[MP] Histoire : Ailyn

[Smidge]

"Non, apparemment pas, répondit l'inspectrice à Yvette après quelques secondes. Bon sang, je suis la seule à avoir entendu ce coup de feu ?"

L'inspectrice se retourna à son approche, puis se retourna de nouveau vers la salle.

"Êtes-vous seulement sûre qu'il s'agisse d'un coup de feu Yvette ?, lança Emile. La maison est vieille, vous le savez comme moi, et avec les évènements récents, on a vite fait de s'imaginer des choses..."
"Moi ?, s'exclama Yvette, mais je n'ai rien entendu ! Je posais simplement la question..."

Le notaire prit à son tour la parole d'une voix timide.

"Vous savez, nous étions tous ici en haut... et le château est grand... Où avez-vous entendu tirer ?"
"Oui, je confirme, renchérit Nils. Nous étions tous ici occupés à disputer quelques parties depuis plus d'une heure. Que s'est-il donc passé ?"

Sofia balaya la salle du regard. Monsieur et madame Marquand, monsieur et madame Chambernaud, Nils, Roland, Emile, le docteur...

Qui manquait à l'appel ?

Marjorie se rapprocha discrètement d'elle.

"Vous avez entendu quelque chose, madame ?"

[Ailyn]

Légèrement courroucée, Sofia tâcha de garder son sang froid :

"Non, je n'ai eu d'autre surprise que de voir Madame l'inspectrice pointer son arme dans ma direction alors que je voulais pénétrer dans la maison..."

[Smidge]

"Vous savez qui a été... qui a été tué... ?", murmura Marjorie, les yeux de plus en plus écarquillés.

Armand s'approcha d'eux, une inquiétude certaine sur le visage.

"Quelqu'un a vu Mylène ? Vous savez où elle est ?"

Il entra à son tour dans la salle de jeux, bousculant Yvette au passage.

"Vous avez vu Mylène ?", répéta-t-il, plus fort.

Intriguée, Sofia s'approcha quelque peu.

"Pas depuis le déjeuner, non", répondit l'inspectrice au jeune homme.

Elle s'adressa de nouveau à toute l'assemblée.

"Bon, séparons-nous et essayons de la trouver. Vous, dit-elle en désignant Emile, vous venez avec moi."

Les invités s'échangèrent un regard circonspect, puis quittèrent leur place dans un concert de raclements de chaises sur le vieux plancher.

[Ailyn]

Sofia se glissa, sans faire de bruit, auprès des invités, prête à chercher Mylène avec eux.

Où pouvait-elle se trouver ? Qu'avait-il pu arriver ?

[Smidge]

Plusieurs groupes rejoignirent le rez-de-chaussée, s'éparpillant dans tout le château.

Sofia se mêla à eux, avant d'être rejointe par Marjorie.

"Avez-vous une idée où pourrait être la jeune demoiselle... ?, la questionna-t-elle, une légère panique dans la voix. Je ne sais où commencer à chercher... Mais, si cela ne vous dérange pas, je préfèrerai... que nous restions ensemble..."

Il fallait au moins commencer par circoncire une aile où entamer les recherches...

[Ailyn]

Circonspecte, Sofia se garda bien de refuser la proposition de Marjorie qui l'aurait rendue des plus suspectes... Mais une chose était certaine, elle allait surveiller son langage, quoi qu'il arrive.

Sofia fut à nouveau tentée de fuir. Après tout, n'était-ce pas le bon moment ? Une telle confusion pourrait lui permettre de prendre la poudre d'escampette et de laisser toute cette histoire derrière elle... Mais pour ce faire, quoi qu'elle décide, il faudrait d'abord abandonner Marjorie quelque part...

Et si... si elle se achevait de fouiller l'aile Sud ? Elle pourrait en profiter pour voir ce qu'elle n'avait pas eu le temps de regarder la première fois...

"Fouillons cette aile, Marjorie, si vous le voulez bien."

Sofia se concentra alors pour guider Marjorie dans les pièces qu'elle n'avait pas encore visitées...

