La Couronne de Cuivre

[Quête : Association de bienfaiteurs]

-Je sais pas si ça rendra comme d'habitude, vu qu'il y aura quelqu'un pour nous écouter et vu, ben, que ça sera pas vraiment spontané. Mais j'imagine que le naturel finira par reprendre le dessus... En tout cas, bravo pour ton courage : il en faut pour être prêt à subir une cuisante défaite en public !
Ils interrompirent leur échange le temps de procéder à un bref inventaire des éléments entreposés dans les coulisses. En matière de tenues, il y en avait pour toutes les conditions sociales - depuis le mendiant jusqu'à l'aristocrate richissime - et pour tous les métiers - artisan, commerçant, serviteur, mage, prêtre, soldat... Concernant les accessoires, le choix était tout aussi larges : masques, perruques, bijoux, armes et armures factices, objets du quotidien, vaisselle, pièce de mobilier...
Bref : quoi qu'ils souhaitent trouver, il y avait des chances qu'ils mettent la main dessus !

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« Une cuisante défaite ? Voyons, Alex, la défaite, ce serait de ne pas convaincre Maître Presteplume. Et si pour obtenir cette victoire il me faut perdre face à toi, je trouve que le jeu en vaut la chandelle. Il est toujours plus drôle que le faible l’emporte sur le fort. »
Il disait cela avec malice mais il était tout à fait sérieux. Il poursuivit un moment l’inspection du matériel à leur disposition puis s’interrompit. Il en avait vu assez. Le choix était là, inutile de fouiller en détail tant qu’ils n’auraient pas une idée plus précise de ce qu’ils voulaient préparer. L’elfe fit face au garçon.
« Je présume que tu n’as jamais joué la comédie sérieusement. Ce que je propose a l’avantage de légitimer un début laborieux. Je trouve du coup cette introduction tout à fait appropriée. Mais si on s’engage dans cette voie, il va falloir prévoir les défis en question. Et avoir une idée de la façon de les introduire. On ne va pas s’imposer un texte, on n’a pas le temps et je pense qu’on raterait en beauté si on tentait de tout prévoir, mais on doit au moins avoir notre fil conducteur. »

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Alexandre acquiesça puis se frotta le menton, dans une attitude très pensive, très concentrée.
-Je pourrais te donner comme défi de lancer des sorts spectaculaires : ça te permettrait de les montrer. On pourrait aussi faire des imitations, quitte à mettre de côté quelques costumes en prévision. En dehors de ça, je sais pas trop. Des acrobaties, peut-être : on les raterait probablement mais justement, ça resterait dans l'esprit et ça serait donc rigolo...

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« Oui, il y a de l’idée... »
Silmandel laissa errer son regard sur les accessoires qui les entouraient. Il remarqua une boule de cristal et s’en empara. La sphère translucide lui renvoya un reflet déformé.
« En parlant d’imitation, pourquoi ne pas baser notre tour sur la dispute entre un mage arrogant et son élève malicieux ? L’introduction, au lieu de ne pas savoir ton texte, tu n’arrive pas à réciter une leçon de magie. Ça revient au même. »
Il brandit la boule vers Alexandre et s’exclama d’un ton suffisant :
« Regarde, inepte vermine décérébrée, ce que c’est que de la vraie magie ! »
Il frotta la boule.
« Abracadabra ! Et voilà ! »
Et rien ne se passa. L’air ennuyé, il secoua la boule. Sans résulta. Il sortit de son rôle et ajouta :
« Là, tu pourrais toucher la boule et, discrètement, je l’illumine, faisant croire que c’est toi qui y es arrivé. Ce genre de truc débile, on peut en faire des tas. Et imagine, le grand mage, poussé à bout, qui cherche à faire des cabrioles, juste pour prouver à son élève qu’il est doué ! »

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-Oui, il y a de l'idée, répondit-il en imitant de façon relativement convaincante tant son ton que son attitude. Mais je note que tu as repris à ton profit, en la modifiant légèrement, mon idée du maître et du serviteur ! Et du coup, on perd le côté amusant de l'inversion, du petit qui commande le grand... Mais bon, si le grand est plus ridicule que le petit, ça peut fonctionner aussi. Faut juste que j'imagine des trucs que je puisse réussir à faire...
Il fouilla la pièce du regard, en quête d'inspiration. Et d'une tenue d'apprenti magicien, peut-être.

