[Lieu-dit] Le parc verdoyant de Lumenis

[Kasumi]

Quête : un désir de crépuscule

Kasumi avait eu raison de se fier à son instinct mais il se rendit soudain compte que les choses auraient pu bien plus mal tourner. L’individu semblait étendu pour le compte et c’était heureux étant donné les armes qui étaient à sa disposition. Le demi-elfe l’en délesta prestement pour les fourrer dans son sac. Peut être recèlerait-elle un indice utile ? Kasumi connaissait au moins un forgeron de confiance qui pourrait peut être en trouver la provenance. Mais pour l’heure, avoir un prisonnier était une grande réussite pour l’heure passée dans le parc. Le rôdeur chercha à évacuer sa tension nerveuse puis il ligota soigneusement les mains du Sharites dans son dos avant de le bâillonner et de lui masquer les yeux. Il appela ensuite le hibou qui serait son éclaireur pour lui assurer un chemin de retour paisible vers le temple. Il souleva ensuite l’inconnu pour le porter tant que durerait son inconscience. Ensuite, il serait toujours temps de l’inciter à continuer ou de lui asséner un nouveau coup. Avant de partir, le rôdeur plaça une noisette de poison soporifique sur les lèvres de l’inconscient. Cela retarderait son réveil malgré les chaos du voyage vers le sanctuaire de Lathandre.

En passant devant l'endroit où il avait abandonné le corps d'Euryale, Kasumi constata que celui-ci n'y était plus. Quelqu'un l'avait manifestement retrouvé et emporté.

[Arya Du Varden]

Les pensées tournées vers les différentes visites qu'elle avait faite dans la journée depuis qu'elle avait quitté la demeure de l'avocat s'occupant de la dernière demeure visitée, l'elfe arriva à l'entrée du parc dans lequel seuls quelques rares passants utilisant les allées pour rentrer chez eux étaient présents, hormis le garde qui lui ne quittait pas son poste quel que soit le temps.

Elle se dirigea directement vers l'endroit où avait lieu leurs rendez-vous et chercha Podrick du regard.

[Taliesin]

Le gamin l'attendait, adossé contre le mur du parc, les mains serrées sous les aisselles pour les protéger du froid mordant. Dès qu'il la vit, il s'avança vers Arya, et celle-ci put remarquer que son visage, loin d'être noir de suie, était relativement net... et copieusement rougi par les frimas Ce qui signifiait que Podrick avait déjà procédé à quelques ablutions pour offrir à la magicienne une mine pus présentable... ou bien qu'il n'avait tout simplement pas trouvé de travail.
-B'jour, m'dame... fit-il, son souffle formant à chaque mot un petit nuage de buée blanche que le vent dispersait bien vite.

[Arya Du Varden]

Un sourire fleurit sur le visage d’Arya dès qu’elle vit son petit protéger et son regard l’enveloppa de tendresse alors qu’elle ne put s’empêcher de penser que d’ici quelques jours, il n’aurait plus à l’attendre dans le froid glacial et elle le voyait déjà attablé dévorant une énorme tartine de pain couverte d’une épaisse couche de confiture à patienter qu’elle fut rentrée pour lui donner son cours.<o>

</o> Bonjour Podrick, j’espère que tu ne m’attends pas depuis trop longtemps. Il fait vraiment froid aujourd’hui et tu me sembles frigorifié. Je vois que ton visage a plus figure humaine, te serais-tu frotté tes joues longuement pour qu’elles soient aussi rouges ou serait-ce simplement le froid. Mais je pense que nous devrions sans attendre aller nous mettre au chaud sinon nous allons nous transformer en glaçon.<o>

</o>

[Taliesin]

-Frotté les joues ? J'aurais voulu qu'j'aurais pas pu, m'dame ! s'exclama l'enfant, amusé. L'eau d'toutes les fontaines est complètement gelée, aujourd'hui... Mais pour une fois, j'en avais pas besoin, ça tombe donc plutôt bien...
Sans en dire davantage, il suivit la magicienne en direction du port et de la Taverne de la Bienveillance dont la chaleureuse salle commune leur offrirait, un temps, un abri contre le froid mordant de l'hiver. Lequel ne semblait pas près de déserrer son emprise sur la cité.

