[Lieu] La Vallée Fertile

[Galathée]

" Bah, je demanderai sans doute aux garçons de faire leur lit et ranger leurs affaires... Un coup de main à la vaisselle de temps en temps ne sera pas de refus, mais je m'occuperai des repas et de la lessive. J'imagine que vous serez généralement sortis pendant la journée... Ce n'est pas plus mal, il n'y a pas grand chose à faire ici... et la maison n'est pas très grande. Quant au nettoyage de la porcherie... Je ne l'imposerais même pas à mon pire ennemi !"

[Taliesin]

Il sourit à nouveau.
-Nous non plus. Pas davantage que le nettoyage du poulailler... Mais pour le reste, sachez que vous pourrez compter sur nous.
Il était curieux de jeter un œil aux documents envoyés par Tim : s'il y avait déjà bon nombre de notes au sujet des ruines, c'est que celles-ci n'étaient pas aussi anodines qu'il se l'était imaginé. Néanmoins, cela attendrait qu'ils aient terminé de manger et de s'installer.

[Galathée]

HRP : me souvenait pas qu'ils avaient des cochons à la ferme... mais sans doute ma mauvaise mémoire

Les enfants arrivaient au bout de leur repas et quand ils furent rassasiés (un peu trop, sans doute), Amaranthe les guida vers l'étage. Il y avait trois portes sur le palier : une donnait vers la chambre de Yann, l'autre vers la chambre qu'occuperaient les garçons, la dernière celle de Taliesin. Celle des garçons contenait deux lits, mais Amaranthe les rassura en expliquant qu'elle leur installerait un troisième matelas. La pièce était petite, mais elle leur rappela qu'ils étaient les bienvenus, à toute heure, dans la salle à manger. La chambre de Taliesin n'était pas plus grande, mais il y disposait d'une table à la place du second lit, avec une chaise confortable et une belle lumière. La caissette du Temple de Milil l'attendait, posée sur le sol.

[Taliesin]

Mais aussi forte que soit son envie de l'ouvrir, il ne pouvait se permettre de le faire dans l'immédiat : sinon, il y avait des chances qu'il s'absorbe des heures durant dans la lecture des documents qu'elle contenait. Non, il était sans doute plus raisonnable de réserver cela pour quand les enfants seraient couchés et, en attendant, de veiller à ce qu'ils s'installent et à ce qu'ils trouvent à s'occuper.
En tout cas, il n'avait rien à redire concernant leurs conditions d'hébergement : tout lui allait parfaitement.

[Galathée]

Les enfants décidèrent d'accompagner Amaranthe à la porcherie voisine. Elle n'avait bien sûr rien à voir avec leurs installations de la ferme : elle faisait bien dix fois sa taille et abritait probablement près d'une trentaine de cochons. Pour l'heure, il n'y en avait que trois à l'intérieur, trois truies ventrues, dont deux avait mis bas. La première, Pétronille, avait une quinzaine de porcelets déjà ventrus, âgés d'un bon mois, qui couinèrent avec bruit à leur entrée. La seconde, Félicie, en avait un peu moins et des minuscules. La dernière, Berthe, était ronde comme un tonneau, et sans doute sur le point de mettre bas. On y trouvait aussi une douzaine cochons encore jeunes, sans doute nés l'année précédente, dans un enclos qui donnait sur l'extérieur. L'odeur n'était pas si épouvantable que ça car le bâtiment était bien ventilé. Les enfants cavalèrent dans les travées en s'extasiant, à l'exception de Titus qui semblait ne pas savoir que penser d'un tel endroit. Ni Victor, ni Baptiste ne firent référence à l'abattage du porc à la ferme, lors de l'hiver précédent.

[Taliesin]

Taliesin n'y fit pas non plus référence.
Silencieux, observant les lieux, il veilla à demeurer auprès du jeune faune, espérant que sa présence le rassurerait, l'aiderait à se détendre.
Il n'osait imaginer tout le travail que représentait l'entretien de cette porcherie... et même simplement le fait d'emmener ses occupants à la glanée. Cela lui paraissait presque incroyable que Mona arrive à s'en sortir avec un seul fils pour l'aider.

[Galathée]

Les enfants aidèrent Mona à nourrir les animaux, puis ils partirent explorer le grenier à foin, pratiquement vide en cette période de l'année. Peu tenté par l'escalade, Titus resta au sol et finit par ressortir de la porcherie pour aller déambuler dans la courette qui séparait la maison du bâtiment. Il semblait moins effrayé qu'intrigué par tout ce qu'il observait autour de lui.
La veuve finit elle aussi par retourner vers la petite maison, souhaitant un bon jeu de cache-cache à Victor et Baptiste. Il restait encore plusieurs heures avant le coucher du soleil... et le retour probable de leur guide.

