La Couronne de Cuivre

Quête : Le hasard fait bien les choses.

Soren l'attendait et ils repartirent pour musarder sur les quais. Contrairement à la jeune femme, le Sunite ne regrettait rien et paraissait d'excellente humeur. Il était cependant sensible à l'humeur d'Angèle et il finit par s'arrêter avec elle, en bordure de l'eau. Plusieurs navires croisaient dans le port, lourds voiliers marchands, grands chaluts aux filets emmêlés, petites embarcations plus modestes, tous survolés par des mouettes criardes.
" Tu as le coeur lourd, mais cela ne durera pas, Angèle. Tu as juste profité d'une petite parenthèse enchantée, peut-être, mais elle ne l'est que parce qu'elle est de courte durée. Ne pars pas dans la grisaille... Il faut que tu emmènes la lumière. Et la certitude que lorsque tu reviendras, les amis que tu t'es faits seront toujours là pour t'ouvrir leur porte."

Quête : le hasard fait bien les choses

Elle avala péniblement sa salive et parvint à sourire. Elle n'avait pas envie de pleurer devant Soren. C'était quelque part emprisonner un peu de grisaille dans la parenthèse qui se refermait.

"La réciproque existe aussi s'ils viennent un jour à Manost. Mais j'imagine qu'ils n'oseront jamais aller se perdre dans le brouillard et la grisaille."

Un petit silence.

"Cela vaut pour toi aussi. Bien entendu."

Quête : Le hasard fait bien les choses.

" J'y songerai, dit le sculpteur. Mais je gage qu'en ce moment, avec les bouleversements politiques en cours et les reflets de guerre, le débarquement de clercs d'obédience diverses, et chaotiques, et luméniens, doit être exactement ce qui hérisse le Coeur Radieux et ses adeptes. Je n'ai nulle envie d'être un martyr, et nulle envie de devoir expliquer mes intentions à trente-six personnes suspicieuses. La grisaille ne me fait pas peur : c'est mon métier de lui peindre des joues rouges mais quand elle est assortie de rancoeurs, de craintes et d'ambitions... Hum. La joie de vivre luménienne est tout juste retrouvée... Je me dois d'aller là où Sunie l'exige."

Quête : le hasard fait bien les choses

Angèle hocha la tête. Les arguments de Soren étaient parfaitement censés. Une nouvelle fois la preuve que les sunites n'étaient pas futiles et simplement tournés vers la contemplation de leur joli nombril.

"Il est vrai que c'est risqué. J'aimerais te dire que cela changera mais je n'en sais malheureusement rien. Manost, en cas de difficulté à souvent eu tendance à l'autarcie et à se méfier de tout ce qui les entoure."

Elle lui sourit.

"Écris-moi alors. Si tu veux bien envoyer un petit peu de lumière dans tes lettres, je ne serai pas contre."

Quête : Le hasard fait bien les choses.

" D'accord, dit le Sunite. Et en échange, tu me préviendras du jour où je peux traverser la mer sans prendre de risques !"
Il passa un bras autour de ses épaules et la serra doucement contre la sienne.
" Je voulais te faire un présent avant que tu ne partes, murmura-t-il alors, avant de fouiller dans sa poche. C'est un gage qui, je l'espère, te fera croire à la pérennité de notre amitié. Mais avant de te le donner, je veux que tu me dises, que tu me jures, que tu pars le coeur libre. Je ne veux pas le garder ici. Ce serait un mensonge, et j'ai besoin de savoir que tu as été franche à ce sujet."

Quête : le hasard fait bien les choses

Elle n'était pas habituée à faire des cadeaux, et encore moins à en recevoir. Pour ce que lui demandait Soren, elle avait tourné le problème longtemps dans son esprit. L'avait analysé, pesé, retourné comme elle savait si bien le faire. Elle l'appréciait beaucoup, mais elle ne l'aimait pas. Le temps aurait sûrement pu influer, dans un sens comme dans l'autre. Elle ne ressentait pas de regret, encore moins d'amertume pour ce qui s'était passé. Ce serait pour toujours un beau souvenir. Un peu étrange. Il lui proposait son amitié. C'était aussi ce qu'elle pouvait lui offrir. Et c'était bien mieux comme ça.