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« Oui, dit-moi donc ce que tu sais faire. Ce sera utile pour nous donner les grandes lignes du numéro. Je peux lancer discrètement certains sorts en faisant croire que tu es le responsable, mais il va falloir plus que ça et que nos joutes verbales. »
Silmandel, de nouveau, regarda les accessoire. Il reposa la boule de cristal et s’empara d’un jeu de cartes. Il le passa en revue afin de voir s’il était ou non truqué.
« Jouer sur la chance est un autre outils à notre portée. Je peux t’apprendre une ou deux petites manipulations simples qui peuvent faire leur petit effet. »
Il se remémora leurs nombreuses parties et ce qui en avait découlé. Non, ils ne manquaient pas de corde à leur arc. Restait juste à tendre les bonnes.

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Alexandre écarquilla exagérément les yeux.
-Quoi ?! Tu proposes de m'apprendre... à tricher aux cartes ?!
Il croisa les bras et adopta une mine perplexe.
-D'un côté, l'idée de m'abaisser à pratiquer les viles méthodes auxquelles tu t'adonnes sans vergogne me fait horreur. De l'autre, ce serait pour la bonne cause et cela me permettrait de t'affronter à armes égales. Bref, j'hésite.

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Par la force d’une habitude déjà bien ancrée, Silmandel faillit répliquer sur l’instant qu’il n’avait pas besoin de tricher pour gagner quelqu’un qui jouait aussi mal. Mais une illumination soudaine l’en empêcha. Il se figea sur place, puis s’exclama :

« Je sais ! Voilà l’idée qu’il nous faut ! Mieux que le mage et son apprenti en train de se bigorner au sujet d’une leçon de magie, Silmandel et Alex en train de se bigorner pour mettre au point leur numéro d’audition ! Quelle meilleure ligne conductrice pour montrer tout ce qu’on veut de façon amusante ? »

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Le garçon fit la moue.
-C'est un concept, mais tu ne crois pas qu'il vaudrait quand même mieux... enrober ça ? Jouer des personnages plutôt que nous-mêmes ? Cela ferait un peu plus travaillé, je trouve... Bon, d'un autre côté, c'est sûr que si je me joue moi, ça sera crédible que je ne sache pas faire grand chose de spectaculaire. Hormis le pitre, peut-être.

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« Savoir faire le pitre, devant un public, c’est déjà beaucoup. Le rire, c’est quelque chose de fort dans un spectacle. Enfin, je trouve. Je n’ai jamais beaucoup aimé les trucs dramatiques. M’enfin, ça, c’est un autre sujet. »
Silmandel marqua une brève pause pour réfléchir.
« Le mieux, ce serait peut-être de mélanger le concept du magicien et de son apprenti avec mon idée précédente. Faire un espèce de parallèle. Exploiter le contexte réel, le détourner, je pense que Maître Presteplume appréciera. On considère notre public comme une assemblée de mages à laquelle on doit présenter quelque chose pour l’obtention d’une place dans leur cercle très snob. »

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-Hum, je vais surtout retenir la dernière phrase, parce que tes histoires de grands concepts et de parallèle, c'est un poil trop obscur pour moi.
Il sourit.
-Mais je note quand même que mon idée du maître et de son serviteur aurait très bien marché aussi : il aurait pu vouloir rejoindre un club huppé ou un truc du genre. Mais voilà, ç'aurait été moi le chef, donc ça te plait pas !
Il croisa les bras.
-Et donc, pourquoi un magicien aurait besoin de son apprenti pour faire une démonstration ? Surtout si l'apprenti en question est pas hyper doué ?

