La Couronne de Cuivre

Le sourire radieux de l'enfant s'élargit encore.
-Et bien... Je me dis qu'on pourrait procéder en deux étapes. Pour la première, il y a un proverbe qui dit "Bien mal acquis ne profite jamais". Or, ces fantômes ont des biens, ici, et ils y tiennent beaucoup. Et on est à peu près certains qu'ils ne les ont pas obtenus de manière juste... Alors, on devrait procéder à une petite répartition, pour que ces choses puissent servir à des gens qui en ont besoin et qui en feront un bon usage. En plus, on a le droit de faire ça, non ? Tu as acheté la maison avec tout ce qu'il y avait dedans...

La vue de Podrick ravit n'enleva pas la rage de vengeance qui l'habitait, mais Arya changea autant que lui. Elle avait bien l'intention de jouer au plus fin avec les spectres et si elle était bien propriétaire de tout ce qui se trouvait dans la maison, il était plus que certain que pour elle s'était tout sauf les biens mal acquis comme ceux des autres fantômes qu'elle avait déjà commencé à rapporter aux personnes dont ils lui avaient communiqués les noms, voire aux familles souvent bien démunies lorsque ce furent quelques pièces d'or ou de maigres butins sans autre propriétaire.

Je crois que la première étape s'est déroulée sans que nous ayons fait le moindre geste. Pour ces biens mal acquis, ils ont dû payer de leur vie et cela est un juste châtiment. Pour tout ce qui est ici, que ce fut à eux ou aux autres, ils sont la possession de ceux qui en ont été spoliés et pour ce qui est des pièces d'or, car il doit y en avoir, certainement que bien des pauvres gens seraient ravis de les posséder. Mais si la loi me fait propriétaire de tout ceci, ma conscience m'interdit de dire qu'ils sont à moi.

Les spectres s'agitaient, l'air vibrait, ils sentaient que leurs biens allaient probablement leur être pris et il était certain qu'ils ne laisseraient pas une femelle et un gamin les leur prendre. Mais les paroles de la magicienne laissait une ouverture et ils tentaient de dominer leurs craintes et leur rage.

Le petit garçon acquiesça.
-Bien sûr ! Mais tu ne crois pas que ça serait bien si les spectres voyaient le moment où on redonne tout ça aux vrais propriétaires ? Je dis ça, parce que l'étape suivante, c'est les virer d'ici, définitivement : on pourrait se dire qu'être changé en fantôme, c'est déjà une grosse punition, mais vu qu'eux trouvent encore le moyen de faire du mal sous cette forme... Bref, la deuxième étape, pour moi, c'est les bannir, mais je crois qu'avant, si on pouvait les atteindre là où ça fait mal, comme ils l'ont fait pour moi... Ce serait un juste retour des choses, comme on dit.

Arya était fière de Podrick, il aurait pu vouloir garder les biens, ce qui n'aurait été que justice, mais il savait ce qu'était la pauvreté et ne cherchait qu'à faire du bien. Si le but final était le même que celui de l'enfant, serait le même que celui de l'enfant, elle ne voulait pas dévoiler son plan avant que les spectres soient devant le fait accompli. D'ailleurs, ceux-ci s'agitaient, ils attendaient les paroles de la magicienne et il était certain que ses mots devaient être précis si elle voulait pouvoir arriver à éxécuter son plan sans trop de difficultés.

Elle posa un baiser sur les cheveux de l'enfant et l'attira vers elle.

Tu as raison Podrick, c'est le plus fort des châtiments, mais nous devons leur laisser une dernière chance de partir.

L'enfant ne serait certainement pas de son avis, mais la magicienne savait ne prendre aucun risque, jamais ils n'accepteraient et la réponse se fit immédaite et violente.

Jamais personne ne s'appropriera ce qui nous appartient.

La réponse fut celle que l'elfe attendait, elle se baissa vers Podrick.

Nous ne pouvons prendre le risque que ceux à qui nous donnerons ces quelques affaires se voient importunés par ces spectres, alors il faut les donner à quelqu'un qui ne craint pas les fantômes. Tu es d'accord avec moi.

Un souffle commençait lentement à balayer la pièce, la cupidité des âmes était plus forte que la menace du bâton de mage.

