[MP] Histoire : Echo

[Echo]

Allons bon, voilà qu'elle devait lui poser des question « en y mettant les formes » pour qu'il consente à répondre. Il ne savait vraiment pas à qui il avait à faire.

Si le majordome se força à lui offrir un sourire un peu pincé, Gabrielle en revanche ne fit pas cet effort. Son visage était fermé et ses sourcils légèrement froncés, comme si elle accueillait ses propos avec beaucoup de méfiance.

Sitôt le coffre-fort ouvert, la lieutenante se saisit de l'arme et commença par vérifier si le chargeur était plein et si l'arme avait été utilisée récemment.

- Vous n'avez toujours pas répondu à ma question, lâcha t-elle pendant son examen. Quelqu'un d'autre a t-il accès à ce coffre ?

[Smidge]

L'arme n'avait pas été utilisée récemment, de cela elle n'avait aucun doute. Ni traces de poudre, ni marques dans le canon, ni température anormalement élevée... A vrai dire, il était même probable que le revolver n'ait jamais servi du tout.

"Il est toujours possible que maître Marquand ait noté la combinaison, oui..., répondit le majordome, pensif. Comme je vous l'ai déjà dit hier, d'un point de vue technique, le maître était seul à avoir accès au coffre."

Une chose de sûre, ce n'était pas l'arme du crime.

Une autre arme à feu se trouvait donc quelque part, dans le château...

[Echo]

Peut-être qu'elle n'attacherait pas le majordome à une chaise finalement...

Mais une question demeurait : si ce n'était pas l'arme du crime alors où était-elle ?

- J'imagine que le coMte n'avait pas d'autres armes en sa possession ? dit-elle en se tournant vers le majordome. Son regard à cet instant précis voulait sûrement dire " n'essayez surtout pas de me mentir ". Si c'est le cas alors cela veut dire que l'un des invités est venu avec son arme personnelle. Et qu'il faut réunir tout le monde. Tout de suite.

Elle reposa l'arme dans le coffre avant de le refermer.

- Si elle bouge de là, je saurais qui est le coupable.

[Smidge]

Emile baissa les yeux hésitants.

"Mademoiselle Lemaçon... Est- ce que vous permettriez que je vous pose une question un peu... personnelle ?"

Gabrielle le regarda fixement, quelque peu interloquée.

"Posez toujours... ?"

Le majordome toussota.

"Qu'adviendrait-il de vous si vous perdiez votre emploi ? Si les raisons pour lesquelles vos qualifications étaient appréciés n'avaient plus lieu d'être... ?"

Il marqua une courte pause.

"Si votre nom et votre réputation étaient salis ?"

[Echo]

Gabrielle resta silencieuse quelques instants, complètement prise au dépourvu.

- J'imagine... J'imagine que je commencerai par boire un verre. Ou deux.

Elle fronça les sourcils.

- Qu'est-ce que vous avez en tête exactement ?

[Smidge]

Le majordome soupira, une profonde tristesse dans le regard.

"En quoi croyez vous que consiste mon travail, mademoiselle Lemaçon ? Que pensez vous qu'il advienne d'un majordome à qui on ne peut faire confiance ? Le maitre disparu, en l’absence d’héritier et dans une ville aussi petite, un avenir peut très vite être fait comme défait..."

Gabrielle regarda un instant sa montre. Il était 15h passées, tout le monde devait être affairé autour du corps de la nouvelle victime...

[Echo]

- A moins que vous ayez des aveux à me faire, je ne vois pas en quoi cette histoire pourrait vous nuire si vous n'avez rien à vous reprocher et si vous collaborez avec le lieutenant en charge de l'enquête, c'est à dire moi.

Elle soupira.

- Écoutez, je comprends votre inquiétude mais j'ai un meurtrier à coincer. Et nous devrions rejoindre les autres avant qu'un troisième cadavre s'ajoute à la liste.

Déjà beaucoup trop longue.

- Mais avant cela... je dois appeler mes collègues.

[HRP : Il me semble qu'il y a un téléphone dans la pièce où ils se trouvent mais je peux me tromper.]

[Smidge]

Gabrielle s'approcha du téléphone dans l'angle du bureau décrocha le combiné, et tourna la manivelle à plusieurs reprises.

"Oui allo ?", répondit la standardiste une fois la connexion établie.
"Je voudrais le commissariat de police de Villeneuve, s'il vous plait."
"Tout de suite, ne quittez pas."

Quelques crépitements plus tard, la voix d'Antoine se fit entendre.

"Commissariat de Villeneuve-les-Ilias, j'écoute ?"
"Antoine ? C'est moi."
"Bonjour patron !, répondit-il, enjoué. Qu'est-ce que je peux faire pour vous ?"

Le majordome était cependant toujours dans la même pièce...

