[Lieu] Les habitations du Quartier Ouest

[Chandara]

Quête : Nouvel appel

Chandara n'avait heureusement depuis les quais aucun mal à suivre le jeune-homme tout en s'efforçant déjà de réfléchir à la situation plus que compliquée dans laquelle elle s'était immiscée : il apparaissait déjà nettement que Victoria appartenait à une famille de notable voire même de nobles et que c'était aussi le cas de Nestor. Voilà qui ne manquait pas de sérieusement compliquer les implications d'une annulation de mariage.

Mais la Dorrandine n'allait pas se laisser impressionner avant même d'avoir tenté de faire le bonheur de deux jeunes gens amoureux. Si tel était bien le cas pour Victoria...

- Est-ce que son père était au courant de votre relation ?

Une façon détournée d'en apprendre davantage sur cette dernière et d'exclure l'hypothèse que Colin puisse ait pu s'en faire une fausse idée.

[Galathée]

" Non, bien sûr que non ! Enfin... Si, peut-être bien... Mais bon... Il ne voyait pas ça d'un bon oeil. Ça fait longtemps qu'il avait l'intention de la marier à Nestor, je crois."
Ils étaient désormais dans un quartier populaire de petites maisons, dans lesquelles devaient résider des pêcheurs et des commerçants. Une odeur de poisson plutôt intense flottait dans l'air, et des filets, nombreux, séchaient ça et là devant les façades et dans les allées.
" Mais bref... Victoria, c'est une fille qui sait ce qu'elle veut. Son père, on s'en fiche !"

[Chandara]

Chandara lui adressa un sourire de connivence mais le garçon semblait tout de même un peu trop aveuglé par sa passion. C'était presque un comble et en tous cas inquiétant qu'elle entre toutes s'en rende compte... Elle allait devoir se montrer raisonnable et réfléchie pour eux deux ce qui ne manquait pas de l'effrayer. Ce qu'elle aimerait pouvoir compter sur les conseil d'Arthur en un moment comme celui-ci !

- Je suis bien d'accord avec vous sur le fond : seul compte votre amour et que vous puissiez l'exprimer. Mais son père est tout de même un obstacle qu'il ne faut pas perdre de vue : Victoria pourrait vouloir ménager son père... Ont-ils ne bons rapports ? En dehors du fait qu'il veut lui faire épouser quelqu'un contre sa volonté bien sûr...

[Galathée]

Colin haussa les épaules. Il avait ralenti et marchait désormais à côté de Chandara. Les quelques personnes qu'ils croisèrent semblèrent ne rien penser de leurs tenues défraichies.
" Elle n'a pas de mauvais rapports mais pas de bons non plus. Son père, la seule chose qui l'intéresse, c'est son empire commercial. Alors sa fille, c'est juste un élément de sa fortune parmi d'autres. Evidemment, Victoria s'emporte beaucoup contre lui. Mais voilà... c'est un peu toujours comme ça, non, entre parents et enfants ? Ils comprennent jamais rien."

[Chandara]

Elle s'était malgré tout résolue à épouser un homme qu'elle n'aimait pas pour respecter la volonté de son père. Si cette pensée horrifiait Chandara, elle savait que c'était malheureusement chose très courante surtout dans les familles aisées : c'était en tous cas un premier écueil contre lequel elle allait devoir trouver des arguments...

La jeune-femme ne démentit pas l'affirmation de Colin - peu désireuse de se lancer dans ce genre de débats - et consciente de sa chance d'avoir eu des parents compréhensifs :

- Bon, il va falloir trouver un moyen de l'approcher et de lui parler seule à seule : je doute de parvenir à convaincre son père et la décision doit de toute façon venir de Victoria. Vous avez déjà des idées ?

[Galathée]

" Pourquoi vous voulez parler à Victoria ? C'est pas elle qu'il faut convaincre... Ni son père, d'ailleurs. Non, faut l'enlever. On entre en catimini et on la délivre, et puis on fuit et on se cache ! Ils nous trouveront pas. Ou pas vite. On se marie avant qu'ils nous trouvent ! Ensuite, ils pourront rien faire !"
Il s'était arrêté devant une masure particulièrement décrépite. Les fenêtres n'avaient pas de vitres, et la porte un peu vermoulue était entrouverte. Il se dirigea avec aplomb vers le seuil, en rien gêné par l'allure de sa demeure.
" Venez. Je vais vous trouver des vêtements de Maora."