Podrick fronça les sourcils, perplexe.
-Heu... Je suis d'accord, mais... Comme ces biens sont déjà à toi, vu le contrat que tu as signé, et même si tu ne veux pas les considérer comme à toi... A quoi ça sert de les donner à quelqu'un d'autre ? Tu ne crains pas les fantômes, c'est eux qui te craignent ! Si on les refilait à une autre personne, faudrait que ça soit pareil, et... Qu'elle les garde pas pour elle, mais les redonne bien, après, aux vrais propriétaires. Pas facile à trouver, une personne comme ça ! Ça ferait beaucoup de tracas pour rien, non ?

La réponse de Podrick fit sourire tendrement Arya, mais elle ne dit rien de son plan ce qui déplut fortement aux spectres et le souffle en soit peu léger devint de plus en plus violent commençant à soulever dans la pièce des objets les plus légers qui se mirent à tournoyer accompagnant les voix funestes des spectres.

Il était temps de passer à la phase finale et tout en mettant dans les bras de Podrick un des sacs afin qu'il ne craigne pas de souffrir des courants, l'elfe lui murmura.

Je te promets qu'ils iront à ceux qui en ont besoin et que là où nous allons les amener nos hôtes indisirables ne sont pas craints.

Puis, elle lança en direction des fantômes.

Allons, je vous promets que je ne vous séparerai aucunement de vos biens. Son ton devint menaçant, alors qu'elle brandissait son bâton de mage. Pour autant que vous vous teniez tranquilles. Il vous suffit de nous suivre car vous vous doutez bien que vous êtes devenus ici indésirables.

Il y eut une tornade violente soudaine qui s'éteint presque aussitôt avant qu'une voix s'élève.

Ce sont nos biens et nul n'a le droit de se les approprier.

L'elfe eut un sourire rassurant, personne ne les sépareraient de ce qu'ils ne pouvaient posséder ne pouvant de toute manière plus en profiter. Elle se baissa, prit le deuxième sacs et la petite caisse et, pliant sous le poids, fit un signe à Podrick.

En avant, tout cela sera dans quelques minutes que du passé.

Podrick ne savait toujours pas où la magicienne venait en venir, et on sentait chez lui une pointe de déception : il aurait sans doute aimé que cette sinistre histoire trouve sa conclusion ici même, dans l'instant... et d'une manière particulièrement douloureuse pour les spectres. Pourtant, il faisait confiance à Arya, et acquiesça donc, prêt à la suivre là où elle voulait les emmener.

Que l'enfant fut déçu était visible pour l'elfe autant que pour les spectres qui se mirent à ricaner, c'en était à la limite que ne le traite de petite fille, mais les mots avortèrent avant même qu'ils les eurent prononcés.

Si Arya jubilait, Podrick rongeait son frein, parmi les esprits la tension était palpable alors qu'ils cheminaient, l'enfant devant, l'elfe le suivant le guidant afin qu'il se dirige directement vers cette porte qui donnait à la limite du jardin que l'elfe avait découverte lors de sa première visite, venait les fantômes qui régulièrement se faisaient menaçants générant de violents courants d'air.

Mais l'elfe, bien que très légère, était suffisamment chargée pour ne rien craindre et faisait paravent à l'enfant qui lui aussi portait un sac suffisament lourd pour ne pas craindre les tourbillons qui l'atteignaient.

Ils sortirent et cheminèrent lentement en silence dans la nuit noire et glaciale, nul âme qui vive ne venait à croiser leur chemin en cette heure où tous dormaient du sommeil du juste et, mis à part la magiciene, nul ne connaissait leur destiantion.

Le gamin, loin de craindre la colère latente des spectres, paraissait au contraire amusé par la situation. Il se demandait où diables pouvait les amener Arya, mais se disait, à demi hilare, qu'ils devaient offrir un bien étrange spectacle aux éventuelles personnes regardant par les fenêtres sombres des maisons endormies. Une magicienne elfe lourdement chargée, armée d'un bâton imposant ; un gamin tout aussi chargé, portant l'épée ; et, fermant la marche, un trio de spectres fulminants...
Oh oui, un bien étrange spectacle qui avait de quoi effrayer les spectateurs involontaires...

