[Solarcis] Les Artisans, La "Couverture à Carreaux" et les Bas Quartiers

[Venlitia]

Venlitia haussa un sourcil circonspect à l'endroit du nouveau venu. Il ne "pouvait pas le dire"? Elle essaya de deviner pourquoi en regardant Zaïu moucher la bougie et se rendit compte de ce dernier détail incongru. Elle fixa à nouveau l'importun avec l'intention de lui demander pourquoi il tenait si fermement sa bougie sans bougeoir. Mais elle aperçu par dessus son épaule trois autres inconnus, regardants vers leur table, en train de ricaner. L'un d'eux leva son verre en la fixant, sourire aux lèvres.

Apparemment, son pari avec Zaïu n'était pas le premier auquel elle était mêlée ce soir. Son sang ne fit qu'un tour et elle darda sur leur invité un regard qui aurait très certainement pu le faire entrer en pyrolyse, si elle y avait compris quoi que ce soit en magie. Par égard pour son naufragé (et pour éviter une nouvelle remarque) elle se contenta de se pencher à nouveau très près de l'inconnu et de lui gronder d'une voix sourde, faisant écho à la dernière déclaration de l'elfe :
[color="#80000"]On peut toujours essayer… Mais je devrais peut être leur demander à eux, non?[/color]

[Galathée]

" Merci de m'avoir accueilli ! s'exclama brusquement le jeune homme. Maintenant je file !"
Lâchant sa bougie éteinte sur la table, il se leva en arrière.
" Mais vous formez un beau couple. C'était un plaisir de vous tenir la chandelle."
Il détala ensuite vers la porte, le plus vite possible.

[Zaiu]

Quel étrange personnage...

Laissa planer Zaïu en regardant l'individu détaler, mâchouillant un bout de viande. Il hésita à demander si c'était un humour typiquement humain mais il retint son interrogation. Il était curieux de connaître la réaction de Venlitia. Aussi aventura-t-il :

Tu as ramassé zaïu parce que tu es tombé amoureuse Vennychou ?

[Venlitia]

Vanny, qui avait commencée à se lever pour rattraper le comique qui venait de déguerpir, fixa Zaïu d'un œil las ; avant de se rasseoir en soupirant.
Elle reprit son repas pendant plusieurs minutes en silence, et repoussa enfin son assiette, vidée de toutes les succulentes pommes de terres qui y baignaient.
[color="80000"]Je t'ai ramassé parce que tu parlais à une planche, c'était plutôt amusant. Et secourir un naufragé, c'est bien.[/color]

Elle leva les yeux au plafond en se renversant dans sa chaise et se cura les dents avec une écharde d'os. Pensive.
[color="80000"]En fait, c'est la première fois que je me retrouve dans cette situation. Avant, quand je voyageais avec mon père, je passais mon temps à m'entrainer. Je ne m'occupais pas spécialement d'être sociale, on ne s'arrêtais généralement pas assez longtemps quelque part pour que ça aie de l'importance. En plus il n'était pas spécialement sociable non plus… [/color]

S'attablant à nouveau correctement, tout en se resservant une longue gorgée de bière.
[color="80000"]Après son accident, j'ai été envoyée sur un bateau par un ami à lui, je pense. Je ne me souviens pas bien de cette période, j'ai dû prendre un sacré coup sur la tête à ce moment là![/color]

Venlitia éclata de rire.
[color="80000"]Le bateau qui devait me mettre à l'abri s'est fait attaquer par des pirates et je pense avoir mis une belle râclée à pas mal de monde. Ça m'a permis de négocier ma vie à bord, enfin je crois. Chez les pirates, c'est les plus teigneux qui survivent. Et si on met mon enfance de côté, j'ai connu que ça, ces trois ou quatre dernières années.[/color] Elle prit un accent de pirate teigneux [color="80000"]Arrh! saigne et trucide![/color]