[Arya Du Varden]

Sachant avoir du retard sur ses habitudes pour rejoindre Podrick, l’elfe avait marché d’un bon pas depuis la demeure de l'avocat, confiante pour l’avenir de l’enfant et surtout prête à tout faire pour le sortir des taudis, maintenant qu’elle savait les possibilités qui lui étaient offertes pour arriver à son but.<o>

</o> Le ciel est chargé et un grésille poussé par un vent soutenu venait tout frigorifier sur son passage. La neige n’était pas loin et il était possible que dans quelques heures elle commence à tomber et vienne à recouvrir les pavés qu’en n’en seraient que plus glissant, mais qui réjouirait les enfants.<o>

</o> Mais pour l’instant, bien emmitouflée Arya confiante pressait le pas et lorsqu’elle arriva à proximité du parc, elle chercha immédiatement du regard l’enfant.<o></o>

[Taliesin]

Elle le découvrit faisant les cent pas sous le couvert relatif d'un des grands arbres bordant le parc. La tête rentrée dans les épaules, les mains dans les poches, ses vêtements étaient à nouveau maculés de suie, signe indéniable qu'il avait trouvé à s'employer, ce jour là. Il avait cependant pris soin de se laver le visage, et Arya nota d'emblée qu'une ecchymose violacée fleurissait sur sa pommette droite.
-Bonjour !fit l'enfant en se dirigeant vers elle à grandes enjambées. J'allais aller voir à la Taverne si vous y étiez, me disais que comme j'étais arrivé en retard, j'vous avais manquée...

[Arya Du Varden]

Arya accueillit avec un sourire l’enfant qui s’approchait d’elle tout en posant un regard interrogateur sur son ecchymose et elle ne put s’empêcher de frissonner en s’imaginant l’enfant tomber de son échelle, ce qui était probablement la raison de sa blessure. Voilà un point qu'elle devrait noter si jamais, elle devait établir une liste des raisons justifiant la nécessité pour l'enfant de quitter les taudis et cette triste vie qui lui était imposée. Elle passa doucement son bras autour de ses épaules, sans craindre de se salir, et tout en se dirigeant vers la taverne où ils seraient bien mieux pour discuter, elle s’adressa à lui d’un ton remplit de tendresse.<o></o>

Bonjour Podrick, tu n’étais pas en avance peut-être, mais moi je suis vraiment en retard, je te dirais pourquoi tout à l’heure. Elle lui caressa doucement la joue. Merci d'avoir laver ton visage, cela me fait très plaisir que tu prennes soin de toi. Je vois à ton apparence que tu as retrouvé des clients et qu’apparemment, tout ne c’est pas déroulé sans problème. Cela n’a pas l’air bien grave, je t’arrangerai cela tout à l’heure. Pour l’instant, raconte-moi ce qui t’est arrivé.<o></o>

[Taliesin]

Podrick grimaça une seconde, mais il reprit vite tout son aplomb.
-Oh,c'est rien du tout... J'ai juste... heu... glissé sur une tuile. Elle était mal encastrée pis avec le gel, la pluie, la neige et tout ça, ben... Les toits sont un peu casse-g... glissants. Mais comme je fais toujours gaffe, me suis pas fait grand chose. C'est vraiment rien, franchement, faut pas vous en faire avec ça. c'est le métier qui rentre, comme on dit.
En tout cas, il n'avait certainement rien de cassé, sans quoi il n'aurait pas pu se rendre au Parc ni même acompagner la magicienne à la taverne. N'empêche, cette histoire paraissait le mettre mal à l'aise. Soit qu'il se soit fait plus mal qu'il y paraissait, soit qu'il eut pris un sacré coup à son orgueil professionnel. C'était du moins les deux raisons les plus probables.

