La Couronne de Cuivre

Puis elle n'entendit plus rien. Elle devina qu'ils descendaient des marches -elle le sentait aux soubresauts du parcours-, ils tournèrent une première fois, descendirent à nouveau, tournèrent encore. La créature qui la portait était un véritable colosse en armure qui puait la charogne.
Puis on la laissa tomber au sol sans ménagement, et elle ne dut qu'à ses réflexes de pouvoir amortir sa chute de son bras gauche.
" Qui m'amenez-vous ?"
La voix était rauque, comme si elle ne servait pas souvent, autoritaire et désagréable. La flamme d'un brasero éclairait à peine une immense salle creusée dans le roc, et Soraes devina une silhouette maigre et voûtée, assise sur un fauteuil aux allures de trône.
" Une fille...
- Je n'ai pas besoin d'elle, imbéciles. Tuez-là. C'est le paladin qui m'intéresse."

Il lui sembla que la créature n'en finissait pas de la traîner, et à chaque cahot, Soraes accusait de nouvelles contusions. Quand le trajet s'acheva enfin, que son ravisseur la laissa tomber sans ménagement, elle se sentit presque soulagée par cette dernière chute. La voix rauque qui s'adressa à la créature lui fit se hérisser les poils. Non seulement, elle s'attendait simplement à ce qu'on la ramène dans une sorte de cellule, comme à leur arrivée, mais aussi, le grain de la voix, ainsi que son ton, avait quelque chose de désagréable.
La barde réalisa qu'un brasero émettait à peine un peu de lumière, mais c'était suffisant pour parvenir à discerner la silhouette de celui qui venait de parler. Soraes ne doutait pas qu'il s'agissait de celui contrôlait ces créatures. Elle préféra rester docile, le temps d'observer de quoi il retournait. Mais elle réalisa rapidement qu'elle n'en aurait pas le loisir, quand elle entendit l'ordre de la tuer.
Vite, il fallait réagir, dire quelque chose, n'importe quoi ! Tenter le tout pour le tout… Puisque visiblement, elle n'avait aucune valeur pour eux, il fallait qu'elle s'en invente pour ne pas finir avec un coup de gourdin sur le crâne, et se faire dévorer par les vers dans cette grotte puante… et peut être pour ne pas finir en esclave-squelette à son tour.
- Vous ne savez pas ce que vous faites…
Et très vite, elle lança un sort de déguisement pour tenter de prendre les traits de Bran…

Elle n'avait que peu de temps pour réfléchir à l’apparence exacte de Bran, mais cela n'avait guère d'importance : il suffisait d'une armure de plate, d'une épée et d'un casque pour ressembler à un paladin.
" Mais... je ne comprends pas...
- Il s'agit d'un sort d'illusion quelconque, imbécile ! Soit c'est bien le paladin qu'un mage aurait transformé pour cacher son apparence, soit c'est la fille qui l'accompagnait et qui tente de se faire passer pour lui... Ce qui serait particulièrement malavisé de sa part, mais bon, elle ne peut pas savoir le sort que je réserve au paladin..."
Il éclata d'un rire démoniaque. Les squelettes escortant le mort-vivant en armure furent secoué d'une sorte de tremblement et cliquetèrent de façon particulièrement sinistre.
" On en fait quoi alors ?
- Il me semble qu'il faut lui laisser assumer sa nouvelle apparence, qu'en dis-tu ? Le rituel de mise à mort est beaucoup plus... intéressant pour un paladin, non ? Mais bien sûr, si ça n'en est pas un, ce serait un gâchis d'énergie magique sans résultat probant..."
Il poussa un soupir théâtral et se leva subitement de son siège pour incanter. Une douleur insoutenable parcourut brièvement le corps de la jeune barde, lui arrachant un hurlement.
" C'est bien une voix féminine, cela ne fait aucun doute. Aucun intérêt pour moi. Emmène-là et veille à ce qu'elle ait une mort particulièrement lente et douloureuse pour m'avoir fait perdre mon temps. Mais... avant, utilise-la comme appât. Il viendra sûrement la délivrer.
Tandis que la silhouette se rasseyait, Soraes se sentit soulevée de terre et à nouveau jetée sur l'épaule du colosse en armure.

Le squelette semblait mordre à l'hameçon, mais ce fut de courte durée. La barde se retrouva vite démasquée par son cri féminin qu'elle ne parvint pas à retenir sous la douleur déchirante. Dans un état second après cette douleur vive, Soraes en vint à espérer l'arrivée imminente de Bran. Pourtant, il ne fallait pas qu'il tombe dans leur piège : le rituel de mise à mort ne semblait pas particulièrement enviable. Si seulement elle était capable de télépathie !
Alors qu'elle se retrouvait à nouveau jetée comme un vulgaire sac sur l'épaule du colosse, elle songea que grâce à la mort lente et douloureuse que les squelettes étaient censés lui administrer, elle aurait peut être le temps et l'occasion de les berner pour sauver sa peau. Visiblement, les créatures promettaient d'être plus crédules. Elle mémorisa ce qu'elle avait pu percevoir de la silhouette qui les terrorisait, en vue de peut être copier son apparence par la suite.

