La Couronne de Cuivre

Il s'agissait probablement d'un esclave : il portait en effet un bijou drow mais il devait être presque complètement humain. Au delà de cette première constatation, Alchem remarqua que ses vêtements étaient d'un peu trop bonne facture pour ce bouge. Cela et son attitude arrogante confirmait que le colosse était ici pour affirmer sa supériorité. Sans doute pour se défouler un peu. Les autres clients s'écartèrent de lui alors qu'il répondait d'un ton parfaitement méprisant à Alchem :

- Qu'est-ce que tu baragouines, avorton ? Parles donc plus fort que le son puisse monter à mes oreilles !

Alchem devait se débarrasser de ce gêneur sans pour autant attirer l’attention sur lui-même. S’il battait en retraite, cela ne suffirait peut-être pas. S’il optait pour la confrontation, ce serait pire, sans compter qu’il pouvait fort bien perdre une lutte physique. Dès lors, il fallait un peu tricher. Il leva les yeux sur l’humain, sembla sur le point de formuler des excuses mais, pendant ce temps, l’une de ses mains disparût dans sa manche et saisit sa baguette, sans montrer cette dernière, alors que de sa main libre il exécuta un geste discret.

Alchem > Illusion mineure

L’instant d’après, un murmure se fit entendre, venant d’un coin de la pièce. Il s’agissait d’une moquerie envers le colosse. Selon elle, il n’était bon qu’à faire les gros bras devant des demies portions, sous-entendant qu’en vérité, ce n’était qu’un gros lâche. La voix était celle d’un homme sorti de l’imagination du gnome. Lancer discrètement un sort mineur n’était pas difficile en raison des composantes simplistes qu’il exigeait. Cependant, il restait une petite chance pour que quelqu’un ait pu remarquer quelque chose. Tant pis. Les risques étaient inévitables.

Le résultat fut immédiat et sans doute conforme aux espérances du svirfneblin. Le colosse se détourna de lui en lui assénant une bourrade mesquine et il se fraya brusquement un passage dans la direction d’où était provenu le son. Il prit à partie un humain se situant opportunément dans la zone et sembla attirer toute l’attention des clients que la scène n’avait pas simplement laissés indifférent. Le svirfneblin retournait donc – au moins temporairement – dans un confortable anonymat.

Bien parfait. Alchem ne fit pas grand-chose. Il se contenta d’aller s’installer dans un coin, le plus tranquille possible, et fit mine de simplement vouloir se reposer un instant après une journée de dur labeur. Son but, écouter, déceler les rumeurs, les nouvelles. Il faudrait sans doute pour cela que le colosse cesse de faire son show. Le gnome espérait que ce serait rapide.

Et ce fut effectivement rapide. Les deux humains en vinrent rapidement aux mains sans que l'incident ne dégénère en bagarre de plus grande ampleur. L'empathie n'était en effet pas la vertu la plus valorisée dans une cité drow. Il fallut l'intervention d'un "assistant" demi-orque de l'aubergiste pour y mettre bon ordre d'une façon aussi expéditive que violente.

Alchem dut ensuite prendre son mal en patience pour que le niveau sonore et l'activité ne reviennent à la normale. Les premières informations qu'il parvint à capter concernaient des sujets sans intérêt - les travaux aux champs, les exigences des grandes familles et notamment des matrones - mais apprirent au svirfneblin que les besoins de nourriture et d'armes de la cité semblaient avoir augmenté et que ces deux denrées étaient devenues plus difficiles à se procurer en ville. Un sujet amenant l'autre, on se mit à pester contre la présence d'étrangers venus gréver encore un peu plus les maigres réserves des gens du bas peuple.

Bien, intéressant. Des étrangers en ville, voilà qui ne devait pas être banal. Quelque chose d’inhabituel se passait, il fallait savoir quoi. Alchem nota tout ceci dans un coin de son esprit, tout en poursuivant son écoute. Il n’en baissait pas pour autant sa garde. En était-il seulement capable ?

Personne ne semblait devoir faire vraiment attention à un esclave aussi misérable qu'un svirneblin aux vêtements élimés. Ce ne serait sans doute pas le cas dans les quartiers plus favorisés de la cité mais ici, Alchem pouvait sans doute s'attarder des heures s'il ne posait aucune question susceptible d'attirer la méfiance. Il lui fallut être patient, tendre l'oreille, mais il finit par en apprendre davantage : une grande quantité d'esclaves était apparue en ville au cours des dernières veilles. Ils n'étaient pas destinés aux champs de champignons. Et quelqu'un cherchait à les équiper à en juger par la pénurie de métaux qui sévissait en ville. Bref, tout portait à croire qu'une des maisons ou même plusieurs cherchaient à se renforcer.

