La Couronne de Cuivre

" Je n'ai pas encore vu Albérich, je dois dire."
A son avis, le Luménien devait plutôt se morigéner de s'être rué chez Ignace sans avoir pris le temps d'assurer leurs arrières. Il avait été un peu téméraire, il fallait le reconnaître, mais Hubert trouvait que, vu le personnage, c'était plutôt une saine évolution. Il aurait peut-être pensé le contraire s'ils avaient été forcés de quitter le fort, mais les choses avaient bien tourné et il n'y avait pas de regrets à avoir.
" Je ne connaissais pas Ignace et Agnès aussi bien que toi mais... honnêtement... je n'aurais jamais imaginé. D'autant que j'avais sondé leur aura à leur insu... Ils étaient bien protégés."
Il soupira.
" Demain, nous devrons interroger Chauntéa à nouveau. Il faut nous assurer que nous avons éliminé toute menace..."

Hubert pinça les lèvres.
" Je n'avais pas songé à cela... Oui, j'imagine que Chauntéa aurait de bonnes raisons d'exiger que nous prouvions notre valeur par nous-mêmes."
Il sourit.
" Nous serons peut-être amenés à vouer Clairétoile à la Grande Mère. Et à Lathandre. Ils ont toujours constitué un couple symbole de naissance et de renouveau. S'ils veillent ensemble sur notre cité, elle ne pourra que croître dans la lumière. Je rendrai grâce à ta déesse lors de mes prières, Barthélémy."
Une légère grimace déforma ses traits.
" Mais est-ce que tu penses qu'elle consentirait... à me soigner ?"
Il souleva sa tunique, révélant la large plaque rouge qui lui décorait encore le flanc.

-Bien sûr.
Quelques instants plus tard, l'énergie divine était venue à bout de cette brûlure et de celles qui avaient pu subsister sans que le paladin ne s'en rende compte.
-Te voilà comme neuf, dit Barthélemy. A moins que le diable ne t'ait jeté quelque sortilège ? Si c'est le cas, il vaudrait peut-être mieux que je lève de possibles malédictions... Cela ne prendrait qu'un instant.

" Excellente idée, dit le paladin avec un sourire. Je me sens un peu fatigué, je pensais que c'était un épuisement naturel, mais je ne sais pas exactement ce dont cette créature m'a gratifié..."
Il examina un moment la peau lisse de son côté. La magie divine était formidable.
" J'imagine que tu as pris les mêmes précautions auprès des enfants."

-Oui oui, ne t'en fais pas : je les ai libérés des sorts néfastes qu'Agnès leur avait lancés, ils sont donc en parfait état de santé, à tous les niveaux. Néanmoins, s'ils se ressentent de ce qu'ils ont vécu, si ton aura ne suffit pas à apaiser leur angoisse, ils ne doivent pas hésiter à venir me voir; C'est également valable pour toi : être confronté à pareils adversaires n'est pas chose anodine...
Il incanta à nouveau, et le paladin eut l'impression de se sentir mieux. Mais peut-être n'était-ce qu'un effet psychologique... Quoi qu'il en soit, la fatigue n'avait pas disparu, elle.

" Merci. Je me sens déjà mieux... même si j'ai encore besoin de sommeil. Cette expédition m'aura secoué comme jamais. Mais c'est un réveil salvateur. J'ai survécu au diable... je peux vaincre les cannibales."
Il releva les yeux sur le clerc.
" Barthélémy, penses-tu... si l'ouverture t'en était faite... que tu pourrais accepter de siéger au conseil ?"

" Loin de moi l'idée de te l'imposer, Barthélémy. Je dois en discuter avec mes homologues... mais je crois que les gens vont avoir besoin de figures de ralliement, auxquelles ils font intégralement confiance... Je m'avance sans doute. C'était juste pour savoir... au cas où... Quant aux auras... peut-être serions-nous plus efficaces avec un glyphe puissant, que les gens devraient traverser. Ma détection a ses limites. Et je me vois mal imposer aux gens de se dénuder pour passer mon examen. Ce serait pour le moins... déplacé."
Il haussa les épaules.
" J'en parlerai avec les autres. Albérich connait bien la magie divine... Il aura peut-être quelque chose à nous suggérer. Mais tu seras certainement mis à contribution."

