La Couronne de Cuivre

Ginevra lui jeta un sourire nerveux.
" Arzhel, il faut que tu arrêtes ce que tu fais et que tu descendes à la salle à manger.
— Ah ?"
Il était déjà retourné à son couvre-lit.
" Il est arrivé quelque chose de grave...
— Le pire qui pouvait arriver est déjà arrivé, répondit-il d'un ton nonchalant.
— Maître Maurin a été assassiné."
Il s'immobilisa et se retourna, le visage soudain tendu.
" Vous ne sous-entendez quand même pas...
— Non. Mais nous ne savons pas où rôde l'assassin."
Le valet de chambre ne répondit rien mais un rictus traversa rapidement son visage, un léger sourire peut-être, avant d'être remplacé par un masque d'indifférence.

Peut-être s'était-il mépris sur son expression mais si ce type était du genre à se réjouir de la mort d'autrui, même d'une personne qu'il n'appréciait pas, il n'y avait aucune chance pour qu'ils s'entendent ou qu'il éprouve, pour lui, ne fut-ce qu'une once de respect.
-L'idée est donc de se regrouper avant de sécuriser le manoir, pour pouvoir ensuite s'y déplacer plus librement, sans crainte de faire une mauvaise rencontre, intervint-il. Mais auparavant, si vous en êtes d'accord, nous aurions besoin de votre aide : nous devons déterminer si tout est à sa place dans le bureau du sieur d'Averlande ou si, au contraire, des choses ont été dérangées ou subtilisées.

" Je m'occupe des chambres, pas de son bureau, dit Arzhel. Ça fait longtemps que Cormack s'en occupe seul. Il a trop peur que j'y chaparde quelque chose pour le revendre à prix d'or au village."
Ginevra rougit de colère mais ne dit rien.
" Les gens du village sont sûrement pas capables de voir la véritable valeur de ces objets, intervint Miranda avec ironie.
— Tant que ça brille, ma foi... Mais il est où, Cormack, au juste ?"

-Au salon, avec la plupart des autres.
Il ne précisa pas qu'il avait été très affecté par leur sinistre découverte : à son avis, le valet s'en moquait et, pire encore, il aurait pu se fendre de quelque remarque mal venue. Quant à son affirmation de n'avoir plus mis les pieds au bureau depuis des lustres... A moins que quelqu'un de mieux informé ne lui affirme qu'il s'agissait là d'un mensonge, il ne pouvait que le croire sur parole et donc, ne pas insister sur cette voie.

" Je vois." dit Arzhel avec un haussement de sourcils.
Il se tourna vers Ginevra.
" Si dans ce manoir plein, quelqu'un a assassiné le sire d'Averlande, je pense que nous pouvons en déduire que je ne risque rien, non ? Et c'est fatalement un étranger qui a fait le coup : nous avions, tous, de multiples opportunités bien plus discrètes pendant les veilles précédentes...
- Sauf si on veut noyer le poisson, justement, dit Miranda.
- Croyez-moi, demoiselle, personne dans cette maison n'est assez malin pour songer à ce genre de choses."

-Dans tous les cas, puisque nous ne connaissons ni l'identité de l'assassin ni ses intentions, je pense qu'il vaudrait mieux que vous nous rejoigniez. Cela assurerait votre sécurité, ce qui est primordial. Sans compter que cela évitera que certains s'étonnent de votre comportement et n'en fassent des déductions malvenues. Croyez-moi, dans ce contexte propice à la peur, les soupçons vont bon train : cela ne nous aide en rien, cela fait plus de mal que de bien mais... Il faut faire avec.