[Smidge]

Sofia et Marjorie partirent à l'opposé des autres groupes, en direction du hall Sud. Sofia avait souvenir d'une pièce qu'elle n'avait pas encore eu le loisir d'explorer jusqu'alors.

"Il y a l'air de n'y avoir personne, ici..., nota Marjorie. Vous croyez que... ?"

Sans lui laisser le temps de terminer sa phrase, Sofia ouvrit la porte de la pièce suivante, découvrant un autre salon qu'elle n'avait encore eu l'occasion de visiter.

Au centre de la pièce se trouvait une table basse, le long du mur droit, un canapé en cuir - à côté duquel était entreposée une pile de draps propres - et une sorte de commode. Sur le mur gauche, une cheminée, ornée d'une volumineuse - et un peu effrayante - tête de lion en pierre sculptée.

En face, une autre porte, fermée, donnait elle ne savait où.

"Je crois que c'est ici que dort la policière", expliqua Marjorie, quelque peu mal à l'aise.

[Ailyn]

Sofia ne se laissa pas impressionner par la remarque de Marjorie.

D'abord, elle entra dans la pièce, et appela Mylène bien fort, histoire d'avoir l'air de chercher un peu, avant de s'approcher de la tête de lion pour l'observer de plus près.

[Smidge]

Les cavités oculaires du lion étaient vides. Du moins c'est ce qui semblait au premier abord. Mais Sofia avait souvenir de la sculpture d'os dans laquelle elle avait récupéré la sphère noire, et pencha légèrement la tête, tout près des crocs en pierre de la bête.

"J'ai l'impression qu'il n'y a personne...", intervint Marjorie une fois les appels de Sofia restés vains.

Elle ouvrit la porte à l'autre bout de la pièce, qui donnait sur un nouveau couloir à colonnades.

"Vous venez ?"

La respiration de Sofia se bloqua tout à coup. Rouge ! Oui, il n'y avait pas de doute possible. Cette fois-ci elle en était sûre, son regard avait capté un discret reflet rouge scintillant coincé dans l'oeil de la bête.

Cependant, il était difficile de s'en assurer en présence de Marjorie sans attirer son attention...

[Ailyn]

Au diable la discrétion !

Sofia se mit sur la pointe des pieds et plongea la main dans l'orbite du lion.

[Smidge]

"Mon dieu, vous êtes ici ?", s'écria une voix à l'autre bout de la pièce.

Madame Marquand, accompagnée d'Yvette, venait d'ouvrir tout à coup la porte du hall.

"Maman ?, s'écria Marjorie. Maman, vous l'avez trouvée ?"

Sofia profita du léger désordre providentiel pour effectuer sa manoeuvre le plus vite et le plus furtivement possible.

"Oui, ils l'ont trouvée...", répondit Yvette dans un souffle rauque.
"Morte... Dans sa chambre... Une balle dans la poitrine...", compléta madame Marquand, sublimant de son mieux le dramatique de la situation.

Sofia feint d'écouter attentivement ces nouvelles tragiques, mais son coeur battait à tout rompre pour une bien différente raison.

Elle tenait fermement dans sa main une pierre lisse, froide, et plus étincelante qu'un rubis.

[Ailyn]

Effarée, Sofia ne put retenir une exclamation aux propos de Mme Marquand. Elle en profita néanmoins pour ajouter la grosse pierre à ce que renfermait son vêtement, déjà alourdi par l'autre sphère.
Elle s'avança légèrement, demandant soudain :

"Mais il y a des armes à feu dans cette maison ? Qui a bien pu commettre un tel acte ?"

[Smidge]

Madame Marquand fit signe aux trois autres d'approcher. Elle lança quelques regards fugaces en direction de la porte et du couloir, et répondit sur un ton de confidence.

"Mon mari m'a dit qu'il y a une arme à feu dans le coffre-fort du bureau de Lucien..."

Elle baissa encore d'un ton.