"Je pars le cœur libre. Parole de paladine.", finit-elle par dire.

Quête : Le hasard fait bien les choses.

" Très bien." dit-il dans un sourire.
Il sortit de sa poche un petit paquet de toile.
" Mets tes mains comme ça. Attends."
Il posa le paquet sur les mains ouvertes de la paladine et commença à le défaire précautionneusement. C'était assez lourd, mais Angèle devina rapidement qu'il y avait trente-six couches d'étoffe qui entouraient l'objet.
En fait, il y en avait deux.
C'étaient deux statuettes d'argile claire. La première, grande comme le pouce, figurait un homme en cotte de mailles, l'arbalète sur l'épaule. La seconde, le doute n'était pas permis, représentait le Dieu Tyr, aveugle, manchot, l'épée longue dans sa main restante et le bouclier appuyé contre la jambe. Il était plus grand, mais à peine.
" C'est un pion et le roi des Blancs. Il te manque encore trente pièces pour pouvoir jouer... et l'échiquier bien sûr. Mais la marqueterie manostienne étant très supérieure à la luménienne, je suis certain que tu trouveras ce qu'il faut chez toi. Quant aux pièces manquantes... et bien je te les enverrai... au fur et à mesure..."
Il eut un sourire.
" Je ne sais pas si tu joues, cela dit. Mais ça m'a toujours paru être un jeu très tyrite."

Quête : le hasard fait bien les choses

"Je joue, oui ..."

Angèle avait répondu d'une voix sourde, la gorge soudain nouée. Elle regardait les deux pions dans ses mains, sans en pouvoir en détacher les yeux. Elle admira leur réalisation minutieuse, retrouvant sans mal la patte de l'artiste. Trente autres. C'était une très belle promesse. Elle ne s'était pas attendue à cela. L'émotion qu'elle avait refoulée depuis le temple de Sunie la prit au dépourvu. Elle sentit les larmes lui monter aux yeux.

"Elles sont magnifiques, merci."

Elle sourit malgré tout. Elle ne savait vraiment pas trouver ses mots.

"Alors ami. J'ai vraiment eu de la chance de te rencontrer."

Quête : Le hasard fait bien les choses.

HRP : désolée, mais quelle perche tendue

Soren sourit.
" Et bien... Parfois, le hasard fait bien les choses. J'imagine que je dois en remercier Tymora."
Il l'étreignit et posa un baiser sur son front.
" Je suis heureux qu'elles te fassent plaisir. Et je te souhaite plein d'amour, Angèle. Je vais te laisser aller prendre ton bateau. Je resterai juste là..."
Il désigna un empilement de caisses sur le bord de l'eau.
"... pour regarder ton navire s'en aller."

Quête : le hasard fait bien les choses

C'était à peine fait exprès

Ah, ces luméniens, toujours à vouloir se percher sur des endroits insolites. C'était peut-être une coutume locale.

"Alors, fais attention de ne pas tomber. Un sunite à la mer, ça ferait un peu désordre. Et tu rentrerais complètement trempé."

Elle n'aimait pas les au-revoir.

"Alors, je pense que je vais y aller ..."

Quête : Le hasard fait bien les choses.

Soren se contenta d'acquiescer, puis il l'accompagna vers la passerelle, sans se presser, d'un pas tranquille, le bras toujours passé autour des épaules. Une fois arrivé, il s'immobilisa et l'étreignit avec chaleur, mais sans l'embrasser, cette fois. Il la tient un instant à bout de bras, lui sourit.
" Bon voyage, belle paladine. Puisse ton dieu, le mien, Tymora et Lathandre, te garder dans leurs pensées."
Ensuite il la relâcha, recula de quelques pas et lui décocha un clin d'oeil, l'invitant à grimper à bord.

