La Couronne de Cuivre

RP : retour à l'abri

L'elfe finit par revenir vers son hôte, une expression sereine sur le visage.
- J'ai contacté Décalègue. J'ai dû insister un peu, car il n'accepte généralement pas d'obéir à mes ordres. Il ne fait qu'accomplir sa mission, principalement de surveillance. Mais il a fini par accepter d'aller faire un tour à la surface du lac. Par ses yeux, j'ai vu votre amie : elle dort paisiblement auprès des cendres de votre feu de camp. Donc vous n'avez pas à vous inquiéter pour elle.

Elle s'assit sur le sofa qui faisait l'angle avec celui du rôdeur, et s'empara de la théière pour en verser le contenu dans deux petits verres finement ouvragés, aussi bleus que le reste du mobilier.
- Je vois que vous n'avez pas osé vous servir seul... Il ne faut pas hésiter ! Vous êtes ici chez vous.
Elle porta à ses lèvres l'un des gobelets, et, comme pour inviter son hôte à faire de même, but quelques gorgées du breuvage.

RP : Retour à l’abri

Kasumi laissa échapper un soupir de soulagement en entendant la conclusion de la reine elfe. Il l’avait observée droit dans les yeux à la recherche du moindre signe de duperie, en vain. Pour autant, il ne savait pas en quelle mesure il pouvait se fier aux paroles rassurantes de son hôtesse. La tension qui l’habitait ne diminua pas alors que de nouvelles questions se bousculaient dans son esprit. Avait-il rêvé en croyant qu’Astrée se dirigeait vers le lac ? Avait-il plongé à la poursuite d’un mirage en la croyant en danger face au monstre gardien ? Même s’il n’avait fait qu’imaginer ces évènements, il ne s’inquiétait pas moins pour la rôdeuse qui était seule sur la berge et pouvait se mettre à sa recherche si elle se réveillait seule. Sans toucher à sa tasse, il chercha un moment ses mots avant de répondre avec le maximum de diplomatie dont il était capable :

- J’ai peur de ne pas mériter votre hospitalité Dame Eärunia. Comme je vous l’ai dit, je suis tout disposer à vous porter assistance si vous m’exposez la nature de votre problème mais je ne saurais profiter du confort de vos appartements en sachant ma compagne seule au dehors.

RP : Retour à l'abri

La reine parut embarrassée. Elle cherchait ses mots, avec l'air de quelqu'un qui doit annoncer une vérité douloureuse sans savoir comment le faire le moins cruellement possible.

- Je ne sais comment vous dire cela, mais... Vous n'aurez guère le choix, en la matière. Il n'existe aucun moyen de quitter ce palais. Une fois qu'on y entre, on doit y rester... pour la vie. Mais ce sera une vie agréable, je peux vous l'assurer !, ajouta-t-elle précipitamment. Vous ne manquerez de rien, absolument de rien.

Elle paraissait sincèrement désolée d'avoir à exposer aussi crûment les faits.

RP : Retour à l’abri

Le rôdeur perdit son calme et se retrouva debout avant de s’en rendre compte. Dans sa précipitation, il avait bousculé la table et une partie du contenu de sa tasse s’y était répandu. Il n’adressa qu’un regard aux dégâts provoqués par sa réaction. Il était bien trop occupé à réunir ses pensées face au poids de la révélation de la reine pour s’en soucier. L’idée de ne plus revoir Astrée lui était insupportable, bien davantage que la perspective de perdre sa liberté. Il se rendit compte à quel point sa vie n’aurait plus de sens sans elle. Désespéré, il tenta de nier les paroles de la reine, au risque de l’accuser tacitement de mentir :

- C’est stupide ! S’il y a un moyen d’entrer, il doit en exister un de sortir. Ce Décalègue qui m’a amené ici doit savoir comment… Et je ne vois pas en quoi je pourrais aider votre peuple si j’étais condamné à rester ici. Cela n’a pas de sens. Est-ce que je suis censé trouver un moyen de vous permettre de vous échapper ?

Il avait prononcé sa tirade sans reprendre sans souffle ni laisser une chance à la reine de l'interrompre. Loin d'avoir vidé toute sa colère, il l'observa en arborant une attitude quasiment menaçante.

