La Couronne de Cuivre

Quête : un désir de crépuscule

Kasumi empila une belle quantité de nourriture sur une assiette - le repos attendrait qu’il se soit sustenté - puis il remercia le novice qui les avait accompagnés jusqu’au réfectoire :

- Je pense dormir quatre heures sauf si on demande à me voir avant cela. J’irai me reposer aussitôt mon repas terminé.

Sans plus attendre, le rôdeur se trouva une place confortable non loin de l’âtre qui répandait une douce chaleur puis s’attaqua sans manières à son repas.

Quête : un désir de crépuscule

Le rôdeur se sentait reposé bien que la « nuit » fut courte. Il s’était déjà éveillé lorsqu’un novice avait frappé à sa porte. Il avait alors gagné le réfectoire sans hâte après avoir renfilé des vêtements chauds en prévision de leur prochaine probable sortie. Sa pelisse était encore humide de la nuit dernière bien qu’elle fut étendue près du feu. Kasumi répugnait à s’en vêtir mais s’il fallait à nouveau quitter le sanctuaire bientôt, il n’aurait guère d’autre option.

Il salua Belenn et prit place non loin de lui avant de résumer les évènements du début de matinée :

- Nous avons suivi les traces des Sharites jusqu’à l’extérieur des murs. Ils ne sont pas passés par les portes et ont assassiné l’un des leurs, probablement l’une de leurs récentes recrues. Nous avons perdu leur trace à une demi-lieue environ de la cité. Quelles sont les nouvelles de votre côté à Taliesin et vous-même ?

Belenn lui servit un bol de soupe et poussa un bol de croûtons appétissants dans sa direction.
« Taliesin s’est rendu à leur planque et l’a fouillée de fond en comble. Il n’y a apparemment rien trouvé de probant, sinon du sang et des larmes. De la monnaie cormyrienne, aussi. Mais je doute qu’ils soient repartis aussi loin. Cela n’aurait pas de sens. »
Il secoua la tête et haussa les épaules.
« Pour le reste, il faudra lui demander directement. Quant à moi, j’ai organisé le transfert des prisonniers, j’ai protégé le corps d’Euryale pour qu’il ne s’altère pas naturellement, et j’ai beaucoup parlé, avec des dizaines de clercs. Je dois avouer que je m’attendais à ce que vous trouviez deux cadavres… Peut-être n’y en-a-t-il qu’un parce que nous avons coincé l’un des leurs, et que du coup, une place s’est libérée… Nils a parlé de deux autres jeunes Luméniens. Dont une fille. Cela lui a peut-être servi. »

Taliesin, guère reposé, absolument pas apaisé, s'installa à table en lorgnant le repas d'un air méfiant. Il espérait qu'on ne leur servait pas les restes cuisinés des deux Sharites capturés quelques heures plus tôt, mais son ventre criait famine, et il décida de courir le risque.
Après tout, je ne suis pas humain : ce ne serait donc pas vraiment du cannibalisme... songea-t-il vaguement.
Lorsque le clerc eut terminé son résumé, il enchaîna d'un ton morne.
-Belenn a dit tout ce qu'il y avait à dire concernant mon expédition : chou blanc sur toute la ligne. Vous en avez appris un peu plus, Kasumi, j'en suis heureux. Mais au final... Nous sommes toujours dans l'impasse. Les Sharites sont loin et nous n'avons aucun moyen de les localiser pour l'instant.

Quête : Sombre est la nuit

Astrée avait parcouru une belle distance depuis la Taverne de la Bienveillance. Ce n'était pas pour lui déplaire : elle adorait marcher, et avait besoin de se dérouiller les jambes après ces longues journées de chevauchée. La fin de l'itinéraire, jouxtant le Parc Verdoyant, fut particulièrement agréable : les couleurs de cette fin d'automne étaient magnifiques. Pour un peu, elle en aurait oublié la gravité de sa mission.

Elle revint à la réalité en se retrouvant face à l'entrée du temple. Elle admira un moment la bâtisse dont les tons clairs et dorés semblaient amplifier la lumière du jour.
La double porte était ouverte. Elle s'avança et pénétra dans le bâtiment, cherchant du regard quelqu'un susceptible de la renseigner.