Quête : le hasard fait bien les choses

C'était assez difficile, mais c'était le premier pas qui comptait. Elle sourit de nouveau à Soren et gravit la passerelle. S'en était fini de la parenthèse luménienne. Bientôt Graëlon puis Manost. Elle se tourna encore une fois vers le sunite.

Loin, très loin, de l'autre coté du temps, elle entendit Morgan rire.

Sortie de l'échoppe,la Forge Flamboyante,Talianna continue sa découverte du quartier..Ce Marché est magnifique.Elle y fera ses achats en cas de départ a l'aventure c'est certain!Néenmoins elle aimerais Savoir ou se trouve le haut lieu du gouvernement...pour trouver un travail en attendant de partir a l'aventure,Voyant quelques gardes en simple patrouille la jeune fille s'en vient a Eux...

"Excusez moi Messires,pouvez vous m'indiquez ou se trouve le haut lieu du gouvernement de cette cité?je viens juste d'arrivée."

Le trio de gardes s'immobilisa et celui qui semblait les diriger dévisagea la jeune femme avec une légère grimace.
" Le haut lieu du gouvernement ? Qu'est-ce que vous entendez par là ? Toutes les institutions se trouvent au nord de la ville. Vous y êtes presque, il suffit de continuer par là, et puis bifurquer sur la gauche. Cela dit, ça dépend de ce qui vous intéresse. Vous pourrez sans doute vous promener dans le parc du Palais, mais on ne peut pas y entrer comme ça. Si l'Assemblée tient une séance, vous pourrez sans doute y assister... Mais... Une fois encore, je ne sais pas ce que vous cherchez."

Talianna demeure aimable et polie avec le gradé de la petite troupe de gardes qui se trouvent devant elle.Après tout il est vrai qu'elle s'est plutôt mal exprimée.

"Oui je cherche le quartier du gouvernement messire,Cette cité imposante doit bien avoir un batiment officiel ou on s'occupe des offres de travail de la cité,c'est ce type de batiment que je cherche,je compte restée dans cette cité quelques temps,et a moins de partir a l'aventure et de tomber sur un trésor conséquant,il va clairement me falloir un emploi."

Déclare la jeune Amazone qui a bien comprise les premières indications des gardes,elle espère effectivement qu'un tel batiment existe...

" Heu... Je doute que nous ayons ce genre de choses à vous proposer. Le gouvernement emploie des gens qui remplissent la plupart des missions officielles, mais de manière durable. Vous pouvez vous engager dans la garde, je suppose, mais ce n'est pas exactement un travail d'appoint, c'est la vocation de toute une vie. Sinon, il y a l'armée régulière... les services secrets ne recrutent sur candidature... et vous n'avez pas la mine d'une avocate. Si vous cherchez un travail ponctuel, comme escorter une caravane, vous faites mieux d'aller à la guilde du commerce, sur le port. Il arrive aussi que les Temples aient besoin d'un coup de main, mais c'est incertain. En général, les nouveaux venus ont des compétences très particulières, ce qui les aiguille directement au meilleur endroit pour les y employer..."
Il haussa les épaules, indécis.
" Il y a parfois des petites annonces dans le journal, aussi... ou alors vous pouvez tenter le Salon des Naturalisations... On ne sait jamais. Mais ils risquent d'avoir des listes réservées aux citoyens."

La guilde du commerce?oui,Escorter des Caravanes,Talianna a déja une certaine expériance,pourquoi pas en attendant de partir a l'aventure.

"Pourriez vous m'indiquer le Batiment de la guilde du commerce Messire?je vous en serais gré."

Demande poliment la jeune Amazone,elle en profitera ensuite pour visiter un peu plus la cité avant de retourner a l'auberge.