"Et que seul le majordome y aurait accès..."
"Seigneur !, s'exclama Yvette. Vous voulez dire que... ?"
"Ne trainons pas ici, la coupa-t-elle tout à coup. La policière nous a demandé de ne pas bouger, mais nous avons profité de son absence pour prévenir tout le monde. Comprenez... Elle a insisté pour que le majordome l'accompagne je ne sais où..."

[Ailyn]

Sofia ouvrit de grands yeux.

"Mais... il faut faire quelque chose ! Si elle est seule avec le majordome, n'avez-vous pas peur qu'il lui arrive malheur ?!"

[Smidge]

"N'ayez crainte, la rassura aussitôt Georgette, elle était armée elle aussi, et semblait déjà l'avoir appréhendé ! Mais hâtons-nous de rejoindre les autres. J'ai déjà prévenu Gaston et Alice, et tous les autres sont déjà là bas. Il ne faudrait pas nous trouver en mauvaise posture si elle nous trouvait ici..."

[Ailyn]

Sofia ne mourrait pas d'envie de rejoindre les autres, mais elle ne souhaitait pas non plus tomber sur la policière à son retour. Elle emboîta le pas à Mme Marquand.

[Smidge]

Il n'y avait plus âme qui vive dans l'aile Sud. Tandis que les trois femmes passaient la porte du grand hall, un brouhaha cacophonique résonnait dans la pièce. Dans le couloir en face, dans l'aile Nord, tout le château était rassemblé près de la porte de la chambre des acteurs.

Sofia s'approcha enfin, découvrant dans la pièce Nils, Roland, et Armand auprès du docteur, tous les quatre encerclant un grand linge sombre posé sur le sol...

[Ailyn]

La situation était facile à cerner, pourtant Sofia ne résista pas à l'envie de poser la question qui la taraudait depuis son entrée dans la pièce :

"Que s'est-il passé ?"

[Smidge]

Nils leva les yeux vers elle, le visage grave, mais demeura silencieux.

"Une balle, dans la poitrine, répondit enfin le docteur. Je pense qu'elle est morte sur le coup..."

[Ailyn]

Choquée, Sofia demanda alors :

"Mais... quelqu'un a vu ce qu'il s'est passé ? Qui a pu ? Qui ?"

Pour brouiller les pistes, elle avait très envie d'ajouter : "serait-ce la même personne que pour le meurtre du Comte ?" mais elle se ravisa, pour éviter de ramener cette histoire à celle de la veille. Pas besoin de tout mettre sur le tapis...

[Smidge]

Emile s'approcha des acteurs, les saluant sobrement.

"Nils ?, lança le majordome d'une voix compatissante. Toutes mes condoléances... Vous la connaissiez depuis longtemps ?"

Sofia tendit discrètement l'oreille afin de suivre la conversation.

"Mylène n'était là que depuis deux ans, répondit-il d'un ton las, mais nous sommes une petite troupe, et nous sommes une famille..."

Roland s'approcha à son tour.

"Nils est mon cousin, nous avons fondé la troupe ensemble il y a plus de 20 ans. Et nous avons gardé contact avec chaque jeune que nous avons accueilli chez nous..."
"Mylène était une actrice prometteuse...", ajouta Nils.

Une intervention de l'inspectrice interrompit tout à coup la conversation.

"Excusez-moi ? Excusez-moi... !, lança-t-elle d'une voix forte et autoritaire. Je vais vous demander de tous vous rendre dans la salle de jeu, dans l'aile Sud, là où avait lieu la partie de bridge."

Elle se tourna en direction des acteurs et ajouta.

"Vous trois, restez ici un moment j'aimerais vous parler."

Invités et employés s'exécutèrent en silence, et Sofia se mêla aussitôt à la foule, préférant éviter de se faire trop remarquer...

Une fois tous rassemblés à l'étage, les conversations reprirent petit à petit leur cours.

"Quelle histoire...", soupira Georgette Marquand.