[Arya Du Varden]

La magicienne posa un regard interrogateur sur l’enfant tout se demandant comment sa chute s’était passée pour que ce fut sa pommette qui fut ainsi marquée et sans vouloir le brusquer, elle voulait s’assurer qu’il n’avait pas d’autres blessures que celle que de toute évidence, il n’avait pu dissimuler. Mais la furtive grimace qui était apparue sur son visage et son air emprunté prouvaient qu’il n’avait pas tout dit, certainement pour qu’elle ne s’inquiète pas, il avait une fois de plus minimisé les faits comme si l’enfant dû lui épargner ses souffrances. Arya préférait avoir l’entier du déroulement de l’accident, apparemment sans gravité pour cette fois, pour aviser au plus vite, voire lui donner les quelques pièces qu’il ne pourrait gagner s’il acceptait d’arrêter de monter sur les toits le temps que tout se mette en place pour qu’il n’eut plus à prendre de tels risques. <o>

</o> Raconte-moi comment s’est déroulée cette …. glissade sur une tuile dont je ne devrais pas m’en faire, car pour avoir une ecchymose aussi marquée sur le visage, ce n’est pas juste d’avoir un peu glissé qui a pu ainsi te marquer. Je pense que tu es d’accord avec moi sur ce point.<o></o>

[Taliesin]

Le gamin se raidit légèrement et demeura un moment la bouche entrouverte, comme s'il cherchait ses mots.
-Ben, heu... J'ai glissé, oui, et... heu... Ben je suis tombé sur le toit, donc je me suis cogné dessus, et ... vous savez quand on tombe, on se fait mal un peu partout, hein... C'est normal, quoi.. Mais c'est juste des bleus, faut vraiment pas que vous vous inquiétiez. C'est pas comme si j'étais tombé du toit ! Là oui, ça serait plus grave, mais heu... Vu que je fais toujours attention...
Il s'interrompit et s'efforça de prendre un air dégagé, même si la magicienne lui trouva le regard fuyant.

[Arya Du Varden]

La magicienne ne dit mot en constatant que Podrick cherchait à fuir son regard, elle enserra seulement un peu plus l’enfant, ils n’étaient plus qu’à quelque pas de la Taverne et elle attendrait qu’ils furent attablés pour enfin savoir toute la vérité. Sans le montrer, elle se sentait inquiète et sans cœur s’était accéléré, l’enfant avait l’habitude de revenir sur ses paroles pour minimiser les faits avec une pirouette, mais s’il avait commençait par cacher la vérité, c’est que les faits devaient être plus graves qu’il ne les avaient énoncés.<o>

</o> Heureusement, il était encore tôt et lorsqu’elle ouvrit la porte, elle put repérer une table bien à l’écart où elle emmena l’enfant.<o></o>

[Arya Du Varden]

Arya aurait aimé que Podrick laisse filer les tristes perspectives que son imagination ne cessait de voir le plus noir possible depuis qu'ils avaient rencontré le directeur de l'école qu'il fréquenterait. Il fallait dédramatisé, mais surtout ne pas éluder les doutes et souffrances de l'enfant et cette promenade dans le parc verdoyant en était en partie le but.
Il leur faisait maintenant face, les allées étaient quasi vides et à part l’esplanade où se trouvait le marchand de marrons chauds dont la clientèle étaient les principaux promeneurs. Devant la petite échoppe, quelques clients patientaient déjà attendant de pouvoirs être servis. La magicienne et l’enfant s’avancèrent sans pour autant cesser leur conversation.

Pour ne pas mentir, il faudrait vraiment que je te transforme en crapaud avec plein de pustule sur le dos et d'énormes yeux globuleux et cela ne te plairait pas non plus, voire encore moins. Et surtout, je sais que tu te trompes sur l'appréciation que tu auras des thermes et je parie que tu me demanderas pour que nous y allions en dehors de l'école
Encore un client et ce serait leur tour ...

[Taliesin]

Le môme baissa les yeux.
-J'crois pas, m'dame. Y a pas beaucoup d'chances pour que ça m'plaise. Mais j'ai pas l'choix, hein, si vous voulez pas m'faire de mot... Même si j'crois que j'préférai m'transformer en crapaud juste un moment pour que ça prouve comme quoi le mot est vrai.
Il observa le client qui était en train de recevoir son cornet de marrons chauds. Ce serait à eux dans un instant.
-Enfin, l'pire, ça s'ra la première fois, j'imagine... gromela-t-il. Eux y connaîtront tout comment ça marche, pis moi pas du tout... Me faire moquer par des p'tits, si ça c'est pas une plaie... Enfin, remarquez, comme ce sont des p'tits, j'aurai au moins pas a avoir peur de la comparaison pour certains trucs. C'est moi qui me moquerai d'eux, si ils m'ennuient !
Il sourit faiblement.
-Faut essayer d'voir l'bon côté des choses...