Barthélemy lui sourit.
-Je ne suis pas convaincu que tout le monde me fera intégralement confiance. Après tout, de l'ensemble des membres de la Communauté, j'ai été celui qui a le plus côtoyé Agnès, et tout ce que j'avais remarqué d'étrange à son sujet, comme je le disais à Albérich hier, c'est qu'elle était assez remontée ces derniers temps et ne me racontait pas grand chose. Néanmoins, sois assuré que mon aide vous est acquise, quoi que vous me demandiez.

" Formidable, dit Hubert en se relevant. Bon, je vais regagner le monde des vivants. J'ai l'estomac qui couine et mes co-conseillers doivent certainement se demander quand je vais daigner leur prêter main forte."
Il sourit à Barthélémy et gagna la sortie.
" Oh, une dernière chose... Avec tous ces événements, nous n'avons plus songé à nos équipes parties chercher du renfort et il nous faudra contacter Etienne, ou pas, en fonction de nos décisions prochaines... Est-ce qu'il te reste les sortilèges appropriés ?"

-Oui. En temps normal, nous nous partagions le travail avec Agnès, et je n'aurais donc pu contacter que deux des trois groupes. Néanmoins, vu les inquiétudes d'Étienne, vu ce qu'il était susceptible de se produire ici... J'ai prévu un peu plus large qu'à l'ordinaire. Je prendrai donc des nouvelles de nos missions diplomatiques à l'heure habituelle, et j'attendrai vos consignes pour communiquer avec nos explorateurs.
Ils se saluèrent et Hubert quitta le dispensaire. Nul doute qu'il trouverait sans mal Albérich ou Ézéchiel, selon la personne avec qui il souhaitait s'entretenir en premier.

Albérich était debout dans le couloir menant à la cantine quand il croisa le regard d’Hubert. Celui-ci portait sa tunique de nuit sur un pantalon défraîchi et paraissait pourtant plus rayonnant que jamais, inébranlable et invincible. C’était une illusion, un contrecoup des événements de la matinée, le Luménien était conscient qu’il voyait, quelque part, ce qu’il désirait voir. Le paladin lui sourit, il lui rendit son sourire, hésitant.
« Tu as l’air en forme.
— Barthélémy vient d’effacer mes dernières brûlures. Je suis un homme neuf. »
Ils demeurèrent silencieux et, sans se consulter, marchèrent un moment jusqu’à trouver une petite salle déserte qu’on avait récemment vidée de son matériel pour le descendre à l’étage inférieur.
« Je suis désolé de ne pas av…
— Chut. Même si tu étais venu me chercher, vu ce qu’était Ignace, il est probable qu’il l’aurait su. Il savait que tu étais allé voir Barthélémy, il avait des pouvoirs qui défient notre imagination. Moi aussi, j’ai pensé que c’était simplement un homme perverti. Tu as eu raison d’aller le trouver. Nous ne pouvions pas savoir. Et les regrets ne servent à rien. »
Albérich soupira.
« Heureusement que tu étais là. »
Hubert posa une main sur son épaule et Albérich bascula brusquement contre lui. Ils s’étreignirent en silence puis se séparèrent après quelques secondes, Albérich s’était légèrement empourpré, navré de son manque de résilience, de son besoin puéril de la force de son ami. Hubert, de son côté, ne paraissait pas embarrassé le moins du monde.
« Tout va bien, à présent, dit le paladin. Grâce à toi, nous les avons débusqués, et je me suis chargé de les renvoyer aux enfers. Les gens ont raison de se réjouir : en dépit de la menace, nous l’avons vaincue, avant même qu’elle ne puisse nous nuire. »
Son sourire s'élargit, se fit mutin.
« J’ai toujours dit que nous formions une bonne équipe. Elle prend des formes variables suivant les circonstances, voilà tout. »
Le Luménien secoua la tête, amusé. Le paladin avait une manière d’alléger les choses qu’il ne s’expliquait pas vraiment.
« J’imagine que ta décision de quitter le conseil est désormais caduque.
— Oui. Même si je ne suis pas certain qu’il soit opportun de conserver un conseil en l’état.
— Nous en parlerons avec Ezéchiel et Etienne. Et puis nous ferons voter les gens, pourquoi pas ? Au vu des événements, il est sans doute crucial qu’ils se réapproprient une part des décisions. »
Albérich sourit.
« Deviendrais-tu démocrate ?
— Je ne sais pas. J’ai surtout envie que les choses s’apaisent. Les cannibales vont attaquer et j’ai besoin d’un groupe soudé avec moi. »
Le Luménien acquiesça. La mention des cannibales, après toutes ces émotions, le glaçait. Mais Hubert avait raison et, dans les faits, seule la perte d’Agnès les affaiblissait. L’état-major était intact, les autres lanceurs de sorts indemnes, ils n’avaient perdu aucun soldat.
« Ingrid a dit qu’elle te ferait de nouveaux vêtements.
— Oh ? C’est gentil de sa part. Je commence à être un peu à court, je dois dire… Je pense que je n’avais jamais détruit autant de tenues, aussi vite, de toute ma vie. Les gens doivent se dire que je suis un valeureux combattant, alors que je n’avais plus affronté de créatures inhumaines depuis presque dix ans.
— Tu as vite repris le pli.
— Tu ne peux pas imaginer combien ça me rassure.
— Ça me rassure moi aussi. »
Hubert hocha la tête avec un sourire. Albérich songea à combien l’expédition devait remplir ses promesses, pour lui. Il cherchait son élan et il l’avait trouvé de manière spectaculaire. S’ils survivaient aux cannibales, sa lumière intérieure brillerait longtemps. Il réalisa qu’il aurait pu l’envier, mais qu’en réalité, il était surtout heureux qu’Hubert soit conforté dans sa voie.
" Allons manger. Nous parlerons plus tard."
Le Luménien opina du chef et lui emboîta le pas, immensément soulagé.