Le garde lui désigna alors un bâtiment blanc sur la place du marché, reflétant les rayons d'un soleil désormais couchant. Sa façade était couverte d'un imposant chèvrefeuille qui attirait mille insectes bourdonnants.
" C'est juste là. C'est le rendez-vous de tous les commerçants de la ville. Je ne suis pas certain qu'ils chercheront quelqu'un, cela dit... Vous devez savoir que les routes d'Hélonna sont très sûres, à proximité de Luménis. Mais je ne suis pas spécialiste. Comme on dit, qui ne tente rien, n'a rien, dame. Présentez-vous aux guichets et posez vos questions... Ils vous aiguilleront au besoin. Je vous souhaite une excellente fin de journée, et que Lathandre vous éclaire."
Puis, sur un salut, le chef de la petite escouade rejoignit ses hommes et ils reprirent leur ronde.

HRP : Tu peux poster directement au Syndicat du Commerce Luménien, je ferai ensuite un lien entre ce post et le tien (mais tu peux faire le lien dans ton post en reprenant l'URL de ce message-ci...)

Quittant la rue qui abritait la Taverne de la Bienveillance, Alchem et Dalius débouchèrent sur une immense place qui jouxtait les quais et la mer. Elle accueillait un marché gigantesque qui semblait ne pas s'inquiéter de la nuit. Ça et là, les marchands avaient d'ailleurs commencé à suspendre leur éclairage : une torche éternelle ici, une lampe à huile là, une simple bougie un peu plus loin. On y vendait de tout : objets, animaux, nourriture, du tapis à l'alcool rare, de la pastèque replète à l'oiseau coloré. Les allées du bazar étaient parcourues par des visiteurs, curieux et acheteurs, par les commerçants eux-mêmes, par les hommes de la garde luménienne, en uniforme bleu clair. Alchem attira quelques regards, quelques mines désapprobatrices ou effrayées, mais une fois encore, personne ne l'importuna. Il était libre de flâner ou de traverser les lieux au plus court, pour atteindre la mer.

Alchem voulait admirer l’océan, mais rien ne le pressait. Le marché étant stupéfiant de variété, il se résolut assez vite à en parcourir les allées. Il supposait que certaines marchandises devaient venir de loin. D’un étal à l’autre, il changeait peut-être de pays, voir de continents. Y avait-il de l’artisanat nain ? Ou elfique ? Ou halfelin ? Dénicherait-il quelque chose de vraiment stupéfiant ? Il était très peu probable qu’il achète quoi que ce soit. Il était juste là pour combler ses yeux, ses oreilles et son nez de tout ce que l’endroit avait à offrir d’intéressant. Cela ne l’empêchait pas de surveiller ses poches. Ou de surveiller tout court. Des automatismes qu’il n’était pas prêt de perdre.

Et il avait raison de surveiller les alentours car il repéra rapidement quelques badauds aux mines plus louches. Quelques enfants, un homme élégant, deux gamines de seize ans. Il y avait quelque chose dans leur regard, dans leurs mouvements, qui incitait à s'en défier. Ils ne s'intéressèrent cependant pas le moins du monde au snirnefbelin, n'imaginant sans doute pas que cette créature grisâtre puisse posséder quelque trésor, et Alchem put profiter de son marché.
Il y avait effectivement de l'artisanat de partout, des armes naines, des sculptures de bois elfiques, des livres dans des langues inconnues, des épices parfumées, suaves ou fortes, parfois complètement nouvelles. Il y avait aussi des fruits aux formes étranges, de toutes les couleurs possibles et imaginables, des étoffes multiples, en rouleaux, en robes, en chapeaux, des bijoux précieux, sertis de pierres, en or, en argent. La partie du bazar la plus proche de la mer était consacrée aux produits qui en étaient directement issus. On vendait toutes sortes de poissons, des crabes et des coquillages, des étoiles de mer, des gravures sur bois flotté, des algues fraîches, sèches, en poudre, en flacon. On trouvait de tout... mais rien qui soit réellement hors de prix. Les objets magiques, par exemple, étaient quasiment inexistants. Pour le reste, on pouvait meubler une maison de la cave au grenier, habiller toute sa famille, et se nourrir pendant mille ans, sans aller voir ailleurs...