On lui fit quitter la pièce où se trouvait le maître des lieux, et ses ravisseurs s'engouffrèrent dans un couloir à l'obscurité totale. Il lui sembla qu'ils n'allaient pas très loin avant de bifurquer. On la laissa tomber au sol sans ménagement, et elle ne dut qu'à ses réflexes de ne pas s'assommer.
" Tu as entendu, ma grande... Tu vas servir d'appât. "
Il lui sembla entendre les squelettes sortir de la pièce, peut-être pour se poster à proximité, tandis que le colosse en armure lui saisissait les deux poignets pour les lui lier dans le dos. Elle entendit un claquement métallique : ça n'étaient pas une simple corde, plutôt des sortes de menottes, qu'il fixa ensuite à un anneau fixé au mur de roche, au ras du sol.
" Au moment où il voudra te libérer de ces anneaux, il sera fichu. Toi, ton rôle est tout simple : tu vas simplement appeler au secours pour le guider jusqu'ici. Parce que tu n'as pas envie de finir tes jours ici, et que tu sais très bien que c'est ta seule solution pour t'en sortir... Oh, bien sûr, si tu préfères, je peux te donner une bonne raison d'appeler. De hurler, même, plus fort que tu n'as jamais hurlé... C'est à toi de voir..."
Avec un rire sarcastique, le colosse en armure recula.
" Je serai juste à côté, ma belle..."

Enchaînée dans ce qui lui servait de cellule, Soraes serrait les dents. Elle connaissait suffisamment Bran pour savoir qu'en entendant ses cris, il se précipiterait dans la gueule du loup. Elle lança un regard noir au colosse en armure. Le plan n'était pas des plus élaborés, mais cette idée d'appât était néanmoins très bonne. La barde réfléchissait. Bien sûr qu'elle ne voulait pas faire au colosse le plaisir de crier comme il le lui ordonnait et d'attirer ainsi le paladin dans leur piège ! Mais, si elle se taisait comme elle comptait le faire de prime abord, nul doute que les promesses de son ravisseur risqueraient de se réaliser. Soraes pensait vraiment ne pas être capable de résister à la torture, elle connaissait parfaitement ses limites, et cela ne feraient que rendre ses cris plus crédibles.
Crédible…
Là était tout le cœur de ce que Soraes pouvait faire pour attiser la méfiance de Bran. Il fallait qu'elle soit suffisamment crédible pour que les squelettes jugent de sa bonne foi, mais pas assez pour que Bran comprenne que quelque chose n'allait pas.
Elle hocha la tête : c'est ce qu'elle allait faire. Elle se racla la gorge, toussota, inspira à plein poumons et commença à crier :
- BRAAAAAAAN !!!! AU SECOUUUUUUURS !!!!!
Puis, à destination du colosse, elle ajouta :
- Là, ça vous va, comme ça ? Vous en voulez un peu plus ?
Elle recommença à s'époumoner :
- BRAAAAAAAAAAAAAAAAAAAN !!!!VENEZ À MON SECOUUUUUUURS, MON AMOUUUUUUUR !!!!!

" Parfait...", murmura la créature.
Dans l'obscurité, elle sentit qu'il lui plaquait un morceau d'étoffe sur la bouche. Un bâillon, qu'il noua derrière sa tête.
" Je ne voudrais pas courir le moindre risque que vous l'avertissiez", crut-il bon de préciser.
Puis elle l'entendit s'éloigner, et réalisa subitement qu'il y avait des bruits de combat, dans le couloir, tout proche.

Quelques minutes plus tard, elle vit se découper, dans l'obscurité totale, un rectangle vaguement éclairé : l'encadrement de la porte de sa cellule. La lueur était mouvante, sans doute portée par quelqu'un. Quelqu'un qui se rapprochait... et qui finit par apparaître : Bran, une épée à la main, un objet lumineux dans l'autre, haletant d'avoir couru.
Un instant leurs regards se croisèrent... Puis une ombre se rua sur lui et le combat s'engagea. Et il s'avéra qu'il était plutôt déséquilibré, en défaveur du paladin. Son adversaire, le colosse en armure qui avait transporté Soraes, semblait insensible à ses coups et frappait avec une force redoutable.
Quelques instants plus tard, Eldrina rejoignit Bran, tentant de lui prêter main-forte, mais leur adversaire semblait quasiment invincible. Un cri de douleur du paladin lui apprit qu'il était blessé, mais le combat s'était décalé plus loin dans le couloir et elle ne pouvait qu'essayer de deviner ce qui se passait. Elle entendit Marvin incanter non loin, et il lui sembla que le combat s'équilibrait enfin, à en juger par les cris de douleur poussés par la créature.
Puis, au bout d'un temps qui lui parut infini, le silence revint. Ses compagnons étaient apparemment venus à bout de leur adversaire.

Quelques instants plus tard, la lumière s'intensifiait à nouveau et la silhouette de Bran se découpait dans l'embrasure de la porte. Il était blessé au bras gauche, à en juger par le sang qui maculait son armure, mais ne semblait pas y prêter attention. Il tenait une sorte de pierre lumineuse à la main, qui éclaira, derrière lui, le visage d'Eldrina, puis de Marvin.

Les trois aventuriers, arrivant dans la pièce, constatèrent que Soraes semblait indemne, bien que baillonnée et enchaînée au mur. Bran s'avança aussitôt dans sa direction.

La rôdeuse s'était précipitée à la suite de Bran, croisant les doigts pour retrouver Soraes en bon état , et tressaillant en voyant la première pièce vide. Non. Il y avait une autre pièce. Elle était forcément là. Elle était encore en vie quelques minutes auparavant. C'était... Puis Bran s'avança dans la seconde pièce, éclairant les lieux, et Eldrina poussa un grand soupir de soulagement. Non seulement Soraes était en vie, mais elle ne semblait pas particulièrement blessée. Elle avait été en revanche attachée et baillonnée , et elle ne put s'empêcher de se demander pour quelle raison leurs adversaires avaient pris tant de précautions pour la maintenir indemne tout en l'empêchant de s'enfuir et de communiquer.

