La Couronne de Cuivre

« Il est étrange qu’ils ne se soient pas tout simplement jetés sur nous, enfin sur nos objets, plutôt que de nous cerner de la sorte. J’espère qu’ils ne sont pas là juste pour nous faire perdre du temps. En tout cas, nous voilà passé. Continuons. La source ne doit plus être loin. »

Ils s'éloignèrent des créatures sans que ces dernières donnent des signes d'avoir l'intention de les suivre et les deux gnomes reprirent donc leur marche en avant sans rencontrer d'autre ennemi dans le couloir.

Puis, alors qu'ils avançaient toujours au même rythme, alors qu'ils faisaient un pas de plus identique à tous les précédents depuis qu'ils avaient quitté le groupe, Alchem sentit soudain un vertige, une impression de déplacement involontaire désagréable qu'il avait su associer à une téléportation.

Un battement de cœur plus tard et le svirfneblin se trouvait dans un couloir tout aussi brillant et tapissé de cristaux mais vide : son amie Dotha n'était plus à ses côtés.

« Nom d’un Drow », jura entre ses dents Alchem.
Il s’immobilisa, pivota sur lui-même. Etait-ce le même couloir ? Peu probable. S’il avait ressenti ce vertige, c’était lui, et non Dotha, qui avait fait l’Objet d’une téléportation. Où diable était-il arrivé ? Dans une autre galerie de la mine ? Dans le plan de la liche ? Il n’osa appeler, sans doute par instinct. Se mettre à crier, dans l’Outreterre, c’était le meilleur moyen d’attirer tous les monstres aux alentours. Il dressa cependant l’oreille et tâcha de se concentrer sur ses sensations, notamment sur la perception de la profondeur. Il souhaitait s’orienter par rapport à... ce qu’il pouvait. La source de magie peut-être. Sa collègue s’il l’entendait.

Il ne perçut malheureusement pas la source de magie, toujours en proie au phénomène qui l'avait privé de la sienne. Quant aux sons, il n'y en avait pas plus qu'il pouvait percevoir : ce lieu était encore plus silencieux que la galerie qu'il venait de quitter. Ou peut-être pas : ses sens des profondeurs lui indiquaient qu'il se trouvait toujours à même distance de la surface : peut-être s'agissait-il d'une dimension parallèle, ou d'un autre couloir proche du premier : toutes les hypothèses restaient ouvertes.

Alchem décida donc de reprendre sa marche, un peu comme si de rien n’était. Cela devenait des plus difficiles. Sans Dalius, sans Dotha, sans personne, il commençait à se sentir seul. Sans doute était-ce là le but recherché. Toutefois, seul, en y réfléchissant, il ne l’était pas totalement. Sa main libre disparût dans l’une de ses poches afin d’y trouver et d’y serrer le rubis gravé, cadeau de son frère, souvenir de famille. Il était toujours décidé à demeurer de marbre. Que le Despote s’agace ! En attendant, il avançait...

Une voix ne tarda pas à rompre le silence, une voix glaçante, méprisante, que le svirfneblin reconnaîtrait entre mille :

- Alors, petit être, on se sent seul ? On ne peut plus se cacher derrière des nains crasseux, des gnomes pathétiques et des idéalistes rêveurs et inutiles ? Oh, mais où est passé ton rat ? Tu as peur pour lui ?

La voix semblait venir de partout à la fois sans qu'il soit donc possible de déterminer où se trouvait le Despote.

Entendre la voix du Despote n’ébranla pas Alchem. C’était, et de loin, la chose à laquelle il s’était le plus préparé. De surcroit, c’était l’essence même de sa vocation que de s’attirer les foudres des puissants agents du mal. Il ne répondit rien. L’ignorance pure et simple était souvent la pire des gifle qu’on pouvait envoyé à ce genre d’individus. Ce qu’il se demandait, par contre, c’était la place qu’occupait la vengeance dans les plans de la liche. Il lui semblait inconcevable que tout n’ait été organisé que pour lui. Quoi qu’il en soit, il continua d’avancer.

Et il se retrouva face à un mur mais il avait atteint un couloir transversal et deux choix se présentaient donc à lui. Le Despote profita de cet instant pour l'asticoter à nouveau :

- Tu as été une épine dans mon pied - une toute petite - je te reconnais bien ça. Mais quel effet ça fait d'être coincé dans mon labyrinthe pendant que je suis libre de massacrer tous tes chers amis ? Je me demande par qui je vais commencer d'ailleurs... Mais peut-être laisserais-je mes amis duergars et drows en décider. Ils sont experts en torture après tout : ils sont si raffinés, si exquis... Tu aimes les drows, petit svirfneblin ?