Les heures passées à méditer avait rendu à Arya sa fraîcheur d’autant qu’elle avait profité pour faire une toilette et décrotter ses vêtements. Lorsqu’elle pénétra dans la salle de réunion, elle fut soulagée de ne rien voir paraître de ce qui les avaient occupés la nuit précédente et s’approcha des hommes qui étaient déjà en grande discussion, mais les brides qu’elle put saisir lui suffirent pour comprendre que Taliesin n'avait pas trouvé de piste non plus. Après, s’être servie d’un bol de soupe dont l’odeur était alléchante, elle prit place à la table.
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Bonjour Messieurs, je pense avoir compris que nous n’avons rien de plus qu’au petit matin. Mais nous pouvons quand même présumer que les Sharites sont hors les murs de Lumenis et je pense que c’est dans ce sens que nous devrions chercher. En fait, comme vous le savez je ne dors pas, si souvent je suis bien loin de la réalité, il m’est quand même venu une idée. Nous ne pouvons courir la campagne sans le risque de nous épuiser pour rien, mais si nous pouvions avoir des chevaux, cela nous permettrait d’aller plus vite et surtout de pouvoir couvrir sans fatigue de plus grandes distances dans tous les sens. Vous me direz mais où aller. Il faut que nous cherchions dans le peu que nous savons. Je ne sais ce que vous en pensez, mais ce serait au moins chercher quelques traces de leur passage que ce soit visuelles ou par des personnes qui auraient pu les remarquer.

Taliesin pensa d'abord qu'il ne participerait pas au débat. Rien que songer à l'expédition à venir, à ce voyage vers les profondeurs d'Hélonna dont ils ne connaissaient ni l'ampleur, ni la durée, sapait jusqu'à sa dernière once de courage. Ce serait l'hiver, au-delà des murs. Et cela ne tiendrait pas qu'au froid, au vent, à la neige, si elle venait. Ce serait la morte-saison pour la nature, oui. Mais pour son âme aussi, privée de tout ce qui l'avait sauvée jusqu'ici. Depuis qu'il était réellement redevenu lui-même, depuis qu'il s'était rouvert à la vie, il n'avait jamais imaginé devoir quitter Galathée. Pas avant des décennies. Cette dépendance aiguë montrait bien qu'il n'était encore qu'un convalescent titubant aux limites du mal qui l'avait rongé. Il n'avait pas retrouvé assez d'aplomb, de confiance, d'optimisme pour envisager sereinement le départ. Il partirait, bien sûr : il n'avait pas le choix... Et la honte d'abandonner les autres serait destructrice... Il irait. Mais il aurait, chevillée au corps, la certitude qu'il ne reviendrait pas. Ou qu'il ne retrouverait jamais ce qu'il avait laissé derrière lui.
Cependant, ces pensées étaient trop sombres, trop douloureuses pour qu'il pût s'y attarder sans risque de défaillir. Mieux valait, comme toujours, se rabattre sur le concret. Réfléchir aux modalités de cette course maudite et sans grand espoir de réussite.
L'elfe finit donc par desserrer les dents et, d'un ton neutre, exposa son semblant d'avis.
-Nous pouvons faire cela, oui. Mais il nous faudra des renforts : à quatre, nous serons incapables de remplir cette tâche. Si on délègue suffisamment d'hommes, si l'on demande à notre prisonnier de nous dresser le portrait précis de chaque Sharite, en incluant les fausses apparences sous lesquelles ils se déguisent ordinairement - comme cette jeune femme dont on nous a parlé et qui arborait les traits d'une vieillarde - alors, peut-être avons nous une infime chance de retrouver leur piste. Cela pourrait toutefois prendre des semaines, des mois... Toutefois, je ne vois pas quoi faire d'autre. A moins que le fantôme d'Euryale ne nous donne de nouveaux indices...

Quête : un désir de crépuscule

Kasumi accepta avec joie les croûtons qu’il mit immédiatement à tremper dans son bol de soupe. La chaleur du breuvage associé aux heures de repos lui avaient fait regagné un epartie de son entrain. Les Sharites s’étaient enfin révélé et les enquêteurs avaient réussi à contrarier certains de leurs projets. D’un ton confiant, il répondit à ses coéquipiers :

- Nous ne serons pas seuls pour battre la campagne et nous avons déjà une idée approximative de l’endroit où chercher. Pour ma part, j’ai déjà un cheval mais nul doute que le Fort accepte de vous en prêter pour quelques jours. Pendant que les soldtas ou certains d’entre vous interrogent les fermiers ou fouillent les bâtiments corps de ferme et bergeries abandonnées, je peux commencer à chercher aux alentours un endroit que l’on aurait utilisé pour parquer des chevaux. L’opération contre le temple a été bien organisée par les ravisseurs d’Albérich. Si je découvre les traces de la présence de chevaux remontant à la nuit dernière, nous saurons qu’il faut élargir le champ des recherches.

L’humeur du rôdeur et du barde était vraiment à l’opposée, pourtant Arya soupçonnait ce qui pouvait généré l’air sombre de Taliesin. Elle ne savait comment elle se comporterait si elle fut à sa place, mais elle ne lui en voulait. Elle aurait même accepter qu’il refusa de continuer, tout en étant bien moins certaine de la réaction des conseillers. Pourtant cela n’amenuisait en rien son enthousiasme et surtout son désir de retrouver le conseiller qu’elle espérait encore vivant., donc de recommencer les recherches au plus vite.

