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Posté : mer. 11 juin 2014, 21:05
par Hubert de Maleval
Hubert n'y comprenait rien, mais ce n'était pas son créneau. Le plus important était que l'écuyer d'Etienne soit capable d'ouvrir les coffres, ce qui lui permettrait de conserver Alban et Ruth auprès de lui. Si Giovanni avait envie de déterminer quelles étaient exactement les conditions pour que le processus fonctionne, libre à lui de s'y casser les méninges : le paladin avait d'autres soucis.
" Bon. C'est parfait, dit-il. Vous allez ouvrir tout ce qu'il y a à ouvrir, ensuite il faudra prévenir Ignace."
Il s'était volontairement retiré de l'équation, cela éviterait les questions malvenues. Il regarda les morceaux de métal qu'ils venaient de découvrir.
" Je ne sais pas qui est le plus à même de reconstituer ce machin... Avons-nous un adepte de Gond sous la main ? Il y a peut-être un plan quelque part..."
Posté : mer. 11 juin 2014, 21:18
par Taliesin
-Je ne crois pas que la Communauté compte d'adeptes de Gond dans ses rangs. Mais à vue de nez, je dirais que ces éléments permettent de monter une sorte de... baliste antique. Hum, j'en parlerai à Ariel : il s'ennuyait tellement, fut un temps, qu'il est allé te chiper un ouvrage sur les armes de siège dans l'ancielle salle de réunion de l'état-major.
Ils ne trouvèrent aucun schéma. En revanche, les deux autres coffres contenaient des pièces similaires. Quant à ceux de la dernière salle, ils abritaient ce que le barde identifia comme le matériel nécessaire à la construction d'une unique catapulte.
Posté : mer. 11 juin 2014, 21:25
par Hubert de Maleval
Hubert était plutôt satisfait de leurs trouvailles et il renvoya les enfants vers les hauteurs. Il espérait qu'Ariel pourrait effectivement tirer quelque chose de la baliste et de la catapulte. Avoir ces armes sur les remparts ou au sommet des tours serait réellement bienvenu pour assurer leur défense. Mais il était confiant : ce qu'il avait imaginé comme une petite pause inutile s'était transformé en une chasse au trésor efficace, l'avenir leur souriait. Il n'avait d'ailleurs aucune idée de l'heure qu'il était, mais sans doute était-il tard, l'heure de souper, puis de monter sur les remparts. Avant cela, il fallait qu'il aille informer Etienne de ce dont son écuyer était capable : sa contribution ne serait pas négligeable une fois qu'ils auraient rallié Clairétoile. Cheminant dans le fort, à la recherche du chevalier, il réalisa qu'avec toute cette histoire, il n'avait pas réfléchi à la question qui occuperait le conseil du lendemain. Sans doute Albérich avait-il eu l'opportunité d'en parler avec le jeune Fontbrune, désormais.. Quelques épées dans un coffre ne changeaient évidemment la donne en rien, ça avait juste été une distraction opportune. Il regretta de ne pas avoir associé Albérich à l'aventure, puis se rasséréna, un peu tristement. Ce n'était pas le genre de broutille qui aurait amélioré l'humeur du Luménien, il le savait bien.
Posté : mer. 11 juin 2014, 21:31
par Taliesin
Le chevalier errait dans les couloirs, la mine pensive, les mains dans le dos ; il prenait cependant soin de sourire à ceux qu'il croisait, de leur adresser quelques mots aimables. Lorsque le paladin lui eut annoncé la nouvelle, son visage s'éclaira.
-C'est formidable ! Et je pensais emmener Charles dans tous les cas... Désormais, vous aurez de quoi mieux vous défendre, et de notre côté, nous devrions trouver de quoi sécuriser efficacement une zone si d'aventure la Communauté toute entière devait se replier.
Posté : mer. 11 juin 2014, 21:42
par Hubert de Maleval
Hubert était heureux de l'enthousiasme d'Etienne. Il aurait bien pris congé pour éviter de voir leur conversation dégénérer, mais en tant que chef de l'état-major, il se devait de rester informé de ses intentions.