[Taliesin]

Après une hésitation, il dit à Titus qu'il revenait dans un instant et prit la direction de sa chambre.
Puisque les enfants s'amusaient paisiblement, rien ne l'empêchait de récupérer les documents envoyés depuis Eredhun, de regagner la cour pour s'y installer tranquillement et pour les consulter tout en gardant un œil sur la marmaille.

[Galathée]

Taliesin se retrouva ainsi installé dans la cour, au soleil tranquille du printemps. Il y avait une légère brise, aussi dut-il user de cailloux ramassés au hasard pour empêcher les documents de s'envoler. Il y avait plusieurs copies d'anciennes cartes, pas forcément aisées à resituer, car elles étaient très détaillées, datant manifestement d'une époque où la région était encore forestière... Sans doute pourrait-il s'orienter avec l'aide d'un natif qui parviendrait à repérer certains sites marquants. Pour lui, c'était proprement impossible, sauf pour la dernière, plus récente, qui indiquait la présence du village de Vallons-Gris, en commun archaïque, sans doute l'ancêtre de Vauxgrisants. Il y avait un livre sur la symbolique elfe, en commun, et un autre en elfique. Il en dépassait de nombreux signets. Enfin, il trouva plusieurs dizaines de feuilles de notes, griffonnées d'une patte relativement lisible, d'au moins trois auteurs différents à en croire la variété de l'écriture. Au survol, elles traitaient d'observatoires elfiques, disséminés dans la campagne, et du rôle que ces observatoires jouaient dans le culte de Sehanine Archelune.

[Taliesin]

C'est sur les notes qu'il se concentra en premier. Selon toute probabilité, elles résumaient l'ensemble des recherches effectuées à ce jour à propos des ruines qui l'intéressaient. Ruines qui étaient sans doute celles d'un observatoire...
Bien sûr, il ne pouvait tirer de conclusions alors qu'il n'avait pour l'instant survolé que quelques-uns des feuillets. Néanmoins, il avait de plus en plus le sentiment que non, Tim n'avait pas utilisé le premier prétexte venu pour le lancer sur les routes.

[Galathée]

Les documents parlaient de vestiges d'observatoires retrouvés en divers endroits autour et dans la Lorien. Ils étaient très anciens, n'étaient plus utilisés par les elfes contemporains, et il existait peu de textes les concernant, car ils avaient été vraisemblablement l'oeuvre d'elfes des étoiles, une race qui avait complètement disparu d'Hélonna, emportant avec elle son savoir et ses archives. On y retrouvait des inscriptions dans un elfique très archaïque, parfois franchement incompréhensible, mais pour l'heure, la plupart des observatoires découverts étaient dans un état de dégradation très avancé, réduits à quelques cailloux moussus. Les mieux préservés étaient en Lorien, mais difficilement accessibles, en particulier pour les chercheurs humains... Les notes indiquaient que les ruines découvertes à Vauxgrisants étaient les plus prometteuses à ce jour.

[Taliesin]

Le moins qu'on puisse dire, c'est que ses lectures l'enthouaismaient.
Certes, les ruines ne seraient sans doute pas en aussi bon état que celles dissimulées dans les profondeurs de la Lorien ; certes, il avait beau s'agir d'un lieu dédié à l'observation des astres, ce n'était pas pour autant qu'il y trouverait des éclairages sur ses propres recherches. Néanmoins, tout cela était extrêmement intéressant, d'autant que comme il ne s'agissait pas à proprement parler d'un sanctuaire, il y avait moins de chances que les elfes de la forêt ne s'offusquent de ses fouilles.

[Galathée]

Il en était encore à étudier ses documents quand il y eut soudain un bruit de cavalcade et une vingtaine de cochons déboulèrent dans la cour, couinant, se bousculant, venant renifler les pieds du barde et s'interrogeant probablement sur leur caractère comestible. C'étaient des bêtes qui tenaient encore du sanglier, des animaux rustiques, poilus, plus bruns que roses, aux oreilles dressées. Un jeune homme arriva sur leurs talons, le bâton de marche à la main. Il devait avoir vingt-cinq ans, le cheveu sombre et les traits rappelant immanquablement ceux de sa mère.
" Oh ! Vous êtes arrivé !" s'exclama-t-il en apercevant le barde.
Au même moment, un des porcs se dirigea vers la porte ouverte de la maison.
" Wilbur ! Dehors !" cria-t-il.
La bête obtempéra avec un grognement et rejoignit ses congénères.
" Allez ! Socrate ! Esther ! On bouge ses fesses ! Philémon ! Antoine ! On rentre !"
Les cochons se remirent en marche vers la porcherie. L'un d'entre eux testa tout de même la botte de Taliesin avant de se détourner.
" Je suis à vous dans un instant !"
Et le porcher suivit ses bêtes.

