La Couronne de Cuivre

" Un centre de formation ?"
Arthur était franchement interdit, pour la peine.
" Vous voulez dire que... vous avez été formée avec des gens qui étudiaient d'autres sujets ?"
C'était vraiment une pratique surprenante.
" Et... vous rentriez chez vos parents le soir ?"

Chandara faillit rire à cette dernière assertion mais se contenta finalement d'un sourire bienveillant. Quelque part, elle était ravie qu'Arthur s'intéresse suffisamment à elle pour laisser transparaître sa curiosité pour ces questions aussi s'efforça-t-elle de répondre le plus clairement possible :

- En fait, j'étudiais la plupart des sujets avec les autres mais les paladins aspirants avaient chacun un mentor pour l'enseignement plus pratique ou spécifique. Et je logeais sur place : le domaine de mes parents était bien trop éloigné pour que je rentre leur rendre visite. Et cela fait aussi partie de la formation de gagner en autonomie, quelque part.

" Je n'arrive pas à imaginer des paladins dans une... académie. Ça me parait... Bon, je n'ai moi-même rejoint la commanderie que très tardivement, mais... le noviciat... être écuyer... tout ça me semble plutôt fondamental dans l'esprit de corps de la profession... Vivre ensemble, des plus jeunes au plus âgés, prier de concert... J'ai vraiment du mal à imaginer des paladins solitaires."
Il haussa les épaules.
" Mais voilà... Différences culturelles, je suppose. C'est moi qui ai été stupide de penser que les choses s'organisaient de la même manière parce que nous portons tous les deux le même titre."

Chandara se récria aussitôt, ne retenant tout d'abord que la façon qu'avait Arthur de se dévaloriser sans cesse :

- Bien sûr que non : vous êtes loin d'être stupide !

Bon, cette façon de s'emporter était peut-être un peu suspecte et malvenue qui plus est. Aussi s'empressa-t-elle de tempérer ses propos d'un ton plus doux :

- Cela dit, je crois que le noviciat aurait pu me plaire. Côtoyer davantage d'aspirants partageant ma vocation. Je dois dire que j'étais très solitaire à l'époque. Et ça ne s'est pas vraiment arrangé depuis : pour preuve, j'ai accompli la plupart de mes missions toute seule. C'est assez pesant à la longue de ne pas pouvoir compter sur le soutien et la sagesse des autres.

" Vos missions..."
Décidément, cette fille était téméraire et... beaucoup plus expérimentée que lui. Ou peut-être nettement plus vieille, tout bien réfléchi. Ou incroyablement douée. Ce n'était pas à Luménis qu'on aurait confié des "missions" à une jeune femme d'à peine plus de vingt ans, si elle les avait seulement. Et le fait qu'elle soit une femme n'avait, bien sûr, rien à voir avec ça. Il avait de plus en plus peur. Ils n'étaient clairement pas dans la même ligue.

- Oh, pas grand chose en réalité, s'empressa-t-elle de répondre avant de préciser :

- On m'a envoyé quelques fois en dehors de la ville mais comme je vous l'ai dit, je n'ai guère eu le temps d'en accomplir beaucoup avant d'être expulsée de la commanderie et que la guerre n'éclate...

Le sujet était toujours douloureux - bien sûr - mais elle semblait l'aborder avec bien plus de détachement que la première fois où elle avait évoqué cet épisode devant lui. Du reste, elle s'empressa d'ajouter d'un ton désolé :

- Mais on ne fait que parler de moi : c'est injuste ! Moi aussi, j'ai envie d'en apprendre un peu plus sur vous ! Vous disiez que vous aviez rejoint tardivement votre ordre de paladins ? C'était pendant la dictature, si je me souviens bien ?

Il ne se souvenait pas de lui avoir parlé d'une telle chose, mais c'était possible : converser avec elle tout en restant concentré sur ce qu'il disait était un défi... Il était un peu meilleur à présent que lors de leur première rencontre, mais il était de temps à autres distrait par un rayon de soleil qui venait frapper son profil divin et sentait le souffle se bloquer un instant dans sa gorge. Elle était bien trop belle pour son bien. A lui.
" Oui. Jusque là, j'étais, heu... disons consigné à la maison. Ma mère était terriblement protectrice. Rien ne devait m'arriver, rien du tout. Alors pendant la dictature... Respirer était dangereux. Un jour, il a bien fallu que j'aille contre sa volonté... mais ça m'a pris un certain temps, de le décider."