RP : Retour à l'abri

La reine l'avait laissé parler sans faire le moindre geste pour l'interrompre. Elle poussa un profond soupir lorsqu'il eut terminé.
- Je comprends votre colère. Mais je peux vous assurer que je vous ai dit la vérité. Vous ne pourrez pas partir d'ici. En fait... Il existe bien une porte permettant de quitter le palais, mais elle est scellée par un très ancien sortilège et restera close, quels que soient nos efforts, tant que la pérennité de notre race sera menacée. Et c'est le cas aujourd'hui, puisque mon père, le roi, est décédé récemment. C'était le dernier elfe masculin... Et le rôle de notre gardien étant de veiller lui aussi à la pérennité de notre clan, il a attendu des semaines, des mois, de pouvoir ramener ici quelqu'un possédant du sang elfique dans les veines...

Elle leva la main pour couper court à toute protestation.
- Je sais que vous êtes en colère... Mais sachez que je ne peux rien changer à cet état de fait. Vous devez rester parmi nous et sauver notre clan.

RP : Retour à l’abri

Le visage du demi-elfe devint livide de colère lorsqu’il saisit les implications masquées des paroles de la reine. Il serra plusieurs fois les poings, incapable de retrouver suffisamment de contenance pour répondre. Il ressentait les murs de la prison sous-marine de refermer sur lui et l’éloignant d’Astrée. Cette perspective oppressante occultait toute pensée rationnelle et le rôdeur dut faire appel à toutes se ressources pour ne pas laisser exploser sa colère. Il s’éloigna encore de l’elfe, de peur de se laisser aller à un geste irréfléchi. La tête lui tournait comme le manque de sommeil s’associait au désespoir de sa situation. Lorsque ses yeux croisèrent le regard d’Eärunia, il fut incapable de garder plus longtemps le silence :

- Non, je n’ai aucune intention de sauver les vôtres. Vous qui n’hésitez pas à capturer n’importe qui pour vos objectifs égoïstes. Votre créature imbécile et ses subterfuges ne vous sauveront pas. Vous avez choisi la mauvaise personne pour vous aider. Vous feriez mieux de me relâcher avant que je ne précipite votre fin.

Ces menaces avaient été prononcées sous le coup de la colère et il ne les pensait pas vraiment mais son cœur se révoltait à l’idée de son emprisonnement…

RP : Retour à l'abri.

La reine avait reculé avec un soupçon d'inquiétude dans le regard, mais elle retrouva rapidement son calme.
- A quoi cela vous avancerait-il ? Vous seriez toujours prisonnier.... Mais je pense que vous avez besoin d'un peu de temps encore pour bien comprendre la situation... et l'accepter. Comprenez bien que je suis désolée de cette situation. Je ne suis responsable ni de l'antique magie qui protège notre cité, ni des actions de décalègue...
Elle soupira.
- Je vais demander à ce qu'on repousse la cérémonie...

Mais juste à ce moment, Celia entra dans la pièce.
- Tout est prêt. Madame votre mère vous attend....
- Dis-lui qu'il faut patienter encore. Notre hôte n'est pas prêt.
Une elfe un peu plus agée parut sur ces entrefaîtes. Son port de tête royal, ses vêtements magnifiquement coupés, tout en elle trahissait son rang.
- Comment cela, pas prêt ? Comment un homme oserait-il ne pas être prêt à devenir roi et à épouser la jeune elfe la plus belle du monde ?
Eärunia rougit et évita soigneusement le regard de Kasumi.

RP : Retour à l’abri

Mais le regard de Kasumi s’était déjà tourné vers la nouvelle venue, découvrant avec stupeur et incrédulité que son avis sur la question de son propre mariage ne semblait pas revêtir la moindre importance. D’un ton impatient et avec humeur, il s’adressa à la mère de sa « fiancée », espérant contre les apparences que cette dernière ferait preuve d’au moins une once de sagesse :

- Vous avez toutes perdu la raison. Il est hors de question que j’épouse qui que ce soit. Je l’ai rencontré il y a dix minutes ! Et aussi belle soit-elle, je suis déjà marié et mon épouse est en danger, au bord de votre maudit lac. Libérez-moi et j'irai chercher un elfe célibataire et consentant à épouser votre fille. Je n'aurai aucun mal à trouver quelqu'un de bien plus convenable que moi.