Beaucoup d’esclaves... Une demande en armement en nette augmentation... une force militaire se mettait en place, pour attaquer Ornegemme ? Pour se défendre contre des ennemis intérieurs ? Ou une autre cité Drow ? En tout cas, c’était une piste et Alchem comptait bien la suivre. Cela le mènerait bien quelque part. Il entreprit donc d’un peu se mêler aux conversations. Il n’aborderait jamais le sujet lui-même, il se contenterait de rebondir dessus. Il voulait savoir qui était à l’initiative de ces manœuvres et du coup, avoir une idée de l’endroit à inspecter en ville.

Alchem n’eut guère de difficulté à se fondre parmi la masse et de prendre place à une tablée réunissant quelques autres esclaves de petite taille : des gnomes comme lui dont la plupart venaient de lignées de la surface. Dès lors, le svirfneblin en apprit un peu plus sur la situation hiérarchique en ville et les luttes de pouvoir entre les maisons. Il était de notoriété publique que deux maisons – les Mleziir et les Illystin - s’étaient rapprochées récemment pour nuire à l’influence de la maison dominante, la redoutée maison Telenna. Cette dernière s’était beaucoup renforcée dernièrement et ses maisons rivales avaient anticipé leur possible annihilation en faisant de même. Pour autant, le conflit larvé n’avait pas encore dégénéré en bain de sang, tout juste quelques membres mineurs des trois familles avaient été assassinés récemment.

Ha, les Drow et leurs conflits internes... Alchem commença à se demander si le moyen le plus simple d’accomplir sa mission n’était pas d’attiser les luttes entre les maisons nobles. Il pouvait laisser quelques cadavres derrière lui. S’il choisissait les bons, ce pourrait être très profitable. Quoi qu’il en soit, pour agir d’une façon ou d’une autre, il devait rassembler assez d’informations. Il discuterait et écouterait en ce lieu sordide tant que nécessaire. Après, il devrait avoir déterminés de nouveaux lieux à inspecter, à espionner.

Les conversations dérivèrent et commencèrent à tourner en rond et Alchem acquit assez rapidement la certitude qu’il ne pourrait pas en apprendre davantage dans cette gargote à moins peut-être de poser des questions franches et directes qui ne manqueraient pas d’éveiller les soupçons par ailleurs. Il estimait que cela faisait à peu près trois heures qu'il avait regagné le plan matériel et la taverne commençait à se vider de ses clients sans doute amenés à se lever tôt le "lendemain".

Bon, il était temps de bouger. Alchem n’ayant pas le loisir d’adopter la démarche la plus prudente, puisque son but était d’enrailler l’épidémie de sa cité et de mettre un terme aux assauts larvés des Drow, il décida de se rendre directement en centre ville. Localiser les maisons nobles impliquées dans le conflit, repérer les marques de leurs esclaves respectifs, ce serait la nouvelle étape à atteindre. Le gnome tenta de faire le trajet à pieds, sans user de magie. Si cela semblait trop complexe, il faudrait changer de méthode.

Personne ne sembla prêter plus qu’une attention distraite et passagère à un petit esclave misérable tant qu’il resta dans le quartier périphérique de la cité. Alchem supposait néanmoins qu’il valait mieux éviter certaines venelles pour ne pas attirer de rencontre inopportune : quelque part, c’était en restant visible qu’il se sentait le plus à l’abri. La donne changea du tout au tout au moment où il entrevit les derniers bâtiments bâtis à même le sol – plus loin toutes les constructions étaient habilement intégrées aux stalagmites et même aux stalactites de la vaste caverne abritant la ville. La ligne de démarcation entre les deux parties de la ville était en outre délimitée par une muraille percée d’une porte visible. Ce passage était naturellement gardé par un petit contingent de drows et tous ceux cherchant à le franchir étaient interrogés.

Alchem resta à distance de la porte, réfléchissant à ses options. Il pouvait franchir l’obstacle de plusieurs façons. Utiliser un sort d’invisibilité par exemple. Mais ce dernier ne durait qu’une heure. Il se résolut rapidement à utiliser une fois de plus sa forme éthéré. Sans cela, il avait peur de devoir utiliser plus de ressources magiques par une successions d’illusions. Il allait ainsi bénéficier de huit heures d’observation. Ce devrait être assez pour faire ses repérages. Écouter, voir, c’était déjà pas mal.