[Taliesin]

-Je vous en prie, prenez tout votre temps, répondit-il.
Et il entreprit de ranger ses documents tout en essayant de repérer Titus, que ce déferlement risquait d'inquiéter. Ou pas, vu que ses pouvoirs lui permettaient d'agir sur eux dans une certaine mesure...

[Galathée]

Mais Titus semblait s'être volatilisé aussi Taliesin ne put-il pas le rassurer. Le jeune porcher revint vers Taliesin mais n'osa pas lui serrer la main.
" Je suis tout crotté. Mais rudement content de vous voir. Les gens qui font la route disaient ne pas vous avoir vu, alors je craignais que vous ne vous soyez perdu, ou que vous soyez tombés sur des brigands ou des gnolls, je ne sais quoi. La Vallée Fertile est très sûre, mais dès qu'on en sort, les mystères du Nirvana reprennent leurs droits ! Vous avez fait bon voyage, j'espère ? Ma mère vous a bien accueillis ?"

[Taliesin]

-Fort bien accueillis, répondit-il, sincère.
Et de lui tendre la main : il vivait dans une ferme, il n'avait pas peur de se salir.
-Notre voyage a été mouvementé mais... nous l'avons cherché, puisque nous avons navigué sur la Sylvestre avant de couper jusqu'ici à travers les terres. Mais ce fut un périple agréable et il nous a permis de découvrir quelques-uns des innombrables mystères que recèle la vallée.

[Galathée]

" Je dois remercier les dieux que vous soyez arrivé en un seul morceau, dans ce cas ! Mais maître Timothée m'avait prévenu que vous ne manquiez pas de ressources, et que ce n'était pas la Vallée qui vous effraierait."
Il sourit.
" Enfin, j'imagine que quand on est barde, on cherche l'aventure, sinon on n'aurait pas grand chose d'original à raconter."

[Taliesin]

-C'est tout à fait vrai dans l'absolu. Mais en l'occurrence, j'aimais à considérer que ma vie d'aventures était derrière moi, et si j'avais su que cet itinéraire suggéré par des soldats de rencontre serait à ce point émaillé de péripéties, j'aurais sans doute opté pour la route.
Il sourit.
-Cependant, après coup, je ne regrette pas ce choix : le voyage fut vraiment très intéressant.

[Galathée]

" Ça ne m'étonne pas que les soldats vous aient envoyé par là... Ils patrouillent les routes et en connaissent tous les dangers... Du coup, ils imaginent que la campagne est plus sûre... La vérité, c'est qu'on ne sait jamais ce qui va nous tomber dessus."
Il sourit.
" Mais Tymora vous a accompagnés ! C'est tout ce qui compte !"
Il leva les yeux.
" Voulez-vous que je vous mène au site, déjà ? C'est une petite trotte, mais comme vous voyez dans le noir, ça ne vous gênera sûrement pas beaucoup."

[Taliesin]

Il secoua la tête.
-A moins que ce moment vous arrange davantage qu'un autre, je peux largement attendre demain. Je suis très curieux de voir ces ruines mais je ne voudrais pas vous faire repartir alors que vous venez tout juste de rentrer. De surcroit, je pense que mes enfants et notre compagnon de route voudront nous accompagner...
Il en profita pour lui glisser quelques mots à propos de Titus, histoire qu'il ne soit pas surpris.

[Galathée]

" Un faune ? dit le jeune homme, surpris. Est-ce que ce n'est pas une sorte de... créature aux appétits... vous savez... charnels ?"
Il eut une grimace et rougit.
" Enfin, je n'en ai jamais vu. Je ne pourrais pas vous dire s'il y en a à proximité."

[Taliesin]

-Je n'en avais jamais croisé jusqu'à très récemment et, les concernant... Je ne sais que très peu de choses. Mais Titus n'a quasiment jamais côtoyé son peuple et surtout, c'est encore un enfant. Honnêtement, hormis qu'il est beaucoup plus craintif, vous ne verrez guère de différence entre son comportement et celui de mes fils.