RP : Retour à l'abri

Eärunia soupira, et secoua la tête d'un air désespéré, signifiant clairement à sa mère qu'elle avait déjà tenté d'expliquer les choses..
- Je vous l'ai déjà dit.... Nous n'avons pas le pouvoir de vous faire sortir d'ici. Et... je suis désolée pour votre compagne.
- Ne vous faites aucun souci pour elle, intervint sa mère. La région ne présente pas de danger particulier, elle ne court donc aucun risque. Et je ne peux croire qu'un homme refuserait l'honneur d'être roi et le mariage avec ma fille, quel que soit le prétexte. Mais soit... Admettons que vous soyez suffisamment amoureux de votre compagne pour fermer les yeux à toute autre. Cela ne change rien au problème. Vous êtes condamné à rester ici tant qu'il n'y aura pas d'autre elfe mâle dans notre clan. Cela ne veut pas dire que vous finirez vos jours ici. La porte s'ouvrira d'elle-même si un héritier mâle est engendré.

- Maman... il n'est pas prêt à entendre cela... Viens, sortons, laissons-le réfléchir un moment. C'est trop difficile pour lui d'assimiler une telle vérité aussi vite.
Elle prit sa mère par le bras et l'entraîna vers la poste par laquelle celle-ci était entrée. Par l'entrebaillement, on entrevoyait une pièce richement décorée dans les tons bleus et or, et, au fond, ce qui ressemblait à un trône. Celia les avait précédées dans la pièce et s'affairait à fixer des décorations de nacres et de coquillages.

HRP : tu as le temps de leur parler avant qu'elles ne franchissent la porte, si tu le souhaites

RP : Retour à l’abri

Et voilà maintenant que les elfes se retiraient sans lui prêter attention, comme s’il était un garnement entêté dans sa bouderie. Sa première colère était passée mais il ne se résignait pas pour autant au sort qui lui était annoncé. Il interpella ses hôtesses avec toute l’autorité qu’il pouvait encore réunir :

- Attendez un instant ! Vous ne me révélez pas la moitié des éléments comme si vous cherchiez à me forcer la main. Vous entendez organiser des noces en quelques secondes sans même me laisser le temps de sécher. Je croyais les elfes bien plus patients que cela. Quelle est la nature de cette malédiction ? Qui l’a prononcée et quels sont ses termes ? Vous parlez d’un héritier mâle dans votre clan mais à quoi bon ? Un seul elfe ne peut pas constituer un clan. Pourquoi n’avoir pas cherché à entrer en contact avec vos pairs ? Pourquoi ne pas le faire maintenant alors que votre reine est capable de communiquer avec l’extérieur par l’intermédiaire de votre gardien ? Suis-je condamné à attendre la naissance de son rejeton pour m’en aller ou un mariage vous suffit-il ? Je veux bien que vosu m'adoptiez si cela suffit à la pêrpétuation de votre clan. Ne vous en déplaise, je n’ai certainement pas l’intention de passer des mois ici et encore moins des décennies.

RP : Retour à l'abri.

Eärunia et sa mère échangèrent un regard. La première sortit de la pièce : visiblement la confrontation était au-dessus de ses forces.
Ce fut donc la reine mère qui revint vers Kasumi. Elle s'exprimait d'un ton calme, mesuré, sans colère ni ressentiment. Elle énonçait simplement des faits.
- Tout cela fait beaucoup de questions, et je crains n'avoir que trop peu de réponses à vous fournir. Mais je peux vous dire les quelques éléments en ma possession. Si vous me laissez parler jusqu’au bout sans m’interrompre…

Elle s'assit sur l'un des sofas, invitant d'un geste Kasumi à prendre le second. Machinalement, elle prit l'un des petits sablés et se servit une tasse de thé. Celle que le rôdeur n'avait pas bue se trouvait toujours sur la petite table, et commençait à refroidir.
- Nous ignorons depuis combien de temps notre race vit ici, commença-t-elle après avoir bu une gorgée du breuvage. Depuis toujours, nous semble-t-il. Plus probablement, depuis une époque où la mer était proche de ce lac et où nous entrions facilement en contact avec d'autres elfes de notre race. Puis vint un temps où ces contacts devinrent impossible, la mer s'étant, pour une raison que nous ne connaissons pas, retirée. Certains disent même que ce lac est une poche d'eau laissée par la mer en se retirant, et qu'autrefois il y avait d'autres palais, appartenant à d'autres familles, qui ont vu un beau jour le niveau de l'eau baisser et qui ont été obligées de partir. Nous n'en savons rien, en fait. Nous n'avons aucun document le mentionnant, ce sont des temps trop anciens, même pour des elfes.

