[Taverne] L'abri des arts

[Chandara]

Chandara s'approcha précipitamment de la jeune-fille pour la soutenir à nouveau et l'empêcher de s'effondrer dans son propre vomi. Décidément, c'était de plus en plus inquiétant... La jeune femme se tourna un bref instant vers Arthur et lui adressa un pauvre sourire contrit avant de s'adresser à nouveau à la serveuse :

- Je crois que vous feriez mieux d'interrompre votre service. Si vous voulez, je peux vous accompagner au temple le plus proche pour qu'on vous examine...

Elle ne voyait pas autre chose à faire et elle ne pouvait de toute façons pas la laisser livrée à son propre sort.

[Arthur de Faisanlys]

Arthur aurait voulu pouvoir l'aider de manière plus efficace, mais il était trop jeune, et si sa nature de paladin le protégeait des maladies, il n'était pas encore capable de les soigner chez autrui. Or, que la jeune femme souffre d'une infection, de fatigue ou d'un empoisonnement, il ne pouvait pas y remédier à l'aide d'une apposition des mains.
" Je pense que Dame Chandara a raison. Je vais vous soutenir, si vous le permettez."
Il espérait secrètement que le Temple le plus proche ne serait pas hostile. Mais il n'avait pas l'intention de clamer son allégeance.

[Althéa]

Appoline osa un sourire timide avant de s'appuyer sur lui. Visiblement, elle n'était pas en état d'émettre une objection.

"Il y a un temple d'Ilmater tout près d'ici."

Elle manqua trébucher, se retint de justesse à Arthur. Yvain sortant derrière eux eut l'air de se rendre rapidement compte de la situation. A vrai dire, l'état de sa serveuse et le vomi qu'elle laissait derrière elle n'indiquaient pas vraiment qu'elle allait disputer un tournois. Il se mit à l'opposé du paladin dans le but de l'aider à la soutenir.

Peut-être était-ce par mimétisme mais le paladin sentit son mal de tête revenir et commença à se sentir vaguement fiévreux. Chandara à ses cotés, ils partirent en direction du temple d'Ilmater.

[Althéa]

Dans la taverne, l'ambiance était morose. Une des musiciennes apprit à Yvain que l'un des instrumentistes avait eu un malaise en plein morceau et que le couple de clients avait préféré partir. Elle-même commençait à souffrir de maux de tête et se sentait fébrile. Le jeune homme, les yeux agrandis par la panique se tourna vers les deux paladins et les deux clercs.

"Je ne comprends rien ... Pourtant, nous n'avons rien à voir avec le théâtre. C'est la toute première fois que j'y allais."

[Arthur de Faisanlys]

Décidément, cet Yvain ne lui revenait toujours pas. Comment pouvait-il tenir une taverne juste à côté du théâtre sans s'y être jamais rendu ?!
Arthur se tourna cependant vers l'Ilmate.
" J'imagine que c'est à votre tour de jouer. Peut-être qu'il faudrait examiner l'endroit où les différents malades ont pu se croiser... Une musicienne, la fille de salle, il y a peut-être des coulisses, ou quelque chose comme ça ?"
Curieusement, il ne se sentait pas particulièrement anxieux. Les paladins ne peuvent pas avoir peur, c'est ainsi. Et il avait l'impression que les choses lui échappaient complètement.

[Chandara]

Chandara avait donné son nom à la sortie du théâtre comme Yvain le lui avait demandé : après tout, elle n'avait aucune raison de le cacher et c'était bien plus pratique pour les échanges. Ce faisant, elle avait profité de l'occasion pour demander également celui de l'Ilmate. C'était moins gênant de le faire à ce moment-là...

Pour le reste, la situation qui régnait dans la taverne lui firent bien vite oublier ces questions de bienséance bien secondaire :

- Qu'il y ait tant d'infectés ici ne peut pas être un malheureux concours de circonstance : il y a forcément un foyer ici même et il me parait urgent de fermer la taverne au public. Et aussi de retrouver vos deux clients : ils sont probablement contaminés eux aussi.

Pour une fois, elle pêchait peut-être par excès de prudence mais la situation leur échappait clairement et il était urgent d'y mettre un frein et de protéger à tous prix les gens encore en bonne santé.