" Misère." dit simplement Hubert en se courbant sur son repas, mais, exactement comme après sa victoire au tournoi, Albérich savait qu'il appréciait cette admiration.
Il y avait cependant davantage de gravité dans son attitude, comme s'il avait pris quelques années en combattant le monstre, ou alors c'était juste de la fatigue. Il paraissait un peu préoccupé, souriant mais tendu, à la fois ravi et inquiet.
" Au moins, les gens ont confiance en moi, c'est déjà ça de pris." finit-il par dire.
Et sans doute les âmes mauvaises, s'il en reste, ont-elles peur, songea Albérich.
Dès qu'ils auraient terminé de manger, ils attraperaient Ezéchiel pour commencer à réorganiser le conseil.

On les informa que le rôdeur était monté sur les remparts un quart d'heure plus tôt pour y mener une inspection. Ils n'eurent cependant pas à aller jusque là, le croisant au pied des escaliers qu'ils s'apprêtaient à gravir. Décidant sans se concerter de ne pas prendre comme d'habitude la direction de l'intendance - qui, de toute façon, devait être inutilisable -, ils choisirent comme salle de réunion la pièce où Albérich et Hubert s'étaient entretenus un peu plus tôt.
-Bon, que fait-on ? s'enquit Ézéchiel, sans ambages.

" Nous avons plusieurs choses à discuter. La première concerne le conseil, la seconde Etienne...
— Je vais nous chercher des chaises."
Hubert sortit et revint quelques minutes plus tard, avec de quoi les installer.
" A mon sens, il y a plusieurs possibilités, reprit Albérich. Soit nous continuons à fonctionner juste à nous trois. Vu la précarité de notre situation, ce n'est pas forcément un souci. Luménis est dirigée par un triumvirat, elle aussi. Le nombre ne fait pas forcément l'efficacité. Soit nous cooptons une ou deux personnes pour nous épauler. Barthélémy, Giovanni, il y a plusieurs personnes dont les compétences sont complémentaires aux nôtres. Nous pouvons amener les choses au vote, que les colons élisent de nouveaux membres, pour un conseil provisoire en attendant l'installation de la communauté à Clairétoile."
Il leva les yeux sur Hubert.
" La dernière possibilité est que nous désignions un chef unique, jusqu'à la fin de la crise."
Le paladin grimaça mais ne dit rien.
" Nous pouvons en référer à Etienne, ou pas. Il faut essayer d'évaluer l'impact de ce qui s'est produit ici, aujourd'hui, sur lui. Peut-être qu'il vaut mieux qu'il n'en sache rien tant que nous ne l'avons pas rejoint. D'autant que nous ignorons s'il y a des suppôts du diable parmi les hommes qui l'ont accompagné."