Elle s'étira en faisant craquer ses articulations et jeta un regard en coin aux petits malins qui lui avaient porté un toast, avant de revenir à son interlocuteur tout sec en souriant.
[color="80000"]C'est un peu comme toi dans ta mine! La vie en société, c'est pas mon élément. Pas encore. Je pense qu'il me faudrait un genre de Nirbo, en plus tu ne sens pas si mauvais, un peu iodé, c'est tout![/color]

Elle se leva et ramassa son arme contre le linteau de la cheminée.
[color="80000"]Allez! Un bon bain et au lit![/color]

[Galathée]

La serveuse vint à leur rencontre comme ils paraissaient vouloir partir.
" Une chambre ?" s'exclama-t-elle.
Elle jeta un oeil derrière son épaule, vers le comptoir, puis haussa les épaules.
" Ça devrait encore être possible, je crois. Il reste de la place au dortoir, ou alors dans une chambre classique, mais je crois qu'il nous reste plus que les mansardées..."
Elle leva les yeux sur Venlitia.
" Faudra faire gaffe à votre crâne, le plafond est pas haut."
Elle regarda ensuite Zaiu.
" Vous êtes ensemble ou pas ? Pour la chambre, je veux dire. Pour le reste, ça me regarde pas."

[Venlitia]

Venlitia sourit à la mention des mansardes
[color="80000"]Ça me rappellera l'entrepont! je ferais attention, j'en prend une! … Et s'il est possible d'avoir un bain?[/color] Hasardât-elle.

Elle se tourna vers Zaïu alors que la serveuse s'adressait à lui. Un sourire taquin aux lèvres.
[color="80000"]Je ne voudrait pas précipiter les choses mon adorable balane, aussi je vais profiter de cette solitude duveteuse dont je rêve depuis ces trois derniers mois! [/color]

La jeune femme venait de parler en affectant une minauderie de bien piètre qualité qu'elle avait dû apprendre auprès des femmes de marins qu'elle connaissait jusque là. Elle se planta ensuite bien droite devant la serveuse, les poings sur les hanches, avec un grand sourire. Il était temps de se délasser!
[color="80000"]S'il vous reste donc deux chambres, ce sera parfait! Après vous ma belle![/color]


(hrp : Zaïu était pas dispos ces derniers jours, il va plus tarder, désolée pour l'attente!)

[Galathée]

HRP : je n'ai pas d'attentes, moi

La serveuse secoua la tête.
" J'peux pas quitter la salle à cette heure, mais vous m'avez l'air du genre à savoir vous orienter, non ?"
Elle rejoignit son comptoir et leur dégotta deux clés : la 21 et la 23.
" Vous êtes pas voisins, alors vous trompez pas de porte. L'escalier est là, c'est au deuxième, vers la droite. Gaffe aux poutres. Si vous voulez prendre un bain, ce sera dans la salle d'eau, première porte à gauche au début du couloir. Je vais prévenir Bert que vous avez besoin d'eau."
Elle se tourna vers Zaiu.
" J'imagine que vous, de l'eau, vous en avez assez vu pour les trois prochaines années ?"

[Zaiu]

De l'eau salé à ça oui ! Du savon ça ... Ça devient urgent tant la peau de ce pauvre Zaïu pique tout partout.

Il faisait vraiment une moue affreuse tant l'effort de ne pas se jeter au lit tout de suite lui en coûtait. En même temps, il avait des principes. Et on ne se jette pas dans un plumard tout crotté. Ou tout salé. Ou tout quoique ce soit qui ne soit pas propre.

Zaïu commence par le bain. Comme ça, s'il s'y endort, Venlitia pourra le réveiller pour prendre le sien.

Ce qui était sûr d'arriver à 100%. Il s'étira en faisant ses craquer ses os et arpenta l'auberge d'un pas lourd, l’œil fatigué, mais un grand sourire aux lèvres. Enfin une normale.

A demain Vanychou la Timide !