[Althéa]

Avant d'entrer dans le théâtre, l'ilmate avait marmonné quelques mots dans sa barbe que Chandara avait pu identifier comme Jaouen et pas grand chose d'autre. Il lui avait alors lancé un regard quelque peu inquiet avant de rejoindre les autres dans la taverne. Visiblement, parler de lui ne faisait pas vraiment partie de ses passions.

Dans l'établissement, il sembla regagner en confiance, regardant autour de lui. Finalement, il se décida à incanter au dessus d'une table qui se mit à briller ainsi que le mobilier et les murs. Ici, la lueur était plus forte comme si la source du poison était encore présente.

hrp : vous brûlez. Un truc qui se diffuse dans l'air des salles. Un petit indice : à notre époque, à part pour quelques romantiques, ça n'aurait pas pu arriver.

[Arthur de Faisanlys]

HRP : Heu... Pas assez romantique pour savoir ce genre de choses, faut croire

Arthur avait, quant à lui, évité de donner son nom. Pas parce qu'il voulait se montrer impoli, mais parce qu'il ne savait toujours pas exactement comment se présenter, et qu'il craignait comme la peste d'être reconnu. En même temps, Chandara avait peut-être prononcé son prénom dix fois, déjà, depuis le début de leur enquête. L'un dans l'autre, il fit celui qui n'a rien entendu.
" C'est peut-être dans les bougies, ou quelque chose comme ça... Ça a l'air de voyager comme une odeur... Est-ce que vous ne détectez rien de plus précis ?"

[Chandara]

HRP : ben c'est bien les bougies à mon avis ! Dîner aux chandelles quoi ! D'ailleurs Chandara me fait dire qu'elle n'aurait rien contre.

La mention des bougies fit sursauter Chandara : se pouvait-il que ce soit cela ? Arthur devait avoir raison ! Après tout, les effluves semblaient davantage se concentrer au dessus des tables. Elle ne parvenait pas à se souvenir s'il y en avait eu au théâtre mais c'était bien probable. Et si c'était bien ça, les implications étaient renversantes : les bougies pouvaient avoir été vendues partout en ville, attendant qu'un pauvre innocent les allume pour diffuser la maladie et la mort. La paladine n'y réfléchit pas à deux fois, attrapant un torchon et s'approchant de la table la plus proche pour moucher la chandelle qui s'y trouvait. Elle se tourna ensuite vers Yvain et demanda d'une voix pressante :

- Où vous fournissez-vous en bougies ? Avez-vous acheté celles-ci récemment ?

Puis, un détail frappa son esprit comme parler des bougies avait réveillé ses souvenirs sans bien savoir comment elle avait fait cette association d'idées. Elle fouilla dans son sac pour en sortir la chandelle qu'elle avait elle-même acheté au vendeur ambulant sur la promenade. Se pouvait-il qu'elle ressemble à celles de l'Abri des Arts ?

[Althéa]

Hrp : Yees Bravo vous deux. Ben quoi, c'est chouette les dîners romantiques. Allez, un peu de peket pour fêter ça.

L'ilmate sans attendre incanta de nouveau tourné vers une des chandelles allumée sur une table. Presque aussitôt, un halo verdâtre apparut autour de la lumière. Chandara quant à elle eut la désagréable surprise de voir que la chandelle qu'elle avait achetée au colporteur était l'exacte jumelle de celles qui brûlaient présentement dans la pièce.

Le clerc regarda tour à tour les deux paladins, visiblement reconnaissant.

"Les bougies ... Elles étaient devant nos yeux et nous ne l'avons pas vu jusqu'à maintenant.
- Je crois que nous allons devoir nous passer de lumière pour le moment.", dit Yvain d'une voix blanche avant de répondre à Chandara.

"Nous les avons achetées pas plus tard qu'hier dans une petite boutique de la rue des Chapeliers. Nous en avons acheté un bon stock vu qu'elles étaient en promotion ..."