Il y avait tellement de choses exotiques à découvrir ici ! Et pourtant, ce qui attira le plus le regard d’Alchem, se fut ce qu’il connaissait le mieux : les pierres précieuses. Comme la plupart des siens, il avait la passion des gemmes. Il ne put s’empêcher de s’approcher pour les observer en détail. Quelle qualité ? Quelle variété ? Quelle façon de tailler ? Quel motif ? N’étant pas vraiment un spécialiste, bon nombre d’éléments allaient certainement lui échapper. Il n’hésiterait alors pas à questionner le commerçants, en priorité sur l’origine. Le monde par l’intermédiaire des bijoux, c’était amusant, mas pas absurde. Chaque contrée devait bien avoir sa petite spécificité en la matière. Quelle était justement celle de Lumenis ?

Mais les pierres qui étaient exposées sur le marché venaient de partout sauf de Luménis. Elles étaient arrivées par bateau, certaines d'un gisement situé dans la Lorien, au centre de l'île, d'autres de beaucoup plus loin, au delà des mers. La plupart étaient encore brutes, ou tout juste taillées, d'autres étaient serties sur des bagues, des colliers, des bracelets, des couronnes. On en trouvait de formes et couleurs diverses, diamants, émeraudes, rubis, saphirs et topazes. Toutes étaient plutôt modestes, les gemmes très précieuses ne s'exposant pas en plein air, sous le regard des chalands.
Alchem put deviser avec un prospecteur originaire de Mullhorande, avec un chasseur de trésors (tendance pilleur de tombes) venu du Cormyr, avec un aventurier-marchand qui avait écumé le nord de Maztica. Tous revendiquaient les pierres les plus formidables du bazar. Difficile de débrouiller le vrai du faux dans le conte qu'ils avaient sur chacune de leurs trouvailles.

Alchem n’était pas mécontent d’avoir eu ces petites discussions. Il ne pouvait vérifier la viabilité des histoires qu’on lui racontait, toutefois, peu importait. Il les avait entendu, c’était l’essentiel. Et puisque Dalius les appréciait aussi, c’était parfait. Le gnome finit par s’éloigner des gemmes et s’intéressa à tout le reste, ou plus précisément, à une petite partie de tout le reste car il y avait beaucoup trop. Lorsque sa curiosité l’incitait à le faire, il questionnait. Sinon, il se contentait de regarder. Vint un moment où il décida qu’il était temps de partir. Alors il prit la direction de l’océan. Il voulait se trouver un endroit tranquille où le contempler.

Même à cette heure tardive, les quais n'étaient pas particulièrement tranquilles. Le gnome dut donc marcher un moment pour trouver un coin où ne se pressaient pas les bateaux. Il repéra finalement une jetée pratiquement déserte, non loin d'une palissade qui séparait le port marchand de ce qui devait être la rade militaire. Trois chalutiers modestes y mouillaient, plongés dans la noir, attendant probablement le retour des pêcheurs en milieu de nuit, pour un départ à l'aube. Il semblait n'y avoir personne, et les dernières toises de la jetée étaient libres de tout empilement de caisses ou de tonneaux. Au-delà, c'était l'océan. Il était masqué d'un côté, à cause de la palissade, mais il s'étendait loin devant, gigantesque et obscur. Une ou deux lumières en brisaient l'immensité, signe que des navires croisaient au loin. La silhouette ventrue d'oiseaux endormis dansait sur les vagues.

Alchem n’avait cessé d’observer alors qu’il se rendait ici. Désormais qu’il était relativement en paix, il s’immobilisa au bord de la jetée. Il prit une profonde inspiration, se gorgea de l’air marin, puis s’assis. Dalius vint s’installer sur ses genoux. Le gnome était de ceux qui pouvait rester longtemps sans bouger, se contentant de contempler. Il finissait alors par déceler chaque détail du paysage mais, plus important, son esprit si vif parvenait à se calmer, à s’évader. Jeune, cela l’ennuyait très vite. Il avait soif d’action. A présent, il lui fallait assez régulièrement ainsi se poser. Chez lui, dans les profondeurs, son lieu de prédilection pour cette activité était le lac proche d’Ornegemme. La surface liquide était si lice, si claire, si inerte, qu’elle avait tout d’un miroir. Seules les gouttes qui y tombaient répandaient quelques rides. L’océan n’avait rien à voir, toujours en mouvement. Le svirfnebelin comptait rester une demi-heure, voir une petite heure. Après, il reviendrait sans doute à la Bienveillance.

