La Couronne de Cuivre

La surfacienne laissa un regard appuyé courir sur le dos de la svirfnebline tandis qu'elle s'éloignait. Elle dut faire un effort pour desserrer la mâchoire au moment de répondre à Bravel :

- Il vaudrait tout de même mieux qu'elle s'abstienne de trop chercher quelqu'un à qui parler... Heureusement, les prêtres sont connus pour leur sagesse et leur patience ! Mais baste, je suis désolée de vous mettre ainsi dans une position délicate : nous ferions mieux de rentrer et peut-être que vous me conseilliez un clerc avec qui je pourrais entrer en contact.

« Je n’ai pas vraiment de rapport avec les grands prêtres, confessa Bravel tout en prenant la direction de la sortie de l’école de magie. Je prie bien sûr, mais comme n’importe quel autre svirfnebelins. Je peux juste vous indiquez où sont les temples. Moi, je me rends à celui de Callarduran Doucemains. C’est notre dieu tutélaire, mais vous devez le savoir. On a aussi un temple important de Flandal Peaudacier et un de Segojan Hanteterre. Ce sont les trois plus grands temples. Après, on a une chapelle consacré à Garl Brilledor et une pour Baravar Sombretoge. C’est à cette dernière que se rend Alchem, la plupart du temps. »

En tant que prêtresse et en tant que gnome, Dotha disposait d’une bonne connaissance de ces dieux et de leurs dogmes. Elle n’hésita donc pas vraiment avant de formuler son choix :

- Je crois que j’aimerais bien me rendre à la chapelle de Baravar Sombretoge. Son art des illusions m’a toujours intrigué et il s’agit d’un des alliés de la Dame des mystères.

Et peut-être que cela lui permettrait de mieux comprendre Alchem et ses motivations mais elle se garda bien de le formuler : les rumeurs allaient apparemment déjà bon train !

Bravel hocha la tête et entraîna Dotha vers des escaliers et des ponts suspendus. À nouveau, l’étrangère ne put que trouver l’éclairage insuffisant. Des sections entières étaient dans le noir le plus complet et la proximité avec le vide rendait ces moments assez désagréables.

« Je crois qu’Alchem s’est mis au lit. Il avait l’air passablement fatigué. Mais si d’aventure vous le croisez là-bas, évitez de lui dire que je vous ai appris qu’il se rendait à ce temple. »

La route jusqu’à la chapelle de Baravar Sombretoge conduisit Dotha en hauteur, non loin de la voute de la colossale grotte. Le bâtiment religieux se cachait dans un recoin du mur. De l’extérieur, ce n’était rien qu’une porte, certes plus grande que celle des maisons environnantes, mais tout de même très discrète. Bravel ouvrit. Derrière, un couloir obscur, puis une vaste salle qu’illuminaient quelques rares cierges. Dotha devina dans le halo d’une des frêles flammes un prêtre vêtu de gris pour ne pas changer. Son symbole du Cauteleux le distinguait des autres gnomes. Dans l’ombres, plusieurs fidèles priaient en murmurant. L’atmosphère était très recueillie.

Le manque de lumière, encore une fois, embarrassa Dotha. À peine put-elle examiner l’autel où trônait la cape et la dague, les symboles de Baravar. Les fidèles, quant à eux, restaient dans le noir. Impossible de voir de qui il s’agissait. Le prêtre avait remarqué l’arrivée de l’étrangère dès que celle-ci eu franchie le seuil. Après un instant d’observation, il finit par s’approcher. Son pas léger, quasi silencieux, suggérait qu’il devait pouvoir remplir les fonctions d’espion ou de voleur. Lorsqu’il parla, ce fut en murmurant, afin de ne pas troubler la quiétude de l’endroit :

« Que nous vaut la visite d’une fidèle de la dame des mystères ? »

Elle ne portait pas ostensiblement son symbole. Cela pouvait donc signifier deux choses : soit le clerc avait été informé de la présence d'une prêtresse étrangère à Ornegemme, soit il avait détecté et reconnu son aura. Dans un cas comme dans l'autre, cela facilitait la discussion. Dotha répondit elle aussi à voix basse pour respecter la quiétude des lieux :

- Il m'a paru naturel de venir saluer les représentants d'un culte allié.