" As-tu pris une décision quant à ton second ? Je ne veux pas te presser mais l'expédition partira certainement dès demain. Qui que tu choisisses, je pense qu'il serait mieux que ton officier ait le temps de se préparer — mentalement, aussi — avant de monter en selle."
Il avait dit cela sans dureté particulière, mais vu sa position, Etienne ne pouvait pas se permettre d'être sentimental.
Posté : mer. 11 juin 2014, 21:46
par Taliesin
Étienne acquiesça.
-J'ai discuté avec Mathias et je partirai avec lui. Comme tu l'as dit lors de la réunion, vu la diminution de vos forces, un trop grand nombre d'officiers ne se justifie pas. Et puis, je le connais bien, depuis longtemps... Cela rajoutera de la cohésion à notre groupe.
Il sourit.
-Tout se passera bien de notre côté. Je suis plus inquiet pour vous mais... Je vais me convaincre qu'il n'arrivera rien d'horrible en mon absence.
Posté : jeu. 12 juin 2014, 06:09
par Hubert de Maleval
" Essaie d'avoir l'esprit là où tu te trouves, dit le paladin. Le laisser avec nous t'exposera à davantage de dangers. Souviens-toi que nous pouvons communiquer via nos clercs, au besoin. Il suffira de demander à Gabriel de mémoriser le sort nécessaire et je pense que les bardes doivent disposer de pouvoirs similaires. Il faudra que tu choisisses celui que tu veux emmener, d'ailleurs. J'ai parlé à Giovanni, qui était hésitant, mais peut-être est-ce mieux que tu décides toi-même et que tu approches ton élu. Tu pourras convaincre notre peintre si tu le désires, il était quand même très tenté, et à présent que Charles peut ouvrir les coffres, l'expédition devrait être davantage riche en découvertes."
Il croisa les bras.
" Je crains que nous n'ayons pas le temps de parler aux colons choisis par Edgar ce soir. Je ne l'ai pas, en tout cas. Mais tu peux peut-être le faire avec Edgar ? De toute façon, ils seront désormais sous ta responsabilité, je n'ai donc rien à voir avec cela. Je pense que leur laisser la soirée pour se préparer et faire leurs adieux est nécessaire. Enfin, il faudra que nous décidions, avec le conseil, de la marche à suivre s'il devait y avoir du grabuge. Je ne te cache pas que je suis pour que vous restiez à Clairétoile en cas d'attaque sur le Fort, y compris si nous devions être débordés par le nombre mais..."
Une fois encore...
" ... je me plierai bien sûr à la décision collégiale."
Posté : jeu. 12 juin 2014, 10:20
par Taliesin
Le jeune chevalier parut stupéfait.
-Tu voudrais que nous restions là-bas, les bras croisés, pendant que vous... ?
Il soupira.
-Nous verrons cela demain, quand le Conseil se réunira : un dilemme à la fois, ça me suffit largement.
Il se força à sourire.
-Je vais retrouver Edgar et nous parlerons aux hommes. Avoir une base de repli étant fondamental, plus tôt nous serons partis, mieux ce sera.
Posté : jeu. 12 juin 2014, 14:32
par Hubert de Maleval
« En effet, dit simplement le paladin. Bon, c’est l’heure de ma garde. Bonne nuit à toi, Etienne. »
Encore un petit détour par l’intendance, puis Hubert entendait bien gagner la cour, embarquer ses écuyers, et gagner les hauteurs. Il espérait que Ruth et Alban supporteraient les hurlements et qu’il n’avait pas commis une grossière erreur en les invitant à le suivre. Avec le déclin du soleil, l’idée paraissait moins audacieuse, d’autant qu’Agnès ne manquerait pas de lui tomber sur le paletot. Déjà qu’ils étaient à couteaux tirés, il espérait qu’elle ne lirait pas la chose comme une provocation… Dommage, dommage, dommage que ce soit Gabriel qui parte vers Clairétoile. En même temps, Hubert ne pouvait en vouloir au jeune Lathandrite : l’appel de la découverte était évidemment plus fort que celui de l’attente. Néanmoins, il réalisait que si Giovanni partait lui aussi, l’ambiance dans le fort pourrait rapidement se plomber.