A nouveau, Alchem demeura de marbre. S’en prendre aux amis, c’était un grand classique. Combien de fois avait-il fait l’objet de pareilles menaces ? Combien de fois avaient-ils vu ses collègues mourir ? Certes, au fond de lui, il craignait pour Dotha et Aleka, il craignait aussi pour Dalius. Cependant, manifester son dégout ou tenter de négocier ne servaient strictement à rien. Le Despote voulait une réaction, il n’en aurait aucune. La mention des Drow ne fit que conforter le svirfnebelin dans sa conviction. Face aux Drow, il avait toujours été implacable, inébranlable. Les larmes et les cris étaient réservées à ses moments où personne ne pouvait le voir ou l’entendre. Il choisit donc au hasard une direction, celle de gauche, et y avança.

Et rien ne lui indiqua qu'il ait choisi la bonne direction : en tous cas il ne rencontra aucun nouvel ennemi et la voix du Despote ne se fit plus entendre pendant cinq minutes qui lui parurent cinq heures. Il n'avait toujours pas atteint le moindre croisement ou le moindre indice quand la liche se fit à nouveau entendre, goguenarde :

- Tu es certain de vouloir aller par là ? Et dire que j'aurais cru que tu voudrais m'affronter !

Si ce lieu était bien le labyrinthe du Despote, si le Despote avait bien été capable de téléporter Alchem, alors peu importait la voie choisie, la liche pouvait faire aller le gnome là où elle voulait. Le svirfnebelin ignora donc encore une fois la remarque du monstre. Il continua d’avancer sur le même rythme, avec la même attitude.

Le couloir oscilla vers la gauche à plusieurs reprises et le svirfneblin se rendit compte qu'il commençait à revenir sur ses pas. Puis, alors que le couloir se poursuivait encore et toujours, un cri se fit entendre : celui de Dotha, il en aurait juré. Et c'était droit devant lui.

Alchem hésita. Fallait-il encore ignorer ? Il pouvait très bien s’agir d’une illusion sonore. Et si c’était la réalité ? Courir servirait-il à quelque chose ? C’était ce que le Despote attendait. Et le gnome doutait fort d’être en mesure de pouvoir sauver Dotha si la liche voulait vraiment la tuer. Pour autant, s’il ne se mettait à jouer le jeu du monstre qu’une fois sa volonté ébranlée, il aurait bien du mal à se ressaisir par la suite. Mieux valait donc courir, ne serait-ce que pour cela. Courir pour faire semblant d’être une marionnette. Il fallait plier pour ne pas se rompre. Le gnome se mit donc à courir, arme au poing. Tout n’était que calcul. Il n’en était pas spécialement fier. Il savait que la guerre l’avait rendu un peu froid à l’intérieur. Concilier bienveillance et pragmatisme n’était pas une tâche facile.

Le cri se fit entendre à nouveau alors qu'il n'avait pas parcouru plus de vingt mètres et Alchem déboucha enfin dans une salle. Une salle aussi anachronique qu'inattendue dans ce qui devait être des mines naines. Car il se trouvait maintenant dans ce qui ne pouvait être que la salle de prière d'un temple de la déesse araignée. Et une grande prêtresse présidait une assemblée de fidèle en se tenant derrière un autel sur lequel était ligotée Dotha. Celle-ci jeta un regard implorant dans la direction du svirfneblin et la prêtresse de Lloth en fit autant, jetant son regard rouge et sadique vers lui alors qu'un sourire pervers ourlait le coin de ses lèvres.

Alors même qu’il courait, Alchem se préparait d’avance à une scène horrible. La petite voix dans sa tête le mettait en garde contre mille dangers. Selon elle, jamais il n’aurait dû accélérer. Il aurait dû demeurer comme la pierre, inébranlable, impénétrable. Désormais, tout ne pouvait qu’aller plus mal... Comme si ce n’était pas déjà le cas avant... La vision qui ne tarda pas à s’imposer au gnome le secoua malgré tout. Il se figea, balaya la salle d’un regard... Ce ne pouvait être qu’une illusion. Le Despote se nourrissait de ses peurs, de ses ressentiments. C’était efficace, il devait le concéder. Il fixa Dotha, puis la prêtresse. Il s’élança vers cette dernière, sans un mot, lame toujours au poing. Sa main libre disparût une seconde sous sa cape de voyage avant de réapparaitre avec une dague qu’il lança dans le même geste. Il voulait tuer la prêtresse ou, à défaut, la faire reculer. Ce serait déjà un début...

Sa dague s'envola droit sur la prêtresse et celle-ci ne chercha même pas à l'esquiver tandis qu'elle lui effleurait la joue, y traçant une longue ligne sanguinolente qui la défigura. Mais, plutôt que de reculer, la drow se mit à rire et sortit elle-même un poignard qu'elle abattit dans un geste en direction de l'autel tandis que ses fidèles s'interposaient déjà sur le chemin du svirfneblin, de légères épées drows brandies vers lui. Dotha poussa un cri puis se tut, imposant un silence lourd et pesant.