Chandara songea fugacement et malgré elle qu’elle n’en voulait pas totalement à la mère d’Arthur pour avoir cherché à le préserver. Et pourtant cela allait à l’encontre de tout ce qu’elle jugeait bien : c’était là une pensée affreusement égoïste qu’elle chercha à réprimer aussitôt :

- Cela n’a pas dû être facile… Je veux dire : cela a dû vous réclamer beaucoup de courage de défier votre mère. Refuser de porter ses écharpes - ou une jolie robe dans mon cas - c’est une chose facile mais avoir le courage de quitter la maison pour vous engager sur une voie aussi périlleuse, c’est admirable. On a toujours peur de décevoir ses parents, en fin de compte, non ? Mais ils doivent nous laisser nous envoler et nous réaliser, à un moment ou à un autre. Si vous ne l’aviez pas fait, vous ne seriez pas l’homme que vous êtes devenu. Et vous ne seriez probablement pas ici aujourd’hui. Vous pouvez en être fier. Et moi j’en suis ravie.

" J'ai été bien aidé, dit Arthur, modestement. Je m'entraînais déjà à la commanderie, en secret, depuis un bon moment... Alors quand mes frères d'armes sont venus me chercher... Si je n'avais pas trouvé le cran de m'en aller, ils seraient venus me kidnapper à la nuit noire. C'est sans doute davantage pour épargner ma mère que je me suis décidé à lui parler."
Il eut un léger sourire, personnel.
" En fait, en y réfléchissant bien, c'était sans doute la décision la plus stupide possible. Je n'aurais jamais imaginé qu'une femme puisse crier aussi fort."

Chandara fut franchement amusée par sa réponse mais elle répliqua néanmoins avec un semblant de sérieux :

- Moi je crois que c'était une décision très sage et avisée en plus d'être honnête. Si vos amis avaient tenté de vous enlever chez vous, rien ne dit qu'ils auraient gagné l' affrontement : une mère est un terrible adversaire, en toutes circonstances ! Et si vous vous étiez esquivé en catimini, je suis persuadé que votre mère serait venue vous récupérer en vous hurlant dessus devant tous vos amis. Imaginez un peu le tableau !

C'est ce qu'elle fit à en juger par son expression hilare.

" Oh, vous ne connaissez pas ma mère... Elle ferait tout pour éviter un esclandre en public... S'il y avait eu des témoins, elle aurait été nettement moins virulente..."
Il sourit.
" J'ai eu les oreilles qui sifflent pendant trois jours entiers, ensuite. J'ai cru que j'aurais besoin d'un sortilège pour retrouver une ouïe acceptable. Je dois dire que... et bien... je n'ai pas remis les pieds chez m... chez elle depuis."

Le sourire de l'ancienne paladine s'était élargi avant que la dernière phrase d'Arthur ne fasse changer son expression du tout au tout.

- Oh... Vous m'aviez confié être en froid avec vos parents mais je ne pensais pas que c'était à ce point. Je trouve ça plutôt triste qu'elle n'ait pas cherché à entrer en contact avec vous depuis tout ce temps. Cela dit, je n'arrive pas non plus à concevoir qu'elle ne puisse pas être fière de vous et de ce que vous êtes devenu...

Arthur esquissa un léger sourire.
" Chandara, je pense qu'il est des millions de choses, en ce monde, que ni vous ni moi ne pouvons concevoir... et qui pourtant existent."
Il haussa les épaules.
" La commanderie fait un foyer tout à fait acceptable, au demeurant."

Il semblait évident qu'Arthur n'avait pas l'intention de s'étendre davantage sur le sujet de ses relations avec ses parents et Chandara ne pouvait pas lui en vouloir. Au lieu de cela, elle rebondit avec une sincère curiosité sur les dernières paroles du jeune homme :

- Je crois que j'aimerais beaucoup la visiter ! Enfin, si c'est permis, cela va s'en dire. Et je me posais une autre question à ce sujet : est-elle uniquement réservée aux paladins de votre dieu ? J'ai cru comprendre que Luménis comptait quelques autres paladins d'autres divinités... Bon, je sais, ça fait plusieurs questions, en fait : je suis une incorrigible bavarde quand je m'y mets !

Arthur sourit.
" Il est possible de visiter la commanderie, bien sûr. Ce n'est pas un musée, il n'y a pas d'heures d'ouverture, mais vu que je vous connais... Je pourrais vous inviter à l'intérieur, sans problèmes."
Il haussa les épaules.
" Mais c'est une commanderie de paladins lathandrites. Cela ne signifie pas que vous ne pourriez pas y être hébergée, comme invitée, quelques jours, même quelques veilles... mais c'est le siège de l'ordre de l'Aster. Les chevaliers de la Rose Rubis résident généralement au Temple de Sunie. Leur commanderie principale est à Antelucas. Pour les autres... Je ne sais pas où sont leurs bases. Mais pas à Luménis."