Posté : jeu. 12 juin 2014, 14:47
par Taliesin
Il alla transmettre les dernières nouvelles à Ignace puis se rendit à la cantine, où l'on servait un repas anticipé à ceux qui, sous peu, devraient prendre position sur les remparts. Là, il aperçut ses écuyers, qui mangeaient avec appétit tout en devisant - des coffres et de leur contenu, sans doute. Enfin vint pour eux le moment de se réunir et de sortir. Ruth était pimpante et pleine d'allant, comme à son habitude. Alban, lui, n'en menait pas large mais n'en arborait pas moins une mine déterminée.
Posté : jeu. 12 juin 2014, 14:52
par Hubert de Maleval
Hubert décida de les mener sur le rempart nord. C'était celui qui était le plus éloigné du campement cannibale et le son y était donc légèrement moins puissant — à peine, mais tout de même. Il évita de leur rappeler qu'ils pouvaient renoncer à tout moment : ils le savaient et il ne voulait pas attirer leur attention sur la pénibilité de la situation. Il leur rappela de rester avec lui, c'était leur rôle d'écuyer, et prit sa place entre deux créneaux, vigilant. La musique des bardes couvrait imparfaitement les hurlements, on se serait cru dans un temple de Loviatar, mais il n'en fit évidemment pas la remarque à voix haute. Il se contenta de scruter la nuit de son regard perçant, sans plus rien songer à d'autre.
Posté : jeu. 12 juin 2014, 15:00
par Taliesin
Ruth endura l'épreuve sans la moindre difficulté : certes, son visage refléta une vive colère, une intense envie d'en découdre avec les bourreaux mais elle se contenta de jouer son rôle. Ce fut plus rude pour Alban : il sembla d'abord très mal à l'aise, frissonna violemment sans que le froid y soit pour quelque chose, probablement, puis se rapprocha du paladin pour mieux profiter de son aura. Il alla même jusqu'à chercher sa main, pour la serrer très fort. Il finit cependant par se décrisper quelque peu, et le temps s'écoula sans que rien de particulier ne se produise.
Posté : jeu. 12 juin 2014, 16:29
par Hubert de Maleval
Au bout de deux heures, Hubert les envoya se coucher, comme il l'avait prévu. Il leur souhaita la bonne nuit, les félicita pour leur sérieux et leur résilience, et leur annonça qu'ils remettraient le couvert dès le lendemain. Il ne mentionna pas l'évidence, que si la nuit était trop difficile, leur accord serait revu. Il comptait sur Ruth pour veiller sur Alban, même s'il n'imaginait pas la gamine aussi solide qu'elle en avait l'air. Mais elle tenait mieux le coup, sans doute à cause de ce père alcoolique qui l'avait emplie de colère, au fil des années...
Il les aurait bien accompagnés jusqu'au sous-sol mais il ne pouvait pas quitter son poste, il se contenta donc de les observer tandis qu'ils quittaient le chemin de ronde vers la tour voisine, puis disparaissaient pour la nuit.
Il se mit ensuite en marche pour faire un tour des remparts, prendre la température auprès des sentinelles, évaluer leur moral, leur fatigue, leur détermination.
***
De son côté, Albérich avait fini par se résoudre à aller trouver Etienne. Il l'avait cherché plus tôt dans la journée, après avoir profité de l'eau chaude des thermes, dans lesquelles il n'avait trouvé qu'un apaisement imparfait, mais le chevalier était alors en réunion d'état-major. Il avait donc regagné son chariot et ses documents, identifié les premières personnes qui pourraient présenter leur profession aux enfants, puis il avait retenté d'approcher Etienne, pour le trouver en grande discussion avec Mathias. Il s'était rabattu sur Ted, et lui avait parlé de l'organisation d'un tournoi, peut-être à petite échelle, quelque chose qui ne serait pas seulement un spectacle mais aussi une activité.