[Chandara]

La paladine était balayée par des émotions contradictoires. D’un côté elle était soulagée qu'ils aient enfin trouvé l’origine de l’infestation mais d’un autre, les implications étaient terribles. Combien de gens avaient pu acheter ces bougies à la boutique ou auprès du revendeur ? Dans combien de maisons brûlaient-elles en ce moment même, exposant leurs habitants au poison ? Elle n’avait pas lâché sa bougie et sa main trembla légèrement quand elle fit un effort pour se remémorer la rencontre avec le colporteur : elle l’avait achetée pour commémorer la disparition de Luna, pour se rendre aux célébrations du souvenir de la soirée. La paladine devint complètement blême à mesure que ses pensées cheminaient vers leur sinistre conclusion. Elle s’exprima à nouveau d’une voix scandalisée :

- Par les cieux… C’est odieux, abject… J’ai acheté cette bougie pour les célébrations de ce soir. Plein de gens en ont certainement fait de même. L’empoisonneur voulait contaminer tous ceux qui s’y rendront pour rendre hommage aux morts ! Il y aura tous les officiels de la ville et des enfants aussi !

La jeune femme était maintenant au bord de la panique mais elle ne pouvait pas craquer : il y avait trop en jeu. Elle puisa à nouveau en elle des ressources qu’elle n’aurait pas soupçonnées et s’exprima très rapidement :

- Maître Jaouen : nous allons avoir besoin d’un remède au plus vite : il faut que vous emportiez ces bougies au temple. Arthur, pouvez-vous m’aider à éteindre ces horreurs ? Plus personne d’autre ne doit respirer ça ! Yvain, il faut amener tout votre personnel au temple et en premiers ceux qui présentent des symptômes. Ensuite, nous irons prévenir le guet : il nous faut de l’aide et plus de bras : il faut absolument empêcher que les gens n’allument ces bougies et aussi nous rendre à cette boutique pour arrêter les suspects.

La jeune-femme avait tout débité d’une seule tirade et se rendit compte que tout le monde le regardait désormais d’un air étrange.

[Arthur de Faisanlys]

A vrai dire, Arthur n'était pas surpris. Chandara restait Chandara, la guerre ne l'avait pas changée. Et sous ses allures insouciantes, elle n'était pas stupide, aussi le jeune homme se rendit à ses décisions sans rechigner.
" Bien parlé." se permit-il de dire, histoire de marquer le coup, puis il commença à éteindre les bougies, en circulant de table en table.
Il en garda une dans sa poche : il ne voulait pas vexer l'Ilmate, mais au cas où, autant qu'un clerc lathandrite se penche sur la question. Il y avait plus de savoir dans deux églises que dans une seule.

[Althéa]

L'ilmate et Yvain fixèrent la jeune femme quelques secondes, admiratifs. Le barde aida Arthur à éteindre les bougies pendant que l'ilmate à l'instar d'Arthur - sans le savoir - mettait une bougie dans sa poche.

"Je vais la faire analyser au plus vite."

Avant de partir, il ajouta.

"Vous avez raison, l'important est de prévenir le guet. Il faudra suspendre les célébrations de ce soir ou utiliser d'autres chandelles. Dans tous les cas, vous venez de sauver un bon nombre de personnes."

Il eut un sourire franc pour les deux paladins et rejoignit son temple. Yvain demanda.

"Et pour les vendeurs de chandelles, que va-t-on faire ? C'est étonnant, ils ne ressemblent pas du tout à des empoisonneurs ..."

[Chandara]

Chandara s'étaient déjà tournée vers la porte, impatiente de prévenir le guet pour diminuer les risques de contamination des gens, partout en ville. La question d'Yvain la fit cependant hésiter et elle répondit après avoir jeté un regard dans la direction d'Arthur : que ferait un lathandrite dans cette situation ? Vers où penchaient ses propres valeurs ? Elle répondit d'un ton calme :

- J'irai les interroger moi-même : peut-être est-ce imprudent mais il ont pu être trompés eux aussi. L'important est d'arrêter le phénomène mais pas en nuisant à d'autres innocents. Et si on se contente de les jeter en prison, nous ne ferons que laisser davantage de temps à l'éventuel vrai coupable ou à leurs complices pour commettre leurs méfaits. Il nous faut tout de même prévenir le guet mais je pourrais me rendre à la boutique des chandeliers si vous vous en chargez... Arthur, vous voulez bien m'épauler à nouveau ? Qu'en pensez-vous ?

[Arthur de Faisanlys]

Arthur haussa les épaules.
" Je me rendrai là où je peux être le plus utile. Mais comme je ne connais pas du tout la ville, je fais mieux de vous suivre, c'est certain..."
Il aimait autant rester avec la paladine que de se retrouver acoquiné avec le tenancier de la taverne. Parce que Chandara était d'une compagnie irrésistible, bien sûr, mais aussi parce qu'il n'avait nulle envie d'aller promener son accent luménien auprès des autorités de la ville.