D'un pas décidé qu'elle accordait avec celui de Podrick, Arya se dirigea d'abord vers le grand parc. Là, leur avance se fit plus difficile, non seulement par la neige abondante qui s'était accumulée ces longs mois d'hiver et dans laquelle ils s'enfonçaient tant ils étaient alourdis par les sacs et la caisse, mais surtout par les vents tournoyants que les spectres dont la colère était de moins en moins rentrée engendrèrent, alors qu'un moment, ils crurent que c'est au milieu de ce lieu bien trop fréquenté à leur goût que la magicienne allait abandonner leurs biens, les laissant ainsi à la portée d'une nuée de mains avides qui n'allaient pas hésiter à se servir.

Mais ce n'était pas leur destination et, enfin après quelques minutes de marche arrassante, ils quittèrent le parc et non loin de là s'approchèrent d'un long mur d'enceinte. Sans attendre Arya fit s'approcher l'enfant du haut mur et en fit autant afin de se protéger de ce qu'elle savait arriver et qui ne tarda pas, les spectres ayant compris la destination finale de l'elfe. Celle-ci se baissa vers l'enfant.

Nous sommes presque arrivés, cela ne sera pas facile, mais leur châtiment sera le seul qu'il mérite.

Ce furent des hurlements de mise à mort qui accompagnèrent un ouragan manqant non seulement de les faire tomber, mais surtout ils soulevaient des paquets de neige accumulée sur les branches et des branches mortes voltigeaient à leur rencontre. Mais rien ne pourrait maintenant les arrêter.

Cette réaction, Arya l'avait prévue et dès que le danger se présenta, que le sommet de leur rage et de leurs craintes éclata, elle incanta afin de protéger l'enfant comme elle-même.

Arya --- > Armure de vent --- > Podrick
Arya --- > Armure de vent --- > Arya

Le sort les protégeaient suffisament des projectiles et de la violence des vents, pour que leur avance puisse se faire malgré les forces que les esprits généraient pour les contrer.

Il était tant qu'ils arrivent à bon port car les lourdes charges semblaient de plus en plus lourdes et le chemin parcourut avait déjà été long. Bien qu'épuisée, la magicienne veillait à ce que Podrick soit toujours à ses côtés et la rage qui l'habitait était suffisante pour donner à son esprit la volonté d'avancé encore et toujours, rien ne pourrait l'arrêter.

Podrick suivait toujours le rythme, stoïque tout autant qu'impatient de voir ce qui allait se produire, de voir ce qu'avait prévu Arya pour punir les spectres. Bien sûr, la fatigue se faisait sentir, de plus en plus forte : il n'avait pas beaucoup dormi, subi des épreuves difficiles, ressenti des émotions douloureuses. Et la charge qu'il transportait pesait de tous son poids. Sans parler du froid qui le glaçait jusqu'aux os... Mais pas une fois il ne se plaignit, ne réclama de halte : il affichait même un air détendu, ne semblait en rien redouter l'ire des fantômes. Il savait la conclusion proche, et il lui tardait d'y assister.

Le parcours le plus court fut certainement le plus long, luttant de toutes leurs forces Podrick et Arya avaient peine à avancer dans la tourmente que se déchaînait autour d'eux. Mais ils devaient lutter, pas à pas pour gagner leur but final. Le sort de la magicienne les protégeait des projectils qui se soulevaient, tentaient de fouetter encore et encore leurs visages.

Après moults efforts, harassés, ils atteingnirent enfin la porte du sanctuaire de Lathandre où l'elfe était persuadée pouvoir laisser les quelques biens en des mains saintes qui sauraient en distribuer la valeur à ceux dans le besoin sans que quiconque fut tourmenté par les spectres.

Lorsqu'ils pénétrèrent dans la maison, le calme était absolu, mais l'âtre était noir de n'avoir pas été alimenté de la nuit, les quelques bûches étaient devenues braises puis s'étaient tristement éteintes.

Pourtant, transis de froid par le parcours depuis le temple, une belle flambée était la bienvenue.

Après avoir enlever leurs chauds vêtements, ils s'installèrent confortablement devant la cheminée qui ne mit que peut de temps pour se remettre à chanter et à adoucir la température de la pièce,, se pelotonant dans les coussins épais que l'elfe avait installer. Décoration surprenante pour les visiteurs, mais elle s'y lassait glisser pour vivre ses transes et rien ne pourrait lui faire changer d'avis.

Elle attira l'enfant dans ses bras et lui murmura.