[Arya Du Varden]

Il aurait fallu que la magicienne puisse prendre un visage sévère, mais elle n'en avait aucune envie. Podrick n'avait certainement pas encore compris que tout ce qui était mensonge devait sortir de sa vie, un mensonge ne pouvant qu'en entraîner un autre.

Le bon côté était pour l'instant en face de lui, le marchand qui était habitué à les voir posa sur l'enfant un regard interrogateur ne le reconnaissant pas vraiment, mais le manteau râpé, vestige de son passé, dû le mettre sur la piste et il commença un remplir largement un cornet fait d'une page du Luménien Libéré et le tendit à Podrick. L'elfe le paya en souriant ravie de la métamorphose physique de son petit protéger et tous deux s'écartèrent pour laisser la place au suivant.

Je t'imagine parfaitement te transformer en crapaud devant les autres, alors ils riraient longtemps et tu ne te remettrais jamais de la honte. Tu vois, ce serait mal agir et cela te desservirait, tu n'as pas encore compris que mentir ne t'apportera rien de bon. Mais si cela peut te rassurer, on peut aller dès maintenant aux thermes, ainsi tu sauras ce que c'est. Elle le regarda amusée. Et pour quel trucs n'auras-tu pas à avoir peur de la comparaison ?

[Taliesin]

Podrick piqua un fard monumental, son visage pâle devenant brusquement d'un rouge des plus vifs, et, pour se donner une contenance, il avala aussi sec un marron. Et manqua le recracher aussitôt : il était brûlant, évidemment.
-Ben, heu... bafouilla-t-il lorsqu'il eut fini de tousser. Je... Haem... Enfin, vous savez, quoi... Nous, les garçons, on a... enfin... des fois, on compare... Et moi, ben, malheureusement...
Plus embarrassé que jamais, il s'attaque à un autre marron - plus prudemment, cette fois - et fit mine de s'intéresser à un arbre voisin, un arbre tout ce qu'il y avait de plus ordinaire mais qui parut absorber toute son attention durant une bonne minute.
-J'crois que ça serait mieux d'y aller, oui... finit-il par murmurer. C'est pas que j'ai envie, mais... Si je connais un peu, je me ferai moins de soucis, je passerai moins pour un nul...

[Arya Du Varden]

Chaque instant était une découverte du caractère complexe d'un petit enfant et Podrick n'était pas en marge d'une complexité qui l'interrogeait et qui en l'instant l'amusa, les humains avaient de drôles jeux, mais elle apprendrait certainement qu'il y en avait d'autres aussi étranges. Et tout comme Pordick l'avait fait pour tenter de trouver une consistance, elle prit un marron bien chaud pour éviter d'éclater de rire ce qui n'aurait pas été bien agréable pour son petit protéger. Puis après avoir réussi à ne pas se brûler, elle repris son sérieux.

Et selon toi, c'est ainsi que l'on reconnaît un homme fort et courageux ? Et bien, je ne le savais pas. Elle l'ébouriffa, Ce ne sont que des sornettes tout ça, ne te fais pas de soucis , la nature t'a fait ainsi et tu comprendras bien vite que ce n'est pas important. Mais si cela peut t'aider à ne pas appréhender d'aller aux thermes avec les autres élèves, alors allons-y. Il est encore tôt et nous avons largement le temps de nous y rendre si tu le veux.

[Taliesin]

-Mouais... répondit un Podrick apparemment pas très convaincu par les arguments d'Arya.
Il resta un moment à contempler le parc alentour, puis soupira à nouveau et reprit :
-J'veux bien y aller. Je préfère que la première fois, ça soit avec vous plutôt qu'avec eux. Comme ça je connaitrai un peu mieux... Et avec un peu de chance, y aura personne d'autre que nous.
Il s'éloigna d'un pas puis fit à nouveau face à la magicienne, penaud.
-J'vous fais du souci, hein ? Vous devez déjà vous dire que ça va pas être facile tous les jours, avec moi... Comme moi je me dis que ça va pas être facile tous les jours, l'école... En plus j'suis qu'un ronchon malgré tout c'que vous faites. Vous avez fait une mauvaise pioche...