[Ailyn]

Sofia suivit lentement le mouvement, mais en son for intérieur, elle mourrait d'envie de retourner dans le laboratoire de Lucien, de visiter les pièces qu'elle n'avait pas parcourues... et de comprendre à quoi rimait tout cela, et pourquoi ces sphères étaient si bien cachées.

Elle se maîtrisa pourtant et se rendit avec les autres dans la salle de jeu.

Elle répondit alors à Mme Marquand :

"Une histoire de fous... Trop de mystères planent sur cet endroit..."

Brouiller les pistes si possible... Ca valait mieux.

[Smidge]

"Et je crains que cela ne soit que le début, hélas...", renchérit Emile.

Personne ne parla pendant de longues minutes. Il n'était qu'à peine plus de 3h de l'après-midi, mais le soleil déclinait déjà sous les nuages.

L'inspectrice finit par arriver, et jaugea la salle du regard.

"Je vois que tout le monde est là, constata-t-elle. Bien, alors... qui a pris une arme à feu en partant de chez lui hier soir ?"

Un léger brouhaha fit écho à sa question.

Dans le même temps, la policière fit signe au docteur et lui murmura quelques mots en privés. Après un court échange, elle se retourna vers l'assemblée.

"Vous, vous, et vous, déclara-t-elle en pointant Emile, Gaston Chambernaud et Nils. Venez par ici."

[Ailyn]

Sofia les laissa sortir, ne rêvant que de rejoindre le laboratoire de Lucien... Dès qu'ils seraient tous suffisamment loin, elle tâcherait de s'éclipser dans la plus grande discrétion...

[Smidge]

Les trois interpelés se rassemblèrent juste devant la porte de la salle de jeu, compromettant les espoirs d'évasion prématurée de Sofia. Quelques minutes plus tard, Nils et Emile réapparurent sans autre explication.

"Emile ?, lança Yvette en rejoignant le majordome. Que vous voulait-elle ? Il s'est passé quelque chose ?"

Emile rabattit ses mains sur les pans de sa veste en signe d'incompréhension.

"Je ne saurais que dire, ma pauvre Yvette..., répondit-t-il. Elle est restée là un moment à nous observer, puis elle a souhaité rester seule avec monsieur Chambernaud..."

Quelque chose était-il en train de se jouer en cet instant ? Sofia perçut quelques échanges indistincts entre le banquier et l'inspectrice dans l'autre pièce, mais rien d'intelligible à cette distance.

[Ailyn]

Bon, et bien... au diable la discrétion...

"Je suis lasse de toute cette agitation..." souffla Sofia après avoir expiré une grande partie de l'air de ses poumons. "Je vous quitte quelques instants."

Et Sofia sortit rapidement de la pièce pour rejoindre le laboratoire de Lucien.

[Smidge]

Marjorie lui lança un regard inquiet, ouvrit plusieurs fois la bouche... mais s'abstint finalement de la retenir.

Sofia s'attendit possiblement à croiser le regard inquisiteur de l'inspectrice dans la pièce à côté... mais cette dernière n'était plus là, pas plus que Gaston Chambernaud. Elle avait dont le champ libre pour poursuivre ses investigations.

Toutefois, elle perçut quelques sons du grand salon, avant de rejoindre le hall central et l'aile Nord du château. Elle s'approcha discrètement et entrebâilla la porte.

"...ne vous fera gagner que quelques heures. Mes collègues devraient arriver bientôt et ils trouveront à qui appartient cette arme..."

C'était l'inspectrice.

[Ailyn]

Qu'il était tentant d'écouter aux portes... Sofia resta encore quelques instants pour écouter la réponse de son interlocuteur. On ne savait jamais, ça pourrait servir pour plus tard...

[Smidge]

Les pas se rapprochèrent soudainement. Un peu trop soudainement d'ailleurs. A priori, elle n'avait pas encore été vue, mais rester l'oreille collée à la porte n'était peut-être le meilleur moyen d'être au-dessus de tout soupçon...

[Ailyn]

Sofia se détourna de la porte et tâcha de poursuivre (discrètement) sa route jusqu'au laboratoire de Lucien.