[Venlitia]

Venlitia remercia la serveuse et attrapa les clefs, elle tendit la 21 à Zaïu et le précéda dans l'escalier.
[color="80000"]On va d'abord voir combien il y a de baignoire et la taille qu'elles font![/color]

En arrivant au deuxième étage, Vanny se dirigea vers la porte 23, l'ouvrit et passa la tête par l'embrasure pour observer la petite chambre douillette et le couvre-lit à carreaux qui lui arracha un nouveau sourire.
Elle posa son arme contre le mur et referma la porte à clef avant de se tourner vers son compagnon qui dodelinait sur ses jambes dans le couloir. Il semblait épuisé.
[color="80000"]Bien, pose tes affaires dans ta chambre et au bain![/color]

La guerrière ouvrit la première porte à gauche du couloir et observa les lieux d'ablution…

[Galathée]

La salle d'eau était propre mais étriquée et ne comptait qu'un unique baquet, pour l'heure redressé contre un mur. Il y avait des serviettes et du savon, mais il était clair qu'il faudrait que Zaiu et Venlitia se lavent séparément. De plus, si l'elfe entrerait plus ou moins dans son bain, la jeune femme devrait sûrement se plier quelque peu, car le modèle prévu par la maison n'était pas adapté à son gabarit.
Tandis qu'ils contemplaient les lieux, des pas lourds résonnèrent derrière eux et un grand homme surgit, chargé de deux seaux.
" Bon, si vous vous poussez pas, m'sire, m'dame, j'sais rien faire de ma flotte." remarqua-t-il.

[Zaiu]

Zaïu s'empressa de pousser Venlitia en dehors de la salle de bain pour que l'employé puisse faire son office. Mains plaquées sur son dos (il dut les remonter puisqu'il avait mal viser la première fois), il la dirigea vers sa chambre.

Son plan était parfait !
1/Mettre la donzelle dans sa chambre (à elle hein ! Non mé ho !).
2/Regagner les bains au plus vite pour être le premier à en profiter.
3/Entamer un pugilat avec la fameuse Couverture à Carreaux.

Un duel qui sera sans doute long, profond et très ennuyeux à regarder tant l'inaction serait intense.

Dans son bain, il pensa pêle-mêle à son histoire compliquée avec la mer, aux fesses rebondies de la pirate, puis à d'autres, puis à quelques emplettes qu'ils devraient faire pour se rééquiper correctement. C'est que son "épée" était grandement attaqué par la rouille, ces vêtements ne pouvaient plus être qualifiés comme tels et ... Et ho et puis zut ! Le soleil se lèverait sans doute le lendemain et dans le cas contraire, il dormirait un peu plus.

[Venlitia]

Vanny s'était laissée pousser vers sa chambre en étouffant un rire, la perspective du repos salvateur était si proche pour Zaïu que son corps semblait s'être mis en marche tout seul.
Elle en était à suivre du doigt les formes bariolées du patchwork de son couvre-lit en tentant d'en faire le tour sans passer deux fois au même endroit quand un splitch-splotch traversa le couloir et qu'une porte claqua.
Il ne s'était pas noyé dans son bain finalement.

Elle avait demandé du rab' d'eau chaude et avait profité de l'atmosphère cotonneuse de la petite pièce embuée, assise en tailleur dans le baquet, pour se délasser agréablement. Physiquement du moins car elle fixait intensément la hallebarde qu'elle avait posée contre la porte, coinçant la poignée, et revoyait mentalement tous les mouvements qu'elle pouvait placer dans un endroit aussi exigu que la salle d'eau, puis dans le couloir, ou même dans sa chambre sans abîmer le lit. Il ne faudrait pas qu'on vienne lui reprocher de porter une arme si imposante qu'elle ne saurait l'utiliser dans un donjon!

Lorsqu'elle fut satisfaite de ses estimations mentales, elle sortit du bac et passa quelques minutes à s'étirer en maudissant la taille ridicule de son bain. Elle ramassa son arme et passa une serviette de lin autour de ses hanches avant de traverser le couloir vers sa chambre. Une fois l'arme et le corps essuyés (et le verrou tourné) elle s'enfouit enfin sous les couvertures et souffla la bougie.

Lorsque la couverture se divisa en carreaux prédécoupés qui virevoltèrent autour d'elle en faisant rebondir des patates rissolées en tous sens… Le sommeil l'avait déjà gagnée.