Ensuite, il avait erré dans les couloirs, plongé dans ses pensées. Il ne parvenait pas à identifier de solution. Toutes celles qui lui venaient passaient par Agnès et Agnès était rigide comme une Helmite. Il songea à nouveau au phylactère et à la possibilité d'espionner les colons à leur insu. Puis il déchanta, se résigna à l'idée que le mal les frapperait et qu'ils n'avaient rien à lui opposer. Il comprenait les arguments d'Ignace et d'Agnès. Il les aurait défendus s'il n'y avait eu cette ombre constante à l'intérieur de lui-même. L'intendant et la prêtresse paieraient le prix de leurs idéaux. Mais ils ne seraient pas seuls à en souffrir.
Finalement, après le souper, il aperçut le chevalier. Il discutait avec Edgar. Plutôt que de battre en retraite, il demeura en retrait, attendant qu'il se libère. Il ne pouvait pas attendre le lendemain et le conseil, ce serait bien trop risqué.
Posté : jeu. 12 juin 2014, 16:45
par Taliesin
Le chevalier finit par le remarquer et par s'approcher de lui. Lorsqu'il apprit la nouvelle, il ferma brièvement les yeux et poussa un profond soupir.
-Je m'en doutais... souffla-t-il. As-tu essayé de lui expliquer que j'étais le représentant légal de la Communauté, pour ce qui est de nos accords avec la banque ?
Il grimaça.
-Bah, ça n'aurait rien changé, et lui faire une telle demande était une mauvaise idée. J'essaierai de réfléchir à une solution cette nuit, ou demain matin. Mais là, comme ça... Je ne vois rien.
Posté : jeu. 12 juin 2014, 16:55
par Galathée
" Je pense qu'il vaut mieux compter sur la vigilance des personnes qui sont au courant que de risquer de faire exploser le conseil, Etienne, même si nous ne trouvons rien. Hubert voudra sûrement discuter avec Agnès pour parvenir à un compromis. Peut-être pourra-t-elle être sensibilisée à la nécessité de composer avec la sensibilité adverse... Si les conseillers sont en conflit ouvert, ou même larvé, ce ne sera pas une bonne chose non plus. Nous devons retrouver matière à dialoguer."
Il soupira.
" Mais je pense que tu dois être honnête, demain. Dire que tu votes avec eux pour que le conseil demeure uni. Si tu prétends être complètement de leur côté, tu leur donneras une légitimité qui rendra toute négociation impossible."
Posté : jeu. 12 juin 2014, 17:03
par Taliesin
Il sentit que sa dernière tirade avait blessé son interlocuteur. Mais ce n'était pas bien méchant : déjà, il reprenait une expression plus neutre.
-Albérich, je sais que nous ne nous connaissons pas beaucoup, et que croire quelqu'un sur parole n'est pas toujours évident, mais... En toute franchise, je ne suis pas du genre à mentir ou à jouer la comédie. Même si je le voulais, ce qui n'est pas le cas, je ne suis pas sûr que j'y arriverai. Je préfère de loin me montrer honnête, dire ce que je pense... Alors je leur expliquerai clairement ce que je pense, et le pourquoi de mon vote. Tu n'as pas à t'en faire sur ce point.
Posté : jeu. 12 juin 2014, 17:15
par Galathée
" Je ne voulais pas te blesser, dit le Luménien, sensible à sa maladresse. Mais je connais mal Agnès et Ignace, certainement moins bien que toi, et j'ai pensé que tu voudrais peut-être... Je ne sais pas. Les ménager. Je suis désolé."
Pourquoi diable avait-il accepté de siéger dans ce fichu conseil, déjà ? La tension qu'il avait essayé de maintenir à l'écart toute la journée était à nouveau en train de gonfler en son sein. Il fallait qu'il mette fin, rapidement, à cet entretien.
" Je te souhaite de bons préparatifs en vue de ton départ vers Clairétoile. Nous nous verrons demain."