Elle fit une pause et sirota quelques instants son thé.
- Nous nous sommes donc un jour retrouvés seuls, sans aucune possibilité de contact avec l’extérieur. Nous autres elfes aquatiques ne pouvons survivre plus de quelques heures à la surface, et la mer – et nos congénères – sont désormais trop loins pour nous. Notre gardien est resté, immuable. Nous ne savons qui l’a créé, ni qui lui a donné la mission de nous protéger et de veiller à la sauvegarde du clan, ni ce qu’il comprend réellement de cette mission. De tout temps, le roi ou la reine en titre ont pu communiquer partiellement avec lui, suffisamment pour voir par ses yeux le paysage changer, le climat se refroidir.

Elle versa une deuxième tasse de thé chaud, réalisant que le rôdeur n’avait pas bu la première, et la lui tendit. Puis elle reprit son récit sans se soucier de savoir s’il la buvait ou non.
- Les « murs » de ce palais sont magiques, mais cette magie est aussi ancienne que le palais lui-même, et nous en ignorons tout. Nous savons qu’ils nous préservent de tout regard extérieur, nous rendant invisible à quiconque s’aventurerait sous l’eau. Il n’y a qu’une porte pour y accéder, qui nous permet d’aller nager un peu au fond du lac lorsqu’aucun danger ne semble menacer. Et il y a aussi une deuxième porte, ou plutôt un portail de téléportation, qui nous permet normalement de rejoindre directement la surface. Nous ne l’utilisopns jamais, bien sûr. Nous retrouver à l’air libre est difficile pour nous. Ici, l’air est modifié de manière à ce que nous puissions nous y mouvoir sans souffrance, mais nous disposons aussi de larges pièces emplies d’eau pour y nager en toute sécurité. Vous ne pouvez imaginer à quel point cela est vital pour nous…

Son regard s’était fait flou, et elle revint brutalement à la réalité.
- Pardonnez-moi, je m’égare. Pour en revenir à la situation actuelle… Au fil des siècles, notre population s’est raréfiée, probablement à cause de mariages consanguins. Il y a quelques années, mon frère est mort, et mon époux est devenu le dernier mâle de notre clan. Et à l’instant même de la mort de mon frère, les deux portes menant à l’extérieur se sont fermées. Nous avons compris que, en un sens, le palais considérait que la survie de notre clan était menacée si le dernier mâle quittait le palais. Décalègue, d’après le peu que nous avons pu saisir, ressentait les choses ainsi. Nous avons eu un enfant deux ans après : une fille… Et nous n’en avons pas eu d’autre. Puis mon mari est mort, il y a quelques mois. Nous étions donc condamnés. Et nos semblables sont trop loin pour pouvoir nous venir en aide, ils mourraient avant d’arriver. Nous nous y sommes résignées… Mais c’était sans compter la magie qui anime le palais et notre gardien. Il s’est mis à multiplier les explorations vers la surface, et nous avons compris qu’il cherchait un mâle avec du sang elfe dans les veines, susceptible de sauver notre race. Et c’est ainsi qu’il vous a trouvé.

Elle leva les yeux vers Kasumi.
- En un sens, il n’y peut rien. Il a été programmé comme cela. Et je doute qu’une simple adoption pourrait changer quoi que ce soit. Tant que vous êtes le seul mâle vivant ici, vous ne pourrez sortir. Après… peut-être qu’il suffit qu’un hértier mâle soit engendré, même s’il n’est pas né, pour que les portes s’ouvrent à nouveau, ce qui réduirait grandement votre captivité. Je n’en sait rien. C’est la première fois que cette situation se produit, et nous n’avons aucune prise sur cette étrange magie. Si vous voulez, ma fille peut tenter de savoir comment le gardien percevrait les choses… Si un simple « mâle en devenir » lui suffirait… J’imagine que le palais réagit de la même façon que Décalègue.

Elle se leva, et se dirigea vers la porte.
- J'espère avoir répondu à vos questions ? Vous devriez manger un peu et boire votre thé, vous avez besoin de prendre des forces pour affronter tout cela. Je me doute que ce n'est pas facile d'être brutalement arraché à sa vie sans savoir pour combien de temps ni si on pourra un jour la reprendre... Je vais vous laisser vous remettre de vos émotions, si vous permettez, à moins que vous n'ayez d'autres questions ?