[Galathée]

La nuit fut tranquille. La Couverture à Carreaux n'était pas un de ces établissements où les soiffards s'agitent jusqu'à l'aube. Tant Venlitia que Zaïu y trouvèrent donc un environnement propice au repos — pour autant que leurs rêves y consentent.
Le soleil se leva tôt — c'était l'été après tout — mais les rideaux étaient épais et il n'y avait pas d'arbres à proximité, si bien qu'il n'y eut nul chant d'oiseau pour les arracher au sommeil. Sans doute la salle, en bas, était-elle déjà peuplée des premiers matinaux (Solarcis était une cité majoritairement lathandrite, rappelons-le), mais les deux voyageurs avaient tout le loisir de décider de se lever... ou pas. Ni le bruit, ni les bonnes odeurs du petit déjeuner ne grimpaient jusqu'à eux.

[Venlitia]

Venlitia s'était réveillée tôt, par habitude et avait ouvert en grand sa fenêtre, puis s'était ravisée ; après tout, il n'y avait pas de cordage à enrouler ou de pont à briquer, autant en profiter!
Elle s'était laissée tomber sur le couvre-lit, baignée de soleil matinal et avait fait la grasse matinée jusqu'à ce que le fumet de la nourriture que l'on servait dans la cour en contrebas n'envahisse ses narines.

La jeune femme s'était donc habillée de façon plus confortable qu'à son débarquement, avait abandonnée l'idée de coiffer sa tignasse qui ondulait encore du bain de la veille et s'était finalement rendue dans le jardin lumineux pour commander un petit déjeuner copieux qu'elle dégustait tranquillement au soleil en attendant de décider ce qu'elle allait faire de la journée.

[Zaiu]

Soudain, Zaïu ouvrit tout grand ses yeux et fit virevolter son édredon.
Le temps d'analyser ce qui l’entourait, il retint sa respiration. Puis les chaleureux motifs de la couverture à carreaux le rassurèrent. Il prit une grande inspiration et se laissa retomber contre son oreiller.
Sa nuit avait été troublée d'un long rêve sans queue ni tête : des zombies, des dragons, une femme aux cheveux argentés et une fin précipitée. Un peu comme si le rêve voulait en finir avec lui-même. Quelle étrange sensation...
Fort heureusement, Zaïu, lui, vivait dans un monde très cohérent. Il n'avait survécut qu'à deux naufrages, ce qui fait un peu petits bras, il faut bien en convenir.

Le soleil était déjà haut. A travers la vitre de la fenêtre, il offrait un carré chaleureux et lumineux dans lequel le jeune elfe se blottit avec la grâce d'un chat sur un fauteuil. Il y resterait jusqu'à sa prochaine envie d'aller risquer sa vie dans une aventure suicidaire pour une solde grotesque. Ce qui pouvait arriver très vite, convenons-en aussi. Qui sait, peut-être un jour affronterait-il un dragon ! Comment on affronte un dragon d'abord ? Avec sa petite épée ? L'hallebarde de Venlitia semblait plus adapté, encore que. Le mieux serait de ne pas affronter du tout la bête et d'utiliser un appât empoisonné, comme un véritable trappeur ! Bigre, pensa-t-il en se retournant contrarié d'un coup sur sa couche. Depuis quand Zaïu réfléchit à des techniques retorses et non plus à affronter le danger en face ! Déjà parce que la taille d'icelui, ça compte. Aussi, parce que l'expérience de Damant et de la sienne, dans les caves et ses deux naufrages lui apprirent qu'il y avait des forces contre lequel on ne peut pas lutter. Il l'avait vérifié par lui-même. Assener des grands coups de tailles à la vagues qui allait l'écrabouiller n'a pas suffit à calmer l'océan pour autant. La vertu a-t-elle un quelconque poids dans ce monde ! Alors que les âmes valeureuses sont roulées impitoyablement dans l'écume ? Mais peut-on faire montre de valeur si on n'est jamais roulé dans quelque chose.