A dire vrai, très probablement le seul et le plus proche de la Toile dans toute la cité svirfnebline.

« Une intention louable, souffla le prêtre. Les temps sont troublés, vous devez le savoir. Il semble que les fanatiques de Lolth soient de nouveau en marche. En pareil contexte, la venue d’une étrangère est encore plus remarquée, encore plus controversée. Mais le fait est que nul ne vous connait vraiment, sauf peut-être Alchem pour l’heure cloitré dans la tour de lumière. Je me félicite que vous soyez venu à nous. Il faut des réponses aux questions qui s’imposent. Que cherchez vous en une Ornegemme sur le point de sombrer dans la guerre ? »

Dotha commençait à mesurer le bouleversement que sa présence provoquait surtout dans un contexte aussi tendu que celui d’une guerre en préparation contre le pire ennemi des svirfneblins. Elle répondit cependant d’un ton serein qui contrastait avec cette situation :

- Je cherche à comprendre. Vous n’ignorez sans doute pas que c’est l’un des éléments les plus importants du clergé de Mystra. Beaucoup considèreront que c’est le pire moment pour cela et je ne saurais pas détromper leur certitude. Mais je suis persuadé que c’est en fait une opportunité qu’il ne fallait pas laisser passer : je peux apporter mon aide – aussi modeste soit-elle – dans ce qui se trame. Et par-dessus tout, je peux en être la témoin. Votre société et vos coutumes gagneraient à être connues à la surface car la méconnaissance est source de bien des fantasmes.

« Peu de nous se soucient de l’opinion des gens de la surface. Et je pense que c’est réciproque. Nos mondes ne se mélangent pratiquement pas. Mais je comprends que vous vouliez comprendre. L’Outreterre est terrible, mais tout autant mystérieuse. Je ne doute pas qu’une adepte de Mystra pourrait y déterrer nombre de savoir magique oubliés. Il y a tant de choses à découvrir ici bas que vous pourriez bien y prendre goût et au final renoncer à jamais au soleil. Cela dit, nous, svirfnebelins, sommes pragmatiques. Vous pourriez aider selon vous ? Comment ? »

La gnome était contente d'entendre un collègue sur la même longueur d'ondes qu'elle.

- C'est un endroit qui est loin d'être dépourvu de beauté. Même si elle est dangereuse. J'en suis arrivée à un point où j'ai besoin de sortir de mon temple au milieu de la capitale. Cela m'est nécessaire pour passer un cap, prendre une autre dimension. Alors oui, j'espère bien découvrir des mystères parmi vous. Puis on verra. Mais pour ce qui est de vous aider à court terme, je songeais déjà à ce que peut vous apporter un prêtre : des soins et des sorts défensifs. Et aussi d'autres méthodes pour appréhender la situation. Je ne prétends pas savoir mieux m'y prendre bien entendu mais parfois un autre point de vue révèle bien des possibles.

« Quitter votre temple au milieu de la capitale vous dites... Vous êtes jeune, et j’ai l’impression que votre vie a plutôt été tranquille jusqu’à présent. Et vous venez de surcroit de la surface où les dangers sont moindres selon les récits et les rapports. Dotha, avez-vous l’habitude de défendre votre vie ? Savez-vous évoluer en milieu hostile ? Vous sentez-vous prête à soutenir un groupe au beau milieu d’un combat ? Êtes-vous de taille à apporter des soins à un morceau de viande qui n’a de gnome plus que le nom ? Et savez-vous enfin ce qu’est un Drow ? Ce que font les Drow ? »
Le prêtre de Baravar gardait une attitude impassible. Il n’élevait pas le ton, ne semblait pas émettre de jugement. Il cherchait juste des réponses.

La gnome savait que ses rares incursions en milieu hostile étaient sans commune mesure avec ce qui pouvait arriver hors des zones protégées en Ombreterre. Même pendant l’aventure impliquant le Despote, elle ne s’était jamais vraiment trouvée en première ligne et encore moins isolée. Elle décida donc de jouer la carte de l’honnêteté :

- Si vous me demandez si je compte postuler pour faire partie d’une patrouille ou d’un groupe d’enquête, soyez rassuré : il n’en est rien. Je pense que je serais plus utile en restant en ville : ce n’est pas de la lâcheté ou du manque de curiosité, non : c’est que je connais mes limites.