RP : Retour à l’abri

Kasumi était comme sonné à mesure qu’il prenait conscience de sa situation et luttait contre le sentiment de résignation qui le menaçait. Il se secoua pourtant en constatant que la reine était sur le point de le laisser seul face à ses pensées. Son esprit enfiévré élaborait des dizaines de plans qu’il rejetait immédiatement mais il refusait tout simplement de s’avouer vaincu. L’idée d’abandonner Astrée ou de la tromper pour avoir une chance de la retrouver lui était proprement insupportable. Il se drapa dans sa dignité et interpella l’elfe qui s’apprêtait à quitter la pièce :

- Vous devriez tenter de raisonner Décalègue. Il doit être lié à cette magie et c’est peut être la clé. Il doit comprendre que le plus grand danger qui menace son clan est l’isolement. C’est une leçon que peu d’elfes ont su apprendre. Même si je consentais à vous donner un héritier, votre famille ne gagnerait au mieux que quelques décennies. Qu’adviendrait-il de ce fils improbable ? Devrait-il épouser sa sœur, ou sa mère ? Votre seule chance de survie est de renoncer à votre autarcie, de rejoindre les vôtres. Vous ne semblez guère au courant des nouvelles du monde qui vous entoure. Votre lac est isolé dans les montagnes mais il reste certains des vôtres sur l’île. Vous n’avez pas d’autres choix que d’entre en contact avec eux, d’y prendre un consort ou de rejoindre un autre clan. C’est la seule façon de protéger votre famille de l’extinction. Je me refuse à vous aider d’une autre façon.

RP : Retour à l'abri.

La reine mère soupira.
- Je doute fort qu'on parvienne à le convaincre de quoi que ce soit. Il n'a pas vraiment d'intelligence, à proprement parler, et nous n'avons guère de prise sur lui. Mais je vais en parler à ma fille.
Et sans laisser le temps au rôdeur de répondre, elle sortit de la pièce en refermant la porte derrière elle, le laissant seul.

L'attente se prolongea, et la luminosité du sol décrut, comme si le palais se plongeait dans le sommeil. mais une légère lumière bleuté continua de baigner légèrement la pièce.

RP : Retour à l’abri

La fatigue due à sa nuit écourtée finit par prendre le dessus sur son angoisse et sa colère de ne pas pouvoir quitter le palais avant le réveil d’Astrée. Ses yeux peinaient à rester ouverts et il finit par s’allonger sur le flanc, sentant une larme couler sur sa joue. En désespoir de cause, il tenta à nouveau de contacter Première Neige même s’il connaissait déjà le résultat. Il ne pouvait pas rester sans rien faire… Il se sentait observé mais ne put lutter contre le sommeil qui s’empara progressivement de lui.

RP : Retour à l'abri.

Comme ils s'y attendait, Kasumi ne parvint pas à entrer en contact avec Première Neige. Toute relation avec l'extérieur semblait impossible.

Au moment où il allait sombrer dans le sommeil, quelque chose l'en empêcha. La sensation que la porte s'était ouverte puis refermée, sans bruit. Une infime sensation de courant d'air... Une vague fragance, peut-être...
Il rouvrit les yeux au moment où une silhouette s'asseyait près de lui. Ert découvrit Eärunia, entièrement nue, à la beauté quasi divine, qui tendrement, voluptueusement se mit à caresser l'un de ses cuisses.

RP : Retour à l’abri

En sentant la main l’effleurer, Kasumi se redressa tellement rapidement qu’il faillit en tomber du divan. A en voir son expression, il aurait très bien pu avoir découvert un serpent venimeux sur le point de le mordre. La caresse ne l'avait pas tout à fait laissé indifférent et lorsque ses yeux tombèrent sur la nudité de la jeune femme, mise en valeur par la lumière bleutée, il ne put cependant s’empêcher de l’admirer quelques secondes avant de détourner résolument le regard. Il fit un effort colossal pour chasser cette vision de son esprit et se concentrer sur ses souvenirs d’Astrée. Il s’exprima ’une voix défaillante et en évitant soigneusement de regarder dans la direction de l’elfe :

- Allez-vous-en ! Pourquoi me tourmenter ainsi ? Vous en avez déjà bien assez fait.

RP : retour à l'abri.

Eärunia sembla palir légèrement puis rougir... Et soudain elle tourna le dos au rôdeur et fondit en larmes.
Le corps secouée de sanglots, elle semblait incapable de parler, d'agir. Elle finit par articuler :
- J'espérais que vous m'aimeriez... Que je vous plairais... Mais vous semblez si insensible... Peut-être que vous me préférerez une de mes cousines, et je sais bien que l'essentiel est qu'on perpétue la lignée, peu importe qui sera la mère. Mais j'aurais tellement voulu que vous me choisissiez... Que vous acceptiez de devenir notre roi, et de porter autour du cou le coquillage qui symbolise notre clan... J'aurais tellement aimé que vous acceptiez de m'épouser...
Elle se tut, sanglotant de plus belle. Ses mains étaient crispées sur le médaillon qui ornait son cou. Sans doute le fameux coquillage...