[Echo]

- Antoine, il y a eu... un nouveau meurtre. Une jeune fille de la troupe de théâtre.

Il lui était assez pénible d'avouer qu'un autre meurtre avait pu être perpétré sous son nez alors qu'elle était censée " maîtriser la situation ". En réalité, elle n'était plus sûre de maîtriser quoi que ce soit. Et la seule façon d'empêcher que cela se reproduise était de coincer le meurtrier le plus rapidement possible. Enfin, si toutefois les deux meurtres étaient liés et la lieutenante préférait ne pas s'avancer à ce sujet.

- J'aurais besoin que quelqu'un vienne se charger de ça avant la fin de la journée.

[Smidge]

"C'est des acharnés, dites donc !"

Elle l'entendit feuilleter quelques dossiers.

"Fabrice pourrait me remplacer au bureau... Je peux passer d'ici une petite heure si ça vous va ? Par contre, je devrais rentrer ce soir. Ca vous irait patron ?"

Le majordome la salua d'une discrète révérence avant de s'éclipser par la porte.

[Echo]

[HRP : Pardon pour le retard !]

- Parfait. Merci Antoine.

Une fois le combiné raccroché, Gabrielle s'élança à la suite du majordome, bien décidée à garder un oeil sur lui à l'avenir.

Et il fallait également réunir tout le monde au plus vite, c'était la seule façon pour elle de maîtriser un tantinet la situation.

[Smidge]

Les invités ne furent guère compliqués à trouver - pour une fois. Un léger brouhaha s'élevait du couloir devant la chambre des acteurs, vers lequel Gabrielle se dirigea aussitôt.

Messieurs et mesdames Chambernaud et Marquand, Marjorie, Marie-Madeleine, Yvette, et dans la chambre, mademoiselle Stoän, Emile, le docteur, ainsi que les trois autres acteurs autour d'un drap sombre recouvrant sans aucune doute le corps.

Tout le monde était là.

[Echo]

Gabrielle interpela tout le monde et leur demanda de tous se rendre dans la salle où avait eu lieu la partie de bridge.

- Vous trois, dit-elle en désignant les membres de la troupe de théâtre, restez ici un moment j'aimerais vous parler. Vous étiez probablement ceux qui la connaissaient le mieux ici, est-ce que vous avez une idée... de ce qui a pu se passer ?

[Smidge]

Invités et employés s'exécutèrent à son injonction. Le docteur s'arrêta à son niveau et lui glissa discrètement quelques mots avant de rejoindre les autres.

"J'ai pu tirer quelques conclusions sur le meurtre de la demoiselle. Quand vous aurez le temps, je vous en dirais plus."

Une fois seuls, Nils prit la parole.

"Pour ne rien vous cacher... je ne comprends absolument pas ce qui a pu mener quelqu'un à commettre... une telle atrocité..."
"Mylène était particulièrement tendue depuis hier soir, poursuivit Roland. Je ne saurais pas dire pourquoi... Nous avions mis son état sur... les évènements de la veille... Mais sa tension était vraiment palpable. Elle a quitté la table du petit-déjeuner en pleurs ce matin, par exemple. Sans raison."
"Oui, tu as raison, renchérit Nils. J'avais presque oublié cet épisode. Je crois d'ailleurs que le docteur est allé l'ausculter dans la matinée."
"Mylène est... était timide, intervint Armand à son tour. Mais je ne l'ai jamais vue refermée à ce point. Elle a pleuré une bonne partie de la matinée dans la chambre..."

Nils s'apprêtait à approuver, mais se contenta d'hocher lentement la tête.

"Si vous avez besoin, ses affaires sont rangées là...", répondit-il finalement en désignant une armoire entrouverte contre le mur.

[Echo]

La mine de la lieutenante était grave, elle se sentait personnellement responsable de ce qui venait d'arriver. Elle repensa à la jeune femme en larmes et à ce que lui avait dit Marjorie un peu plus tôt : elle l'avait vue avec de l'argent dans les mains, beaucoup d'argent. Est-ce que quelqu'un avait tenté d'acheter son silence ? Et est-ce que cela avait un rapport avec le meurtre du comte ? Elle lui avait certifié que non, mais c'était une comédienne professionnelle après tout. Elle aurait du lui parler, tout lui dire à ce moment là, maintenant il était trop tard et c'était à elle de reconstituer le puzzle avec les morceaux qu'on voulait bien lui donner.

- Est-ce qu'elle était proche de certains des invités ? L'avez-vous vu discuter, s'isoler avec quelqu'un ?