[Arya Du Varden]

A cette réplique, Arya ne put que laisser aller sa bonne humeur, les ronchons, elle connaissait et surtout, son petit protéger pourrait se permettre bien plus que quiconque d'autre. Elle ne put s'empêcher de le prendre sans ses bras.

Tu sais Podrick, soit on peut trouver que l'avenir qu'on ignore sera mauvais et plein d'embûches, soit on peut se dire que c'est une réelle chance de découvrir beaucoup de nouvelles choses et ainsi de parfaire son savoir. Toi tu n'arrives pas à voir tout ce qui sera bon, moi je sais qu'à chaque seconde j'en apprendrai un peu plus, sur toi, sur les enfants, sur les humains. Evidement que ce ne sera pas toujours facile pour moi te répondre à tes attentes, de ne pas d'imposer ce qui me semble bon pour toi, mais j'ai appris à regarder la vie avec un regard neuf à chaque instant, à chaque fois chasser ce qui me déplait pour ne voir que ce qui sera bon et plaisant et dans toute chose, il y a du plaisir à trouver. Moi, je sais que le destin m'a offert le meilleur, et c'est toi.

Alors puisque tu es décidé à aller aux thermes, nous y allons de ce pas, pour moi c'est un vrai plaisir et pourtant si je m'y attachais, je ne verrais que le fait que je ne sais pas vraiment nager, je flotte, je barbote, mais c'est tellement agréable que cela me suffit et les regards narquois qui peuvent se poser sur moi me laissent indifférente. Je suis fière de ce que je suis, c'est cela que je veux que tu comprennes, tu dois être fier de toi et tu le peux, je te l'assure.

Le cornet de marrons étaient bien entamé et d'ici qu'ils arrivent auxthermes il serait terminé ..

[Voyageuse]

Astrée marchait d’un pas vif depuis la Taverne de la Bienveillance, les yeux fixés sur le sol à quelques mètres devant elle. Elle croisait quelques passants matinaux, simples ombres à la limite de son champ de vision. Elle ne les voyait pas, concentrée uniquement sur ses pas, sur l’itinéraire à suivre. Elle s’appuyait sur son bâton de marche, mais ses mains étaient un peu trop crispées dessus, comme si elle craignait une agression. Elle savait bien, pourtant, qu’elle n’avait rien à craindre de ce genre.
Petit à petit, cependant, les battements de son cœur semblèrent retrouver un rythme normal. Elle sentit qu’elle se détendait. Elle parvint même à relever un peu la tête, mais garda un regard vague, fixé quelque part devant elle, passant sans les voir sur les personnes qui croisaient sa route.

Elle parvint à l’entrée du parc sans que quiconque l’ait abordée, et poussa malgré elle un soupir de soulagement en gagnant l’abri des arbres. Un jeune homme s’y trouvait, qui lui lança un regard appuyé. Du moins est-ce ainsi qu’elle le perçut. Il s’écarta du mur sur lequel il s’était appuyé et se dirigea vers elle, souriant. Elle fit mine de ne pas l’avoir remarqué et s’enfonça plus profondément sous le couvert des arbres, le coeur battant soudain trop fort, cherchant à retrouver un peu de sérénité. Sa réaction était absurde, elle le savait. Peut-être l’inconnu voulait-il seulement un renseignement ? Il ne lui voulait en tout cas certainement aucun mal.
Elle passa une bonne partie de la matinée à marcher sans but dans le parc, admirant les fleurs sauvage qui poussaient un peu partout, respirant le parfum sucré de cette belle journée de printemps. Plus elle s’enfonçait à l’intérieur du parc, moins elle croisait de monde, et bientôt elle retrouva son calme. Finalement, tout s’était plutôt bien passé. Elle était parvenue à traverser la ville sans crise d’angoisse, sans paniquer. Et bien évidemment sans que quiconque ne lui manifeste d’intentions hostiles ni trop… intéressées. Elle inspira profondément, s’assit au pied d’un arbre et ferma les yeux, s’imprégnant de la quiétude du lieu.