RP : Retour à l’abri

Kasumi n’osait pas se retourner de peur de regarder le corps dénudé de la jeune femme. Ses sanglots sincères lui fendaient déjà le cœur et lui faisaient l’effet d’être un monstre froid. Il frissonna en songeant à l’emprise que l’elfe était capable de prendre sur lui s’il n’y prêtait pas garde. D’un ton bourru, il répondit en fixant avec attention le mur situé en face de lui.

- Ne soyez pas ridicule ! Ma décision n’a rien à voir avec vous. Je suis épris d’une autre femme. Elle est le seul amour que mon cœur puisse concevoir. Ce ne serait vraiment pas justice que de céder à vos avances. Votre beauté est sans pareille et vous méritez un homme qui vous aime. Je ne peux pas être celui que vous cherchez. S’il vous plait, reprenez-vous.

RP : Retour à l'abri.

Les sanglots ne cessèrent pas, bien au contraire.
- Je sais bien que vous en aimez une autre... Mais vous ne comprenez donc pas que vous ne pouvez plus la rejoindre ? Et quant à moi, comment puis-je espérer trouver un homme qui m'aimera alors que nous sommes prisonniers de ce palais ? Nous allons tous mourir ici. Et ce sera votre faute....

Elle soupira, tentant de sécher ses larmes, et se tourna à demi vers le demi-elfe.
- Mais soit. Je sais bien que vous ne changerez pas d'avis aujourd'hui. Peut-être dans quelques jours, dans un mois, ou dans un an... Cela fait quatre années que les portes sont fermées. Je dois pouvoir attendre encore, et continuer d'espérer...
Ses larmes reprirent de plus belles. Elle se détourna à nouveau, pleurant silencieusement.

RP : Retour à l’abri

Kasumi résista à l’impulsion de toucher l’épaule ou la main de l’elfe en pleurs, bien conscient que tenter de la consoler ainsi ne ferait qu’aggraver la situation. Il se redressa et s’éloigna résolument du divan. Les quatre années que l’elfe avait attendues dans l’isolement le plus total expliquait certainement en partie son empressement. Le demi-elfe devint encore plus maussade en songeant au temps qu’il faudrait peut être avant que Décalègue capture un autre elfe qui soit consentant. Eärunia était très jeune et pouvait attendre des décennies mais ce n’était pas son cas. Pour la première fois, il songea à la nature humaine de sa compagne, per d’années qui leur étaient offertes, au besoin de vivre chaque instant avant qu’elles ne s’enfuient. Combien de mois ou d’années pourrait-il laisser perdre avant de céder ? Avant que la peur de la perdre de toute façon occulte son sentiment de fidélité ? Combien de temps la rôdeuse pourrait-elle l’attendre sans savoir s’il était même en vie ? Kasumi réprima un hurlement de rage et frappa la cloison translucide de ses poings.

- Ne me rendez pas responsable de votre sort ! Laissez-moi seul, maintenant !

RP : Retour à l'abri.

La jeune elfe n'ajouta pas un mot de plus. Ses sanglots ne semblaient pas s'atténuer. Trop d'espoirs déçus, trop d'attente en vain...
Kasumi finit par l'entendre se lever et quitter la pièce. Il était seul, comme il l'avait souhaité. Et la faible lueur qui émanait du sol lui paraissait maintenant d'une froideur glaciale. La semi-obscurité qui régnait se prêtait aux pensées les plus moroses. et le temps s'écoulait, sans qu'il puisse savoir à quel moment de la nuit ils en étaient, ni ce qui se passait au-dehors.

RP : Retour à l’abri

Ce nouvel isolement renvoya Kasumi à ses pensées moroses. Il n’avait aucune notion du passage du temps dans cette prison sous-marine et ses pensées le renvoyaient inlassablement à revivre les dialogues de la soirée. Après coup, il pensait commencer à mieux comprendre les sentiments de l’elfe. Elle avait attendu des années l’amour sans aucune possibilité de le chercher par elle-même. En se souvenant de ses sanglots, il s’en voulut de ses paroles prononcées sous le coup de la colère. Et pourtant, il lui était impossible d’agit différemment. Il ne voulait pas donner l’impression d’entretenir les espoirs déçus de la jeune femme. A mesure que les minutes se muaient imperceptiblement en heures, il s’angoissait de plus en plus de ce que serait son lendemain. Le sommeil le fuit alors que des pensées paradoxales le hantaient. S'abaisserait-il à satisfaire les exigences ridicules de la magie du palais pour retrouver Astrée ? Serait-il encore capable d'affronter son regard pour avouer sa faute ?