« C’est donc de la sagesse, répondit le prêtre, toujours à mi-voix. Il est important de connaître ses limites. Mais on ne se tient pas toujours aussi loin de la guerre qu’on le voudrait. Jamais Ornegemme n’a été prise, ni même assiégée. Il serait cependant vaniteux de croire en l’infaillibilité de nos pièges et de nos illusions. S’il est confirmé que nous avons à faire au même clan Drow que lors de la première guerre, il aura probablement appris de ses erreurs. À nous, fidèles de Baravar, de prendre les devants pour éviter les mauvaises surprises. Vous devez tout de même être consciente que si le conflit éclate, vous serez probablement bloquée ici. La voie commerciale peut être coupée et la faerzress empêche de se téléporter. Lameroy est affaiblie, il ne faudra pas attendre grand-chose d’eux. Voulez-vous quand même rester ? Si les Drow vous attrape, ce n’est pas la mort qui vous attend, c’est pire. »

Dotha était consciente des risques quand elle avait demandé à la Grande mystificatrice l’autorisation de l’accompagner. Elle avait aussi été consciente des risques en suivant Alchem à Lameroy en sachant pertinemment qu’ils auraient tôt ou tard à se frotter au Despote. C’est donc avec assurance et résolution qu’elle répondit à voix basse :

- Je reste. Les mages et les clercs de Mystra savent ce qu’il en est de prendre des risques pour manipuler la Toile. Quant à ce qui est d’être capturée, j’ai sur moi de quoi ne pas permettre aux drows de me prendre vivante en dernier recours.

Le prêtre de Baravar lança un dernier regard appuyé à Dotha avant de souffler :
« Vous avez eu raison de venir. »
De venir à Ornegemme ? De venir à ce temple ? Il n’explicita pas son propos mais il semblait plutôt satisfait.
« Si d’aventure les services d’une adeptes de Mystra sont souhaités, on vous fera chercher. Puisse le cauteleux veiller sur vous. »
Le prêtre retourna vers l’autel. Bravel s’approcha de Dotha :
« Si vous avez terminé, on va peut-être rentrer à la tour de lumière. Après le repos, je pourrai vous montrer d’autres endroits. Ma boutique, le marcher. En découvrant la ville, vous découvrirez peut-être aussi des moyens de vous faire apprécier. »

La rencontre avec le prêtre et la dernière remarque de Bravel suffisaient à conforter Dotha dans son impression : si elle voulait faire des découvertes utiles pour ses propres projets, elle allait devoir gagner la confiance d’une partie des svirfneblins en faisant ses preuves. Et cela n’allait pas être facile. Pas du tout même.

- Je suis curieuse de voir votre boutique et aussi le marché. Mais vous avez raison : rentrons d’abord, répondit-elle d’un ton plus enthousiaste qu’elle ne l’était vraiment.

Le retour à la tour de lumière se fit sans encombre. Bravel laissa Dotha devant la porte de sa chambre. Il lui souhaita un bon repos et monta se coucher. L’invitée allait peut-être se rendre compte que sous terre, on ne se souhaitait jamais bonne nuit car la nuit était un concept de la surface.

***

Quelques étages plus haut, Alchem se réveilla en sursaut. Il demeura un instant assis dans son lit, hébété par un cauchemar poignant. Il n’avait jamais pu oublier la guerre. Il ne pourrait jamais pardonner aux Drow. Et voilà que tout risquait de recommencer... Que Dotha était stupide ! Il venait de la voir mourir.
« Alchem, ça va ? »
Dalius, plein de sollicitude, se blottit contre lui.
« Ça va... ça va...
- Tu devrais la prendre cette tisane. »
Après un soupire, il tendit la main jusqu’à sa table de chevet, s’empara d’une tasse en porcelaine et but d’un trait le contenu. Puis il se rallongea. Il aurait voulu se passer d’un tel breuvage. C’était quasiment du somnifère. Mais il fut tout de même content de sombrer en quelques minutes à peine.