" Ah, parce qu'ils pensent que c'est vous ? dit Arzhel, abandonnant son couvre-lit. C'est un peu stupide : le gamin est illégitime, et je ne crois pas qu'Averlande aurait signé quoi que ce soit avant de l'avoir jaugé, le connaissant.
- ça suffit ! s'offusqua Ginevra. Je te défends de parler de Sire Maurin de la sorte !
- Tu ne me défends rien du tout : nous sommes tous logés à la même enseigne, c'est à dire sans emploi. C'est dommage, il payait bien."
La femme de chambre gifla le valet qui porta la main à sa joue avant de rire aigrement.
" Je vais donc aller me mettre en sécurité, puisque vous le proposez. Ce sera toujours moins fatiguant que de faire le lit de tous ces scribouillards qui se donnent de grands airs."
Et sur ce, il passa devant eux et sortit de la chambre.

-Merci pour votre collaboration, lui dit-il d'un ton courtois.
Puis, quand il estima le valet suffisemment loin, il se tourna vers Ginevra.
[color=#FFFFF66]-Ça va ? N'hésitea pas à nous dire si vous voulez prendre un moment pour souffler...[/color]

" Non, c'est gentil. C'est juste ce... rustre... qui se croit tout permis !"
Elle prit une profonde inspiration.
" Mais dans le fond, rien n'était imprévisible. Dommage que le tueur ne l'a pas d'abord croisé, lui."
Miranda gloussa puis se reprit dans une fausse quinte de toux.
" On doit aller réveiller Haran, alors ?
— Oui, mais il dort dans la chambre rouge... C'est dans l'aile condamnée du manoir."

-Tant pis : il faut le prévenir et le mettre à l'abri, lui aussi.
Il hésita.
-Mais peut-être cette aile est-elle particulièrement difficile d'accès ? Ou verrouillée ?
Un obstacle supplémentaire mais dont ils sauraient assurément triompher.

" Non. On a juste essayé d'en barrer l'entrée. Mais Messire Haran veut toujours la chambre rouge alors... On lui libère juste les lieux. Les planchers sont pourris, cependant... mais je vous montrerai où poser les pieds."
Elle avait retracé leur parcours à l'envers et prit la direction opposée. Le couloir était sombre et obstrué par une double corde que Ginevra souleva.
"Restez bien le long du mur de gauche."
Elle décrocha une lampe à huile du mur et l'alluma. Taliesin, avec sa vue d'elfe, n'en avait pas vraiment besoin pour mesurer la décrépitude des lieux. Il régnait de surcroît une odeur de moisi épouvantable. Le plancher chuintait à chacun de leur pas et le barde crut apercevoir, à l'une ou l'autre occasion, des trous profonds qui menaient peut-être directement au rez de chaussée. Les trous dans le plafond, eux, s'ouvraient sur l'étage supérieur, sans aucun doute. Les portes étaient fermées, sombres, il en manquait l'une ou l'autre.
" C'est hyper sinistre, dit Miranda, sans paraître particulièrement impressionnée.
— C'est pour ça que Messire Haran s'y plait, répondit Ginevra.
— Il est tranquille, aussi, ajouta Miranda.
— Je fais sa chambre, malgré tout."
En progressant, ils entendirent soudain une voix, qui venait du bout du couloir. C'était une voix masculine, sans doute celle de Haran lui-même. Il était difficile de discerner ce qu'il disait et, alors qu'ils approchaient, il se tut. Ginevra s'immobilisa et frappa à la porte.
" Une seconde... Entrez !"
La jeune femme poussa la porte et ils pénétrèrent dans la chambre rouge, ultime vestige plus ou moins préservé de l'aile, aux murs écarlates avec literie à l'avenant. Assis sur son lit dans une robe de chambre cramoisie, Haran ouvrit des yeux stupéfaits.
" Diable ! J'ai droit à toute une délégation ! Je me lève, je me lève, il n'est même pas midi !"

Taliesin jeta un regard à ses compagnons avant de répondre :
-Nous allons attendre dehors, histoire de vous laisser vous préparer un peu plus à votre aise. Mais, de grâce, essayez de vous dépêcher : il vaut mieux que nous redescendions rapidement.
Il ne voulut pas en dire trop tout de suite, alors que l'écrivain émergeait à peine du sommeil.