RP : Retour à l'abri

Le temps semblait s'écouler infiniment lentement... Mais vu la semi-obscurité qui régnait, le rôdeur ne pouvait évaluer si ce qui semblait s'écouler était des dizaines de minutes ou de longues heures.
En tout cas, il lui sembla qu'une éternité s'était écoulée lorsque la porte s'ouvrit à nouveau, livrant passage à la reine mère. Instantanément, la lumière se fit plus vive. Plus gaie, aussi.
- Bonjour. Avez-vous bien dormi ? Et... avez-vous réfléchi à tout ce dont nous avons parlé hier ?

RP : Retour à l’abri

Le rôdeur pensait avoir à peine fermé l’œil de la nuit lorsque l’intrusion le tira de sa somnolence inquiète. Il se redressa vivement sur le divan, sentant immédiatement des signes de courbature. Il mit plusieurs secondes à appréhender son environnement puis tout lui revint d’un bloc. La soirée sur le bord du lac, l’hallucination puis la capture et les termes du marché ridicule qui le tenaient prisonnier de son dilemme. Sa gorge lui paraissait incroyablement sèche alors qu’il s’était obstinément refusé à boire le thé offert par les elfes, soupçonneux d’un nouveau piège. Il fut surpris du timbre éraillé de sa voix lorsqu’il répondit. Il avait oublié les reproches qu’il s’était fait la veille et son ton gardait des traces d’animosité :

- Comment aurais-je bien dormi ? Je ne vois pas quelles perspectives de réflexion vous m’avez laissé…

RP : Retour à l'abri.

La reine mère poussa un soupir. Et fit un vague geste en direction de la porte.
Trois elfes apparurent, portant le trône qu'elles déposèrent non loin de Kasumi. Elles eurent pour le demi-elfe un regard empreint de curiosité, mais plutôt amical. Elles étaient toutes trois extrêmement belles, et avaient un air de parenté avec Eärunia et sa mère. La plus âgée était probablement la grand-mère d'Eärunia.
Deux autres elfes, portant un plus petit trône, s'inclinèrent devant Kasumi après avoir déposé leur fardeau à côté du précédent. L'une d'elle était Celia, que le rôdeur avait précédemment rencontrée.
- Si tu ne viens pas au trône, le trône viendra à toi, marmonna le reine mère, d'une voix à peine audible. Elle était cependant suffisamment proche de Kasumi pour qu'il l'entende. Et il était clair qu'elle ne comptait pas lui laisser voix au chapitre.

Une autre elfe arriva, très jeune, portant un bébé dans ses bras.
Puis Eärunia fit son entrée. Vêtue d'une robe blanche aux reflets argentés scintillant de mille feux, elle était divinement belle. Seul son regard un peu fixe trahissait les larmes qu'elle avait laissées couler la veille. Elle rougit en posant brièvement le regard sur Kasumi, puis détourna le regard et s'assit sur le plus grand des deux trônes.

La reine mère s'éclairdit la gorge et prit la parole.
- Je crois qu'il est temps d'en finir. Messire... poursuivit-elle en se tournant vers le rôdeur, acceptez-vous de porter ce médaillon, de vous asseoir sur ce trône, et de devenir ainsi, pour un temps, le nouveau roi du clan d'Aglaron ?
Elle tenait à la main un coquillage un peu étrange, nacré, en forme de lune.

RP : Retour à l’abri

Soudain au centre de l’attention et ne comprenant pas les intentions de ses hôtesses, Kasumi recula instinctivement d’un pas. Il était cependant intrigué, ne pouvant pas simplement croire que les elfes espéraient le forcer à accepter ce qu’il avait si clairement refusé la veille. Son regard croisa celui d’Eärunia et son cœur se serra bien malgré lui. Il se ressentait de la peine qu’il lui avait causée et peut être aussi d’une pointe de regret. Il se concentra ensuite sur sa mère, manifestement au centre des manigances. Son ton était quelque peu suspicieux mais il s’efforça de se montrer poli et conciliant cette fois-ci :

- Je ne vous ai pas même révélé mon nom et vous persistez à vouloir faire de moi votre roi. Sachez que je m’appelle Kasumi, quels seraient mes devoirs si je devais accepter l’honneur de votre clan ?