Je pense que tu dois être fatigué et comme ton lit est défait, je te propose de dormir dans ma chambre, au moins pour une fois, elle sera occupée. Mais si vraiment tu préfères rester ici près de moi, je suis d'accord pour une fois

Le petit garçon, hésitant, resta un long moment sans répondre.
-Il doit cailler, dans ta chambre, à cause du feu qui s'est éteint et tout... dit-il finalement. Je préfère rester près du feu. Puis de toute façon, le jour va pas tarder à se lever, alors ça vaut pas vraiment la peine que je me recouche... Demain, y a pas école, alors, au pire, je ferai la sieste dans la journée, si je suis vraiment trop fatigué.

Garder l'enfant près d'elle après cette nuit agitée semblait être la meilleure solution et elle tendit le bras pour attraper la couverture dont elle se servait et en couvrit Podrick. Sa voix était douce et son regard enjoué.

Peut-être que dans ma chambre il fait un peu froid, mais sous l'épais édredon, tu ne t'en serais pas aperçu. Maintenant, il est certainement le temps de se lever puisque le jour va arriver, mais moi j'ai besoin de me reposer, alors toi aussi et si tu n'obtempères pas immédiatement, je t'envoie prendre un bon bain qui durera le temps de mon repos. A toi de choisir.

Elle posa un baiser sur son front, remit une bûche dans l'âtre et avec bonheur se cala dans les coussins heureuse que tout soit fini, que Podrick sembla avoir retrouver la forme et que son ouïe fut presque totalement revenue à sa normale, lorsqu'elle serait réveillée, tout serait à nouveau parfait.

Il était des choses qui ne changeaient jamais, quelles que soient les circonstances, quelle que soit la situation.
L'aversion de Podrick pour les bains était de celles-là.
Sitôt prononcé les mots fatidiques, le gamin s'était fendu d'une grimace des plus explicite, puis s'était pelotonné sous la couverture, les yeux déjà fermés.
-En fait, j'me rendais pas compte, mais j'ai vach... vraiment très sommeil... marmonna-t-il. J'suis pas sûr d'avoir jamais eu autant sommeil, même...
Puis il se tut, comme s'il s'était déjà endormi. Il n'alla pas jusqu'à mimer un ronflement, mais c'était bien là l'idée... Quoi qu'il en soit, il était probable qu'il ne mettrait pas longtemps avant de sombrer réellement.

Que l'enfant ne se soit pas rendu compte qu'il avait besoin de quelques heures d'un repos réparateur était évident, mais à sa moue, l'elfe ne put s'empêcher de sourire. Bien vite, il plongea dans un sommeil calme et l'elfe laissa son esprit voyager et lorsqu'une paire d'heures plus tard, elle revint au présent, l'enfant dormait toujours.

La forme était revenue et Arya se leva sans faire de bruit, alimenta le feu pour conserver la douceur à la pièce. Après avoir bu lentement un bol de thé, elle monta dans la chambre de Podrick pour faire un peu d'ordre et effacer ainsi le passage des spectres.

Dehors, un soleil pâle se levait, mais la journée n'annonçait belle et malgré le froid, il était certain qu'elle serait fort agréable et dès qu'elle eut terminé, elle redescendit s'installer près de l'enfant attendant son réveil en lisant.

Podrick était d'ordinaire très matinal, conséquence de sa vie passée où il lui fallait souvent se lever avant l'aube pour aller vendre des journaux sur le port ou effectuer quelque autre travail qu'il avait pu dénicher. Mais, une fois n'est pas coutume, il dormit jusqu'au milieu de la matinée, alors que le soleil d'hiver était haut dans un ciel sans nuages.
L'enfant bougea, se redressa, réprima un bâillement tout en observant la pièce autour de lui, l'air un peu perdu, avant d'acquiescer pour lui même comme les souvenirs de la nuit agitée lui revenaient.
-B'jour ! lança-t-il à Arya tout en s'étirant.
Apparemment, il était de bonne humeur.

La magicienne posa le volume qu'elle consultait et enlaça son petit protéger. Elle était ravie de le voir plein d'entrain et ses longues heures de sommeil semblaient lui avoir été profitables.

Bonjour Podrick, j'ai cru que tu dormirais toute la journée, mais j'en suis ravie, tu m'as l'air de fort bonne humeur et je suppose que tu es affamé. Je pense que tu ne refuseras pas un bon bol de chocolat bien chaud et de belles tartines dégoulinantes de confiture.

Se levant déjà, Arya le regard rieur dit sur un ton qui se voulait autoritaire.

