La Couronne de Cuivre

[Quête : Association de bienfaiteurs]

-Je te préviens : si tu fais ça, ma vengeance sera terrible. Terrible. Parole d'Alexandre.
Malgré sa bravade, le gamin semblait quelque peu inquiet. Un moment, il chercha vainement quoi ajouter puis, subitement, un éclair traversa son regard - symptôme d'une illumination intérieure, peut-être, d'une idée brillante. L'instant suivant, ses épaules se voûtaient et il soupirait à fendre l'âme.
-Bah, à quoi bon, au fond ? Je suis déjà la risée des autres, de toute façon. Eux, ils peuvent s'exercer dans les salles d'entraînement et ils vont même en mission, pour certains tous les jours. Moi, non : j'ai pas le droit de sortir et de m'exercer et tout ce que je peux faire, c'est aider aux tâches ménagères. Du coup, ils ne se privent pas de se moquer... Alors qu'ils me prennent en plus pour une fille... Bah, ça aggravera pas vraiment la situation. Si ça se trouve, ils se diront même que ça explique tout et arrêterons de m'ennuyer. Et ce serait moins rude, comme ça...
Il poussa un nouveau soupir déchirant puis se frotta les yeux d'un revers de manche.
-Bon, je vais descendre. Si ça se trouve, un peu d'aide pour faire la vaisselle serait pas de refus. Ou alors pour nettoyer la salle à manger, ou pour de la lessive... Autant que je prenne le pli, puisque ce sera désormais mon quotidien.
Toujours légèrement voûté, comme s'il portait sur son dos toute la misère du monde, il commença à prendre d'un pas lent la direction de l'escalier.

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Bigre ! Alexandre était plein de ressources ! Après les menaces, il abattait la carte du pauvre petit malheureux. C’était malin ! C’était fourbe ! Mais ce n’était pas assez pour désarmer Silmandel. Toujours sur le même ton malicieux, il susurra en avançant au même rythme que le garçon :
« Voilà bien pourquoi tu vas nous laisser faire ce test. Pour changer tout ça... Ce serait triste de continuer à faire le ménage alors que tous les autres s’amusent... Si, si triste... Ce test, c’est la porte ouverte à l’évasion ! A l’aventure ! Peut-être aux risques... Ho, mais peut-être que ça va te faire peur. Ha mais oui, je comprends tout ! En fait, tu as peur ! Juste peur ! Peur de cet inconnu ! C’est pour ça que tu revendiques ! C’est juste une excuse ! Je te comprends, la peur est légitime. Et puisque c’est ton choix de vouloir continuer à faire le ménage, je le respecte. Bon courage ! »
Et hop ! Voilà comment tout inverser !

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Il commençait à bien connaître Alexandre et ses paroles provoquèrent l'effet escompté.
-Je n'ai peur de rien ni de personne et il n'est aucun défi devant lequel je recule ! répartir le gamin en bombant le torse.
Toutefois, passé cette prime et instinctive fanfaronnade, il ne tarde pas à soupirer derechef.
-Mais ça ne change rien à ma situation. Si je peux pas m'entraîner contrairement à tous les autres, alors qu'ils ont absolument aucun pouvoir, c'est pas moi qui l'ait choisi. Et si tes expériences montrent que je suis un ensorceleur ou un élu divin, c'est pas pour autant que j'aurai le droit de vivre des aventures ou de me servir de la magie : une certaine personne dira qu'il vaut mieux être prudent, qu'il vaut mieux attendre de meilleures circonstances pour l'utiliser, pour m'exercer... Bref, que je le veuille ou non, que j'aie des pouvoirs ou non, pour moi, ça restera cuisine, vaisselle, lessive et ménage dans l'immédiat.
Et de descendre les premières marches de l'escalier, l'air aussi dépité que résigné.