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« Parce que le magicien est idiot, ou maladroit. Ou parce que la situation est grotesque. Les magiciens ont tellement de règles absurdes, tu sais. Quand à jouer le serviteur, moi, ça me dérange pas. Je suis bien prêt à jouer l’idiot. Si la situation que tu proposes t’inspire plus, on peut partir là-dessus. Le tout est que tu sois à l’aise et qu’on en montre un maximum. »
Il était rare que Silmandel conserve son sérieux pour préparer quelque chose, mais il était conscient de l’importance de ne pas se chamailler, le temps passait vite.

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Alexandre abandonna son expression espiègle pour en adopter une bien plus sérieuse.
-Honnêtement, dans un cas comme dans l'autre, ça sera une première pour moi : j'ai jamais joué ce genre de rôle. J'ai jamais joué aucun rôle, d'ailleurs. Bref, peu importe, même si c'est vrai que le coup du mage et de son apprenti, c'est sûrement mieux pour montrer des sorts. Alors disons qu'on part sur ça.

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« Bien, on a la base. Maintenant, étoffons un peu cette histoire. Voyons... »
Silmandel se mit à faire les cents pas.
« Je suis le magicien, tu es mon apprenti. Je souhaite intégrer un cercle d’archimages. Le public, ce sont les archimages. Ils nous font passer une audition... audition durant laquelle je dois faire mes preuves, mais aussi montrer que mon apprenti est à la hauteur. Parce que c’est la règle. Une règle qu’on va présenter comme débile. »
L’elfe songea un instant qu’ils allaient se moquer des magiciens alors qu’ils étaient poursuivis par l’école du Nécronomicon. Il trouva cela tout à fait amusant.
« Tout ça, c’est moi qui me chargerai de l’expliquer. Toi, tu n’auras que ton rôle à te soucier. Je ferai sans doute une espèce d’introduction, puis... puis je t’appellerai. Tu seras sensé avoir appris un tour de magie pour épater les archimages, mais tu ne le connais pas. D’ailleurs, pourquoi tu ne le connais pas ? Parce que tu n’es pas bon ? Parce que la magie te soule ? Parce que tu avais mieux à faire ? »

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Le garçon parut surpris.
-Et ben, tu veux vraiment fouiller les personnages. Je ne suis pas sûr qu'on expliquera tout ça sur scène mais allez, ça coûte rien d'y réfléchir.
Ce qu'il fit.
-Le plus drôle, ça serait que j'aie préféré faire autre chose. Le plus crédible, ça serait que je ne sois pas assez doué en magie : ça expliquerait aussi que je puisse pas lancer de sorts.

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« Et ce qui te plairait le plus, c’est quoi ? Parce que c’est ça l’important, que ton personnage te plaise, que tu te sente à l’aise à le jouer. On va avoir peu de temps pour s’entraîner alors ça doit venir de façon assez instinctive. »
Silmandel ne doutait pas que bon nombres de choses allaient être improvisées une fois sur scène et il ferait de son mieux pour mettre Alexandre dans le bain. Mais puisque c’était le premier rôle du garçon, autant mettre un minimum de contrainte.
« Je trouve que jouer le provocateur, ça t’irait bien. Celui qui veut toujours avoir le dernier mot. Celui qui n’est pas arrivé à apprendre le tour de magie mais qui préfaire trouver mille excuses plutôt que de l’avouer. »

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-C'est vrai que ça a du potentiel. Mais plutôt que de ne pas avoir réussi à apprendre le sort, j'aurais pu trouver plus intéressant à faire.
Il eut un sourire innocent.
-Parce que tu vois, dans la vraie vie, je réussis tout ce que j'entreprends. Du coup, jouer les incapables... Bon, ça serait faisable, bien sûr : tout est faisable, pour moi. Mais ça serait quand même moins naturel !