Philosopher au pied levé n'était pas sa tasse de thé. Assis sur le bord du lit, il contemplait ses maigres effets. Son épée était dans un triste état et vraisemblablement, c'était la fonderie qui l'attendait. Elle finirait au paradis des épées. De celle qui ont pourfendu la chair, le bois, quelques légumes et servi de rame. Quant à ses hardes... Bref, il était bon pour faire les boutiques. ne restait qu'à espérer que les marchands fassent un tarif 'naufragé'.

Il partit tout de go à la recherche d'artisans locaux, sans même manger. Et comme votre cher narrateur n'est pas friand du RP relooking, retenez simplement qu'il ne réapparut à la Couverture à Carreaux qu'au crépuscule. Il revêtait un simple gambison renforcé de cuir par endroit, une sobre épée longue et du rutilantes bottes moins bling bling que robustes et confortables. C'est que c'est important la bien être pédestre. Et maintenant il avait faim ! Et il pensait retrouver Venlitia afin de l’entraîner dans une aventure de derrière les fagots. Une fois dans la salle à manger il cria à la cantonade :

Venlitia, Zaïu a acheté un carré de tissu mais in ne sait pas mettre un bandana, tu lui apprends ?

Puis il tendit l'oreille afin de déterminer la plus grosses sources de bruits.

[Venlitia]

Lorsqu'on lui avait appris que l'elfe dormait encore, Venlitia était partie visiter la cité et dépenser une partie de ses gains.
N'étant pas coutumière du fait de pouvoir vaquer à ses occupations ainsi, sans piller, sans jouer les bravaches ; la jeune femme entra dans à peu près chaque échoppe qu'elle croisa. Elle repartit du quartier commerçant avec un sac solide rempli d'objets utiles, de deux tenues de voyages et d'un incalculable nombre d'injonction à ne plus entrer en magasin avec une arme aussi encombrante!

La pirate redescendait de sa chambre, utilisant obstinément sa hallebarde comme un bâton de marche, alors que Zaïu annonçait son retour avec entrain.
Elle sourit au naufragé qui offrait une bien meilleure mine qu'hier au soir, et lui fourra l'arme d'hast entre les mains tout en attrapant le tissu qu'il agitait devant lui.
[color="80000"]Hop, ne bouge pas… voiiiiilà… Hey, ça te vas pas trop mal![/color]

Elle récupéra son arme, attrapa Zaïu par le bras et l'entraina à sa suite d'un pas enjoué.
[color="80000"]Ce soir, c'est moi qui invite! On m'a parlé d'un restaurant qui fait du taureau, juste ce soir, il parait que c'est pas souvent! On DOIT goûter ça! Et puis je dois passer au petit dispensaire qu'il y a au bout de l'allée avant qu'il ferme, la serveuse me l'a conseillé.[/color]

Ils parcoururent moins d'une cinquantaine de mètres avant de tomber sur le fameux dispensaire dans la cour duquel ils pénétrèrent. Elle passa la tête par la porte ouverte, murmurant à l'elfe.
[color="80000"]Elle m'a dit que cet Al Wazus était doué...[/color]

[Galathée]

La pièce n'était pas complètement déserte. Outre une dame d'un âge certaine, assise derrière un petit comptoir, deux personnes aux mines misérables étaient installées sur des bancs, disposés tout au long des murs. Elles s'étaient placées le plus loin possible l'une de l'autre.
" Bonsoir, messire, ma dame, dit la vieille femme d'une voix lasse. Est-ce que c'est urgent ? Parce qu'on a encore du monde, il est tard, et vous m'avez l'air en bonne santé."

[Zaiu]

Zaïu n'écoutait pas. Il était à la recherche d'une vitre ou de quelque chose de réfléchissant pour voir sa bouille avec un bandana. Et aussi pour vérifier que Venlitia ne lui avait pas fait de mauvaises blagues.

Vennychou chérie, ne dérange pas la mamie trop longtemps !