Il demeura un moment immobile, à contempler l'océan qui roulait devant lui, la danse des navires lointains, des mouettes assoupies, parfois quelque chose qui affleurait à la surface, sans doute un poisson ou un animal plus gros, puis disparaissait sous la surface. Alors qu'il profitait de ce moment de tranquillité, loin de l'excitation de la ville, il remarqua, juste à sa droite, à environ deux mètres, une pile de tissu. En l'observant mieux, il réalisa qu'il s'agissait de vêtements. Une paire de bottes. Une chemise claire, une ceinture, un pantalon, soigneusement pliés, et lestés avec une grosse pierre, pour empêcher le vent de se les approprier. Aucune trace de leur propriétaire, cependant.

En fait, ce fut Dalius qui, le premier, remarqua le tas d’habits. De nature un peu moins contemplative que son maître, il ne tardait généralement pas à gambader, ici et là, sans s’éloigner bien sûr. Il lui arrivait même de faire quelques cabrioles, juste pour le plaisir, des figures acrobatiques qu’un rat ordinaire n’aurait jamais accomplit à moins d’être dressé par un véritable expert, et encore... Présentement, il avait simplement quitté sa place initiale avant d’apercevoir la chose curieuse.
« Hé Alchem ! Il y a un truc louche, à côté. »
« ... »
« Alchem ? Coucou, ici Toril ! Ton familier te parle ! »
« Hein, quoi ? »
« D’habitude, t’es pas tant absorbé. »
« C’est que le paysage est fabuleux. Tu ne trouves pas ? »
« Si si, bien sûr. Mais regarde, là. Ça ressemble à des vêtements. »
Le gnome tourna enfin la tête. Bizarre. Quelqu’un avait-il décidé de se baigner dans les parages ? Il se pencha par-dessus la jetée afin d’observer directement ce qu’il y avait à son pied. Etait-il possible de gagner l’eau à partir de cet endroit ?

La surface de l'eau était à environ deux mètres, mais Alchem nota des encoches dans un des piliers qui soutenaient la jetée. Elles étaient assez profondes pour qu'on y pose le pied, sans pour autant fragiliser la structure du ponton. Impossible de savoir si quelqu'un avait emprunté ce semblant d'échelle récemment. Il était de toute façon possible de plonger sans trop de casse, pour peu qu'on en ait l'habitude. Les vagues étaient relativement tranquilles, mais l'eau bien trop sombre pour qu'on perçoive quoi que ce soit au travers de sa surface. Alchem eut beau chercher, il n'y avait nulle trace d'un baigneur. Les vêtements étaient de bonne facture, c'est la seule chose qu'il put déterminer.

Alchem, intrigué, cessa de scruter l’eau. Apparemment, il n’y avait personne. Il tourna à nouveau ses yeux vers le tas d’habits. Etait-il judicieux qu’il s’occupe de cela ? Ici, il n’était qu’un simple voyageur, un voyageur avec une sale tête en plus. Devait-il avertir la garde ? Il aurait l’air un peu idiot s’il ne s’agissait en fin de compte que d’un baigneur qui s’était décidé à nager loin. Devait-il faire comme si de rien n’était ? Il n’aurait pas vraiment la conscience tranquille. Il s’agissait peut-être d’un acte crapuleux. Un peu tiré par les cheveux. Un suicide ? Il chassa cette idée de son esprit.
« Alors, on fait quoi ? »
« Ben... »
Le gnome se mit maintenant à observer les parages. S’il était certain d’être seul, il fouillerait les affaires. Peut-être que cela lui donnerait un indice.

La Couronne de Cuivre

[Lieu] Sur les pavés de l'esplanade