Mais c'était encore Soraes qui le leur expliquerait le mieux, quoique Bran aurait sans doute une bonne partie des informations puisqu'ils avaient passé toute la nuit précédente enfermés ensemble. S'engouffrant dans la pièce à sa suite, elle se dirigea sans plus attendre et sans s'inquiéter de vérifier autour d'elle vers la barde, pour commencer par lui ôter son baillon.

Bran, de son côté, avait dégainé son épée et s'apprêtait à en asséner un grand coup sur l'anneau à laquelle la barde était enchaînée.
Marvin resta légèrement en retrait, guettant ce qui se passait à l'extérieur.
" Pour le moment, je ne détecte pas de présence maléfique s'approchant, souffla-t-il. Et nos alliés en ont fini avec les squelettes, ils arrivent. Mais ne traînons pas trop, l'entité qui contrôle cet endroit sait certainement que nous sommes là et va nous envoyer ses sbires... Ou venir en personne".

HRP : @ Soraes, tu peux considérer qu'Eldrina enlève le bâillon pendant que Bran dégaine son épée.

Alors que la créature la bâillonnait, Soraes espérait de toutes ses forces que Bran ne tomberait pas dans le piège et que ses mots avaient pu éveiller sa méfiance. Elle continuait à espérer, les yeux clos, quand, après que la créature se soit éloignée, elle entendit des bruits de combat. Etait-ce le paladin ? Etait-il venu à son secours aveuglément ? Cela lui ressemblait bien… Ou bien peut être avait-il juste repéré sa voix, sans même comprendre les mots qu'elle avait prononcés ? L'angoisse commençait à l'étreindre… La barde n'eut que peu de répit entre le moment où elle reconnut Bran dans l'encadrement de la porte de sa cellule, et celui où le combat s'engageait avec le colosse en armure.
Soraes tentait de se dégager de ses liens, mais bien sûr, elle était solidement enchaînée et ses efforts étaient vains.
Le cri de douleur que lança le paladin lui glaça le sang. Pourvu qu'il ne soit pas mortellement blessé ! Elle releva la tête, et s'aperçut qu'Eldrina les avait rejoints, et entendant Marvin incanter au loin, les yeux de la barde devinrent humides. Le soulagement de les voir parvenus jusqu'à eux se mêlait à la peur de devoir assister à leur massacre.
Au cri de douleur poussé par la créature, Soraes préféra ne pas trop espérer, et pourtant… le silence revint enfin. Elle n'osait croire qu'ils avaient terrassé le monstre.

La lumière s'intensifia et les trois silhouettes de ses compagnons se découpèrent dans l'embrasure de la porte de la cellule. Bran s'élança d'abord, puis Eldrina. Cette dernière lui retira son bâillon et la barde dut se faire violence pour retenir les larmes de soulagement qui menaçaient de déborder de ses paupières.
- Oh mon dieu ! Vous êtes là ! Tous les trois ! Vivants !
Soraes laissa échapper un rire nerveux, tandis que Bran rompait ses liens. Elle se retrouva bien vite libre, et sauta au cou d'Eldrina, qui se trouvait être la première personne en face d'elle. Elle ne prolongea pas l'étreinte et se tourna vers Bran :
- Vous êtes blessé ! Est-ce que ça va ?
Une foule de questions se bousculait, mais le paladin avait raison, mieux valait ne pas traîner. Soraes jugea bon de préciser avant de se relever :
- C'est après vous en particulier que l'entité en a, Bran ! Faites attention et déguerpissons au plus vite !

Mais Bran ne répondit pas. Il tenait toujours à la main l'épée avec laquelle il venait de briser l'anneau retenant Soraes prisonnière, mais il ne bougeait pas. En réalité, il était aussi immobile qu'une statue. Même son visage semblait sculpté dans la pierre.
" Il devait y avoir un piège... Un sortilège quelconque qui s'est lancé quand il a brisé la chaîne, s'exclama Marvin, alarmé, en s'approchant de lui. Bon sang, il a été transformé en pierre," confirma-t-il en touchant son bras avec précaution.
Derrière eux, ils entendirent les pas de leurs alliés demi-elfes venant aux nouvelles, et Isis, Cyril et Nathanaël s'encadrèrent dans la porte, pour se figer aussitôt en voyant le spectacle.

Eldrina avait serré brièvement l'épaule de Soraes, quelque peu émue de la retrouver enfin. Tous leurs efforts, tous ces combats, toute cette poursuite éreintante trouvaient enfin leur aboutissement. Il ne leur restait plus qu'à repartir aussi vite qu'ils étaient venus, avec l'aide de leurs alliés, en priant pour que... Elle se figea soudain. Bran ne répondait pas à la barde, ni même n'esquissait le moindre mouvement, et elle réalisa soudain qu'il était parfaitement immobile, comme frappé par un sort. Les paroles de Marvin confirmèrent la situation alarmante et elle poussa un juron avant de s'adresser à lui, effarée.

- Marvin ! Il doit ... Dites-moi qu'il y a quelque chose à faire. On ne peut pas... Il faut ... Nous n'allons tout de même pas le transporter...