[Venlitia]

Vennichou? La jeune femme haussa un sourcil circonspect à l'attention de son acolyte qui tentait de s'apercevoir dans une des vitres du dispensaire. Elle pénétra dans le bâtiment et avança jusqu'au comptoir où se tenait la vieille femme.
Je ne suis pas malade, mais j'ai quelques soucis de cicatrisation. J'étais sur un navire et le médecin de bord n'a pu faire que quelques cataplasmes à base de vieilles feuilles de chou et de cloves, mais entre l'humidité constante et la chaleur... Et je pense que le bain à l'eau douce que j'ai pris hier n'a pas aidé. La serveuse de la couverture à carreaux m'a dit que vous faisiez des remèdes très efficaces!

Elle jeta un regard vers le carreau derrière lequel Zaïu s'observait sous tous les angles et revint à la vieille dame, ajoutant après y avoir pensé.
S'il vous plait.

Elle lui sourit pleinement, mais une nouvelle idée venait de tintinnabuler dans le fond de son esprit qui s'était encore mis à vagabonder ; aller chercher des ingrédients rares pour des potions miraculeuses qui seraient gardés par quelques chamans maléfiques au fin fond d'une grotte ténébreuse, ça ce serait très héroïque!
Un nouveau coup d'œil au rescapé : si elle en croyait ce qu'il lui avait raconté hier, il avait un don pour survivre, mais est-ce que l'elfe avait un talent martial insoupçonné en plus? Son épée précédente semblait avoir bien vécu après tout.

[Galathée]

La vieille femme dévisagea Venlitia avec circonspection, sans doute un peu impressionnée par sa présence... marquante.
" C'est un peu vague, votre histoire. De quel genre de cicatrisation parlez-vous ? Où ça ? Et de quelle taille ? Et qu'appelez-vous un "souci" ? Ça a pris une couleur bizarre ? Ça sent mauvais ? Ça fait mal ? Non non, surtout vous n'êtes pas obligée de me montrer ! Mais si vous pouvez juste m'en dire un mot de plus..."
Du coin de l'oeil, elle surveillait Zaïu, peut-être inquiète qu'ils ne soient en réalité un duo de coupe-jarrets venus vider les caisses (vides, au demeurant, mais ils n'étaient pas censés le savoir) du dispensaire.

[Venlitia]

Venlitia étouffa un soupir. Ce n'était pas l'instant le plus glorieux de sa nouvelle vocation mais il fallait bien ça pour "passer à autre chose".
Des coups de fouets, dans le dos. Ils ont à peu près un mois, ils sont restés à l'air libre quatre jours durant ; puis soignés comme je l'ai dit sur le bateau qui m'a récupéré et ramenée jusqu'ici hier. J'ai pris mon premier bain d'eau chaude dans la soirée d'hier et je n'ai plus de cataplasme.

Elle prit un air neutre, elle ne voulait pas non plus passer pour une douillette.
Ça picote… Rougissant un peu, Hem, beaucoup…

[Galathée]

Le visage de la vieille femme s'était fendu d'une grimace. Elle parut sur le point de dire quelque chose puis se contenta de secouer la tête et soupira.
" Asseyez-vous. Je vais voir ce qu'on peut faire pour vous. Ne vous mettez pas près de celui-là..."
Elle désigna un vieil homme penché qui toussait par intermittence.
" Vous ne voulez pas attraper ce qu'il a, croyez-moi."
Ensuite elle se leva, non sans jeter un nouveau regard appuyé à Zaïu, comme pour imprimer ses traits dans sa mémoire, et quitta la pièce en empruntant une porte située dans le fond.

[Venlitia]

Vanny la remercia d'un sourire et alla s'asseoir à égale distance des deux patients, sa hallebarde en travers des genoux. Elle jeta un regard à Zaïu, derrière sa fenêtre, et lui tira la langue d'un air taquin lorsqu'il la remarqua enfin.

Ce bandana semblait l'avoir motivé! Elle en était ravie, dès demain ils pourraient partir en quête de… Heu… Hum… Enfin, ils pourraient partir sur le chemin de l'aventure!