[Chandara]

Chandara le suivit sans prendre garde à la décrépitude des lieux : il était évident que Colin était pauvre ce qui avait du entrer en ligne de compte. Et pourtant, ce n'était certainement pas un argument pour renoncer à l'aider et ce n'est pas ce qui la fit hésiter :

- Attendez un instant, Colin : je ne vais enlever personne. Je veux convaincre Victoria de nous suivre mais je veux être bien certaine que c'est sa décision. C'est pour cela que j'aurai besoin de lui parler.

[Galathée]

Colin haussa les épaules.
" D'accord. Elle nous suivra, je n'en doute pas. Mais je ne sais pas comment vous allez pouvoir parler avec elle en privé... C'est son mariage. Est-ce qu'il n'y a pas toujours une foule de dames de compagnie autour de la mariée, dans ces trucs-là ?"
Il avait ouvert la porte.
" Mémé ! J'suis rentré !"
Une sorte de croassement jaillit d'une porte voisine, suivit d'une quinte de toux formidable, mais le jeune homme n'y prêta guère attention et s'engagea dans les escaliers.

[Chandara]

Elle allait malgré tout de voir trouver comment faire pour s'introduire parmi l'entourage de la future mariée et surtout pour lui parler ne serait-ce que quelques instants. Mais elle n'en était pas encore là et il n'y avait certainement aucune minute à perdre si elle voulait arriver avant la cérémonie et mettre en œuvre son plan un peu fou. Elle suivit donc Colin dans l'escalier sans un mot : il fallait déjà qu'elle regagne un semblant d'apparence présentable où elle n'aurait pas la moindre chance d'approcher de Victoria et encore moins de la dissuader d'abandonner ses sentiments.

[Galathée]

Colin l'introduisit dans une pièce dépouillée qui comptait trois lits défaits. Il se dirigea vers l'un d'entre eux et ouvrit le coffre à son pied. Il y fouilla un moment, rejetant des vêtements en pagaille tout autour, jusqu'à trouver une tunique de toile grise et des chausses, qu'il emporta jusqu'à Chandara.
" Voilà. Ça devrait aller. Il y a un tonneau d'eau dans la cour, pour qu'on se lave. Vous pouvez y aller la première. Personne vous verra, avec les murs."
Par la fenêtre, il désigna le petit espace encadré d'une palissade qui se trouvait derrière la maison. Il y avait juste un vieux chien, un tonneau, et un filet troué qui séchait.

[Chandara]

Chandara esquissa une grimace mais elle devait bien reconnaître avoir connu pire lorsqu'elle avait dû se laver dans des rivières glacées. Quant aux vêtements, au moins semblaient-il à peu près à sa taille même s'ils manquaient singulièrement de goût et de fantaisie. Elle n'avait de toute façon pas le temps de faire la fine bouche et elle se contenta de remercier Colin avant de se précipiter vers la cour :

- Ne vous en faites pas, je serai prête en cinq minutes à peine !

C'était ambitieux surtout si elle voulait se débarrasser de cette odeur de poisson plus que désagréable mais elle comptait faire de son mieux. Dans la cour, elle abandonna très vite ses vêtements à même le sol et sans vraiment en se souciant soucier qu'on puisse que du risque d'échouer : l'urgence était sa principale préoccupation : il y avait une relation amoureuse à préserver et elle espérait que ses actions rendraient honneur à la Dame.

[Galathée]

L'eau était glacée et le vieux chien vint renifler ses jambes pendant qu'elle se lavait. De la fenêtre qui donnait dans la cour, Chandara entendit la mémé de Colin vociférer d'une voix cassée, sans qu'elle parvienne à en comprendre le moindre mot. Peut-être était-elle d'origine étrangère, à moins qu'il ne s'agisse d'un patois luménien très éloigné du commun. Ou alors, simplement, elle n'avait plus beaucoup de dents. Elle était trop pressée pour s'en inquiéter outre mesure. Le vent était tiède et se glissait dans la cour en agitant la poussière qui s'y trouvait, contribuant néanmoins à sécher la jeune femme. Elle en fut quitte pour une dizaine de minutes, à peine plus que ce qu'elle avait annoncé à Colin. Ses cheveux étaient toujours mouillés mais moins sales, et l'odeur s'était atténuée. Enfin... Sans doute. Car tout le quartier sentait le poisson et il n'était pas aisé de faire la part des choses.