Mais c'était sans compter avec la curiosité de l'auteur et son manque de docilité.
" Pourquoi donc ? J'espérais avoir droit à un petit déjeuner au lit !"
Ginevra jeta un regard vers le barde.
" Le... La... L'aile est... moins sûre qu'hier...
- Qu'est-ce qui s'est passé ? C'est ce maudit gamin qui a encore joué à l'épée contre les poutres de soutènement ? Je pensais qu'on lui avait expliqué que c'était dangereux !
- Non, c'est... autre chose..."

-Il s'est passé quelque chose de grave, se décida-t-il à expliquer. Pour assurer notre sécurité, nous avons décidé de nous regrouper et c'est pour cela que nous sommes venus vous chercher.
Il soupira.
-Navré pour ce réveil brutal mais... Je vous assure que la situation ne nous a pas laissé le choix.

" Quelque chose de grave... à quel point grave ? dit Haran, soudain inquiet. Quelqu'un est blessé ? C'est Maurin. Evidemment. Je le vois sur vos visages. Sinon il serait là. Il n'était pas superstitieux au point d'éviter cette pièce. Est-ce qu'il est... mort ? Oh mon dieu. Il a fini par craquer, alors ? Je le craignais. Il en parlait. Diable. Justement aujourd'hui."
Il se tourna vers la fenêtre.
" Il faut que je m'habille. Je vous rejoins en bas. Je connais le chemin."

-Il vaut mieux que nous fassions le trajet ensemble. Car si messire Maurin est malheureusement bien mort, ce n'est pas de son fait : quelqu'un l'a assassiné. Et comme nous ne connaissons ni l'identité, ni le mobile du meurtrier, nous sommes potentiellement tous en danger.
Il soupira à nouveau.
-Mais nous vous laissons vous préparer.

" Assassiné, vous êtes sûr ? dit Haran avec une grimace horrifiée. Maurin ? Mais pourq... Oh. Hum. Je vois au moins dix-huit raisons, je suppose."
Il referma brusquement la porte, les laissant à l'extérieur.
" Il n'a pas l'air très surpris, railla Miranda.
— Il est sous le choc." dit Ginevra.
La porte se rouvrit sur Haran, qui s'était habillé dans un temps record. Il était aussi armé, d'une épée passée à sa ceinture.
" Bon, dépêchons-nous, dit-il. Je n'ai pas tellement envie de me faire occire dans le couloir."
Et sans attendre, il prit la tête du groupe pour remonter le couloir au pas de course.

-N'allez pas trop vite ! lui lança-t-il. Il vaut mieux rester groupés et si une mauvaise chute serait sans doute moins mortelle qu'un assassin, elle ne ferait malgré tout aucun bien.
Lui-même ferait très attention à là où il mettrait les pieds. Et s'efforcerait de garder un œil sur Victor, aussi, en espérant qu'il ne cavale pas à la suite de l'écrivain.

Haran ralentit et dégaina sa lame.
" Je connais le plancher, ne vous inquiétez pas pour moi. Vous n'avez qu'à marcher là où il y a des empreintes : tout ce qui est poussiéreux est dangereux."
Puis, vigilant comme s'il arpentait un donjon souterrain, il continua sa progression. Victor était à l'arrière du groupe, bûche brandie.
" Je protège votre fuite !" s'exclama-t-il, presque joyeux, ou peut-être tout à fait joyeux mais tâchant de le dissimuler, lorsque Taliesin croisa son regard.

C'était assez troublant. Certes, Victor avait un caractère aventureux, pour dire le moins, mais tout de même, quelqu'un avait été tué... Le père de son frère...
Enfin, peut-être se disait-il qu'il n'y avait là rien d'irréversible, qu'il serait bientôt ressuscité.
Il fallait l'espérer.
Quoiqu'il en soit, ce n'était pas vraiment le moment de se préoccuper de cela : le barde verrait en temps utiles, si le gamin conservait une attitude inadéquate. Dans l'immédiat, seul comptait le fait de quitter sains et saufs ce périlleux couloir.