Alors, je pense que nous devrions partir dès que nous aurons terminer de nous sustenter pour profiter des quelques heures où la clarté nous permettra de repérer plus facilement des traces. Elle sourit un peu gênée de bousculer ainsi ses compagnons. Enfin c’est ce que je pense…<o></o>

Quête(s) : Un sombre désir de crépuscule et de nuit...

Lorsqu’Astrée présenta sa requête au premier clerc qu’elle croisa, celui-ci lui répondit d’une mine embarrassée et promit de la guider vers « quelqu’un qui pourrait sûrement l’aider ». Elle constata que le sceau du paladin lui ouvrait cependant des portes : on la mena au travers des couloirs jusqu’à une porte. Derrière celle-ci se trouvait la petite salle de travail encombrée d’un clerc qui portait une aube rouge vif. Encore jeune, le cheveu couleur paille, il avait l’air incroyablement fatigué. Il leva cependant un visage ouvert sur la jeune femme et lui fit signe de s’asseoir.
« Je crains que le conseiller Megrall ne soit indisponible ces jours-ci. » annonça-t-il avec une sourire contraint. « Je suis Marcus, c’est moi qui lui supplée en attendant. Je peux peut-être vous aider. »

***

Belenn poussa un poulet rôti vers Taliesin et se rassit dans le fond de son siège.
« Il ne faut pas attendre d’Euryale qu’elle nous révèle autre chose que la puissance de feu de l’adversaire. Elle a assisté à une bataille au cours de laquelle l’ennemi a probablement usé de tout son pouvoir. Cependant, il est possible, même si peu probable, qu’ils aient évoqué autre chose devant elle. En gardant la tête, excusez moi pour ces détails sinistres, ils espéraient peut-être que son fantôme serait muet. Mais rien n’est moins sûr. Oh… J’ai oublié de vous dire qu’on avait récupéré le cœur à l’Assemblée. Heureusement, un garde a pu l’escamoter avant que la chose se sache. Dès que nous aurons fini de manger, je m'occuperai d'elle. Je ne conseille pas l'opération aux âmes sensibles, cependant. Je peux m'en charger seul pendant que vous relevez des traces. »

Taliesin grimaça en repensant au spectre de la petite Estèle, là-bas, près de la regrettée clairière... Il ne se sentait pas prêt à revivre semblable chose. Pas dans son état actuel.
-Quitte à passer pour une âme sensible, je passe mon tour et vous attendrai dehors. Ma dernière expérience avec un fantôme fut des plus pénible, et l'exorcisme qui s'en est suivi particulièrement éprouvant.
Il se tourna ensuite vers Arya et lui sourit, embarrassé.
-Quant à un départ immédiat... Je suis désolé, cela ne m'est pas possible. Je n'ai rien rassemblé en vue d'une si longue expédition. Et je ne peux pas disparaître du jour au lendemain sans crier gare : j'ai une famille à prévenir. Mais je suis d'accord avec vous : il faut se hâter. Ainsi, je peux rester en arrière, faire ce que j'ai à faire... Et vous rejoindre ensuite. Je ne voudrais pas que vous manqiez de précieux signes à cause de moi...

Quête : Sombre est la nuit

L'homme qui lui faisait face semblait épuisé et débordé de travail. Astrée décida donc d'être concise et d'aller droit au but.
- Bonjour. Je m'appelle Astrée et j'habite au pied des montagnes de fer, près de la forêt maudite. Je suis descendue jusqu'à Luménis pour requérir l'aide des prêtres Lathandrites au sujet d'un étrange phénomène.

Elle essaya d'exposer clairement la situation :
- Près de chez moi, on a découvert un vallon entièrement plongé dans la nuit. Comme s'il était recouvert d'une sorte de brume noire, impénétrable. C'est un phénomène qui semble récent. Les animaux aux alentours sont affolés. On a essayé d'en savoir plus, mais tout ce qu'on a découvert, c'est que des morts-vivants s'y cachent.

Elle scruta le visage de son interlocuteur. Après tout, ce qui lui semblait être grave n'était peut-être pour lui qu'un incident banal.
- Vous connaissez peut-être ce vallon : un ancien lathandrite, Samuel de Presle, y avait édifié une tour. La compagnie de Sire Erwan de Sallis, que nous avons croisée à Respelm, a proposé de s'y rendre en éclaireurs. Mon amie les a guidés jusque là-bas, mais ils ont dit qu'ils attendraient des renforts pour agir. Et m'ont chargée de venir vous avertir.