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Derrière le voile des plaisanteries se cachait une véritable demande. Silmandel ne pouvait que comprendre Alexandre car lui-même, dans sa situation, aurait eu à peu près les mêmes réflexions. Quoi que non. Lui, il aurait agit. N’avait-il pas fuit sa famille pour trouver l’aventure ? Il répondit sur un ton plus naturel :
« Ho, tu sais, je crois que tu n’as pas trop de souci à te faire. Ta sœur cherche à te préserver mais le fait est que trop de choses gravitent autour de toi pour que ton quotidien se résume au ménage. En fait, je ne sais pas si c’est une bonne nouvelle. L’aventure n’a pas toujours le visage qu’on espérerait. En tout cas, et là je parle sérieusement, s’il s’avère que mes suppositions à ton sujet se révèlent fondées, tu pourras compter sur moi pour t’entraîner. Et rien que ça, c’est déjà une sacrée aventure que de dompter les arcanes. »

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-Si tu penses que ma sœur te laissera faire, c'est que tu la connais mal, répondit Alexandre avec la même résignation - qui n'était peut-être pas si feinte que cela, au final. On dirait pas, comme ça, mais elle est aussi têtue que moi et quand elle a décidé quelque chose, faut se lever tôt pour la faire changer d'avis. Pour te donner un exemple... Elle a décidé que je ne m'entraînerai pas avec les gens de la Guilde, parce qu'elle ne veut pas que ça me plaise et que je veuille devenir un voleur, et j'ai beau lui expliquer qu'apprendre à être discret peut toujours servir, ce qui est vrai, elle n'en démord pas. Alors pour les pouvoirs, elle dira que ça me mettrait en danger si quelqu'un ici découvrait que j'en ai, qu'il sera plus prudent d'attendre que nous soyons ailleurs, que notre situation se soit stabilisée, améliorée... Je sais que ça part d'un bon sentiment, qu'elle fait ça pour bien, mais en attendant, ça me condamne à sévèrement m'ennuyer.
Soupir.
-Enfin, j'imagine qu'avec beaucoup, beaucoup d'imagination, on doit pouvoir arriver à trouver amusants des trucs comme la vaisselle...
Et de descendre une nouvelle marche.

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« Encore une fois, tu n’as pas à t’inquiéter. Si le test est concluant, il deviendra important que tu apprennes au plus vite à maîtriser tes pouvoirs. C’est si tu ne le fais pas que ça peut devenir dangereux. Un saut d’humeur, un gros stress, une belle peur et hop, ça peut partir sans prévenir, blesser quelqu’un, faire des dégâts. Il est déjà trop tard pour attendre à cause de ce matin. Je le dirais à Clémentine. Pour un élu divin ou un ensorceleur, la voie de la prudence, c’est d’apprivoiser l’énergie qui est en lui. Et si le test n’est pas concluant... »
Silmandel, qui était entre temps redevenu visible, posa la main sur l’épaule d’Alexandre, l’incitant à s’arrêter.
« ... je parlerai quand même à Clémentine. Tu n’es plus si jeune que ça et, surtout dans cette ville, il vaut mieux savoir se débrouiller. Je ne promets pas de réussir, mais d’essayer. »

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Alexandre secoua la tête.
-C'est gentil mais honnêtement, tu devrais renoncer tout de suite, ça t'évitera de perdre ton temps. Elle dit que je suis une tête de mule et elle a pas tort, mais il faut reconnaître que j'ai été à bonne école : en la matière, elle n'a pas son pareil.
Il eut un sourire en coin.
-Moi, je sais que c'est peine perdue d'essayer de négocier. Alors d'accord, je continue à le faire, mais c'est juste par principe. La seule vraie solution, c'est... de lui désobéir quand elle a le dos tourné !