La défiguration d’une grande prêtresse Drow... Une référence évidente à ce qu’avait accompli Alchem vers la fin de la guerre... Tout cela, c’était dans son esprit, il en était pratiquement persuadé.
« Vous n’existez pas », lâcha le gnome avec une froide conviction.
Il s’était immobilisé, face aux fidèles, épée brandie. S’ils n’existaient pas, il y avait de bonnes chances pour que Dotha non plus. Peu lui importait alors qu’elle ait trépassée. La vraie Dotha était ailleurs, peut-être au côté d’un Alchem inconscient. Si par contre ils existaient... non, mieux valait ne pas y songer.

Par la force de son esprit, il réussit à chambouler sa vision - l'espace d'un battement de cœur qui ne suffisait pas encore à se faire une conviction : en effet les cinq drows qui se trouvaient devant lui redevinrent quatre puis à nouveau cinq, signe qu'il ne pouvait effectivement pas se fier à sa vue. Son plus proche adversaire se fendit d'un coup qui parut bien réel - lui - puisque le svirfneblin en sentit le souffle en parvenant de justesse à l'éviter.

Alchem était très bien placé pour savoir que les illusions ne s’arrêtaient pas aux sons et aux images. Il était gnome, les illusions faisaient partie de sa culture. Il avait, de surcroit, eu une remarquable professeur pour l’instruire en cet art qu’il maîtrisait désormais honorablement. Alors qu’il esquivait le coup d’épée, il se concentra sur ses fondamentaux. Même les sortilèges du Despote devaient respecter les règles qu’il avait appris, au moins en partie. Il étudia la scène avec son regard d’illusionniste. Il sonda chacun de ses sens. Il devait percer ce sort à jour, il était certain qu’il en s’agissait d’un. Plusieurs éléments concrets le lui prouvaient. Sitôt qu’il en aurait triomphé, l’illusion ne pourrait plus l’affecter.

Se concentrer tout en combattant les quatre à cinq drows était une gageure et Alchem dut déployer toute sa discipline tant mentale que martiale pour parvenir à éviter les coups tout en étendant son esprit pour percer à jour l’illusion. Entre-temps et pour compliquer encore la manœuvre, la prêtresse avait invoqué une énorme araignée qui était descendu du plafond puis avait cherché à prendre le svirfneblin à revers.

Ce dernier reçut quelques coups douloureux et même une morsure qui s’infecta aussitôt et lui engourdit un bras. Cette douleur le rappela à la réalité et, ironiquement, lui donna les armes nécessaires pour rejeter l’illusion. Aussitôt, les drows, le temple et l’autel disparurent pour laisser place à une petite salle de cristal dont partaient trois tunnels. Cependant, rien ne lui indiquait plus lequel il avait emprunté pour parvenir à cette salle.

Alchem prit le temps de se remettre de cette épreuve. L’illusion s’était évanouie mais la douleur qu’elle avait occasionné était plus lente à se dissiper. Il se frictionna son bras engourdi jusqu’à ce qu’il retrouve ses sensations. Première petite victoire... Il était capable de venir à bout des mirages de la liche. Voilà qui n’allait pas plaire à cette dernière. Le svirfnebelin, ré adoptant son calme habituel, choisit au hasard l’un des tunnels et s’y avança. Peut-être que s’il parvenait à se situer, il aurait une idée de la direction à prendre. Sans cela, il s’en remettait à sa bonne étoile.

Au bout de quelques pas, Alchem remarqua la trace d'un pied qui avait été laissée sur un endroit un peu poussiéreux du sol pierreux. Son instinct lui souffla qu'il s'agissait de l'une de ses empreintes progressant en sens inverse, signe qu'il venait de s'engager dans le même tunnel qui l'avait mené à la dernière salle. Il refit donc demi-tour pour choisir un autre chemin et, fort étrangement, il découvrit une autre de ses traces. Mais il restait un tunnel... Ou alors il fallait poursuivre sur sa lancée car il était victime d'une nouvelle illusion retorse.

Alchem testa le troisième tunnel. S’il n’y trouvait pas ses traces, il allait continuer sur cette voie. Et dans le cas contraire... il allait aussi continuer. Mais au moins serait-il s’il y avait ses traces de partout ou non. La petite voix dans sa tête lui affirmait qu’il n’y avait pas de solution, pas de bonne en tout cas. Le Despote contrôlait tout.