Le svirfneblin dut se replier légèrement et rechercher un couvert pour minimiser les risques que quelqu'un ne voit un modeste esclave en train d'incanter un sortilège complexe au sein même de la cité. Toutefois, rien ne vint entraver la manœuvre et Alchem se retrouva bientôt projeté dans l'éther, miroir quasiment parfait de l'odieuse cité drow. Dès lors, franchir les murailles ne s'avéra nullement problématique et il se retrouva à errer dans les rues bien plus régulières et organisées de la partie de la ville abritant les administrations, certaines écoles, temples et commerces ainsi que la plupart des maisons drows dignes d'intérêt en dehors des plus puissantes que comptaient la ville. Sauf à pénétrer dans les plus grands bâtiments, les risques étaient faibles de se heurter à un problème majeur aussi Alchem semblait pour l'heure assez libre de ses mouvements.

Il en profita pour explorer largement les rues et édifices. Bien sûr, il écoutait tout ce qu’il pouvait. Des yeux et des oreilles, voilà tout ce qui lui fallait pour apprendre, peut-être, où il devrait précisément se rendre afin de trouver les maisons nobles qui l’intéressaient et peut-être savoir ce qu’elles manigançaient. Dès qu’il allait repérer des gens échangeant des choses à voix basses, il y prêterait une attention particulière, conscient qu’il ne s’agirait sans doute que de secrets sans valeur pour lui, mais sait-on jamais. Quoi qu’il en soit, il allait consacrer plusieurs heures à cette pèches aux informations.

Repérer des noms en particulier s’avéra délicat mais le temps consacré par Alchem pour obtenir des informations fut loin d’être vain et sans résultat. Il en apprit notamment plus sur les relations entre certaines familles et la topographie des lieux : la famille dominante et ses vassaux directs contrôlaient le secteur du grand temple de Lloth et de l’Université des mages, le centre névralgique et géographique de la cité. Quant à ses deux rivales, l’une d’elle était implantée dans cette partie périphérique de la cité intérieure et tirait son influence de son contrôle des voies commerciales. La deuxième était bien plus traditionaliste et reléguée près des murs de la caverne.

Ses informations acquises, Alchem chercha désormais à connaître les marques identifiants les esclaves des factions engagées dans ce conflit. Puisqu’il pouvait se rendre n’importe où, puisqu’il pouvait voir sans être vu, il lui suffisait de repérer les esclaves concernés et d’attendre qu’un d’eux se lave ou se mette au lit. Il déploya tout d’abord ses efforts sur les maisons subalternes car ce serait en leur nom qu’il allait bientôt tuer. La grande prêtresse qu’il avait défiguré devait appartenir à la maison dominante. Il allait prendre un plaisir tout particulier à lui nuire, même si au final il espérait bien embraser toute la cité. Un but audacieux, ce ne serait pas simple. Chaque chose en son temps. Petit meurtre par petit meurtre, il ferait sa route de discorde.

Récupérer le tatouage des esclaves de la maison traditionnaliste fut plus difficile que pour la maison centrée sur le commerce car elle employait bien moins d’esclaves. Toutefois, Alchem put consacrer le temps nécessaire à acquérir la certitude d’avoir identifié l’un et l’autre en recoupant ses sources d’observation. Il repéra cependant certaines anomalies qu’il pouvait éventuellement exploiter : certains esclaves arborant des tatouages différents se mêlaient à ceux dominants. De sa connaissance de l’organisation des familles drows, le svirfneblin en déduit qu’il devait s’agir d’esclaves de maisons vassales incorporés ponctuellement ou non parmi les rangs d’une des familles dominantes ou, au contraire et sans doute plus rarement, d’espions infiltrés.

Un vilain sourire apparût sur la face grise d’Alchem. Il commençait à détenir toutes les informations dont il avait besoin pour frapper. Et il frapperait bientôt. Il frapperait fort. Pas le temps pour trop de finesse, sans compter qu’il devait engendrer une vraie étincelle pour espérer embraser quoi que ce soit. Le plan qu’il mettait en place était osé, risqué, mais il pouvait lui faire gagner des heures, peut-être des jours. Il se mit à présent en quête de la maison dominante. Il lui fallait trouver une victime idéale. Il n’avait pas la prétention de pouvoir atteindre quelqu’un de trop important. Ce genre de personnes étaient trop protégées. Mais s’il pouvait au moins localiser par exemple une jeune prêtresse de Lolth, voir une novice, ce serait déjà parfait. À défaut, un autre Drow ferait l’affaire, du moment qu’il appartenait à la bonne maison et ne semblait pas trop insignifiant. La localisation faite, il faudrait repérer les environs car Alchem se préparait à retourner dans le plan matériel et il devait donc planifier sa fuite.