[Chandara]

Chandara estimait avoir une allure pas loin d'être épouvantable mais elle ne pourrait guère faire mieux sans perdre au moins une heure à retourner à la commanderie pour profiter de ses installations, s'habiller de vêtements bien coupés, se parfumer et s'occuper de sa coiffure. Non, elle devait faire avec les moyens du bord et elle espérait que Sunie le comprendrait et ne vouerait pas sa tentative à l'échec. La jeune-femme s'habilla à la hâte avant de retourner dans la maison pour prévenir Colin que la place était libre : au moins cela lui donnerait quelques minutes pour arranger ce qui pouvait encore l'être, notamment ses cheveux en pagaille.

[Galathée]

Le jeune homme était juste derrière la porte aussi n'eut-elle pas à le chercher bien longtemps. Il prit la place avec un sourire un peu niais, allant se débarbouiller dans le tonneau sans songer à se dissimuler particulièrement. Chandara, de son côté, réalisa rapidement qu'il n'y avait pas de miroir dans le couloir de la maison et si elle voulait en dénicher un (en imaginant que la famille de Colin dispose de ce genre de choses), il faudrait qu'elle se lance dans une exploration... relativement risquée.

[Chandara]

De ce qu'elle avait pu entrevoir jusqu'ici, elle doutait pouvoir trouver un miroir dans la maison aussi ne s'y risqua-t-elle pas, préférant laisser ses cheveux retomber libre sur ses épaules et attendre que Colin en ait fini de sa toilette tout en regardant dans une autre direction. Le plus urgent était qu'elle remette un peu d'ordre dans ses pensées : ce qu'elle s'apprêtait à faire semblait complètement fou et elle aurait bien du mal à le justifier si elle avait à nouveau affaire à la garde et pourtant elle savait qu'elle ne pouvait plus reculer. Et qu'elle n'en avait de toute façon pas envie : pas avant d'avoir pu parler avec Victoria et l'avoir interrogée sur ses choix.

[Galathée]

Colin la rejoignit quelques minutes plus tard, un peu plus frais, et il l'entraîna vers la rue, saluant sa mémé avant de franchir le seuil de la masure.
" Vous avez une idée de comment rentrer dans le palais ?demanda-t-il, en marchant d'un bon pas. Par les cuisines, vous croyez ? Faudrait que le soleil sèche un peu vos cheveux, parce que vous avez l'air... un peu bizarre, comme ça."

[Chandara]

Décidément, il semblait que Colin ne soit pas particulièrement doué pour ce qui était de parler aux femmes... Mais elle ne pouvait pas vraiment lui en tenir rigueur même si, à bien y réfléchir, son état actuel avait beaucoup à voir avec sa tentative de se noyer dans le port. En tâtonnant sa sacoche, qui n'avait heureusement pas trop souffert de la baignade plus ou moins involontaire, une idée germa dans son esprit.

- Je n'aime pas trop les subterfuges mais nous n'avons guère le choix : peut-être que je peux me faire passer pour l'employée d'un artisan chargée de remettre un petit présent à la future mariée de la part de son fiancé. Ce n'est pas très protocolaire et je n'ai pas vraiment de bijou ou ce genre de choses mais j'ai des chocolats dans mon sac.

C'était risqué et loin d'être très convaincant mais elle espérait que son charme puisse lui ouvrir des portes...

[Galathée]

Colin parut sceptique, mais finit par acquiescer.
" On n'a rien à perdre, de toute façon, hein ? Mais je ne suis pas sûr que Victoria aime le chocolat, cela dit. C'est ce truc bizarre de Maztica qui a la même couleur que le... caca, non ?"
Il frissonna théâtralement.
" Je comprends pas comment on peut manger un truc aussi... bizarre."

[Chandara]

Malgré la gravité de la situation, Chandara ne put s'empêcher d'éclater de rire et de faire remarquer au jeune-homme que ce n'était qu'une excuse et que Victoria n'aurait pas à en manger. Un tort car d'après elle, c'était une denrée délicieuse.

- Bon, mettons-nous en route : où se trouve le palais ? Dans les beaux quartiers ? Et à toutes fins utiles, savez-vous où doit se tenir la cérémonie ?