" Nous sommes d'accord, dit le paladin, un peu mal à l'aise. Mais je n'ai pas particulièrement envie d'être...
— Je vais préciser ma pensée, intervint Albérich. Je pense qu'Ezéchiel et moi resterions tes conseillers. Mais en cas de crise, nous ne pouvons pas nous permettre, sans cesse, de rassembler le conseil. Les gens ont parfois besoin d'une personne de référence, vers laquelle se tourner. En ce moment, tu as l'ascendant nécessaire. Je ne dis pas que c'est la bonne solution, mais je pense que si les membres de la communauté ont besoin, pour se rassurer, de ce type de structure, de manière très provisoire, il faut pouvoir la leur offrir. Mais nous pouvons exposer les quatre possibilités aux colons et les laisser voter. Continuer avec nous trois, coopter de nouveaux membres, élire de nouveaux membres, remettre le pouvoir dans les mains d'Hubert."

-Confier le pouvoir à une seule personne serait la solution à la fois la plus efficace et la plus contraire à l'esprit de la Communauté. D'un point de vue pragmatique, elle a mes faveurs, et je pense que l'Assemblée pourrait se prononcer en ce sens : Hubert, tu avais une influence certaine jusqu'ici mais à présent, disons les choses comme elles sont, tu es considéré comme un héros. Toutefois, je crains un peu ce qui pourrait se produire dans le futur : les regrets de certains, une impression que tu as profité de la situation... Je me fais peut-être des idées, d'autant que si l'Assemblée a voté, ma foi, cela reste une décision démocratique. Une autre option serait de simplement proposer un amendement à la Charte : en cas de crise grave, le Conseil pourrait suspendre ses activités et s'en remettre au conseiller chargé de la défense. Cela soulignerait encore plus le côté exceptionnel et temporaire de cette disposition.
Il sourit.
-Mais tout ça, ce n'est au fond que des questions de pure forme. Dans les faits, qui irait à l'encontre de tes décisions ? Certainement pas moi : je n'ai de compétences qu'en matière de reconnaissance de terrain, de repérage d'ennemis. Pour ce qui est de la gestion d'un groupe aussi vaste ou de l'élaboration de stratégies, je n'ai pas la moindre once d'expérience.

" Je ne suis pas certain que nous soyons à ce point en situation de crise, dit Hubert, embarrassé. Peut-être pourrait-on envisager la possibilité, sans la déclarer d'emblée. Jusqu'à nouvel ordre, les cannibales n'ont pas encore bougé, nous avons éliminé l'ombre qui se terrait parmi nous... Je sais que je jouis d'une certaine popularité, mais les choses n'ont pas réellement changé, si ? On pourrait soumettre aux colons la proposition, et décider de l'appliquer si... la véritable crise éclate. Je dois avouer que je suis aussi mal à l'aise avec l'idée de ne rien dire à Etienne, même si je comprends le fond de cette décision... Ne pensez-vous pas qu'il le prendra très mal ? Ne pensez-vous pas, aussi, qu'il mérite d'être prévenu des risques qu'il court ?"

" Non. Non, surtout, je ne veux soupçonner personne, dit Hubert. Mais tu as raison. Gardons Etienne à l'abri, encore un temps. S'il a des choses à nous communiquer, Gabriel nous contactera... J'espère qu'il pensera à nous parler, plutôt qu'Ignace ou Agnès. Je n'ose imaginer sa réaction s'il tente de communiquer avec l'un d'entre eux et ne rencontre que le néant.
— Vu la manière dont le dernier conseil s'est terminé... et connaissant Gabriel... je pense qu'ils communiqueront avec toi.
— Je n'en sais rien. Gabriel et Agnès semblaient relativement proches."