Elle faillit s’endormir…. Réalisant soudain que midi approchait, elle se releva, épousseta ses vêtements pour se rendre un peu plus présentable, et se hata de rejoindre l’entrée du parc où Kasumi devait la retrouver.

[Kasumi]

Après avoir quitté le fort, Kasumi s’était dirigé vers son ancien bosquet en traversant le marché du port. Après quelques emplettes destinées principalement au déjeuner qu’il escomptait prendre au parc avec Astrée, le rôdeur avait rapidement quitté la foule pour rejoindre enfin l’étrange formation végétale qui se dressait sur les docks, à proximité des célèbres chantiers navals de Luménis. Contrairement à ce à quoi il s’attendait, le bosquet présentait des signes discrets d’entretien. Sans vraiment savoir pourquoi, il reconnut la patte de Garance et sourit à part lui qu’elle ait décidé d’en prendre soin. Cela le soulageait et il se promit d’aller en remercier la prêtresse dès que ses pas le porteraient vers le sanctuaire. Mais, pour l’heure, il n’avait qu’une hâte, rejoindre le par et sa bienaimée qu’il ne souhaitait pas faire attendre. Il longea le littoral en sens inverse ce qui l’amena une nouvelle fois dans les rues marchandes. Son attention se porta vers un étal qui le fit s’arrêter. Le marchand vendait de très jolis vêtements. Le rôdeur regarda un instant les robes proposées sur l’étal, se disant qu’il adorerait voir Astrée en porter une pour lui. Peut être se débrouillerait-il pour l’y amener et jauger sa réaction avant d’en acheter une… Le marchand repéra le client potentiel et n’eut aucun mal à le conseiller un peu. Kasumi pressa ensuite le pas, bien décidé à rattraper son retard avant qu’Astrée ne s’inquiète.

Contrairement à ses craintes il arriva le premier au lieu de rendez-vous et décida de faire une surprise à sa compagne, se dissimulant pour guetter son arrivée. Au bout d’une petite demi-heure, il l’a repéra qui approchait, s’émerveillant une nouvelle fois de sa beauté et de sa démarche souple et gracieuse.

Lorsqu’elle s’arrêta enfin pour s’asseoir sur un banc faisant face à l’entrée, il s’approcha silencieusement dans son dos et plaça ses mains devant ses yeux avant de s’adresser à elle d’une voix charmeuse :

- Bonjour ! Vous attendez quelqu’un, mademoiselle ?

[Voyageuse]

Astrée sursauta lorsqu’un inconnu s’approcha silencieusement derrière elle. Elle ne perçut sa présence qu’un instant avant qu’il ne mette ses mains sur ses yeux, et ses mains se crispèrent sur son bâton. Elle n’eut pas le temps d’en faire usage qu’elle reconnaissait sa voix. Kasumi.

- Tu m’as fait peur, fit-elle en saisissant ses mains dans les siennes pour les écarter de ses yeux, d’un ton où perçait le soulagement.
Elle s’essaya à rire. Son rire sonnait parfaitement faux, et elle cessa aussitôt. Elle parvint néanmoins à sourire en se retournant vers lui. Elle sentait les battements de son copeur se calmer petit à petit. Elle avait eu peur, elle devait bien l'avouer. Réaction stupide...

- Je ne savais pas que tu étais déjà là. Ils ne t’ont pas gardé bien longtemps au fort… Est-ce que cela signifie qu’ils n’ont pas besoin de tes services pour le moment ?

Le ton était plein d’espoir. Si son compagnon n’avait pas de mission à accomplir, ils pourraient quitter la ville assez vite, retourner peut-être dans les montagnes, ou bien ailleurs. Peu importait. L’essentiel était qu’ils soient ensemble.

[Kasumi]

Kasumi se morigéna pour avoir effrayé Astrée. Il aurait du prévoir sa réaction… Que lui était-il passé par la tête ? Il s’approcha à ses côtés et lui passa un bras derrière la taille, oubliant instantanément tous ses soucis. Il poussa un soupir d’aise et l’entraîna vers le centre du parc avant de répondre calmement :

- Non, mes services ne sont pas requis au fort pour le moment. Alors, j’ai pensé que tu pourrais t’occuper de me trouver des choses à faire. Ne serait-ce que pour me faire pardonner de t’avoir effrayé. Si on me propose une mission, ce sera probablement hors de la ville. Dans un cas comme dans l’autre, nous ne resterons pas plus de deux ou trois jours en ville je pense.