[Galathée]

" Non, non, le palais se trouve dans le coin chic de ce quartier-ci, vers le sud. C'est pas un vrai palais, hein. Enfin, ça dépend ce qu'on appelle un palais, j'imagine."
Ils redescendaient désormais vers le port, dans la foule de la mi-journée, ne dénotant plus trop parmi les badauds issus de toutes les franges de la société luménienne, et d'ailleurs.
" Le mariage aura peut-être lieu là. Ou alors au Temple de Lathandre, c'est possible. J'en sais trop rien. Le père de Victoria, c'est pas vraiment un type pieux et puis j'ai pas reçu d'invitation, moi."

[Chandara]

Misère... Au temple de Lathandre : il ne manquerait plus que cela ! Déjà que ses ennuis avec les gardes au port et sans doute les conséquences de ce qu'elle s'apprêtait à faire, Chandara allait certainement devoir se trouver un logement hors des murs de la commanderie à ce rythme...

Mais même si cela la désolait d'avance, elle n'avait pas encore le loisir de s'en soucier : il fallait qu'elle se concentre sur son entrée dans le palais. Se présenter aux portes principales était exclu mais la laisserait-on entrer par les cuisines ? Et fallait-il ajouter au risque d'emmener Colin avec elle ?

- Espérons que nous pourrons rencontrer Victoria au palais, mumura-t-elle en partie pour elle-même.

Diantre, elle n'avait certainement pas pour habitude d'agir ainsi dans la clandestinité et elle allait devoir prendre sur elle pour afficher une confiance et une sérénité qu'elle était loin de ressentir. C'était une nécessité ou elle sentait que sa supercherie se verrait en un clin d'œil. Alors, pour se donner du courage, elle adressa une prière silencieuse à Sunie, requérant un bon conseil pour ne pas risquer de la décevoir.

[Galathée]

Colin acquiesça.
" Vous avez un plan, avec vos cholocats. Alors ça ira, j'en suis sûr."
Sunie, quant à elle, demeura silencieuse. Autour d'eux, les maisons devenaient plus belles, les odeurs de poisson s'étaient atténuées pour être remplacées par le doux parfum de l'iode. La brise était tiède, les mouettes dansaient dans le ciel, et la foule était moins dense. Les boutiques s'étaient espacées, on remarquait désormais surtout des habitations coquettes, bien entretenues, moins spectaculaires que dans le quartier sud, mais néanmoins cossues et parfois extravagantes. Leur opulence parfois tape-à-l'oeil les désignait comme appartenant à des marchands.
Finalement, en bout de rue, Chandara aperçut... un petit palais criard, d'un mauvais goût consommé, jaune et rouge et un peu vert aussi, comme un gros gâteau écoeurant posé dans le quartier. Mais en fait... il ne dénotait même pas vraiment. A ses côtés, Colin était devenu un peu nerveux.

[Chandara]

Chandara ne put s'empêcher d'observer - quelques instants et avec une expression épouvantée - l'horreur vers laquelle Colin l'emmenait. Décidément, le père de Victoria avait aussi mauvais goût pour sa demeure que pour le choix du fiancé de sa fille ! Elle prit en tous cas cela comme un signe : nuire à un tel homme ne pouvait pas être un péché au regard de Sunie, surtout en considérant qu'elle le faisait dans l'espoir de promouvoir l'amour. Elle se tourna vers Colin, nota sa propre nervosité et lui demanda doucement :

- Est-ce que vous êtes connu par ici ? Si c'est le cas, je ferais mieux d'y aller seule...

Si ce n'était pas le cas, il le valait peut-être mieux aussi... Mais avant d'aller plus avant, elle sortit de son sac un petit carnet duquel elle déchira une page pour y écrire soigneusement : "Je souhaite vous parler en privé : il s'agit de Colin". Juste au cas où elle puisse approcher Victoria mais sans pouvoir lui parler discrètement.

[Galathée]

" Ben... Je travaillais pour le père de Victoria. Alors fatalement, oui, on me connait un peu."
Il sourit, un peu rêveur.
" Je faisais les petites réparations... parfois de la peinture... mettre de l'huile dans les charnières des portes, ce genre de choses... C'est comme ça que j'ai rencontré Victoria."

[Chandara]

Chandara se sentait extrêmement tendu de devoir s'introduire ainsi chez quelqu'un et de devoir certainement mentir pour le faire : c'est peut-être ce qui expliqua sa répartie légère, comme une façon d'évacuer la pression :

- Comment ? Vous avez rencontré Victoria en graissant les gonds sa porte ? Je parie qu'il y a une histoire que vous ne me dites pas tout ! Par exemple, que la porte de la chambre de Victoria était la mieux huilée de tout le domaine !