[Smidge]

"Mylène est allée faire un tour en fin de matinée, expliqua Roland. La jeune demoiselle hongroise est venue nous trouver, et nous avons proposé à Mylène de sortir se changer un peu les idées avec elle."
"Attendez..., l'interrompit Nils. Il me semble qu'elle a demandé quelque chose à mademoiselle Stoän... à propos de quelqu'un..."
"Oui, tu as raison, confirma Roland, dont le visage s'éclaira. Elle lui a demandé si Gaston Chambernaud était toujours dans le salon il me semble."
"Elles sont sorties ensuite, et je crois que Mylène est allée faire un tour dans le parc. Elle était là pour le repas en tous cas. Et elle semblait même aller un peu mieux."

[Echo]

- Gaston Chambernaud, hein ? dit-elle en fronçant les sourcils, sans doute s'imaginait-elle déjà le mettre sous les barreaux, ou lui tordre son cou grassouillet. Je vous remercie. Vous pouvez rejoindre les autres, je vais examiner ses affaires en espérant trouver autre chose d'utile.

Et fouiller les poches de la victime également...

[Smidge]

Gabrielle souleva le linge noir et passa en revue les vêtements de la victime. Hélas, la demoiselle portait une longue robe sans poche, ce qui coupa court à une quelconque exploration de ce côté là. La policière nota l'impact de la balle, qui avait dû sans aucun doute lui perforer le poumon. Par réflexe, elle s'approcha d'un peu plus près, tentant de débusquer de quelconques indices sur le corps lui-même. Ses instruments étaient restés dans son sac dans le salon, mais ses sens aiguisés lui apportèrent une piste intéressante. Son vêtement sentait encore la poudre. Il n'y avait pas cinquante explications à ce détail qui n'en était pas un. Le coup de feu avait été tiré à bout portant, ou du moins à courte portée. Pour quelle raison, et dans quelles circonstances ? elle n'en savait encore rien, mais le fait était là.

Elle délaissa ensuite le corps pour se concentrer sur les affaires de Mylène. L'armoire ne contenait rien de très extravagant. Quelques tenues, chaussures, sous-vêtements... S'il rien ne sortait de l'ordinaire à première vue, Gabrielle cherchait quelque chose en particulier, et poussa ses recherches dans le détail. Si les vêtements ne lui apportèrent de réponse satisfaisante, les chaussures se révélèrent en revanche bien plus fructueuses. Dissimulés au fond d'une ballerine, sous une pile de boites empilées, plusieurs billets froissés y avaient été roulés en boule.

Pour un total de quatre-vingt francs.


[HRP : la Grande Suite possède sa propre salle de bain, ainsi qu'un petit bureau en annexe]

[Echo]

Fouiller les autres pièces de la grande suite était tentant mais elle devait éviter de laisser les invités seuls trop longtemps. Celui ou celle qui avait tué Mylène avait prouvé que la présence d'un lieutenant de police dans le château était loin de l'intimider et elle avait de toute façon des questions à poser à mademoiselle Stoän ainsi qu'au charmant banquier.

Elle retourna donc rejoindre les autres et emmena avec elle les billets trouvés dans la ballerine.

[Smidge]

Gabrielle traversa le hall central jusqu'à la salle à manger, grimpa les marches quatre à quatre, et rejoignit la salle de jeu.

Un rapide décompte des invités l'allégea d'un poids. Apparemment, personne ne s'était fait la malle sans son autorisation...

[Echo]

- Je vois que tout le monde est là.

Ou presque. Le jardinier manquait toujours à l'appel, il semblait complétement déconnecté de tout ce qui se passait ici d'ailleurs. Mais elle le ferait venir ici tôt ou tard, elle ne voyait pas pourquoi il en serait dispensé.

- Bien, alors qui a pris une arme à feu en partant de chez lui hier soir ?

Elle balaya la salle du regard et s'arrêta sur le docteur Dupré.

- Vous vouliez me dire quelque chose ?

[Smidge]

Un léger brouhaha fit écho à sa réponse. Gabrielle inspecta tous les regards, tentant de percer les plus déstabilisés. Une certaine panique traversa le regard de la femme du banquier, même si la simple présence de son mari pouvait aussi expliquer cet état de fait.

Le majordome détourna aussi plusieurs fois son regard, comme s'il cherchait à dissimuler quelque chose.

Dans le même temps, le docteur s'approcha d'elle.

"Vous préférez peut-être que nous en parlions... plus en privé ?"

Elle acquiesça, et l'invita un peu à l'écart.

"Alors ?"
"J'ai relevé quelques informations sur la blessure, commença-t-il. Pour commencer, elle a été tirée d'assez près. Par un calibre 38 je dirais. La balle est ressortie de l'autre côté en fait, et... comment dire, l'angulation du tir m'a interpelé. Je dirais que le tireur était significativement plus grand que la demoiselle."

Son visage afficha un demi sourire, peut-être de satisfaction, ou bien de soulagement, le docteur ne devant qu'à grand peine dépasser le mètre 60.