Les deux rôdeurs continuèrent à marcher un peu, tendrement enlacés avant que le demi-elfe reprenne la parole d’un ton enjoué :

- Je nous ai acheté de quoi manger. Et je t’ai aussi trouvé une surprise pour après. Si tu es sage, bien sûr !

[Voyageuse]

Astrée tourna vers son compagnon un regard brillant de curiosité et d’une impatience un peu enfantine.
- Une surprise ? C’est quoi ? Tu peux pas me la montrer tout de suite ?

Devant l’air mystérieux du rôdeur, elle se fit enjôleuse et tenta de détourner un peu son attention.
- Mon amour… C’est gentil d’avoir pensé aux provisions, j’avoue que ça m’étais complètement sorti de la tête. Et je te promets d'être très très sage. Mais tu risques de le regretter, ajouta-t-elle avec un clin d'oeil malicieux.
- Bon, on va être obligés de manger très vite pour que je voie ta surprise… Au fait, qu’est-ce que tu nous as trouvé à manger ?

Tout en parlant pour dissimuler ses intentions, elle s'était blottie un peu plus contre lui, et passa son bras autour de sa taille. Sa main glissa subrepticement vers sa poche, essayant d’y subtiliser l’objet en question.

[Kasumi]

Kasumi faillit tomber dans le piège de sa compagne lorsqu’elle l’enlaça mais le ton un peu précipité d’Astrée avait trahi ses intentions réelles. Il attrapa la main qui s’était glissée en direction de sa poche et la ramena devant lui. Il plaça ensuite la sienne derrière sa taille et profita de leur proximité pour l’embrasser longuement. A bout de souffle, il s’écarta juste un peu, une lueur brillant dans les yeux. Il parla d’un ton espiègle :

- Très très sage ? Ça m’étonnerait que tu en sois capable ! En tous cas, tu n’en as pas donné l’impression, cette nuit…

Il partit d’un rire bon enfant devant la mine outrée de la rôdeuse et reprit précipitamment la parole d’un ton plus doux :

- Tu auras ta surprise de toute façon, mon cœur. Mais pas avant d’avoir pris le temps de manger.

Ils cheminèrent encore un peu avant de trouver l’endroit idéal : une pelouse située à l’ombre de grands châtaigniers un peu à l’écart de l’allée principale du parc. Le rôdeur déroula un carré de tissu sur le sol avant de sortir le déjeuner de sa besace. Le pique nique était composé d’aliments simples mais appétissants et en quantité, un pâté en croûte ainsi que plusieurs tranches de jambon cru, des œufs durs, des tomates et de belles tranches de pain. Kasumi avait même acheté une petite cruche de vin frais et fruité pour accompagner le tout. Devant la mine ravie d’Astrée, il ne put s’empêcher d’ajouter d’un ton enjôleur :

- J’ai prévu aussi un dessert mais seulement si tu as encore faim après tout ça.

[Voyageuse]

Astrée eut un sourire complice, et répondit d'un ton gourmand :
- Tu sais bien que j'ai toujours faim ! En prenant bien garde de ne pas préciser davantage sa pensée. Elle savait que son compagnon avait volontairement donné un double sens à sa phrase, comme toujours…

Ils avaient suffisamment cheminé pour être maintenant éloignés des autres visiteurs du parc, et Astrée se sentait parfaitement détendue. Elle se lova contre son compagnon, l’enlaçant tendrement, et l’embrassa à son tour, amoureusement.
Puis ils s’assirent l’un près de l’autre, à l’ombre des chataigniers, et se mirent à dévorer de bon appétit les provisions du rôdeur. C’était un repas simple, mais consistant, et Kasumi, connaissant l’appétit de sa compagne, avait prévu des quantités suffisantes pour nourrir au moins cinq ou six convives affamés. Son estomac finit par crier grâce, ou presque – elle s’efforçait de garder un peu de place pour le dessert promis, si toutefois il s’agissait d’un dessert comestible...