Chandara était contente de savoir qu'Arthur envisageait clairement la possibilité de l'inviter lors d'un séjour éventuel à Luménis. Venant de tout autre, elle aurait jugé que c'étaient des paroles en l'air mais venant d'Arthur, cela lui réchauffait le cœur. Souriant de plus belle, elle ne put s'empêcher de poser une nouvelle question :

- Et est-ce qu'il vous est arrivé d'en rencontrer ? Des paladins de la Rose de Rubis, j'entends... Je suis curieuse, vous comprenez ?

Arthur sourit.
" J'en ai rencontré deux. Mais je sais qu'ils sont plus nombreux. Ils parlent de manière très bizarre, un peu à l'ancienne, avec beaucoup de... je ne sais même pas comment on appelle ça... des embellissements ? Bon, à mon avis, c'était surtout pour se donner un genre... Je ne peux pas croire qu'ils parlent comme ça entre eux. Ce sont des défenseurs du beau, voyez-vous. C'est curieux, à mon sens... Je ne vois pas en quoi le laid ne mériterait pas d'être défendu, s'il est bon... mais les Sunites estiment souvent que l'apparence est le reflet de ce qui existe à l'intérieur. Je trouve ça un peu illusoire... J'ai connu plusieurs paladins qui échappaient à ce cadre, en tout cas."

Chandara buvait littéralement ses paroles alors qu'ils s'étaient remis à marcher côte à côte et sans hâte. Les réponses d'Arthur concernant les Sunites la rendirent un instant pensive comme elle puisait dans ses souvenirs mais, comme de coutume, elle ne garda pas bien longtemps le silence :

- Mais peut-être savent-ils voir le beau au-delà des apparences ? Et cherchent à le promouvoir ou à le trouver quand il est bien caché. Enfin, je dis cela mais je n'y connais rien... Je crois simplement qu'il ne faut pas sous-estimer le pouvoir mobilisateur de l'amitié ou... de l'amour. Ajoutez-y l'espoir si cher à Lathandre et je crois qu'il y aurait de quoi gravir des montagnes. Et bousculer jusqu'à Melandis !

" Non... Les Sunites, ils se fient aux apparences. Oh, ils ne sont pas méchants avec les gens qui sont laids... mais bon... ils ont pitié d'eux, quoi. La pitié, c'est pas une belle émotion, je trouve. Oh, il y a des Sunites moins superficiels, je suppose... mais ce n'est pas la majorité, non. Enfin. J'en connais pas beaucoup, je dois dire. Le Temple de Sunie, à Luménis, c'est... un lieu un peu bizarre. Les prêtresses passent leur temps à siffler les pal... les gens qui passent. Hum. C'est assez... inconvenant."

Chandara peinait à garder son sérieux à l’aune de ces révélations. Elle garda cependant le silence quelques instants mais ne put finalement s’empêcher d’intervenir d’un ton ingénu :

- Oh, je suis certaine que – dans votre cas – il s’agit de sifflements admiratifs de la part de ces prêtresses ! Mais je suis d’accord avec vous : c’est très inconvenant et je n’aimerais pas qu’on me siffle en pleine rue sous prétexte que je suis une pala… - ah non – une personne qui passe devant leur temple !

hrp : une petite intervention pour l'ambiance. Après, je vous laisse continuer encore un peu.

Comme pour répondre aux deux paladins, un sifflement se fit entendre. Mais il n'y avait aucune prêtresse de Sunie à l'affût, seulement une petite charrette à bras tractée par un vieil homme. Un long chapeau de paille était posé sur sa chevelure neigeuse. Il adressa à Arthur et Chandara un sourire bonhomme.

"Une chandelle pour la cérémonie de ce soir, mon beau monsieur et ma belle dame ? Elles ne sont pas chères. Le meilleur prix de tout Manost. Et vous n'en trouverez pas deux qui brûleront aussi longtemps que les miennes."

Arthur rougit jusqu'aux oreilles.
" Je n'ai jamais dit qu'elles me sifflaient, moi."
Bon, c'était le cas, parfois, ces maudites, mais il ne l'aurait jamais avoué à Chandara.
" Enfin bref... C'est une espèce bizarre."
Est-ce que la jeune femme s'interrogeait à ce sujet parce qu'elle...
" Vous songeriez à vous tourner vers Sunie ?"
Il avait eu du mal à réprimer l'incrédulité dans son ton.

Y songeait-elle vraiment ? Chandara ne put s'empêcher de se poser la question. Elle n'était pas certaine de savoir répondre à cette question. Et, dans ces conditions, l'intervention du vendeur ambulant tombait fort à propos pour lui donner l'opportunité de préparer une réponse intelligente. Elle esquissa un sourire d'excuse à Arthur avant de s'approcher du vieil homme et de lui tendre une pièce :

- Bonjour ! Je vous en prends une. C'est pour la cérémonie du souvenir, n'est-ce pas ?