[Chandara]

La décision d’Arthur enthousiasma Chandara à en juger par son air ravi et la jeune-femme répéta une dernière fois ses consignes tous azimuts :

- Yvain, nous comptons sur vous pour avertir le guet de tout ce que nous avons appris. Nous nous retrouverons tous au temple après, si vous êtes d’accord.

Alors qu’elle passait la porte avec le paladin, elle déclara à ce dernier :

- Je vois où se trouve la boutique en question. Passer par le Clos ne nous rallongera pas vraiment le trajet si vous préférez que nous nous armions un minimum. J’espère ne pas en arriver à nous battre mais nous ne pouvons pas savoir comment nous serons reçus…

[Arthur de Faisanlys]

" Heu... dit le jeune paladin. Je dois dire que je n'ai rien emporté de ce genre avec moi... Vous pensez vraiment qu'on pourrait nous attaquer dans une boutique ? Enfin... Vous connaissez mieux la ville et ses gens que moi. Vous avez sans doute raison."
C'est vrai qu'elle n'était vraiment pas habillée pour remplir la moindre mission, sinon celle de lui tourner la tête.
" Hâtons-nous, quoi qu'il en soit."

[Chandara]

- J'ai une épée à vous prêter si vous voulez mais vous avez sans doute raison, nous montrer armés ne fera que susciter plus de méfiance... La paladine avait répondu en partant déjà d'un bon pas et ajouta après quelques instants de réflexion :

- Au besoin, je sais un peu me défendre sans arme et vous aussi je n'en doute pas alors oublions-les pour le moment. Venez, c'est par ici !

Elle progressait désormais aussi vite que sa robe mal adaptée à la situation le lui permettait mais elle parvenait tout de même à dégager une impression de maîtrise et de décision, une aura qui incitait à la suivre, ne serait-ce que du regard.

[Elzen]

Elzen avait prit son temps pour venir des docks. Pas seulement pour laisser à la mystérieuse femme le temps de revenir ici sans que leurs trajets ne semblent concernés, mais également parce que, s'il voulait arriver à se repérer dans cette fichue ville, il était sans doute nécessaire qu'il prenne la peine d'en étudier un peu le tracé, ce qui prenait quelque temps.

Il avait néanmoins fini par trouver le théâtre de la harpe, et à proximité, comme prévu, cette petite taverne discrète et qui, à ses yeux, semblait bien plus accueillante que le Loyal Paladin – rien que par son nom. Pour l'heure, il y pénétrait comme un client ordinaire ; on verrait bien les opportunités qui se présenteraient d'exercer son métier une fois qu'il serait à l'intérieur ; et que, peut-être, celle qu'il venait de rencontrer se manifesterait de nouveau.

[Althéa]

Il n'y avait pas grand monde dans la petite taverne. Un groupe de musiciens répétait dans un coin et une jeune femme au visage poupin allait de tables en tables, disposant les couverts. De l'inconnue au voile, aucune trace.

La serveuse à l'approche d'Elzen délaissa bien vite ses couverts pour venir jusqu'à lui.

"Bonjour, que puis-je pour vous ?", demanda-t-elle affable.

[Elzen]

Dans l'immédiat, le tieffelin se contenta de s'installer à une table et de demander à boire. Il n'allait pas faire étalage de ses talents de barde d'entrée de jeu, si la personne qui l'avait incité à venir pour cette raison n'était pas présente.

Après tout, une bonne taverne, et celle-ci semblait tout à fait appréciable, était l'endroit idéal pour obtenir des informations sur la ville et observer de ses habitants un aspect moins strict que celui qui avait jusque là sauté aux yeux. Il serait toujours temps d'exercer son métier lorsqu'une occasion se présenterait – ce qui, il n'en doutait pas, se montrerait avant peu, de quelque manière que ce fut.

[Althéa]

La serveuse déposa la boisson demandée devant lui. Quelques minutes plus tard, la femme voilée prit discrètement place en face de lui. Elle semblait plus détendue qu'elle ne l'avait été lorsqu'elle était dehors.

"Alors vous êtes venu. Je vous souhaite donc bienvenue chez nous. Pouvez-vous me dire quel est votre répertoire et quels sont les instruments dont vous jouez ?"