En suivant les traces d'Haran — le long du mur, comme l'avait indiqué Ginevra plus tôt — ils gagnèrent aisément le palier, puis l'escalier. L'écrivain s'élança immédiatement vers le rez de chaussée, suivi par la ribambelle de ses sauveteurs. Il avait disparu dans la salle à manger avant que quiconque ait pu l'arrêter. Miranda fit volte-face.
" On va tout de suite chercher les gens qui sont dehors ?"

Il hocha la tête.
-C'est effectivement l'étape suivante. Mais mieux vaut en prévenir les autres avant d'y aller. Et j'aimerais aussi m'assurer que tout va bien pour Baptiste. Mais ne vous en faites pas : à mon avis, c'est l'affaire de deux ou trois minutes.
Autant ne pas lambiner...

L'arrivée de la petite troupe fut accueillie avec soulagement. Haran rengaina son épée. Baptiste dormait toujours. Arzhel était assis à table, nonchalant, profitant sans doute de cette pause inespérée dans le labeur de la journée. Cormack paraissait légèrement remis, même s'il était encore très pâle.
" Bon, on y retourne, je suppose ? demanda Miranda.
— Je vais prendre le tisonnier, dit Ginevra en approchant de l'âtre. On ne sait jamais ce qu'on peut croiser dans la brume."
Il semblait en tout cas clair que ni Haran, ni Arzhel n'avaient l'intention de se joindre à leur équipée. Quant aux autres, ils n'avaient pas changé d'attitude.

Qu'importe : le groupe qu'ils formaient actuellement lui convenait très bien et lui paraissait tout à fait capable d'affronter les brumes et de retrouver ceux qui manquaient encore à l'appel. De plus, comme il faisait confiance à Meg, il n'était pas inquiet concernant Baptiste et pouvait se concentrer totalement sur sa tâche.
Restait juste à espérer qu'ils ne feraient pas de mauvaise rencontre. Mais si cela devait advenir... Ils se débrouilleraient.

Ils ressortirent donc et s'avancèrent vers la sortie du manoir. La brume ne s'était pas levée et il parut clair au barde que le premier de leur équipée ne verrait pas le dernier. Ils avaient intérêt à serrer les rangs, danger ou pas danger, s'ils ne voulaient pas s'égarer.
" Je vais prendre la tête, dit Ginevra. Si nous tombons sur les chiens, essayez de ne pas montrer votre peur. Ils sont bien dressés et ils n'attaquent que les intrus...
— Comment sauront-ils que nous ne sommes pas des intrus ? demanda Miranda.
— Lorcan les garde au chenil, répondit la femme de chambre. Tout ira bien."
L'adolescente ne parut pas convaincue, mais pas franchement effrayée non plus. Victor fit un moulinet avec sa bûche.
" Allons-y !" lança-t-il.
Et ils entrèrent dans la brume.

-Quoi qu'il advienne, quoi que nous entendions ou voyions, nous devons impérativement rester groupés, fit l'elfe, particulièrement aux aguets.
Il venait d'enfoncer une porte ouverte, certes, mais il avait préféré ne pas s'abstenir car si un assassin rôdait au dehors, être séparés les uns des autres était la pire chose qui pouvait leur arriver. Et même sans cela : ils pouvaient mettre bien longtemps à se retrouver, avec si peu de visibilité et sachant que la brume avait souvent de déconcertants effets acoustiques...