Alchem se rendit compte, après avoir passé un peu de temps à suivre plusieurs drows depuis le trio de stalagmites qu'occupait la famille Telenna, que nombre d'entre eux se rendaient vers le grand temple de Lloth ou encore vers l'immense complexe dédié à l'art de la magie. Sans nul doute, les membres de cette maison occupaient les postes les plus importants de ces deux institutions incontournables. Le svirfneblin repéra plusieurs jeunes adultes bien habillés qui pourraient convenir à son forfait. Mais lesquels choisirait-il de suivre ?

Les jeunes femmes, sans hésité. Sa haine vis-à-vis des prêtresses de Lolth était viscérale. S’il pouvait intercepter une jeune prêtresse isolée, voir deux, il frapperait. Pour ce faire, il lancerait au préalable une modification d’apparence, afin de se changer en un gnome des roches à l’air froid et décidé, portant sur son épaule la marque des esclaves d’une des maisons concurrentes. Il sortirait du plan éthéré hors de vue de qui que ce soit, puis se servirait de sa dague. Il avait beau avoir perdu en réflexe, il savait encore porter des coups dans le dos. Il voulait réussir son assassinat, mais savait que ce n’était pas une absolue nécessité. Le fait d’agresser pouvait être suffisant. Et bien sûr, après, il lui fallait s’échapper.

HRP : vraiment navré pour le retard.

En demeurant dans l'éther, Alchem eut tout loisir de repérer deux jeunes prêtresses se dirigeant seules vers le grand temple. Elles devisaient à mi voix d'une cérémonie qui devait être organisée le soir même pour rendre grâce à la déesse araignée et progressaient sans vraiment se soucier de leur sécurité : qui serait assez fou pour s'en prendre à deux représentantes de la Lloth et de la famille la plus puissante de la ville ? Le svirfneblin les vit s'engager dans une rue adjacente au temple et où personne d'autre ne semblait en capacité d'assister à son forfait et a fortiori de l'empêcher.

Il s’exécuta donc, changea son apparence, quittant le plan éthéré pour se retrouver dans le dos des jeunes prêtresses. Le voilà sous les traits d’un gnome de la surface à l’air un rien sinistre. Un esclave fidèle, implacable, c’était l’image qu’il désirait transmettre. Il s’avança sans un bruit et avec un calme glacial. À le voir ainsi, on pouvait légitimement se demander s’il agissait pour Ornegemme ou pour étancher sa haine meurtrière. Ce fut bien la haine, en tout cas, qui guida sa main, sa lame. Il sauta dans le dos d’une des femmes et frappa pour tuer. Si elle tombait, il pourrait l’égorger. Il s’occuperait de l’autre après, espérant que la surprise suffirait à éviter qu’il n’ait à se défendre avant la première élimination.

L'instinct du chasseur reprit immédiatement le dessus malgré les brusques changements qu'il avait vécu lors de l'étrange phénomène. Alchem fut peut-être même surpris par sa froide efficacité : la lame s'enfonça exactement où il avait voulu, entre deux côtes, se frayant un chemin vers le cœur noir de la première acolyte. Celle-ci mourut sans se débattre, sans même un cri. La deuxième eut à peine le temps de se retourner avant qu'il ne dégage sa lame gorgée de sang. Il vit les émotions se peindre sur le visage encore juvénile de sa prochaine victime : la surprise, l'incompréhension, la crainte. En tous cas, elle semblait tellement prise au dépourvu que le svirfneblin avait certainement encore le temps d'agir avant qu'elle ne songe à fuir, ou se défendre.

Il n’hésita pas. Une Drow, même jeune, même sans défense, restait à ses yeux un monstre. Et un monstre qui servait Lolth méritait dix fois de mourir. Il sauta sur elle, il frappa, visa le cœur, encore. Et dans ses yeux, une effrayante détermination. Et dans son esprit, la petite voix qui jubilait. S’il n’était pas vu, il lui serait facile de fuir, de retourner se cacher, de reprendre son observation, de trouver de nouvelles cibles, de frapper encore. Le plan était là, le plan était implacable.

