[Lieu] Une cité perdue

[Taliesin]

-Heureusement, il est encore tôt : nous pourrons parler à toutes les personnes impliquées avant qu'elles ne se couchent. Mais mieux vaut ne pas tarder à s'y mettre, effectivement.
Le rôdeur se leva.
-Si cela vous convient, je vais réunir les éclaireurs pour que nous préparions l'itinéraire.

[Galathée]

" Ne réunirions-nous pas carrément toute l'équipe dans un second temps ? Ça nous permettrait de mettre les consignes du clair, de discuter des éventualités, d'être sûrs que nous partagerons tous les mêmes codes et les mêmes objectifs. Pendant que tu parles à tes éclaireurs, je vais prévenir les autres, et puis, disons dans une heure, on revient tous ici ?"
Albérich s'était rencogné dans son siège. Tout ceci ne le concernait plus directement.

[Taliesin]

Ezéchiel avait eu une moue fugitive. Manifestement, la perspective d'une troisième réunion dans la même journée ne l'emballait pas. Il acquiesça néanmoins : sans doute en comprenait-il l'utilité.
-Soit, en une heure, nous devrions déjà y voir plus clair sur le trajet que nous emprunterons. Et nous serons de toute façon ici, puisque nous avons besoin des plans.

[Galathée]

" Très bien, alors au travail..." dit le paladin en se levant.
Albérich l'imita.
" Je vais me charger de prévenir les lanceurs de sorts... pendant que tu parles à Alban et Ruth. Il te restera ensuite les militaires." dit-il à son ami.
Hubert grimaça.
" Oui. Merci."

[Taliesin]

Les démarches d'Albérich allèrent bon train.
Les mages étaient toujours à l'étude dans la salle des livres : aussi pris soient-ils par leur travail, ils accueillirent avec joie la nouvelle de l'expédition du lendemain et promirent qu'ils seraient à l'heure à la réunion.
Il fallut ensuite passer aux clercs. Gabriel était... et bien, dans la grande salle avec ses petits protégés.
-Vous pouvez évidemment compter sur moi, fit-il. Il va juste falloir que je trouve très vite une solution pour mes ouailles... Difficile mais pas impossible.

[Galathée]

" Gabriel, je m'en occuperai, dit le Luménien. Je n'ai pas ta fibre pour ce genre de choses, mais je peux franchement m'en charger pour une journée. D'autant que j'aurai l'aide d'Alban et des jumeaux. Tout ira bien, nous ferons ça sans difficultés. Nous les emmènerons aux thermes et aux jardins, quelque chose comme ça. Ne t'en fais pas."

[Taliesin]

Le Lathandrite écarquilla les yeux.
-Tu ne feras pas partie de l'expédition ?
Il paraissait totalement incrédule.
-Mais... S'il y a besoin de clercs... Sachant que tu es bien plus doué que moi... Quelque chose m'échappe.

[Galathée]

Albérich eut un sourire embarrassé et haussa les épaules, tâchant de ne pas montrer sa propre frustration d'être, à nouveau, cantonné à l'intérieur.
" L'idée est de ne pas mettre tous nos oeufs dans le même panier... La mission prévue est dangereuse... S'il vous arrivait quelque chose, il est nécessaire que les gens qui sont restés ici disposent de ressources... C'est pourquoi Ambrosius, Gaspard et moi-même ne vous accompagnons pas."

[Taliesin]

-Sincèrement, et malgré tout le respect que je vous dois... Que je te dois, en particulier... je ne suis pas sûr que vous suffisiez, à vous trois, à faire la différence s'il nous arrivait malheur.
Il soupira.
-Enfin, vous en avez déjà parlé, je ne vais pas t'obliger à en rediscuter. Et je vais quand même essayer de trouver une autre solution pour les petits Paludiers. Non que je craignes que tu ne sois pas à la hauteur mais... Franchement, une journée entière avec tout le groupe, tu risques de ne pas t'en remettre.