Arya répondit avec un sourire et un ton compréhensif à Taliesin, il était évident que le barde ne pouvait disparaître sans que sa compagne s'inquiète, il avait déjà pris la décision de les accompagner, c'était certainement un sacrifice important et il n'était pas besoin de lui en demander plus.

Évidemment qu'il faut que tu préviennes chez toi, mais je pense que sachant que les Sharites ont emmenés Albérich dans une charrette, ils ont dû suivre la route sur au moins la plus grande partie de leur route. Je pense que nous devrions convenir d'un lieu de rendez-vous pour nous retrouver, et ce sera aussi plus simple lorsque nous suivrons des pistes séparées.

Elle soupira en regardant Belenn, pour une âme sensible, elle l'était certainement et se voyait mal assisté le clerc.

Pour ma part, je serai certainement plus une gêne qu'une aide, si vous n'y voyez pas d'inconvénient, mais si vous avez vraiment besion de quelqu'un et que .... .

La Magicienne termina sa phrase par une grimace, elle l'assisterait si cela était indispensable, mais s'en passerait avec bonheur.

« Un vallon dans la nuit ? » fit alors Marcus. « Je situe les lieux, oui… Il ne manquait plus que ça. »
Il la dévisagea, silencieux, une seconde, comme ailleurs, puis son visage s’éclaira.
« Ou alors, il ne manquait que ça. » ajouta-t-il. « Venez avec moi. »
Il se leva et l’entraîna, avant qu’elle n’ait pu protester, hors de son bureau.
« Je me fais sans doute des idées. » lui dit-il cependant, en accélérant le pas.
Ils traversèrent plusieurs couloirs, croisèrent un nombre considérable de clercs et de novices qui s’écartèrent sur leur route, et finirent devant une porte. Marcus y frappa avec énergie, Astrée devinait l’exaltation qui l’avait soudain saisi.

La porte s’ouvrit avant même que quiconque eut pu inviter l’intrus à entrer. Marcus fit irruption dans la réunion, suivi d’une jeune femme en habits de voyage, l’air passablement surprise de débarquer au cœur de leurs délibérations. Les quatre personnes attablées semblaient fatiguées et soucieuses, bien qu’un certain enthousiasme se lise sur certains visages.
« Je pense que… ce n’est peut-être rien… Mais cette dame a vu… »
Marcus s’interrompit.
« Je devrais vous laisser en parler vous-même. »

HRP : n’hésitez pas à glisser quelques indications de description dans vos posts…

Astrée avait suivi, abasourdie, le clerc en robe rouge.
En entrant dans la pièce,elle vit quatre paires d'yeux se tourner vers elle, visiblement aussi interloqués qu'elle de la voir débarquer ainsi en plein cœur de leur réunion.
Son regard fit le tour de l'assemblée : un clerc, deux elfes, un demi-elfe. Qui avaient tous les yeux fixés sur elle, semblant attendre une explication. Elle se sentit rougir.

- Bonjour, fit-elle d'une voix rendue rauque par la timidité. Fichue timidité qui la paralysait chaque fois qu'elle devait s'exprimer devant des inconnus. Elle chassa d'un geste machinal une mèche de cheveux bruns indisciplinés.

- Je... heu...
Elle tourna les yeux vers Marcus, qui attendait visiblement d'elle qu'elle réitère son récit. Elle se demandait bien pourquoi. Elle inspira profondément et continua.
- Je m'appelle Astrée. Je suis venue ici pour demander l'aide des lathandrites à cause d'un étrange phénomène qui s'est produit près de chez moi, un vallon qui est entièrement envahi par une obscurité totale... Voilà... Ce monsieur semble penser que ça peut vous intéresser... ajouta-t-elle en désignant le clerc d'un signe de tête.

Elle était confuse à l'idée d'avoir sans douté dérangé une réunion importante. Gênée d'être l'objet d'autant d'attention, elle aurait volontiers disparu dans un trou de souris.

Edit : HRP

Le premier à prendre la parole fut le plus morose des deux elfes. A voir ses yeux gris marqués de profondes cernes, ses cheveux blonds en bataille et son teint pâle, Astrée n'eut aucun mal à deviner qu'il n'était pas dans son assiette, malgré les efforts qu'il faisait pour garder une mine impassible.
-Pouvez-vous nous donner plus de détails sur cette obscurité ? Sur ce vallon ? fit-il sans détours.
Après coup, Taliesin se dit qu'il aurait dû se montrer un peu plus courtois... Mais l'heure ne lui paraissait pas être aux amabilités. Si Marcus avait choisi de faire intervenir la jeune femme en plein cœur de leur réunion, c'est qu'il pensait que les informations dont elles étaient porteuse avaient un rapport avec l'enlèvement d'Albérich. S'il en jugeait d'après ce qu'avait dit Astrée, le barde partageait en partie son avis. Mais en partie seulement : il ne pouvait croire à une telle chance. Et puis, ces ténèbres pouvaient signifier tout autre chose. Ou bien être la marque d'une offensive généralisée des Sharites sur Hélonna. Ce qui n'augurait rien de bon.