Le svirfneblin eut beau chercher attentivement, il put se rassurer sur ce point-là au moins : il n’y avait aucune de ses traces – ni aucune autre d’ailleurs – dans le troisième et dernier tunnel. Il continua donc sa progression comme il l’avait prévu dans cette galerie que rien ne distinguait vraiment de la précédente. Il sentit néanmoins, à l’aide de ses sens raciaux autant que par l’observation que le tunnel descendait à intervalle régulier. Au bout de cinq minutes, il estima avoir perdu une trentaine de mètres environ quand il déboucha sur une salle qui devait se trouvait approximativement au-dessous de la précédente. Là encore, il y avait trois couloirs ainsi que – au centre de la salle – un petit piédestal sur lequel était posé une petite boule de cristal. En s’approchant, le svirfneblin put voir une image se dessiner lentement : celle d’une patrouille d’Ornegemme probablement. Il identifia aussi l’endroit où elle se situait : à peu près à deux heures de marche de la cité de Lameroy, sa destination probablement.

Alchem détourna les yeux de la boule de cristal tout en faisant non de la tête. Il sembla désabusé ou plutôt déçu. Oui, déçu. Il soupira de lassitude et choisit l’un des tunnels qui s’offraient à lui. Coup de bluff bien sûr. Il était évidemment inquiet pour les siens. Cependant, il ne désirait pas le montrer pour ne pas encourager la liche dans cette voie. Il préférait lui faire croire que ses tours étaient aussi prévisibles qu’inutiles.
« Vous vous ressemblez tous », murmura-t-il pour lui-même.
Cela, il le pensait vraiment. Les méthodes du Despote, pour l’instant, lui rappelaient beaucoup ce à quoi il avait déjà été confronté avec les Drow. Ce n’était pas une bonne nouvelles en soi, les Drow étaient des maîtres dans l’art de la torture.

Le silence lui répondit pendant un instant avant que sa provocation rencontre tout de même une réaction agacée :

- Venant d'un vulgaire caillou qu'à peine le langage sépare de ses semblables, je prendrais presque ça comme un compliment. Mais vous verrez, Alchem, vous verrez en quoi je peux me montrer unique. Tout spécialement pour vous.

Alchem réprima un sourire mauvais. La liche n’avait vraisemblablement pas appris de ses erreurs. Elle déployait tant d’efforts alors qu’il lui aurait sans doute suffi d’un seul sortilège pour se débarrasser du gnome. Tous les mêmes, vraiment. L’orgueil devait être le pire des poisons. Le svirfnebelin se contenta de poursuivre sa route sans prendre la peine de répondre au Despote. Que le monstre aille plus loin, s’investisse d’avantage, il finirait par commettre une erreur. Et si même il n’en commettait pas, Alchem avait espoir de focaliser sur lui son attention pour que les autres ne pâtissent pas trop de cette vengeance.

Une nouvelle descente lente et régulière dans un couloir incurvé vers la gauche et le svirfneblin se retrouva dans une autre salle, identique à la précédente, jusqu’au piédestal trônant en son centre, jusqu’à la boule de cristal qui se trouvait dessus, bien en évidence. Cette fois elle n’affichait plus la route d’Ornegemme mais bien l’endroit de la mine où il s’était senti disparaître. Et cette fois, ce n’est pas une patrouille svirfnebline qu’elle affichait mais bien Dotha, Aleka et les autres Lameroyaux qui les accompagnaient.

Même salle, même boule de cristal, même réaction d’Alchem. Il ne regarda pas ce que, selon toute évidence, le Despote voulait lui montrer. A quoi bon se faire du mal inutilement ? Ce n’était de toute façon pas en se lamentant devant les images de la boule que la situation allait s’améliorer. Le gnome choisit donc, encore une fois, un tunnel. Il n’avait pas même marqué un temps d’arrêt à côté du piédestal. De surcroit, qu’il puisse arriver malheur à Dotha, Aleka et les autres était tout sauf une surprise.

Dès qu’il s’engagea dans le couloir qui s’ouvrait devant lui, il entendit un nouveau rire sardonique du Despote mais celui-ci resta ensuite silencieux jusqu’à ce que le gnome ait atteint la salle suivante, quelques mètres plus loin cette fois-ci. La nouvelle pièce avait à peu près les mêmes dimensions que les deux précédentes mais trois couloirs parallèles s’ouvraient dans la paroi d’en-face. Le Despote reprit d’un ton ironique :

- Tu aimerais agir pour les sauver, n’est-ce pas ? Ton indifférence de façade ne me trompe pas alors inutile de joueur au svirfneblin blasé ! Je vais te proposer un jeu. Même les drows aiment jouer, tu dois le savoir ! Choisis un de ses tunnels. A chacun d’entre eux est liée la vie de l’un de tes camarades : cette charmante petite Dotha bien sûr, Aleka aussi, cette empêcheuse de tourner en rond adepte d’un dieu stupide et infantile et, petite surprise personnelle, ta chère maman… Je crains que le message que tu lui destinais est tombé entre de mauvaises mains et qu’il ait été quelque peu modifié…

La Couronne de Cuivre

[Lieu] Lameroy - cité naine ouverte