Ayant obtenu sa réponse et une précieuse chandelle en retour, elle revint vers le jeune-homme pour lui répondre enfin :

- Disons que c'est une possibilité que je n'ai pas écartée. Et je ne le ferai pas avant d'avoir pu comprendre les motivations de ces siffleuses. Mais cela semble vous étonner... Et même vous décevoir.

HRP : Désolée, je ne sais pas comment ça se fait mais j'ai complètement zappé le message d'Althy... fatigue du vendredi soir ?

" Heu... Et bien... Non, je ne sais pas. C'est juste... Vous..."
Ce n'était pas si ridicule, elle avait raison. Belle comme elle était...
" C'est simplement... Et bien, je suis Lathandrite. Donc fatalement, à mes yeux, aucun dieu ne vaut Lathandre... Mais c'est un stupide réflexe. Vous êtes différente de moi et donc... vous n'avez pas forcément besoin de la même chose."
Il sourit.
" Quelle est cette cérémonie ?"

Chandara lui retourna un sourire radieux mais il eut immédiatement la confirmation que cela n'avait rien à voir avec la cérémonie sur laquelle il l'interrogeait :

- Oh, vous êtes si gentil Arthur ! Si j'ai bien compris, il se pourrait donc que je sois digne du meilleur dieu à vos yeux ?

Comment elle en était parvenue à cette conclusion devait demeurer un mystère car elle enchaîna d'un ton un peu plus grave et affecté :

- Si j'ai bien compris, c'est un moment de recueillement en l'honneur de nos disparus. Je crois que je vais garder cette chandelle en l'honneur de Luna...

Chandara ferait-elle une bonne lathandrite ? Arthur avait l'impression que oui. Elle était lumineuse, fière, enthousiaste, énergique, impétueuse, à l'image du dieu qu'il servait. En tout cas, c'était ainsi qu'il la percevait. Mais était-ce ce qui brûlait réellement en son sein ? Elle avait été Helmite, après tout, et ce n'était pas exactement le même genre de chanson... De toute façon, elle avait le temps. Elle devait le prendre. Ce n'était pas un engagement facile, de dédier toute sa vie au service d'une divinité et des autres.
Il regagna l'instant présent.
" Je suis désolé pour votre amie. Je l'ai à peine connue mais je sais qu'elle vous était chère."
Il ne pouvait s'empêcher de se sentir responsable, de surcroît. Bien sûr, les Mélandiens seraient venus pour le livre, de toute façon... mais ils étaient aussi venus pour lui... Vu la manière dont les choses avaient ensuite tourné, il ne pouvait s'empêcher de songer que s'il s'était rendu, il aurait peut-être pu sauver tous ceux qui avaient disparu ce jour-là...

L'expression de la jeune-femme se rembrunit à nouveau et son masque de gaieté se fissura juste l'espace d'un instant :

- Je ne l'ai pas connue énormément, moi non plus mais je ne peux pas m'empêcher de penser qu'elle a été tuée par ma faute. Si je n'avais pas stupidement chargé contre ces mélandiens, nous aurions certainement pu tous nous échapper dans les tunnels. J'aurais dû tenter de les retenir à l'entrée du moulin... J'ai été stupide et ce souvenir me hante encore...

Arthur repensa à cet instant dément où la jeune femme, plutôt que de battre en retraite, s'était ruée dans la mêlée. Il comprenait ses regrets. En même temps, s'appesantir sur le passé ne servait à rien. Lathandre leur enseignait que tout restait possible. Demain.
" Je pense que nous songeons tous à ce jour maudit en nous demandant ce que nous aurions pu ou dû faire pour les choses se déroulent autrement. Mais les dieux ont décidé que vous et moi devions y survivre. Cela doit vouloir dire quelque chose. Nous avons encore un rôle à jouer, et ce rôle, ce n'est pas de nous morfondre en battant notre coulpe, quelles qu'aient été nos erreurs par le passé."

Arthur savait décidément trouver les mots les plus réconfortants et réussit à faire renaître un sourire timide chez Chandara. C'était en lathandrite qu'il parlait mais ça n'en touchait pas moins l'ancienne helmite. Elle répondit d'un ton doux :

- Vous avez raison : nous avons encore énormément à réaliser. C'est une chance. Et je n'ai pas oublié que je vous la dois en grande partie. Brus m'a raconté comment vous avez su négocier pour nous sauver tous les deux...

Il y avait une admiration sincère dans le regard que la jeune-femme lui dédia à ce moment.

Arthur rougit légèrement.
" Je n'ai pas l'impression d'avoir fait quelque chose de très spécial... J'ai juste... agi comme il me semblait juste de le faire... Honnêtement, ils auraient de toute façon eu le dessus..."
Il haussa les épaules, embarrassé.
" Mais tout ça est derrière nous, désormais. Je pense... que nous pourrons en parler davantage d'ici quelques années, quand le temps aura quelque peu adouci le souvenir des événements."

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[Rencontres] La promenade des docks