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Silmandel ne put réprimer un petit rire amusé.
« Ho, je vois où tu veux en venir, petit malin. Mais avant d’envisager de faire des choses dans le dos de Clémentine, attendons le résultat du test, car il peut changer la donne. Et niveau tête de mule... je pense pas mal me défendre également. »
Il rendit à l’enfant son sourire en coin, puis se détourna. Il retournait à pas lent vers la chambre du gamin et de sa sœur. Oui, du test dépendait beaucoup. Il pouvait certainement influencer le comportement de Clémentine vis-à-vis de son frère si celui-ci avait belle et bien des pouvoirs magiques. L’elfe, du fait même de son statut d’ensorceleur, aurait un avis avec du poids. Il se retrouverait dans son domaine. Dans le cas contraire, ce serait bien plus dur et il faudrait certainement, soit négocier, soit tricher, ce qui conduisait à nombre de questions qu’il n’avait pas du tout envie de se poser tout de suite.

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-Je parlais pas forcément de cette histoire de pouvoirs, fit la voix du garçon derrière lui. Je t'exposais simplement la technique à laquelle je recours habituellement.
Lorsque Silmandel entra dans la chambre, Clémentine lui jeta un regard ensommeillé. Un regard qui ne tarda pas à se faire plus persant, toutefois.
-Où est Alexandre ? s'enquit-elle. Tu l'as noyé ?
Du marmot, nulle trace : contrairement à l'impression qu'il avait d'abord donnée, il n'avait pas suivi l'ensorceleur.

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Et l’ensorceleur n’allait pas le chercher. Il ne pouvait, de toute façon, pas aller bien loin. De plus, lui courir après aurait été comme lui céder, perdre l’espèce de duel qui s’était instauré. Et Silmandel ne perdait jamais !
« Tout à fait ! répondit-il. Pour dire vrai, j’ai un peu parlé avec lui. On verra bien ce qu’il en sera. Et il ne devrait pas tarder à revenir. Bon, sur ce, je te souhaite bonne nuit. Si jamais, demain, il est disposé à faire le test, ou plutôt à nous laisser faire le test, tu n’as qu’à frapper à ma porte. »
Il aurait pu lui signaler que son frère attendait qu’elle avait le dos tourné pour lui désobéir, mais il ne le jugea pas utile.

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-Attends une seconde... lâcha la jeune femme, sourcils froncés. D'abord, tu incites mon frère à quitter la chambre. Ensuite, tu reviens sans lui et, manifestement, sans savoir où il est. Enfin, tu veux aller te coucher comme si de rien n'était et me laisser aller le trouver moi-même ? Tu rêves, mon vieux.
Elle croisa les bras.
-Tu peux gagner ton lit. Cependant, je te préviens : s'il n'est pas de retour dans une heure, je t'en tire et t'envoie à ses trousses, car il est hors de question que je fouille la Guilde de fond en combles pour réparer les conséquences de votre duel d'égos !

« Ça marche ! Je serais loin de dormir dans une heure. Mais à mon avis, il sera déjà là. »
Sur ce, il sortit et gagna sa propre chambre. Pour dire vrai, cela commencerait à modérément lui plaire si Alexandre se mettait à faire n’importe quoi. Les duels verbaux, c’était certes amusant, mais comme à peu près tout, l’elfe finissait par s’en lasser au bout d’un moment. Alors si à chaque fois il devait en passer par là avec le gamin, tout cela pour aboutir à une fugue, il devrait certainement changer sa façon de se comporter avec lui. Ce serait dommage pour l’enfant car au fond, ce serait lui qui allait y perdre. Une fois dans sa chambre, l’ensorceleur ne s’allongea pas. Il demera face à sa fenêtre, scrutant pensivement l’extérieur. Avait-il encore fait une erreur en débutant ce petit jeu ? Il se le demandait. M’enfin, il se faisait peut-être des soucis pour rien. Lui, se faire des soucis... un comble !

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Toutefois, il apparut rapidement que Silmandel et plus encore Clémentine s'étaient inquiétés pour rien. En effet, l'ensorceleur n'avait pas regagné sa chambre depuis cinq minutes qu'il croyait percevoir des pas légers dans le couloir. Un instant plus tard, il n'y eut plus le moindre doute : la porte de la pièce voisine s'ouvrit puis se referma discrètement. Quoi qu'ait été fabriquer Alexandre, il était de retour. Pour le reste, la guilde devenait de plus en plus silencieuse : hormis peut-être dans les salles de détente, ses occupants devaient s'apprêter à dormir, à prendre des forces pour relever les défis qu'apporterait le lendemain.