[Galathée]

" Je suis plus résilient qu'il n'y parait, crois-moi. Mais cherche si tu veux... N'y passe pas la soirée, cependant. Hubert vous attend pour vous donner ses directives dans un peu moins d'une heure... et franchement, je peux le faire."
Il sourit.
" Après, s'il devait vous arriver quelque chose... Je crois que nos ambitions seraient revues à la baisse. Nous pouvons toujours nous enfuir. Mais cela dit... que cela vous enjoigne à la prudence !"

[Taliesin]

-Tu m'étonnes... Honnêtement, imaginer que notre beau projet pourrait se solder par une fuite et par un échec... Cela serait de nature à tuer mon optimisme naturel. Ce qui n'est pas rien...
Il sourit, pourtant.
-Bon, mais je vais de ce pas tenter de trouver une solution pour t'éviter un calvaire, demain. Malheureusement, en moins d'une heure, je crains de ne pas pouvoir faire des miracles... Bref, d'avance... Bon courage.

[Galathée]

" Honnêtement, Gabriel, arrête d'en faire des montagnes !"
Il sourit puis abandonna le clerc à sa recherche et se mit en quête de Thibault ou Giovanni. Ou les deux. Ensuite, il pourrait retourner à ses livres et tenter de paraître parfaitement tranquille au moment où Hubert émergerait de ses grands préparatifs au sommet.

[Taliesin]

De Giovanni, nulle trace. Mais Thibault, il le vit bientôt pénétrer dans la grande salle. Peut-être venait-il de donner un coup de main pour la vaisselle : désormais, il fallait s'attendre à tout, avec lui.
-Ça marche ! fit le Sunite une fois informé de l'opération. Après avoi visité de concert une bibliothèque, voilà que nous nous apprêtons à explorer ensemble une école de magie... Mais il faudrait quand même qu'on songe, un de ces quatre, à se faire un temple : ce serait davantage dans nos cordes...

[Galathée]

Décidément...
" Je ne viens pas, Thibault. Je suis... l'assurance de la communauté au cas où vous vous feriez tous massacrer ou capturer. Moi, Gaspard, Ambrosius. Alors soyez prudents, d'accord ? Je n'ai pas tellement envie de me retrouver avec une telle charge sur les épaules."
Cela dit, il y aurait les Paludiers, aussi. Ils sauraient sûrement les escamoter hors de Clairétoile sans que les Ithiliens ne les voient.

[Taliesin]

Thibault leva les yeux au ciel.
--Je me demande qui de toi ou de moi tu espères le plus convaincre, avec ce type d'arguments...
Il le regarda bien en face.
-Sois honnête, mon vieux : Hubert t'as dit que tu devrais rester ici, loin de tout danger, et tu as docilement accepté, bien que tu sois notre clerc le plus puissant et... le plus érudit, donc le clerc le plus adapté pour cette mission.

[Galathée]

Albérich se sentit légèrement rosir.
" Non. Il y a de ça, je ne peux pas le nier, je sais bien qu'Hubert sera plus tranquille si je suis ici. Mais il y a aussi que... je suis mieux taillé que toi pour rester ici. Nous avons déjà rassemblé des dizaines de documents... des centaines, en fait... et il faut les lire. Ce que vous ramènerez de l'université... Je pourrai le découvrir ici, ensuite. Si je vais avec vous... ou avec eux, en imaginant que ce soit alors toi qui restes ici... C'est une journée de lecture de perdue. Et ne me dis pas que tu vas le faire à ma place : tu as horreur de ça. Mais en plus... Nous ne pouvons pas envoyer trois conseillers sur les quatre dehors. Deux en mission, deux avec la communauté, c'est beaucoup plus raisonnable. Si nous savions l'université infestée de morts-vivants, si j'étais vraiment le seul à pouvoir faire la différence... ça se justifierait. Mais ici... Tout est contre moi. Je suis un peu frustré, mais je suis conscient que c'est aussi la meilleure solution."

