[Structure] Quai d'embarquement

[Galathée]

La porte s'ouvrit peu après, l'interrompant dans l'un de ses sortilèges. L'homme n'avait pas encore trente ans, était humain, les cheveux châtains ramenés en queue de cheval. Il était vêtu simplement, mais avec goût, et sourit à l'elfe, mais sans ouvrir la bouche, de peur sans doute de le déranger. L'idée que l'on s'adonne à la magie dans sa cabine ne lui semblait probablement pas vraiment problématique. Il s'assit sur sa couchette et entreprit de se déchausser sans un bruit.

[Taliesin]

Taliesin ne fut pas long à interrompre ses exercices.
-Bonsoir, dit-il, souriant.
Et il ne sut pas trop quoi ajouter d'autre.
Un peu spécial comme situation, tout de même.

[Galathée]

L'autre ne paraissait pas aussi intimidé que l'elfe. Sans doute avait-il l'habitude des arrangements communs, dortoirs dans les auberges, cabines communes dans les navires, l'ordinaire au final des gens sans le sou. Bien qu'il n'ait pas l'air de l'être en ce moment, mais Taliesin savait bien que la fortune d'un barde peut varier du tout au tout, et rapidement.
" Bonsoir. Vous ne devez pas vous interrompre pour moi. Je vais me tourner vers la paroi et vos lumières ne me gêneront pas."
Il retira sa tunique puis chercha un vêtement de rechange dans son sac.

[Taliesin]

-Oh, je faisais cela uniquement pour m'occuper : je tenais à attendre votre arrivée pour vous saluer.
Les véritables exercices, il s'y livrerait au salon, une fois sa rêverie terminée.
Rêverie en laquelle il entrerait sitôt la discussion terminée.
Si discussion il y avait.

[Galathée]

" Ah je vois : vous vous inquiétiez de votre compagnon de cabine. Je comprends, on peut tomber sur le pire, mais c'est le lot des solitaires... ou de ceux qui voyagent en nombre impair, notez : les capitaines essaient toujours de faire le plein. Mais ce bateau est vaste, c'est déjà pas mal... J'ai voyagé sur pire."
Il tendit la main au barde.
" Je suis Lewis. Barde de mon état. On m'a dit que c'était également votre métier. Ne faites pas cette tête : une des passagères m'a dit qu'elle vous avait vu jouer à la Bienveillance, autrefois. C'est sûr que les elfes du soleil, ça ne court pas les rues, mais comme ils se ressemblent tous, à l'oeil humain mal exercé... On ne les distingue pas forcément les uns des autres. Donc ce n'est peut-être pas vous, en fait."

[Taliesin]

[color=#FFFFF66]-C'était bien moi.[/color]
Il serra la main tendue.
-Je me nomme Taiesin. Enchanté de faire votre connaissance.
Au moins le dénommé Lewis avait-il l'air sympathique, ce qui atténuerait la gêne de devoir partager une cabine dix jours durant avec un étranger.

[Galathée]

" Moi de même." répondit le jeune homme.
Il se glissa aussitôt sous ses couvertures.
" Bon... Je vais dormir. Même s'il n'y aura pas grand chose à faire — espérons-le — dans les jours à venir, autant ne pas se décaler complètement... Pas sûr qu'ils gardent du petit déjeuner à ceux qui font la grasse matinée... Enfin, c'est l'occasion de se poser pour réfléchir pendant une petite veille... Peu de gens peuvent se le permettre, nous sommes en cela des privilégiés."

[Taliesin]

-En effet. Bonne nuit à vous.
En ce qui le concernait, le programme était tout trouvé : entrer en rêverie puis, et sauf bien sûr s'il basculait en sommeil humain, installation au salon pour occuper la deuxième partie de la nuit. Les exercices magiques ne suffiraient sans doute pas à comber toutes ces heures mais... Il trouverait bien autre chose.

[Galathée]

Quand le soleil se leva, le Redoutable appareilla. Taliesin avait deviné les derniers préparatifs depuis le salon où, comme espéré, personne n'était venu le déranger. Il était encore très tôt cependant et tous les voyageurs dormaient. Sans doute, de plus, ne viendraient-ils pas le déranger dans son refuge, quand ils se lèveraient, car la salle à manger semblait toute indiquée pour attendre le petit déjeuner. L'elfe demeura donc seul avec le bruissement des pas des matelots au-dessus de sa tête, tandis que le navire virait, s'éloignant peu à peu des quais luméniens, pour gagner la haute mer...