Peut-être l'âme mauvaise accompagnerait-elle Etienne vers la cité, en réalité...
Posté : jeu. 12 juin 2014, 17:23
par Taliesin
Le chevalier l'observa un instant.
-Albérich...Je suis vraiment désolé que tu aies rejoint le Conseil alors que celui-ci est... à ce point divisé. C'est la première fois que ça arrive et je crois... que cela nous déroute tous. Mais chacun d'entre nous est bien intentionné, et j'ai bon espoir que nous parvenions à trouver un compromis, même si, pour l'heure, cela semble très compliqué.
Il lui sourit.
-Passe une bonne nuit et à demain.
Et de rejoindre Edgar, qui l'attendait de pied ferme.
Posté : jeu. 12 juin 2014, 17:49
par Galathée
Albérich salua Etienne et Edgar, puis battit en retraite vers sa chambre. Il y devisa avec les instituteurs, de choses et d'autres, sans importance, tâchant de garder son trouble pour lui. Il comptait sur la légèreté des échanges pour lui changer les idées, mais de temps en temps, il sentait qu'il décrochait de la conversation, que son esprit allait vagabonder dans les ténèbres, en des endroits dont il devait pourtant se garder. Au moment où le petit groupe décida de se coucher, il se releva et sortit. Il avait besoin d'air frais, d'espace, de se sentir exister. Ces caves commençaient doucement à l'oppresser, et les cannibales n'en étaient qu'indirectement responsables.
Il n'espérait pas vraiment trouver de réconfort auprès d'Hubert. Le paladin, malgré son aura, sa bienveillance, ses espoirs, avait ses limites. Ce n'était qu'un individu et ils étaient cinq cents à l'intérieur, trois ou quatre cents dehors, trop, beaucoup trop, pour n'importe qui. Mais ils pouvaient échanger, un moment, et il savait qu'il se sentirait mieux ensuite. Pendant deux ou trois minutes peut-être.
" Tu veux intégrer l'équipe de nuit ? lui demanda Hubert en le voyant approcher.
— Pas vraiment."
Il pensa lui parler d'Etienne, renonça. Il n'était pas venu se plomber le moral davantage.
« Il parait que vous avez réussi à ouvrir les coffres ?
— Tu es bien renseigné. Ils contenaient des armes, des armures, bref… du matériel militaire.
— Oh, déception !
— Qu’espérais-tu ?
— Je ne sais pas… De bons livres, du bon vin… Du savon, peut-être.
— Du savon ?
— Pourquoi pas ? »
Le paladin rit gaiement.
« J’avais presque oublié Albérich le précieux.
— Le cadre n’aide pas à s’en souvenir. »
Hubert acquiesça, toujours hilare.
« Alors, qu’avez-vous fait pour que ça s’ouvre ?
— On ne sait pas très bien. J’ai juste frôlé la surface. Nous avons pensé que c’était peut-être lié à ma… race. Tu sais, cette histoire d’aasimar.
— Je n’ai pas oublié. »
Il paraissait embarrassé. Albérich lui retourna un sourire tranquille.
« Mais finalement, Ruth, Alban et Charles savent aussi les ouvrir, donc c’est probablement tout autre chose.
— Les nobles et les preux.
— Oui, ceux qui se croient tels, en tout cas.
— Pourquoi dis-tu ça ?
— Parce que je ne pense pas que Giovanni soit moins noble ou preux que moi. Pourtant, il n’y arrive pas.
— C’est peut-être une question d’attachement à une certaine forme de loi…
— Ruth y parvient, Albérich. Ce n’est manifestement pas la cause. »
Le Luménien demeura songeur une seconde, puis haussa les épaules.
« Il n’est pas impossible que vous soyez tous des descendants des anciens résidents de Clairétoile. C’était une vaste cité et ses habitants l’ont fuie. Ils ont certainement eu des enfants et leurs enfants à leur tour. Probablement que la moitié de la communauté partage cette ascendance. Etienne le premier. Est-ce qu’il a essayé ?
— Non. Je dois dire que ma priorité était l’efficacité, pas des théories sur les mécanismes de ces coffres.