Astrée ne fut pas choquée d'être questionnée de façon aussi abrupte. Après tout, c'était elle l'intruse, et donc à elle de s'expliquer. Même si elle ne voyait vraiment pas où tout cela allait la mener.
Elle répondit donc de son mieux aux questions, bien qu'elle n'eut guère d'informations à donner, en y réfléchissant bien.
- Le vallon se situe près de chez moi, au pied des montagnes de fer. A la limite de la forêt maudite. Un ancien Lathandrite y avait construit une tour il y a trente ans. C'est à presque cinq journées de cheval d'ici. Quatre et demie plutôt.
Voilà qui expliquait sa mine fatiguée et ses vêtements de voyage encore poussiéreux. Quoique, à côté de l'épuisement qui se lisait sur le visage de son interlocuteur, elle avait presque l'air reposée. Il semblait rongé par l'angoisse et les soucis et donnait l'impression d'avoir encore moins dormi qu'elle la nuit précédente.

- Il est envahi par une obscurité profonde, impénétrable, sur toute sa surface. Et il fait plus d'une lieue de longueur. Il y a sûrement une magie maléfique là-dessous : tous les animaux alentours sont complètement paniqués. A priori, c'est un phénomène tout récent. On n'a pas osé s'approcher trop, ni moi, ni les amis avec lesquels j'étais. Les seules informations que j'ai pu avoir, c'est travers les yeux d'un chat, et même lui ne voyait que des ombres. Mais il a reconnu l'odeur de morts-vivants.

Elle soupira. Elle sentait bien que sa réponse n'était pas à la hauteur des attentes. Elle plongea ses yeux noisette dans le regard gris de l'elfe.
- C'est tout ce que je peux vous apprendre sur ce vallon. En chemin, j'ai croisé une compagnie de paladins qui ont décidé de s'y rendre en éclaireurs, pour surveiller ce qui s'y passe, au cas où quelque chose en sorte ou y entre. Mais je ne peux pas en dire davantage : j'ai préféré venir immédiatement chercher de l'aide.

D’abord surprise par l’intrusion de Marcus accompagné de la jeune femme, le cœur d’Arya s’était accéléré dès que Marcus eut dit « cette dame à vu » et sa cuillère pleine de soupe brûlante retomba dans l’assiette. S’il avait pris la peine de l’amener jusqu’à eux c’est que ses dires devaient avoir un rapport direct avec leurs recherches. La magicienne écouta avec attention, tout concordait avec ce qu’ils savaient et ce qui pouvait être déduit des intentions des Sharites. Après être restée silencieuse, la Magicienne se leva, le regard brillant d’espoir, son sourire évoquait déjà cette victoire à laquelle elle n’avait cessé de croire et qui d’un seul coup semblait si proche. En son esprit, restait la conscience des risques importants qu’ils allaient encourir, peut-être même l’impossibilité d’arriver jusqu’à la tour, celui de ne pas en revenir, mais surtout son âme entrevoyait le bonheur de retrouver le conseiller et de le libéré et cette image était celle qui importait à Arya. Elle s'adressa à Astrée sur un ton enjoué et amical.
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Soyez la bienvenue mademoiselle, nous n’attendions que vous. Vous ne comprenez peut-être pas l’importance des nouvelles que vous nous apportez, mais je peux vous assurer qu’elles sont opportunes.
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Mais cette nuit plus noire que la nuit, impénétrable périmètre où devait avoir été amené Albérich, présentait certainement tous les risques, il aurait été prudent que plusieurs clercs les accompagnent, mais la Magicienne craignait leur présence et surtout leur indiscipline face aux Sharites, ils risquaient de prendre des initiatives qui les mettraient non seulement eux-mêmes en danger, mais tous ceux qui seraient de l’expédition et surtout sur un coup de sang, ils pourraient faire rater leur intervention. De plus, si les clercs venaient à dissiper la nuit, ils deviendraient tous des cibles à découvert pour ceux qui se terraient dans la nuit. Le premier problème était cette nuit, qu’elle fut là ou qu’elle soit dissipée.
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Elle regarda tour à tour Belenn, Taliesin et Kasumi, ils se devaient de se mettre en route le plus tôt possible maintenant qu’ils savaient où chercher.
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Je pense ne pas m'avancer en disant que c'est dans ce vallon qu'ils retiennent le conseiller. Je ne sais comment nous pourrons sans risque pénétrer dans leur magie et prendre d’assaut la tour car avec ou sans le noir qu'ils génèrent nous serons face à tous les dangers ... que nous ne connaissons même pas. L'idéal serait que quelqu’un qui connaît parfaitement le vallon pour s’y retrouver les yeux fermer nous accompagne et que nous ayons si possible un plan de la tour … un sourire d’espoir brilla dans son regard … qui sait si il n’y a pas un passage secret que l’on pourrait emprunter pour y pénétrer s’en être vu. Maintenant que la chance nous sourit, il n’y a aucune raison que cela s’arrête en si bon chemin. Arya se tourna vers Marcus. Peut-être les plans sont-ils dans les archives du temple vu que la tour a été construite par un Lathandrite, serait-il possible de s'en occuper maintenant ?