[Galathée]

" Ma foi, je n'ai rien contre, mais j'imagine que ma mère vous aura dit de le garder ici... Les gens sont parfois un peu stressés par rapport à ce qui vient de la forêt... Avec les elfes, ça se passe bien, notez."
Il eut un sourire un peu rêveur, avant de rougir et de retrouver son sérieux.
" Il y a justement une princesse du clan voisin à Champsdor, en ce moment. Elle est là pour l'échange traditionnel des serments de paix entre la Vallée Fertile et la Lorien. Vous aurez peut-être envie de la rencontrer. Elle est drôlement belle."
Il rougit à nouveau.
" Enfin... et elle a l'air sympathique, aussi."

[Taliesin]

En voilà un qui semblait s'être énamouré...
-Peut-être nos chemins se croiseront-ils. Mais en tout cas, je suis heureux d'apprendre que les relations sont bonnes entre les différents peuples de la région. Plus au sud, elles sont davantage... difficiles, et je commençais à craindre de causer un incident diplomatique en fouillant les ruines que vous avez découvertes.

[Galathée]

" A vrai dire, je ne sais pas bien à quoi vous faites référence, en parlant des peuples de la région... Nous ne connaissons guère que les elfes, et en vérité, nous ne les voyons jamais. Ils viennent honorer les serments de paix une fois tous les quatre ans. Ils préfèrent que ça se fasse chez nous... Les vieux disent que moins on s'approche de l'orée, mieux ils se portent. On a le droit de glaner, cependant, sur une distance de deux toises : c'est dans la charte. Mais à vrai dire, personnellement, je n'ose pas trop le faire. Il parait que si on se trompe d'un pied, ils ont le droit de nous larder de flèches, alors... Je tiens trop à la vie !"

[Taliesin]

-Mieux vaut être plus prudent que pas assez. Et c'est bien aux humains et aux elfes que je faisais référence.
En réalité, il voyait mal les seconds, tout territoriaux soient-ils, abattre froidement un simple paysan s'étant un peu trop enfoncé dans la forêt. Sans doute cela vaudrait-il la peine de jeter un regard au fameux traité de paix... En même temps, il n'avait pas envie de commencer à semer le trouble en allant à l'encontre des convictions fermement établies.

[Galathée]

Le jeune homme sourit.
" Mais je ne me suis même pas présenté... J'ai l'impression que je vous connais déjà. Vous êtes drôlement... plus accessible que les autres elfes."
Il rougit.
" Hum. Désolé, je parle trop. Même avec les cochons, je parle trop. Mais je suis Yann, donc. Vous le saviez déjà, je suppose. J'espère que vous ne serez pas déçu par la ruine. Je veux dire... Elle n'est peut-être pas aussi extraordinaire que Maître Timothée le pense... Enfin... Vous verrez demain, alors."

[Taliesin]

6-Je suis sûr que ces ruines seront très intéressantes. Et de toute façon, rien que le voyage et le séjour dans votre village valent le coup.
Il sourit à nouveau.
-Pour le reste, ne vous en faites pas : culturellement, je suis beaucoup plus humain qu'elfique. Alors surtout, ne vous sentez pas intimidé et ne changez rien à vos manières.

[Galathée]

" Ça va. C'est gentil. Je ne suis pas certain que j'y arriverais, de toute façon, donc c'est une chance."
Il sourit.
" Bon, mais je vais aller me laver et me changer. On se verra plus tard."
Il s'esquiva à l'intérieur de la maison. Le ciel était en train de virer vers la nuit, mais le coucher de soleil nimbait la campagne de couleurs fantastiques. Victor reparut et vint s'asseoir à côté de lui.
" Ça va ? Tu bouquines ? Tu sais que chacun de ces cochons a un nom ? Même les bébés de quelques semaines ? Il y en a un qui s'appelle Benoît."
Il gloussa.
" Y'a un air de famille."

[Taliesin]

-Jeune homme, tes assertions seront répétées, amplifiées et il te faudra en assumer les conséquences... Mais allez, va, je comprends que tu sois jaloux. On demandera donc à Yanne et à Mona de baptiser Victor l'un des cochons qui doivent bientôt naître.
Il sourit;
-Et sinon, oui, je lisais les notes que m'a fait parvenir Tim. il y a des livres, aussi... J'ai déjà appris que les ruines que nous allons examiner sont celles d'un très ancien observatoire.