N'oublie pas de passer à la salle d'eau !

Connaissant parfaitement la moue qu'allait faire Podrick à l'idée de faire ses ablutions, elle fila préparer un solide petit-déjeuner pour l'enfant tout en réflichissant à ce qu'ils pourraient faire durant cette superbe journée.

Arya ne put cependant manquer le soupir spectaculaire que poussa l'enfant et ses murmures, alors qu'il gagnait l'étage en trainant les pieds, murmures à propos des "tortures" qu'on lui faisait subir à peine réveillé et du fait qu'il aurait dû dormir jusqu'à la nuit tombée...
Podrick redescendu une poignée de minutes plus tard, tout juste assez pour que la magicienne ne puisse pas douter qu'il ait pénétré dans la salle de bain, et s'installa à table, étouffant à nouveau un bâillement copieux.

Un jour peut-être, Podrick irait faire ses ablutions sans faire comprendre que cela le rebutait au plus haut point, mais à cela, l'elfe n'espérait guère de changement et à chaque fois esquissait un sourire sans pour autant relever le fait.

Lorsque l'enfant revint, la table était bien garnie et la magicienne en train de tartiner largement une belle tranche de pain qu'elle lui tendit dès qu'il eut pris place.

Tu as dormi comme une marmotte et te voilà encore en train de bailler, pour un petit homme qui ne voulait pas dormir, je te trouve peu en forme. Elle dégusta lentement une gorgée de thé. Comment te sens-tu après cette nuit où nous avons non seulement délogé nos hôtes indésirables, mais où tu as du faire preuve d'un courage exemplaire ?

Podrick fit la moue.
-Un courage exemplaire ? J'suis pas sûr qu'avoir hurlé "ARYAAA !' de toutes mes forces ressemblait beaucoup à du courage exemplaire... Pis j'aurais bien aimé arriver à les chasser tout seul, les fantômes, ou au moins à les obliger à dire la vérité... J'ai essayé et ça a rien donné, évidemment... Mais enfin, ils sont plus là maintenant, cette histoire est réglée, je vais donc pas me plaindre ! Quoi que... On va peut-être s'ennuyer, dans cette grande maison sans plus aucun spectre...
Il avait ajouté ces derniers mots d'un ton plus léger, contrastant avec la déception précédemment manifestée, celle de n'avoir pas pu régler le problème par lui-même.

La déception de Podrick était compréhensible dans le but qu'il s'était fixé, une volonté certes justifiable, mais son âme enfantine semblait vouloir être déjà celle d'un chevalier et Arya tout en riant l'entoura de toute sa tendresse.

Heureusement que tu n'as pas pu les chasser alors que moi-même j'en étais incapable, cela m'aurait profondément affectée et je ne sais pas si j'aurai pu m'en remettre. Tu as crié, cela je te l'accorde, mais cela avait tout lieu d'être terrifiant. Souviens-toi de cet instant, car peu pourront sont se tarquer de l'avoir vécu et je peux t'assurer que jamais tu ne pourras revivre quelque chose d'aussi impressionnant. L'elfe posa un baiser sur le front du gamin avant de prendre un ton mi-sérieux, mi-amusé. A moins que nous ne découvrions d'autres fantômes et que tu décides de les chasser tout seul. Tu sais ce qu'il faut faire pour les mettre en colère maintenant, alors tu auras tout loisir de démontrer tes capacités. Un profond soupir sortit de ses entrailles. J'aimerai bien que cette demeure soit à nous, il m'est d'avis que dès que je serai seule, j'irai fureter dans les pièces que je n'ai pas encore pu explorer pour m'assurer qu'elles sont bien vides de toute présence.

Tout en se levant, l'elfe ébouriffa l'enfant.

Bon que fait-on aujourd'hui ? Le temps est superbe et si nous voulons profiter de la douceur que nous offre le soleil, il ne faudrait pas trop tarder à nous préparer. Et surtout, ne me réponds pas, on fait ce que tu veux !

L'enfant la dévisagea un instant, les sourcils froncés, pensif. Il jeta un regard par la fenêtre, comme s'il évaluait la beauté du temps et la tiédeur ambiante, puis observa le feu, à la manière de qui rechigne à s'en éloigner. Enfin, il lorgna en direction de la cave, ainsi qu'il l'avait fait autrefois, lorsqu'ils avaient parlé de se mettre en quête du fameux passage secret....
Nouveau froncement de sourcils.
Hésitations.
Lesquelles aboutirent à un résultat inattendu : Podrick haussa les épaules et se fendit d'un sourire désarmant.
-On fait ce que tu veux ! lança-t-il du ton le plus innocent du monde.