Elle était consciente que la moindre altération subie par la pierre se reporterait également sur Bran une fois redevenu être de chair, et l'idée de le transporter à travers d'étroites galeries, poursuivis par des squelettes vengeurs, n'était pas le moins du monde rassurante. Non, il devait y avoir une solution. Un moyen de le ramener à la vie, là, tout de suite. Par les dieux, ils perdaient là un temps fou, et elle réalisait que toute cette aventure avec Soraes n'avait sans doute été qu'une mise en scène pour l'attirer, comme elle venait de le souligner.

Le regard de Soraes se porta aussitôt sur Bran dès que Marvin énonça ses doutes. Elle se raidit ensuite en voyant pénétrer les nouveaux venus, mais Marvin et Eldrina semblaient les connaître. Son attention se reporta sur le paladin.
- Un piège… Malgré mon intention de vous prévenir, ils ont réussi à l'attirer dans un piège.
La barde serra les poings, le regard durci par la colère. Elle était furieuse contre elle-même et désemparée d'être à nouveau bloquée dans ces corridors de pierre.
Elle souffla :
- Il faut trouver une solution maintenant… Celui qui a mis tout cela en scène ne va sûrement plus tarder à revenir…
En prononçant ces mots, elle était pourtant consciente que bien peu de choix s'offraient à eux. Il était impensable d'abandonner Bran, trop dangereux d'imaginer le transporter. Si par bonheur Marvin avait un sortilège, quelque chose qui permettrait de le libérer… Elle lui lança un regard implorant.

Marvin semblait tout aussi pétrifié que le paladin. Percevant le regard de la barde, il secoua lentement la tête.
" Je... je ne peux rien pour l'aider. Il faut un parchemin de délivrance de la pétrification, et je n'en ai pas sur moi...
- Rowena a sûrement ça en réserve, avança l'un des demi-elfes. Mais il nous faudrait plus d'une journée pour l'aller-retour jusqu'à la Résidence.
- On ne peut pas le laisser là ! s'exclama Marvin.
- Alors on n'a pas le choix, il faut le transporter. On est six, on peut utiliser les tentures du couloir pour fabriquer une sorte de civière... Il faut faire vite. Cette jeune demoiselle a raison, le maître de ce tumulus ne va pas tarder à venir ou à envoyer ses sbires ! A moins que quelqu'un n'ait une idée de génie ?

Edit : j'ai vu que Brutus veut lancer une quête d'ici quelques semaines. Si ça vous tente, vous pouvez vous inscrire, même si on n'a pas tout à fait fini : ça ne devrait plus être très long...

Eldrina n'avait pas attendu la fin de la conversation, et dès qu'il fut évident que personne n'avait de moyen de rompre la pétrification pour le moment, elle s'était élancée dans le couloir, l'épée à la main, toujours accompagnée du couteau lumineux que lui avait donné Marvin, partant chercher les tentures en laissant échapper un simple "J'y vais" à ses compagnons. Il n'y avait pas la moindre seconde à perdre, car s'il s'agissait effectivement d'un piège destiné au paladin, il y avait fort à parier que leur adversaire n'attendrait guère avant de se manifester, ou du moins d'envoyer d'autres morts-vivants les attaquer. Et, avec Bran pétrifié, ils perdaient tant un combattant précieux qu'ils perdaient en mobilité. Par les dieux, promener un paladin de pierre dans d'étroits couloirs infestés de morts-vivants, il y avait de quoi se décourager. Raison de plus pour faire au plus rapide, et elle n'avait rien de mieux à suggérer que la tentative de civière qui leur permettrait de le transporter de façon un peu moins inconfortable; aussi comptait-elle les détacher du mur, en espérant qu'elles ne s'effritent pas à son contact, et les rapporter aussitôt. En espérant ne croiser nul squelette en route ...

Il était hors de question de laisser Bran pendant qu'ils allaient chercher le parchemin, c'était le condamner purement et simplement. Mais la gorge de la barde se serra à l'idée de porter le paladin pétrifié sur une civière. Non seulement, ils seraient horriblement ralentis et les squelettes ne mettraient pas bien longtemps à les rattraper, mais aussi elle imaginait les risques encourus pour Bran à la moindre égratignure de la pierre.
Eldrina ne leur laissa pas le temps de tergiverser davantage et se lança en quête de tentures. Mais Soraes ne pouvait s'empêcher de gamberger. Si seulement elle était capable de lancer un sort de déguisement à Bran pour le faire passer pour un squelette, un guéridon ou n'importe quoi d'autre, histoire de leur donner le temps de partir chercher le parchemin rapidement. Mais elle savait qu'elle en était incapable, et elle doutait dieux fois plus de l'être puisque le paladin était changé en objet inanimé.
La barde s'élança jusqu'à la porte de la cellule pour guetter Eldrina et se tenir prête à l'aider à réceptionner les tentures.

Eldrina trouva sans difficulté de larges tentures épaisses : la plupart étaient des tapisseries anciennes, mais certains de ces canevas étaient suffisamment bien conservés pour supporter le poids d'un homme, même changé en pierre. Elle en récupéra deux, de taille suffisante pour servir de civière, que Soraes l'aida à superposer l'une sur l'autre.
Isis, la demi-elfe, enfonça rapidement sa dague aux quatre coins, ainsi qu'à mi-longueur, pour créer des sortes de poignées qui faciliteraient le transport. Il ne restait plus qu'à faire basculer lentement le paladin sur le tout, en évitant les chocs, opération particulièrement délicate pour laquelle il fallut bien toute l'aide des trois demi-elfes. Malgré toutes leurs précautions, le paladin buta le sol un peu trop violemment, et un petit éclat de pierre jaillit de son épaule. Rien de très grave, il fallait l'espérer.