— Je comprends.
— Ce serait une magie du sang, alors, tu penses ? Je ne suis pas sûr que je trouve ça agréable. C’est très nécromantique.
— On peut le voir comme ça, je suppose. Mais tu as raison : le principal, c’est de les avoir ouverts. »
Un sourire bourgeonna sur ses lèvres.
« Je sais ! C’est l’odeur de canasson !
— Je n’ai plus monté Grand Vent depuis des jours !
— Mais tu es imprégné, Hubert. Imprégné jusqu’à la moelle. »
La mine du paladin reflétait son dépit, ce qui amusa d’autant plus le Luménien. Puis, brusquement, Hubert sourit.
« Moque-toi de moi si ça te fait plaisir. C’est la moindre des choses que je puisse faire pour toi. »
Albérich perçut la gravité de la déclaration et ne put s’empêcher de redevenir sérieux.
« Ne culpabilise pas, Hubert. Je t’en prie. Tu n’es pas responsable, nous en avons déjà parlé mille fois.
— C’est un mensonge, Albérich, et c’est un non-dit entre nous. Si tu voulais bien… le reconnaître… Je me sentirais peut-être déjà mieux. »
Il secoua la tête.
« Mais c’est injuste. Je n’ai pas à me sentir mieux. »
Albérich eut un sourire amer.
« Hubert. Oui, je regrette que tu nous aies mis dans cette situation. Je le regrette immensément. Mais dans le même temps… Je ne peux pas t’en vouloir. Tu as sacrifié beaucoup pour m’accompagner sur les routes. Tu n’y étais pas obligé. Sans toi… Je ne sais pas où j’en serais. Peut-être nulle part.
— Ne dis pas n’importe qu…
— Laisse-moi terminer. Je crois que tu ne mesures pas l’état dans lequel j’étais au moment où tu m’as rejoint sur la route. Si j’avais été pris dans le blizzard, seul, je m’y serais abandonné. »
Hubert était devenu pourpre, mais Albérich avait besoin de vider son sac.
« Aujourd’hui, j’ai envie de vivre, Hubert. C’est ça qui rend la situation intolérable. Mais cette envie de vivre, je te la dois, je ne pourrai donc jamais t’en vouloir d’avoir pris cette décision. Même si c’était une foutrement mauvaise idée. »
Il se retourna, balayant la cour du regard.
« Dans le même temps, ces gens… ils ont de la chance de t’avoir. Si nous avions appris, sur la route, qu’ils étaient en difficulté… Je t’aurais encouragé à aller leur porter secours. »
Il sourit.
« Donc… Oui, tu es responsable. Mais tu es responsable de beaucoup plus. Et la balance est en ta faveur. »
Le teint d’Hubert n’avait pas changé et quand il relâcha sa respiration, il y avait un tremblement dans sa voix.
« Je ne sais pas quoi dire, souffla-t-il.
— Ne dis rien. Contente-toi de nous sauver. »
Albérich pressa l’épaule du paladin et le sentit frissonner sous ses doigts.
« Je dois monter la garde, murmura-t-il.
— Bien sûr. Je vais te laisser. Bonne nuit.
— Toi aussi. »
Hubert se détourna et demeura figé, les yeux dans le noir, manifestement troublé. Le Luménien se demanda s’il n’avait commis un impair en s’exprimant avec une telle franchise, mais sur le moment même, il lui avait semblé approprié… nécessaire, même, de dire les choses telles qu’elles étaient. C’était ce que lui avait demandé le paladin. Evidemment, cela ne l’avait pas soulagé et Albérich se sentit coupable de l’avoir chargé de ses aveux. Mais c’était honnête. Il pinça les lèvres, fit quelques pas vers la tour nord-est, puis s'y engouffra pour retourner dans les profondeurs.
Posté : jeu. 12 juin 2014, 18:13
par Taliesin
Une nouvelle nuit s'écoula.
Pour l'un, elle fut faite de ténèbres, de hurlements mêlés de musique, de l'aube, enfin.