Le coup porta. La lame s’enfonça. Le tranchant perça le fin tissu de la toge diaphane et hors de prix. L’objet plongea sans plus de résistance dans la chair de la drow, glissa entre les cotes, détruisit le cœur noir de la drow. Les yeux de celle-ci se révulsèrent, son corps tout entier fut pris d’uns spasme violent. La prêtresse se raidit, s’affaissa, tomba à genoux et s’effondra. Elle avait à peine pu pousser un cri ne dénotant guère dans une ville de l’Ombreterre. La drow était morte et personne n’était accouru pour la secourir. Ni sa déesse, ni ses fidèles, ni aucun esclave. Alchem était libre de partir se chercher une autre proie. Libre de jubiler peut-être.

Alchem fut certes satisfait, mais son visage resta vide d’expression. Après un rapide regard d’un côté et de l’autre de la ruelle, il rengaina sa lame, prononça un mot et devint invisible. Il disposait ainsi d’une heure pour quitter le quartier et regagner l’auberge où il s’était établi. Il se reposerait puis, de nouveau en pleine possession de ses moyens, réutiliserait la forme éthérée afin de se trouver une nouvelle cible. Il n’allait frapper que la maison dirigeante, espérant ainsi que ses actes seraient interprétés comme venant des maisons rivales. Le chaos, voilà ce qu’il comptait provoquer ! Il combattait ainsi les elfes noirs avec leur propres armes : sournoiserie, peur, sang.

HRP : si rien ne vient bousculer le plan de mon personnage, il l’exécute en boucle.

Revenir à l’auberge puis dans le quartier de la maison dirigeante ne posa guère de difficulté à Alchem même s’il constata une agitation bien plus importante que lors de sa première incursion. Il n’eut aucun mal à suivre une nouvelle cible – un mâle en robe de mage cette fois - et à l’abattre dans une ruelle isolée. Sur le chemin du retour, il avisa un petit groupe de trois prêtresses vraisemblablement occupées à rechercher l’assassin. La tentation était grande de frapper à nouveau un grand coup même s’il ne pouvait pas déterminer si ces drows faisaient ou non partie de la maison qu’il entendait cibler.

Il ne céda pas à la tentation. S’il dispersait ses meurtres, s’il ne touchait pas que la maison dirigeante, ses actes pourraient difficilement passer pour ceux des rivaux. Il se contenta donc de se replier. Il pouvait utiliser deux fois par jour sa forme éthérée, sans compter ses sortilèges d’invisibilité, ce qui lui offrait un temps considérable d’espionnage, temps qu’il allait mettre à profit pour commencer à examiner non plus seulement les rues et ruelles, mais aussi les habitations des Drow. Il savait que, inévitablement, les cibles isolées allaient sous peu se faire rares, pour dire le moins. Tout le monde allait se déplacer avec une escortes puisque le tueur ne frappait que dans les lieux isolés. Alchem pensait déjà à l’étape suivante : tuer directement dans les chambres, directement dans les lits. Là viendrait la vraie peur, la vraie suspicion. Tous les esclaves, tous les serviteurs allaient devenir suspects. Il y avait un traitre quelque part, quelqu’un à la solde des maisons comploteuses. Ou alors ces dernières employaient directement un vrai assassin. Après tout, il n’y avait pas mieux qu’un elfe noir pour tuer un elfe noir. Tant de possibilité... Le chef des patrouilleurs espérait juste que ses ennemis ne viendraient pas à soupçonner l’usage de la magie, pas avant que ne commence les représailles, pas avant que ne s’installe le chaos. Il savait que la forme éthérée était un sortilège puissant et donc largement méconnus. Mais il y avait dans cette cités des mages et des prêtresses expérimentées. Il savait aussi que les elfes noirs avaient mis au point des bracelets magiques capables d’offrir un déplacement via le plan de la gisombre. Certains drow étaient donc bien placés pour comprendre qu’il fallait plus qu’un mur, plus que des sentinelles pour arrêter un tueur ayant recours aux arcanes. Oui, Alchem savait prendre des risques. Mais il mettait toutes les chances de son côté. Voilà pourquoi il apparaissait et disparaissait toujours hors de vue, pourquoi aussi il ne tuait que sous l’apparence d’un esclave, esclave qui était sensé ne pas avoir de magie. Voilà également pourquoi, après ses meurtres, après ses longues périodes d’espionnage, il prenait le temps à l’auberge d’écouter les conversations. Allait-on finir par parler de ce qui se passait ? Même s’il ne se l’avouait pas, il éprouvait un plaisir certain à faire ce qu’il faisait et il était impatient d’en constater les effets. À ses monstres de devenir paranoïaques ! Qu’ils se déchirent !

La Couronne de Cuivre

Ornegemme, cité svirfnebline