Puis Cyril, l'un des demi-elfes, prit les choses en main.
" Nathanaël, tu passes devant avec Isis. Vous... Soraes, c'est ça ? Vous prenez la poignée derrière Nathanaël, Marvin, vous prenez celle du milieu du côté d'Isis, Eldrina, à l'arrière derrière Marvin, et je prends celle-ci, derrière Soraes..."
Au-dehors, dans le couloir, des cliquetis se faisaient entendre. Ils provenaient, heureusement, du côté opposé à celui par lequel ils étaient arrivés, et ne bloquaient pas encore la sortie.
" Il faut avancer vite, intervint Marvin. Tous les petits dommages qu'il subira pendant le transport auront des conséquences à son réveil, bien sûr, mais j'ai des sorts de soin, et Bran saura lui aussi se soigner. Il faut éviter les gros dégâts, mais il n'est pas en porcelaine tout de même...
- A trois, levez. Un... deux... trois !"
Eldrina n'eût que le temps de glisser son couteau lumineux dans sa poche. Ils parvinrent à se synchroniser, et se précipitèrent vers l'extérieur, en direction de l'escalier par lequel ils étaient arrivés. Derière eux, Eldrina, qui avait la chance de voir un peu dans le noir, aperçut une demi-douzaine de squelettes qui se précipitaient vers eux. Pour Soraes et Marvin, en revanche, l'obscurité était totale, et c'était certainement la raison pour laquelle on les avait placés au centre -outre le fait qu'il fallait équilibrer les forces.

Les préparatifs avaient été rapides, mais pas assez au goût de la rôdeuse inquiète qui voyait s'égrener les secondes avec une crainte croissante. Par pitié, qu'ils n'échouent pas à présent, alors même qu'ils avaient enfin réussi à retrouver leurs deux compagnons en vie ! Mais l'anxiété était certainement partagée par les autres et il ne servait à rien de s'y abandonner, aussi avait-elle participé aux opérations avec diligence. Elle ne put s'empêcher de tressaillir lorsque le choc résonna, mais le petit bout de pierre qui jaillit n'était pas assez inquiétant pour qu'il faille s'en faire pour le moment. Cela sonnait, cependant, comme un avertissement très clair : il leur faudrait redoubler de prudence.

Plus facile à dire qu'à faire en ces circonstances, et les difficultés de coordinations entre six personnes portant le même lourd paladin de pierre n'arrangeraient certainement rien. Ils se mirent en route, cependant, le plus vite qu'ils le pouvaient, et il était heureux qu'ils fussent un tel nombre, car ainsi le poids de Bran ne pesait pas trop lourd pour chacun d'entre eux.

Elle glissa par réflexe un regard derrière elle et grimaça en apercevant les squelettes se diriger vers eux. Pourvu qu'ils parviennent à les distancer suffisamment longtemps... L'étroitesse de l'escalier et des couloirs avait ceci d'avantageux qu'elle leur permettrait de combattre à un contre un, ou guère plus, et ne pas se laisser submerger par le nombre, aussi pourrait-elle envisager de rester en arrière pour les retenir un peu. S'ils pouvaient se l'éviter, cependant ... " Ils approchent", précisa-t-elle à ses compagnons. Ce n'était sans doute pas nécessaire, mais elle éprouvait le besoin de le verbaliser. Pourraient-ils presser encore le pas, sans risquer de heurter violemment le paladin ?

Ils parvinrent sans encombre jusqu'à l'escalier : le couloir était en ligne droite, et pavé régulièrement, aussi pouvaient-ils avancer à bonne allure. Moins cependant que leurs poursuivants qui s'approchaient...
Lorsqu'ils parvinrent devant l'escalier, face à la pièce d'où émanait le halo rouge, ils entendirent distinctement une voix rauque donnant des ordres qu'ils n'eurent pas vraiment le loisir de comprendre, préférant se concentrer et négocier efficacement le virage pour s'engager dans l'escalier. Il leur sembla que le nombre de pas derrière eux augmentait encore, mais heureusement l'escalier était étroit et leurs assaillants se gênaient.
En haut de celui-ci, Eldrina se souvenait avoir entendu les bruits du combat opposant l'autre groupe de demi-elfes aux morts-vivant, sur la gauche. Celui-ci était peut-être terminé et l'issue accessible, mais peut-être qu'ils y croiseraient au contraire tous les squelettes rescapés de l'affrontement... Et surtout, ils ne savaient pas exactement à quelle distance se trouvait la sortie en question. S'ils préféraient, par mesure de sécurité, parcourir en sens inverse le chemin suivi à l'aller, il leur faudrait prendre à droite, puis s'engager dans un autre escalier plus loin, puis un couloir étroit, et un autre encore. Mais sur une telle distance, ils ne parviendraient pas à distancer durablement leurs poursuivants. Eldrina, lorsqu'elle jetait un coup d'oeil sur son épaule, les voyait se rapprocher. Ils tiendraient sans doute jusqu'aux premières marches du second escalier, mais pas plus loin avant d'être rattrapés. Soraes, elle, ne voyait rien, mais entendait les cliquetis se rapprocher. Il lui fallait cependant toute sa concentration pour aider à porter le paladin sans heurter ni les murs, ni ses compagnons, dans l'obscurité complète.