L'air angélique de Podrick attendrissait à chaque fois la magicienne, pourtant il n'était pas difficile de trouver une destination lorsque le temps était aussi accueillant que ce jour, mais jamais il n'émettait la moindre idée se laissant vivre comme le faisait les enfants. Elle ne pouvait le lui reprocher, d'autant avec le visage qu'il lui offrait et elle soupira de désespoir.

C'est encore à moi de réfléchir, alors prépare-toi et ce sera une suprise. Surtout habille-toi chaudement.

Dès qu'elle eut fini, le gamin fila se changer alors que l'elfe débarassait rapidement la table et préparait un baluchon dans lequel elle mit de quoi se sustenter pour le déjeuner et le goûter.

L'enfant ne tarda pas à redescendre, Arya posa un regard amusé sur lui et les yeux rieurs la voix enjouée, elle ouvrit la porte.

A défaut de faire une proposition, as-tu une petite idée de notre balade de la journée ?

Le gamin s'immobilisa sur les marches du porche et se gratta la tête, concentré.
-Comme il fait beau, je pense que ça élimine les trucs où il faut rester enfermé... finit-il par dire. Donc, l'plus probable, ça me semble être le Parc Verdoyant, même si d'habitude tu préfères y aller quand y a moins de monde. Et ça pourrait aussi être la campagne, mais si c'était ça, tu nous aurais fait partir un peu plus tôt... Bref, j'dirais le Parc.

Podrick n'avait pas totalement tord, mais les jours étaient déjà un peu plus long et la campagne luménienne devait être radieuse sous le soleil qui brillait de tous ses feux faisant lentement fondre les stalactiques de glace qui s'étaient formées ça et là, réduisait la couche de neige qui bientôt aurait totalement disparut pour laisser place au renouveau du printemps.

Et bien, je pense que la campagne nous appelle, alors nous ne pouvons répondre par la négative à son invite, à moins que tu tiennes plus que tout à retrouver tes copains au parc ?

-Bah, mes copains, je peux les voir presque tous les jours, alors que c'est pas si souvent qu'on sort hors des murs... fit Podrick. Alors va pour la campagne, si ça te tente !
Et, sans plus hésiter, il traversa le jardin d'un bon pas, entrouvrit le portail puis gagna la rue où il attendit qu'Arya le rejoigne. Son enthousiasme n'était pas feint : il avait rarement eu l'occasion de quitter la ville au cours de son existence, et les promenades qu'il faisait parfois en compagnie de la magicienne, aux abords de Luménis, le réjouissaient toujours. Même si la campagne n'était pas l'élément naturel du petit citadin et qu'il y perdait ses marques.

La réponse de Podrick ravit Podrick, le parc aurait été fort bruyant et se retrouver seule avec l'enfant dans un environnement plus sauvage lui plaisait toujours.

Elle ferma d'un sort la porte de la maison, en fit de même avec le portail, elle s'évitait ainsi non seulement le transport d'impressionnantes clefs, mais elle ne risquait au moins pas de les perdre.

Elle rejoint rapidement son petit protéger et, marchant d'un bon pas, ils gagnèrent lesportes de la ville.

Si leur trajet depuis les portes s'était déroulé sans encombre, Arya et Podrick n'en furent pas moins soulagés de pénétrer dans leur vaste demeure : avec la tombée de la nuit, le froid s'était fait des plus mordants, se jouant de leurs vêtements épais pour les transir jusqu'aux os.
Sitôt la porte refermée derrière eux, le petit garçon ne perdit pas de temps : après s'être débarrassé de son manteau et de ses bottes encore maculées de neige, il gagna la salle à manger, sa cheminée, et se mit en devoir d'y allumer un bon feu, avec son adresse habituelle en la matière.
Peu après, les bûches craquaient joyeusement, tes flammes dansaient une furieuse sarabande, projetant des lueurs vives sur le visage de l'enfant penché au-dessus d'elles. Un enfant à l'air fatigué : la promenade et le froid avaient prélevé leur tribut, sans compter les vestiges des pénibles émotions éprouvées la nuit précédente.

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