[Elzen]

Eh bien, il n'avait en effet eu qu'à attendre…

« J'ai une certaine affinité avec les flûtes et les lyres, mais je peux au besoin jouer d'autres sortes d'instruments. Je viens de loin, et la plupart des chants que je connais vous seront sans doute inconnus, mais je pense pouvoir en trouver au moins un pour chacun des thèmes que vous me proposerez… »

Il but une gorgée en regardant son interlocutrice d'un air espiègle et sûr de lui.

« Bref, je fais mon possible pour être assez polyvalent. »

[Althéa]

La jeune femme le prit au mot.

"D'accord. Un extrait de chanson pour chaque thème : l'amour, la mort, la guerre, la religion, la jalousie, l'exil. Tout ça, c'est déjà pas si mal. Et est-ce que vous verriez un inconvénient à vous produire avec d'autres musiciens, en duo ou en trio voire plus ?"

[Elzen]

HRP : bon, allez, ce coup-ci il y en a un (tout) petit bout qui est de moi

Eh bien, pourquoi pas. Le défi était… intéressant.

« Je n'ai… pas vraiment l'habitude de me produire autrement qu'en solitaire. Je ne dis pas que je n'y parviendrais pas, mais… je n'en ait pas encore eu l'occasion, disons. Néanmoins, je dois pouvoir contenter vos demandes… »

Elzen chantonna à mi-voix, assez fort pour que son interlocutrice entende, mais trop bas pour que les autres clients le remarquent, sur quelques airs qu'une personne côtoyant son métier avait des chances de connaître, même dans une ville aussi austère que Manost.

« Quand reverrai-je, hélas, de mon petit village
Fumer la cheminée, et en quelle saison
Reverrai-je le clos de ma pauvre maison,
Qui m'est une province, et beaucoup davantage ?
Plus me plaît le séjour qu'ont bâti mes aïeux,
Que des murs Mélandiens le front audacieux… »

Il n'avait, après tout, guère de difficultés à évoquer l'exil, lui qui était depuis si longtemps séparé des siens et à la recherche d'un nouveau foyer… la jalousie, en revanche, lui demandait un peu plus de composition.

« Jaloux de la pluie qui touche tes cheveux,
Jaloux des choses que voient tes yeux,
On se regarde toujours jalousement…
Dis-moi que tu les abandonnes, ces baisers, ces tourments,
Donnés par les autres personnes, avant… »

La religion lui était plus encore problématique, lui dont le contact avec les prêtres, de quelque obédience qu'ils soient, n'avait jamais apporté grand chose de bon. Il avait cependant, par la force des choses, suffisamment d'affinités avec une certaine déesse pour n'être pas totalement démuni sur le sujet.

« Quand elle le veut, quand ça lui chante, surtout lorsqu'on ne s'y attend pas,
Elle sait se montrer clémente, elle sait vous ouvrir ses bras,
Quand elle est là, point de tourmente, même pour les plus maladroits,
Les cartes en deviennent complaisantes, les dés ne vous laissent pas pantois,
Mais pour avoir sa bienveillance, avoir confiance ne suffit pas :
Il faut montrer sa révérence en l'adorant comme il se doit !
Aussi, et avecque constance, faite montre de votre foi :
Vénérez Dame Providence, priez-la, notre Tymora ! »

La guerre… exigence beaucoup plus facile à satisfaire, le sujet se plaisant à faire couler l'encre aussi bien que le sang. Certaines des chansons qu'il connaissait à ce sujet évoquaient des régions de ce monde-ci, bien qu'assez éloignées de Dorrandin.

« La Rauvin roule sang, Dame Louve mord à belles dents,
Bois le rouge sang, sang des lashtorans que la brume noie dans le temps…
Passé la mer, avons marché vers les murs de Lunargent, jeté la lance et reculé, du lever au couchant…
Ardé par le feu de l'esté, j'ai bu l'eau du torrent jailli du cœur d'un peuplier, dans les Marches d'Argent… »

Restait la mort… il l'avait suffisamment côtoyé pour avoir également quelques mots à dire à son sujet. Les quelques vers qu'il choisit de chanter, assurément, le touchaient tout particulièrement, et il n'avait pas besoin de feindre ce qu'il en ressentait.