Marcus parut surpris que l’attention revienne vers lui, et malgré son enthousiasme, il resta muet une seconde.
« Je n’en sais rien. » fit-il finalement. « Je devrais me renseigner. Mais c’est peu probable… Samuel de Presle était un ermite, il a construit sa tour seul, il y a longtemps. C’était son refuge, son repaire, et il était originaire d’Antelucas, pas de Luménis. Je n’ai jamais entendu parler d’objets sacrés qu’il y aurait gardés, ou de tomes de pouvoir. A priori, il y a peu de chances que le temple en possède un plan. Dans mon souvenir, c’est une construction très simple, articulée autour d’un escalier en colimaçon, avec quelques salles à certains étages, puis une petite plateforme qui donne vers l’est, pour saluer le soleil levant. Je ne vois pas bien pourquoi Samuel aurait eu besoin d’un passage secret. Sa tour n’a jamais été attaquée ou convoitée par personne. C’était son équivalent d’une grotte. Et vu la densité d’arbres dans le vallon, aller vers le haut était la bonne solution pour trouver Lathandre. »

La stupéfaction d’Astrée fit comprendre à la Magicienne qu’elle avait été imprudente dans son enthousiasme, mais elle n’eut aucun regret car au moins, cela prouvait que la jeune femme n’était pas envoyée par les Sharites eux-mêmes pour leur tendre un piège, même si piège il y avait, elle n’était pas leur messager. Un bref instant, elle posa sur la rôdeuse, un regard presque désolé, car à moins qu’elle soit indispensable à leur groupe pour situer le vallon, elle allait se voir contraindre de rester au temple jusqu’à ce que l’affaire soit terminée par mesure de sécurité. Mais bien vite elle revint à Marcus dont la réponse n’était pas très encourageante.

Je sais que je vous presse un peu, mais peut-être serait-il bon de vérifier quand même, même si d’après votre description je suis amenée à penser comme vous, qu'il n’y a aucune raison que nous trouvions un plan. Elle sourit et continua sur un ton encourageant. Si nous ne trouvons rien, sauriez-vous nous faire un croquis de la disposition des différentes pièces dans la tour, en mentionnant les portes et les fenêtres, cela pourrait nous être fort utile.<o></o>

Quête : un désir de crépuscule

Kasumi n’avait visiblement pas réagi à l’entrée de la visiteuse escortée par Marcus. Au lieu de cela, il l’avait observée et avait écouté ses paroles et la réaction de ses compagnons. Sentant que les évènements se précipitaient, le demi-elfe s’avança dans la direction de la nouvelle venue. Il ne portait ni ses armes ni son ramure et s’il avait laissé sa pelisse sur une chaise, il était néanmoins vêtus de vêtements chauds et de simple coupe, parfaits pour les voyages. Il s’exprima d’une voix posée et calme, s’efforçant de tempérer la précipitation de la magicienne :

- Bonjour Astrée, je me nomme Kasumi. Pardonnez mes compagnons pour leur accueil qui doit vous déstabiliser mais les nouvelles que vous nous apportez sont pour le moins intéressantes. Merci Marcus de nous l’avoir amenée. Même si je pense qu’il n’y a pas lieu de s’emballer, les indices concordent avec nos propres suppositions : Quatre à cinq jours est assez éloigné pour une base sûre sans pour autant les couper totalement de leur avant poste en ville. Je suis d’accord pour dire que cette piste doit être explorée en priorité. Mais il est trop tôt pour parler de plan d’attaque, je dois voir de mes propres yeux la configuration du terrain. Marcus, pensez-vous pouvoir nous adjoindre l’aide de prêtres ? Darren doit être mis au courant au plus tôt si le conseil décide de nous dépêcher dans les montagnes. Mais les hommes qui nous accompagnerons devront être fiables. Nous ignorons à quel degré nous sommes infiltrés.