[Damant]

Damant arriva sur le quai au tout début de l'après midi, la chaleur se faisait ressentir et de fait la plupart des marins étaient en train de se reposer à l'ombre des bâtiments.

Après avoir flâné un petit moment sur les bords de quai, il se dirigea vers ce qui lui semblait être un navire marchand, qui battait pavillon Manostien. Arrivé à hauteur d'un calfat occupé à gratter les bernicles sur la coque du bateau il s'accroupit à hauteur du marin suspendu.

L'ami! Je cherche à me rendre à Manost. Saurais-tu me dire si un départ est prévu pour aujourd'hui et à qui m'adresser en ce cas?

[Kasumi]

Le marin interrompit son travail pour lever un regard un peu las vers le bretteur et répondit d'un ton bourru.

- Manost ? Qu'est-ce qui peut pousser des gens à se rendre là bas ? Bah, c'est pas comme si ça me regardait !

Il parut évaluer l'accoutrement de Damant pendant un instant avant de reprendre d'une voix plus égale :

- Le Chevaucheur de tempête ne s'y rend pas. Mais vous devriez vous adresser à la Capitainerie : les compagnies qui ont des lignes régulières y postent leurs annonces. Ou alors les tavernes si c'est votre truc : il y a pas mal de marchands qui acceptent des civils à bord.

[Damant]

Merci l’ami ! Je vais suivre votre conseil. La bonne journée!

Damant le remercia d’un signe de la main et tourna les talons pour se diriger vers la capitainerie. A mi chemin il décida cependant de bifurquer vers une taverne aperçue plus loin.
Après tout, il n'était pas nécessaire que les officiels Luméniens soient au courant du moindre de ses mouvements.
Il se glissa donc entre les portes de l’établissement.

[Kasumi]

La taverne était telle qu'on pouvait aisément se l'imaginer pour un établissement portuaire en pleine heure du déjeuner. Beaucoup de dockers bruyants, quelques marchands buvant avec leurs hommes et assez peu de places disponibles, surtout du côté du long bar décoré sur le thème nautique. Damant n'eut cependant pas trop de mal à se faufiler parmi la presse et l'ambiance était plus agitée et joyeuse qu'autre chose.

[Damant]

Se faisant la remarque que Lumenis était vraiment une ville chaleureuse jusque dans ses « troquets mal famé », Damant se dirigea jusqu’au comptoir et héla le tenancier avec un sourire.

Bien le bonjour l’ami! Fît-il en poussant quelques pièces sur le comptoir. Une pinte de votre bière la plus fraîche! Sauriez vous s’il y’a un bateau en partance pour Manost ce jour ?

[Kasumi]

Mécaniquement, le tenancier empocha une partie des pièces – sans doute la somme exacte - et tira la bière demandée. Il réfléchit un instant en servant deux autres clients avec autant de dextérité avant de revenir vers Damant pour lui indiquer une table au fond de la pièce :

- Hector, le capitaine de la Sauvageonne doit partir avec la prochaine marée. Son boutre n’est pas de première jeunesse mais il a déjà affronté la traversée des dizaines de fois et il prend parfois des passagers.

[Damant]

Après avoir remercié le tenancier de ses conseils, Damant s’était rendu à nouveau sur les quai et avait repéré le navire en question. Puis il avait décidé d’aller compléter son équipement et allait repasser par son magasin lorsqu’un exemplaire de la gazette des cités, posé sur une table extérieure de la taverne de la bienveillance l’avait interpellé...

[Kasumi]

Le journal évoquait des faits bien étranges qui semblaient avoir affecté les deux îles mais l'attention du bretteur avait immanquablement été attirée par la mention de quelque demoiselle en détresse. Et il était indubitablement de la responsabilité d'un combattant tel que lui de leur porter secours ! Après tout, la Forêt Maudite avait sans doute une réputation surfaite pour un aventurier aussi chevronné que lui et le détour n'était pas si long que cela.

[Althéa]

Elles avaient traversé la ville au pas de charge. Tout du moins, Amélie courait presque et Angèle ne devait qu'à ses grandes jambes de ne pas se faire distancer. La plus jeune parlait tout en marchant tandis que la plus jeune peinait à suivre ses paroles en même temps que son rythme.

"Déjà on trouve le bateau et son capitaine. Ensuite, dès que nous avons la réponse, on va manger. Il y a sûrement une taverne près du port, non ? Ensuite, on va voir les sœurs de Morgan. Et puis, il faudrait que j'aille voir pour les pigments. C'est un peu la course mais étant donné que nous passerons moins de temps que prévu à Luménis ..."