Ils progressaient aussi vite qu'ils le pouvaient, et leurs poursuivants étaient finalement gênés par l'étroitesse des passages, mais Eldrina pouvait les sentir se rapprocher peu à peu, inévitablement. Ils étaient plus nombreux et n'avaient pas de paladin à porter, eux... Elle se sentait comme dans un de ces rêves où elle ne parvenait jamais à avancer assez vite et où tous ses gestes lui semblaient étrangement lourdauds. Ils ne tiendraient pas la distance jusqu'à la sortie, c'était un fait qui se précisait de plus en plus à chaque pas.

Ils parvenaient à l'embranchement et elle put sentir une brève hésitation chez ses compagnons. Hésitation logique et explicable, certes, car l'alternative entre les deux devait - ou plutôt aurait dû - se peser avec soin; mais hésitation qui pouvait leur faire perdre un précieux temps. Et la prudence leur commandait de ne pas se rajouter la moindre contrainte ou le moindre handicap supplémentaire, ce qui impliquait de se décider vite; et qui impliquait aussi, à ses yeux, de faire le choix de la prudence. A gauche, c'était peut-être plus rapide .. mais peut-être bien plus long et surtout rempli d'ennemis.

Aussi leur lança-t-elle lorsqu'ils approchèrent de l'embranchement un "A droite" décidé. Bien sûr, elle fermait la marche et peut-être Isis et Nathanaël auraient-ils une autre idée sur la question, mais elle n'avait pas envie qu'ils tergiversent le moins du monde et préférait donc s'exprimer aussitôt. S'ils partaient à gauche, eh bien, le reste suivrait.

Mais leurs poursuivants continuaient inexorablement de les rattraper, et ils finiraient par les atteindre. Elle finit par se décider et ajouta, dans un discours saccadé par leur course effrénée : "Ils se rapprochent. Je peux... lâcher et aller les ralentir ... si vous le tenez bien à cinq ..." C'était la meilleure solution qu'elle avait. S'interrompre tous dans le noir, déposer Bran, pour affronter toute la troupe de squelettes et risquer de tous y rester... Elle préférait encore profiter des espaces étroits des couloirs pour les ralentir un peu et laisser ses compagnons partir devant. D'accord, c'était une idée plus que téméraire. Mais au point où ils en étaient ...

Soraes avait aidé Eldrina à superposer les tentures. Elle regarda la demi-elfe les taillader aux angles d'un air dubitatif. Elle se demandait si les entailles n'allaient pas se fragiliser sous le poids du paladin pétrifié, mais ils n'avaient pas vraiment le temps de discuter logistique. Enfin, ils firent basculer Bran sur la tenture, et la barde serra les dents quand un éclat se détacha de l'épaule du paladin. Heureusement, ce n'était rien de très grave.

Sans discuter, Soraes avait suivi les instructions de l'un des demi-elfes. Elle ignorait leurs noms, mais ils auraient tout le loisir de faire les présentations quand ils seraient sortis sains et saufs de ce maudit tertre.
En entendant les cliquetis de squelettes, ils s'empressèrent d'avancer dans l'obscurité. Pour la barde, ce retour dans les galeries sombres avait un air de déjà-vu dont elle se serait bien passée. Mais là, la difficulté était augmentée : à six, le paladin pétrifié restait assez lourd, mais le plus compliqué était de se synchroniser avec les autres porteurs. Elle trébucha plus d'une fois dans son empressement, mais parvint à se rétablir assez rapidement pour ne pas troubler leur rythme.
Les bruits de pas derrière eux rendait leur progression encore plus angoissante. Heureusement, Eldrina semblait savoir où aller. Un soulagement de courte durée puisqu'elle se proposa d'affronter leur poursuivants seule.
- C'est de la folie ! souffla Soraes. Et s'ils sont trop nombreux… on ne peut pas te laisser seule !!

La petite troupe avait obliqué à droite en haut du premier escalier, soit obéissant à l'injonction d'Eldrina, soit parce qu'ils estimaient eux aussi que c'était le plus prudent. Ou qu'ils avaient vu des adversaires arrivant de l'autre côté. Elle n'eût pas vraiment le temps d'analyser les choses, occupée à se concentrée sur ses pas. Mais sa proposition de rester en arrière fit ralentir tout le groupe.
" Je vais rester aussi, lança Marvin d'un ton décidé. J'ai encore un ou deux sortilèges utiles, et vous devriez être suffisamment nombreux, à quatre... on va les ralentir !
- On attend d'être au pied de l'escalier pour cela, trancha Cyril. Il est tout proche... Il faut accélérer encore jusque là ! Nathanaël, tu nous préviens quand on arrive, on s'arrête et je donne mon coin de civière à Soraes, moi je prendrai la place d'Eldrina. "

La jeune barde faillit bien heurter Nathanaël lorsqu'il s'arrêta brutalement, exprimant l'instant d'après qu'ils étaient arrivés au pied de l'escalier. Elle sentit que le demi-elfe, s'approchant derrière elle, lui prenait la main et y glissait la "poignée" arrière de la civière. Un instant plus tard, il avait pris la place d'Eldrina et donnait l'ordre de se remettre en route.
" On revient vous aider dès qu'on l'a mis en sécurité à l'extérieur !"