Taliesin demeurait immobile sur sa chaise, le regard perdu dans le néant. Une dizaine de jours pour l'aller-retour, un dur labeur sur place... Il ne reverrait pas les siens avant deux semaines dans le meilleur des cas. Et dans la pire des situations, ce ne serait pas en semaines supplémentaires qu'il faudrait compter, mais en éternité. Les dieux seuls connaissaient la puissance de leur adversaire. Mais, de ce qu'il pouvait en juger, elle était d'importance... Les chances de trépasser au cours de l'opération étaient immenses.
Il frémit, ferma un instant les yeux. Une part de lui-même lui conseillait de se retirer des opérations. Pourquoi risquerait-il sa vie pour une ville qui n'était pas la sienne, pour un homme qui ne lui était rien ? Pourquoi, surtout, risquerait-il de se voir arraché à ceux qu'il aimait ? A ceux qui lui avaient redonné goût à l'existence ?
Mais il ne pouvait se défiler. Au cours de la guerre civile, Galathée avait été un membre actif de la résistance. Et elle avait envie de s'intégrer à Luménis. Quant à Victor, il lui avait avoué son bonheur de vivre ici, son désir d'y rester. Ils ne voudraient plus de lui s'il se révélait un lâche égoïste. Lui-même ne pourrait plus se regarder en face.
Avec un nouveau tremblement, il s'arracha à ses pensées et tenta de reprendre pied dans la réalité tout en se composant une mine impassible.
-Il ne faut pas non plus négliger les autres pistes, même si nous décidons de suivre celle-ci. Euryale devrait tout de même être interrogée. Et des hommes envoyés par les chemins pour s'enquérir de l'éventuel passage de nos ennemis. Sans cela, nous pourrions nous fourvoyer, et aboutir à un échec complet.

Belenn était resté silencieux jusque là, les bras croisés dans sa tunique blanche.
« Je pense que nous ne devons pas paniquer. Il faut que nous examinions posément cette information… Je dois avouer que je suis enclin à penser qu’il s’agit bel et bien des Sharites. Et si pas de nos Sharites, alors de collègues… Et l’un dans l’autre, la piste est à explorer. Même si elle ne nous mène pas directement à Albérich, la menace décrite par dame Astrée est suffisamment inquiétante pour que nous ne perdions pas notre temps. Le fait qu’ils aient choisi un site lathandrite m’apparaît comme une insulte parlante. »
Il se leva.
« Taliesin a raison, je vais interroger le fantôme d’Euryale. Nous avons besoin de savoir contre qui nous nous battons. Sans cela, nous ne saurons pas nous équiper pour partir. Mais je pense… qu’il ne faut pas nous inquiéter trop vite. Cette nuit semble impressionnante, mais dame Astrée dit que son compagnon félin y a vu des ombres. Cela signifie que l’obscurité n’est pas totale, que nous n’y serions pas complètement démunis… »
Il se tourna vers ses compagnons elfes et demi-elfe, et leur sourit.
« De plus, tout clerc moyen peut invoquer des morts-vivants. Or nous savons que les Sharites étaient onze. Moins un qui croupit dans nos geôles. Dix encore. Nous avons une escouade de paladins sur place. A mon avis, les Sharites se pensaient à l’abri. Je ne suis pas certain qu’ils soient si bien protégés. »
Il gagna la porte.
« Si quelqu’un veut assister à l’interrogatoire, c’est le moment. Sinon je serai de retour dans peu de temps. Palabrez, mais ne partez pas sans moi. »

Quête : un désir de crépuscule

Kasumi s’apprêtait à répondre à Taliesin qu’il était aussi de son avis de ne négliger aucune autre piste mais Belenn le devança. Il se contenta de hocher affirmativement la tête dans sa direction avant d’esquisser un pas vers le clerc. Il surprit tout le monde par ses paroles suivantes :

- Je vous accompagne, je ne crains pas l’ombre des non-vivants. L’âme d’Euryale doit être apaisée après tout ce qu’elle a du subir.

Avant de se diriger vers la porte, le rôdeur adressa un sourire encourageant à Astrée pressentant que son destin se mêlait à celui du groupe :

- Bienvenue parmi nous sœur des bois et à bientôt !