Il n'y avait que trois personnes remarquables par leur taille dans la salle. Emile, Gaston Chambernaud, et Nils.

[Echo]

Gaston Chambernaud. L'infâme banquier adepte du chantage et de l'intimidation. Mais était-il vraiment capable d'abattre quelqu'un de cette façon ? Quant au majordome, Émile, elle se méfiait de lui depuis le début mais n'avait pour l'instant aucun élément pour attester quoi que ce soit. Et pourquoi l'auraient-ils tuée d'ailleurs ? Avait-elle vu quelque chose qu'elle n'aurait pas du voir ? C'était la seule raison qui aurait pu motiver ce meurtre.

Mais Nils ? Lui la connaissait depuis longtemps et avait peut-être des tas de raisons de vouloir tuer la jeune femme. Et quoi de mieux que profiter qu'un meurtrier se ballade parmi eux pour lui faire porter le chapeau ? Les deux meurtres n'étaient peut-être pas du tout liés. Celui ou celle qui avait tué le comte lui avait tranché la gorge, c'était un meurtre motivé par la colère, la haine ou la vengeance. Le meurtre de Mylène ressemblait davantage à une exécution.

Elle les observa tous les trois du coin de l'oeil, cherchant à apercevoir n'importe quoi qui aurait pu les trahir.

- Émile, Chambernaud et Nils. Ils étaient tous les trois présents à la partie de bridge mais l'un deux a eu le temps de... tuer Mylène avant de revenir ici comme si de rien n'était. Lesquels se sont absentés, à quel moment et pendant combien de temps ? demanda t-elle au docteur.

[Smidge]

Le docteur réfléchit un instant.

"Pour Nils, je ne peux pas vous dire, il n'était pas à ma table. Je faisais équipe avec Georgette, et nous avions Emile et Gaston comme adversaires."

Il posa un doigt sur son menton, pensif.

"Laissez-moi réfléchir... La demoiselle hongroise est venue demander quelque chose à Emile, à propos de je ne sais plus quoi... Des références littéraires il me semble. C'était en début de partie. Je suis allé fumer un cigare à la fenêtre quelques instants après..."

Il marqua une courte pause, et reprit.

"Il me semble que Gaston en a fait de même un peu plus tard. Je n'ai pas bien fait attention pour ne rien vous cacher, nous jouions une partie très serrée avec Emile, et j'étais surtout concentré sur mes cartes. D'ailleurs, nous avons gagné !"

[Echo]

Gabrielle se retint de lâcher un soupir d'exaspération et se contenta de remercier le docteur. Bon, peut-être que les vestes respectives de ces messieurs lui en apprendraient davantage.

Elle les réunit donc tous les trois afin de voir si l'un d'eux avait des traces de poudre sur ses manches.

[Smidge]

Les trois hommes obtempérèrent sans discuter, et Gabrielle les conduisit à l'écart.

"Oui ? Que se passe-t-il, mademoiselle ?, s'inquiéta Nils. Nous pouvons faire quelque chose pour vous ?"
"Nous vous écoutons, mademoiselle", renchérit Emile.

A première vue, aucun d'eux n'avait de traces particulières. Mais cet examen nécessitait d'autres outils plus précis pour en être sûr...

[Echo]

Pas de traces de poudre à première vue. Evidemment, ça aurait été trop facile.

Qu'allait-elle faire alors ? Les options ne manquaient pas mais elle voulait surtout interroger mademoiselle Stöan et monsieur Chambernaud. Ce dernier se tenait devant elle et gardait le silence. La lieutenante décida donc de passer à l'attaque et s'isola avec lui.

Une fois seuls, elle sortit de sa poche la liasse de billets enroulés et lui tendit.

- Vous aimeriez peut-être les récupérer ?

[Smidge]

Le visage de Gaston Chambernaud se figea tout à coup.

"Comment avez-vous... ?", s'exclama-t-il, avant de se reprendre, quelques secondes trop tard.

Il hésita à reprendre de nouveau la parole, mais préféra se taire.

[Echo]

Gabrielle était ravie, elle ne s'était pas attendu à ce que le banquier saute pieds joints dans son piège. Un simple coup de bluff au départ.

- Que se passe t-il, monsieur Chambernaud ? Vous avez pourtant la langue si bien pendue d'ordinaire. Pas de plaisanteries misogynes sous le coude ? Aucune tentative d'intimidation ? Racontez-moi donc comment votre argent s'est retrouvé dans les poches de la victime, je pense que ce sera très instructif.

[Smidge]

"Vous n'avez aucune preuve qu'il s'agisse ici de mon argent,", répondit-il d'une voix pincée.

Il fallait trouver quelque chose de concret qui le relie au crime afin de le confondre définitivement.

L'arme, par exemple... ? Ou un témoin ?