[Galathée]

Quelques minutes plus tard, la vieille femme reparut et reprit sa place derrière le comptoir. Un jeune homme parut ensuite, vêtu d'une bure brune, et se dirigea vers Venlitia. Il paraissait terriblement embarrassé et lui adressa un sourire furtif, un peu craintif, avant de prendre la parole. Vu de près, il paraissait âgé de quinze ans maximum. Sans doute pas encore, en fait. Il avait les cheveux blonds, une multitude de taches de rousseur, et le corps disgracieux d'un adolescent en pleine poussée.
" Ma... Dame... Heu... Maître Eberhart va vous voir... Heu... mais d'abord je dois... faire un premier examen. Par là..."
Il désigna une porte.
" Si vous êtes d'accord ?"

[Venlitia]

Venlitia hocha la tête en réponse au gamin et lui demanda un instant, elle sortit sur le pas de porte et sourit à l'elfe en fronçant le nez, d'un air mutin, tout en lui tendant sa bourse dans laquelle elle avait prélevé quelques pièces pour la consultation.
[color="80000"]Zaïounet! Apparemment je dois attendre un peu pour voir le guérisseur.
Va réserver notre table, si tu veux! Ce serait dommage de rater le plat du jour pour cette bêtise! Je te rejoins à la Broche Gaillarde, c'est dans les beaux quartiers![/color]

Elle repartit vers la porte mais se retourna vers lui en ayant l'air de réfléchir.
[color="80000"]Tu devrais laisser une mèche libre sur le devant, ça te donnerait un petit air de forban![/color]

La jeune femme passa à nouveau la porte et donna une claque amicale bien que sonore dans le dos du jeune apprenti, avec un grand sourire.
[color="80000"]En avant moussaillon![/color]

À vrai dire, s'il était comme tous les moussaillons qu'elle avait connu, il serait sûrement trop gêné lorsqu'elle aura retiré sa tunique pour poser des questions auxquelles elle n'avait pas spécialement envie de répondre. Peut être que le maître aussi, après tout... ...après tout, il y avait du taureau ce soir au dîner! Ça s'était pas tous les jours!

[Galathée]

Si la claque faillit mettre fin à toute interaction, manquant assommer l'assistant en question, sa réaction ensuite n'eut rien à voir avec ce que Venlitia avait anticipé. Dès qu'elle eut retiré sa tunique, il poussa un léger soupir et une curieuse assurance supplanta son embarras initial.
" Vous n'aviez pas de guérisseur à bord ? demanda-t-il. C'est vraiment pas très ragoutant, si vous me pardonnez l'expression. Je suis surpris que vous parveniez à garder des vêtements avec un dos dans un état pareil."
Il posa une paume fraîche sur l'omoplate de la jeune femme.
" Il va falloir rouvrir et nettoyer. C'est assez désagréable, mais c'est mieux qu'un clerc. Qu'est-ce que vous en dites ? Vous allez garder des cicatrices."

[Venlitia]

Venlitia, assise dos au garçon, lui jeta un coup d'œil par dessus son épaule, un brin intriguée ; avant de se rendre compte qu'il devait être là depuis assez longtemps pour en avoir vu d'autre malgré son jeune âge, et puis il ressemblait à un genre de petit prêtre avec sa robe de bure. Elle fit la moue et répondit à l'économie.
J'ai vu pire. Je pensais que ça c'était calmé mais le bain chaud d'hier à ramolli les croûtes et ça me démange salement depuis ce matin.

Elle jeta un coup d'œil à la serviette de lin empruntée à l'auberge dont elle avait ceint son torse avant de passer sa tunique ; et qui gisait à terre, souillée de façon peu ragoûtante.
J'ai… "échoué" sur un atoll minuscule peu après avoir gagné les galons que tu vois. J'ai essayé de ne pas trop rester au soleil, les quelques jours que j'y ai passé. Puis le "Vaillant d'écume" est passé par là et m'a prise à son bord pour revenir jusqu'ici. Les trois semaines qu'ont prit le voyage, je n'ai eu droit qu'à des cataplasmes de feuilles de chou trop fripée pour être mangées, agrémentés de cloves ; selon le médecin de bord, c'était le mieux qu'il puisse faire. Il ne lui restait qu'une noisette d'onguent magique qu'il à utilisé pour mon visage, le soir où je les ai rejoint.

