser casser sa porte n'osera certes pas vous en coller une. Moi, par contre, comme il ne me connaît pas... A moins, bien sûr, qu'il soit aussi galant que vous.

L'elfe rengaina silencieusement son épée et arma une flèche. A tout hasard.

Martin n’avait visiblement pas compris l’ironie de Sylveneige car il répliqua :
-Ohhhhhhh c’est vraiment trop mignon. Croyez vous que ca méritera un baiser en sortant ? Enfin pas de suite hein ?
Martin se repérait finalement bien avec son épée. Bien qu’il n’y voyait rien, il l’agita balayant au passages les obstacles même s’il lui arrivait de se cogner. . On y trouvait des pots de peinture vides, des jouets, des caisses. Soudain un bruit se fit entendre alors qu’ils passaient sous une pile de livres de plusieurs mètres de hauteur. La pile s’effondra et Sylveneige se trouvait dessous.

L'elfe eut juste le temps de rouler vivement de côté, brisant sa flèche au passage. Elle avait eu le temps de lancer son arc, qui atterrit sur des pieds. Ceux de Martin ?

Sylveneige ne se releva pas, jeta juste un oeil au-dessus d'elle pour s'assurer que Lumi n'avait rien.

Les idées tourbillonnantes, la rôdeuse envisagea de rester prudemment à terre, afin de laisser le temps au somptueux crétin qui lui avait été lancé dans les pattes de trouver son fichu copain.

Entre ses dents, elle murmura :

- Tu vas voir le gadin que je vais te rouler, crétin des alpilles, à te déraciner tous tes chicots blanchis à la chaux !

La Couronne de Cuivre

[Quête] Disparition de Streen