Celui qui avait frappé était l’austère Badavic. Il salua la prêtresse d’une légère courbette puis l’informa que le petit déjeuné était prêt. Celui-ci n’avait rien de spécialement appétissant. À croire que la ville avait déjà débuté le rationnement ou que les svirfnebelins aimaient mettre des champignons absolument partout. Il y avait aussi leur bière si particulière, tellement particulière en fait que la prêtresse se contenta bien vite d’eau. Comme ce fut le cas précédemment, on mangea dans un complet silence. Téâya débarqua à l’improviste, vers la fin du repas. Avant que les serviteurs et les novices ne puisse la saluer, elle adressait déjà la parole à l’invitée.

« Voici un pendentif qui devrait vous faciliter la vie. Bravel m’a rappelé une évidence, vous ne voyez pas dans le noir. Ça peut être problématique dans le coin. M’enfin, c’est réglé. »

Elle laissa tomber le pendentif en question sur la table. Un objet tout simple, un œil de fer retenu par une fine chainette. La Grande Mystificatrice, déjà, se dirigeait vers l’escalier. Elle se figea tout de même, comme si elle venait de se rappeler qu’elle avait oublié quelque chose.

« Bonjour au fait. Bien dormi ? »

Voir dans le noir était une expérience assez curieuse, au début. Dotha, sitôt qu’elle mit le pendentif, constata que le décor autour d’elle, au lieu de s’assombrir là où il aurait dû par manque d’éclairage, perdait plutôt ses couleurs. Une obscurité totale renvoyait un monde en noir et blanc. Et le noir véritable n’existait plus que lorsque la gnome fermait les yeux. Bravel finit par se présenter à sa chambre.

« Je vais aller travailler. Si vous voulez, je peux en profiter pour vous accompagner au marché.Ma boutique est là. »

Dotha se sentait forte de l'énergie mystique octroyée par sa déesse. Avec, en plus, l'aide du médaillon, elle se sentait parfaitement d'attaque pour partir à la découverte de la cité.

- Ce sera avec plaisir, répondit-elle avec enthousiasme et curiosité : elle avait très envie de voir ce que vendait le frère d'Alchem et sans doute de faire un tour au marché.

La place d’Ornegemme était un endroit assez charmant à sa façon. En son centre trônait une fontaine de pierre finement sculptée. L’eau qui en jaillissait provenait assurément de la rivière souterraine en contrebas. Autour de la place se répartissait plusieurs boutiques.

« Le marché se tient là, mais ce n’est pas encore le moment. Vous pouvez par contre visiter les boutiques. La mienne est là. »

Bravel déverrouilla sa porte et entra dans une maisonnette fort coquette. Dotha découvrit une rangée de présentoirs chargés des bijoux et gemmes que le frère d’Alchem confectionnait. Son talent sautait aux yeux.

Dotha avait été charmée par la fontaine et la petite place qui aurait pu trouver sa place dans n'importe quelle ville d'Helonna mais c'est totalement subjuguée qu'elle fut en découvrant les œuvres exposées dans la boutique de Bravel.

Elle n'avait jamais été une adepte des bijoux mais elle savait reconnaître la beauté de ces créations. La moindre d'entre elle atteindrait probablement un prix exorbitant chez les meilleurs marchands de Luménis ou d'Antelucas. D'autant plus certainement que les gemmes précieuses étaient tout bonnement incroyables.

- C'est... magnifique. Méfiez-vous, Bravel, si les Sunites apprennent ce que vous faites, cette boutique risque de devenir un de leurs lieux de pèlerinage !