Levant les yeux vers son compagnon, elle sourit.
- C’était délicieux. Dommage que Première Neige ne soit pas avec nous pour en profiter, elle aurait adoré ce jambon. Mais… tu m’avais parlé d’un dessert, non ? Y a-t-il quelque chose de spécial à faire pour le mériter ?, ajouta-t-elle d’un ton malicieux en plongeant amoureusement son regard dans le sien.

[Kasumi]

Kasumi rendit un regard amoureux et complice à sa compagne. Il ne put résister à l’envie de l’embrasser avant de lui répondre, profitant simplement de l’instant. Ils n’étaient pressés par aucune contrainte et le cadre était parfaitement en harmonie avec leur humeur. Leurs lèvres se séparèrent au bout d’un temps infini et le rôdeur sourit :

- Tu n’auras jamais rien à faire de spécial pour mériter mon attention mon cœur. Simplement être Astrée, la femme qui est si spéciale pour moi…. C’est vrai que j’ai parlé de dessert. Te souviens-tu de la première fois où nous nous sommes promenés sur le port ensemble ? J’ai retrouvé ce marchand et je m’en suis souvenu. Mais peut être pensais-tu à un autre type de dessert ?

Il prit une expression mutine en se penchant un peu plus vers elle….

[Voyageuse]

Astrée se mit à rire.
- Un autre type de dessert ? Non, je ne vois vraiment pas, fit-elle d'un ton innocent. A moins que... Ah, tu parles de ce type de dessert !
Et, joyeusement, elle l'enlaça pour l'embrasser à nouveau.

- Voyons, tu ne crois quand même pas que je vais laisser passer une occasion de déguster des gaufres au chocolat ? Le reste attendra ce soir... Et puis, je veux ma surprise, aussi ! Mais d'abord.... Fais-moi voir ces gaufres ! Quelle merveilleuse idée d'y avoir pensé...

Tout en parlant, elle avait ouvert la besace du rôdeur pour en extirper les douceurs en question. Ils étaient froids bien sûr. Mais presque aussi bons que chauds, comme elle s'en aperçut dès la première bouchée.
Par taquinerie, elle s'empara également de la part de son compagnon, et il dut batailler ferme pour la récupérer, n'hésitant pas à recourir à son arme favorite : les chatouilles. Elle finit par demander grâce et lui rendit l'objet du délit.

Elle se lova contre lui pour achever de déguster tranquillement son dessert. Il faisait un temps magnifique, et les oiseaux du parc semblaient s'être donnés rendez-vous au-dessus de leur tête pour improviser un concert. Elle se sentait bien, détendue. La vie était merveilleuse et elle était la femme la plus heureuse du monde....

[Kasumi]

Kasumi n’avait presque plus faim après le copieux repas mais cela ne l’empêcha de batailler pour obtenir la part de dessert qui lui revenait, pour le plaisir de la joyeuse lutte autant que par principe. Mais le chahut cessa bien vite, remplacée par le sentiment de bien être.

Une fois qu’ils eurent dévoré leur dessert, Kasumi se déplaça derrière Astrée et l’attira pour qu’elle puisse s’appuyer contre sa poitrine. Il posa ensuite ses mains sur ses épaules et entreprit un de ses massages qu’il savait détendre profondément Astrée. Il continua un moment ainsi en silence, tendrement avant de parler d’une voix enjouée :

- Oh que je suis bête ! J’ai failli oublier ta surprise ! Tu la veux tout de suite peut être ?

Sans attendre de réponse, il recommença les caresses là où il les avait laissées comme s’il s’attendait à ce que la rôdeuse accepte d’attendre…

[Voyageuse]

La rôdeuse avait fermé les yeux, savourant le massage si doux de son compagnon. Elle en avait presque oublié la fameuse surprise.

Elle ouvrit un oeil à moitié éveillé lorsque Kasumi parla, puis se réveilla complètement à la mention de la surprise et voulut se redresser. Mais déjà, il reprenait ses massages.
Elle se redressa, et répondit d'un ton faussement outré :
- Bien sûr que je la veux tout de suite !

Elle se retourna vers lui et sourit, les yeux brillants de curiosité.
-Je sais que c'est un sacrilège d'interrompre de si bons massages mais... Alors, cette surprise ? C'est quoi ?