Pour l'autre, ce fut un sommeil agité, peuplé de fugaces cauchemars et malgré tout reposant, puis la voix d'Edgar, retentissante.
Un nouveau jour s'était levé sur le fort.
Un nouveau jour de siège qui verait le départ d'une expédition et un Conseil qui promettait d'être houleux.
Posté : jeu. 12 juin 2014, 18:41
par Galathée
Albérich se leva, ankylosé et mal reposé, et demeura un moment assis sur sa couche. Il n'avait pas eu d'illumination pendant la nuit, pas de solution toute faite pour affronter l'ombre en leur sein. S'il avait été clerc, les choses auraient été différentes. Il aurait tout un arsenal à sa disposition, la capacité de percevoir les auras, de détecter les mensonges, de sanctifier un lieu. Il s'était refusé à y réfléchir, car la chose était douloureuse, et de toute façon, on en revenait à l'alternative problématique. Agir sans avertir les colons et ainsi trahir les principes de la communauté versus leur révéler la situation et créer un sentiment de méfiance destructeur, tout en permettant aux âmes mauvaises de se préparer. Il n'y avait pas de solution, sinon garder l'oeil ouvert et craindre en silence.
Il s'habilla rapidement et gagna l'intendance. Le conseil débuterait probablement juste après le petit déjeuner. Il n'avait aucune envie de s'y rendre, aucune envie d'assister aux débats, aucune envie de se retrouver entre Hubert et Agnès. Mais il n'avait pas le choix, aussi se chercha-t-il un coin de table et une tasse de thé. Le paladin était invisible, sans doute ne tarderait-il pas à descendre de son sinistre perchoir. La fatigue mêlée à l'énergie de Lathandre ne l'aiderait probablement pas à se montrer conciliant.
Posté : jeu. 12 juin 2014, 19:05
par Taliesin
Un quart d'heure plus tard, ils étaient tous là. Sans vraiment avoir et besoin de se consulter, ils avaient décidé de déjeuner ensemble, peut-être pour avoir un moyen de se donner contenance lorsque la tension serait à son paroxysme, peut-être pour se débarrasser au plus vite de cette rencontre que tous devaient redouter. Les salutations furent cordiales mais la nervosité de chacun était palpable et Étienne ne laissa pas le temps au silence de s'installer.
-L'expédition est prête à partir. Finalement, Giovanni a préféré rester ici, et c'est donc Roxane qui viendra avec nous. Visiblement, elle a constitué un duo haut en couleurs mais efficace avec Gabriel.
-Tout l'équipement est déjà prêt, enchaîna Ignace. J'ai également pris toutes les dispositions nécessaires pour le déménagement de notre équipement dans la nef : il pourra débuter ce matin.
Posté : jeu. 12 juin 2014, 19:12
par Galathée
Albérich ne dit absolument rien, réservant ses forces pour plus tard. Cette expédition le concernait peu, de toute façon : comme l'espérait sûrement Hubert, qui était devenu vert lorsqu'il avait proposé de s'y joindre la veille, Etienne avait accepté de la mener. Le Luménien voyait partir le chevalier avec un petit pincement au coeur. C'était un homme qu'il connaissait peu, mais qu'il appréciait. Il était écrit que la communauté devait se scinder, pourtant.
" Très bien, dit Hubert. Comptez-vous tous partir en selle ? Ou bien une partie du groupe ira-t-elle à pied ?"
Le paladin paraissait pareil à lui-même, mais Albérich l'avait senti un peu distant. Vestiges de leur échange de la veille, sûrement.
Posté : jeu. 12 juin 2014, 19:19
par Taliesin
-Nous serons tous montés, répondit-il. Cela permettra de faire le trajet plus rapidement et... La promptitude semble importance. De surcroit, comme nous prendrons essentiellement des bêtes soldes, de celles qui ont tiré nos chariots, elles pourront porter du matériel en plus de leur cavalier. Enfin, le cas échéant, elles pourront faire office d'animaux de bât... Bien évidemment, il est encore possible de modifier cet aspect des choses, si tu le trouves inopportun.