Elle eut un soupir de plaisir, un grand sourire aux lèvres.

"Tu ne trouves pas ça excitant ?"

Angèle considéra son amie, dubitative. Non, elle ne voyait pas comment tant d'inconnues au tableau pouvaient être "excitantes". Non, elle était totalement effrayée. Heureusement, elles trouvèrent le bateau avant qu'elle n'ait eu le temps de répondre.

"Je demande ou tu demandes ? demanda Amélie en cherchant le capitaine des yeux.
- A toi l'honneur., répondit-elle, sure que la fille de Morgan se débrouillerait mieux.

Sans plus attendre, Amélie se mit en quête du capitaine du bateau.

[Galathée]

L'Ivresse des Profondeurs était un élégant petit navire à deux mâts, à la coque luisante et au pont astiqué. La proue ne figurait rien de particulier, juste une étrave de bois plein, ce qui lui donnait un air étrangement inachevée. Lorsqu'Amélie héla le bateau, un visage apparut au-dessus du plat-bord, puis un corps tout entier. C'était un jeune homme blond, avec une barbe clairsemée, qui descendit sur le quai.
" Le capitaine est absent, mais nous avons encore de la place à bord, dit-il lorsque la jeune femme eut formulé sa question. Nous devrions partir demain dans la matinée, si Maître Soren en a terminé avec ses préparatifs. Nous sommes avant tout à son service."

[Althéa]

"C'est une très bonne nouvelle", sourit Amélie et Angèle respira un peu.

Tout allait bien jusque-là, même si elles allaient devoir se dépêcher si elles voulaient boucler leur programme avant de quitter Luménis. Tout en laissant Amélie s'acquitter des formalités, elle réfléchit à l'itinéraire le plus rapide. Le tout était de ne pas perdre de temps.

Une fois que sa cadette eut chaleureusement remercié le marin avec la promesse qu'elles seraient présentes à temps pour l'embarquement, elle lui proposa.

"L'Ombre de l'Arbre n'est pas loin et la Taverne de la Bienveillance non plus. Si tu veux, nous pourrions aller chercher nos affaires et les emmener là-bas. Si l'Ombre de l'Arbre sert encore, nous pourrions déjeuner après nous être installées. Ensuite, les sœurs Novembre n'habitent pas loin."

Elle surprit une ombre de panique dans les yeux de sa cadette.

"ça va très bien se passer.", osa-t-elle pour la rassurer.

Elle cilla, amusée par cette touche d'optimisme bienvenue.

"Oui mais d'abord, j'aifaim."

[Althéa]

Après avoir payé leur dû à l'Ombre de l'Arbre, Angèle et Amélie se rendirent donc à l'embarcadère. La plus âgée pensait à tous les périls qu'elles pouvaient rencontrer sur leur route et la plus jeune avait les yeux encore embrumés de sommeil. Visiblement, elle n'avait pas refermé l’œil après son cauchemar. Elle semblait inquiète, mais comme à son habitude elle souriait. Angèle pourtant n'était pas dupe et s'en voulut de ne pas pouvoir trouver les mots pour l'inviter à se confier.

Aussi guetta-t-elle l'arrivée de Soren avec impatience en espérant que lui saurait la faire parler.

[Galathée]

Mais de Soren, il n'y avait nulle trace. Le marin qu'elles avaient vu la veille les aperçut, cependant.
" Holà, mesdames ! Grimpez à bord ! les héla-t-il depuis le pont. Le capitaine est absent mais j'ai l'autorisation de vous faire visiter... et de vous installer dans vos cabines."

[Althéa]

"Prête ?", demanda Angèle.

L'espace d'une seconde, Amélie eut l'air d'hésiter avant de hocher la tête. Après avoir remercié chaleureusement le marin, elle fut la première à le suivre sur l'Ivresse des profondeurs, curieuse comme à son habitude de découvrir le bateau dans lequel elles allaient voyager.

[Galathée]

C'était un petit voilier fringant, peut-être même neuf, pourvu d'une vaste pièce vitrée à l'arrière, sous le gouvernail, que le marin présenta comme la salle à manger. Il y avait là une table capable d'accueillir au moins dix personnes. L'arrière était réservé à la cuisine. Sous le pont, des couchettes s'échelonnaient de la poupe à la proue. Les appartements de l'équipage étaient tout à l'avant, ceux des passagers partout ailleurs. Il semblait y en avoir six ou sept.
" Je ne savais pas si vous vouliez loger ensemble ou séparément... Nous avons la place de vous accueillir comme vous le préférez : le bateau n'est pas plein."

