La Couronne de Cuivre

Attentive comme elle l'était, elle sentit passer les différentes émotions que le jeune-homme ne cherchait pas à dissimuler. Et c'est avec un sourire rayonnant qu'elle les accueillit. Toutes.

Evidemment que le lathandrite aurait aimé qu'elle se trouve attirée par la foi qui le touchait. Evidemment qu'il ne pouvait qu'être déçu qu'elle n'ait pas fait ce choix. Ou qu'on ne l'ait pas fait pour elle.
Et pourtant, Arthur démontrait une fois de plus - magnifiquement - qu'il pensait avant tout à son propre bien. Qu'il respectait ses décisions même s'il était tout aussi évident qu'il ne les comprenait et ne les comprendrait pas toujours. Parce qu'il avait confiance en elle.

- Là, tout de suite, je perçois quelque chose et je me sens appelée par... l'un jeunes serviteurs de Lathandre les plus formidables à tout point de vue !

Sans prévenir, la jeune-femme l'embrassa sur les lèvres avec une fougue certaine.

Arthur lui rendit son baiser, l'enlaçant des deux bras, pressant momentanément leurs corps l'un contre l'autre. Mais il la relâcha tout aussitôt et lui sourit doucement, en la tenant à bout de bras.
" Si tu es sûre de ton fait... Tu devrais... sans doute envisager de rester un peu avec eux. Je ne veux pas... être un obstacle à ta vocation. J'imagine qu'il y a peu de Sunites sur Dorrandin..."

La brève étreinte avait fait monter une douce chaleur en elle et les mots du paladin parvinrent difficilement à faire sens. Sentant que les battements de son cœur étaient beaucoup trop rapide, elle inspira longuement avant de chercher à répondre. Elle puisa une certaine sérénité dans le sourire calme et bienveillant de son compagnon et répondit d'un ton doux :

- Tu es tout sauf un obstacle à ma vocation. Mais tu as raison : je crois que je ne vais rester à Luménis quelque temps... Enfin, si ça ne te donne pas l'impression que je cherche à envahir ton espace.

Sa formulation était en partie interrogative comme elle se souvenait de la conversation qu'elle avait eue à ce sujet quelques jours plus tôt.

Arthur parut surpris.
" Je parlais de... de maintenant." murmura-t-il.
Il secoua la tête et haussa les épaules.
" Pour le reste, Luménis ne m'appartient pas... et tu sais bien que je serai bientôt parti."

Chandara se sentait maintenant beaucoup plus lucide, pressentant que la discussion devenait beaucoup plus sérieuse et que l’avenir de leur couple se dessinait au moins en partie de leurs choix respectifs. Elle répondit d’un ton doux mais néanmoins affirmé, sûr de ce qu’elle voulait :

- Personne ne m’a pas proposé d’élire demeure au temple et je ne l’ai pas encore demandé non plus. Comme tu le dis, tu vas très bientôt être absent pendant des mois et je veux profiter de ces derniers jours pour passer du temps avec toi. Tu ne dois pas t’en faire pour ma vocation : tu as encore de nombreux préparatifs donc ça me laissera du temps pour m’intégrer un peu plus en douceur. Je suis prête à faire des compromis si c’est bien ce que tu désires aussi : moi non plus, je ne voudrais pas devenir une gêne à ta vocation.

Il pinça les lèvres et acquiesça.
" Je crois quand même que tu devrais leur parler... encore ce soir. Je peux... rentrer à la commanderie et t'y attendre. A présent je vois que tu vas bien... et que tu étais une disparue volontaire. J'aurais préféré le savoir d'emblée, mais..."
Il eut un sourire doux, à son tour.
" Je crois que je commence à te connaître."

Elle le regarda intensément dans les yeux comme si elle avait l'intention de l'empêcher de partir puis finit par sourire et franchir le pas qui les séparait pour déposer un léger baiser sur ses lèvres :

- Je crois, oui. Et c'est l'une des raisons pour lesquelles je t'aime. Je vais leur parler, oui : je doute qu'ils m'aient attirée ici juste par jeu. Mais je ne sais pas pour combien de temps j'en aurai... Je crois que tu devrais m'attendre dans ta chambre : je ne voudrais pas que tu sois totalement privé de sommeil et je promets de te réveiller quand je rentrerai !

Il lui rendit un sourire malicieux.
" Je ne crois pas que ce serait sage. Je t'attendrai dans la cour."
Il l'embrassa sur le front.
" Enfin, s'ils me laissent sortir..."

Elle devait bien reconnaître qu'elle s'amusait de ce jeu et de la complicité qu'elle sentait se développer entre eux à mesure qu'ils apprenaient tous deux à se connaître et à s'accepter.

- Dans la cour... D'accord alors. Mais promets-moi d'aller tout de même dormir si je ne suis pas de retour avant la minuit. Tu pourrais partir par là où je suis venue si tu veux t'esquiver discrètement et ne croiser aucun Sunite dans les couloirs... Ah, et dernière consigne de sécurité : si tu pouvais éviter de te battre avec l'un d'entre eux, je crois que ça me rendrait service ! Ce genre d'actions irréfléchie m'est réservée, toi tu es le paladin sage de nous deux !

Elle esquissa une grimace amusée, signe qu'elle entendait simplement le taquiner et en aucun cas le mettre mal à l'aise ou lui faire un quelconque reproche.

" Honnêtement, sans armure et vu mon état de fatigue, je crois que je vais me cacher dans ton ombre pour dissimuler ma gêne de les avoir agressés." dit le jeune homme.
Il jeta un oeil vers la "porte magique" qu'elle avait franchie.
" Mais il n'est pas question que je m'en aille en catimini. Ce ne serait pas digne d'un paladin."

Elle lui adressa un sourire lumineux et, quelque part, rassurant et protecteur aussi. Ici, ils n'étaient plus à la commanderie et même s'ils restaient dans la ville natale de son compagnon, c'est un peu comme si c'était à elle de le guider dans ce temple qui devait l'intimider. Elle lui donna la main avant de répondre :

- Même si je devrais te dissuader d'utiliser ce genre de méthodes contre les Sunites, je crois qu'ils seront aussi sensibles que moi au fait que tu as cherché à protéger ta petite amie d'un danger. Et fais attention à ne pas trop rougir car il y aura sans doute une ou deux prêtresses qui prendra ça pour une invitation : ces Sunites se jettent sur les timides !

" Oh, ça je sais." dit le paladin, sans pour autant élaborer ensuite.
Ils se dirigèrent vers la porte par laquelle les Sunites étaient sortis. Elle donnait sur un couloir étroit et désert, nimbé de rose, sur lequel débouchaient bon nombre de portes closes. On percevait des rires et des murmures : c'était la nuit, l'activité battait son plein dans le Temple de Sunie.

HRP : réponds dans le sujet du Temple, merci !

La Couronne de Cuivre

[Quête] Sous le parc