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« Parfait ! On part sur ça. Donc... Le numéro commence, je suis sur scène, j’explique le contexte, blablabla, je t’appelle pour le tour de magie, mais il se trouve que tu avais mieux à faire, résultat prise de bec. S’en suit les joute verbale et les démonstrations. »
Le tour prenait forme. Tout en disant cela, Silmandel se mit en quête de costumes adaptés.
« Maintenant, ce qu’il faut savoir, c’est qu’est-ce qu’on montre et comment on le montre. Notre fameuse ligne conductrice. Comme je te l’ai déjà dit, je peux t’apprendre des tours de cartes. Puis il y a ma magie, notre verve... fin bref, tu as des idées de situations ? Dis tout ce qui te passe par la tête. On fait dans le comique, l’absurde. »

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-Hum, va falloir que j'y réfléchisse. Parce qu'autant lancer une réplique bien sentie quand la situation s'y prête, je m'en sors, autant imaginer tout un spectacle... Déjà, c'est sûr qu'on peut jouer aux cartes mais comment on expliquera qu'un magicien et son apprenti le fassent alors qu'ils doivent réussir une sorte d'examen d'entrée ? Bon, après, maître Presteplume comprendra vite que tout ça, c'est juste une mise en scène, un prétexte pour présenter tout ce qu'on sait faire et, du coup, faut sans doute pas trop se prendre la tête...
Silmandel avait déjà repéré plusieurs tenues de magicien. Quelques-unes sobres, d'autres beaucoup plus - voire outrancièrement - ornementées. Alexandre et lui n'auraient par conséquent aucun problème pour se costumer.

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Silmandel se retourna, un large sourire aux lèvres, tout en tenant en main un costume d’apprenti, ou, en tout cas, qui pouvait passer comme tel.
« Et bien tu sais quoi ? On va faire ce qu’on sait faire le mieux, improviser. On fait un essai, on voit où ça nous mène et puis voilà ! Tiens, enfile ça, c’est à ta taille. Et moi, je vais mettre ça. »
Il désigna la robe de magicien la plus excentrique.
« On va répéter ici même. Comme ça, si on a besoin d’accessoires, on les as sous la main. »
Il avait fait preuve d’un sérieux surprenant. Sans doute voulait-il trop bien faire. Mais ce n’était pas ainsi qu’ils feraient du bon travail. Non, ils devaient tout simplement être eux-même et tout allait se passer comme sur des roulettes.

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Alexandre jeta un regard au costume qu'on lui avait désigné puis, bombant le torse et croisant les bras, il refit face à Silmandel
-Plait-il ? De cette robe austère je devrais me contenter, tandis que de riches atours vous vous arrogez ? Tout ceci n'est-il qu'une farce destinée à m'humilier ? Que nenni, faquin : ainsi il ne sera point ! Car, sachez-le, ce qui sied à mon teint, c'est une mise princière, pas moins !
Et il fit mine de trouver tenue plus à son goût.

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La réaction de Silmandel, cette fois, ne se fit pas attendre.
« Méprisable petit asticot, tu vas enfiler ça tout de suite où il va t’en cuire ! L’élève de Maître... Ambroise Marius Luther de Comberuine-Clairchemin du Soir se doit d’être exemplaire ! Exemplaire ou il ne sera point ! »
Il avait mimé un individu vaniteux et impulsif, les traits de caractère qu’il désirait insuffler à son magicien de fiction. Vaniteux, impulsif et idiot, voilà la bonne formule.
« Et après, tu ira apprendre ce sortilège de nettoyage de surface pour que je puisse montrer que tu sers à quelque chose devant les archimages ! »

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-Le meilleur moyen pour nettoyer les surfaces, ce n'est pas la magie mais l'alchimie : il faut utiliser une substance qu'on appelle, en langage ordinaire, l'huile de coude. Et ça tombe bien, tout le monde en a ! Enfin, à moins d'être manchot. Et vous ne l'êtes pas, ce me sembles... Bref, occupez-vous vous-même de votre ménage : c'est pas le boulot d'un apprenti, ça ! Moi, je vais me trouver des atours dignes de mon rang.
De fait, il farfouilla ostensiblement parmi les costumes, de préférence parmi les plus luxueux.