Posté : jeu. 12 juin 2014, 19:26
par Galathée
" C'était pour avoir une idée du nombre de personnes que nous pourrons mettre en selle si nous devons nous replier. Mais je ne veux rien modifier au dispositif. Nous n'avons de toute façon pas assez d'animaux pour tout le monde."
Il se tourna vers Ignace. Albérich se raidit. Hubert était lancé.
" J'imagine que dans la préparation du matériel, vous avez songé à prélever une partie des objets magiques de la liche. Certains sont probablement plus utiles dans une mission d'exploration qu'à croupir ici."
Il n'attendit pas la réponse, se doutant probablement que l'intendant avait déjà fait le nécessaire.
" Nous devons discuter de l'attitude des deux groupes s'il devait survenir un événement fâcheux, ici ou là-bas."
Il ne se prononça pas davantage, mais il avait certainement sa petite idée.
Posté : jeu. 12 juin 2014, 19:43
par Taliesin
Agnès et Ignace se tinrent cois - ils n'étaient évidemment pas spécialistes de stratégie - tandis qu’Étienne se fendait d'une moue embarrassée. Et finalement, ce fut le peu disert Ézéchiel qui prit la parole.
-A mon avis... Si l'expédition rencontre de grosses difficultés, elle doit essayer de se replier. Si elle n'y parvient pas, nous ne devrons pas tenter de voler à son secours : pour affronter une menace capable d'anéantir un groupe de cinquante personnes bien armées, bien entraînées, il nous faudrait envoyer une escouade plus importante encore, ce qui laisserait la Communauté absolument sans défense, cette fois. Quant à nous... Si nous sommes submergés, l'expédition devra rester où elle est : elle n'aura jamais la possibilité d'arriver à temps. Éventuellement, elle peut rebrousser chemin sur une partie du tunnel, afin d'accueillir et d'encadrer les civils que nous y aurons envoyés.
Posté : jeu. 12 juin 2014, 19:51
par Galathée
Mouché, songea Albérich.
Mais Hubert se fendit d'un sourire tranquille et acquiesça.
" Je ne l'aurais pas mieux exprimé."
Il se tourna vers Etienne et son regard se fit plus aigu.
" Il faut évidemment que le conseil l'entérine."
Posté : jeu. 12 juin 2014, 20:00
par Taliesin
-Cette approche me paraît la plus raisonnable, fit Ignace.
-Je suis d'accord, acquiesça Agnès après une brève hésitation. Le cas échéant, comme nous pourrons communiquer entre nous, il sera toujours possible de changer de plan.
Étienne soupira.
-Très bien, puisque la majorité est de cet avis...
Posté : jeu. 12 juin 2014, 20:10
par Galathée
Une première chose de réglée, songea Albérich en donnant à son tour son aval, même si celui-ci n'était plus nécessaire.
" Il est vrai qu'en fonction des découvertes que vous ferez, nous pourrons envisager de créer des échanges... Comme vous le savez, nous avons ouvert les coffres et ils se sont révélés contenir du matériel militaire. D'après ce qu'a raconté Gabriel, d'autres contenants du même type nous attendent à Clairétoile. Vous y dénicherez peut-être de quoi nous garantir la victoire sur les cannibales, auquel cas, il faudra aviser. Bref, tout ça peut attendre. Quand pensez-vous être prêts à partir ?"
Posté : jeu. 12 juin 2014, 20:17
par Taliesin
-Dans la matinée. Comme le disait Ignace, tout l'équipement est déjà rassemblé, ce qui comprend la nourriture et l'eau. En ce domaine, ne reste plus qu'à seller les chevaux. Pour le reste, Mathias et moi avons parlé à nos hommes, je suis allé discuter avec les civils en compagnie d'Edgar... l'équipe est au grand complet et chacun de ses membres sait que nous sommes en partance.
Il y eut des murmures approbateurs. Si le Conseil semblait unanime sur un point, c'était bien celui-là : l'expédition devait se mettre en route au plus vite.