" Sortez la lumière, murmura Marvin à Eldrina. Il faut que je les voie pour incanter efficacement."
Sans attendre, il commença néanmoins une incantation.
Eldrina, elle, voyait clairement leurs adversaires : ils étaient au moins cinq ou six squelettes, dont l'un paraissait nettement plus puissant que les autres, et seraient sur eux d'ici quelques secondes. Heureusement, l'étroitesse des couloirs les obligeait à progresser à trois de front seulement et les gênerait pour se battre.

*****

Soraes, elle, n'eût d'autre choix que de suivre le mouvement, essayant de se laisser guider par le mouvement général et de ne pas les retarder malgré le fait qu'elle soit complètement aveugle. Ils montèrent un étroit escalier, puis suivirent une galerie, à droite, si étroite qu'ils auraient été bien en peine de progresser s'ils étaient restés à six dans leur configuration initiale. La galerie montait légèrement. Ils prirent à gauche au bout, et elle vit, enfin, le reflet de la lumière du jour sur les parois. Ils débouchèrent dans une petite grotte, illuminée par la lumière du soleil de la mi-journée.

La rôdeuse avait ressenti un certain soulagement après l'intervention de Marvin. Le prêtre était un allié précieux et avec lui elle aurait des chances de tenir plus longtemps. Après tout, une fois que leurs alliés auraient déposé Bran en lieu sûr à l'extérieur, il ne leur faudrait pas longtemps pour revenir les secourir... n'est-ce pas?

Mais il n'était pas temps de tergiverser ou de s'inquiéter - ce qui l'arrangeait bien, car la situation était loin d'être la meilleure qu'elle ait pu connaître. Alors que leurs compagnons s'éloignaient, emmenant une Soraes saine et sauve et un paladin pétrifié, elle se campa au pied de l'escalier, attendant le moment où les squelettes la rejoindraient. Elle sortit le couteau lumineux de sa poche, le tenant bien en main pour éclairer autant que possible les lieux. Ils étaient nombreux, et l'un d'entre eux semblait un adversaire plus redoutable que les autres. Certes, ils se gênaient et l'espace étroit ne leur permettrait pas de profiter trop de leur avantage numérique, mais ils restaient en position de force, et son objectif n'était clairement pas de les défaire tous avec audace. Il leur faudrait tenir, gagner du temps, et elle ne s'exposerait pas inutilement. Comme avait dit Soraes, c'était de la folie, quelque part, alors autant essayer de demeurer en vie tant qu'elle le pouvait. Son épée bien en main, elle se mit en garde et les attendit. Elle n'eut pas longtemps à attendre, d'ailleurs, car ils les avaient bien vite rattrapés.

A peine eut-elle le temps de se mettre en garde que deux squelettes vinrent au contact, l'attaquant simultanément. Gênée par son couteau magique, elle fut forcée de le laisser tomber au sol pour pouvoir se concentrer sur ses mouvements d'épée. Elle était plus vive et plus rapide qu'eux, mais ils étaient d'une force redoutable, et un seul coup de leur lame aurait tôt fait de lui trancher un bras... ou la tête.
Juste derrière elle, Marvin incantait toujours, profitant de ce que l'attention de leurs adversaires était concentrée sur la rôdeuse. Il lui sembla que la mélopée n'était plus la même, qu'il s'agissait d'une nouvelle incantation, mais elle n'avait guère le temps d'analyser la chose. Un trait la frôla et manqua atteindre le clerc : l'un de leurs adversaires plus éloigné était visiblement armé d'une arbalète. Profitant de son bref instant de déconcentration, le squelette le plus proche frappa et l'atteignit au bras gauche, l'entaillant profondément.

L'instant d'après, l'incantation s'acheva : un grondement sourd monta de la roche et un mur jaillit brusquement du sol, juste derrière les deux premiers squelettes. Tellement proche, en réalité, que ses deux adversaires se trouvèrent déséquilibrés et roulèrent au sol, à ses pieds, les os entremêlés, brusquement très vulnérables. Elle avait certainement le temps d'en achever un avant qu'ils ne se relèvent. Marvin, lui, incantait à nouveau, plus brièvement, et elle sentit le discret frôlement de sa main dans son dos tandis que sa blessure se refermait.

Soraes réalisa qu'il était finalement plus simple de porter Bran à quatre. Certes, il y avait davantage de poids à porter, mais il était plus simple de coordonner leurs mouvements. La barde faisait de son mieux pour suivre la marche dans les bruits de lutte qui devenaient de plus en plus lointain, mais en aveugle, elle finissait souvent par se heurter à un accident de la cloison rocheuse, ou par trébucher sur les aspérités du sol.
Quand l'étroit escalier se dessina, elle retint son souffle pour se concentrer sur l'ascension du paladin, afin qu'elle se fasse de la manière la plus fluide possible. Et enfin, la lumière du jour, faible d'abord, se refléta sur les parois. Soudain gonflée d'optimisme, la barde sentit un regain d'énergie et il lui semblait qu'avec cette promesse de revoir la douce lumière du jour, elle était capable de porter Bran aussi longtemps qu'il le faudrait.
Ils débouchèrent dans une grotte illuminée par le soleil, et jamais il ne parut aussi éblouissant à Soraes. Elle avait passé tellement de temps dans l'obscurité que la lumière lui paraissait insupportable. Papillotant des paupières, elle continuait à suivre le mouvement, sans se départir d'un grand sourire. Mais elle songea à Eldrina et Marvin restés en arrière, et son sourire s'effaça. Vite, il fallait songer à la suite des événements.
- Et maintenant ? demanda la barde. Marvin et Eldrina ont certainement besoin de renfort. L'un de vous veille sur Bran pendant que nous retournons les aider ?
Elle ne put réprimer un frisson à la simple évocation de se retourner dans les galeries souterraines. S'ils en réchappaient, elles risquait bien de devenir claustrophobe jusqu'à la fin de ses jours.