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Indéniablement soulagé par le retour d’Alexandre, Silmandel put s’allonger et s’abandonner sereinement à la songerie elfique. Cette journée avait été marquée par de belles erreurs de sa part, mais il estimait s’être rattrapé, au moins en partie. Ceux de la guilde n’avaient normalement pas eu trop matière à s’intriguer. Demain, il tâcherait d’éviter les catastrophes et de réussir aussi bien le travail qu’on allait sûrement lui confier. De quoi s’agirait-il ? Il se lança dans l’amusant jeu des suppositions, l’esprit de plus en plus embrumé, ses idées de plus en plus vagabondes. Lorsqu’il allait se réveiller, ce serait encore la pleine nuit. Il penserait alors à prier Séluné comme il se l’était promis. Après... Après, il ne savait pas... Il attendrait sans doute Clémentine pour le test. Si elle ne venait pas, tant pis, il ne se transformerait pas...

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Il dormit donc, puis pria, activité à laquelle il n'était pas habitué et qui ne se solda par aucune manifestation extraordinaire. La seule apparition dont il fut témoin se produisit peu avant l'aube et fut tout sauf surnaturelle : après avoir discrètement toqué à la porte, Clémentine entra, un petit ballot sous le bras - contenant sans nul doute une certaine robe et une certaine couronne.
-Je suis fière de toi : tu as réussi à résister à la tentation de te transformer avant mon arrivée, lui glissa-t-elle, souriante, après l'avoir salué.

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« Tu as vu ? Incroyable ! Je m’étonne moi-même ! »
Lorsque Clémentine entra, Silmandel était accoudé à sa fenêtre, le regard perdu quelque part dans le ciel nocturne. Revenant au moment présent, il n’aurait pu exactement dire ce à quoi il songeait la seconde d’avant tant ses songeries étaient diffuses et diverses. Parmi elles se trouvaient forcément celle du fameux test, mais elle n’était pas aussi prédominante qu’on aurait pu le supposer. Pour preuve, l’espace d’un très bref instant, l’elfe s’était demandé qui toquait à sa porte. Il fit face à la jeune femme et considéra ce qu’elle tenait.
« Ho, j’en déduis que notre petite terreur a bien voulu prêter ses affaires. Bon, il faut se dépêcher. L’aube est proche. »
Si elle n’avait rien à ajouter, l’ensorceleur allait se transformer.

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Clémentine non seulement n'ajouta rien mais, de surcroit, se hâta de revêtir la robe et de placer la couronne sur sa tête. Les artefacts lui conférèrent une indéniable majesté, comme ils le faisaient pour son frère ; mais, à la différence de ce dernier, elle ne paraissait pas du tout à l'aise en les portant.
-Bon, qu'est-ce que je dois faire, exactement ? s'enquit-elle lorsqu'ils furent tout deux parés.

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Silmandel, pour sa part, ne portait plus que sa tunique. Celle-ci lui tombait plus bas que les genoux, elle suffisait donc amplement. Il observa Clémentine dans cette belle tenue.
« Ça te va bien », commenta-t-il, amusé.
Il redevint ensuite sérieux et tâcha de se souvenir en détail de ce qui s’était passé hier.
« En fait, c’est assez simple, à expliquer tout du moins. J’ai juste demandé à Alexandre de se concentrer, de penser à Séluné et de vouloir me rendre ma forme elfique. Il a également tendu les mains vers moi. Sait-on jamais, ça a peut-être une importance. Moi, de mon côté, je me concentrais aussi. Si tu es prête, on y va. »
Un instant, il hésita à ne fournir aucun effort et à se contenter d’attendre. Il avait un peu peur de fausser le test s’il parvenait par lui-même à se retransformer. Puis il se remémora la lumière, le flash qu’il y avait eu avec le garçon, des signes qui ne trompaient pas aucun risque donc que la retransformassions, si elle avait lieu, puisse être atribuée à la mauvaise personne.