Bravel lui adressa un franc sourire.
« J’aime magnifier les charmes de la terre. Les profondeurs semblent froides, dures et ténébreuses, mais elle cache en elle des trésors merveilleux. Nous autres, Svirfnebelins, sommes à son image. Vous pouvez être certaine que derrière les teints gris et les nippes ternes que vous croisez ici, il y a toujours un bijou dissimulé, toujours une coquetterie secrète. Et, à l’abris de nos maisons, nous savons rire et danser, comme n’importe quels gnomes dignes de ce nom. »

***

« Qu’en est-il de la curiosité magique qu’on a trouvé sur les Drow ? »
Alchem venait de rejoindre sa mère au sommet de la tour de lumière. Téâya perdait son regard dans le panorama.
« On va l’examiner aujourd’hui. Mais pas en ville. Les Drow tenaient peut-être à ce qu’on la trouve.
- C’est ce que je pensais aussi.
- On procédera à l’écart, non loin de la ceinture.
- Je vois. Je vais déployer les patrouilleurs pour sécuriser l’endroit de ton choix. D’ici quelques heures, ce devrait être bon. Qui va s’occuper de l’examen ?
- Moi et plusieurs mages de l’école. Un ou deux prêtres également. On sera ssez nombreux pour parer à une mauvaise surprise.
- Dotha pourrait être utile. C’est une adepte de Mystra après tout. »
La Grande Mystificatrice fit face à son fils.
« Tu lui fais la gueule parce qu’elle prend des risques et maintenant tu serais prêt à la mettre en première ligne ?
- C’est elle qui la voulu. En venant ici, elle se met au service d’Ornegemme. Tu sais aussi bien que moi qu’elle ne sera pas accepté si elle ne met pas la main à la pâte. »
Silence.
« Il faudra lui en parler. Mais... Alchem, essaie de ne pas être aussi intransigeant, y compris avec toi-même. Tu te fais du mal. »

Dotha lui répondit avec un sourire amusé tout en continuant à se promener dans la boutique en s’émerveillant devant les autres étals :

- Je ne demande qu’à voir comment vous vous amusez : Alchem parait toujours incroyablement soucieux et sérieux ! Bon, c’est vrai que je ne le connais pas depuis très longtemps : il doit encore me considérer comme une étrangère écervelée de surfacienne ou quelque-chose comme ça !

***

L’objet avait été, selon les instructions de la Grande Mystificatrice, tenu à l’écart de la ville dans une petite grotte tenant lieu de campement provisoire pour les patrouilles des abords de la ceinture.
Pour ne pas trop attirer l’attention, il avait été laissé à la garde d’un petit groupe de patrouilleurs, ceux-là même qui l’avait découvert pour ne pas trop ébruiter son existence. Pour l’heure, aucun examen magique n’avait encore été lancé dessus sinon pour vérifier qu’il ne semblait pas piégé.

« Alchem est... Il a beaucoup changé depuis la dernière guerre Drow. La mort de notre frère ainé, Théass, les horreurs commises par les elfes noirs, tout ça lui est tombé dessus trop tôt . Depuis il mène une croisade sans fin. J’ai parfois l’impression qu’il n’est heureux que dans le feu de l’action. Mais dès fois, même lui se laisse aller lors des fêtes. Vous ne le croirez sans doute pas, mais il a marqué les esprits, une fois quand il était pompette, pour avoir danser avec Dalius. Je vous laisse imaginer la scène. C’était à mourir de rire ! »

Le regard de Dotha s'illumina aussitôt d'une lueur mutine : elle imaginait très bien la scène et combien elle pouvait être cocasse et ne manqua pas d'enregistrer cette précieuse anecdote qui pourrait éventuellement lui être utile pour dérider l'énergumène. Cela valait mieux que de penser aux terribles souffrances qu'il avaient endurées, que ce soit pendant la guerre ou entre les mains du Despote.

- Je suis heureuse qu'il ait Dalius avec lui : son familier semble beaucoup compter pour votre frère à voir comment il veille sur lui.

« Ha, les familiers... J’avoue que c’est un aspect des magiciens qui m’a toujours fasciné. Honnêtement, je ne crois pas qu’Alchem pourrait tenir le coup sans Dalius. Ils forment un sacré duo. »

On frappa à la porte de la boutique. Bravel s’en étonna.

« Un client, déjà ? »

Il alla ouvrir.

« Salutation Bravel. La Prêtresse Dotha est-elle avec vous ?
- Heu oui. Juste là. »

L’artisan se recula. Un svirfnebelin en manteau gris, pour ne pas changer, entra. Il avait l’air plutôt jeune.

« Prêtresse Dotha ? Alchem Murmure vous demande à la tour de lumière. »