Sa répulsion devait être visible, car le demi-elfe qui semblait diriger les opérations hocha la tête en répondant :
" Il serait peut-être bon que vous restiez aussi ici. Vous êtes humaine, donc aveugle là-dedans...
- Le paladin avait une pierre lumineuse, non ?
- Je crois qu'elle est restée là-bas. Tombée par terre... ou elle s'est éteinte, je n'ai pas fait attention.
- Dans sa poche peut-être ?
- On n'a pas le temps de bavarder, intervint sa coéquipière. Filez vite ! Moi, je reste... Ah, au fait, je me nomme Isis, précisa-t-elle,et eux c'est Cyril et Nathanaël."
Sans attendre de voir si Soraes restait en arrière comme ils le lui avaient conseillé, ils se précipitèrent à nouveau vers l'intérieur.

Les présentations étaient allées un peu vite, et Soraes en perdit le respect des convenances en ne se présentant pas à son tour. Elle resta un peu interdite, prise entre deux feux. Elle ne comptait pas laisser Bran seul, et d'un autre côté, elle ne pouvait pas attendre sagement ici que les autres se battent. Mais les demi-elfes n'attendirent pas de recevoir son assentiment, ils s'étaient déjà précipités à l'intérieur. La barde se baissa, et entreprit de faire les poches du paladin pour voir si, éventuellement, elle ne pourrait pas mettre la main sur sa pierre lumineuse. [Enfin sauf si les vêtements se sont pétrifiés en même temps que Bran ?

]

Le combat était rude, comme toujours, mais elle commençait à savoir assez bien comment affronter ce genre d'adversaires; en réalité, de ce qu'elle constatait, elle s'en serait sans doute très bien sortie s'ils avaient été moins nombreux. Malgré l'exiguïté des lieux qui les empêchait de profiter tout à fait du nombre, elle était tout de même sur une corde raide et devait se concentrer sur chacun de leurs gestes pour éviter la moindre blessure qui pourrait se révéler critique. Quand le trait fila, elle ne put s'empêcher de lancer un instant un regard vers l'endroit d'où il provenait, le temps de réaliser qu'ils disposaient d'au moins une arme à distance; et elle s'en repentit aussitôt, car il avait suffi de ce très bref moment de déconcentration pour que son adversaire l'atteigne. Elle serra les dents et se recentra sur l'affrontement. Décidément, ils semblaient avoir quelque chose à reprocher à ses bras, pour qu'ils veuillent tous s'en débarrasser en priorité...

Puis le mur surgit, les déstabilisant totalement, et elle ne put que remercier intérieurement Marvin pour sa présence. Tandis qu'il guérissait à nouveau sa blessure, elle se tourna vers le squelette à sa gauche et se pencha pour l'achever. Si elle pouvait se tourner ensuite vers celui d'à-côté et l'atteindre avant qu'il ait repris tous ses moyens, ce serait parfait. Quoi qu'il en soit, le combat était tout de suite plus équilibré. Pour autant, elle ne comptait pas varier son attitude et restait prudente. Les autres squelettes étaient toujours là, et ils n'étaient pas encore sortis indemnes de la caverne.

@Soraes : pas de bol, j'ai été vérifier la description du sort... et les vêtement sont pétrifiés aussi !

@ Eldrina :

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@ Soraes

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@ Toutes les deux

Sitôt réuni, le petit groupe se répartit à nouveau le poids du paladin. Eldrina et Marvin ayant expliqué que les squelettes -et peut-être d'autres créatures également- étaient simplement bloqués par un mur invoqué par le clerc, il était préférable de ne pas traîner dans les parages.
Ils se mirent donc en route, en direction de l'est, suivant leurs guides demi-elfes. En route, Soraes eût le temps de faire un peu plus ample connaissance, de retenir les noms des uns et des autres. Ils durent peu à peu ralentir : le paladin était lourd, ils avaient besoin de pauses, et nul ne semblait désormais les poursuivre.
Il leur fallut plus d'une heure pour rejoindre le gros de la troupe. Soraes découvrit alors une petite douzaine d'autres demi-elfes, en majorité des hommes, portant tous gilet de cuir, arc et épée courte. Ils semblaient tous avoir un air de parenté -mais peut-être simplement parce que tous les demi-elfes se ressemblaient un peu à ses yeux d'humaine ?
" Enfin, vous voilà ! s'exclama une voix féminine. Eldrina reconnut Solène, celle qui dirigeait le groupe.
- Bon sang, qu'est-ce qui lui est arrivé ? Il est...
- Pétrifié.
- Oh miséricorde... C'est votre ami paladin ?
- J'ai ce qu'il faut à la résidence, ne vous en faites pas, intervint tranquillement Rowena.
Soraes découvrit une femme âgée, ridée comme une vieille pomme, ses cheveux blancs entremêlés de plumes et petits ossements.
- Ca veut dire...
- Qu'on va leur offrir l'hospitalité. Le temps qu'ils se remettent de leurs déboires... Tu n'y vois pas d'objection ?
- Non, bien sûr. Enfin, s'ils acceptent de nous suivre jusque-là. C'est à une demi-journée d'ici...

La Couronne de Cuivre

[Quête] Chercheurs de sens - Soraes (forêt maudite)