RP : Retour à l’abri

La reine mère parut presque surprise-mais aussi soulagée- par le changement d’humeur du rôdeur.
- Messire Kasumi… fit-elle en s’inclinant devant lui. Ce serait un grand honneur pour nous si vous acceptiez, et aussi un grand soulagement. Les fonctions du roi, dans notre clan, sont les mêmes que partout. C’est ma fille qui est de sang royal, donc c’est elle qui sera la reine en titre, mais en tant que son époux, vous pourrez la seconder dans toutes les décisions importantes. Et vous pourrez bien sûr profiter à votre aise de toutes les richesses du palais.
Elle marqua une pause.
- Et pour devenir roi de notre clan, il vous suffit d’accepter d’épouser ma fille, qui vous remettra ce médaillon, et d’accepter le trône. Plus tard, vous le transmettrez tous deux à vos héritiez. Que j'espère suffisamment nombreux pour sauver notre clan... Mais nous n'en sommes pas encore là.

RP : Retour à l’abri

Kasumi se sentait pris au piège. Il avait espéré que la nuit ait porté conseil aux elfes et que la reine mère ait imaginé un subterfuge capable de tous les satisfaire. Manifestement il n’en était rien et elle se comportait comme si elle était parvenue à le convaincre, lui. Le rôdeur ne savait plus trop comment se sortir de cette situation sans donner l’impression d’une rebuffade. Il se força donc à répondre posément, pesant soigneusement ses mots :

- Votre offre est très généreuse et épouser votre fille comblerait de bonheur le plus exigeant des hommes. Cependant, même si j’accepte de devenir roi, je ne serais pas en mesure d’accomplir tous mes devoirs envers elle. Le pouvoir et la richesse ne m’intéressent guère et votre fille règnera sur l’ensemble des affaires comme il se doit. Concernant la couronne, je ne l’accepterais que si la charge de roi me permet de sauver votre clan en trouvant un consort et des époux dignes de votre famille à l’extérieur. Les portes se sont fermées quand le dernier mâle elfe a cessé de porter votre emblème. Peut être se rouvriraient-elle si un nouveau roi le portait.

RP : Retour à l'abri

La reine mère soupîra.
- Hélas non. Les portes ne s'ouvriront que lorsqu'il y aura au moins deux elfes de sexe mâle à l'intérieur du palais. Donc seulement que vous aurez donné un fils à ma fille... ou peut-être l'engendrer suffit-il. Nous n'en savons rien...
Elle semblait désolée de ne pouvoir donner de réponse plus satisfaisante. Derrière elle, l'elfe la plus âgée du clan s'approcha à son tour.
- Nous comprenons votre souffrance. Mais c'est le seul moyen... Du moins nous n'en connaissons pas d'autre, et nous avons eu quatre années déjà pour y réfléchir...

RP : Retour à l’abri

Kasumi s’éloigna sans même se donner la peine de répondre. Sa réaction était en partie due à la frustration mais aussi à la peur d’affronter le regard d’Eärunia. Il savait que sa façon de la rejeter devait saper sa confiance et sa propre estime mais il ne pouvait tout simplement pas oublier Astrée ou s’abaisser à lui faire un enfant pour régler la situation. Il désirait en avoir, il en était quasiment certain. Mais, par-dessus tout, il souhaitait que leur mère soit la femme qu’il chérissait et il se sentait incapable de les abandonner ensuite. La douleur d’avoir à peine connu son père était toujours vivace en lui bien qu’il ne s’en rende pas vraiment compte. Il chassa ces considérations pour se concentrer sur son principal problème. Il demeura de longues minutes dans le silence que les femmes de la pièce respectèrent. En croisant son reflet dans une paroi translucide, il eut une illumination et se retourna d’un bloc, son cœur battant la chamade dans un espoir presque fou.

- Peut être la solution est plus simple que cela. Votre peuple est reconnu pour entretenir un rapport étroit avec les forces profanes. Je suis loin d’être versé dans cette connaissance mais n’est-il pas possible de créer ce qui vous manque ? Non pas un héritier pour perpétuer votre race mais un second elfe mâle, une invocation ou peut être mon double ?

La Couronne de Cuivre

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