[Taliesin]

-Mouais. Sachant quand même que si ton utilité là-bas n'aurait pas été flagrante, la mienne le sera encore moins, ne serait-ce que parce que je n'ai jamais été porté sur l'étude, quelle qu'elle soit. Sachant aussi que si personne n'a songé à discuter l'utilité d'Hubert au sein de cette expédition, elle méritait pourtant de l'être : en quoi exposer notre chef militaire et notre unique paladin au cours d'une opération où l'on ne craint guère d'affronter des morts-vivants et où l'on essayera d'éviter la confrontation avec les Ithiliens est-elle sinon pertinente, au moins indispensable ?
Il soupira.
-Albérich, si je puis me permettre un conseil... Ne te laisse pas faire. La témérité d'Hubert et son besoin d'action ne semblent avoir d'égal que... Son côté protecteur. Surprotecteur, même. Si tu n'y prends pas garde, il va sans arrêt se ruer sur le danger tout en t'obligeant à rester en arrière, bien à l'abri... Alors que tu es peut-être encore plus capable de te défendre que lui.

[Galathée]

Albérich acquiesça.
" L'utilité d'un clerc puissant dans cette expédition... et d'un paladin... ce sont les ressources qu'ils peuvent potentiellement utiliser en cas de problème. Bien sûr, si tout se passe bien, n'importe qui aurait pu y aller à votre place, mais si les choses dégénèrent... Hubert est une bonne lame... et sa présence est importante parce que... il peut ouvrir les portes. Et on ne sait pas si l'université n'est pas protégée comme ce palais. Je sais que tu peux incanter pour créer un animal céleste, mais on ne sait jamais ce qui peut se passer..."
Il toussa dans son poing.
" Pour le reste, je sais bien qu'il est surprotecteur. Et il sait bien, aussi, qu'il exagère. Mais... c'est un travers qu'il a pris du temps où j'avais réellement besoin d'aide... et un paladin de l'Aster a pour mission de veiller sur les dignitaires du culte. En restant ici, je lui allège l'esprit, et il aura déjà Ruth à garder à l'oeil... C'est mieux comme ça, crois-moi."

[Taliesin]

Thibault secoua la tête.
-C'est mieux pour lui, oui : il peut sortir, il peut agir, le tout en te laissant dans une cage dorée où il te sait hors de danger. Mais est-ce le mieux pour toi ? Et pour nous ? Cela, je n'en suis pas certain.
Soupir.
-Je ne vais pas épiloguer sur ce sujet : ce ne sont pas mes affaires. Mais crois-en un serviteur de l'amour. Si on ne met pas très vite, et très fermement, des limites aux côtés surprotecteurs de son conjoint, cela ne fait qu'empirer et il devient de plus en plus dur d'y remédier.

[Galathée]

Albérich sourit avec gêne.
" Je sais. Crois-moi, Thibault, je sais. Et je lutte contre cette tendance depuis des veilles et des veilles. Mais... nous avons besoin d'harmonie au sein du conseil, et Hubert souffre plus que moi de la situation présente. Je suis resté des mois entiers, prisonnier, pendant la dictature... J'ai une bonne tolérance à l'enfermement. Lui pas. Il a besoin de sortir, et je sais qu'il se sent coupable ou en tout cas partiellement responsable de notre défaite... C'est quelque chose que je peux faire pour lui, d'autant que dans ce cas précis, il y a d'autres arguments qui justifient que je reste ici."

[Taliesin]

Il haussa les épaules.
-Si tu le dis. Mais j'espère vraiment que si un jour, pragmatiquement, ta présence est nécessaire dans une expédition risquée, tu arrêteras de lui trouver toutes les excuses possibles et inimaginables et que tu arriveras à lui faire entendre raison. Je l'espère pour toi, je l'espère pour nous.
Il sourit.
-Mais j'avais dit que j'arrêtais de parler de ça.

[Galathée]

" Je serai vigilant."
C'était étrange de parler de ça avec Thibault, avec tout ce qui existait, et n'existait pas, entre eux. Albérich se sentait franchement mal à l'aise.
" Hum. mais donc... La réunion a lieu dans une demi-heure. Je dois encore parler à Giovanni, tu sais où il est ?"