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« Non mais je rêve ! Mon élève qui me donne des conseils, à moi ? À moi ! Il est écrit, petit sot, que pour intégrer le cercle des archimages, il faut avoir un élève qui sait nettoyer les surfaces avec la magie, pas avec l’alchimie ! Est-ce clair ? Donc il n’y a pas à discuter ! Donc tu vas obéir ! C’est logique, c’est comme ça ! Mon raisonnement est théoriquement infaillible. Et comme chacun sait, la théorique vaut mieux que la pratique. »
Voilà sans doute pourquoi il ne fit rien en pratique.

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-J'entends rien, j'entends rien, j'crois qu'il y a des interférence sur le réseau des communications magiques ! claironna Alexandre.
Subitement, il s'immobilisa. Puis, tout sourire, il refit face à Silmandel et pointa du doigt une robe surchargée de dentelles, de broderies, de rubans... Pas une robe de magicien, non : une robe de princesse, plutôt.
-Oh, ça, ça vous irait super bien !

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Bon, une chose était certaine, ils n’avaient nul besoin d’entrainement pour les joutes verbales. Le duo pouvait certainement se disputer indéfiniment sur tout et n’importe quoi, ce qui était déjà un bon point pour le spectacle. Le tout était de parvenir à orienter la dispute vers des actes concrets. L’elfe se mit à y réfléchir tout en déclarant :
« J’entends rien ! J’entends rien ! J’crois qu’il y a des interférences sur le réseau de communication magique ! »
Il avait adopté un ton qui singeait celui du garçon. Puis il poursuivit, incisif :
« Tout ce blabla pour cacher ta complète incompétence ! Pfff, c’est pathétique ! »

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-C'est sûr qu'en incompétence, vous vous y connaissez. C'est pas pour rien que vous avez besoin de quelqu'un à qui confier absolument tout ce qu'il faut faire...
Il sourit largement puis retrouva son sérieux.
-J'ai l'impression qu'on a intérêt à mettre le paquet sur les numéros. Parce que je suis pas sûr que ce genre de joutes verbales amusera autant un public que ça nous amuse, nous.

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« Ho, détrompes-toi. Une bonne joute verbale peut faire beaucoup, assura Silmandel. Mais il faut que la situation s’y prête. Je pense que pour notre audition, la dispute entre un magicien ridicule et son apprenti effronté peut faire l’affaire. Par contre... il nous faut la liste des choses qu’on veut montrer. Juste ça. Ça nous guidera. On n’aura plus qu’à improviser pour introduire les différents tours. Bon, alors voyons... »
Ils en revenaient toujours à la même question : quoi montrer ? Cette fois, l’elfe entra dans le vif du sujet. Il commença à énumérer.
« Je peux utiliser mes déguisements magiques. Je peux aussi me rendre invisible, moi ou toi d’ailleurs. Je peux créer des lumières et des sons. Et je connais des tours de cartes. »
Et il pouvait devenir un chat, mais cela, ce serait pour plus tard, une fois la chose mieux maîtrisée.
« Déjà viens, je vais t’apprendre un ou deux tours de passe-passe. Avec un jeu de cartes et aussi avec une pièce de monnaie, ou un autre petit objet. »

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-Ce bâton, par exemple ? fit-il en désignant un pseudo-bourdon de mage exagérément gros et outrancièrement ornementé.
Puis il s'approcha de Silmandel.
-Je vais apprendre à tricher, j'en reviens toujours pas... Ah, si ma sœur apprend ça, elle va t'étriper.
Il ne s'en montra pas moins un élève attentif et plutôt doué : en effet, il ne manquait pas d'habileté.

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Lorsque Silmandel estima qu’Alexandre métrisait le petit tour de passe-passe, il fit en son esprit un petit bilan. Ils avaient trouvé les costumes. Ils avaient le contexte de leur numéro et même l’introduction. Ils avaient une petite liste de choses à montrer. Pour le reste, ils allaient improviser et s’adonner aux joutes verbales. N’était-ce pas assez ?
« On devrait peut-être se mettre quelques accessoires de côté. Le bâton que tu as montré, il m’ira très bien. Et puis j’aime bien aussi la boule de cristal. Il y a des choses qui t’inspirent ? »

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[Bâtiment] Le Bastion des Arts