[Althéa]

L'observation laissa Amélie enthousiaste et Angèle quelque peu rassurée. Pour les cabines, la plus jeune n'aurait pas été contre avoir une partenaire de chambrée mais elle savait que sa comparse avait un grand besoin d'espace et d'intimité. Aussi répondit-elle avec un sourire.

"Si ça ne gêne pas, nous logerons dans deux cabines distinctes."

[Galathée]

Les cabines étaient propres (on les aurait dit utilisées pour la première fois) et contenaient chacune deux couchettes. Elles se faisaient face à mi-parcours de la coursive. Si Angèle et Amélie avaient été deux à occuper la même pièce, sans doute l'auraient-elles trouvée très étriquée, mais en optant pour une traversée solitaire, chacune des deux femmes avait l'espace de tout un lit pour déposer ses affaires. La lumière du dehors leur parvenait au moyen d'un hublot situé juste au-dessus du niveau de l'eau. Pour l'heure, on voyait d'un côté le large, parsemé de petits navires, et de l'autre, le gris du quai.

[Althéa]

Amélie posa ses bagages dans une des cabines donnant sur bâbord et s'assit sur le lit. Elle avait encore les yeux chargés de sommeil. Elle se serait volontiers couchée et endormie dans la minute, mais elle voulait voir leur bateau quitter le quai. Elle aimait cette sensation de partir à l'aventure. Elle regarda autour d'elle, heureuse de découvrir un si joli décor. Elle se plairait ici, elle en était certaine. Elle se releva et fermant la porte de la cabine adoptée remonta sur le pont.

Son aînée quant à elle était comme à son habitude moins enthousiaste. Dans sa cabine, elle regarda autour d'elle, guetta les bruits étranges afin de se rassurer sur la solidité du bateau. Elle décida pour l'instant qu'il n'y avait rien d'anormal. Les vérifications faites, elle remonta comme sa cadette pour attendre Soren.

[Galathée]

Le bateau paraissait en excellent état, même Angèle était forcée de le reconnaître. A l'extérieur, les cordages et les voiles étaient presque neufs. Il n'était sans doute en service que depuis quelques mois et ne devait pas avoir beaucoup navigué. A bien y regarder, le matelot qui les avait accueillies était aussi très jeune... Peut-être était-ce davantage de l'expérience du capitaine qu'elles auraient dû s'inquiéter.
Mais il faisait beau, la brise était légère, le soleil réchauffait déjà Luménis de ses rayons agréables. Il n'y avait vraiment aucune raison de s'inquiéter d'une éventuelle tempête.
Un peu plus tard, une jeune femme arriva, au pas de course, et gravit la passerelle sans ralentir. A son accoutrement, il n'était pas difficile d'imaginer qu'elle aussi puisse faire partie de l'équipage. Une fois à bord, elle salua Angèle et Amélie d'un signe de tête, puis courut vers l'autre marin et ils commencèrent à discuter avec animation, près du gouvernail. Toujours aucune trace de Soren, mais c'était sans doute assez normal, de la part d'un Sunite.

[Althéa]

Si Amélie nota avec plaisir qu'il y avait des femmes dans l'équipage, Angèle quant à elle se rendit compte de la jeunesse des membres de l'équipage. Ce détail la fit ciller considérablement, ce qui n'échappa pas à sa cadette.

"Un soucis ?, murmura-t-elle en passant près d'elle.
- Regarde les, ils ont à peine ton âge, voire moins. Ce sont des ... bébés. Je suis sure qu'ils n'ont jamais tenu un gouvernail de leur vie ou alors tout récemment."

Amélie habituée aux angoisses de son aînée esquissa un sourire.

"Tu sais, ils sont peut-être marins depuis de nombreuses années. Peut-être que leurs parents aussi étaient marins et qu'ils les accompagnaient depuis tous petits. Après, on a qu'à voir comment ils se débrouillent au moment du départ et si ça ne va pas ... Il sera toujours temps de sauter à l'eau."

Comme Angèle la regardait avec méfiance, elle sourit plus franchement.

"Allez, nous verrons bien. ça va bien se passer, je te le promets."

[Galathée]

La jeune femme repartit peu après et le matelot restant s'approcha des deux passagères.
" Nous allons partir avec un peu de retard... Je suis désolé de vous avoir fait lever si tôt... Mais Maître Soren... devrait sûrement bientôt arriver. Et nous avons un matelot malade... Hum. Vous ne savez pas naviguer, par hasard ?"