[Taliesin]

-Aucune idée. Il est aux abonnés absents.
Le clerc l'observa, hésita, secoua à nouveau la tête.
-Bon, si on m'attend dans moins d'une heure, j'ai intérpêt à commencer dès à présent à m'apprêter, a mettre de l'ordre dans ma mise... Bref, à faire mon Sunite, quoi. Je te dis donc à plus tard.

[Galathée]

Albérich se mit donc en quête du Sunite, en interrogeant tous les gens qu'il croisait sur l'endroit où pouvait se trouver le peintre. La forteresse était bien trop grande pour qu'il se mette à le chercher sans avoir le moindre indice... mais si personne ne savait rien, il irait jeter un oeil aux Thermes et dans leur bibliothèque de fortune. Au-delà de ça, il faudrait guetter son retour...

[Taliesin]

Mais personne ne put le renseigner. Et Giovanni ne se trouvait ni aux thermes, ni dans la salle des livres... Manifestement, il avait pris bien des précautions pour ne pas être dérangé au cours de ses mystérieuses recherches.

***

De son côté, Hubert avait fait chou blanc dans sa quête d'Alban : nulle trace du garçon dans la salle commune ou ses environs. En revanche, il repéra Ruth : l'air chagrin, elle se trouvait en compagnie de sa mère et du petit Paludier que celle-ci avait pris sous son aile. Néanmoins, son visage s'éclaira sitôt qu'elle aperçut le paladin et elle ne fut pas longue à se ruer sur lui.
-J'peux faire quelque chose pour vous ? s'enquit-elle, pleine d'espoir.

[Hubert de Maleval]

" Oui." dit Hubert.
C'était une bonne chose qu'Ingrid soit là : elle avait son mot à dire dans ce dont il devait parler avec Ruth. Il s'assit donc près du petit groupe.
" Demain, nous allons organiser une sortie importante, pour explorer une ancienne université de magie... Nous aimerions que tu viennes avec nous. Je serai là, bien sûr, pour veiller sur toi, et tu devras, comme toujours, promettre de m'obéir quoi qu'il arrive. Mais c'est une mission dangereuse, car nous allons devoir nous rendre à un endroit où les Ithiliens se rendent souvent... J'aurais préféré que tu restes ici, mais le conseil estime que... ta chance formidable pourrait faire la différence."

[Taliesin]

Sur le visage de la gamine se peignit d'abord un ébahissement total. Puis ce fut une joie débordante qui prit le dessus. Mais elle n'y succomba pas longtemps : déjà, elle s'efforçait d'arborer une mine sérieuse. Solennelle, même.
-Je serai sage comme une image et vous obéirai quoi qu'il arrive, juré, fit-elle. Enfin, si maman...
Elle se tourna vers Ingrid, laquelle soupira.
-Si le Conseil estime que Ruth est indispensable à cette mission, son devoir est de s'y joindre et le mien, de la laisser aller, dit-elle. Et je sais que vous veillerez bien sur elle.

[Hubert de Maleval]

" Je ne la lâcherai pas d'une semelle, je vous le promets." dit le paladin en posant une main sur l'épaule de la gamine.
Il la regarda droit dans les yeux, sérieux.
" Ne va pas te coucher trop tard, nous serons partis toute la journée."
Ses yeux la quittèrent, observèrent l'environnement.
" Je voulais parler à Alban... Je m'attendais à le trouver avec toi..."

[Taliesin]

Ruth eut une grimace brève mais marquée.
-Non, il est avec Giovanni.
Elle soupira.
-Si vous prenez l'escalier qui est le plus près d'ici, faut suivre le couloir de droite : sont dans la première bibliothèque.

[Hubert de Maleval]

" Ah. Je vais aller voir."
Il était responsable de cette absence du gamin : il l'avait mis entre les mains de Giovanni dès le matin, et Ruth semblait mécontente d'avoir été ainsi écartée de leurs recherches. Dans le même temps... Elle profiterait de l'expédition, le lendemain, tandis qu'il devrait rester à demeure... et sans Giovanni. Mais Albérich veillerait certainement sur lui.
" Il ne vient pas, demain. Je compte sur toi pour... ne pas l'ennuyer avec ça."