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Clémentine se conforma scrupuleusement à ses instructions - il n'y avait qu'à voir son front plissé pour comprendre à quel point elle se concentrait. Et ils demeurèrent ainsi face à face deux bonnes minutes sans que rien ne se produise.
-Je dois donner raison à mon frère : ça file sacrément mal à la tête... souffla finalement la jeune femme en baissant les mains. Mais j'imagine qu'une seule tentative, ça n'a rien de probant et qu'il va donc nous falloir remettre ça dans un instant...

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« En effet. Plus on essayera, plus on pourra en conclure quelque chose. Reposes-toi. Dès que tu te sens à nouveau d’attaque, on y va. »
Silmandel était tout à fait sérieux, fait assez rare pour qu’on le remarque immédiatement. Cette histoire le passionnait. Découvrir les éventuels pouvoirs d’Alexandre et, peut-être, l’aider à les développer, c’était une quête digne d’intérêt. Alors il voulait faire les choses comme il faut. Relâchant également sa concentration, il s’assit sur son lit et réfléchit un instant. Avec le garçon, assez vite, il avait vu les lumières au bout de ses doigts. Il devait vraiment porter attention à la moindre lueur car elles permettaient de se faire un jugement plus précis. Clémentine n’était pas dans une situation d’urgence ce qui pouvait justifier ses échecs. Mais si les artéfacts étaient les seuls responsables de la retransformassions d’hier, alors la jeune femme devait au moins être capable de créer quelques manifestations magiques, aussi infimes soient-elles.

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Ils procédèrent à trois essais supplémentaires, parvenant toujours au même résultat ou, plutôt, à la même absence de résultat : jamais les mains de Clémentine ne furent environnées d'étincelles, jamais Silmandel n'éprouva le moindre picotememnt - du moins, aucune dont il puisse être certain qu'il ne s'agisse pas du simple produit de son imagination. Ils s'apprêtaient cependant à opérer une quatrième tentative lorsque l'ensorceleur retrouva sa forme ordinaire : l'aube les avait rattrapés.
-Monsieur Peluche s'étant volatilisé, je crois qu'il est temps pour Princesse Clémentine d'en faire de même... dit la jeune femme en se débarrassant de la couronne.

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« Monsieur Peluche ? Pardon, mais je préfère Messire Félin, ou Gros Chat à la limite. Encore que "gros" puisse ne pas avoir une bonne connotation. Grand Chat, Monsieur Grand Chat... »
Alors que Clémentine retirait les artéfacts, Silmandel se rhabillait. Il n’avait pas tardé à de nouveau plaisanter. Cependant, il redevint sérieux au moment de dresser le bilan du test.
« A mon niveau, je n’ai rien ressenti, ni rien vu. Même si on n’était pas pressé, il aurait dû au moins y avoir un début d’effet. Trois tentatives tout de même. Demain, il faudra retester avec Alexandre. Viens aussi. Ce sera mieux. »

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Clémentine parut dubitative.
-Je ne sais pas si c'est très indiqué : même si je me fais très discrète, ma seule présence pourrait le déconcentrer... répondit-elle. C'est d'ailleurs pour la même raison qu'il n'est pas venu ce matin : il ne voulait pas fausser le test, sachant qu'il n'aurait sans doute pas réussi à s'empêcher de me taquiner s'il avait été là... Pour le reste, il était parfaitement réveillé, preuve s'il en fallait que se lever avant l'aurore ne le dérange nullement...

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« Bon, très bien. Qu’il vienne seul alors. Tu as raison, c’est certainement préférable. »
Alexandre savait être sérieux quand il le fallait, c’était un bon point. Sa décision de rester à l’écart, aujourd’hui, était sage. Pas de perturbation, le test pouvait être jugé comme fiable. Et il confirmait les suppositions de Silmandel. Rien n’était encore sûr, mais cela se précisait.
« Bon. Et bien, c’est une nouvelle journée qui nous attends. »
Il acheva de se vêtir. Il allait peut-être traîner un peu avant de descendre si personne ne le demandait. Progressivement, ses pensées se tournaient vers sa future mission. Mais il était tout de même impatient d’être à demain.