Le regard espiègle, elle ajouta toutefois un peu plus sérieusement :

- J'imagine que vous n'y avez plus vos entrées ?

[Galathée]

Colin avait l'air déstabilisé par sa plaisanterie, mais il retrouva son aplomb à sa question suivante.
" Ben non. Je me suis fait virer. Mais pas à cause de Victoria, non ! A cause de... ouais enfin... d'un autre truc pas important. Vraiment. Rien à voir. Alors Victoria et moi, on a continué à se voir... vous voyez... sur le côté... discrètement... Vu que je pouvais plus entrer comme ça."

[Chandara]

Chandara ne préféra pas insister dans ses insinuations puisque Colin y semblait parfaitement hermétique et qu'ils approchaient maintenant du domaine. L'ancienne paladine sentit son cœur s'accélérer en ne pouvant s'ôter de l'idée qu'elle serait certainement incapable de mentir et que cela se verrait immédiatement si elle s'y risquait.

Mais elle ne pouvait plus reculer, elle avait affronté d'autres appréhensions, d'autres situations périlleuses. Elle devait trouver le courage d'affronter celle-ci ! Affichant une détermination qui n'était que de façade, elle se tourna vers Colin :

- Bon, j'ai besoin de deux choses : tout d'abord que vous m'indiquiez où se trouvent les cuisines pour que je puisse m'y rendre naturellement. Ensuite, lors de ces rendez-vous secrets, j'imagine que Victoria ne passait pas par la porte d'entrée : ce serait bien que vous nous attendiez où vous vous retrouviez et nous essayerons de nous faufiler...

Si elle parvenait à approcher Victoria, à lui parler, que la jeune-femme accepte de la suivre et qu'elles parviennent toutes deux à se faufiler sans attirer l'attention. Cela faisait beaucoup, beaucoup trop de "si" à son goût... Par la déesse, comment Arthur faisait-il pour garder espoir en toute situation ?

[Galathée]

Colin parut à nouveau décontenancé.
" On se retrouvait jamais aussi près de chez elle, dit-il. C'est elle qui me retrouvait sur le port, ou parfois dans le parc... Mais c'est jamais moi qui serais venu jusqu'ici, j'suis pas fou ! Les gardes de son père... ils m'auraient rossé, si j'avais osé... Non. C'est par sa dame de compagnie, qu'on s'arrangeait. Elle venait me porter des messages et moi... ben je l'attendais. Vu que je sais pas écrire, je pouvais pas faire beaucoup mieux."

[Chandara]

Bon, fondamentalement cela ne changeait rien... Ou presque. De toute façon, Chandara n'avait pas prévu de faire appel à l'aide de Colin. Le rôle du jeune-homme dans sa tentative se terminait donc certainement là mais si - par miracle - elle réussissait ce qu'elle se proposait d'entreprendre, il aurait fort à faire par la suite.

- Colin, indiquez-moi juste où se trouve la cuisine ou l'entrée des domestiques puis nous vous retrouverons chez vous si tout se passe bien : je l'espère de tout cœur en tous cas. Mais j'apprécierais que vous me rendiez un petit service en attendant. Ce serait de vous rendre à la Commanderie des paladins de Lathandre pour porter un message à Sire Arthur. Pour lui dire que je risque d'être très en retard mais qu'il ne s'inquiète pas. Vous pourriez faire ça pour moi ?

C'était autant une façon d'occuper le jeune-homme pour qu'il n'ait pas à se ronger les sangs si elle tardait à revenir. Ce qui était malheureusement probable...

[Galathée]

Le jeune homme parut vaguement scandalisé.
" A la commanderie des paladins, vous plaisantez ? Vous imaginez si on me voit près de ces pr... Oh. Vous ne plaisantez pas. Sire Arthur, hein. Hum. Bon. Mais vous croyez que c'est prudent ? Parce que si vous vous plantez, je serai là trop tard. Et je lui dis quoi, à votre Sire Arthur, s'il veut savoir ce que vous faites ? Parce que je veux pas qu'un paladin vienne fourrer le nez dans mes affaires, oh non ! Il risque de vouloir me suivre, tout ça... "