« C'est l'ombre pâle d'un père qui mourut en nous nommant ;
C'est une soeur, c'est un frère, qui nous devance un moment…
Tous ceux enfin dont la vie, un jour où l'autre ravie,
Emporte une part de nous, semblent dire sous la pierre :
“Vous qui voyez la lumière, de nous, vous souvenez-vous ?” »

Il sembla soudain revenir à lui-même, comme après s'être perdu dans le regard de son interlocutrice.

« Quelle heure est-il quand elle accroche son sourire à mes yeux ?
Quelle heure est-il quand elle approche, ne fait qu'un de nous deux ?
J'ai perdu la notion du temps… tant mieux… »

Il avait chanté ces différents passage presque d'une traite, comme s'il s'était agit d'une unique chanson, malgré des airs et des intonations assez différentes, comme on lance, à propos d'un nez, bien des choses encore, en variant le ton. Et comme dans ce cas, la performance n'avait sans doute pas grand intérêt par elle-même, en dehors de celui de montrer ses talents.

[Althéa]

hrp : bon, on va dire que tu as bien choisi les extraits

La femme voilée eu l'air satisfaite.

"Bravo. On voit que votre répertoire est très riche. Cela nous ira très bien. Si l'on n'y prend pas garde, toutes les chansons se ressemblent et finissent par lasser le public. Au fait, je ne me suis pas présentée : je m'appelle Nina et la jeune femme qui vous a servi la bière se nomme Appoline. Elle est la soeur de Yvain qui est le tenancier de la taverne. Avez-vous des questions ?"

[Elzen]

J'ai choisi les extraits les plus représentatifs, mais les chansons entières sont bien sur le thème demandé, 'me semble. Y en a pour lesquelles tu n'es pas d'accord ?

Sourire aux lèvres, le tieffelin exécuta un simulacre de révérence.

« Elzen Eilydersen. »

S'il avait des questions… eh bien, pour commencer, s'il s'agissait d'exercer son métier, autant que cela ait l'utilité première que l'on attend généralement d'un métier.

« Combien puis-je attendre de mes prestations ici ? »

Il n'avait encore jamais exercé personnellement dans de telles circonstances ; mais il lui semblait, d'après les échos obtenus de confrères bardes croisés durant ses voyages, que la politique outreplan était de verser un salaire de base pour chaque représentation, lequel pouvait être complété par des pourboires laissés par les clients ayant des demandes particulières ou ayant été particulièrement touchés par un chant. Mais qu'en était-il sur Toril – et plus spécifiquement dans une ville comme Manost ?

[Althéa]

Hrp : si si, je suis d'accord pour tout. C'est super bien trouvé. J'adore "Comédie", la chanson de Souchon.

Nina fit la grimace avant de répondre.

"Disons que cela dépendra du nombre de personnes qu'il y aura dans la salle. Pour un moment tout du moins. Depuis la vague d'empoisonnements, nous n'avons plus grand monde. Pour le moment, nous avons du mal à nous payer nous même. Mais si nous arrivons de nouveau à faire venir des gens ... D'ordinaire, les manostiens aiment venir ici. Ils trouvent des chansons originales qui pour une fois ne parlent pas de Helm ni de guerre."

[Elzen]

HRP : j'avais mal capté. Merci.

Hum. Pas la meilleure période, donc. Est-ce que cela sonnait comme un défi ? Si tel était le cas, il s'agissait peut-être de ceux qu'il s'estimait en mesure de relever.

« Eh bien… reste à voir si ma présence peut aider à faire revenir les gens. »

Non pas qu'il soit certain que ce serait le cas ; mais il s'efforçait de montrer juste ce qu'il fallait de confiance en lui.

« Et… quand désirez-vous que nous fassions un premier essai ? »

Même si l'endroit était quelque peu boudé par les clients, il y avait sans doutes d'autres bardes à s'exercer ici.

[Althéa]

Nina eut un petit sourire qui transparut à travers son voile.

"J'allais justement vous le proposer. Ce soir, comme tous les autres soirs certains d'entre nous se produiront pour nos clients habituels. D'autres viennent par le bouche à oreille. Mais depuis certains temps, nous proposons toujours les mêmes chanteurs. Alors qui sait, peut-être que votre présence les fera venir. Et qu'ensuite, ils reviendront avec plus de monde."