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-Oui, et nous verrons bien de quoi elle sera faite. J'espère que, pour toi, elle sera synonyme d'une nouvelle mission : sinon, tu risques de t'ennuyer !
Sur un sourire amical, elle quitta la chambre pour regagner le sienne. Peu après, Silmandel l'entendit qui ressortait, vraissemblablement accompagnée de son cadet : sans doute se dirigeaient-ils vers le réfectoire. Pour le reste, si personne ne vint toquer à sa porte, il percevait des sons explicites : la Guilde achevait de s'éveiller.

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Oui, il valait mieux qu’on lui attribue une mission. Quelque chose de palpitant de préférence, voire d’épique, en tout cas, d’amusant. Il ne tarderait pas à être fixé. Silmandel se décida à sortir de sa chambre. Direction le réfectoire. Il songeait encore au test de ce matin, ainsi qu’à celui de demain. Une aventure parallèle qui pouvait, tout autant que ses missions, l’intéresser. C’était bien parti. Mais pour que tout ne vire pas au drame, il devait encore veiller à éviter les imprudences. Aujourd’hui, il serait exemplaire.

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Il se retrouva bientôt attablé en compagnie de son groupe habituel. Si personne ne se pressait vraiment, personne ne traînait non plus, et pour cause : tout le monde avait de quoi s'occuper, ce jour-là, qu'il s'agisse d'une mission déjà entamée ou d'une tâche nouvellement confiée. En fait, les seuls à ne pas encore être fixés sur leur programme étaient Clémentine et Silmandel.
-Peut-être Fagin vous fera-t-il collaborer... avança, encourageant, un Terence que leur chef avait réquisitionné une demi-heure plus tôt, pour une opération devant être entreprise au cours de la matinée.

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« Ce ne serait pas pour me déplaire », répondit Silmandel avec l’un de ses larges sourires coutumiers.
Il profitait de son petit déjeuné à son rythme. Rien ne le pressait, mais il espérait qu’il en irait bientôt autrement. Il imagina un instant ce que pourrait donner une collaboration avec Clémentine. Il en avait déjà une petite idée, l’excursion dans les cryptes s’était plutôt bien déroulée en dépit des nombreux dangers rencontrés. En comparaison, dérober un objet, c’était peu de chose, sauf si bien sûr le dit objet se révélait être la couronne de l’empereur.
« Et toi, Clémentine, tu en penses quoi ? »

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-Oh, ce serait sympa de refaire équipe. Mais comme nous sommes des petits nouveaux, comme nous n'avons pas encore terminé la... période de probation, j'imagine mal Fagin nous confier une mission au cours de laquelle nous ne serions pas supervisés d'une manière ou d'une autre. Alors à mon avis, soit il n'avait rien à nous confier qui soit susceptible de nous convenir, soit il y avait plus urgent pour la Guilde que notre évaluation.
-Pessimiste ! fit Terence.
-Rabat-joie ! lança Alexandre, exactement au même instant.
-Non, réaliste, conclut tranquillement Clémentine.

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« Logique », répondit quant à lui Silmandel.
Cependant, il ajouta aussitôt :
« Mais je veux croire que nos réussites mutuelles de la veille peuvent pousser Fagin à nous confier quelque chose. Peut-être pas un truc extraordinaire, mais un truc tout de même. »
Tout plutôt que rien ! Enfin, tout, presque tout. L’elfe n’avait pas spécialement envie de se retrouver à surveiller un domaine pendant des heures par exemple. Quoi qu’il en soit, il ferait bien de songer à un plan de secours si jamais il devait se trouver lui-même une occupation.

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[Bâtiment] La Guilde des Voleurs