Ils se mirent en route. Ginevra avançait vite, sûre de son itinéraire, qu'elle avait probablement fait mille fois. Leurs yeux et leurs oreilles cessèrent de leur être utiles. Dans cette ambiance grise et cotonneuse, il y avait de quoi être désorienté et Taliesin ressentit par moments comme un léger vertige, signe que ses sens ne savaient pas à quoi se raccrocher. Curieusement, aussi, il développa une légère nausée. Heureusement, le sol sous leurs pieds était ferme et humide, les ramenant à la réalité.
Ils n'entendirent rien. Ni le vent dans les arbres, ni le croassement du corbeau ou les aboiements du chien. L'odeur de la terre mouillée était puissante, omniprésente, mais on percevait aussi d'autres parfums, plus ténus, volatiles, qu'il était difficile à identifier. Ils resserrèrent les rangs sans réellement sans rendre compte, pour former davantage un petit troupeau qu'une file indienne. Ils foulaient l'herbe, sans doute pour couper au plus court, et traversèrent une fois ou l'autre des zones de terre nue qui devaient appartenir à une piste : on y devinait les ornières d'un chariot.
Puis soudain, de grandes formes se rapprochèrent et Taliesin ressentit une brusque bouffée d'adrénaline, incontrôlable, avant de réaliser qu'il s'agissait d'arbres. Ginevra incurva sa trajectoire vers la gauche avec un gentil juron à demi-murmuré et ils marchèrent encore un moment sous le couvert des sapins. Les chiens commencèrent à aboyer, dans un tonnerre de fureur, mais sans s'approcher. Quelques secondes plus tard, la silhouette d'un bâtiment long et plat se dessinait dans le brouillard, qui ne prit jamais vraiment corps tant la brume était dense, mais ils atteignirent un mur de planches, puis un prolongement chaulé, avant d'arriver devant une porte ouverte. Une femme d'une trentaine d'années, d'apparence un peu sauvage, se tenait dans l'embrasure, la main sur le collier d'un chien-loup parfaitement blanc.
" Bonjour Ginevra, dit-elle. Voilà une heure surprenante pour faire visiter les écuries aux invités du maître."

Taliesin, soulagé d'être arrivé à bon port, la salua courtoisement. Mais il ne pipa mot : à nouveau, il préférait laisser la parole à Ginevra. quitte à intervenir plus tard si des précisions étaient nécessaires.
Il lui semblait en tout cas certain qu'aucun des résidents du bâtiment n'avait dû rencontrer de funeste destin : avec tant de chiens attentifs dans le secteur, un assassin aurait eu bien du mal à ne pas être remarqué, encore moins à se faufiler à l'intérieur sans avoir de sérieux ennuis.
Sauf s'il faisait partie des habitués de la demeure, évidemment...

" Nous avons des mauvaises nouvelles, dit Ginevra.
— Le messire d'Averlande a été assassiné." annonça Victor aussitôt, peut-être agacé par toutes ces hésitations.
La femme de chambre s'empourpra tandis que son interlocutrice blêmissait.
" Quoi ?
— Il dit la vérité. On a assassiné Maurin."
Pendant une seconde, il sembla que leur hôtesse allait défaillir. Mais elle se reprit et son visage se para d'une fureur froide.
" C'est fatalement quelqu'un qu'on a envoyé d'Athrey. Un laquais des Steinhave. Avec la brume, il doit être coincé. On peut le retrouver. Je vais prévenir Lorcan."
Et elle rentra à l'intérieur.

Du regard, il tança sévèrement Victor, dont l'attitude lui avait sérieusement déplu et... c'était peu de le dire. Elle donnait l'impression que le gosse était d'une insensibilité et d'une inconscience totales et, même si ce n'était assurément pas le cas... il allait falloir y remédier. Bref, une discussion sérieuse, entre quatre yeux, devenait incontournable. Cela devrait attendre un moment plus propice, toutefois. Qu'ils se soient tous réunis au manoir, par exemple.
Bigre, comme si la situation n'était pas déjà assez compliquée comme cela...

La Couronne de Cuivre

[Lieu] Le Domaine d'Averlande