Belenn entraîna Kasumi jusqu’à une cellule voisine, qui devait en temps normaux être occupée par un clerc. Elle était lumineuse, aérée, et le corps de la Sélunite reposait sur le lit, délivré de son sac de cuir. Le cadavre était atrocement mutilé, comme le savait le rôdeur : il n’avait ni tête, ni mains, ni pieds, et une plaie béante s’ouvrait dans sa poitrine, juste sous le sein gauche, bien qu’on y ait replacé le coeur. Mais sa peau était étrangement rosée, comme si la vie l’avait quittée quelques minutes plus tôt, seulement, et ses muscles étaient détendus. Si elle n’avait pas été dans un triste état, Euryale aurait paru simplement endormie.
Belenn ne dit rien, s’approcha de la jeune femme, et plaça les mains au-dessus d’elle. Il se mit à psalmodier à voix basse, une litanie ondulante, qui s’accompagna bientôt d’une lumière mauve, puis jaune, et une sorte de boule de lumière apparut bientôt entre les doigts de Belenn. Il la posa sur le cœur d’Euryale, puis à l’endroit où aurait dû se trouver sa tête. L’air se troubla une seconde, un mince voile d’argent s’éleva au dessus du cadavre, puis se condensa jusqu’à former une silhouette, qui s’affina encore et encore, et bientôt une femme apparut dans cette brume, presque invisible à la lumière du jour. Elle avait l’air effrayée, les traits tendus.
« Euryale d’Eredhùn, Front d’Argent de la Dame, j’en appelle à ton souvenir, à ton âme, à l’esprit qui hante encore ton enveloppe charnelle et qui aspire au repos… »
L’essence de la prêtresse mit un certain temps à localiser la source de celui qui lui avait parlé. Elle scruta l’air autour d’elle, puis baissa les yeux sur lui.
« Belenn, Rayon de Lathandre, aide-moi. » gémit-elle.
« Euryale, la paix t’est acquise, la lumière est en toi. J’ai besoin de réponses. J’en appelle à ton souvenir. »
« Il fait noir, Belenn. Noir, tellement noir. Et froid. Ils sont froids et ils me haïssent… Et je ne peux rien faire. Albérich, où l’ont-ils emmené ? Il est tombé le premier, je n’ai rien pu faire, j’ai commis l’erreur… Les squelettes étaient une erreur, il n’a pas osé user de sa puissance, il a eu peur de me faire mal… »
Elle plongea la tête dans ses mains.
« Euryale, Albérich a besoin de toi, de ce que tu sais. La nuit est finie. Elle ne reviendra jamais. La Vierge Lunaire t’attend, elle te tend déjà les bras, mais tu dois me dire... »
« C’était un guet-apens. Il faisait terriblement noir. Il faisait froid. Ils ont tué le gamin, en une seconde, une gerbe de sang… Albérich était paralysé par la violence de sa mort, et pourtant, il fallait faire face… Ils étaient dix à nous encercler. Seulement quatre vraiment dangereux. Mais c’était impossible de les surveiller tous, et les plus jeunes nous harcelaient. »
Elle frissonna.
« Leur meneur n’était que douleur. Agression. Sans cesse. Nuit et souffrance. Frapper l’âme pour qu’elle se rompe. Nous étions fatigués. Mal préparés. Mal accordés. Ils savaient exactement quoi faire. Eux... eux qui voulaient juste heurter, mettre à mal... D'un seul geste... »
« Euryale, leur chef générait-il les ténèbres ? Quel genre de ténèbres ? »
« Des ténèbres étouffantes, empoisonnées, des ténèbres qui nous ont séparés… »
Elle se tut et sa bouche forma des mots muets pendant quelques secondes, tandis que ses yeux translucides s’humidifiaient.
« Euryale, il est temps de te reposer. » dit alors Belenn, très doucement. « La paix est en toi, Séluné t’accueille entière et digne, Shar n’a pas pu te ravir. Va dans la lumière argentée de ta déesse, illumine la nuit dans sa clarté, veille sur nous de là-haut, immortelle. »
L’apparition se mit à vaciller.
« Albérich ? »
« Albérich va bien. »
« Belenn, dis-lui que… »
« Je sais. Je lui dirai. »
« Merci. »
Elle sourit puis se dissipa et le clerc poussa un soupir phénoménal avant de s’asseoir par terre.

Quête : un désir de crépuscule

Kasumi blémit. Il avait beau avoir contemplé les morceaux dispersés de l’ancienne prêtresse, la vue du corps démembré de la jeune morte l’avait secoué. Bien pire, les paroles de son fantôme résonnaient en lui. L’esprit tourmenté d’Euryale était empreint de culpabilité et de douleur alors même que son corps avait quitté le monde des vivants. La mort n’avait guère apporté de soulagement à ses tourments et les paroles du clerc lui parurent bien futiles au rôdeur mais semblèrent avoir un certain impact. Ainsi donc les ennemis ne comptaient que quatre clercs expérimentés dans leurs rangs. Une force conséquente qui avait eu raison du conseiller et de sa compagne mais une force qu’il devait être possible de défaire à condition de ne pas ses laisser surprendre comme Albérich.

Kasumi n’osa pas briser le silence qui s’instaura alors dans la pièce. Il posa une main réconfortante sur une épaule de l’humain avant de se diriger vers la porte et de sortir dans le couloir, laissant Belenn se remettre de son effort et chercher la paix dans la méditation. Du reste, le demi-elfe ne se sentait pas la force de demeurer dans la pièce. Il tâcha de se composer une mine moins affectée en rejoignant ses coéquipiers.