La Couronne de Cuivre

Astrée secoua la tête.
" Je n'ai pas fait cela pour de l'or, vous savez. L'essentiel est que cela couvre mes frais de voyage, je n'en demande pas plus. Et puis, je vous l'ai dit, ce voyage m'a énormément apporté. C'est assez complexe à expliquer, en réalité... Il m'a ouvert sur des questionnements, des remises en question, d'autres visions du monde... Il m'a donné l'envie d'agir, sans que je puisse vraiment expliquer comment... l'envie d'aider à préserver l'équilibre de la nature, même si ça me parait bien présomptueux. C'est flou dans mon esprit. Mais... je sens que tout cela me pousse vers des voies que je ne connais pas encore."
Elle sourit.
" Je vous l'ai déjà dit, c'est moi qui devrais vous remercier de m'avoir entraînée là-dedans."

" Alors nous sommes toutes deux satisfaites." dit Miranda en souriant.
Elle l'entraîna à travers la porte fenêtre et elles gagnèrent le jardin fleuri. Des enfants couraient à droite à gauche, pris par leurs jeux. Hélory et son compagnon avaient, quant à eux, pris une certaine avance. Le pas de l'enfant miraculé était encore incertain car il avait beaucoup maigri depuis son accident, malgré les bons soins de ses gardiens.
" J'espère que vous pourrez faire sens de cette expérience, en tout cas..."

" Je l'espère aussi..."
Astrée observa quelques instants l'enfant. Elle était heureuse qu'il marche à nouveau, mais ce n'était pas ce miracle qui donnerait un sens à ce qu'elle avait vécu, à sa vie. Elle se trouvait face à un sentiment de vide, sans parvenir à décider ce qu'elle allait faire dans les jours et les mois à venir, et ça n'était pas une sensation agréable. Elle avait déjà connu ce vide par le passé, mais c'était alors une pure souffrance. Là, il y avait autre chose. Un questionnement, un besoin de trouver du sens. Et elle ne savait pas où chercher les réponses.
Elle réprima un soupir, dissimulant de son mieux son trouble intérieur, et sourit à Miranda.
" Je ne vais pas vous accaparer plus longtemps : vous avez des enfants à soigner, et un petit miracle à fêter dignement. Je reviendrai un jour prendre des nouvelles... En attendant, passez une bonne fin de journée, et profitez bien du printemps !"

HRP : encore mille merci pour cette quête magnifique... et qui a parfaitement atteint son objectif !

HRP : avec plaisir et tant mieux

" Vous aussi, Astrée, et puisse votre quête trouver ses réponses. Vous le méritez bien, pour tout le bonheur que vous nous avez apporté." dit Miranda en la raccompagnant jusqu'à la grille.
Le gardien vint lui ouvrir et referma précautionneusement derrière elle : difficile de savoir s'il voulait protéger les enfants de l'extérieur ou empêcher ceux-ci de filer dans les rues. L'ancienne prêtresse de Helm la salua d'un geste puis fit volte-face et regagna les allées du parc de l'orphelinat.

Astrée regarda quelques instants la guérisseuse s'éloigner, chercha machinalement à apercevoir une dernière fois Hélory. Puis elle se détourna et se mit en marche, sans but précis. Elle ne savait pas où aller ni que faire, et ce vide, à présent qu'elle était seule, lui emplissait l'esprit et l'oppressait. La discussion avec Miranda avait réveillé des émotions encore mal enfouies et elle se sentait presque au bord des larmes.

Elle réalisa que ses pas la dirigeaient machinalement vers le nord, en direction du grand parc verdoyant et peut-être de l'herboristerie. Mais c'était trop tôt, Isudë n'était sans doute pas rentrée. Et puis, midi approchait, il valait mieux qu'elle prenne le temps de manger un bout avant d'aller lui rendre visite. Et puis... et puis surtout, il fallait qu'elle évacue ces émotions avant, sans quoi elle risquait de se retrouver à fondre en larmes bêtement, sans raison. Elle avait besoin d'une pause, de calme et de solitude.

Les allées du grand parc seraient certainement trop fréquentées en cette belle journée du mois de Mirtul, par des étudiants, des fonctionnaires, des travailleurs en tout genre profitant de leur pause déjeuner. Mais il y avait ce bosquet, au bout de la jetée, où elle allait autrefois avec Kasumi. Elle y trouverait probablement la sérénité qui lui faisait défaut. Elle obliqua donc résolument vers l'ouest.

La Couronne de Cuivre

[Bâtiment] L'orphelinat du seigneur Artwin