" D'accord. Faisons comme ça." dit le paladin.
Il se tourna vers Albérich
" Si nous devons organiser une consultation populaire, il faudrait sans doute parler des auras... D'après Barthélémy, les gens en parlent... avec un souhait que je sonde les colons pour révéler la présence d'âmes noires parmi nous...
—*Je pense que nous pourrions nous montrer francs. Dire que nous ne savons pas si tous les sbires d'Ignace et Agnès ont été tués. Proposer à ceux qui le sont, s'il en reste, de venir se dénoncer. Je pense que la manière dont tu as défait le diable a marqué les esprits... et s'il reste du menu fretin, il doit trembler. Nous pourrions leur proposer une certaine mansuétude en échange de leur reddition. Ensuite, seulement, nous passerions à l'usage de pouvoirs magiques, uniquement auprès des volontaires.
— Mais si les gens se protègent ?
— C'est délicat, évidemment. Un glyphe de dissipation de la magie suivi de ton pouvoir devrait faire l'affaire, mais nous ne décèlerons pas d'éventuels artefacts. Il faudrait coupler une détection avec une dissipation, puis seulement, ton intervention.
— Ça me parait fort compliqué.
— Trois glyphes qui se succèdent. Les gens devraient simplement traverser un couloir, par exemple. Barthélémy est assez puissant pour organiser le tout. Avec ce système, nous pourrions éliminer toute possibilité de dissimulation, sauf très puissante... Plus puissante qu'Ignace."

Ézéchiel grimaça.
-Je n'y connais absolument rien en magie cléricale, mais... Si Barthélemy doit réserver un nombre important de ses sorts d'une part pour communiquer avec les groupes situés hors du fort, d'autre part pour installer des glyphes, ne craignez pas qu'il vienne à manquer de magie en cas d'assaut ? Je veux dire, pour soutenir les troupes, affaiblir l'ennemi, soigner les blessés ? C'est notre plus puissant lanceur de sorts, sans doute, et désormais notre seul clerc à disposition...

" C'est vrai." dit Albérich dans un soupir.
Il pinça les lèvres.
" Nous devons préserver Barthélémy à tout prix, et dans tous les sens du terme. Mais les glyphes sont permanents tant qu'ils ne se sont pas déclenchés... Il devrait à minima protéger la porte de l'endroit où il dort.
— Tu es inquiet, murmura Hubert.
— Chauntéa nous a dit qu'Ignace avait des alliés. Je sais que trois d'entre eux sont morts, mais... imagine ce qu'un acte désespéré pourrait causer comme ravages...
— Il n'y a pas lieu d'être désespéré si nous ne traquons personne. Peut-être..."
Le paladin rougit légèrement.
" Peut-être que ma réputation peut suffire, pour l'heure, à garder les âmes mauvaises dans le rang.
— On peut aussi demander leur avis aux colons..."

" Nous en revenons à ma proposition, dit Albérich. Offrons leur de se rendre. En échange d'aveux complets, nous pourrions décider de les amnistier, quelque chose comme ça... Tous ne sont pas forcément irrécupérables.
— Si nous devons organiser des procès ou une prison dans ce fort... Imagine le désordre, souffla Hubert, peu convaincu.
— Nous n'avons pas mille solutions. Soit on essaie de trouver les âmes noires, soit on n'essaie pas.
— Misère, on dirait un paladin."

-Même si nous le voulions, nous ne pourrions pas vraiment organiser de procès, car s'ils se sont comportés comme Agnès et Ignace, ils n'ont pour l'heure rien commis de répréhensible. Une prison, en revanche, c'est plus faisable. Sauf que ni l'une ni l'autre option ne seront acceptées par des âmes mauvaises...
Il soupira.
-Une autre possibilité est de les laisser se compromettre tout seuls comme des grands. Consultons la Communauté : si elle opte pour la détection des auras, lançons-là. Et attendons les traîtres là où ils sont susceptibles de passer à l'action... C'est à dire auprès des personnes dont la mort nuirait grandement à notre groupe ou vous affecterait profondément. Une fois repérés, il suffira de les abattre.