Vanny caressa la légère cicatrice horizontale qui lui barrait le haut du nez en faisant un clin d'œil au jeune guérisseur.
Tant que ce sont des cicatrices aussi fines que le fouet qui les as faites qui resteront, et pas des boursouflures de trolls…

La fraîcheur de la petite main offrait une distraction bienvenue à la douleur sourde qui lui cuisait le dos. Elle reprit place dos à lui et l'interrogeât.
En quoi se faire cureter le cuir est mieux que de passer par un clerc? Je croyais que la magie de guérison était plus prisée que le fil et l'aiguille?

[Galathée]

" Ah... Il y a plusieurs écoles, on dira, dit l'adolescent. Mais beaucoup, y compris parmi les prêtres, considèrent qu'il est toujours mieux de laisser le corps guérir par lui-même, plutôt que de lui imposer une intervention divine. Certains disent que c'est parce que le corps n'apprend pas, si on fait tout pour lui. D'autres disent que c'est parce que lorsque l'énergie divine se dissipe, elle emporte un peu de l'étincelle de vie. C'est... un sujet un peu polémique. La plupart des clercs prétendent que la magie divine, c'est la panacée. Mais on peut penser qu'ils prêchent pour leur chapelle. Ce qui est normal pour un prêtre, je suppose. Mais vous voyez ce que je veux dire. Ça remplit les coffres."
Il se déplaça.
" En attendant, je vais déjà vous mettre de ça... et puis Maître Eberhart vous donnera son avis. Si vous êtes agnostique, ça sera au final une question de finances."

[Venlitia]

Vanny haussa les épaules, pensive.
[color="80000"]Les gens se posent tellement de questions. L'important c'est qu'on soit en bonne santé après tout, non?[/color]

Elle sourit à nouveau pour elle même.
[color="80000"]Agnostique c'est quand on ne croit pas que les dieux existent, c'est ça? C'est un peu idiot, tout le monde sait qu'ils sont réels, ils ont parcourus les royaumes. C'était le genre de choses dont mon père adorait parler… Il en aurait même rencontré un, avant ma naissance, quand il voyageait avec sa compagnie.[/color]

Après un instant de rêverie, elle se râcla la gorge et étira ses bras au dessus de sa tête en faisant exprès de faire jouer la musculature de son dos et de ses épaules sous le nez du jeune soigneur.
[color="80000"]Hem… Le problème c'est que j'ai un mode de vie plutôt… énergique! C'est le seul moyen que je connaisse pour gagner mon pain. Je préfèrerais ne pas avoir besoin d'être convalescente durant des semaines![/color]

Elle repris sagement la pose et lui jeta un regard par dessus son épaule.
[color="80000"]Va pour le nettoyage à l'ancienne, si je ne rate pas mon dîner! Mais si ton maître peut donner un petit coup de pouce pour refermer des plaies toutes propres, je ne serais pas contre non plus![/color]

[Galathée]

" J'oserais pas faire ça tout seul, de toute façon. Et je disais agnostique en matière de soins. C'était une façon de parler."
Il avait dit ça sur le ton de celui qui ne s'attend pas vraiment à être compris et qui en a l'habitude. Venlitia n'eut pas le loisir de répondre, cependant, car la porte s'ouvrit.
" Alors, qu'est-ce qu'on a ?" demanda une voix jeune.
L'homme qui venait d'entrer avait les cheveux gris mais sans doute pas beaucoup plus de trente ans.
Il n'ajouta rien en passant derrière Venlitia puis vint face à elle.
" C'est permis, là d'où vous venez, ce genre de choses ?"
Il avait l'air peut-être un peu scandalisé, mais c'était avant tout une manière de faire la conversation. Il se déplaça jusqu'à une armoire qu'il ouvrit et dont il commença à sortir des fioles. L'apprenti l'avait rejoint fébrilement