La Couronne de Cuivre

Bien que le trajet ne soit pas très long, il leur fallut malgré tout une dizaine de minutes pour en venir à bout : Clémentine prenait en effet soin de montrer à Silmendel l'emplacement précis de chaque piège. Et, le moins que l'on puisse dire, c'est qu'ils étaient innombrables : il était sans cesse nécessaire de zigzaguer, d'éviter des dalles que, de prime abord, rien ne distinguait des autres, hormis là où un zombie imprudent ou une goule trop pressée avaient mis le pied là où il ne fallait pas et trouvé un trépas cette fois définitif par l'entremise de lames ou d'épieux jaillis du sol, des murs ou du plafond. Mais les aventuriers, eux, bénéficiaient d'un guide fiable, et ils finirent bientôt par atteindre la fameuse pièce, dont l'entrée s'ouvrait dans l'une des parois du couloir. Il s'agissait d'une sorte de chapelle funéraire décorée de multiples bas-reliefs : au centre, entouré de quatre colonnes et posé sur un piédestal, se trouvait un grand sarcophage ornementé.
-Bon, on y retourne, annonça Clémentine. Messire Asmodeus, je vous confie mon frère. Alex, tu es sage, et tu ne touches à rien !
Dès que le garçon eut acquiescé, elle rebroussa chemin, l'elfe sur les talons.

HRP : Féérune, n'oublie pas que ton personnage est mauvais Là, Eldurvellir paraît vraiment très bon... Ce n'est pas du tout un souci, mais si tu es plus à l'aise en le jouant de cette manière, il faudra peut-être réfléchir à un changement d'alignement.


Pour le mage, l'attente qui débuta alors ne fut guère agréable. Il était entouré des anciens captifs qui n'en menaient pas large et qui guettaient, oreille tendue, les sinistres sons qui les accompagnaient depuis plusieurs minutes déjà. Même les quatre personnes en armes n'étaient point trop rassurées, quoiqu'elles fassent tout leur possible pour paraître relativement sereine et, de ce fait, pour réconforter leur camarades. Heureusement, pour l'heure, il n'y avait pas eu de nouvelle secousse, et même les hurlements s'étaient temporairement tus. Ne subsistait que le grondement, sourd, lointain.... mais menaçant.

Le voilà seul avec le mioche qui ne voulait pas se montrer obéissant. Asmodeus n'avait jamais été à l'aise avec la jeunesse mais au moins Alexandre était-il censé rester sage, sa sœur le lui avait demandé ! Tant qu'il ne le gênait pas, ne se mettait pas à déambuler partout ou à lui adresser la parole, ce serait un handicap gérable. L'élu divin était censé surveiller le gamin mais il était bien plus intéressé par le sarcophage ornant la pièce alors autant joindre l'utile à l'agréable :

- Veux-tu tenir le bâton d'Asmodeus pendant qu'il examine cette merveille ? Et tâche de bien l'éclairer. Asmodeus pense que ce sarcophage est très ancien mais il a besoin de s'en assurer en déchiffrant ces symboles.

L'adulte tendit son bâton lumineux au gamin en espérant que celui ne proteste pas et prenne ce geste comme un privilège. C'était d'ailleurs le cas : n'était pas l'aide d'Asmodeus qui le souhaitait mais il n'avait personne d'autre sous la main présentement.

Personne n'ayant envie de s'attarder en ces périlleux parages, les groupes furent constitués en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, et il s'avéra nécessaire de réconforter ceux qui n'avaient pu y prendre place en affirmant que le prochain voyage serait organisé d'ici peu de temps et que, d'ici là, tout se passerait bien. Puis l'on se mit en marche : Clémentine et ses compagnons d'abord, Silmandel et les siens - dont Eldurvellir - ensuite. L'ensorceleur allait devoir en appeler à sa bonne mémoire pour éviter une catastrophe, car le moindre faux pas risquait de s'avérer mortel... Heureusement, en cas de doute, il pourrait toujours observés ceux qui le précédaient, dans le sillage sûr de la jeune fille.

Malgré la situation plus que dangereuse, Silmandel avançait avec assurance. Il était guidé par sa rapière lumineuse et ses souvenirs. Et il guidait les autres de sa voix joyeuse. A l’entendre, on aurait vraiment cru qu’il n’y avait aucun danger, que ce n’était là qu’une promenade de santé.

« Alors là, faut longer sur la droite. ... Sympa ce zombi empalé, n’est-ce pas ? ... Bon, ici, je crois que c’est par ici. Mais oui, c’est ça ! Parfait ! ... Et là, une, deux, trois, quatre dalles, celle-là est piégée. ... Et hop, on y est presque. Encore un moment où... »

Tout d’un coup, à cause d’une information un peu trop vague de l’elfe, le pied d’Eldurvellir se posa sur un pavé qui aussitôt s’enfonça dans un petit déclique. L’instant d’après, trois lames jaillissaient du mur, frôlant le mage. Pour un peu, il était transpercé, voir même découpé en morceaux. L’ensorceleur se figea, redoutant un instant ce qu’il allait voir quand il allait se retourner, ce qu’il fit ensuite.

« Ho zut, un oubli. Mais vous vous en sortez bien ! Allons, on continu ! » fit-il, presque comme si de rien n’était.

La fin du périlleux trajet se termina sans histoire.

Malheureusement pour l'élu divin, Alexandre lui aussi trouvait le temps long. Et la pénombre qui régnait dans la pièce ne devait guère le rassurer. Quoiqu'il en soit, il ne tarda pas à l'interpeller :
-Çà fait du bien de se reposer, pas vrai ? En plus, j'ai remarqué que quand vous courrez, vous vous essoufflez super vite ! Enfin, j'imagine que c'est normal. Les magiciens, ça doit pas vraiment avoir le temps de faire de l'exercice : faut lire des tas de livres, s'entraîner à jeter des sorts, tout ça...

Non mais quel saligaud sauvageon ! Si la vérité sortait de la bouche des enfants d'après ce que des crétins prétendaient, Asmodeus n'en était pas moins vexé des piques d'Alexandre tant elles avaient visé juste malgré ses efforts pour ne pas montrer sa faiblesse depuis le début de cette aventure. Derrière ses dehors candides, le garnement l'avait piqué au vif et Asmodeus entendait bien lui rendre la monnaie de sa pièce à présent :

- Sache qu'Asmodeus n'a rien à voir avec ces pompeux crétins qui passent tout leur temps à rechercher la vérité des autres dans leurs grimoires poussiéreux plutôt qu'à la faire vivre par eux-mêmes. Asmodeus n'est pas un mage mais il ne t'en veut pas de ton ignorance. Tu as encore de longues années à étudier pour acquérir un peu de sagesse et d'instruction. Ne serait-ce que pour savoir comment t'exprimer devant un adulte.

Quant à parler de sa faiblesse physique, il n'avait aucune envie de s'abaisser à argumenter de ce sujet avec un gamin pré-pubère qui ne pouvait pas effectuer plus de cent mètres sans trébucher sur ses propres vêtements !